Extrait "Le pouvoir d'agir ensemble, ici et maintenant"

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ROB HOPKINS ET LIONEL ASTRUC

Un jour de l’année 2005, Rob Hopkins, simple citoyen britannique, sort de chez lui et part frapper à la porte de ses voisins, dans la petite ville de Totnes – où il vient à peine d’emménager. Il leur propose rien de moins que se réunir pour organiser une nouvelle économie à l’échelle de leur territoire. Un nouveau modèle, la Ville en Transition, à partir des atouts disponibles localement : ne plus attendre que les aliments arrivent du bout du monde à grand renfort de pétrole, mais mettre en place des circuits courts et cultiver toutes les terres disponibles (jardins, toits, squares municipaux…) ; ne plus déplorer la pollution, mais regrouper ses concitoyens autour d’un projet de coopérative d’énergies renouvelables de proximité ; ne plus fulminer à propos des banques et de la Bourse, mais adopter une monnaie locale qui fertilise le territoire, etc. Son expérience n’a pas seulement fait ses preuves à Totnes, elle s’est répandue dans 1 200 villes de 47 pays. Chacune de ces Villes en Transition transforme sans moyens ni notoriété son territoire pour le rendre plus autonome et plus résilient face aux chocs qui s’annoncent. Autant d’oasis, tous reliés, où venir puiser des solutions. La personnalité de Rob Hopkins et son épopée réveillent ce que nous avons de meilleur en nous. Rob Hopkins ranime un espoir enfoui sous des années de désillusions ou de résignation au “réalisme économique”. L’aventure des Villes en Transition donne envie de passer à l’action et dévoile les opportunités insoupçonnées que chacun porte en lui pour changer.

LE POUVOIR D’AGIR ENSEMBLE, ICI ET MAINTENANT

LE POUVOIR D’AGIR ENSEMBLE, ICI ET MAINTENANT

ROB HOPKINS LIONEL ASTRUC

LE POUVOIR D’AGIR ENSEMBLE, ICI ET MAINTENANT ENTRETIENS

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ACTES SUD

ISBN 978-2-330-05685-8 Dessin de couverture : © David Dellas, 2011

DOMAINE DU POSSIBLE ACTES SUD

29/10/2015 10:51


REMERCIEMENTS Le mouvement de la Transition est aussi débordant d’enthousiasme qu’est vide et triste le consumérisme ambiant. Ses initiateurs ont un point commun imperceptible mais essentiel : ils ont le cœur léger, ils se sont libérés d’un poids, celui de la passivité face à l’urgence écologique. Rob Hopkins est l’incarnation de cette énergie communicative et je veux lui adresser des remerciements particuliers pour ce qu’il a su me transmettre à Totnes : cet optimisme viscéral, ce message hors les mots. Je ne serai pas parvenu à l’exprimer dans ce livre sans MarieMarie Andrasch et Cyril Dion – autre infatigable meneur à qui je dois tant – dont les relectures et les suggestions ont considérablement amélioré la version initiale de ce texte. J’ai la chance d’habiter le Trièves (aux confins des Écrins et du Vercors) où vivent des transitionneurs assumés et d’autres qui s’ignorent mais consacrent leur temps spontanément et sans compter au territoire, à sa résilience, sa culture et sa vie. Grâce à eux, une fois franchi le col de Cornillon rien n’est plus pareil et je les embrasse tous. Lionel Astruc


À Romy, Gaspard et Nina. À Philippe Poncet, orfèvre en mé­­ca­­­ni­que comme en philosophie, ar­­­­pen­teur et photographe du silence.


INTRODUCTION, de Lionel Astruc 10 Quitter sa zone de confort

11

“Je veux pouvoir leur dire que j’ai fait tout ce que j’ai pu” 13 Les citoyens réinventent leur vie 15 Un bouche à oreille planétaire 17 Quels effets sur notre modèle ? 19 Itinéraire de la Transition 20

1. TOTNES : L’ÉPOPÉE ÉCOLOGIQUE D’UNE PETITE VILLE

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Un lycéen anglais, un paysan italien et un monastère bouddhiQUE

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Appliquer la permaculture à l’économie

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Totnes, laboratoire de la Transition : le passage à l’action

33

Les atouts économiques et sociaux de la Transition

39

Totnes crée sa propre monnaie

42

Rassurer les autorités locales et les impliquer

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Donner plus de pouvoir aux habitants

52

La Transition met en cohérence les initiatives citoyennes

56

Chaque habitant peut devenir un investisseur de l’économie locale

58

Faire valoir ses convictions dans son cadre professionnel, c’est possible !

61

2. UNE HISTOIRE VIRALE : DE TOTNES À LA PLANÈTE

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Une propagation spontanée

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Un outil pratique et accessible à tous

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La culture “Fais-le toi-même”

72

Comment démarrent des centaines d’initiatives ?

