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les mains du sculpteur
Ce qui distingue le rêve de la réalité, c’est que l’homme qui songe ne peut engendrer un art : ses mains sommeillent. L’art se fait avec les mains. Elles sont l’instrument de la création, mais d’abord l’organe de la connaissance. Pour tout homme, je l’ai montré ; pour l’artiste plus encore, et par des voies particulières. C’est qu’il recommence toutes les expériences primitives : comme le Centaure, il tente les sources et les souffles. Henri Focillon, Éloge de la main, 1939
Ce sont des gestes simples. Désarmants de simplicité. Ils ont en même temps la puissance des choses évidentes. De celles qui vont à l’essentiel. De la vérité. Ce sont des gestes qui ne cherchent pas à tromper. À laisser entendre autre chose que ce qu’ils mettent au jour. Ce qu’ils révèlent. Ils parlent de l’homme et de la nature. Des liens entre eux. De l’histoire sans cesse recommencée de leur relation dans l’espace et le temps. Ces gestes, simples et pleins de vérité, sont ceux de Giuseppe Penone. Il leur donne forme dans des sculptures à la beauté singulière. Celles-ci éclairent la manière particulière d’être au monde qui est la sienne et délivrent dans leur profuse richesse une connaissance commune et immémoriale, à laquelle on ne peut accéder que par l’union parfaite de la matière et de l’esprit. Car Giuseppe Penone pense la terre, l’air, l’eau, le feu. Il n’est pas seulement celui qui manie ces éléments pour en dévoiler les secrets, lever une part de leur mystère. Il est la meuble densité de l’argile, le bruissement du vent, la rivière qui coule, le rayon qui frappe la pupille. Il est cet atome, unique et insaisissable, pris dans le flux du mouvement incessant de la création, et il est l’univers, l’univers par essence infini… Ses sculptures disent cela : l’homme, sa petitesse et son immensité, sa fragilité et sa force. C’est pourquoi l’œuvre de Penone apparaît si nécessaire, aujourd’hui plus encore qu’hier ; parce qu’il restitue un savoir initial, une part commune à chaque être dans sa définition première. Mieux, il ouvre à ce que chacun porte en soi et le plus souvent ignore. Ce qui est et que l’on ne voit pas. Ce que l’on est et que l’on ne sait pas. Il montre le temps, la naissance et la mort, puis la naissance à nouveau. Il réinvente les mythes : l’instant et l’éternité. Il dit enfin que tout ce qui est à l’extérieur peut se trouver à l’intérieur, et inversement. Et, donc, que cet univers dont nous sommes issus est en nous, comme nous sommes en lui, indissociablement liés, la partie d’un tout. L’instrument premier de Giuseppe Penone est son corps. Il l’utilise dès ses débuts en 1968, dans des œuvres qui se présentent moins comme des sculptures que comme des gestes. Il enserre de sa main le tronc maigre d’un jeune arbre ou en embrasse un autre plus âgé de son corps tout entier (p. 14), ou encore crée dans le lit d’un ruisseau un
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