Miquel Barceló, Jordi (cap d’ase), 1997 céramique, sur gisant d’Innocent VI, moulage en plâtre Ci-dessous Miquel Barceló, Peix blau, 1998, céramique, sur tombeau de Clément V, moulage en plâtre, Palais des Papes
Montre II (détail), 1999, céramique
Miquel Barceló, Jordi (cap d’ase), 1997 céramique, sur gisant d’Innocent VI, moulage en plâtre Ci-dessous Miquel Barceló, Peix blau, 1998, céramique, sur tombeau de Clément V, moulage en plâtre, Palais des Papes
Montre II (détail), 1999, céramique
MIQUEL BARCELÓ. Alberto Manguel, romancier et essayiste traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf
Le Palais des Papes se dresse en Avignon tel l’emblème de la puissance de l’Église et de son chef durant le tumultueux xive siècle. La cité d’Avignon, modèle de réussite commerciale en cette période, apparaît aujourd’hui au visiteur comme matériellement soumise à la seule masse imposante du Palais. Mais l’unité de celui-ci est trompeuse. Il s’agit en réalité d’un conglomérat de structures, d’éléments édifiés et réédifiés à différentes époques. Les murailles extérieures, d’une apparente cohérence, s’étendent au gré des contours du terrain, et les salles se sont transformées en fonction des usages successifs auxquels elles ont été destinées. La décoration intérieure témoigne, elle aussi, outre des talents des divers artistes, des effets des déprédations et de la négligence ou, plutôt, de ceux de la réaction de certains matériaux, comme dans le cas de l’auréole de saint Jean Baptiste dans la chapelle qui porte son nom, auréole que Matteo Giovanetti a gravée dans la pierre et qu’une modification chimique a élevée audessus de la surface : par rapport à la fresque assombrie, elle brille aujourd’hui d’un éclat mystérieux, ainsi que quelques autres figures. Hasard, savoir-faire et considérations doctrinales ont fait du Palais un espace souvent transformé, une superposition d’intentions. La géographie, la politique, les croyances, l’art et l’architecture, les modifications environnementales ont joué leur rôle dans la construction du lieu que nous voyons. De cette multiplicité créatrice est inconsciemment exemplaire le dialogue inscrit sur les rouleaux de parchemin des protagonistes de l’interrogatoire du Baptiste, représenté sur le mur nord de sa chapelle. “Qui es-tu ? – Je ne suis pas le Christ. – Es-tu Elie ? – Je ne le suis pas. – Es-tu le prophète ? – Non. – Que peux-tu dire de toi ? – Je suis la voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur. »” À l’instar de l’acte essentiel dont il est né, le Palais qui accueille aujourd’hui les œuvres de Miquel Barceló est lui-même une création collective.
Ci-contre Elefandret, 2007, bronze, installé chez l’artiste à Majorque
MIQUEL BARCELÓ. Alberto Manguel, romancier et essayiste traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf
Le Palais des Papes se dresse en Avignon tel l’emblème de la puissance de l’Église et de son chef durant le tumultueux xive siècle. La cité d’Avignon, modèle de réussite commerciale en cette période, apparaît aujourd’hui au visiteur comme matériellement soumise à la seule masse imposante du Palais. Mais l’unité de celui-ci est trompeuse. Il s’agit en réalité d’un conglomérat de structures, d’éléments édifiés et réédifiés à différentes époques. Les murailles extérieures, d’une apparente cohérence, s’étendent au gré des contours du terrain, et les salles se sont transformées en fonction des usages successifs auxquels elles ont été destinées. La décoration intérieure témoigne, elle aussi, outre des talents des divers artistes, des effets des déprédations et de la négligence ou, plutôt, de ceux de la réaction de certains matériaux, comme dans le cas de l’auréole de saint Jean Baptiste dans la chapelle qui porte son nom, auréole que Matteo Giovanetti a gravée dans la pierre et qu’une modification chimique a élevée audessus de la surface : par rapport à la fresque assombrie, elle brille aujourd’hui d’un éclat mystérieux, ainsi que quelques autres figures. Hasard, savoir-faire et considérations doctrinales ont fait du Palais un espace souvent transformé, une superposition d’intentions. La géographie, la politique, les croyances, l’art et l’architecture, les modifications environnementales ont joué leur rôle dans la construction du lieu que nous voyons. De cette multiplicité créatrice est inconsciemment exemplaire le dialogue inscrit sur les rouleaux de parchemin des protagonistes de l’interrogatoire du Baptiste, représenté sur le mur nord de sa chapelle. “Qui es-tu ? – Je ne suis pas le Christ. – Es-tu Elie ? – Je ne le suis pas. – Es-tu le prophète ? – Non. – Que peux-tu dire de toi ? – Je suis la voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur. »” À l’instar de l’acte essentiel dont il est né, le Palais qui accueille aujourd’hui les œuvres de Miquel Barceló est lui-même une création collective.
Ci-contre Elefandret, 2007, bronze, installé chez l’artiste à Majorque
Langosta*, 2001, technique mixte Engodar*, 2001, technique mixte
Pejeperro I, 2001, technique mixte Llagosta*, 2002, technique mixte
Abae CapitĂ n, 2001, technique mixte
Langosta*, 2001, technique mixte Engodar*, 2001, technique mixte
Pejeperro I, 2001, technique mixte Llagosta*, 2002, technique mixte
Abae CapitĂ n, 2001, technique mixte