Extrait "Les héros oubliés"

“La grotte marque le début d’une galerie souterraine. Une lueur scintille tout au fond. Un cheval nous regarde, immobile.

Il paraît immense, sa robe rouge sombre, sa crinière noire de jais. Je n’en crois pas mes yeux : c’est Bayard, le cheval-fée !

J’avance encore. Le souffle brûlant de ses naseaux m’ébouriffe les cheveux.

Je reste stupéfait. Bayard a mis genoux à terre, prosterné devant moi.”

GAËL AYMON

LES

HÉROS

OUBLIÉS AUX PORTES DE L’OUBLI

TOME 1

Depuis l’enfance, Romain est chargé d’une étrange mission : mémoriser tous les mythes afin de préserver leurs héros de l’oubli. Comme ultime épreuve, le garçon est envoyé sans explication sur l’île Pyborrhée chez son parrain, Gaius. Là, Romain est le témoin de phénomènes mystérieux et se retrouve brutalement plongé au cœur de ces légendes…

LES

HÉROS

OUBLIÉS

AUX PORTES DE L’OUBLI

EXTRAIT T GRATUI

En librairie le 4 mars 2015 Illustration : © Jeanne Detallante.

144 pages – 12,50 euros – ISBN : 978-2-330-03889-2

www.actes-sud-junior.fr

Extrait gratuit – Ne peut être vendu

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TOME 1

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GAËL AYMON

LES

HÉROS

OUBLIÉS

AUX PORTES DE L’OUBLI

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ACTES SUD junior

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© Actes Sud, 2015 – ISBN 978-2-330-03889-2 Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.

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LA GROTTE ABRITÉE PAR LA FACE CACHÉE du ro­ cher marque le début d’une galerie souterraine. Une lueur scintille tout au fond. Nous nous regardons, ruisselants de pluie, les vêtements trempés. Chacun semble attendre que les autres prennent une déci­ sion. Finalement, Gaston endosse à contrecœur le rôle de leader : — Allons­y !

Il entame la descente d’un pas mal assuré. J’essuie mon nez dans ma manche et j’éternue bruyamment.

Le bruit se réverbère dans toute la galerie.

— Bravo pour cette arrivée discrète ! marmonne Colombe derrière moi.

Gaston nous arrête juste avant un tournant du tun­ nel. Il penche sa tête vers la lumière, puis nous fait signe d’avancer. Le passage débouche au milieu du mur d’une grande salle voûtée, plusieurs mètres au­ dessus du sol. Un pont enjambe le vide devant nous pour rejoindre un promontoire circulaire, au centre de la grotte. Entouré par quatre colonnes de marbre blanc au sommet desquelles brûlent des feux, un cheval nous

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regarde, immobile. Il paraît immense, la robe rouge sombre, la crinière noire de jais, les jambes enchaî­ nées aux quatre colonnes.

Je n’en crois pas mes yeux : — C’est Bayard, le cheval­fée !

— Oui, souffle Colombe à mi­voix. Le cheval de Maugis.

— C’est Bayard qui a créé la faille et séparé les deux îles d’un coup de ses sabots, explique Gaston. Il est le seul à pouvoir la traverser.

— C’est ça, votre plan ? Traverser le mur de tem­ pête à cheval ?

Mes compagnons ont perdu leur assurance. Leur silence m’inquiète : — Et qu’est­ce que vous comptez faire maintenant ?

— Comment ça ? s’étonne Gaston. C’est toi qui devrais savoir quoi faire !

— Moi ?

— Tu es un Veilleur, oui ou non ?

Il me pousse sur le pont. Bayard semble sur ses gardes. Les chaînes qui l’entravent ne l’empêcheraient probablement pas de m’envoyer dans le vide d’une simple ruade. La peur me cloue sur place.

— Ne nous dis pas que tu n’as aucune idée ?

Colombe lance un regard exaspéré à Gaston : — Mais à quoi il nous sert ? Pourquoi est­ce qu’on s’est encombrés de ce gamin ?

