ACTES SUD
HISTOIRE DU PALAIS-ROYAL LES DEUX PLATEAUX
DANIEL BUREN
Buren Couv BAT entiere_Mise en page 1 24/01/11 18:09 Page1
HISTOIRE DU PALAIS-ROYAL
LES DEUX PLATEAUX DANIEL BUREN ACTES SUD
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 17:56 Page22
PHOTO-SOUVENIR : PRÉFABRICATION DES POLYGONES. ENTREPRISE L’HIRONDELLE, JANVIER 1986.
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 17:56 Page23
PHOTO-SOUVENIR : STOCKAGE DES POLYGONES. ENTREPRISE L’HIRONDELLE, JANVIER 1986.
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 17:57 Page24
PHOTO-SOUVENIR : DÉCOUVERTE DE VESTIGES DE TAMBOURS DE COLONNES SOUS LA COUR D’HONNEUR DURANT LE CHANTIER. REBUTS DE LA COLONNADE DE PERCIER ET FONTAINE CONSTRUITE AU XIX E SIÈCLE. PALAIS -ROYAL, NOVEMBRE 1985.
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 17:57 Page25
PHOTO-SOUVENIR : CHANTIER DE LA COUR D’HONNEUR DU PALAIS -ROYAL. À GAUCHE LE LOCAL FONTAINERIE, AU MILIEU LES FUTURES FONTAINES ET À DROITE, SOUS LA GRUE, LA SALLE ESCANDE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE.
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 17:59 Page30
ENTRETIENS AVEC PATRICK BOUCHAIN ET JEAN-CHRISTOPHE DENISE, ARCHITECTES DES DEUX PLATEAUX
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 17:59 Page31
PATRICK BOUCHAIN, “ARCHITECTE RÉALISATEUR” DES DEUX PLATEAUX (1985-1986)
En 1985, on vous demande d’intervenir en tant qu’architecte pour le projet de Daniel Buren au Palais-Royal. Le “duo” ainsi formé était-il composé d’un artiste concepteur de l’œuvre d’un côté et d’un architecte exécuteur de l’autre ? Quel devait être votre rôle ? Je pense qu’il s’agit plus d’un architecte réalisateur, au sens peut-être même cinématographique du terme. Quand son projet a été choisi, Daniel Buren avait besoin d’un architecte pour inscrire son œuvre dans l’espace public. Comme nous avions déjà été en contact pour la Biennale de Paris, il a tout de suite pensé à moi pour m’associer à cette réalisation. Et c’est Jack Lang, le ministre commanditaire, qui m’a contacté pour me proposer de construire cette œuvre. Il mesurait déjà la difficulté que nous allions rencontrer. Plus qu’une assistance technique constructive, il avait besoin d’une conduite générale à la production de l’œuvre. Il m’a demandé d’être la personne entre l’administration, l’artiste et lui, et d’anticiper les difficultés que l’on pourrait rencontrer. Jack Lang savait que je connaissais le fonctionnement de l’administration, que j’avais une très grande complicité avec Claude Mollard qui, à l’époque, était délégué aux Arts plastiques, et ensuite il connaissait l’admiration que j’avais pour le travail de Daniel Buren. Il était persuadé que ce trio entre Claude, Daniel et moi pouvait permettre que l’œuvre se réalise. Il disait souvent que je devais être le “facilitateur” de cette opération, “la personne qui débloque les situations”, qui lutte contre ceux qui ont toujours tendance à dire non avant de savoir ce que l’on va faire. Je pense que Jack Lang mesurait que la réalisation de l’œuvre de Daniel Buren était une décision politique importante avec une grande prise de risque. D’ailleurs, si on remonte un peu dans l’histoire on s’aperçoit que François Mitterrand a d’abord refusé de choisir le projet de Daniel, en préférant celui de Denis de
Rougemont, qui paraissait plus classique ; c’est Jack Lang qui est revenu à la charge jusqu’à ce que François Mitterrand admette que c’était la réponse “la plus intelligente”. Cette pièce ne correspondait pas à son goût. C’est aussi pour cela que la commande de cette œuvre est très intéressante, elle n’est pas l’expression du goût de quelqu’un : ni du président de la République ni du ministre de la Culture. C’est la commande d’une œuvre à un artiste, sans qu’il y ait d’autre idée que de l’inscrire dans l’œuvre architecturale du Palais-Royal. Pour revenir à la question, Jack Lang, en me désignant pour conduire