77

La Transition s’adapte et coopère avec les initiatives existantes

81

Les énergies renouvelables : une clé de la mutation

83

La puissance d’une structure ultralégère

85

La Transition dépasse le simple activisme

89

la transition, créatrice d’emplois

92

Small is beautiful 94 L’effet de multiplication locale au cœur d’un mouvement mondial De la nécessité de muter face à la pénurie Les multinationales n’existent que grâce à notre soutien

96 98 100

Impliquer les amis, les voisins et s’adapter aux besoins du territoire 102


Des circuits courts intelligents

103

Jeunes générations : “Nous aussi on va le faire !”

106

3. RECONNECTER LES CITOYENS À LA POLITIQUE, À LA SOLIDARITÉ, À EUX-MÊMES

110

Une révolution silencieuse, au-delà de l’écologie

111

La mondialisation étouffe la démocratie, nous la régénérons !

113

La Transition influence la loi

115

Effets politiques d’une démarche apolitique

119

La Transition lutte contre l’austérité dans les pays en crise

123

Ne pas se substituer aux services publics

124

Moins de technologie, plus d’innovation sociale

126

Retrouver l’usage de nos mains

129

Transition intérieure : vers une pleine conscience collective

130

Agir sans garantie ni contrepartie

134

Un scénario positif

139

Une chance extraordinaire

144

POSTFACE, de Corinne Coughanowr, membre du groupe de coordination 148 Transition France

BIBLIOGRAPHIE 151 FILMOGRAPHIE 152


Introduction Lionel Astruc


Quitter sa zone de confort Parmi les milliards de vidéos postées sur YouTube, l’une d’entre elles – prise au téléphone portable et de très mauvaise qualité – montre des gens écoutant du rock, assis dans un grand pré, par petits groupes clairsemés, à l’heure de la sieste au beau milieu d’un festival. Puis un homme se lève et se met à danser sans se laisser impressionner par les regards qui se tournent vers lui. Son bonheur communicatif et sa drôle de chorégraphie interpellent. Un deuxième danseur se joint à lui. Puis d’autres viennent et finalement tous se lèvent. Mais ce n’est que le début de la scène et pendant trois longues minutes, des dizaines puis des centaines de festivaliers se précipitent par grappes. Ils entrent dans le champ de l’image sans discontinuer, jusqu’à former une foule ondulante recouvrant ce qui était au tout début de la séquence une vaste prairie1. Rob Hopkins aime particulièrement cette vidéo. Elle montre le puissant effet d’entraînement que suscite le simple fait d’agir, de se mettre soi-même en mouvement. Au-delà de ce constat, il s’empresse de préciser que “le plus courageux n’est pas le danseur du début. Ce sont les tout premiers à venir le rejoindre. Ils lui apportent une légitimité essentielle, inestimable, et montrent l’exemple aux autres.” Outre cette analyse empreinte de modestie, disons les choses telles qu’elles sont : en dépit de son air sage Rob Hopkins a tout du danseur improbable qui choisit de se lever et d’entraîner les autres dans son sillage, celui de l’action locale pour lutter contre le réchauffement climatique et construire une nouvelle société plus solidaire, pour une réappropriation citoyenne des enjeux clés : l’alimentation, l’énergie, la finance, l’habitat, etc. Lui aussi a décidé, un jour de l’année 2005, de quitter sa zone de con­fort sous les regards curieux. Parti frapper à la porte de ses 1. Cette vidéo apparaît dans une conférence Ted en 2010 : http://www.ted.com/talks/ derek_sivers_how_to_start_a_movement.

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voisins, dans la petite ville de Totnes – où il venait à peine d’emménager –, Rob Hopkins leur propose rien de moins que se réunir pour organiser une nouvelle économie à l’échelle de leur territoire. Un nouveau modèle à même de faire face tant aux crises environnementales qu’économiques et d’imaginer l’après-pétrole, l’après-croissance. Il suggère d’agir à partir des atouts disponibles localement : ne plus attendre que nos aliments arrivent du bout du monde à grand renfort de pétrole et d’émissions de CO2, mais mettre en place des circuits courts autour de chez soi et cultiver toutes les terres disponibles (jardins, toits, squares municipaux, etc.) ; ne plus déplorer la pollution répandue par les rejets des centrales thermiques et les catastrophes nucléaires, mais regrouper ses concitoyens autour d’un projet de coopérative d’énergies renouvelables de proximité ; ne plus fulminer à propos des banques et de la Bourse, mais adopter une monnaie locale qui véhicule des valeurs de solidarité et permette à la richesse de fertiliser le territoire ; ne plus laisser les promoteurs habituels construire des maisons énergivores et hors de prix, mais devenir collectivement “promoteurs citoyens” pour proposer des logements économes construits à partir de matériaux locaux, etc. Pour mettre en œuvre cette transformation de la société, Rob Hopkins ne compte sur le soutien d’aucune grande entreprise ni d’aucun responsable politique. “N’attendons pas la cavalerie, souritil, elle n’arrivera plus. Mais que se passerait-il si la cavalerie c’était nous ?” Les citoyens sont les acteurs clés de la Transition : à michemin entre les gestes écologiques individuels du quotidien et les décisions politiques de grande ampleur, son mouvement mobilise des groupes d’habitants qui souhaitent agir à l’échelle de leur village, de leur quartier, ou de leur ville. Le succès de cette initiative, qui, une fois expérimentée à Totnes, va se répandre dans 47 pays en quelques années, pose la question de l’intuition de départ qui conduit Rob Hopkins à imaginer les Villes en Transition. D’où vient-elle ?

