La Pierre sacrée des Māori est une invitation au voyage, à la découverte du lien puissant et immémorial existant entre un peuple fascinant et le pounamu, le jade de Nouvelle-Zélande. Présent dans les récits des origines, le jade épouse l’histoire de la société māori. Sculptures, outils, bijoux, dont un ensemble rare de hei tiki (pendentifs anthropomorphes), sont autant de trésors, dans leurs formes traditionnelles et contemporaines, qui conduisent le lecteur au plus près des fondations collectives et identitaires de la culture māori. Les créations d’artistes et d’artisans d’aujourd’hui côtoient ainsi des réalisations des siècles passés, inaltérées grâce aux propriétés exceptionnelles du minéral.
LA PIER E SACRÉE DES MAORI
LA PIER E SACRÉE DES MAORI
LA PIER E SACRÉE DES MAORI
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ACTES SUD
Dép. lég. : mai 2017 35 e TTC France www.actes-sud.fr
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ISBN : 978-2-330-07747-1
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L a rivière Arahura, Westland. Photographie de Jan Nauta. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. La rivière Arahura est l’endroit le plus réputé pour la collecte de pounamu. Selon la légende, c’est ici que Tamaahua découvrit Waitaiki, sa femme, transformée en pounamu par Poutini, le taniwha. 30
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Hei tiki (pendentif anthropomorphe). Don de Leo Buller, 1911. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. 31
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double page précédente : L a rivière Dart. Photographie de Craig Potton. Avec l’aimable autorisation de Craig Potton Publishing. La rivière Dart se trouve dans la zone du gisement de Wakatipu. Très en amont de cette rivière, la montagne connue sous le nom de Te Koroka était un important gisement de pounamu de la variété inanga pâle. 50
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page de gauche et ci-dessus : Détails d’un kōhatu (bloc de pierre), en pounamu (variété kawakawa), Kumara, Westland. 51
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LA SEMI-NÉPHRITE
La semi-néphrite est une forme inférieure de néphrite. En d’autres termes, c’est une roche en voie de devenir néphrite, mais dont la structure minérale n’est pas encore aboutie. Elle se caratérise par une prédominance de grands cristaux de trémolite, formés d’agrégats de cristaux plus petits. Cette disparité dans la taille des cristaux crée une fragilité structurelle qui contraste avec l’extrême dureté de la néphrite de qualité supérieure. LA NÉPHRITE
La néphrite de Nouvelle-Zélande est la forme la plus courante du pounamu. Elle résulte de la fusion de deux roches de type grauwacke et dunite, soumises à hautes températures et pressions dans la croûte terrestre. En grande partie composée de trémolite, la néphrite néo-zélandaise est d’une très grande dureté. C’est en raison de cette résistance et de son aptitude à être façonnée, taillée et polie que les Māori l’ont privilégiée pour fabriquer armes et outils. LA BOWENITE
L’âge estimé de la bowenite – plus de 500 millions d’années – en fait le plus ancien type de pounamu connu en Nouvelle-Zélande. Cette roche, très rare, ne se trouve qu’à Milford Sound – un fjord isolé de la côte ouest de l’île du Sud. Elle doit à sa composition minérale spécifique – essentiellement de l’antigorite – d’être plus douce que la néphrite.
1. Semi-néphrite. Île d’Urville, Marlborough. Collectée par gns Science, 2008. Prêt de gns Science, Nouvelle-Zélande. 2. Détail d’un échantillon de semi-néphrite au
microscrope.
Les cristaux de trémolite que l’on voit sur cette image sont de deux sortes : fins et fibreux, et grands et rugueux. Photomicrographie polarisée de Nick Mortimer, gns Science. 3. Néphrite. Pounamu (néphrite), variété kawakawa, Westland. Collection Oldman, don du gouvernement néo-zélandais, 1992. 4. Détail d’un échantillon de néphrite au microscope. Les cristaux en forme d’aiguille de la trémolite sont tous de taille semblable et solidement enchevêtrés. Photomicrographie polarisée de Nick Mortimer, gns Science. 5. Bowenite. Pounamu (bowenite), variété tangiwai, Milford Sound. Don de N. J. Esks, 1974.
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TANGIWAI – EAU DES LARMES
Aussi clair que le verre, le tangiwai (l’eau des larmes) a une gamme de couleurs allant du vert olive au bleuvert. Sur le plan géologique, il s’agit de bowenite, dont la composition diffère de la néphrite, plus commune. Le tangiwai est la forme la plus ancienne du pounamu. Les principaux gisements sont situés dans deux zones isolées de Milford Sound, un fjord de la côte ouest de l’île du Sud. D’après une légende māori, le tangiwai serait né des larmes versées par le dieu Tama-ki-te-rangi alors qu’il cherchait sa bien-aimée qui avait été enlevée.
1.
1. k ĀkĀ PōRIa (anneau PouR Patte d’oiseau ou Pendentif), 1700-1850. Tribu inconnue. Pounamu (bowenite), variété tangiwai, Milford Sound. Collection T. E. Donne, acquis en 1905. 2. kōhatu (bloc de PieRRe). Pounamu (bowenite), variété tangiwai, Milford Sound. Don du Cliff Curtis Estate, 1998. 3. détail d’un kĀkĀ PŌRiA (anneau PouR Patte d’oiseau ou Pendentif) fabRiqué à PaRtiR de POUNAMU de la vaRiété tANGiWAi. Photographie de Michael Hall. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. 4. kuru (Pendentif d’oReille), 1650-1850. Tribu inconnue. Pounamu (bowenite), variété tangiwai, Milford Sound. Legs de K. A. Webster, 1971. 5. kuru (Pendentif d’oReille), 1650-1850. Tribu inconnue. Pounamu (bowenite), variété tangiwai, Milford Sound. Acquis en 1979.
