La tour des brumes
Le vent soufflait fort et s’engouffrait sans mal sous mes vêtements. Il faisait un froid mordant. Mes doigts, pourtant gantés, étaient gelés. J’avançai difficilement, les bras levés devant moi, protégeant mon visage glacé. Mes pas glissaient sur le métal humide et verglacé. Je soufflai dans mon écharpe, un fin nuage de vapeur sortit précipitamment de ma bouche et alla se perdre dans la brume. Mes yeux pleuraient tout seuls derrière mes lunettes d’aviateur. Des rafales hurlaient autour de moi, me ballottant cruellement alors que je m’approchai enfin de l’embarcadère. Je vis la barque encore attachée à son amarre et m’accordai un sourire ; elle avait tenu. Je saisis la barrière dont le froid atteignit instantanément mes doigts et levai le loquet qui vint en grinçant. Je me retournai ensuite vers la bitte d’amarrage, mais une bourrasque plus puissante que les autres me projeta contre le sol dur. Je me relevai avec difficulté, mon visage était mouillé par le verglas mais je n’y fis pas attention et me concentrai sur ma tâche. Je m’accroupis dans un petit renfoncement du mur, à l’abri du vent qui sifflait 71