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“Je veux pouvoir leur dire que j’ai fait tout ce que j’ai pu” Dix ans en arrière, Rob Hopkins est un citoyen ordinaire, un quadragénaire plutôt discret et inconnu du grand public. Le constat qu’il dresse montre que le pétrole et la mondialisation constituent l’axe autour duquel s’articulent toutes les crises qui menacent l’humanité. Partout sur la planète, l’histoire des dernières décennies s’enroule autour de cet écheveau. Le pétrole, utilisé à partir de la révolution industrielle pour accroître la production, faciliter le transport des marchandises et nourrir une population croissante, a rapidement précipité toute la société dans un emballement consumériste. Les dégâts provoqués par cette mutation sont tels qu’ils nous ont fait basculer dans une nouvelle ère, l’Anthropocène, caractérisée par l’impact de l’humanité sur la biosphère, qui s’inscrit désormais jusque dans la roche même, dans la lithosphère. Comme le sol, l’air subit aussi une pollution effroyable : les émissions massives et continues de gaz à effets de serre accélèrent le réchauffement climatique. Ce diagnostic général jouit d’une quasi-unanimité. Chacun en a désormais conscience mais constate également que, depuis trente ans, malgré la publication régulière de rapports alarmants et toujours plus précis, les responsables politiques n’ont mis aucune solution efficace en œuvre. À cet état des lieux environnemental, Rob Hopkins ajoute les ravages économiques du pétrole bon marché : cette matière première permet aux multinationales d’inonder les territoires de produits lointains à prix réduits, via les grandes surfaces, substituant les circuits longs aux circuits courts d’autrefois, le chômage à la prospérité locale et la fragilité à la résilience. Il décrit donc la grande distribution comme un outil d’extraction de la richesse locale prélevée à la manière d’une ressource minière. Pour illustrer ce phénomène, Rob Hopkins est à l’origine d’une étude portant sur sa petite ville : le Plan économique local de – 13 –


Totnes1, l’un des documents fondateurs de la Transition. Elle mon­ tre que, avant le lancement du mouvement de la Transition, dans cette ville, sur les 30 millions de livres dépensées en nourriture chaque année, 22 millions arrivent dans les caisses des supermarchés. Or si les habitants orientaient seulement 10  % de l’argent dépensé dans les grandes surfaces vers les commerces locaux, ils injecteraient 2 millions de livres chaque année dans l’économie locale. Cette somme – considérable à l’échelle d’une ville de 7 700 habitants – est à même de rendre à la communauté sa prospérité, mais aussi de redonner à la population un pouvoir perdu et insoupçonné : “Quand tous les aliments que vous consommez viennent d’une grande surface, vous intégrez imperceptiblement le fait que vous n’avez aucune influence sur l’économie”, rappelle Rob Hopkins. En revanche, avec les circuits courts, quels que soient les secteurs de l’économie, les habitants ont à nouveau voix au chapitre. Cette étude montre également l’immense fragilité de territoires qui dépendent d’approvisionnements lointains et hors de portée : une simple grève des transports, une crise économique, voire la fin du pétrole, suffiraient à créer la pénurie en quelques jours seulement. Ces constats – la toute-puissance d’un système basé sur les circuits longs et l’injonction des climatologues à ne pas dépasser l’augmentation de 2 °C2 – sont le feu et la poudre qui ont mis la vie de Rob Hopkins sous le signe d’une urgence : “J’ai quatre enfants et plus tard, je veux pouvoir leur dire que pendant cette période critique où nous avions encore une fenêtre favorable pour agir, j’ai fait absolument tout ce que j’ai pu et consacré chaque heure de mon temps pour trouver une solution.” Cette prise de conscience 1. http://www.transitiontowntotnes.org/groups/reconomybusinessnetwork/economicblueprint/. 2. Ce chiffre émane des rapports successifs publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dont le cinquième est accessible ici : http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg2/ar5_wgII_spm_fr.pdf.

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a permis à un homme sans moyens ni notoriété d’accomplir un travail extraordinaire : transformer en silence, par l’action locale, la ville qu’il habite pour la rendre plus autonome et plus résiliente face aux chocs qui s’annoncent ; construire un réseau planétaire de “simples citoyens” travaillant à la création d’une alternative, d’un tissu de territoires où venir puiser des solutions face à la crise et en cas d’effondrement du système. Pour propager les principes de la Transition à travers le monde, Rob Hopkins a donc choisi la pédagogie par l’exemple, pariant sur le pouvoir d’une bonne idée et d’une histoire vraie, celle de Totnes.