Piqué au vif, je me lance. Après tout, le moment est venu de vérifier si mes années de travail et d’appren­ tissage ont servi à quelque chose… ou si tout cela n’a été qu’une immense perte de temps.

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Quand j’arrive au milieu du pont, Bayard secoue sa crinière et fait claquer ses sabots. Je ralentis. Il cher­ che à m’intimider, et ça marche. D’un coup de jambe, le cheval brise une de ses chaînes. J’avance encore. Un deuxième coup de sabot, puis un troisième, encore plus fort, qui fait trembler le pont. Deux autres chaînes volent en éclats. Je viens de commettre l’erreur de regarder vers le bas. Il y a bien six mètres entre le sol et moi. Si je tombe, ou si le pont s’écroule, je suis mort. Une seule chaîne empêche encore Bayard de me charger. Le che­ val s’ébroue et pousse un hennissement. Je relève la tête.

L’intensité de son regard me surprend. Un regard presque humain. Et, comme les humains, Bayard semble hési­ ter entre mes deux yeux : le vert ou le noir ? Nous res­ tons immobiles face à face, à quelques pas de distance.

D’un coup net et précis, le cheval se libère de sa der­ nière chaîne, brisant la colonne de marbre comme du vulgaire plâtre. Je comprends que ma vie est suspendue au pont et que ce pont n’est pas grand­chose. Au ralenti, je franchis les derniers mètres qui nous séparent et pose le pied sur le promontoire. De près, Bayard est encore plus grand. Ma tête n’atteint pas son encolure. Je m’aper­ çois que son corps n’est pas couvert de poils mais de minuscules écailles qui lui donnent une brillance sur­ naturelle. Le cheval rouge frappe alternativement ses quatre sabots sur le sol, faisant trembler la plateforme sur laquelle nous nous trouvons. Je dois me tordre la nuque pour ne pas perdre son regard. Je ne sais pas com­ ment m’y prendre. J’ai toujours refusé les cours d’équi­ tation que mon père voulait que je prenne, j’ai préféré faire de l’escalade ! Alors que faire ?…

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Je baisse la tête et m’agenouille lentement devant Bayard. La vue de ses sabots massifs me fait perdre mon sang­froid. Je ferme les yeux. Ma voix tremble un peu quand je me décide à parler : — Pardonne­moi de te déranger, noble Bayard…

Il… Il est arrivé malheur à Gaius, je veux dire, Mau­ gis… Nous avons besoin de ton aide.

Je sens sa tête s’incliner au­dessus de moi. Le souffle brûlant de ses naseaux m’ébouriffe les che­ veux. Sa crinière me frôle. Le sol tremble à deux reprises, me faisant perdre l’équilibre. Je rouvre les yeux et reste stupéfait. Bayard a mis genoux à terre, prosterné devant moi. Je tends la main pour le cares­ ser maladroitement.

— Comme dans la légende !

C’est pourtant vrai ! Colombe et Gaston arrivent doucement derrière moi. Encouragé par mon succès, je contourne l’animal sans cesser de le caresser. Très lentement, je tends les bras et me hisse aussi délica­ tement que possible sur sa croupe. Il est si grand qu’il serait impossible de le monter sans qu’il se baisse.

Bayard n’a pas bronché. Je me tiens à califourchon sur son dos et j’ai l’impression de chevaucher un dragon.

Je tends la main vers mes compagnons : — Je crois que vous pouvez venir.

Le cheval les laisse monter derrière moi. Le cœur de Colombe tambourine dans mon dos quand elle s’agrippe à ma taille.

— Bon, murmure Gaston. Il faut lui faire comprendre que nous voulons traverser la faille. Mais je ne connais pas le langage d’un tel…

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Il n’a pas fini sa phrase que le cheval s’est brusque­ ment relevé. Nous nous cramponnons pour ne pas tomber. Je souris : — Il suffit de le lui dire. Bayard comprend le lan­ gage des hommes.