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Ces deux pendentifs en forme de spirale s’inspirent d’un motif qui s’est probablement développé à la fin du xixe siècle – lui-même étant une forme raffinée d’un modèle antérieur rare.
5.
5. Koropepe (pendentif en forme de spirale), 1880-1920. Tribu inconnue. Pounamu (néphrite), variété inanga. Collection Butterworth, acquis en 1904. 140
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6.
6. Koropepe (pendentif en forme de spirale), 1880-1920. Tribu inconnue. Pounamu (bowenite), variĂŠtĂŠ tangiwai, Milford Sound ; cire. Collection Butterworth, acquis en 1904. 141
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Pendentifs d’oreille. La tête est la partie la plus sacrée du corps pour les Māori. Par conséquent, toutes les parures portées sur la tête, comme les pendentifs d’oreille, le sont aussi.
1.
1. k apeu (Pendentif d’oReille), 1650-1850. Tribu inconnue. Pounamu (néphrite), variété inanga, Te Koroka, Wakatipu. Don de Leo Buller, 1911. 2. k apeu (Pendentif d’oReille), 1650-1850. Tribu inconnue. Pounamu (néphrite), variété inanga, Arahura, Westland. Collection Oldman, don du gouvernement néo-zélandais, 1992. Les kapeu sont des pendentifs d’oreille à base incurvée, que les Māori pouvaient utiliser pour frotter les gencives des nourrissons afin de soulager la douleur des poussées dentaires. 3. kuru (Pendentif d’oReille), 1650-1850. Tribu inconnue, côte est, île du Nord. Pounamu (néphrite), variété kawakawa, Westland. Don de Leo Buller, 1911. Les kuru, longs et droits, sont fabriqués à partir de fines chutes de pounamu. 144
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MERE CÉLÈBRES
1. L’emblème d’un dirigeant puissant. Mere (arme à manche court) d’Eru Tamaikoha Te Ariari, 1500-1820. Tribu Ngāi Tūhoe. Pounamu (néphrite), variété inanga, Arahura, Westland. Don de Leo Buller, 1911. Ce mere a été utilisé au cours des guerres de territoires entre Māori et colons britanniques dans les années 1860. Il a appartenu à Eru Tamaikoha Te Ariari, l’un des chefs des tribus Ngāti Tama et Ngāi Tūhoe, qui luttait contre le pouvoir colonial britannique pour préserver l’indépendance de ses terres. Il avait délimité son territoire avec des panneaux avertissant les intrus du sort qui les attendait. Tout le monde redoutait ses embuscades et ses attaques.
1.
2. Arme d’honneur. Mere (arme à manche court) du nom de Horokiwi, 1800. Tribu Te Āti Awa, Pipitea Pā, Wellington. Pounamu (néphrite), variété inanga, Westland. Prêt de David Pitt, Nouvelle-Zélande. Ce mere est nommé Horokiwi. Il a jadis appartenu à Te Rira Pōrutu, un chef de Pipitea Pā, village fortifié māori. En 1840, un jeune colon anglais qui visitait le village entra dans une maison nouvellement construite – violant ainsi la loi māori qui l’interdisait. L’histoire raconte que le chef Te Rira, prêt à utiliser cette arme pour tuer le garçon, comme l’y engageait la loi coutumière, en fut empêché par sa belle-fille Ruhia, qui jeta sa cape sur le garçon pour le protéger. Dès lors, ce geste assura à ce dernier une place particulière au sein de la tribu.
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4.
TOKI POUTANGATA, HERMINETTE D’AUTORITÉ
Les toki poutangata sont des herminettes cérémonielles qui appartenaient à des dirigeants. L’orateur au sein d’une famille pouvait s’en servir pour accompagner son discours de la gestuelle voulue. Une herminette était également placée sur le corps d’un chef dont la dépouille était exposée en chapelle ardente. Son manche, finement sculpté, était enterré avec lui, et un autre manche était fabriqué pour le nouveau chef. Les herminettes présentées ici ont chacune un trou à une extrémité afin de faciliter l’attache de la lame à son manche. Certaines ont des encoches sur les côtés, il pourrait s’agir de représentations généalogiques. 3.
3. Toki poutangata (herminette cérémonielle), 1500-1820. Tribu inconnue. Pounamu (néphrite), variété inanga ; bois, muka (fibre de lin). Collection Oldman, don du gouvernement néo-zélandais, 1992. 4. Toki poutangata (lame d’herminette cérémonielle), 1500-1820. Tribu inconnue. Pounamu (néphrite), variété kawakawa, Sud Westland. Collection Oldman, don du gouvernement néo-zélandais, 1992. 163
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La Pierre sacrée des Māori est une invitation au voyage, à la découverte du lien puissant et immémorial existant entre un peuple fascinant et le pounamu, le jade de Nouvelle-Zélande. Présent dans les récits des origines, le jade épouse l’histoire de la société māori. Sculptures, outils, bijoux, dont un ensemble rare de hei tiki (pendentifs anthropomorphes), sont autant de trésors, dans leurs formes traditionnelles et contemporaines, qui conduisent le lecteur au plus près des fondations collectives et identitaires de la culture māori. Les créations d’artistes et d’artisans d’aujourd’hui côtoient ainsi des réalisations des siècles passés, inaltérées grâce aux propriétés exceptionnelles du minéral.
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