Les citoyens réinventent leur vie Avant de partir à la rencontre de ses concitoyens puis de créer le mouvement des Villes en Transition, Rob Hopkins fut le tout premier professeur à enseigner la permaculture à l’université de Kinsale (Irlande) dans le cadre d’un cursus à part entière. Cette méthode, qui concerne en principe plutôt l’agriculture, va en réalité bien au-delà et vise non seulement à cultiver à partir des ressources locales, mais plus largement à aménager les fermes et le territoire à la manière d’écosystèmes autonomes productifs et économes en travail comme en énergie. Ces pratiques ont pour but de créer la résilience : la capacité à perdurer (permaculture signifie culture permanente) malgré les changements et les chocs extérieurs. Chaque plante, mais aussi chaque installation, chaque équipement est positionné au mieux pour interagir positivement avec les autres, comme dans la nature où tout est relié. Les déchets de l’un deviennent des ressources, permettant au tout d’être davantage que la somme de ses parties1. 1. Ces explications viennent des livres suivants : Bill Mollison et David Holmgren, Perma-Culture 1 et 2, Équilibres d’aujourd’hui, 2011, et Perrine et Charles HervéGruyer, Permaculture. Guérir la terre, nourrir les hommes, Actes Sud, 2014.

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La mondialisation qui régit les échanges commerciaux est l’exact opposé de la permaculture : nos économies locales dépendent de ressources lointaines, dont les flux cloisonnés arrivent sur le territoire via les grandes enseignes dont les profits, plutôt que de financer des projets locaux, s’échappent vers des actionnaires déconnectés des enjeux de proximité. Aussi ces dernières décennies le tissu social et économique local, les relations entre les producteurs et les consommateurs, entre les citoyens, se sont délités. Face à ce constat, Rob Hopkins a décidé d’appliquer les méthodes de la permaculture non pas seulement à l’échelle d’une ferme, mais d’un village, d’une petite ville ou d’un arrondissement, pour que chaque territoire retrouve sa prospérité, sa créativité, sa fertilité. Une idée imaginée avant lui par les fondateurs de la permaculture, David Holmgren et Bill Mollison1, mais jamais mise en pratique à une échelle aussi vaste que celle du mouvement de la Transition. Après un travail patient et attentif pour expliquer cette perspective, le projet d’une transition a suscité un véritable enthousiasme parmi des habitants de Totnes. La création de groupes d’action autour des thèmes de l’alimentation, de l’énergie ou encore de l’économie a engendré une myriade d’initiatives. Des jardins partagés ont fleuri partout à travers cette jolie bourgade qui consacre même une partie de ses parcs publics à la production potagère et fruitière. Un tiers des ménages participant au mouvement ont installé des panneaux photovoltaïques sur leurs toits, une monnaie locale (la livre de Totnes) circule à travers la ville, acceptée par plus de 140 entreprises, un ancien site industriel a été récupéré par le groupe de Transition pour être transformé en écoquartier, un forum régulier permet aux porteurs de projets d’entreprises locales, écologiques et résilientes d’être financés par les citoyens, etc. En somme, à Totnes, une biodiversité économique et sociale renaît depuis dix ans… 1. David Holmgren et Bill Mollison, Perma-Culture 1 et 2. Une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles, éditions Charles Corlet, 2011.

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Un bouche à oreille planétaire À partir de cette première expérience la Transition a tissé un vaste réseau à travers le monde, avec des outils de communication rudimentaires et l’équipe la plus réduite qui soit à l’échelle d’une organisation désormais présente dans de nombreux pays (11 salariés). Un déploiement aussi vaste et rapide que spontané dont le point de départ n’est autre que le succès de l’initiative à Totnes. Les territoires (villes, villages, quartiers…) qui se sont inspirés de cette idée forment aujourd’hui un réseau de 1 170 groupes de Transition (dont 400 en Grande-Bretagne), impliquant des dizaines de milliers de “transitionneurs”. Beaucoup d’entre eux ont donné à la démarche une ampleur plus importante encore qu’à Totnes : à Bristol, 800 entreprises acceptent la monnaie complémentaire qu’ils ont créée – y compris le maire qui reçoit son propre salaire en livres de Bristol ; à Liège, en Wallonie, une société coopérative réunissant 1 200 habitants a planté 12 hectares de vignes et s’apprête à produire plus de 100 000 bouteilles ; à Bath (Somerset, Grande-Bretagne), les citoyens ont créé une grande entreprise solidaire de production d’énergie : plusieurs émissions d’actions (dont une de 2 millions de livres) ont permis aux habitants d’en être les propriétaires. Ainsi Bath and West Community Energy produit de l’électricité localement à partir de panneaux photovoltaïques installés sur les toits des écoles et des bâtiments publics. Mais les initiatives de groupes de Transition plus modestes représentent aussi un levier précieux, qu’il s’agisse du verger de Saint-Quentin-en-Yvelines (190 arbres), des panneaux photovoltaïques sur une église de Melbourne (10 kW) en Australie ou de la boulangerie et des jardins partagés de Brasilândia, une favela de São Paulo au Brésil1.

