Mag al sept13

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LE MAG

de la pharmacie industrielle

AXYNTIS FORMULE MADE IN FRANCE David Simonnet (Axyntis) Jean Stéphenne (BioWin)

LES NOUVELLES EXIGENCES EISAI EST EMBALLÉ N°9 N°10 LA LE LOGISTIQUE SANTÉ Pharmapack DEPAR ROYAUME-UNI SPÉCIAL

13-14 février 2013 - Paris

Janvier 2013 Septembre 2013



Sommaire

SEPTEMBRE 2013

A la Une Axyntis formule made in France David Simonnet, le président du groupe de chimie fine Axyntis, est un chantre de la réindustrialisation du territoire français. Cet industriel, qui exploite une usine au cœur du pôle chimique de Pithiviers (voir notre reportage pages 30 et 31), vient de faire une offre de reprise de l’activité de Calaire Chimie, à Calais, une entreprise en redressement judiciaire spécialisée dans la production d’API pages 30 à 32

Biopharms Bernard Gilly vise les investisseurs Le fondateur de Fovea préside deux biopharms positionnées sur l’ophtalmologie et mène de front deux importantes levées de fonds afin de poursuivre un essai clinique prometteur page 34

Hémarina, le sang de la mer La biotech Hémarina, de Morlaix, développe des transporteurs d’oxygène universels. Ce substitut à l’hémoglobine intéresse les laboratoires page 35

Les antibios naturels d’Eydo Pharma

Focus

Eydo Pharma, à Romorantin, démarre les essais précliniques d’un traitement des infections microbiennes à base d’huiles essentielles page 36

L’actualité pharma en bref Les principaux événements du trimestre écoulé

L’actualité des biopharms en bref

pages 4 à 9

Les principaux événements du trimestre écoulé page 37

Stratégies DOSSIER LOGISTIQUE Les nouvelles exigences de la logistique santé

En direct des usines Conditionnement

Roche adopte la médecine personnalisée Roche a placé le théranostic au cœur de sa stratégie de R&D. Jusqu’à associer, à Penzberg, les équipes de recherche pharma et diagnostic pages 24 et 25

Guerbet soigne ses sites industriels

La logistique pharmaceutique est en proie à de profondes évolutions qui font bouger son modèle économique. pages 10 à 12

Les CROs montrent les dents Denis Comet, le nouveau président de l’AFCROs, part en guerre contre la perte d’attractivité de la France pages 14 et 15

Les CROs vers un rôle de tiers de confiance Le post-AMM est une piste d’avenir pour la recherche pages 16 et 17 clinique

L’actualité des CRO en bref

Le spécialiste français des produits de contraste va investir cette année 20 M€ sur ses sites industriels d’Aulnaysous-Bois, de Lanester et de Marans pages 26 et 27

page 18

Les chemins d’accès au marché hexagonal du médicament sont manifestement moins parsemés d’embûches que dans d’autres pays européens pages 20 et 21

Deux projets de directives européennes veulent améliorer la sécurité des dispositifs médicaux page 22

Pharmapack ne connaît pas la crise Avec toujours plus d’exposants et de visiteurs, Pharmapack a confirmé qu’il était le rendez-vous des professionnels du conditionnement des produits de santé

L’actualité du conditionnement en bref

Gerland accueille une collection impressionnante de projets qui vont contribuer à renforcer la visibilité du pôle de compétitivité mondiale Lyonbiopôle

Les principaux événements du trimestre écoulé pages 40 et 41

pages 28 et 29

Pithiviers, pilier de la chimie fine française

Manager

Avec près de 300 salariés, le pôle de chimie fine de Pithiviers constitue l’une des plus importantes platesformes françaises pages 30 et 31

La génération Y donne un coup de jeune à la pharma Comment les jeunes salariés de la génération Y sont-ils accueillis par l’industrie pharmaceutique ?

Axyntis sauvera-t-il Calaire Chimie ? David Simonnet, fondateur du groupe Axyntis, a proposé de reprendre 70 des 197 salariés de Calaire Chimie, à Calais page 32

Stallergenes doublerait Amilly Le spécialiste français de l’immunothérapie envisage de doubler ses capacités à Amilly page 33

Vers une AMM européenne pour les dispositifs médicaux ?

Nypro France monte en volume sur son site de Fontenay-sur-Eure, ce qui va nécessiter d’importants recrutements page 38

page 39

Le biopôle de Lyon-Gerland accroît son attractivité

Les principaux événements du trimestre écoulé

La France bonne élève pour l’accès au marché ?

Nypro France conquiert les big pharmas

Noveal Pharma en quête d’argent frais Le nouveau propriétaire de l’ex-usine Biophelia de Monts cherche des investisseurs page 33

pages 42 et 43

Pierre Fabre, le laboratoire responsable Premier laboratoire reconnu AFAQ 26 000, le groupe Pierre Fabre compte tirer les enseignements de cette certification pages 44 et 45

Carnet Les dernières nominations dans la pharma page 46

Ce numéro magazine est un hors série d’actulabo, la lettre bimensuelle de la pharmacie industrielle, publiée par les Editions d’Asklépios, SARL au capital de 75 000 € - 450 613 951 RCS Tours. Adresse : 14 boulevard Heurteloup - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 - contact@actulabo.com. Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Élise Pierre Aurélie Vouteau (édition), Marianne Murat (journaliste stagiaire). Maquette : Régis Beaune. Crédits photographiques : DR : 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 14, 16, 18, 21, 22, 28, 33, 37, 39, 40, 41, 42, 46, 47 - Jean-Christophe Savattier : Une, 15, 30, 31, 32 - Brice Robert : 29 - Geodis : 10 - Roche : 25 - Guerbet : 26, 27 - Fovea : 34 - Hemarina : 35 - Eydo Pharma : 35 - Nypro France : 38 - GSK : 43 - Pierre Fabre : 44, 45. Publicité : Mistral Media - 365 rue de Vaugirard - 75015 Paris - 01 40 02 99 00 - www.mistralmedia.fr Impression : Imprimerie Megatop (Châtellerault) - Abonnement annuel (22 numéros et les hors séries) : 480 € - Prix de ce numéro : 5 € - Informations légales : CPPAP 1215 I 83960 - ISSN 2108-2030 - Dépôt légal : septembre 2013 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

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Focus Roche rachète CMI Le suisse Roche a déboursé 220 M$ pour mettre la main sur Constitution Medical Investors, une société de diagnostic américaine développant un test hématologique pour détecter des maladies du sang comme l’anémie ou la leucémie. Ce marché représente plus de 2 Md$.

Intertek reprend Melbourn Scientific Intertek, spécialisé dans l'inspection, la certification méthodologique de process et de sites pharmaceutiques, a racheté le britannique Melbourn Scientific, un important fournisseur de services d’analyses pour l’industrie pharmaceutique.

Nouveau siège pour AstraZeneca à Cambridge AstraZeneca a choisi le Science Park à Cambridge, au Royaume-Uni, pour installer son siège et un centre de R&D. Le site, basé à proximité de l’hôpital Addenbrooke, accueillera plus de 2 000 collaborateurs. Le coût du programme est estimé à 500 M$.

Merck & Co. restructure sa R&D L’américain Merck & Co. a l’intention de restructurer sa R&D, entraînant une réduction d’effectif dont l’ampleur n’a pas été divulguée. Cette décision entre dans le cadre de la stratégie du groupe de rationaliser les coûts et de simplifier l’organisation de la division R&D. Plusieurs postes de responsables seront supprimés.

Astellas cherche à vendre sa dermatologie Le laboratoire japonais Astellas envisage de se séparer de son portefeuille dermatologique, qui pourrait valoir entre 500 M$ et 1 Md$ selon Reuters. Astellas aurait chargé la banque d’investissement londonienne DC Advisory de vendre ces actifs.

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BOEHRINGER INVESTIT 35 M€ DANS UNE UNITÉ DE BIOPRODUCTION EN CHINE L’allemand Boehringer Ingelheim a signé un accord avec un partenaire chinois (Zhangjiang Biotech & Pharmaceutical Base Development Company) dans la perspective de construire à Shangaï une unité de bioproduction. Ce site, qui va requérir un investissement d’environ 35 M€, fournira toute une palette de services de développement clinique. Selon les promoteurs de ce projet, la plate-forme de bioproduction, qui devrait être opérationnelle en 2016, sera la première exploitée par un opérateur international en Chine à utiliser des technologies de culture de cellules mammaires. L'unité répondra aux plus hauts standards de qualité et de bonnes pratiques de fabrication (BPF) et devrait employer quelque 65 salariés. ACTAVIS POURRAIT SE SÉPARER D’ACTIFS EUROPÉENS Le génériqueur Actavis, racheté l’an passé par Watson, chercherait à se séparer de certaines de ses unités européennes. Selon le Wall Street Journal du 18 juillet dernier, les pays touchés par une éventuelle restructuration seraient l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et les PaysBas. Les actifs en question génèrent actuellement 300 M€ et ont enregistré de légères pertes. Cette vente partielle permettrait d’améliorer les profits et de faciliter le contre-coup de la fusion avec Watson. PHARMSTANDARD SUR LE POINT DE RACHETER BEVER PHARMACEUTICAL Le laboratoire russe Pharmstandard a annoncé au début de l’été son intention de cantonner son

activité OTC dans une filiale dédiée. En juin dernier, le russe étudiait en effet la possibilité de vendre son unité d’OTC, valorisée à 2,5 Md$. Cette branche, représentant 29 % des revenus du laboratoire, a chuté de 4,5 %, à 449 M$, l’an passé. Par ailleurs, Pharmstandard serait en pourparlers pour racheter Bever Pharmaceutical pour 630 M$. BMS S’IMPLANTE À TAMPA Le laboratoire américain BMS a annoncé durant l’été son intention de construire une unité de 6 500 m² à Tampa, en Floride, qui sera dédiée en partie à des services administratifs (marketing, services financiers, fonctions support). Le site devrait employer environ 250 salariés lors de son ouverture début 2014 et pourrait compter jusqu’à 600 collaborateurs d’ici à 2017. LUNDBECK RÉORGANISE SES FORCES COMMERCIALES EN EUROPE Le danois Lundbeck restructure ses forces commerciales en Europe afin d’en simplifier l’organisation : environ 55 postes devraient être supprimés. On se souvient que le TGI de Nanterre avait annulé à l’automne dernier

le PSE engagé par la filiale française du laboratoire danois. Le plan portait sur la suppression de 197 postes, soit le tiers des effectifs concernés par un plan de restructuration à l’échelle européenne qui prévoyait de supprimer 600 des 4 400 emplois de Lundbeck en Europe. ROYALTY PHARMA RENONCE À ELAN Après quatre mois de bataille financière au printemps et une ultime offre de 8 Md$, Royalty Pharma vient de jeter l’éponge dans sa course à l’acquisition de la specialty pharma irlandaise Elan. Cette dernière a, en revanche, accepté la proposition de l’américain Perrigo. ENDO HEALTH VA SUPPRIMER PRÈS DE 700 POSTES Le laboratoire de spécialités Endo Health va prochainement supprimer près de 700 postes, soit 15 % de ses activités. Le laboratoire traverse une phase délicate depuis le mois de septembre dernier, époque à laquelle Actavis a lancé un générique du Lidoderm, un traitement de la douleur qui a généré en 2012 un CA de 947 M$, soit 31 % de la facturation globale d’Endo Health.


TEVA RACHÈTE MICRODOSE L’israélien Teva va acquérir le laboratoire américain de drug delivery MicroDose Therapeutx pour 165 M$. Avec cette opération, Teva met la main sur le MDT-637, un traitement oral potentiel du virus respiratoire syncytial (VRS), ainsi que sur une technologie propriétaire pour un inhalateur de poudre sèche multidoses contre l’asthme. Teva a enregistré 856 M$ de CA sur le marché des maladies respiratoires l’an passé. EISAI INVESTIT À HATFIELD… Le laboratoire japonais Eisai agrandit son site de Hatfield, dans le Hertfordshire (Royaume-Uni), afin d’ajouter des capacités de conditionnement qui seront dédiées au lancement de nouveaux produits. L’extension de 2 900 m², dont la construction débutera prochainement, permettra de faire passer la surface de production à 7 800 m². Ce programme créera une quarantaine d’emplois d’ici à sept ans.

… ET ROSELABS EN INDE Le contract manufacturer indien Roselabs a investi 67 M$ dans une nouvelle unité de production de seringues pré-remplies en Inde. L’usine, qui fonctionne actuellement à la moitié de ses capacités, fournit 800 000 seringues par jour et espère monter en puissance rapidement. Roselabs est déjà présent sur le marché indien avec une gamme de 26 molécules en seringues pré-rem-

LE FRANÇAIS UNITHER REPREND UNE USINE UCB AUX ÉTATS-UNIS Le façonnier français Unither (170 M€ de CA, environ 900 salariés) va racheter – pour une somme non dévoilée – une unité américaine du belge UCB, basée à Rochester dans l’Etat de New York. Unither reprendra les 250 salariés et les 40 intérimaires de ce site spécialisé dans les formes liquides traditionnelles et les solides. Selon la direction d’Unither, cette acquisition permet au sous-traitant de prendre résolument pied aux Etats-Unis. Le français entend aussi développer sur ce site US des activités de fabrication de type BPS et stickpack dans le cadre d’un investissement qui atteindra au moins 10 M$. Selon les termes de ce deal, l’usine de Rochester restera fournisseur d’UCB pendant les six prochaines années. Unither, qui exploite quatre unités de production en France et une plate-forme de développement, table sur un CA de 200 M€ en 2014. plies et fabrique également des dispositifs vides. ASTRAZENECA RACHÈTE PEARL THERAPEUTICS AstraZeneca va acquérir pour près de 1,15 Md$ l’américain Pearl Therapeutics, spécialisé dans les maladies respiratoires. Il obtient les droits du PT003, un traitement potentiel de la broncho-pneumopathie chronique obstructive. AstraZeneca rachète le capital de Pearl Therapeutics pour 560 M$, plus 450 M$ en paiements d’étapes. Un bonus de 140 M$ est prévu en fonction des résultats des produits candidats. UN CENTRE DE FORMATION POUR ROCHE EN SUISSE Le laboratoire Roche va investir 115 M$ sur son site de production de Kaiseraugst, en Suisse. Environ 91 M$ seront dédiés à la construction d’un centre de formation. Le site (1 600 collaborateurs) a connu une augmentation de 30 % de ses

effectifs au cours des cinq dernières années. Parallèlement, 24,3 M$ seront consacrés aux infrastructures. La livraison est prévue pour octobre 2014.

