Extrait du "Labyrinthe des pyramides"

le labyrinthe des pyramides ACTES SUD

le labyrinthe des pyramides Philippe Flandrin & Patrick Chapuis

ACTES SUD

ISBN 978-2-330-00056-1 42 â‚Ź TTC France www.actes-sud.fr

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avant les pyramides

sa sœur Nephtys, aidées par Anubis, le ressuscitent. C’est à la suite de ces événements qu’a lieu le terrible combat entre Horus et Seth ; dans la mêlée, Seth extirpe l’œil d’Horus, qui lui arrache les testicules. Vaincu, Seth est condamné par le tribunal des dieux à Héliopolis. Horus devient ainsi roi d’Égypte, tandis que Seth part en exil. Nous sommes aux sources de l’histoire de l’Égypte.

Que s’est-il produit au royaume d’Égypte sous le règne du Seth Peribsen ?

Des faits d’une importance et d’une gravité certainement exceptionnelles pour que Seth, l’assassin d’Osiris, l’antihéros de la légende, remplace Horus en tant que divinité protectrice et totémique de la monarchie. Il semble que, à partir de la seconde moitié de la IIe dynastie, la politique royale s’écarte progressivement du culte d’Horus pour militer en faveur de Seth. Au début du règne de Peribsen, un culte est rendu à Seth, non seulement à Ombos – le nome dont il est le dieu local –, mais aussi à Héliopolis, la ville même où la légende osirienne veut qu’il ait été condamné. Horus, toutefois, garde de nombreux partisans qui se révoltent contre Peribsen.

C’est alors que commence un combat acharné, que le Britannique Percy Newberry a qualifiée de “guerre des deux roses”. Contre le Seth Peribsen se dresse l’Horus Khâsekhem : les luttes sont sanglantes, comme en témoigne le socle de la statue de schiste de Khâsekhem trouvée à Hiérakonpolis, où l’on voit des myriades d’Égyptiens morts durant ce conflit. Or, cette guerre s’achève non par une victoire totale de l’un ou l’autre camp, mais par une réconciliation entre les partisans d’Horus qui prédominent et ceux de Seth qui contraignent leurs chefs à composer. C’est alors, ultime compromis, que Khâsekhem aurait changé sa titulature pour s’appeler désormais Khâsekhemouy, “L’Horus et Seth, Les Deux Puissants sont apparus”.

Plus de deux siècles après son unification, l’Égypte reste en quête d’un réel équilibre institutionnel et politique, donc de son identité. Au cœur du débat politique se trouvent la personne du souverain, la question de l’État, l’avenir même du pays. À la suite de ces événements survient un nouveau changement de dynastie : succédant à Khâsekhemouy, Sanakht, premier souverain de la IIIe dynastie5, est un Horus comme le seront tous ses successeurs sous l’Ancien Empire, alors que les partisans de Seth semblent subjugués. Suivant l’exemple de Khâsekhemouy, qui bâtit en pierre à Hiérakonpolis et à Abydos, l’Horus Sanakht est peut-être le pharaon qui fait construire au sommet de la falaise de Saqqarah un mastaba carré, d’une hauteur d’environ 8 mètres pour un côté de 63 mètres. Il s’agit, alors, du plus grand monument jamais construit le long de la vallée du Nil. À la différence des précédents tombeaux royaux, sa masse est faite de libages de calcaire brut, tandis que le pourtour est revêtu de calcaire fin extrait des falaises de Tourah. Il comporte une large descenderie aboutissant au fond d’un puits de 28 mètres. Alors que la question du pouvoir semble être en voie de règlement, la révolution de l’architecture en pierre de taille commence en Égypte.

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de la cour du heb sed attestent de la souveraineté du peuple et la titulature d’Imhotep de l’influence du grand prêtre. Ainsi, entre les murs du complexe, véritable cité des morts, toutes les forces religieuses et politiques, spirituelles et matérielles du pays se conjuguent et se placent au service du ka royal et du grand projet qui est le sien : fonder un ordre pour l’éternité.