1. Ces exemples figurent aussi dans le livre de Rob Hopkins, Ils changent le monde ! 1001 initiatives de transition écologique, Le Seuil, 2004.

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Ces centaines de projets sont nés via un incroyable bouche à oreille rendu possible par internet. Le mouvement n’a pourtant pas de stratégie marketing millimétrée, et certains peuvent être perplexes face aux supports de communication des Villes en Transition parfois peu documentés et au graphisme minimal. La puissance de propagation de la Transition découle en réalité du récit de cette alternative : une histoire qui réveille ce que nous avons de meilleur en nous, qui touche une boule d’espoir enfouie sous des années de désillusions ou de “réalisme économique”. La simple évocation de l’épopée de Totnes remplit d’enthousiasme et donne aussitôt envie de s’y mettre et de la raconter à d’autres. Depuis quelques années ce récit semble diffusé par une fréquence que ne captent pas les grandes chaînes de télévision mais qui met les citoyens en relation directe avec le mouvement. Un phénomène qui ne découle pas tant d’un calcul que d’une conviction de Rob Hopkins : l’utilité d’une histoire positive pour déclencher le passage à l’action. “Notre civilisation est très douée pour imaginer sa propre chute, notamment à travers d’innombrables récits et films qui décrivent la fin du monde. Mais où sont les récits qui racontent notre incroyable créativité et notre mobilisation pour résoudre le problème ? Parvient-on à se représenter un monde bas carbone ? C’est cela la Transition !” Ce nouveau récit, celui de la lutte contre le réchauffement vue comme une opportunité de quitter le “toujours plus” vers le “toujours mieux”, est rare et trop souvent éclipsé par le catastrophisme. L’histoire de la Transition ne promet pas de miracle ni de revirement spectaculaire. Elle prend pour point de départ nos vies quotidiennes, leurs limites, mais surtout les opportunités insoupçonnées que chacun porte en lui. Elle s’adresse directement à nous en termes simples et absolument réalistes. Elle met en scène des voisins qui hier se croisaient sans vraiment se parler et s’assoient aujourd’hui autour d’une table, au pied de l’immeuble, pour organiser le covoiturage avec les autres habitants de la rue ou remplacer les éternels – 18 –


massifs de fleurs par un potager commun. De fil en aiguille ils attirent l’attention des autres quartiers et du conseil municipal, etc.

Quels effets sur notre modèle ? Ce récit n’a de pouvoir que parce qu’il peut être “vu, senti et touché”, comme le dit Rob Hopkins. Les animateurs du mouvement ne sont pas des conteurs béats : leur priorité – l’action locale, près de chez eux – est ancrée dans la réalité. Mais cette démarche peutelle vraiment désamorcer l’engrenage des crises que nous connaissons ? Les groupes de Transition peuvent-ils vraiment changer le système en profondeur ? En quoi empêchent-ils les multinationales de continuer à s’emparer des ressources naturelles ? Ne s’agit-il pas d’une voie parallèle et sans conséquence sur la trajectoire des géants de l’agroalimentaire, de l’énergie ou de la finance ? Par ailleurs la Transition prend-elle en compte les préoccupations des citoyens en difficulté ? Rob Hopkins tente de répondre à ces questions au fil des entretiens qui suivent. Il montre que les quartiers pauvres de Londres ou de São Paulo s’approprient avec succès le mouvement de la Transition au point que les populations les plus précaires sont prêtes à investir une partie de leur temps et de leurs revenus pour jardiner ou installer des panneaux solaires sur leurs toits. Il raconte aussi l’histoire de responsables politiques nationaux cherchant à comprendre les principes de la Transition et à les inscrire dans la loi. Concernant le pouvoir supposé des multinationales, qu’en resterait-il si nous ne leur apportions plus notre soutien ? Si nos achats profitaient massivement à des entreprises locales prospères et pourvoyeuses d’emplois ? Ce constat est le véritable supplément de la Transition : montrer l’étendue réelle du pouvoir des simples citoyens.