Dr Reddy’s et Fujifilm stoppent leur JV au Japon L’indien Dr Reddy’s et Fujifilm ont mis un terme à l’accord qu’ils avaient passé afin de former une JV dédiée au développement et à la commercialisation de génériques au Japon.

Eli Lilly ouvre un siège à Dubai L’américain Eli Lilly a ouvert un siège à Dubai Healthcare city, à Dubai, afin de desservir les marchés turcs, le Moyen-Orient, l’Afrique et la Russie. Ce siège va compter 75 salariés.

GSK prêt à créer une JV en Chine Durant l’été, GSK a entamé des pourparlers pour former une JV en Chine, dédiée aux vaccins. Les discussions avec les partenaires locaux n’ont pas été entachées par les récentes accusations de corruption lancées contre GSK dans le pays.

Aveo Oncology réduit ses effectifs L’américain Aveo Oncology va supprimer 140 postes, suite à l’échec de son candidat tivozanib, un traitement potentiel du cancer du rein. Aveo continue cependant les essais cliniques avec son partenaire Astellas pour une indication dans le cancer du sein.

Biotie Therapies rachète Neurelis

IMPAX LABORATORIES TRANSFÈRE DE LA CHARGE À TAÏWAN Le génériqueur californien Impax a l’intention de supprimer 110 postes, soit environ 10 % de son effectif, dans le but de « réduire les dépenses et de s’adapter à de nouvelles conditions de marché ». La plus grande part de cette réorganisation sera assumée par l’unité de production de Hayward (Californie) qui employait 176 salariés à la fin 2012.

Le finlandais Biotie Therapies a exercé une option d’achat sur Neurelis, une biopharm californienne qui développe un spray intranasal du diazepam, un traitement de l’épilepsie. Un séminaire Icare sur le nettoyage des dispositifs médicaux

Le laboratoire Icare, spécialisé dans les contrôles, organise les 19 et 20 novembre prochains un séminaire sur le thème "Validation du nettoyage des dispositifs médicaux".

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Focus BOEHRINGER FERME À BORDEAUX ET EN VIRGINIE

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iliale du groupe allemand Boehringer Ingelheim, Labso Chimie Fine fermera officiellement le 30 septembre prochain son usine de Blanquefort, près de Bordeaux, mais toute activité a, de fait, cessé à la fin du mois de juillet. Le site, qui appartenait depuis plus de quarante ans au laboratoire allemand, employait encore 53 salariés, dont 16 seulement, selon la direction du groupe, auraient trouvé une solution de reclassement. Cette issue défavorable était programmée depuis plusieurs mois. L’usine était en surcapacité notoire – le taux d’utilisation de l’outil de production n’avait pas dépassé 27 % en 2011 –, à tel point que Boehringer devait compenser les pertes en injectant, selon les années, 1 à 3 M€ d’argent frais pour équilibrer l’exploitation. L’unité bordelaise était spécialisée dans la fabrication d’API pour l’industrie pharmaceutique, notamment le dipyridamole, principe actif d’un traitement préventif des accidents vasculaires (la Persantine de Boehringer Ingelheim, qui n’est plus remboursée par la Sécurité Sociale). La production va être relocalisée en Espagne. Par ailleurs, Boehringer Ingelheim a annoncé à la mi-août la fermeture – programmée pour décembre 2014 – d’un second site de production d’API, à Petersburg (Virginie), à quelque 200 km au sud de la capitale américaine Washington : cette unité emploie 240 personnes.

LE RUSSE BIOCAD COURTISÉ Biocad, un spécialiste des biosimilaires dont l’usine est installée à St-Petersbourg (Russie), est en vente. Son prix se situerait dans une fourchette comprise entre 750 M$ et 1 Md$ : la somme ne semble pas effrayer les américains Pfizer et Amgen qui seraient tous deux dans la short-list des acquéreurs potentiels de ce laboratoire majoritairement détenu depuis 2011 par Gazprombank ; à l’époque, la transaction valorisait le groupe à moins de 300 M$.

PFIZER INVESTIT EN IRLANDE Après avoir mis en vente l’une de ses unités irlandaises, en mai dernier, l’américain Pfizer va investir 100 M$ dans deux des autres sites qu’il possède dans le pays. A Grange Castle (Dublin), l’unité produisant le Xeljanz, un traitement de l’arthrite rhumatoïde, sera agrandie et une nouvelle ligne de production sera installée afin de doubler la capacité. Ce programme sera opérationnel en 2015. À Ringaskiddy (comté de Cork), le projet est de développer de nouveaux traitements en oncologie…

SANOFI VEUT TRANSFORMER SON UNITÉ LONDONIENNE EN PARC SCIENTIFIQUE Sanofi va tenter d’imiter Pfizer – le n°1 mondial a vendu l’an passé son ancien site de R&D de Sandwich (UK) au consortium privé Discovery Park Ltd – en transformant son usine de Dagenham (produits stériles), près de Londres, qui vient de fermer définitivement ses portes après… 80 années d’activité, en centre d’excellence scientifique susceptible d’accueillir plusieurs centaines de salariés. L’unité de Dagenham, qui a compté plus de 4 500 salariés à la fin des années 80, n’en employait plus que… 450. Le déclin du site, dont la fermeture avait été annoncée en 2009, a été précipité par la baisse des ventes des anticancéreux Taxotere et Eloxatin. Les lignes de production ont été transférées vers des usines allemande et italienne de la big pharma française. 6 Actulabo - Septembre 2013

GSK RÉDUIT LA VOILURE EN AUSTRALIE Le britannique GSK va supprimer d’ici à 2015 120 postes sur son site de Melbourne, qui emploie actuellement 363 salariés. L’activité de conditionnement de comprimés sera transférée vers des unités espagnoles et polonaises. Rappelons que l’an passé, GSK avait annoncé la création d’ici à 2017 de 58 emplois sur ce même site de Melbourne. La direction du laboratoire a indiqué que l’usine se concentrera désormais dans le conditionnement de produits spécialisés (traitements respiratoires, flacons stériles).


NOVO NORDISK VA RECRUTER 150 SALARIÉS À CHARTRES

L

e danois Novo Nordisk, qui emploie aujourd’hui environ 750 salariés en CDI à Chartres (28), s’apprête à recruter près de 150 salariés sur ce site « au cours des deux prochaines années », nous confirme la direction. Cet ambitieux programme est partiellement la conséquence de l’installation d’une troisième ligne de remplissage d’insuline à haute vitesse (50 M€ d’investissement) qui devrait être opérationnelle en 2014 et dont le déploiement avait été annoncé dans nos colonnes. Mais ces créations d’équipes supplémentaires – le site fonctionne d’ores et déjà en 3 x 8, 7 jours/7, sur la base de 6 équipes – sont aussi liées « à l’augmentation des capacités sur les autres lignes de l’usine », indique Michel Fillon, le directeur du site chartrain, qui explique que les capacités de remplissage et de conditionnement vont connaître une augmentation de 20 % dès cette année. L’usine de Chartres, jugée « stratégique » par le board de la pharma danoise, accueille les fabrications traditionnelles mais aussi les produits les plus innovants comme le Victoza, un produit contre le diabète de dernière génération (analogue du GLP-1).

CHEMINEAU REPRIS PAR LE GROUPE ANJAC Jusqu’alors contrôlé par le fonds d’investissement TCR, le façonnier Chemineau (60 M€ de CA, environ 300 salariés) installé à Vouvray, près de Tours (37), a changé de mains. Le sous-traitant, spécialisé dans les sprays, les liquides et les pâteux à usage ORL, est repris par le groupe Anjac (environ 250 M€ de CA). Ce dernier a fondé sa croissance sur trois activités : la distribution de matériels de chauffage et de climatisation, la commercialisation d’outillages et de quincaillerie industrielle, ainsi que la fabrication et la commercialisation de produits d’hygiène et de beauté. Ce dernier pôle, Anjac Health & Beauty, est composé des sociétés Eurowipes (fabrication de lingettes), Shadeline et Sicaf Cosmétiques, toutes deux spécialisées dans le façonnage de produits cosmétiques. Il représente une facturation de 50 M€ et double ainsi de taille suite à l’acquisition de Chemineau qui constituera une première incursion du groupe Anjac sur les marchés du façonnage pharmaceutique. La direction confirme que le management actuel de Chemineau continuera à assurer sa mission. Xavier Monjanel, le directeur général du soustraitant tourangeau, sera maintenu dans ses fonctions.

CERP BRETAGNE OUVRE UNE AGENCE Le grossiste-répartiteur pharmaceutique Cerp Bretagne Atlantique a annoncé l’ouverture au printemps 2014 d’une agence à Aizenay, la première en Vendée : elle devrait employer 50 salariés d’ici à trois ans. De son côté, l’ex-Cerp Rouen – devenue Astera – a inauguré en juin dernier une plate-forme logistique de 9 000 m² aux Sorinières (44), au sud de Nantes.

ALKOPHARM POURRAIT CÉDER BLOIS A Blois (41), l’unité industrielle du groupe pharmaceutique Alkopharm (une cinquantaine de salariés), dirigée par Alain Bouaziz, pourrait être prochainement cédée. Le laboratoire est en quête d’argent frais suite au non-recouvrement d’une importante créance. Ce contentieux, relatif à un contrat de sous-traitance qui lie les deux usines quimpéroises (ex-Girex Mazal) d’Alkopharm à leur ancien propriétaire (Negma/Wockhardt), a été porté devant les tribunaux.

DEPOTRADE BOUGE À ORLÉANS Le répartiteur pharmaceutique Depotrade a pris à bail en juin 9 300 m² sur le parc d’activité de Meung-sur-Loire, près d’Orléans (45). Depotrade était jusqu’alors installé à St-Cyr-en-Val, au sud de l’agglomération d’Orléans.

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Focus ASPEN RACHÈTE À GSK L’USINE DE NOTRE-DAME-DE-BONDEVILLE…

L

e britannique GSK est entré durant le printemps en négociations exclusives avec le sud-africain Aspen – dont il détient 18 % du capital – pour la vente de son portefeuille d'antithrombotiques et de l'usine qui les fabrique à Notre-Dame-de-Bondeville, à côté de Rouen (76). GSK emploie plus de 700 personnes sur ce site, une ancienne usine des laboratoires Choay cédée en 2004 par Sanofi au moment de la fusion avec Aventis : la big pharma avait décidé l’an passé d’investir 26 M€ pour installer une seconde ligne de remplissage à forte cadence de seringues pré-remplies des antithrombotiques Fraxiparine et Fraxodi. La transmission du portefeuille d'antithrombotiques, qui génère environ 500 M€ de ventes dans le monde dont 13 % en France, devrait être conclue l'an prochain, en même temps que le transfert de l'usine, de ses contrats de travail, de ceux du personnel du siège GSK de Marly-le-Roi qui est rattaché à cette activité ainsi que de quelques employés des fonctions support actuellement basés à Evreux (27). L’usine de Notre-Dame-de-Bondeville produit quelque 150 millions d’unités par an.

VALVENA VEND UN SITE À BIOLOGICAL E Le laboratoire Valvena SE (320 salariés, 43 M€ de CA), issu de la fusion du nantais Vivalis et de l’autrichien Intercell, a signé une lettre d’intention avec la biopharm indienne Biological E pour la cession de son activité de bioproduction sous contrat (CMO) basée à Nantes (44). La vente de cette division, dédiée à la fabrication de lots cliniques pour le compte de tiers, favorisera la diminution des dépenses opérationnelles.

SANOFI ARAMON PRODUIRA POUR MERIAL Sans abandonner sa production de principes actifs pour les besoins de sa maison mère, notamment l’irbésartan, le site Sanofi d’Aramon (30) conforte son pôle façonnage. Aramon est ainsi en passe de produire de la gamithromycine, une molécule destinée à traiter les maladies respiratoires bovines commercialisée sous le nom de Zactran, pour le compte de Merial, la filiale santé animale du groupe. Une enveloppe de 10 M€ sera investie sur le site cette année.

… ET À MERCK & CO. SON USINE NÉERLANDAISE D’OSS Décidément insatiable, le sud-africain Aspen Pharmacare a signé un autre accord, cette fois avec Merck & Co., pour le rachat de l’usine de principes actifs d’Oss (Pays-Bas) – un ancien site Organon –, ainsi qu’un portefeuille de 11 médicaments de marques (hormonothérapie de remplacement, contraception, stéroïdes…). Le prix serait de 10 Mds de rands (1 Md$) pour des activités représentant environ 600 M$ de CA. L’usine produit aussi du fondaparinux, principe actif de l’antithrombotique Arixtra fabriqué à Notre-Dame-de-Bondeville, site qu’Aspen est en train de racheter à GSK (lire ci-dessus). La middle pharma sud-africaine est le premier laboratoire pharmaceutique de son continent avec un CA de 1,5 Md€ qui devrait dépasser, avec les deux dernières acquisitions, les 2,5 Md€ : elle est spécialisée dans les médicaments de marque et les génériques, dont elle serait aujourd’hui l’un des dix premiers producteurs mondiaux. 8 Actulabo - Septembre 2013

CEVA SIGNE UN DEAL EN CHINE Ceva Santé Animale (600 M€ de CA, 3 000 salariés dont 800 en France) a signé un accord de collaboration scientifique dans le domaine de la grippe aviaire avec l’Université agricole de Canton (Chine). Les deux partenaires ont notamment pour projet d’évaluer l’efficacité du Vectormune, un vaccin destiné aux volailles, développé par Ceva.