Je me penche sur le cheval pour murmurer : — Nous devons rejoindre Maugis sur Hyperborée.

Peux­tu nous y emmener ?

Bayard s’ébroue et s’élance au grand galop. Le pont s’ébranle sous ses sabots. Nous prenons de la vitesse.

Devant nous, le mur de tempête se rapproche dan­ gereusement. Allons­nous résister ? Et si Colombe et Gaston s’étaient trompés ? Leurs bras m’enserrent comme un étau. Je me couche en avant, j’enroule mes poings dans la crinière noire et je reçois de plein fouet le choc de la tempête.

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D’ABORD, C’EST COMME UN TREMBLEMENT de terre.

Secoué, écrasé, je ne sais plus si mes os sont encore entiers, si la grêle n’a pas écorché la moindre parcelle de mon corps, si j’ai la tête à l’envers ou à l’endroit.

Ensuite, on dirait que nous nous envolons. Pas un envol d’oiseau, plutôt un décollage version boulet de canon.

Une sensation affreuse. Mon cœur se comprime, mes bras manquent de lâcher. Impossible d’ouvrir les yeux.

Puis mon corps est brusquement arraché à la croupe du cheval, m’indiquant que nous avons sans doute amorcé une descente. Mes entrailles se mettent à lévi­ ter à l’intérieur de mon corps. Les bras de Colombe me tirent encore plus vers le haut. Je contracte tous mes muscles pour nous maintenir collés à notre mon­ ture. Soudain, je ne sens plus la pluie. Nous touchons le sol dans un fracas de tous les diables. L’étreinte de mes amis se relâche lentement. J’ouvre les yeux. Le corps de Bayard fume comme s’il était en fusion. Les nôtres aussi !

Le cheval se tient debout au bord d’une falaise, sur une plateforme rocheuse dont la surface a été fendue

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par notre atterrissage. Seul le mur de tempête rogne le ciel uniformément bleu. Une forêt luxuriante s’ouvre devant nous, emplie par des chants d’oiseaux comme je n’en ai jamais entendu. Bayard s’agenouille pour nous laisser descendre. Gaston glisse à terre et nous aide à sauter. Nous nous regardons, sonnés par la violence de la traversée. Bayard se couche sur la roche tiède.

Nous nous asseyons contre son flanc en le caressant.

— Voilà ! souffle Colombe. Nous sommes sur Hyper­ borée !

Je les sens émus de retrouver leur île. Moi, j’ai peur.

— On dirait qu’on est passés de l’autre côté d’un miroir. C’est si différent…

— Bien sûr qu’Hyperborée est différente ! s’esclaffe Gaston. Personne ne se battrait pour rester sur une île comme Pyborrhée. C’est parce que la vie y est impos­ sible qu’on y est à l’abri.

— Qu’on y était à l’abri, rectifie Colombe.

Je regarde la muraille grise et orageuse que nous venons de traverser. Pourrons­nous revenir en arrière ?

Après un long moment de silence durant lequel chacun de nous reprend des forces, Gaston se tourne vers moi : — Bien, Romain. Maintenant tu dois nous guider jusqu’à Kochtchéi.

— Vous guider ? Vous devez connaître cette île bien mieux que moi !

— On n’a pas besoin d’une boussole mais de tes connaissances sur Kochtchéi.

— Mais… Le livre est resté dans la bibliothèque du phare !

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Colombe fait des yeux ronds : — Tu es un Veilleur, tu n’as pas besoin de livre. Le temps presse. Secoue­toi un peu, c’est maintenant que nous avons besoin de toi !

— C’est que… Je n’ai pas beaucoup étudié les mythes slaves. Mon père m’a toujours orienté vers les romans de chevalerie…

Leurs visages atterrés m’en disent long sur leur déception.

— Tu ne sais donc RIEN de lui ?

Mes souvenirs s’emmêlent.

— Si… Kochtchéi est invincible car il cache son âme hors de son corps. Le seul moyen de le vaincre c’est de trouver où il la cache…

— Où ?

