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Olivier Chaline, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne (Paris IV) où il dirige le Centre d’Histoire de l’Europe centrale, et à l’université Charles de Prague, dirige également l’UMS d’histoire maritime. Son vaste champ de recherches s’étend de l’Europe centrale (thèse sur La Reconquête catholique de l’Europe centrale, XVIe-XVIIIe s,1998) à la France : La Renaissance, 2002, Le Règne de Louis XIV, 2005, L’Année des quatre Dauphins, 2009, La France au XVIIIe siècle, 1996 et 2005, La France et l’indépendance américaine, 2008.
Jean-Christophe Dartoux, photographe spécialiste de l’architecture, ayant collaboré aux livres de J.-M. Pérouse de Montclos (L’Art de France, Philibert de l’Orme) et de François Loyer (Histoire de l’Architecture française), est un fin connaisseur des Balkans, sensible aux paysages et aux décors urbains. Il est l’auteur de Dubrovnik, avec Nada Gruji´c (Imprimerie nationale, 2007).
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vénitienne Olivier Chaline Jean-Christophe Dartoux
Chez le même éditeur :
Venise d’eau et de pierres
Pendant des siècles, les Vénitiens ont considéré l’Adriatique comme leur golfe et revendiqué la souveraineté sur les eaux de cette mer que le doge épousait rituellement chaque année. Ils n’en ont pourtant jamais dominé la totalité des rives. L’autorité de la République de saint Marc s’est exercée par intervalles sur les flots et, de manière plus stable, sur différents points de la côte orientale : en Istrie, sur les îles du Quarner, puis sur celles de Dalmatie qui masquent des ports tels que Zara et Spalato. Cet ensemble discontinu était disposé entre la mer et d’abruptes montagnes. Interrompu par le territoire de Raguse, il se prolongeait encore par quelques places dans les Bouches de Kotor, tandis que la forteresse de Corfou montait la garde au-delà du canal d’Otrante. L’Adriatique des Vénitiens, c’est d’abord une route maritime que parcourent galères et bâtiments de commerce, le long d’une côte dont le dédale d’îles et de presqu’îles est propice à la piraterie. C’est ensuite un chapelet de places fortes dressant leurs bastions entre les flots et les murailles rocheuses qui barrent très vite l’horizon. C’est enfin des départs de route qui montent vers un arrière-pays invisible et sauvage, terre étrangère dont surgissent l’invasion et la peste mais dont proviennent aussi marchandises et transhumances. Le monde italo-slave et catholique de ces confins entre terre et mer avait trouvé en Venise sa protectrice face aux Turcs. Longtemps après la disparition de la Sérénissime, sa marque est demeurée : bastions, campaniles, palais, décors d’églises et de maisons témoignent encore de cette domination, d’abord imposée mais finalement regrettée, qui – comme à Raguse – fit des eaux de l’Adriatique mieux qu’une frontière : une aire de civilisation vénitienne.
Marc Augé / Jean Mounicq
Marco Polo René Kappler / Roland et Sabrina. Michaud
Dubrovnik Nada Gruji´c / Jean-Christophe Dartoux
Byzance Tania Velmans dir. ISBN 978-2-7427-9033-3 AS 0000
54 €
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IMPRIMERIE NATIONALE
Éditions
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Encensé par les anges, l’Évangéliste s’élève dans le ciel de la Dominante, tandis que le lion, d’une patte ferme, tient ouvert le Livre avec les paroles du Christ : « Pax tibi, Marce, Evangelista mea. » Rome a Pierre et Paul ; Venise a subtilisé Marc à Alexandrie en 828. Ainsi, ses territoires peuvent être en paix.
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« Noi ti sposiamo, o Mare, in segno di vero e perpetuo dominio. »
ous t’épousons, ô mer, en signe de véritable et perpétuelle possession. À ces mots, le doge jetait dans les flots un anneau d’or, signe du Mariage de la république de Venise avec la mer. Il était monté sur le Bucentaure, une somptueuse galère de triomphe sculptée et couverte d’or qui, sans voiles et sans autre mât que la hampe du pavillon de Saint-Marc, ne voguait que sur la lagune. Chaque année, à l’Ascension, sortant de l’Arsenal, elle embarquait le doge au môle de la Piazzetta pour se rendre au port de San Niccolò di Lido, d’où la lagune s’ouvre sur la mer. Le Bucentaure apparaissait telle une salle du trône flottante, sorte de prolongement maritime du palais des Doges. Tandis que les cloches sonnaient, que les canons tonnaient, tout un cortège naval accompagnait le premier magistrat revêtu d’or et d’hermine, coiffé de son bonnet, le corno. Le patriarche venait de la cathédrale San Pietro, à Castello, et tout ce que la République comptait de magistrats et de patriciens, de voyageurs étrangers et de curieux, tâchait de se joindre à la cérémonie que les Vénitiens avaient tôt su faire connaître à travers toute l’Europe afin de mieux établir leur domination sur l’Adriatique, leur mer, ou comme ils disaient plus volontiers, leur « golfe ».
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Ce rituel magnifique de l’Ascension, la sensa, exprimait une extrême arrogance et consacrait une avantageuse réécriture de l’histoire. Il rappelait, année après année, la victoire remportée en l’an mil par le doge Pierre II Orseolo sur les pirates d’Istrie et de Dalmatie. À en croire les auteurs vénitiens, libérée à tout jamais de ces malfaiteurs, l’Adriatique était alors devenue le golfe de Venise. Francesco Guardi a su rendre l’animation, à la fois navale et civique, de la sensa, les noces du doge avec la mer, ici, à San Niccolò del Lido, lorsque le Bucentaure, portant les autorités, atteint une des portes de la lagune sur la mer.
Introduction
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La Mer vénitienne Terrasse à Novigrad
Baies cintrées et géminées formant loggia sur une façade, à Novigrad. Le modèle architectural vénitien n’a cessé d’inspirer les villes sujettes au temps de la Renaissance.
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