UNE REPRÉSENTATION DE L’ÉTAT De toutes les pyramides construites en Égypte, le monument de Djoser est certainement celui dont la partie souterraine est la plus vaste et la plus complexe. Il est également le seul dont l’exploration n’est pas encore achevée de nos jours. Entrés bien après les voleurs venus piller le monument durant la période d’anarchie qui suivit la fin de l’Ancien Empire, les premiers visiteurs dont la démarche a un caractère “archéologique” sont des ingénieurs et

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Ci-dessus et page en regard Saqqarah, souterrain de la pyramide de Djoser (IIIe dynastie). Les murs extérieurs de l’appartement funéraire de Djoser figurent les portes et l’enceinte du palais royal de Memphis. À l’intérieur, les chambres, primitivement ornées de faïences bleues, sont réservées au séjour du défunt.

Découvertes par l’Allemand Richard Lepsius en 1843, elles sont baptisées depuis “chambres de Lepsius”.

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des ouvriers contemporains de la XXVIe dynastie “saïte”, qui régna brièvement au VIIe siècle av. J.-C. sur l’Égypte. Avides de percer les secrets de leurs ancêtres, les Saïtes se mettent en devoir de dégager le puits au fond duquel se trouve l’énorme caveau de granite où repose Djoser. Rectangulaire, obstrué par un bouchon, fait de poutres taillées et numérotées par les carriers d’Assouan, ce caveau est sans doute l’un des plus grands d’Égypte, mais ce qui frappe les Saïtes reste le puits funéraire, dont ils creuseront, un peu partout à Saqqarah, des répliques de semblables dimensions. Autour du caveau, près de chaque angle du puits, trois galeries creusées dans la roche abritent des magasins où sont entreposés des vases de pierre. Une quatrième conduit vers l’est à l’appartement funéraire de Djoser composé de deux chambres ornées de faïences bleues et reliées par des passages. En 1821, venu en compagnie de son épouse Wolfradine, le baron prussien von Minutoli, correspondant de l’Académie des sciences de Berlin, fait rouvrir la pyramide de Djoser, sans doute pour la première fois depuis le Moyen Âge.

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Double page suivante Saqqarah, souterrain de la pyramide de Djoser (IIIe dynastie). Dans la chambre des piliers djed, ce panneau taillé dans le calcaire fin, incrusté de faïence bleue, figure les piliers djed. Symboles de fécondité, ils signifient la survie d’Osiris lorsqu’ils sont levés et sa mort quand ils se trouvent renversés.

La fête djed est célébrée lors du couronnement du nouveau pharaon.

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lieu, elles ont été violées, selon toute vraisemblance, sinon par les Égyptiens, au moins par les premiers chrétiens et les Arabes du temps des khalifes. En troisième lieu, l’intérêt de l’entreprise est nul, puisqu’on est à peu près certain que la chambre intérieure de la pyramide n’a pas d’inscriptions, ce qui fait que le nom même du fondateur sera tout aussi inconnu après qu’avant l’opération. En quatrième lieu, enfin, soit à cause de la masse énorme des pierres à remuer, soit à cause du peu de solidité de la construction qu’on peut craindre de voir s’ébouler à mesure qu’on pénètre dans l’intérieur, l’exploration d’une pyramide offre pour les travailleurs des dangers que ne compense point l’importance des résultats espérés.»

J’étais loin de partager son avis ; quand le gouvernement français lui accorda, dans les premiers jours de 1880, une somme de 10 000 francs pour l’aider en ses fouilles, ce fut à la condition qu’il ouvrirait au moins une des pyramides de Saqqarah. Les travaux commencés en avril sur les indications du

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Page en regard et ci-dessus Saqqarah-Sud, pyramide d’Ânkhnespepy II (VIe dynastie).

En 2000, mise au jour de la partie souterraine de la pyramide d’Ânkhnespepy II, dont les appartements funéraires portaient sur leurs parois les paroles à dire des Textes des Pyramides, par la mission archéologique française à Saqqarah, dirigée par Jean Leclant et Audran Labrousse.

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