En voyant leur espoir renaître, j’ai peur de décevoir à nouveau mes amis.

— Je ne sais plus bien. Il existe un tas de versions, toutes différentes… Il y avait une histoire d’œuf de feu ou quelque chose dans ce genre… C’est très confus dans ma tête. Il me faudrait vraiment ce livre…

— Très bien, s’énerve Colombe en me désignant le mur de tempête. Voilà ce que je te propose : tu retournes le chercher, tu révises tes leçons, et tu reviens ensuite pleurer Gaius avec nous !

Bayard se redresse brusquement, l’oreille tendue.

Nous nous levons en vitesse. Gaston dégaine son épée.

— Qu’est­ce qu’il y a ?

Pas le temps de poser plus de questions. Trois hom­ mes surgissent des fourrés, armes à la main. Gaston se place devant moi, l’épée tendue. Les hommes sont

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casqués et vêtus de morceaux d’armures médiévales.

Deux d’entre eux foncent sur nous en faisant tour­ noyer leur masse d’armes dans les airs. Colombe m’en­ traîne vers la forêt tandis que Gaston les met en garde.

Mais le plus grand des deux l’évite. D’un bond, il me barre le passage, me séparant de Colombe. L’homme fait trois têtes de plus que moi. Son torse est nu sous l’armure qui enserre le haut de son corps. Il porte un heaume de Templier, percé de fentes au niveau de la bouche qui lui font comme une gueule féroce. J’essaie de le contourner. Son pied se glisse en travers de mes jambes. Je m’étends de tout mon long sur la pierre.

— Romain !!!

Gaston est en plein combat, trop loin pour me venir en aide. Je veux me relever mais un coup de pied me tord la jambe. Je retombe. J’aperçois Colombe, figée sur place, à l’orée du bois. Un coup dans mes côtes me fait rouler sur le dos. Je hurle. L’homme s’avance au­ dessus de moi, brandissant sa masse d’armes. Mais, contre toute attente, le colosse arrête son bras. Il le baisse et retire son casque. Je ne suis pas près d’ou­ blier ce visage. Grisâtre et fripé comme une gargouille de cathédrale. De sa bouche surgit une énorme dent jaune et pointue qui remonte comme une défense, jusque sous sa pommette droite. Il a l’air stupéfait. J’ai suffisamment l’habitude pour savoir ce qu’il regarde.

Il n’a peut­être jamais vu d’yeux vairons ?

Un hennissement furieux nous fait tourner la tête.

Le troisième homme vient de passer un lasso autour de l’encolure de Bayard. Le cheval se cabre de toute sa hauteur, agitant ses sabots avant de se laisser retomber

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de tout son poids. Le sol se soulève, la pierre se fend sous nos pieds. L’homme est projeté à terre, sa tête heurte un rocher. Un pan de la falaise menace de s’ef­ fondrer. L’homme à la dent de sanglier et celui qui combattait Gaston battent en retraite et disparaissent dans la forêt. Gaston s’approche de Bayard. Il saisit le lasso qui pend à son cou. Le cheval s’ébroue avec colère. Gaston entame une sorte de danse, ponctuée de souffles bruyants. Comme avec Hazel, je devine qu’il tente une conversation avec le cheval dans son propre langage. Mais Bayard piaffe et tourne sur lui­ même, empêchant Gaston de l’approcher. Je m’avance lentement. Un court instant, Bayard semble s’apaiser.

Il me regarde et fonce droit sur moi. Je me jette sur le côté dans un saut digne d’un toréro. Mais Bayard continue sa course. Va­t­il se lancer à la poursuite de nos ennemis ? Arrivé dans le sous­bois, le cheval­ fée effectue un brusque demi­tour. Il ne faisait que prendre de l’élan. Cette fois, j’anticipe sa trajectoire en courant vers Gaston. Bayard surgit de la lisière au grand galop, emportant arbres et rochers sur son pas­ sage. Il file vers la falaise en augmentant sa cadence, nous secouant, Gaston et moi, à chaque coup de sabot.