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Itinéraire de la Transition Ce livre retrace l’épopée de la Transition, racontée par celui qui a initié ce mouvement. La première partie explore le contexte particulier qui a fait surgir cette idée dans l’esprit du fondateur : Rob Hopkins revient sur le long périple qui l’a conduit jusqu’à Totnes, en passant par ses trois années dans un monastère bouddhique en Toscane, son voyage en Asie, et l’enseignement universitaire de la permaculture en Irlande. Il décrit ensuite le travail accompli avec ses amis à Totnes – y compris sous ses aspects les plus pratiques –, l’engouement des habitants pour la Transition et les actions successives menées pour transformer cette ville. La seconde partie des échanges éclaircit le mystère du déploiement spontané de ce mouvement : elle décrypte les atouts qui ont favorisé ce succès planétaire obtenu avec des moyens rudimentaires. La légèreté de la structure, l’absence d’enjeux de pouvoir, la capacité de faire de la relocalisation un message mondial, de mobiliser au-delà du cercle militant, d’intéresser les jeunes générations... Tout cela a contribué à la propagation extraordinaire du mouvement. Mais quelles en sont les conséquences ? Quels sont les effets de la Transition sur le système au sein duquel elle évolue ? La dernière partie des entretiens répond à ces questions et montre, exemples à l’appui, comment ce mouvement renforce la démocratie, émancipe les citoyens, influence les lois, modifie notre conception de l’innovation. Plus profondément encore, la Transition nous conduit individuellement à nous reconnecter à nous-mêmes et à la terre, fût-ce en réapprenant les activités manuelles basiques. Bien que titulaire d’un doctorat1 et inspiré par de nombreux auteurs tels Fritjof Capra ou Charles Dickens, Rob Hopkins est un personnage qui frappe par son humilité – y compris au sens 1. http://transitionculture.org/shop/localisation-and-resilience-at-the-local-level-thecase-of-transition-town-totnes/.

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étymologique : proche de la terre. Son humour, son autodérision et les références qu’il utilise en sont les meilleurs témoignages. Ses propos mettent tour à tour en scène un nouveau billet de banque à l’effigie de David Bowie (bien réel : la livre de Brixton), la reine Élisabeth jetant des pierres sur les fenêtres des créateurs de monnaies locales (qui n’affichent donc plus sa tête couronnée), un importateur de lunettes de toilettes en plastique fabriquées en Chine en pleine remise en question, ou encore une savante théorie appelée “l’effet donut” qui, pour expliquer la stratégie de mobilisation du mouvement de la Transition, renvoie au “maintien de la confiture à l’intérieur du beignet”... Ce ton en rupture avec la solennité, la gravité très professionnelle d’autres ONG peut dérouter. Il n’a en réalité rien de fortuit et constitue même l’un des emblèmes de ce mouvement qui veut remplacer l’excès de mots, de postures et d’informations par l’action concrète. La Transition veut rester espiègle, spontanée, agile pour le plus grand bonheur de participants heureux de passer de bons moments ensemble. Ce discours décomplexé nous renvoie aux enjeux terre à terre de notre quotidien et invite chacun à prendre les problèmes écologiques et sociaux à bras-lecorps : l’univers de la Transition est un monde bien réel où l’on est heureux de se confronter enfin à la réalité, où chacun se lève et danse pour de bon !


1 TOTNES : L’ÉPOPÉE ÉCOLOGIQUE D’UNE PETITE VILLE


Un lycéen anglais, un paysan italien et un monastère bouddhique Lionel Astruc : Pourriez-vous nous raconter le périple qui a transformé le jeune citadin britannique que vous étiez en professeur de permaculture dans la campagne irlandaise ? Rob Hopkins : Ce voyage qui a duré plusieurs années a commencé lorsque j’avais dix-huit ans. Mon départ s’est décidé quand, lycéen, j’habitais à Bristol dans un appartement avec trois amis. Nous étions fauchés et la vie qui nous attendait dans une GrandeBretagne minée par le chômage ne nous attirait pas du tout. Nous avons donc tous fait des petits boulots pour réunir l’argent nécessaire et quitter le pays. Puis nous sommes partis en voyage chacun de notre côté avec un défi commun : trouver un bon filon pour vivre loin de l’Angleterre. À l’époque des tickets de train très bon marché permettaient aux jeunes de parcourir l’Europe. Deux d’entre nous sont revenus bredouilles au point de départ, les poches vides, et le troisième s’est installé dans un monastère bouddhique en Toscane. Il nous envoyait des cartes postales nous décrivant l’endroit où il se trouvait : un site formidable où il nous exhortait de le rejoindre au plus vite. L’été suivant je suis donc parti là-bas, non pas parce que j’étais intéressé par le bouddhisme, mais parce que je voulais apprendre la méditation. J’étais las de cette vie étudiante, y compris de faire la fête, et je voulais mieux connaître et mieux “contrôler” mon esprit. Finalement je suis resté trois années dans ce monastère. L. A. : Comment se passait votre vie quotidienne et en quoi cela vous a-t-il conduit à vous questionner à propos de l’écologie ? R. H. : Le gîte, le couvert et les cours de méditation étaient donnés aux stagiaires en échange de leur travail. Lorsque je suis arrivé, le gérant, nommé Alessandro, m’a montré tout ce que je devais faire : – 23 –