PIERRE FABRE INSTALLE SA NOUVELLE GOUVERNANCE

À

la suite du décès, le 20 juillet, de son fondateur, la middle pharma Pierre Fabre (près de 2 Md€ de CA en 2012) a annoncé la mise en place d’une nouvelle gouvernance. Pierre-Yves Revol (à gauche ci-contre, lors de l’inauguration en mai dernier du site de Soual par François Hollande) a été nommé président de Pierre Fabre Participations (PFP), l’instance de contrôle de Pierre Fabre SA chargée de valider et de s’assurer « de la mise en œuvre de la stratégie du groupe ainsi que du choix des membres des organes d’administration et des dirigeants de Pierre Fabre et de ses filiales ». PFP a nommé Jean-Jacques Bertrand pdca de Pierre Fabre SA après avoir constaté le désaccord avec Didier Miraton (à droite ci-dessus), préalablement choisi à ce poste, sur les modalités de la nouvelle gouvernance. Nommé directeur général, Bernard Parmentier « devrait prendre rapidement ses fonctions » après avoir assuré la passation de pouvoirs à la tête du groupe Latécoère dont il était le président du directoire. Par ailleurs, Eric Ducourneau prend la présidence de Pierre Fabre Dermo-Cosmétique (1045M€ de CA en 2012) dont il est déjà le dg. Frédéric Duchesne est confirmé pour sa part à la présidence de Pierre Fabre Médicament (923 M€ de CA en 2012), dont il est aussi le dg.

GALDERMA S’AGRANDIT À SOPHIA ANTIPOLIS Le laboratoire spécialiste des traitements dermatologiques Galderma a acquis un terrain de 1,9 ha contigu à son centre de R&D de Sophia Antipolis pour y construire un nouveau bâtiment de laboratoire de 4 300m² qui devrait accueillir une centaine de chercheurs et de techniciens supplémentaires d’ici à six ans : Galderma emploie déjà 500 salariés sur place qui se partagent 20000m² de locaux.

PFIZER AMBOISE REPRIS PAR FAREVA Bernard Fraisse, le pdg du façonnier Fareva (1,075 Md€ de CA, 7 500 salariés dans le monde), nous confirme que le groupe s’apprête à reprendre l’usine Pfizer de Pocé-sur-Cisse, près d’Amboise (37), une unité de 480 salariés qui, entre autres spécialités, est l’une des principales plates-formes de production du Viagra, le traitement des troubles de l’érection tombé dans le domaine public en juin dernier.

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Stratégies

Les nouvelles exigences de La logistique pharmaceutique est en proie à de profondes évolutions qui font bouger son modèle économique. Ce changement de paradigme donne l’occasion aux dépositaires et à de nouveaux acteurs, au premier rang desquels les filiales spécialisées de grands groupes de transport et d’entreposage, de prendre des parts de marché.

D

ans le domaine du médicament, l’activité logistique connaît une mutation radicale de son modèle. La conversion du répertoire au générique provoquant une baisse inexorable des marges, l’entrée en vigueur de nouvelles obligations réglementaires européennes – notamment celles relatives à la conservation des produits et à leur transport sous atmosphère dirigée –, quelques inquiétudes récentes liées à la disponibilité de produits (voir la pénurie cet été du Lévothyrox, qui a soulevé la question de la gestion des stocks), conduisent les acteurs de la chaîne de valeur (industriels, logisticiens, transporteurs, dépositaires, grossistes-répartiteurs) à «réviser leurs pratiques et leurs positionnements » selon ce con-

sultant spécialisé dans la supply chain santé. Le phénomène a déjà débuté il y a quelques années mais il connaît une accélération évidente. A ces tendances de fond (optimisation des coûts, monitoring et traçabilité des flux) s’ajoutent des nouvelles contraintes relatives à l’émergence – encore tout à fait embryonnaire – de la « e-distribution» ou des impératifs de la médecine personnalisée qui bousculent sensiblement les pratiques classiques de la logistique pharmaceutique. Celle-ci doit notamment intégrer des obligations liées par exemple à la taille des lots, à la complexité des produits, notamment des produits biologiques, ceux-ci devant être acheminés parfois jusqu’au patient dans des conditions spécifiques (atmosphère modifiée,

délai, formulation, traçabilité). « Les fabricants de médicaments, leurs sous-traitants, les officinaux et même les hospitaliers : aucun acteur n’est épargné par ce changement de paradigme », reconnaît un professionnel de la logistique santé qui indique que cette mutation a, d’ores et déjà, produit son effet sur la structuration du marché et la composition de l’offre. Selon Laure Brenas-Baudry, présidente du directoire du dépositaire CSP, « ce qui marque le paysage de la distribution pharmaceutique depuis plusieurs années, c’est le développement de la vente directe, notamment celle qui porte sur des catégories de produits à gros volumes ». Ces volumes échappent aux grossistesrépartiteurs qui n’en peuvent

Geodis a développé une offre de logistique santé qui couvre tous les maillons de la chaîne.

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la logistique santé mais… D’autant qu’à l’autre bout de la chaîne, l’officine, en butte à la fonte des marges, s’est parfois constituée en groupements d’achats qui négocient durement les conditions et qui n’hésitent pas à solliciter toutes les facettes de la concurrence. De l’amont à l’aval, la composition de l’offre connaît donc des évolutions majeures. En amont, les industriels de la pharmacie avaient déjà tendance à externaliser la stricte fonction logistique, notamment le transport ; ils n’hésitent plus à se délester totalement de l’entreposage, de la préparation de la commande – parfois à l’unité –, de la pose de la vignette et du conditionnement à des acteurs qui convoitent les perspectives alléchantes de ces marchés. Et qui ont su prendre à temps le virage de la prestation de services en devenant des acteurs full service. Aux pure players classiques – qu’il s’agisse de dépositaires ou des filiales spécialisées des big pharmas – se sont donc greffées les filiales de grand groupes logistiques généralistes (DHL, Geodis ou Norbert Dentressangle) qui apportent aux donneurs d’ordre aussi bien leur impressionnante force de frappe informatique que leurs capacités d’entreposage, de massification et d’éclatement des flux.

C’est ainsi que Bayer Pharma a renouvelé sa confiance, en décembre dernier, à la filiale de la SNCF Geodis, qui traite désormais la totalité des activités logistiques du laboratoire pour la France notamment en s’appuyant sur son site de St-Georges-de-Reinens, au nord de Lyon. Cette plate-forme de 15 000 m2 (60 salariés, dont 2 pharmaciens) est insérée dans un réseau d’une dizaine de pôles santé en Europe « situés au cœur des centres de production et des technopoles pharmaceutiques ». Ces infrastructures représentent quelque 200 000 m2 de surface logistique exploitée, 600 collaborateurs et une quinzaine de pharmaciens, nous indique une porte-parole de Geodis. « La plupart des gros faiseurs ont externalisé leur logistique auprès de soustraitants, observe ainsi Laure Brenas-Baudry, si l’on excepte des big pharmas, comme Sanofi ou Roche, qui disposent encore d’une organisation intégrée ». Ces évolutions ont donc historiquement fragilisé les grossistes-répartiteurs qui avaient fondé leur activité sur un modèle économique unique, homogène – qualifié parfois par certains observateurs de monolithique – et sur leur capacité à livrer les officines dans les meilleures conditions de délai et de disponibilité des produits.

Soumis à des obligations de service public, notamment en matière de couverture du répertoire, de prix et de disponibilité, ces acteurs (CERP, OCP, Phoenix Pharma, Sogiphar et Alliance Healthcare...) ont dû affronter d’importantes pertes de volumes, par exemple dans le domaine de produits matures à gros volumes, mais aussi dans les vaccins ou dans des catégories de produits plus complexes dont la distribution a été confiée à des prestataires spécialisées, devenus parfois des concurrents directs.

Laure Brenas-Baudry, présidente du directoire du dépositaire CSP.

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Stratégies « Aujourd’hui, une réponse logistique globale et unique prétendant couvrir l’ensemble des besoins des industriels, des officines, de la communauté médicale et des patients n’est pas adaptée. La distribution pharmaceutique est passée dans l’ère de la de la différenciation », indique Laure Brenas-Baudry. Pour autant, les dépositaires restent encore majoritairement des fournisseurs des grossistes qui, forts de leur mission de service public, parviennent à préserver l’essentiel… Les modalités de prise en charge à la sortie de l’usine, d’acheminement, de stockage, de conditionnement et de gestion de la documentation et de la traçabilité doivent donc s’adapter aux demandes des donneurs d’ordre ; celles-ci, de plus en plus variables et complexes, requièrent des logisticiens une très grande « plasticité ». « Il ne faut pas non plus exagérer, les laboratoires et leurs sous-traitants ont déjà intégré beaucoup de contraintes et ils se situent d’ailleurs dans une démarche d’amélioration continue », tempère ainsi Régis O ’ M a h o n y, responsable supply chain du laboratoire

LES DÉBUTS LABORIEUX DE LA E-DISTRIBUTION Depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté du ministère de la Santé « relatif aux bonnes pratiques de dispensation des médicaments par voie électronique », en date du 12 juillet dernier, la voie est officiellement libre pour la vente en ligne de 4 000 médicaments ne nécessitant pas de prescription. Le moins que l’on puisse dire est que cette déréglementation n’a pas provoqué de razde-marée. A ce jour, seule une quarantaine d’officines – sur plus de 22 000… – ont obtenu l’agrément de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) dont elles dépendent. Plusieurs dizaines de demandes sont en attente mais les partisans de la vente en ligne de médicaments déplorent la contrainte coûteuse de passer par un serveur agréé santé, l’interdiction du référencement payant et l’obligation d’adosser un site de vente en ligne à une officine en « physique ».

Aguettant. La pharmacovigilance oblige déjà, depuis des années, les industriels et les sous-traitants à garantir la traçabilité de leurs produits. Les nouvelles bonnes pratiques de distribution (BPD) vont nous amener à optimiser nos pratiques pour une meilleure intégrité du produit et une meilleure protection contre la contrefaçon ». Pour autant, ce professionnel se montre beaucoup plus réservé sur la capacité de l’ensemble des opérateurs logistiques à se hisser au niveau des exigences requises. « Oui, sur certains segments, il y a des lacunes, prévient ainsi Régis O’Mahony. Hormis quelques dépositaires, qui peut, aujourd’hui en France, garantir l’acheminement entre 15° et 25° de palettes de produits de santé? ». « Il y a des trous dans la raquette et l’ensemble de l’offre de

transport-logistique, qui est loin d’être homogène, ne permet pas de subvenir partout aux exigences de l’industrie pharmaceutique et des autorités réglementaires », reconnaît un transporteur. Certains géants de la logistique mondiale, qui ont affiché de très ambitieuses prétentions dans le domaine de la santé, sont parfois assez « secs» lorsqu’il s’agit de présenter leurs capacités et leur organisation sur le territoire national. C’est ce qui conduit certains acteurs à se montrer ultra-sélectifs à l’heure des choix. « Pour notre part, nous travaillons préférentiellement avec EuroTranspharma, le seul transporteur français à être exclusivement positionné sur les marchés de la santé », précise Laure Brenas-Baudry. Jean-Christophe Savattier,


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Stratégies

RECHERCHE CLINIQUE

Les CROs montrent les Denis Comet, le nouveau président des entreprises de la recherche clinique et épidémiologique, nouvelle signature de l’AFCROs, part en guerre contre la perte d’attractivité de la France dans sa discipline et propose un panier de mesures. Les pouvoirs publics ont semblé réceptifs à cet appel.

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L

es entreprises françaises de la recherche clinique passent à l’offensive ! Sous la houlette de Denis Comet, successeur de Gérard Sorba à la présidence de l’AFCROs – l’association française des CROs, dont le sigle se décline désormais en « Entreprises de la recherche clinique et épidémiologique » –, elles ont officiellement proposé un catalogue de sept mesures « très pragmatiques et, pour l’écrasante majorité d’entre elles, qui ne coûteront rien à l’Etat ». Le but : mettre un terme à la perte d’attractivité de la recherche clinique française, mise en évidence depuis plusieurs mois. Tout d’abord, les CROs proposent de mettre un terme à la prolifération des… 40 comités de protec-

tion de personnes – des comités piler les documents et les procéd’éthique territoriaux – qui enca- dures : « Le Royaume-Uni l’a fait, drent les essais cliniques : et cela a largement contribué à « Nous demandons la mise en ce qu’il revienne en tête de liste des essais cliniques place d’un guichet européens ». unique dématériaUn catalogue Par ailleurs, et toulisé qui sera aligné de sept mesures, sur les meilleutrès pragmatiques, jours afin d’alléger – et d’accélérer – res pratiques éthiqui ne coûteront les procédures, les ques », précise Derien à l’Etat CROs souhaitent nis Comet. Dans la même logique d’éradication du que les médecins n’aient plus, à maquis administratif, l’AFCROs re- chaque contribution clinique, à commande d’établir un contrat montrer patte blanche en produihospitalier unique qui permettra sant leurs CV, diplômes, recomde passer un accord avec les diffé- mandations diverses, comme c’est rents intervenants hospitaliers aujourd’hui la règle : « Nous de(pharmaciens, médecins clini- mandons tout simplement la ciens) et de gérer la délicate ques- création d’un site de référencetion des surcoûts générés par l’ac- ment des médecins, d’un extrativité clinique en établissant une net, où seront publiées et actualiseule grille tarifaire et ce, sans em- sées ces informations ». Les entreprises de la recherche clinique souhaitent aussi que soit reconnu institutionnellement leur rôle de tiers de confiance. Cette reconnaissance pourrait s’opérer en deux temps. D’abord, via la création d’un certificat facultatif, puis en obligeant les laboratoires donneurs d’ordre à faire certifier leurs essais, y compris les essais post-AMM en vie réelle : « Il ne s’agit pas de se substituer à la pharmacovigilance de faire émerger aux yeux de tous l’indépendance des CROs vis-à-vis de leurs donneurs d’ordre et des


dents études qu’elles réalisent ». Le nouveau président de l’AFCROs souhaite aussi communiquer davantage auprès des patients et de la communauté médicale « et ne pas se contenter du seul dialogue avec nos clients, les industriels du médicament ». Chapitre très sensible, les CROs françaises entendent attirer l’attention sur la trop grande part prise par l’Inde et la Chine dans les essais cliniques de produits qui seront commercialisés sur le Vieux Continent : « Il n’y a naturellement aucune considération ethnique dans cet avertissement, cependant nous pensons avec d’autres qu’il est injuste pour le patient européen qu’il ne soit plus associé à ces essais ». Cette restriction pose le problème de « l’accès du patient européen à l’innovation thérapeutique », d’autre part, « il n’est pas raisonnable que les modes de vie en Europe les profils d’âge et la comorbidité européenne ne soient pas pris en compte dans ces études. Au risque qu’il y ait un jour un problème», prévient Denis Comet. Ce dernier envisage de saisir l’agence européenne du médica -

ment (EMA) qui pourrait, par exemple, exiger que tout essai clinique d’un produit destiné à un pays européen intègre au moins 50 % de patients de cette zone. La dernière mesure proposée par l’AFCROs est de nature à embarrasser les pouvoirs publics. Elle porte sur les modalités d’applications du crédit d’impôt-recherche, « une excellente mesure qui a grandement bénéficié aux CROs », indique Denis Comet. Pout autant, « est-il normal que les académiques et le public puissent fiscalement déduire 60 % de ces investissements en R&D alors que les entreprises du privé sont cantonnées à 30 % ? ». Pour réduire cette distorsion de concur-

rence, il propose d’établir un taux unique, « idéalement situé aux alentours de 45 % ». Les pouvoirs publics semblent avoir répondu – partiellement – à l’appel de l’AFCROs. Certaines des mesures annoncées par le CSIS (Conseil stratégique des industries de santé) de juin 2013, notamment celles relatives à la simplification administrative (mesures 20 et 21), s’inscrivent – du moins sur le plan des intentions – dans cette perspective. La fameuse convention hospitalière unique est déjà entrée en discussion mais c’était déjà le cas avant la tenue du CSIS. Pour le reste, il faudra attendre… Jean-Christophe Savattier