Nous nous accrochons l’un à l’autre pour ne pas tom­ ber. Puis, d’un bond prodigieux, Bayard s’élance au­ dessus du vide et disparaît dans les nuées du mur de tempête.

Les chants d’oiseaux reprennent après un long mo­ ment de silence.

— Il a eu peur de nous, dis­je en secouant la tête.

— Nous ne lui avons fait aucun mal !

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— La confiance de Bayard est fragile. Les humains l’ont trop souvent trahi.

L’homme qui avait lancé son lasso sur Bayard gît tou­ jours, visage contre terre. Je m’apprête à vérifier s’il vit encore quand quelque chose d’incroyable se produit : le corps inerte se met à dégager une lumière de plus en plus vive en même temps qu’il perd ses couleurs, jusqu’à devenir gris comme la cendre, puis translucide.

La lumière s’évanouit et la forme du corps se dissout avec elle, comme une statue de sable soufflée par le vent. L’instant d’après, il n’y a plus rien !

— Est­ce que… Est­ce qu’il est mort ?

— Il renaîtra, répond Gaston.

— Renaître ?

— Si son mythe est puissant, nous pourrions avoir de nouveau à le combattre bientôt.

— Les habitants d’Hyperborée ne meurent jamais tout à fait, m’explique Colombe.

Je commence à comprendre. Une légende ne meurt pas. La mort peut même la renforcer. Je regarde mes compagnons avec inquiétude : — Êtes­vous immortels ?

— Nous ne sommes pas mortels comme tu l’es.

C’est pourquoi nous devons te protéger.

Je me sens d’un seul coup terriblement fragile. Alors, je suis le seul à risquer ma vie dans cette aventure ?

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© William Beaucardet

L’AUTEUR

Depuis 2010, Gaël Aymon s’est tourné vers la littérature jeunesse après une expérience de comédien, scénariste, réalisateur et producteur. Auteur de contes, d’albums et de romans, il a déjà publié deux titres dans la collection Ado chez Actes Sud Junior, Ma réputation (2013) et Oublier Camille (2014). Il enseigne également le théâtre aux enfants et aux adolescents.

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QUESTIONS À GAËL AYMON

Vous êtes déjà l’auteur aux éditions Actes Sud Junior de deux romans courts à l’univers réaliste et intimiste.

On vous retrouve aujourd’hui auteur du premier tome d’une série fantasy : comment expliquez-vous ce changement de genre ?

Peut-être par défi ? J’aime changer. Je l’ai toujours fait, passant de l’album au roman, du conte à la presse jeunesse... C’est une spécificité de la littérature jeunesse que de ne pas enfermer ses auteurs dans des cases. Mon parcours de comédien m’a sans doute aussi laissé ce goût de vivre plusieurs vies.

J’avais envie de me frotter à l’univers de la chevalerie et de la fantasy sans pour autant en respecter les codes et figures imposées. Je voulais de l’aventure, de l’action, du mystère. Du très sombre, très noir aussi. Et du sens.

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Votre roman puise son inspiration notamment dans les légendes carolingiennes. Pouvez-vous nous parler de vos références mythologiques ? Quel sens ont-elles pour vous en littérature jeunesse aujourd’hui ?

Le propos même du roman me permettait la plus grande liberté quant au choix de mes inspirations. J’ai pu naviguer dans les univers qui m’attiraient le plus, tout en laissant de côté les aspects qui m’ennuyaient. Ma culture est davantage celle du conte. J’ai donc dû énormément me documenter, pour ensuite gommer la plupart des références acquises et n’en garder que le plus digeste. Enfant, je me rappelle de mon désarroi quand je réalisais que les personnages que j’aimais n’existaient pas réellement, que leur vie s’arrêtait avec la dernière page ou le générique de fin.

Certains personnages sont de véritables compagnons, d’autres ne laissent aucune trace. Les mythes qui ont survécu depuis la nuit des temps sont porteurs d’une force, d’un caractère universel.

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