Lee Ufan 65 € TTC Dépôt légal : juin 2013 ISBN : 978-2-330-01908-2
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ACTES SUD
ACTES SUD
Lee
Ufan ACTES SUD
15/05/13 14:43
9
11
Avant-propos Michel Enrici L’éternité d’une renaissance Entretien Lee Ufan et Michel Enrici
129
Lee Ufan : un être au monde Michel Enrici
147
Qu’appelle-t-on rencontrer ? Ukai Satoshi
195
La pierre et l’enfant Entretien Lee Ufan et Michel Enrici
270
Annexes
From Point, 1978, 56 x 76 cm, crayon sur papier
9
11
Avant-propos Michel Enrici L’éternité d’une renaissance Entretien Lee Ufan et Michel Enrici
129
Lee Ufan : un être au monde Michel Enrici
147
Qu’appelle-t-on rencontrer ? Ukai Satoshi
195
La pierre et l’enfant Entretien Lee Ufan et Michel Enrici
270
Annexes
From Point, 1978, 56 x 76 cm, crayon sur papier
Avant-propos
L
“Dis-moi ce que tu entends par traduire et je te dirai qui tu es1.”
’œuvre de Lee Ufan est au sommet de sa reconnaissance. Elle voyage dans notre culture contemporaine en compagnie de celles des plus grands, tant dans sa traduction picturale que sculpturale. Musées, collections internationales, biennales s’attachent à enregistrer la présence de l’artiste et de son œuvre, dont la matérialisation correspond toujours à un geste précis chargé de la force de l’ensemble de l’œuvre : un point, un trait de peinture, le choix d’un matériau, l’agencement d’un geste, la réponse à une invitation à exposer emportent l’idée d’une décision globale2. Ainsi, l’œuvre de Lee Ufan se meut par des variations lentes où s’exercent les forces immenses de l’ensemble des données de la culture. Entre matériaux naturels, matériaux industriels, mise en œuvre picturale de l’espace, restitution du vide, action et résistance, Lee Ufan est lui-même le centre d’un principe de mouvement et de permanence, dont la meilleure image serait celle de l’accumulation ou de l’équilibre paradoxal d’une énergie et d’une inertie. Peu de gestes, peu de mouvements visibles, un lien aux principes de la nature, une économie de la pensée par la maîtrise de la complexité, le sentiment de l’espace et, plus que tout, la conscience aiguë d’une responsabilité à la fois historique et ontologique, fondent cette œuvre. La tension qui l’habite ne se veut ni la traduction d’un désir expressif ni un fait d’ordre psychologique. Aux antipodes de ces catégories, le travail de Lee Ufan organise, par la permanence répétée de quelques gestes fondamentaux, des rencontres et des correspondances révélatrices du lien entre l’homme et son milieu objectif et subjectif. À ce titre, la charge de cette œuvre si compacte et si limpide dans sa formalisation est immense, tout autant poétique que philosophique, et ambitionne de participer à l’éthique comme à l’esthétique. Au passage, elle entretient le doute sur la véritable dignité qu’il faut accorder à l’identité de l’artiste, identité que Lee Ufan a rejointe très progressivement avec méfiance, donnant longtemps l’avantage à l’écrit et à l’exercice de la pensée, n’acceptant l’idée d’être un artiste plasticien qu’à la condition de réussir à placer dans cette activité une intention globale où son “être-au-monde” pourra être pleinement et justement traduit. L’ambition de l’œuvre est sans doute dans cette singularité, résumée par la dernière phrase du discours de Lee Ufan lors de l’inauguration de son exposition rétrospective au musée Guggenheim de New York, en juin 2011 : “Ce que nous voyons ici est une question posée à l’idée de civilisation !”
1. Martin Heidegger, Hölderlins Hymne Der Ister, Vittorio Klostermann, Francfort, 1984, p. 76. 2. Cf. Alexandra Munroe, “Stand Still a Moment”, Marking Infinity, Guggenheim Museum, New York, 2011.
Michel Enrici
Avant-propos
L
“Dis-moi ce que tu entends par traduire et je te dirai qui tu es1.”