DENIS COMET, UN PRÉSIDENT À L’OFFENSIVE Denis Comet, qui a pris en janvier dernier la présidence de l’AFCROs en succession de Gérard Sorba, devrait, « sans renier ce qui a été accompli jusqu’alors », donner un tour sans doute un peu plus « offensif » – sans excès – à sa gouvernance. Ce dirigeant, qui préside la CRO parisienne « full services » Axonal (plus de 4 M€ de CA, environ 40 collaborateurs), est persuadé que le modèle technico-réglementaire de son métier est en passe d’éclater sous nos yeux. « L’évolution de la pharmacovigilance, l’association des patients à des plans de gestion de risques des produits, l’émergence de la médecine personnalisée qui requiert des études sur des profils spécifiques de patients doivent nous inciter à revoir notre approche et la relation avec nos clients », indique-t-il. Plus question de cantonner les CROs au rôle de supplétif passif. « Nous sommes des acteurs clés de l’écosystème pharmaceutique », revendique Denis Comet qui souhaite également que les pouvoirs publics balaient devant leur porte. « On peut, par quelques mesures simples, redonner de l’attractivité à la recherche clinique française », plaide-t-il.

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Stratégies

RECHERCHE CLINIQUE

Les CROs vers un rôle de L’engouement des autorités de santé pour le post-AMM est une autre piste d’avenir pour la recherche clinique française. Mais les CROs devront faire la preuve de leur indépendance vis-à-vis de leurs donneurs d’ordre.

«D

ans un contexte de durcissement des contraintes et des obligations pesant sur la pharmacovigilance, nous sommes en train de passer du statut de simple sous-traitant à celui de tiers de confiance, ce qui va nous obliger à faire évoluer nos méthodologies et à nous rendre plus visibles », prévenait le Dr. Gérard Sorba, alors président de l’AFCROs – Denis Comet lui a succédé depuis –, lors du 2e salon européen des CROs qui s’est tenu à Paris en janvier dernier. C’est une évidence, les sociétés de recherche clinique sous contrat ne sont plus les supplétifs auxquels on transfère à la volée des missions d’évaluation de médicaments en phase de développement, jugées très éloignées

Docteur Gérard Sorba.

du cœur de métier des pharmas. sur fonds publics, n’est pas nul… « Notre rôle ne se limite pas aux Cette évolution s’inscrit dans le caservices que nous proposons. Nous dre peu flatteur du recul des sommes en mesure de limiter ou études cliniques (phases I à III) menées en France ces de minimiser le Le risque de dernières années : risque de conflit piétinement des près de 1 500 en d’intérêt, dont les CROs par une offre 1998, pour moins crises sanitaires ré« académique », de 900 en 2010. centes ont mis en sur fonds publics, «Faible motivation évidence les imn’est pas nul… des patients, abpacts négatifs », sence de formation et de sensibilipoursuit le Dr. Gérard Sorba. Un tel positionnement – qui parti- sation des médecins, services hoscipe d’un changement de modèle pitaliers débordés, pesanteurs économique – est possible à condi- administratives et réglementaires; tion que les CROs prouvent leur la liste des obstacles qui comproindépendance vis-à-vis de leurs mettent l’attractivité de la redonneurs d’ordre, des organismes cherche clinique française est en charge de la collecte des don- longue », déplore-t-on à l’AFCROs. nées cliniques et des « décideurs Cette dernière observe que la France a seulement réussi à prédestinataires de ces données». Par ailleurs, les pressions écono- server ses positions avancées dans miques subies par l’industrie ces deux aires thérapeutiques : le candernières années incitent les diffé- cer et les maladies rares. En oncorents acteurs à remodéliser le fi- logie, la France conserve ainsi son nancement et l’organisation de la leadership avec 3,9 patients par recherche clinique qui s’inscrit de centre actif ; le pays est également plus en plus dans une démarche fort bien placé dans les maladies collaborative associant acteurs pri- rares (4,2 patients par centre actif vés et publics, « ce qui doit inciter en moyenne, contre 3,1 pour l’Alleces derniers à la définition de magne et 2,3 pour la Scandinavie). nouveaux modèles de contractua- Pour autant, de nouveaux terrilisation et à une clarification du toires s’ouvrent aux CROs franrôle de chacun de ces acteurs». çaises, notamment sur le terrain de D’autant que le risque de piétine- la pharmaco-épidémiologie et des ment des CROs, entreprises pri- études post-AMM, dites en vie vées, par une offre « académique » réelle. Suite aux récents scandales de prestations similaires, financée sanitaires (Mediator, prothèses


tiers de confiance PIP), ces études font l’objet d’une forte demande des autorités de régulation. Aux sollicitations à l’échelon français vont venir s’ajouter celles émanant des régulateurs européens, s’exprimant par les appels d’offres portant sur les études d’efficacité en vie réelle (PAES pour Post-Autorisation Efficacy Studies). Selon les données collectées par la CNIL (Commission nationale informatique et libertés), le nombre d’autorisations d’études en pharmaco-épidémiologie s’est ainsi établi à 761 en 2011 (556 en recherche biomédicale et 205 en évaluation de soins), soit une croissance de plus de 50 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, le médicament stricto sensu n’est plus seul la cible des CROs. « Les dispositifs médicaux, la nutrition, les biotechnologies et la cosmétologie offrent, certes à des degrés divers, des opportunités à nos entreprises », souligne Gérard Sorba. Des directives européennes (90/385.CEE, 93/42/ CEE et 98/79/CE), applicables dans chacun des Etats membres depuis le 21 mars 2010, obligent les fabricants de dispositifs médicaux implantables et de classe III à réaliser des investigations cliniques. De même, les allégations nutritionnelles et de santé suggérées par les publicités de certains produits alimentaires doivent, depuis le 15

décembre dernier, être approuvées par la Commission européenne sur avis favorable de l’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments) ; cette dernière fonde son jugement sur la base d’études cliniques appropriées. Pour autant, ces nouveaux relais de croissance ne produiront pas immédiatement leurs effets, ce qui conduit les 70 membres de l’AFCROs à anticiper « une très faible croissance, voire une stagnation du marché en 2013 ». Des retards dans la publication des décrets d’application de la loi Jardé, un texte déjà adopté qui modifie l’encadrement juridique des essais cliniques, pénalisent l’activité. « Les directions hospitalières rechignent à signer les conventions qui établissent la rémunération des mé-

decins. Nous prenons beaucoup de retard », pestait Gérard Sorba lors de notre rencontre. Il redoutait que la publication des décrets ait, somme toute, été mise en stand-by dans l’attente d’un règlement européen sur les essais cliniques dont la sortie n’est pas attendue avant 2014. Les professionnels estiment aussi qu’il est temps d’éclairer l’opinion publique sur l’importance des essais cliniques. Des études récentes ont montré que moins de la moitié des personnes interrogées se disaient personnellement prêtes à participer à un essai ; pour autant, une écrasante majorité considère que ceux-ci « sont indispensables pour garantir la fiabilité des médicaments » ! Jean-Christophe Savattier

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Stratégies

RECHERCHE CLINIQUE

L’EX-IDD-TECH ÉVREUX VA DÉMÉNAGER

clinique d’une centaine de lits et employer environ 60 personnes.

Reprise par Laurence Bénissan, qui dirigeait l’unité IDD-Tech d’Evreux (27) depuis trois ans lorsqu’elle appartenait au groupe de services à l’industrie pharmaceutique d’Hélène Rouquette, la société IDD-Xpert – son nouveau nom de baptême –, qui s’est spécialisée dans la caractérisation clinique de poudres et de formes inhalées (environ 2,4 M€ de CA et une vingtaine de salariés), doit quitter prochainement les locaux qu’elle loue sur le site ébroïcien de GSK. La nouvelle direction de la CRO, qui envisage de plus que doubler les effectifs compte tenu d’un carnet de commandes particulièrement bien rempli, est en quête d’un point de chute sur l’agglomération d’Evreux. Le projet immobilier devrait représenter un investissement de 4,5 M€.

PAREXEL LANCE UNE NOUVELLE UNITÉ La CRO américaine Parexel a créé une nouvelle unité, baptisée Parexel Functional Services, dédiée à des clients souhaitant externaliser des services particuliers plutôt que de développer des programmes complets. La nouvelle entité fournira des opérations cliniques, effectuera du management de données, de la biostatistique, etc., de façon externalisée et sera hébergée dans l’unité Parexel de Waltham (Massachusetts).

LE LYONNAIS RICERCA BIOSCIENCES DEVIENT AMÉRICAIN En difficulté depuis plusieurs années, le spécialiste de l’évaluation et de la sécurité des médicaments Ricerca Biosciences (29 M€ de CA en 2011 pour un peu plus de 4 M € de pertes), basé à St-Germain-surl’Arbresle (69), au nord-est de Lyon, a été racheté au mois de juin par l’américain Wil Research, une CRO américaine spécialisée dans les industries pharmaceutiques, chimiques et agrochimiques. Rebaptisée WIL Research Europe, l’unité lyonnaise conservera son site de 18 000 m² et, selon les promesses du repreneur, l’intégralité de son effectif actuel, soit environ 280 salariés. NEURONAX CLÔTURE UNE LEVÉE DE FONDS DE 1 M€ Le clermontois Neuronax, spécialisé en neuro-réparation, a clôturé à la mi-juillet une levée de fonds de 1 M € auprès de Jérémie Innovation 1, géré par Sofimac Partners, Fa Diese 2,

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Wiseed et Auvergne Business Angels. Neuronax développe le NX210, un candidat-médicament actuellement en préclinique pour le traitement des lésions de la moelle épinière en situation aiguë. BIOTRIAL EMMÉNAGERA À NEWARK DÉBUT 2014 Décidés il y a près de deux ans, les travaux de construction du site new-yorkais de la CRO française Biotrial, qui sera implanté à Newark, dans le New Jersey, devraient être achevés début 2014. Biotrial, dont le siège est à Rennes (35), est propriétaire d’un terrain de 5 000 m² où sera édifié un bâtiment de même surface. Le site devrait compter une

PLAN SOCIAL CHEZ SGS-ASTER À PARIS La plate-forme SGS-Aster, installée dans le 15e arrondissement à Paris et spécialisée dans les essais cliniques de phase I, est

sous le coup d’un PSE qui menace 88 de ses 99 collaborateurs. Depuis l’annonce du plan, au mois de janvier dernier, les salariés n’auraient pratiquement plus aucune tâche à effectuer. Pour autant, en dépit de la très forte attrition de l’activité consécutive à ce programme de réduction de capacités, la pérennité de cette implantation ne serait pas compromise à court terme. SGS-Aster – ex-Aster-Cepach – est une société du groupe suisse SGS, leader mondial de la vérification, du test et de la certification.

PPD PRÉSENTE SA TECHNOLOGIE PPD INVISION L’américain PPD, qui emploie plus de 12 500 collaborateurs à travers le monde, a lancé sa technologie PPD InVision, un processus de suivi des données d’études cliniques automatisé. Elle compile les données des patients et celles issues de la pharmacovigilance, possède un système de réponse vocale interactif… le tout pouvant être consulté en temps réel grâce à un tableau de bord. SHISEIDO ARRÊTE LES ESSAIS SUR LES ANIMAUX Le n°5 mondial de l’industrie cosmétique (environ 8 Md$ de CA), le japonais Shiseido, a annoncé qu’il cesse les essais de produits cosmétiques sur les animaux, au moment où l’Union européenne s’apprête à interdire les crèmes et onguents testés de cette façon. Cette décision s’applique à tous ses sites de production et à ceux de sous-traitants. CELL&CO DÉMARRE PRÈS DE CLERMONT-FERRAND La société Cell&Co (6 salariés), créée en fin d’année dernière, vient de débuter son activité récemment à Pont-du-Château, près de Clermont-Ferrand (63). Elle offre à des biotechs ou à des CROs la conservation sécurisée, à –150/–80/–20/ +4 et +20°C, d’échantillons biologiques (animaux, végétaux ou microbiens) issus de la recherche fondamentale ou clinique, le plus souvent à long terme ; elle peut conserver dans ses locaux jusqu’à 3 millions d’échantillons. La société assure également le stockage d’archives papier ainsi que les données électroniques associées à ces dernières et possède deux laboratoires P2 dédiés à leur manipulation.