ranger les étages, passer la serpillière, etc. Mon séjour a commencé, tout se passait bien, puis après trois semaines, Alessandro a dû se rendre quelque temps sur l’île d’Elbe. Je lui ai dit : “Vous partez ? Mais qui va s’occuper du monastère ? – C’est toi, m’a-t-il répondu : voici les clés…” J’avais donc dix-huit ans et je n’avais jamais eu aucune position de responsabilité avant. Du reste j’étais plutôt désorganisé comme garçon… et d’un seul coup je devais gérer l’équivalent de la logistique d’un hôtel de 140 lits avec des allées et venues de groupes de plusieurs dizaines de personnes ! Il s’agit sans doute de la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Cette expérience a été extraordinaire. Les dysfonctionnements de la vie du monastère m’ont aussi beaucoup apporté : j’étais très frustré de voir qu’une communauté qui prétendait “œuvrer pour le bonheur de tous les êtres vivants” gaspillait autant d’eau, se débarrassait de ses ordures dans la nature et que les moines ne produisaient qu’une maigre partie de leur consommation alimentaire, etc. Tout cela a dû beaucoup changer depuis, mais à l’époque j’étais choqué par ce manque de cohérence. Cette période m’a permis de me poser la question du lien entre la compassion et la gestion soutenable des ressources. J’ai compris que l’altruisme pousse nécessairement à la protection de l’environnement puisque nous dépendons tous des ressources naturelles et de l’état de la planète. Pendant mon séjour au monastère, un paysan du village voisin – Pomaia, à trente minutes de Pise dans les collines – venait régulièrement nous chercher pour qu’on lui donne un coup de main. Sans le savoir il nous a offert la chance de participer aux toutes dernières années de l’agriculture paysanne. Cet homme, Guido, qui avait quatre-vingts ans, petit et aussi large que grand, avec des mains comme des pelles, à la peau calleuse d’un côté et cuite par le soleil de l’autre, tenait sa ferme tout seul et, en plus de la production qu’il vendait, cultivait bien sûr la majorité de ses propres aliments – 24 –


– y compris le raisin de son vin. Il avait un cheval, une vache et quelques poules. Il m’avait pris en affection et appris l’italien. Il conduisait un tracteur antique à l’arrière duquel nous devions nous accrocher pour semer ou planter pendant qu’il conduisait et nous hurlait ses instructions. Il avait fait cela toute sa vie et pour lui nous étions probablement des petits citadins anglais bons à rien (rires). Il travaillait dur jour et nuit pour que sa ferme fonctionne et cet homme remarquable m’a laissé une trace indélébile : j’ai été très marqué par l’intégrité de cette vie et de ce travail. Cette expérience en Italie était très formatrice et les prémices de l’idée de Transi­tion viennent donc en partie de ce voyage réalisé dans les années 1990. L. A. : En somme vous avez préféré vous former auprès de moines et de paysans qu’avec des professeurs d’université. C’est un choix original pour un jeune homme de dix-huit ans... R. H. : Oui, cette expérience a fait office d’études universitaires dans mon parcours. À cet âge-là, quitter sa ville et son pays, se voir confier des responsabilités, apprendre la discipline d’une pratique de méditation parmi des gens aussi intègres, c’est une expérience extraordinaire et fondatrice. À cette époque une génération entière de lamas tibétains avait fui le Tibet envahi par les Chinois et traversé l’Himalaya à pied. Ils avaient grandi dans des monastères et mémorisé tous les textes anciens. Les Chinois avaient détruit six mille monastères et brûlé des monceaux de livres. Les réfugiés, une fois arrivés en Inde, consignaient tous ces textes par écrit pour en conserver la trace. Ils ont ainsi sauvé des bibliothèques entières. Je trouve cela phénoménal ! Or quand j’ai vécu en Toscane, j’ai rencontré beaucoup d’entre eux, notamment durant les festivals. Je n’étais venu que pour apprendre la méditation, mais au contact de ces moines mon intérêt pour le bouddhisme s’est approfondi. J’ai été particulièrement marqué par – 25 –