sa réalisation, a pensé que l’envie que j’avais de la faire, ou mon inconscience peut-être, suffirait pour dépasser et surmonter les obstacles. Dans cette forme de travail avec Daniel Buren, y a-t-il une partition entre l’artiste et l’architecte quant aux décisions à prendre (choix des matériaux, des techniques de construction) ? Diriez-vous que vous avez participé à la conception de l’œuvre ? Au début d’un projet artistique, l’œuvre apparaît, mais elle est irreprésentable pour être construite. L’idée de l’œuvre est là, profonde et précise, mais cette idée n’est pas représentable, sa représentation passe par sa réalisation dans la construction. Pour cela il faut être libre. C’est beaucoup plus complexe que de réaliser une architecture habitable : on connaît les contraintes d’une fenêtre, d’un lavabo ou d’un escalier. Pour une œuvre, la seule contrainte est l’idée à réaliser, ce qui est beaucoup plus compliqué. Il faut simultanément laisser venir l’œuvre se construire, et empêcher qu’une contrainte puisse la contredire. Il n’y a qu’une ligne à suivre : la pensée de l’artiste et l’idée de l’œuvre. Ce qui nécessite une grande confiance entre Daniel et moi puisque, à partir d’un simple dessin et d’une maquette, il faut faire un dossier à l’intention des entreprises qui répondront à l’appel d’offre pour construire l’œuvre. Ce dossier comprend des plans, des échantillons, et des descriptions relevant d’ailleurs plus d’un récit que d’exigences techniques ! Le document doit exprimer
l’idée et les moyens pour la matérialiser. Tout ceci est très complexe car, après l’appel d’offre, il faut pouvoir encore dialoguer avec les entreprises pour ne pas se retrouver devant des faits accomplis. Au début du projet, Daniel avait une idée très précise de l’œuvre, mais totalement irréalisable : il avait imaginé une dalle vitrée sur toute la superficie de la cour qui laissait apparaître le sous-sol, et que les colonnes traversaient. Ce “sol vitré” ne rentrait absolument pas dans le budget prévu, et ne convenait pas pour un espace public. Il fallait garder l’idée de révéler le sous-sol sans mettre de sol transparent. Je devais donner à l’œuvre, ce qui constitue mon travail, un caractère concret. L’œuvre s’inscrivant dans l’espace public, j’ai proposé de travailler avec les techniques et matériaux de l’espace public parisien. En faisant un tour du Palais-Royal, nous avons relevé des techniques et des matières. La fonte, le ciment, l’asphalte ont ainsi constitué nos outils. Puis nous avons fait les relevés du sous-sol afin d’en connaître les réelles contraintes ; aucun document n’existait sur ce sous-sol pourtant historique. Daniel a intégré ces données, et le projet a évolué. Les contraintes avaient confirmé l’idée, car plus la contrainte est exprimée et plus l’œuvre est aiguisée, plus elle se dessine et se “contextualise”. Daniel est un des rares artistes pour qui, quand la contrainte est connue, elle est expérimentée et transformée ; car si vous masquez la contrainte, elle réapparaît à un moment ou à un autre de manière violente. Plus on l’étouffe, plus elle est terrible et destructrice. Je n’ai donc pas conçu l’œuvre, mais j’ai accompagné l’artiste dans sa matérialisation. Cette matérialisation est à plusieurs niveaux, elle peut être financière, technique ou réglementaire. Il ne fallait jamais oublier que l’œuvre serait construite en France, par des ouvriers du bâtiment, et qu’il s’agissait de trouver des techniques et matériaux communs, mis en œuvre couramment. Daniel parle d’une “partie de ping-pong” pour décrire notre façon de travailler, parce que l’un renvoie
31
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 18:01 Page62
mep BUREN BAT_Mise en page 1 24/01/11 18:01 Page63
ACTES SUD
HISTOIRE DU PALAIS-ROYAL LES DEUX PLATEAUX
DANIEL BUREN
Buren Couv BAT entiere_Mise en page 1 24/01/11 18:09 Page1
HISTOIRE DU PALAIS-ROYAL
LES DEUX PLATEAUX DANIEL BUREN ACTES SUD