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Stratégies

La France bonne élève pour Les chemins d’accès au marché hexagonal du médicament sont manifestement moins parsemés d’embûches que dans d’autres pays européens où la réévaluation permanente du service médical rendu et la coexistence de multiples acteurs pèsent sur les processus d’autorisation.

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F

oin du « French bashing » au moins dans ce domaine ! Si l’on en croit les participants à un colloque organisé en février dernier par l’AMIPS, la France est très probablement le pays européen – avec l’Allemagne dans une moindre mesure… – où l’accès au marché du médicament reste plutôt ouvert et « prévisible», tant sur le plan de l’évaluation thérapeutique que de la fixation des prix. Ce colloque qui s’est tenu à Paris se proposait de comparer les systèmes de cinq grands pays européens (France, Allemagne, Espagne, Italie, RoyaumeUni). Et le moins que l’on puisse dire est que le système hexagonal est sorti avec les honneurs de l’exercice. En dépit d’un durcissement récent et d’une inflexion insidieuse donnant plus de poids aux critères médico-économiques, les procédures d’autorisation sont a minima marquées – un comble, au pays de Courteline ! – du sceau d’une relative aisance. Certes, comme l’affirment inlassablement les industriels du médicament, les prix de ces derniers sont en France parmi les plus bas d’Europe. Certes, la reconnaissance de l’innovation a gagné en sévérité. Mais l’inscription au répertoire et l’obtention d’un prix s’effectuent dans un climat de transparence qui ne laisse rien à l’arbitraire. Ainsi, selon Rima de Sahb, direc-

trice de l’accès au marché de prix conduite par l’ANSM et la MSD, « la centralisation des déci- Haute Autorité de Santé sur la sions et la relative clarté des rè- base d’un réexamen de l’ASMR et gles entourant la fixation des prix du bénéfice-risque affecté au prode référence des produits sont duit – effectué via l’analyse de plutôt une spécificité française ». données cliniques recueillies en vie réelle –, va aussi La course d’obstacles qui mène le médica- La centralisation être prise en charge par le CEPS et le ment au marché hexades décisions, CEESP qui réclamegonal a bien été un une spécialité française ? ront également leur peu allongée suite à propre quote-part de récentes évolutions réglementaires, « mais le d’études post-AMM. D’ores et process d’évaluation médico-éco- déjà, les dirigeants des CRO frannomique et de révision des prix çaises se frottent les mains dans cette perspective, comme en téreste tout à fait maîtrisable ». Il est exact que la contrainte mé- moigne notre enquête publiée dico-économique se fait plus pres- dans cette édition (cf. pages 14sante. Désormais, la Commission 17). d’évaluation économique et de En dépit de ces nouvelles comsanté publique (CEESP) donne un plexités, l’accès au marché franavis dès la phase d’évaluation de çais sort victorieux de la comparail’ASMR (amélioration du service son avec l’Allemagne. Outre-Rhin, médical rendu) ; celui-ci vient où une vigoureuse réforme des nourrir la réflexion du CEPS (Co- autorisations de mise sur le marmité économique des produits de ché et d’évaluation médico-écosanté) qui, jusqu’alors, fondait uni- nomique (AMNOG pour Arzneiquement ses décisions sur l’exa- mittelmarkt-Neuordnungsgesetz) men de quelques critères ba- a conduit à la fin de la liberté des siques : le niveau d’ASMR, une prix du médicament, le modèle comparaison avec un prix de réfé- économique d’un produit de rence de la classe thérapeutique, santé est très loin d’être établi ad la taille de la population de pa- vitam aeternam. Désormais, les tients ciblés et l’importance du « industriels peuvent à tout motraitement dans la stratégie théra- ment être appelés à réviser et négocier les prix qui ont été fixés à peutique. Autre modification majeure du l’issue d’une période initiale système français, la procédure de d’évaluation du couple bénéficeréévaluation quinquennale des coût. La régulation est une source


l’accès au marché ? permanente d’ajustements » prévient ainsi Markus Frick, responsable des marchés et des questions de remboursement au VFA, l’équivalent germanique du Leem. Qui souligne également que ces procédures permanentes de réévaluation des prix s’effectuent dans un contexte de plus grande centralisation fédérale, les lands étant appelés à négocier bilatéralement des quotas de dépenses (en volume et valeur) avec le système central d’assurance maladie (GKV). Mais cette relative instabilité du système allemand reste encore très en deçà de la cacophonie britannique où l’imbrication et la superposition des niveaux de décision nationale et locale atteint probablement une forme de paroxysme. « C’est un marché compliqué. Un médicament peut très bien avoir été approuvé par le NICE (National Institute for Health and Clinical Excellence)… et ne pas pouvoir être commercialisé », indique François Bouvy, le responsable de l’accès au marché de l’European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations (EFPIA). Un constat également établi par Gordon Lundie, directeur des affaires publiques d’UCB Pharma UK qui estime que dans un contexte « où l’argent manque

pour rémunérer l’innovation et où l’intérêt du patient s’est un peu perdu dans les méandres administratifs du NICE », le système britannique manque cruellement de lisibilité. Par ailleurs, à l’heure où certains responsables français estiment que l’évaluation médico-éco-

nomique devrait davantage inspirer les procédures d’autorisation du médicament et se calquer sur le NICE britannique, le moment est plutôt au Royaume-Uni à une certaine prise de distance vis-à-vis de ce système. Pour autant, l’accès au marché outre-Manche, qui pâtit d’un problème patent de gouvernance et d’une multiplicité d’acteurs aux intérêts parfois antagoniques, peut conduire les industriels à négocier au niveau infra-local avec des entités cliniques (Clinical Commissioning Groups) qui sont

au nombre de … 212 ! Cet éparpillement de la décision est aussi malheureusement constaté dans les pays du Sud, en Espagne comme en Italie. Dans la péninsule transal-

pine, les partispris du niveau central sont fréquemment battus en brèche par les 20 Régions italiennes. Leurs compétences dans le domaine du médicament et leurs capacités d’influence font «que de facto, ce pays fait… coexister 20 systèmes de santé parfois assez différents », estime Andrea Brizzi, responsable de l’accès au marché de la filiale italienne d’Ipsen. Jean-Christophe Savattier

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Stratégies

Vers une AMM européenne pour les dispositifs médicaux ? Améliorer la sécurité des dispositifs médicaux en renforçant les contrôles avant leur commercialisation... Deux projets de directives européennes veulent rapprocher la réglementation qui leur sera appliquée de celle en vigueur pour les médicaments.

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a Commission européenne prévoit le renforcement de l’intervention a priori des autorités compétentes – l’ANSM en France – avant toutes commercialisations de dispositifs médicaux (DM) dans les pays membres. Le Parlement européen, qui soutient la révision, a proposé 145 amendements en vue de ce renforcement. Le projet s’inscrit dans la continuité d’un long processus de renforcement de la sécurité des DM qui laisserait une (trop) grande latitude aux fabricants. Depuis mars 2010, ces derniers doivent déjà exercer une surveillance post-commercialisation de leurs produits en déclarant les incidents graves à l’autorité compétente du pays où ils se sont produits (on parle d’obligation de vigilance) et en collectant des données cliniques de confirmation du rapport bénéfice/ risque (il s’agit de l’obligation de suivi clinique). Aujourd’hui, les autorités compétentes n’interviennent donc essentiellement qu’a posteriori, sauf pour les DM de classe III – à risque élevé pour la santé, comme ceux en contact avec le cœur, les prothè-ses mammaires et

les prothèses articulaires – qui font fait du caractère innovant des DM l’objet d’essais cliniques. Ainsi, en dont la durée de commercialisadehors de ces cas, le fabricant tion est courte en comparaison prend seul la responsabilité de la avec celle des médicaments ; enmise sur le marché. Bruxelles s’engage suite parce qu’ils se distinguent de ces derMalgré la nécessité sur le terrain niers par leur mode manifeste de légiférer, d’une évolution encore largement d’action principal autre Bruxelles s’engage sur controversée que pharmacologique, le terrain d’une évolution encore largement controver- immunologique ou métabolique ; sée, notamment en France. Si la enfin, car ils concernent une popuMutualité française, par exemple, lation de patients restreinte, à l’indemande l’instauration officielle verse des médicaments. Mais la d’une AMM pour les DM à haut nouvelle réglementation, quelle risque, le Snitem – syndicat qui re- qu’elle soit, ne va pas se faire attengroupe les principaux fabricants – dre : les deux propositions qui soutient qu’il est trop périlleux remplaceront les directives «mar« de vouloir calquer la réglemen- quage CE » actuellement en vitation des DM sur celle des médi- gueur pourraient être adoptées en caments». Pour lui, la procédure 2014 et mise en application à partir d’AMM n’est pas adaptée pour trois de 2015. Marianne Murat raisons principales : d’abord, du

VERS UNE MEILLEURE TRANSPARENCE Bruxelles revient également sur le manque de transparence qui représente un handicap pour la surveillance du marché et qui contribue aux préoccupations en matière de sécurité. Le projet de révision propose une meilleure traçabilité des dispositifs tout au long de la chaîne d’approvisionnement (par exemple, des rappels de produits), permettant une réponse rapide et efficace aux problèmes de sécurité. De plus, un système d’identification unique des dispositifs sera mis en place pour renforcer la sécurité postcommercialisation des DM, pour aider à réduire les erreurs médicales et lutter contre la contrefaçon. Enfin, Eudamed – banque de données européenne – va être améliorée pour fournir au public des informations complètes sur les produits disponibles dans l’UE.


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En direct des usines

Roche adopte la médecine Le suisse Roche, qui a défriché les voies prometteuses de la médecine personnalisée grâce à l’Herceptin dans le cancer du sein, a placé le théranostic au cœur de sa stratégie de R&D. Jusqu’à associer, à Penzberg, près de Munich, les équipes de recherche pharma et diagnostic dans des programmes communs de développement. Près de 60 % des molécules en phase III sont ainsi dotées d’un testcompagnon.

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a médecine personnalisée est-elle enfin en train de dépasser le stade du slogan publicitaire auquel la cantonnent beaucoup de ses pionniers autoproclamés ? Pour le suisse Roche, qui a inscrit la mise en évidence de multiples biomarqueurs ainsi que le développement de tests-compagnons au cœur de sa politique de R&D, l’affaire est entendue : « L’avenir des thérapies ciblées, notamment dans le domaine de l’oncologie et aussi dans d’autres aires thérapeutiques, est inséparable du développement de tests permettant d’identifier des profils de patients répondant au traitement », indique ainsi le Dr. Frédéric Eberlé. Ce dernier est le responsable médical français de Roche Diagnostics, l’entité du groupe bâlois qui développe et commercialise une impressionnante gamme de solutions (instrumentation et réactifs), tant dans le domaine des tests diagnostiques chimiques de base que celui des tests immunologiques ou génétiques utilisés par les laboratoires de biologie privés et hospitaliers. D’ores et déjà, le suisse peut appuyer sa démonstration sur l’Herceptin – lancé en 1998 –, son fameux traitement contre le cancer du sein dont l’anticorps (trastuzumab) vise les cellules cancéreuses

surexprimant la protéine HER 2. rale des patients. Et d’autres proSeulement 20 % des patientes grammes alimentent le pipe du sont frappées par cette mutation groupe bâlois. A ce jour, cinq proidentifiée par un test-compagnon jets en oncologie et en virologie – dont la première version n’a associant à chaque fois un médicament et un test se d’ailleurs pas été développée par Le développement situent dans des phases plus ou Roche – et peuconjugué de vent donc accéder molécules de tests moins avancées de à ce traitement. fondés sur la mise développement. Il s’agit notamment de Fort de ces preen évidence de mières évidences biomarqueurs est un MetMAb et de Kadsaluées par le maratout considérable cyla, respectivement indiqués dans le ché, ainsi que par en clinique cancer du poumon les communautés médicales et de patients, Roche a non à petites cellules et dans celui obtenu en février 2012 l’AMM eu- du sein. Plus de 60 % des NMEs ropéenne du Zelboraf, un anti- (New Molecular Entities) en corps (vemurafenib) qui s’attaque phase III, toutes aires thérapeuà la mutation BRAF V600 incrimi- tiques confondues, sont, chez née dans le mélanome métasta- Roche, dotées d’un test-compasique au pronostic impitoyable gnon. (100 % de mortalité). Pour la pre- « Cette démarche de stratificamière fois, ce médicament – qui tion des patients permet d’accroîne prolonge malheureusement tre l’efficacité des traitements et que de quelques mois la survie d’éviter aux malades d’être soudes patients porteurs de cette mu- mis à la chimiothérapie qui s’attation et donc éligibles au traite- taque aux cellules malades ment – a été conjointement déve- comme aux cellules saines », loppé avec son test-compagnon poursuit le Dr. Frédéric Eberlé. Elle fournit aussi des arguments (RT PCR BRAZFV600). Le Tarceva, qui vise une mutation précieux au laboratoire lorsqu’il EGFR dans le traitement du cancer plaide la cause de ces traitements du poumon, et l’interferon Pega- devant les autorités de santé. Ces sys prescrit dans l’hépatite C sont dernières ne sauraient aujourd’hui aussi associés à des tests spéci- homologuer ces médicaments fiques, celui celui du Pegasys per- coûteux sans avoir la certitude mettant de surveiller la charge vi- qu’ils ne seront délivrés qu’à une


personnalisée cohorte de patients répondants ! « Le développement conjugué de molécules et de tests fondés sur la mise en évidence de biomarqueurs est un atout considérable en clinique », juge pour sa part le responsable de la cellule de R&D pharma du site de production Roche et Roche Diagnostics de Penzberg, près de Munich (Allemagne). Ce site d’environ 5 000 collaborateurs, qui exploite l’une des plus importantes unités européennes de bioproduction, accueille également de très importantes capacités de la division diagnostic (plus de 60 % des salariés sont attachés à cette dernière). Et la plate-forme « est la seule au monde à associer aussi intimement des équipes de R&D pharma et diagnostic ». Cette stratégie d’évaluation simultanée et multiplexée d’évaluation des biomarqueurs et des molécules, qui découle de la proximité des équipes, s’avère payante. Elle permet en effet de prendre de la vitesse en développement clinique et de tuer dans l’œuf les projets voués à l’échec. Ces avantages évidents priment aujourd’hui sur les revenus – encore tout à fait embryonnaires – générés par ces tests-compagnons. Que rechignent parfois à utiliser les platesformes hospitalières engagées dans le traitement du cancer – et

utilisatrices des médicaments du suisse – parce qu’elles préfèrent développer leurs propres tests d’éligibilité aux traitements. Pour autant, les responsables de la R&D n’excluent pas de proposer leur savoir-faire à d’autres big pharmas dans la réalisation de tests-compagnons, à condition « que le médicament associé au test ne soit pas en concurrence directe avec les nôtres », nuance un dirigeant. Qui concède toutefois que la combinaison des activités diagnostique et pharma au sein du groupe offre des perspectives qui n’ont pas beaucoup d’équivalent sur le marché. Mais c’est donc avant tout aux tests chimiques de routine, ainsi qu’aux tests immunologiques (immunoassays) de dernière génération, que la plate-forme de Penzberg doit la robustesse de son activité. Une robustesse qu’accentueront les 200 M€ engagés par le groupe dans la construction d’une nouvelle unité de production diagnostique (50 emplois). Celle-ci devrait être opérationnelle en décembre 2014 et prendre aussi en charge de nouvelles fabrications, telles qu’un test diagnostique de la maladie d’Alzheimer en phase précoce qui devrait être associé à un nouvel anticorps, aujourd’hui en phase II (gantenerumab). Jean-Christophe Savattier à Penzberg

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En direct des usines

Guerbet soigne ses sites in Le spécialiste français des produits de contraste va investir cette année 20 M€ sur ses sites industriels d’Aulnay-sous-Bois (93), de Lanester (56) et de Marans (17). Une stratégie délibérée pour le groupe qui vient d’être autorisé à lancer son produit phare, le Dotarem, aux Etats-Unis.

