Prologue Leur théâtre éclaire presque sans mots et observe d’un œil noir les dérives de notre Vieux Monde. Les exclus, les paumés que toutes les scènes jusque-là préféraient éviter, y tiennent les premiers rôles. Leur théâtre invente un art neuf avec la maîtrise absolue de l’ancien : farce antique, classique, vaudeville, clown, musichall, cabaret… Leur théâtre est tout entier une œuvre plastique, une installation en chair et en mouvement. Leur théâtre crée une esthétique d’une terrible violence sous une apparente douceur. Il fait rire, hurler de rire et de secrètes souffrances. La singulière histoire théâtrale de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff est ici racontée par ses auteurs. Déjà Macha Makeïeff, d’album en livre-récit et bréviaireconte, avait elle-même accompagné de son écriture fine et entêtante, de ses “mises en pages - mises en scène” âpres et mélancoliques, l’odyssée artistique de leur couple. Près de trente ans de travail au quotidien, de petits rituels dramatiques et de grands défis scéniques. Mais ses descriptions et commentaires de proximité, au cœur même du labeur – du ramassage d’objets déchus à l’orchestration toute musicale du spectacle – laissaient une place à l’observation extérieure. A une oreille attentive et amie qui
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(double page précédente) Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps, Le Château de Kafka. Mise en scène de Daniel Mesguich, Avignon, 1973.
les a tous deux écoutés, à une troisième voix qui s’est ajoutée aux leurs, comme l’écho des innombrables salles qu’ils ont bouleversées. Comment parler d’une œuvre – car c’est bien d’une œuvre qu’il s’agit – qu’on ne peut pas lire (pas de texte), à peine filmer (pas de scénario, pas de personnages, pas de rôles) et qui ne paraît exister que dans le temps même de sa représentation ? Une œuvre qui est théâtre de pure action, de pure imagination, de pur délire, de pure poésie, qui ne s’accroche à rien, et donc auquel rien ne résiste. Ce qu’une telle œuvre restitue, ce sont peut-être nos images ensevelies, inavouées, inavouables et qui soudain se disent comme malgré nous, qui nous rendent à nous-mêmes, êtres hybrides, composites, toujours exclus de quelque chose ou de quelqu’un, clochard potentiel, abandonné en puissance. Tant d’images qu’il faut oser affronter ! Le rôle de cette troisième voix, la mienne, est de croiser celles des deux auteurs pour mieux en comprendre les assonances et dissonances et leur subtile musique. Mais cette voix-là n’est pas neutre. J’admire profondément l’œuvre de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. Fabienne Pascaud
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Baboulifiche et Papavoine 1973 Création au Théâtre de Chaillot, Paris (alors dirigé par Jack Lang) Première mise en scène au théâtre de Jérôme Deschamps (avec Jean-Claude Durand et Christian Dupavillon), Baboulifiche et Papavoine est un spectacle burlesque pour enfants, une sorte de voyage dans la lune avec faux nez et poussette, accessoires que l’on retrouvera par la suite et régulièrement dans les spectacles de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff.
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Jérôme Deschamps et Jean-Claude Durand, Baboulifiche et Papavoine.
Théâtre/Opéra - 9
1977
Blanche Alicata Création de Jérôme Deschamps-Opéra Comique
de Jacques Offenbach
En 2007, Jérôme Deschamps devient directeur de l’Opéra Comique, l’une des plus anciennes institutions 1992 | Opéra | théâtrales et musicales de France devenu l’un des Création à la Haye 6 Théâtres nationaux. Son projet est de redonner à Pour leur première mise en scène d’opéra, Jérôme connaître au public un genre oublié qui fait pourtant Deschamps et Macha Makeïeff (qui crée aussi les partie de son patrimoine – l’opéra-comique, un costumes) ont choisi cet opéra bouffe de Jacques mélange de chant et de théâtre – , en favorisant les Offenbach. Louis Langrée est à la direction musicale. rencontres de grands artistes (John Elliot Gardiner, L’intrigue a tout pour leur plaire : les actes peu louables William Christie, Stéphane Braunschweig, Benjamin d’une bande de joyeux voleurs avec en arrière-fond Lazar) autour de pièces merveilleuses, comme L’Etoile le tableau d’une société décadente et décrépie. La de Chabrier ou Zampa de Hérold, Cadmus et Hermione présence des comédiens de la compagnie (Jean-Marc de Lully ou encore Pelleas et Melisande de Debussy. Bihour, Philippe Duquesne, Yolande Moreau, François Morel, Philippe Rouèche, Isabelle Caubère, etc.) au milieu de chanteurs d’opéra professionnels participe à la confusion des genres. Reprise au Nederlandse Opera d’Amsterdam (dirigé par Pierre Audi) en janvier et octobre 1992, à l’OpéraBastille dans une nouvelle adaptation en 1993, en 2009 à l’Opéra national de Bordeaux et en 2011 à l'Opéra-Comique.
Affiche du spectacle par Eduardo Arroyo. Au premier plan : Jérôme Deschamps et la soprano Rie Hamada. (double page suivante) Au premier plan : François Morel et Philippe Duquesne.
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1977
Blanche Alicata Création de Jérôme Deschamps-Opéra Comique En 2007, Jérôme Deschamps devient directeur de l’Opéra Comique, l’une des plus anciennes institutions théâtrales et musicales de France devenu l’un des 6 Théâtres nationaux. Son projet est de redonner à connaître au public un genre oublié qui fait pourtant partie de son patrimoine – l’opéra-comique, un mélange de chant et de théâtre – , en favorisant les rencontres de grands artistes (John Elliot Gardiner, William Christie, Stéphane Braunschweig, Benjamin Lazar) autour de pièces merveilleuses, comme L’Etoile de Chabrier ou Zampa de Hérold, Cadmus et Hermione de Lully ou encore Pelleas et Melisande de Debussy.
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Doris Lamprecht est Lady Pamela dans Fra Diavolo.
Théâtre/Opéra - 107
Doris Lamprecht est Lady Pamela dans Fra Diavolo.