’œuvre de Lee Ufan est au sommet de sa reconnaissance. Elle voyage dans notre culture contemporaine en compagnie de celles des plus grands, tant dans sa traduction picturale que sculpturale. Musées, collections internationales, biennales s’attachent à enregistrer la présence de l’artiste et de son œuvre, dont la matérialisation correspond toujours à un geste précis chargé de la force de l’ensemble de l’œuvre : un point, un trait de peinture, le choix d’un matériau, l’agencement d’un geste, la réponse à une invitation à exposer emportent l’idée d’une décision globale2. Ainsi, l’œuvre de Lee Ufan se meut par des variations lentes où s’exercent les forces immenses de l’ensemble des données de la culture. Entre matériaux naturels, matériaux industriels, mise en œuvre picturale de l’espace, restitution du vide, action et résistance, Lee Ufan est lui-même le centre d’un principe de mouvement et de permanence, dont la meilleure image serait celle de l’accumulation ou de l’équilibre paradoxal d’une énergie et d’une inertie. Peu de gestes, peu de mouvements visibles, un lien aux principes de la nature, une économie de la pensée par la maîtrise de la complexité, le sentiment de l’espace et, plus que tout, la conscience aiguë d’une responsabilité à la fois historique et ontologique, fondent cette œuvre. La tension qui l’habite ne se veut ni la traduction d’un désir expressif ni un fait d’ordre psychologique. Aux antipodes de ces catégories, le travail de Lee Ufan organise, par la permanence répétée de quelques gestes fondamentaux, des rencontres et des correspondances révélatrices du lien entre l’homme et son milieu objectif et subjectif. À ce titre, la charge de cette œuvre si compacte et si limpide dans sa formalisation est immense, tout autant poétique que philosophique, et ambitionne de participer à l’éthique comme à l’esthétique. Au passage, elle entretient le doute sur la véritable dignité qu’il faut accorder à l’identité de l’artiste, identité que Lee Ufan a rejointe très progressivement avec méfiance, donnant longtemps l’avantage à l’écrit et à l’exercice de la pensée, n’acceptant l’idée d’être un artiste plasticien qu’à la condition de réussir à placer dans cette activité une intention globale où son “être-au-monde” pourra être pleinement et justement traduit. L’ambition de l’œuvre est sans doute dans cette singularité, résumée par la dernière phrase du discours de Lee Ufan lors de l’inauguration de son exposition rétrospective au musée Guggenheim de New York, en juin 2011 : “Ce que nous voyons ici est une question posée à l’idée de civilisation !”
1. Martin Heidegger, Hölderlins Hymne Der Ister, Vittorio Klostermann, Francfort, 1984, p. 76. 2. Cf. Alexandra Munroe, “Stand Still a Moment”, Marking Infinity, Guggenheim Museum, New York, 2011.
Michel Enrici
42
From Point, 1978
182 x 227 cm Colle et pigments naturels sur toile Lee Ufan Museum, Naoshima, Japon
From Point, 1980
182 x 227 cm Colle et pigments naturels sur toile
42
From Point, 1978
182 x 227 cm Colle et pigments naturels sur toile Lee Ufan Museum, Naoshima, Japon
From Point, 1980
182 x 227 cm Colle et pigments naturels sur toile
114
Dialogue, 2010
227 x 182 cm Huile et pigments naturels sur toile Solomon R. Guggenheim Museum, New York, USA
Dialogue, 2008
218 x 292 cm Huile et pigments naturels sur toile The Pace Gallery, New York and Blum & Poe, Los Angeles, USA
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Dialogue, 2010
227 x 182 cm Huile et pigments naturels sur toile Solomon R. Guggenheim Museum, New York, USA
Dialogue, 2008
218 x 292 cm Huile et pigments naturels sur toile The Pace Gallery, New York and Blum & Poe, Los Angeles, USA
152
Relatum (ancien Relation), 1968 40 x 250 x 200 cm Acier, pierre Collection privĂŠe
152
Relatum (ancien Relation), 1968 40 x 250 x 200 cm Acier, pierre Collection privĂŠe
202
Relatum-Silence b, 2008
Acier 279 x 226, pierre 81 x 86 x 91 cm Plaque d’acier, pierre The Pace Gallery, New York and Blum & Poe, Los Angeles, USA
Relatum, 2000
Acier 220 x 320 x 1 cm, pierre 50 x 60 x 60 cm Acier, pierre Situation Kunst, Bochum, Allemagne
202
Relatum-Silence b, 2008
Acier 279 x 226, pierre 81 x 86 x 91 cm Plaque d’acier, pierre The Pace Gallery, New York and Blum & Poe, Los Angeles, USA
Relatum, 2000
Acier 220 x 320 x 1 cm, pierre 50 x 60 x 60 cm Acier, pierre Situation Kunst, Bochum, Allemagne
Lee Ufan 65 € TTC Dépôt légal : juin 2013 ISBN : 978-2-330-01908-2
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ACTES SUD
ACTES SUD
Lee
Ufan ACTES SUD
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