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e spécialiste des produits de contraste pour l'imagerie médicale Guerbet va engager cette année 20 M€ sur ses trois sites français, dont 8,55 M€ à Aulnay-sous-Bois (93), 8,33 M€ à Lanester (56) et 3,28 M€ à Marans (17). « Ce programme va nous permettre de répondre à l’augmentation globale des volumes », souligne le directeur général Yves l’Epine, qui précise que les capacités de production du principe actif du Dotarem seront ainsi doublées sur le site de Marans (17). « Nous allons également augmenter la qualité de nos effluents. Cette montée en capacité comme en innovation nous permettra de servir l’ensemble du marché mondial », complète Dominique Meyer, directeur industriel chimie, qui rappelle que Guerbet détient 47 % de part sur le marché européen et vise le mar-

ché US où le nombre d’examens d’IRM est estimé à 10 millions. Près de 40 % de l’investissement sera dédié à cette augmentation capacitaire et 20 % à la mise en place d’une nouvelle station d’épuration, plus performante, afin d’améliorer la qualité du traitement des effluents. Sur ce site de chimie fine (100 salariés) où sont produits les principes actifs des deux produits phares du groupe, le Dotarem et le Lipiodol,

LANCEMENT DU DOTAREM AUX USA Le 21 mars, la FDA a autorisé le Dotarem, ce qui constitue une étape majeure pour Guerbet qui cherchait à renforcer la présence outre-Atlantique de son produit indiqué pour l’injection par voie intraveineuse dans le cadre d’IRM du cerveau, du rachis et de la moelle épinière chez les adultes et enfants à partir de 2 ans. Le groupe espère détenir 15 à 20 % de part de marché d’ici à cinq ans. « Dotarem – déjà leader en Europe avec 47 % de part de marché – est une nouvelle solution d’imagerie du système nerveux central pour les professionnels de santé aux Etats-Unis et enrichit notre portefeuille de produits en améliorant la prise en charge des patients en imagerie de diagnostic », souligne le dg Yves l’Epine. Plus de 37 millions de doses de Dotarem ont déjà été administrées à des patients dans plus de 70 pays : « 70 % de notre production est exportée », ajoute-t-il. La mise sur le marché du Dotarem aux USA représentera un surcoût de 10 M€ pour le groupe. Des demandes d’études supplémentaires sont en cours pour autoriser le Dotarem dans une indication de 0 à 23 mois.

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les travaux porteront également sur l’amélioration de la sécurité et du respect de l’environnement, pour 40 % du programme. Sur le site de production chimique de Lanester (220 salariés), dédié à la gamme de produits rayons X, le Telebrix, l’Hexabrix et le Xenetix, le programme d’investissement – à hauteur de 8,3 M€ – visera « l’amélioration de la qualité, de la productivité et du respect de l’environnement », résume Dominique Meyer. Faisant suite à un précédent investissement portant sur l’innovation en R&D, de nouveaux procédés offrant des solutions innovantes et plus écologiques, moins consommatrices de matière, seront mises en place. Dans ce cadre, un évapo-concentrateur est en cours de mise en service ainsi que d’autres moyens de recyclage. De nouveaux équipements viendront également renforcer la sécurité des process et


dustriels

la compétitivité de la fabrication du principe actif du Xenetix utilisé pour l’imagerie scanner aux rayons X, dont plusieurs centaines

de tonnes sortent du site chaque année. A Aulnay-sous-Bois (220 salariés), le programme permettra de finaliser la nouvelle unité de remplissage stérile qui doublera les capacités de production – soit 20 mil- lions de flacons par an – avec deux lignes (cf. notre édition magazine de janvier 2013). Les premiè-res productions commerciales de la ligne flacons démarreront fin 2013 et la ligne dédiée aux poches, début 2014. « 5,7 M€ sont affectés à la finalisation de ce nouveau bâtiment, 1,8 M€ en investissement de production, 300

000 € pour l’amélioration de la qualité et 750 000 € pour l’optimisation du système de sécurité des bâtiments », relève Henri-François Grégy, directeur industriel pharmacie du groupe. Pour la partie production, des convoyeurs de sortie de palettes, des équipements spécifiques de conditionnement vont être déployés ainsi qu’une nouvelle cuve de fabrication. A l’issue de ces différents programmes, 43 M€ auront été investis sur le site jugé stratégique d’Aulnay. Élise Pierre

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En direct des usines

Le biopôle de Gerland accroît Gerland, au cœur de l’agglomération lyonnaise, accueille une collection impressionnante de projets qui vont contribuer à renforcer la visibilité du pôle de compétitivité mondial Lyonbiopôle. Revue d’effectifs…

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e biopôle de Gerland, fer de lance de Lyonbiopôle, le pôle de compétitivité mondial axé sur les biotechnologies, est en passe de rivaliser avec ses grands concurrents internationaux qu’ils soient… bostoniens ou singapouriens. Et le fait savoir… En marge de l’édition 2013 de Biovision, devenue en moins de quinze ans l’une des grand-messes des biotechnologies mondiales, le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb et Philippe Archinard, directeur général de Transgene et président de Lyonbiopôle, ont listé

Philippe Archinard, directeur général de Transgene

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l’impressionnante série d’initiatives et d’investissements qui vont, dans les mois et années à venir, renforcer ce site d’une centaine d’hectares qui accueille déjà près de 5 000 emplois dans la santé et les sciences de la vie. Olivier Charmeil, le pdg de Sanofi Pasteur – la big pharma et sa filiale vaccins emploient près de 6 700 collaborateurs dans l’agglomération lyonnaise –, et Philippe Archinard ont révélé que Transgene – filiale à 55 % de l’Institut Mérieux – allait confier à l’usine lyonnaise de Genzyme Polyclonals la production de lots cliniques et commerciaux pour des principes actifs de ses produits d’immunothérapie dont certains devraient recevoir une AMM dès 2016. « L’investissement de 10 M€ sera cofinancé par les deux partenaires », explique Philippe Archinard qui précise que le deal « permet de limiter le risque industriel lié à ces projets de développement ». Si Transgene s’était doté de capacités équivalentes, « l’investissement se serait probablement élevé à 40 M€ », savoure avec un brin de soulagement le dg de Transgene. Autre illustration de cette attractivité montante, le projet de construction à Gerland d’une nouvelle plate-forme de manufacturing des laboratoires Aguettant, spécialiste bien connu à Lyon de la micro-

nutrition parentérale et des injectables pour les produits anesthésiants. La première pierre a été posée début juillet sur une emprise adjacente à l’usine actuelle (lire cidessous). Les promoteurs du biopôle de Gerland, dont l’objectif final est de hisser la métropole rhônalpine et son bras armé biotech dans « le top 10 mondial des technopoles santé », n’ont pas manqué de rappeler que cette zone allait accueillir en 2013 les 6 500 m2 d’Accinov, une plate-forme de bio-manufacturing GMP et de bio-analyse (19 M€ d’investissement), qui ne devrait pas manquer d’utilisateurs, compte tenu de la densité d’entreprises biotechnologiques locales. Ce « lab hotel », doté de trois unités de fabrication et de deux laboratoires en salles propres (classe Iso 8), donnera aux biopharms la possibilité d’exploiter des capacités de biomanufacturing pour leurs différents développements cliniques et précliniques. Surtout, Alain Mérieux, fondateur de bioMérieux et conseiller du maire de Lyon sur les sujets relatifs aux sciences de la vie, a indiqué que la première tranche de l’Institut de Recherche technologique (IRT) Bioaster sera probablement réceptionnée en 2014. Cette unité, qui bénéficie de concours prévus au titre des Investissements d’Ave-


son attractivité

nir, va se consacrer à l’amélioration de l’efficacité des traitements antimicrobiens. Fruit de multiples partenariats publics-privés, l’IRTBioaster devrait se déployer à terme sur environ 35 000 m2. D’ores et déjà, l’équipe de direction se met en place. Une petite trentaine de collaborateurs sont à pied d’œuvre et 18 nouveaux postes de chercheurs et de techniciens ont été ouverts. Last but not least, André Syrota, le pdg de l’Inserm et président d’Aviesan, a rappelé pour sa part que 10 M€ – dont 6 M€ au titre des Investissements d’Avenir – allaient être engagés dans l’extension du fameux laboratoire P4 Jean Mérieux qui se consacre depuis 2000 à l’étude des virus. Ces nouvelles ressources vont être consacrées, dans le cadre du projet HIDDEN (Highly Infectious Diseases

Dedicated infrastructure Extension), à l’étude de l’émergence et à la réémergence de micro-organismes hautement pathogènes (Nipah, H5N1, tuberculoses multirésistantes). Les phases de qualification de cette extension devraient

Le QG de Lyonbiopôle à Gerland.

débuter à la fin de l’année. Elle va tout simplement doter l’agglomération lyonnaise de l’une des plus grandes infrastructures à ce niveau de sécurité en Europe... Jean-Christophe Savattier

AGUETTANT A FAIT DE GERLAND SON JARDIN L’un des fleurons de la pharma belt lyonnaise, le laboratoire Aguettant, spécialisé dans la fabrication d’injectables et de solutions de nutrition parentérale destinés à l’hôpital, a posé en juillet dernier la première pierre de sa nouvelle usine de Gerland 2. « Ce site de 8 800 m2 dont 5 800 m2 de surface de production, construit sur l’emprise d’une ancienne plate-forme logistique de l’ancienne usine qui sera délaissée par l’entreprise, sera opérationnel au cours de l’année 2015 », nous indique Eric Rougemond, le président du directoire d’Aguettant (92 M€ de CA sur le dernier exercice clos le 31 mars 2013). « Il devrait nous permettre d’accroître notre capacité de production – qui atteindra 200 000 unités/jour – mais surtout d’accroître notre flexibilité et de nous préparer à solliciter l’agrément de la FDA », poursuit le dirigeant. Aguettant réalise déjà 25 % de sa facturation à l’international et mise beaucoup sur le marché US mais aussi sur la Russie, la Chine et l’Asie du Sud-Est pour améliorer ses positions à l’export. L’enjeu est à la hauteur des ressources qui ont été engagées dans ce programme qui va également se traduire par le transfert de certaines lignes de produits, notamment les poches de perfusion, vers une seconde unité industrielle du groupe implantée à Champagne (07) et qui emploie 94 salariés ; le site de Gerland va requérir un investissement de 22 M€ sans impact notable à court terme puisque les effectifs se stabiliseront autour des 200 salariés, soit le volant actuel.

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En direct des usines

Pithiviers pilier de la chimie Avec près de 300 salariés répartis entre les usines d’Orgapharm, Isochem et 3M Santé, le pôle de chimie fine de Pithiviers constitue l’une des plus importantes platesformes françaises. Des investissements sont annoncés.