l’idéal du bodhisattva1 pour qui rien ne rend plus heureux que de vivre au service des autres. Les bouddhistes expliquent également que si quelque chose ne va pas, la solution est d’abord à chercher en soi, avant de désigner un responsable. Cette idée forte a été un socle dans ma manière de voir l’écologie plus tard et un axe essentiel du mouvement de la Transition. À l’heure où beaucoup se contentent de critiquer les responsables politiques ou les multinationales sans agir dans leur propre périmètre, la Transition propose aux citoyens de trouver dans leur vie tout ce qu’ils vont pouvoir faire collectivement pour réinventer un quotidien plus compatible avec les enjeux climatiques et plus riche en lien social. L. A. : Pourquoi avez-vous quitté le monastère ? R. H. : Des gens sur place m’ont proposé un petit job en Inde : ils organisaient un festival bouddhique et m’ont demandé de m’occuper de la vente du thé sur place. Finalement j’ai voyagé pendant un an et demi en Inde, en Chine et au Tibet. J’ai rencontré ma femme et nous sommes partis en Angleterre où j’ai appris la permaculture près de Bristol, puis en Irlande pour l’enseigner pendant dix ans, de 1996 à 2005. Au début, je donnais des formations plus ou moins informelles le soir et je participais également à la création du premier écovillage dans ce pays. Puis je me suis dit que ce serait formidable de créer un cours de permaculture à l’Université, un module officiel durant une année complète et où chacun pourrait s’inscrire facilement, exactement comme s’il s’inscrivait à un cursus classique de mathématiques, de sociologie ou d’histoire. À cette époque aucun programme universitaire de ce type n’existait encore et j’ai donc dû créer de toutes pièces le contenu de cette formation. Un ami qui enseignait l’art dramatique à l’université de 1. En sanskrit, bodhi signifie “éveil” et sattva veut dire “être”. Le bodhisattva est donc, pour les bouddhistes, une personne qui consacre toute son énergie à atteindre l’éveil.

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Kinsale me conseilla de proposer mon projet dans cette institution très avant-gardiste. Le président de l’université m’a rétorqué qu’il ne connaissait pas la permaculture, mais le sujet a piqué sa curiosité. “Pensez-vous pouvoir rassembler une quinzaine d’élèves autour d’un tel sujet ?” m’a-t-il demandé, un brin sceptique. Je l’ai rassuré et il a donc donné son accord. En réalité, la première année, 24 personnes se sont inscrites. Puis les années suivantes, 35 à 40 étudiants sont venus ! En fait, aussitôt les inscriptions ouvertes, le cours était déjà plein ! Au bout de trois ans, nous avons ajouté à ce module initial d’un an une année supplémentaire qui était optionnelle. Cela répondait à une attente des participants qui voulaient apprendre plus. Les cours tournaient autour de réalisations très concrètes : des bassins pour retenir l’eau de pluie, de petites maisons en paille, des potagers… Quand nous avons commencé ces cours, le collège était entouré de prairies et de gazons. Tout cela a été transformé, nous avons planté des vergers, construit une tonnelle et même un amphithéâtre naturel à partir de matériaux locaux et de végétaux – projet qui a occupé une partie de la dernière année de cours que j’ai donnée là-bas. Le rôle joué par le directeur de l’université et sa manière de gérer ont été décisifs : il nous accordait une grande confiance et si un premier projet fonctionnait il donnait très facilement son autorisation pour la suite. Donc la dernière année, quand nous lui avons demandé si nous pouvions démonter l’abri à vélos pour y faire un amphithéâtre naturel, il a donné son accord sur la base d’un plan dessiné sur le dos d’une vieille enveloppe à la dernière minute ! Partout ailleurs il aurait fallu que je réalise une évaluation des risques, que j’obtienne des plans d’architecte, que je constitue un budget, etc. Mais lui ne m’a jamais rien demandé de tel. Cette université m’a donc offert un terreau inestimable où, sans le savoir, je semais les graines d’un projet plus vaste.

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ROB HOPKINS ET LIONEL ASTRUC

Un jour de l’année 2005, Rob Hopkins, simple citoyen britannique, sort de chez lui et part frapper à la porte de ses voisins, dans la petite ville de Totnes – où il vient à peine d’emménager. Il leur propose rien de moins que se réunir pour organiser une nouvelle économie à l’échelle de leur territoire. Un nouveau modèle, la Ville en Transition, à partir des atouts disponibles localement : ne plus attendre que les aliments arrivent du bout du monde à grand renfort de pétrole, mais mettre en place des circuits courts et cultiver toutes les terres disponibles (jardins, toits, squares municipaux…) ; ne plus déplorer la pollution, mais regrouper ses concitoyens autour d’un projet de coopérative d’énergies renouvelables de proximité ; ne plus fulminer à propos des banques et de la Bourse, mais adopter une monnaie locale qui fertilise le territoire, etc. Son expérience n’a pas seulement fait ses preuves à Totnes, elle s’est répandue dans 1 200 villes de 47 pays. Chacune de ces Villes en Transition transforme sans moyens ni notoriété son territoire pour le rendre plus autonome et plus résilient face aux chocs qui s’annoncent. Autant d’oasis, tous reliés, où venir puiser des solutions. La personnalité de Rob Hopkins et son épopée réveillent ce que nous avons de meilleur en nous. Rob Hopkins ranime un espoir enfoui sous des années de désillusions ou de résignation au “réalisme économique”. L’aventure des Villes en Transition donne envie de passer à l’action et dévoile les opportunités insoupçonnées que chacun porte en lui pour changer.

LE POUVOIR D’AGIR ENSEMBLE, ICI ET MAINTENANT

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ISBN 978-2-330-05685-8 Dessin de couverture : © David Dellas, 2011

DOMAINE DU POSSIBLE ACTES SUD

29/10/2015 10:51


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