L

a plate-forme industrielle de chimie fine de Pithiviers (45), au sud de Paris, qui regroupe trois usines de production d’ingrédients et de principes actifs (Orgapharm, Isochem et 3M Santé), n’a probablement pas d’équivalent en France, si l’on excepte les installations de Mourenx (64). « Nous ne sommes pas ici dans des logiques de fabrication de gros volumes, mais plutôt dans le façonnage sur mesure utilisant des procédés complexes ou critiques telle que l’hydrogé-

L’unité de traitement de déchets liquides d’Isochem à Pithiviers (45)

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nation sous haute pression », indique David Simonnet, le président du groupe Axyntis qui possède sur place Orgapharm, une unité d’environ 90 salariés (19M€ de CA). Ce site agréé par la FDA depuis 1986 s’appuie sur un volume réactionnel de 90 m3 (soit 30 réacteurs de 800 à 6 000 litres) et utilise une « chimie très variée, notamment l’isomérisation, la chlorhydratation, la lithiation et l’hydrogénation », poursuit-il. Son usine, qui fabrique une cinquantaine de produits impliquant 160 stades isolés, est dotée de deux ateliers multi-produits ainsi que d’un atelier pilote employé à la préparation du passage à l’échelon industriel et à la fabrication de lots cliniques. Si les fabrications d’Orgapharm restent relativement diversifiées, les API pharmaceutiques et les ingrédients à destination des industriels de la cosmétique – le segment, de loin, le plus dynamique – représentent plus de 50 % de la production en valeur. Des projets vont étoffer ces capacités. David Simonnet nous a confirmé qu’il s’apprêtait à investir 1 M€ à Pithiviers dans le transfert des capacités de chromatographie liquide haute performance de la société Kyralia, aujourd’hui installées sur le site Sanofi de Romainville (93). Entrés dans le groupe suite à la

cessation des activités de Kyralia, ces équipements « vont nous permettre de concurrencer Novasep», se flatte le président d’Axyntis. Cette nouvelle activité de purification devrait être opérationnelle en novembre 2013 et susciter la création de quelques emplois. Second pilier du pôle chimique de Pithiviers, l’usine du groupe Isochem (106 salariés), une expépite de la SNPE rachetée par le fonds d’investissement allemand Aurelius, parvient à conserver la cadence – l’usine fonctionne en continu 24/24 et 7 jours sur 7 – « sans, pour autant, envisager à moyen terme de nouveaux investissements de capacité », nous explique Eric Pelsherbe, son directeur. Le site, qui travaille en valeur à plus de 50 % pour la pharma, exploite également tout le spectre des réactions chimiques et notamment une unité d’hydrogénation qui peut supporter des pressions jusqu’à 40 bars. « Nous sommes également très engagés sur le front de l’environnement », rappelle la direction d’Isochem qui s’est dotée à Pithiviers d’une unité de traitement des déchets liquides. Le site 3M Santé (environ 80 salariés) est la dernière pièce du pôle chimique de Pithiviers… mais sans doute la plus fragile. Cette


fine française unité « a le statut de centre d’expertise mondial du groupe 3M pour la chimie fine », indique d’emblée son directeur Jérôme Tournayre. Elle exporte plus de la moitié de sa production grâce aux différents agréments obtenus. Pour autant, la situation du site reste inconfortable. Il ne s’est pas totalement remis de l’arrêt de la fabrication de médicaments qui, en 2009, avait conduit le groupe américain à supprimer plus de 110 postes à Pithiviers. Depuis cette restructuration, les 2 500 m² de surface de produc-

tion et les 2 500 m² de salles blanches n’ont pas trouvé preneurs. « Nous sommes toujours en quête de candidats », nous confie un membre de l’encadrement de l’usine, qui précise qu’en attendant, il est possible « de relancer des activités de façonnage ». L’usine réalise d’ores et déjà des travaux de formulation à façon de lots cliniques de médicaments pour des unités britanniques de recherche 3M. Mais elle pourrait pâtir de la dénonciation par Meda, qui avait repris le portefeuille de médicaments fabri-

qués dans le Loiret, du contrat de sous-traitance qui les lie. Des négociations sont en cours pour tenter de faire revenir Meda sur ses intentions initiales avec, pour date butoir, le 1er janvier 2015.

Jean-Christophe Debard (Orgapharm).

JCS

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En direct des usines

Axyntis sauvera-t-il Calaire Chimie ? David Simonnet, fondateur du groupe Axyntis, a proposé de reprendre 70 des 197 salariés de Calaire Chimie à Calais. On le saura peut-être après notre bouclage, le 5 septembre, date où le tribunal de commerce doit rendre son verdict.

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C’

est le feuilleton de l’été ! Le 22 août dernier – après un premier report le 25 juillet –, le tribunal de commerce de Boulogne repoussait au 5 septembre – c’est-à-dire quelques jours après le bouclage de cette édition – la décision relative à la poursuite de l’activité de Calaire Chimie, une unité calaisienne de chimie fine spécialisée dans les API de 197 salariés, qui avait été placée en redressement judiciaire le 28 mai, moins de six mois après avoir été cédée par le belge Tessenderlo au groupe allemand Icig. Depuis le mois de mai, les candidats repreneurs s’agitent. David Simonnet, président du groupe de chimie fine Axyntis, qui exploite une importante usine à Pithiviers au sein d’un pôle chimique auquel nous consacrons un reportage dans les pages qui précèdent, n’a pas tardé à faire preuve de son intérêt. Ce chantre de la réindustrialisation du territoire français – ci-contre et qui fait la Une de notre magazine –, fort de sa présence dans la région (l’une des usines du groupe, Synthexim, est également implantée à Calais), a déposé une proposition de reprise des contrats de travail de 70 salariés avec rachat des actifs pour un prix – très – symbolique de 5 €. Cette éventuelle

reprise à la « casse » serait justifiée par la situation financière très dégradée de l’entreprise. Le CA de cette dernière se serait effondré aux alentours de 12 M€ et les pertes mensuelles s’élèveraient à quelque 1 M€. D’ailleurs, beaucoup des repreneurs de la première heure – une petite dizaine – ont jeté l’éponge. Pour autant, David Simonnet, dont l’offre était jugée « peu recevable» par le tribunal, aura fort à faire pour

emporter la mise. Même si – au grand dam des juges, des administrateurs… et des salariés – les rares offres restant en lice ne se distinguent ni par leur précision ni par un mieux disant-social ! Une fantomatique proposition faite par un groupe indien serait aujourd’hui dans les limbes et la tentative poussive de constitution d’une coopérative ouvrière prônée par des salariés – défendus par l’avocat rémois Me Philippe Brun, qui est intervenu dans le dossier de la liquidation de SeaFrance – ne semblait pas, à la fin août, en position forte. Le dossier du sauvetage de Calaire Chimie a pris une tournure franchement politique : les syndicats réclament en effet de l’Etat, qui vient de réaliser une plus-value de 192 M€ en cédant les parts qu’il possédait dans Tessenderlo, le renflouement de l’entreprise pour la poursuite de l’exploitation ! L’imbroglio se déploie aussi sur le terrain juridique : le groupe Icig, qui exploite les sociétés PPC et Synkem en France, tente de faire annuler la vente par Tessenderlo considérant qu’il a été floué lors de cette acquisition. JCS


Stallergenes doublerait Amilly Le spécialiste français de l’immunothérapie Stallergenes, qui produit à Amilly (45) près de 50 % des pollens qu’il utilise, envisage de doubler la capacité de l’unité.

C

e n’est encore qu’une hypothèse dont la réalisation dépendra du feu vert de la FDA à la commercialisation de l’Oralair, le traitement des allergies respiratoires saisonnière du français Stallergenes. Pour autant, la direction du laboratoire spécialiste de l’immunothérapie allergénique (240 M€ de CA, un bon millier de salariés dont les trois quarts en France) nous indique que ce dernier pourrait doubler la capacité de son unité d’Amilly, près de Montargis (45). Celle-ci, qui compte une trentaine de salariés, fournit la moitié des pollens de graminées entrant dans la composition du comprimé autorisé aujourd’hui dans une

vingtaine de pays, dont la France. Les principes actifs sont transformés à Antony (92) où se situent le siège et d’importantes capacités de fabrication, avant d’être confiées à des façonniers (Cenexi et Delpharm). Si le groupe n’entend pas accroître la taille (100 ha) des champs du Montargois exploités par des agriculteurs partenaires, il

devrait accroître les capacités de séchage et de lyophilisation du site. La plate-forme d’Amilly pourrait, par ailleurs, accueillir la « ferme » de production d’acariens (une tonne par an), hébergée aujourd’hui à Antony et qui constitue déjà la plus importante capacité mondiale dans ce domaine. JCS

Noveal Pharma en quête d’argent frais À

L’ex-usine Biophelia de Monts, près de Tours (37), est sur la voie du redressement. Mais il faut que la maison-mère trouve de nouveaux investisseurs.

Monts, près de Tours (37), le façonnier Noveal Pharma tente de faire de l’ex-usine Biophelia, rachetée en avril 2010 à la barre du tribunal de commerce de Tours, une unité de fabrication « ultra-réactive », selon son pdg Christophe Lachaux. Malheureusement, la crise a contraint Noveal (environ 11 M€ de CA) a déposé le bilan en juillet 2011. Un événement qui a obligé le laboratoire à accélérer sa mue. « Nous avons transféré vers Monts

toutes nos activités de production de compléments alimentaires formes sèches (comprimés, gélules et sticks), ainsi que notre laboratoire de R&D », explique Christophe Lachaux. Le site de Valanjou, près d’Angers (49), berceau de l’entreprise, a été dédié aux formes liquides. Monts emploie désormais 60 salariés contre 30 en Anjou. « Ces restructurations commencent à payer », affirme Christophe Lachaux. Le tribunal de commerce d’Angers a

d’ailleurs été sensible à ces progrès en autorisant le plan de continuation des deux filiales Noveal Pharma et Noveal Industrie en décembre dernier : une bonne nouvelle assombrie par la décision prise par les mêmes juges, au mois de mai suivant, de liquider le holding de tête Noveal-Finov. Christophe Lachaux travaillait « à une solution de reprise via l’arrivée de nouveaux investisseurs » à l’heure où nous écriJCS vons ces lignes. Actulabo - Septembre 2013 33


Biopharms

Bernard Gilly vise les investisseurs Le fondateur de Fovea préside deux biopharms à très fort potentiel positionnées sur l’ophtalmologie. Il mène de front d’importantes levées de fonds.

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uel récidiviste ! Bernard Gilly, ex-dirigeant de Transgène et co-fondateur de Fovea, biopharm vedette des marchés de l’ophtalmologie revendue en 2009 à Sanofi pour 370 M€, s’attache une nouvelle fois avec le Pr. José Alain Sahel, son complice de l’Institut de la Vision, à faire reculer les pathologies de la rétine. Aux commandes de Pixium Vision, une start-up développant un implant rétinien connecté à une minicaméra qui permet aux patients atteints de rétinite pigmentaire de recouvrer partiellement la vue, il s’apprêtait, à l’heure où nous écrivons ces lignes, à lever près de

10M€. Cette opération – à laquelle devaient très probablement participer les fonds Ommes Capital et Abingworth LLP, les partenaires historiques de la société – va lui permettre de réaliser les essais finaux de sécurité et d’efficacité de ce dispositif médical, des essais indispensables à l’obtention du marquage CE. Une commercialisation en routine n’est pas envisagée avant 2015. Le temps est pourtant compté puisqu’un compétiteur chevronné sur ce marché, la biopharm californienne Second Sight, a déjà obtenu ce fameux marquage CE et la reconnaissance de la FDA pour sa solution de prothèse rétinienne Argus II. « C’est, en effet, une très bonne solution, mais nous sommes passés avec la technologie portée et défendue par Pixium Vision à la seconde génération pour ce type d’applications » défend Bernard Gilly. Une génération beaucoup plus efficace en matière de restitution des images et calée sur le fonctionnement du cerveau « qui, lorsqu’il voit, ne le fait pas en 24 images à la seconde, mais perçoit les modifications d’un champ visuel fixe ». Les enjeux économiques ne sont pas anodins. Selon Bernard Gilly, le nombre de patients éligibles aux Etats-Unis et en Europe à ce type d’applications s’élèverait à plus ou moins 100 000 pour un coût d’ap-

pareillage per capita qui devrait flirter avec les 100 000 $. Ce serial entrepreneur ne se limite pas aux seules perspectives, déjà impressionnantes, de Pixium Vision. Bernard Gilly est également le CEO de GenSight Biologics, spécialisée dans la thérapie génique en ophtalmologie. Le modèle technologique et économique est, dans ce cas, très différent puisqu’il s’apparente – au moins pour les premiers traitements à l’étude – à celui des maladies rares ou orphelines. La société, qui a opéré une levée de fonds record de... 32 M€ (Novartis Ventures, Abingworth, Versant Ventures, Index Ventures), entend ainsi mener un essai de phase I/II en novembre 2013 d’un traitement par thérapie génique de la terrible neuropathie optique de Leber qui frappe certains enfants et adolescents (27 000 cas recensés). « Il y a un véritable engouement scientifique et thérapeutique sur le segment de l’ophtalmologie, qui découle des progrès réalisés dans la connaissance du système nerveux central », estime Bernard Gilly. GensSight Biologics poursuit également d’autres développements dans le domaine de la rétinite pigmentaire, qui ont fait l’objet d’accords exclusifs de licence avec le suisse Novartis. Jean-Christophe Savattier


Hémarina, le sang de la mer S’appuyant sur les caractéristiques d’un ver marin, la biotech Hémarina, de Morlaix (29), développe des transporteurs d’oxygène universels. Ce substitut à l’hémoglobine intéresse les laboratoires pharmaceutiques, les hôpitaux et… l’armée américaine.

Franck Zal, formateur d’Hémarina

L

orsque le biologiste Franck Zal a débuté ses recherches fondamentales sur les vers marins, il était loin d’imaginer que ses travaux intéresseraient un jour l’industrie pharmaceutique : « Lors d’une présentation de ma thèse, les scientifiques présents se sont montrés très intéressés par cette molécule extracellulaire qui s’est révélée un substitut sanguin universel ». Après un premier brevet déposé alors qu’il appartenait au CNRS pour une technologie « reposant sur une hémoglobine naturellement extracellulaire, fonctionnant sur une large plage de température (4 à 37 °C) et ne nécessitant aucun cofacteur », le chercheur fonde en 2007 la biotech Hémarina et l’installe à Morlaix (29). L’année suivante, la start-up bretonne réalise sa première levée de

fonds, 1 M€, auprès d’investisseurs locaux. « Grâce à cet apport d’argent frais, nous avons pu développer notre solution de préservation d’organe », explique

Franck Zal. Baptisée Hemo2Life, elle permet de préserver les organes et les tissus en attente de greffe grâce à une meilleure oxygénation du greffon. Le champ des applications est immense : le nombre annuel de transplantations avoisine les 5 000 en France, les 30 000 aux Etats-Unis. Après des tests précliniques concluants, Hémarina (25 salariés) va débuter l’industrialisation d’Hemo2Life, grâce à une nouvelle levée de fonds de 6,3 M€. «Nous lancerons ce premier produit sur le marché en fin d’année», prévient Franck Zal qui souligne que « les propriétés de notre technologie permettent d’envisager de nombreuses autres applications thérapeutiques ». Parmi elles, le pansement oxygénant Hemo2Ling, une solution visant à soigner des plaies chroniques. «Ce pansement apporte l’oxygène de manière ciblée en continu, ce qui

évite le recours à des moyens lourds comme le caisson hyperbare », détaille Franck Zal. En France, plus de 350 000 plaies chroniques sont en attente d’un traitement efficace chaque année… « Si nous cherchons des partenaires pour Hemo2Ling, nous travaillons déjà avec l’armée américaine pour développer notre transporteur d’oxygène universel Hemoxycarrier », ajoute Franck Zal. Grâce à l’activité antioxydante de la molécule, les dommages neurologiques sont réduits dans la phase post-traumatique d’un choc, qu’il soit ou non hémorragique. « L’une des applications principales en médecine de guerre est la lutte contre les pathologies d’anémie aiguë ou les syndromes hémorragiques lors de chocs traumatiques », ajoute le fondateur d’Hémarina. Enfin, l’activateur de croissance cellulaire Hemoxcell peut être utilisé pour la production de protéines recombinantes. « Cette solution permet d’augmenter la vitesse de croissance des cellules en culture », explique le biologiste. Afin de pouvoir disposer à proximité de capacités de production de vers marins, il vient d’acquérir la Ferme marine de Noirmoutier, spécialisée aujourd’hui dans l’élevage… de turbots. Élise Pierre

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Biopharms

Les antibios naturels d’Eydo Pharma Après une levée de fonds auprès de Sofimac Partners, la biotech Eydo Pharma, à Romorantin (41), démarre les essais précliniques d’un traitement des infections microbiennes à base d’huiles essentielles.

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uite à l’entrée au capital de Sofimac Partners en début d’année, Aroma Technologie a été rebaptisée Eydo Pharma. Ce changement d’appellation se voulait symbolique. Nous quittons le monde de la R&D pour nous adresser pleinement au monde pharmaceutique. C’est un moment important puisque nous allons débuter la phase d’études précliniques de notre anti-infectieux candidat », explique Daniel Henry, CEO de la biotech fondée en 2004 à Romorantin-Lanthenay par l’experte en

phytothérapie Elisabeth Rossines. Spécialisé dans l’élaboration de composants nutritionnels et thérapeutiques à base d’huiles essentielles, le laboratoire a développé un processus de sélection unique de composés naturels dont les combinaisons synergiques offrent un spectre antibactérien très large, capable – excusez du peu – d’égaler les antibiotiques ! « Composé de trois huiles essentielles, notre candidat médicament sera disponible par voie orale ou parentérale, grâce à une technique verte de nano-encapsulage que nous avons développée en 2009 », ajoute Daniel Henry, qui attend beaucoup de l’entrée en phase préclinique qui devait débuter durant l’été 2013. « Grâce à une levée de fonds de 1 M€ auprès de Sofimac Partners, nous aurons les moyens, à l’issue des tests précliniques, a priori au début de l’année 2014, de débuter la phase I d’essais cliniques ce qui permet d’espérer, si les différentes étapes sont franchies avec succès, une mise sur le marché à l’horizon 2020 », ajoute le CEO. Lancé en 2004, le process de développement, mené en partenariat avec le CHU et l’Inserm d’Angers, a permis de glisser progressivement de la phytothérapie vers l’univers très normé de l’industrie pharmaceutique. Le composé d’Eydo Pharma

(AT100) révèle de multiples vertus et pourrait se montrer efficace dans une large palette d’applications. « Il offre notamment un spectre anti-bactérien inégalé et une efficacité durable contre les souches multi-résistantes de bactéries, au niveau des meilleurs antibiotiques. Il touche tous les styles d’infections (pulmonaire, urinaire, intestinale, ORL…) chez tout type de population », détaille Daniel Henry. Le composé a également démontré une efficacité de 100 % contre les biofilms bactériens du S.aureus et P.multocida. Autant d’atouts qui ouvrent un large champ d’opportunités thérapeutiques et laissent même espérer des utilisations hors du strict cadre thérapeutique. « La vente de nos ingrédients peut bénéficier à l’industrie des sciences de la vie dans plusieurs domaines : la nutrition animale, l’hygiène intime et il peut aussi agir comme un conservateur naturel pour les industries pharmaceutique et cosmétique… », se réjouit Daniel Henry. La société, qui compte actuellement 17 salariés, espère débuter en 2015 la vente de licences pour l’industrie pharmaceutique (humaine et animale) et en 2018 produire et distribuer des ingrédients élaborés par sa filiale Eydo Pharma R&D. Élise Pierre


TRANSGENE MULTIPLIE LES OPÉRATIONS Le strasbourgeois Transgene, qui développe des produits d'immunothérapie contre les cancers et les maladies infectieuses, a acquis les activités d’immunoessais du parisien Indicia Biotechnology, via Platine Pharma Services dont il détient une partie du capital. Parmi les activités reprises, la plate-forme Immunoline de prédiction de l’immunogénicité d’une molécule ainsi que des immunoessais en développement. Transgene a également participé à hauteur de 2,5 M$ à l’augmentation de capital de 21,6 M$ réalisée par l’américain Jennerex, dont il détient 10 %. Ces concours vont notamment permettre à la biopharm californienne de financer les études cliniques (phases I et II) de Pexa-Vec, un produit d’immunothérapie oncolytique potentiellement indiqué dans le traitement de plusieurs cancers.

VITAMFERO CHERCHE À LEVER 5 M€ Spécialisé dans le développement de vaccins vétérinaires vivants atténués, le tourangeau VitamFero souhaite lever entre 4 et 5 M€. Cette opération, qui devrait être bouclée à l’automne, donnera lieu à l’entrée au capital de nouveaux investisseurs aux côtés de Cap Décisif, l’actionnaire de référence. Ces nouveaux concours vont permettre à la biotech de financer le développement de vaccins candidats (notamment le VFOne-273 et le VFOct-291), destinés à prévenir différentes parasitoses animales. BPIFRANCE APPORTERA 6 M€ À CELLPROTHERA La biopharm mulhousienne CellProthera, spécialisée dans la thérapie régénérative cardiaque, franchit une importante étape dans son développement. Bpifrance vient ainsi d’accorder

6 M€ à CardioStem, le consortium regroupant, outre CellProthera, les sociétés Technoflex, Bertin Technologies, Streb & Weil, E3 Cortex et l’Institut de Recherche en Hématologie et Transplantation de Mulhouse.

Ces concours vont permettre d’entamer l’industrialisation du concept thérapeutique de la biopharm. IPSEN SE RENFORCE DANS LES TOXINES BOTULIQUES Ipsen a signé début juillet deux accords de collaboration pour l’utilisation des toxines botuliques dans des indications neurologiques. Il a acquis, pour un total de 160 M€, le britannique Syntaxin, spécialisé dans l’ingé-

nierie des toxines botuliques, dont Ipsen détenait déjà quelque 10 % du capital. Parallèlement, la pharma française a signé un accord de collaboration avec la Harvard Medical School afin de développer de nouvelles toxines botuliques recombinantes destinées au traitement de maladies neurologiques graves. SKULDTECH CHERCHE DES CAPITAUX Spécialisé dans le développement de diagnostics compagnons et l’identification de marqueurs, le montpelliérain Skuldtech entend lever près de 3 M€ sur les deux prochaines années. Une première tranche, qui permettra l’entrée au capital de nouveaux investisseurs et qui sera comprise entre 0,5 et 1 M€, pourrait être conclue avant la fin de l’année. Ces concours financeront l’avancement de plusieurs projets du pipe, notamment celui relatif à un test-compagnon dans le cancer du pancréas, développé avec AB Sciences. CROSSJECT LÈVE 4,6 M€ POUR ZENEO… Le dijonnais Crossject (CA de 650 000 € en 2011) a levé 4,6 M€ auprès de ses actionnaires de référence et de nouveaux investisseurs : A Plus Finance et Sofimac Partners. Cette augmentation de capital permettra à Crossject de financer les dernières études de bioéquivalence de son produit Zeneo. Celui-ci permet d’injecter une solution médicamenteuse à travers la peau sans avoir recours à une aiguille traditionnelle, à l’aide d’un dispositif pré-rempli. … ET PATHOQUEST 3,8 M€ Le parisien PathoQuest, spécialisé dans le développement de solutions innovantes pour le diagnostic de maladies infec-

tieuses, réalise un 2 e tour de financement de 3,8 M€ mené par deux nouveaux investisseurs, Idinvest Partners et Aurinvest Capital 3, ainsi que par l’actionnaire de référence, Kurma Biofund. Deux ans après un premier tour de 2 M€ , cet apport d’argent frais va permettre de conduire la première étude clinique d’un test diagnostic de maladies infectieuses par séquençage haut débit. THERAVECTYS OBTIENT UN FINANCEMENT BPIFRANCE La biotech française Theravectys, qui développe une nouvelle génération de vaccins, a reçu un financement de 1,2 M € de Bpifrance sous la forme d’avance remboursable dans le cadre d’un programme d’aide à l’innovation (ADI). Ce soutien contribuera au financement de la phase I/II de son essai clinique de vaccination thérapeutique anti-HIV actuellement en cours.

UN NOUVEAU FONDS DÉDIÉ AUX MALADIES RARES VOIT LE JOUR KLS Partners, GSK, Bpifrance, Idinvest Partners et New Enterprise Associates s’associent dans le lancement de Kurma Biofund II, un fonds de capital risque dédié à l’innovation, décidé à s’exposer significativement dans le domaine des maladies rares. Les responsables de ce fonds annoncent avoir déjà bouclé un premier closing de 44 M€. Il s’agit d’une première étape puisque l’objectif final est de doter le fonds de 75 M€.

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Conditionnement

Nypro conquiert les big pharmas Le spécialiste du conditionnement Nypro France monte en volume sur son site de Fontenaysur-Eure, près de Chartres (28). La production d’inhalateurs pour Novartis et AstraZeneca va nécessiter d’importants recrutements.

À

l’issue d’un vaste plan d’industrialisation initié en 2008, le spécialiste du conditionnement pharmaceutique Nypro France a débuté en avril sur son site de Fontenay-sur-Eure, près de Chartres (28), la production d’inhalateurs pour Novartis, sur lequel il fonde de gros espoirs. « Cet inhalateur permet de traiter les bronchites chroniques, en particulier celles dont sont atteints les gros fumeurs », dévoile le directeur général Thierry Picquart. Afin d’accompagner la montée en cadence, la surface de l’usine a été doublée, depuis cinq ans, de 5 000 à 10 000m2 et les salles propres se sont étendues de 1 000 à 2 700 m2 pour un investissement de près de 4 M€. « Nous produisons 50 000 inhalateurs par jour avec deux équipes en 2x8 et nous allons atteindre 75 000 unités/ jour en 3x8 », précise Thierry Picquart, qui ajoute que Nypro France

NYPRO ET JABIL UNIS DANS LES DEVICES L’américain Nypro (1,2 Md€ de CA, 12 000 salariés), racheté au mois de février par son compatriote Jabil Circuit (17 Md€ de CA, 140 000 salariés), va pouvoir progressivement apporter de la valeur ajoutée à ses dispositifs d’administration grâce à son nouvel actionnaire, spécialiste mondialement reconnu de l’électronique. « Il y a de plus en plus de composants électroniques dans les devices, nous allons pouvoir proposer des conditionnements intégrant les nouvelles technologies, notamment électroniques, et combiner les supply chain pour faire du co-emballage », précise Thierry Picquart.

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Ligne d’assemblage des inhalateurs Nypro.

produira également des inhalateurs pour AstraZeneca : « Nous avons réalisé les phases pilotes et serons opérationnels en novembre 2013 ». Le démarrage de ces productions a nécessité le recrutement de 40 salariés auxquels s’ajouteront 30 autres d’ici à juin 2014. Automaticiens, conducteurs de ligne, contrôleurs qualité… « L’objectif est de passer de 115 salariés aujourd’hui à 250 dans les cinq ans », complète le responsable de l’unité fontenaisienne. Parallèlement, Nypro France produit depuis juillet 2012 un styloinjecteur pour Sanofi, marché attribué en mai 2011. « Nous réalisons la partie injection et les décors des composants et nous pourrons bientôt proposer l’as-

semblage total ». Cette montée en volume comme en technologie devrait nécessiter rapidement une extension supplémentaire sur 5 000 m2 de l’usine, qui héberge également une activité de conditionnement cosmétique (bouchons) pour l’usine blésoise de Procter&Gamble. « D’ici à novembre 2014, les deux salles propres seront saturées », estime Thierry Picquart, qui pense en créer une supplémentaire afin d’accueillir de nouveaux clients et projets. Dans les trois ans, le site eurélien devrait faire un « énorme bond en avant » ajoute le directeur qui souhaite augmenter le CA de l’usine de 11 à 30 M€ et vise les 50 M€ à l’horizon 2016. Élise Pierre


Pharmapack ne connaît pas la crise Avec toujours plus d’exposants (+ 16 %) et de visiteurs (+ 9 %), Pharmapack – dont la dernière édition s’est tenue les 13 et 14 février derniers à la Grande Halle de la Villette – a confirmé qu’il était bien le rendez-vous indispensable des professionnels du conditionnement des produits de santé.

U

n nombre d’exposants en hausse de 16 %, dépassant les prévisions les plus optimistes (305 alors que les organisateurs tablaient plutôt sur 290), un nombre de visiteurs lui aussi en croissance sensible (+ 9 %), la 12e édition de Pharmapack Europe, le salon du conditionnement pharmaceutique et des systèmes d’administration des médicaments de Paris-La Villette (13 et 14 février) a été un véritable succès. La majorité des exposants étaient étrangers (près de 60 %), avec des origines très diverses (27 pays,

dont l’Inde, la Finlande et la Tunisie qui ont participé au salon pour la première fois). Quant aux visiteurs, ils sont venus de 63 pays différents. « Pharmapack permet de rencontrer le « Who’s Who » de l’industrie pharmaceutique dans une très bonne ambiance », se réjouit ainsi Petra Maria Conze, de Faubel & C. Nachfolger GmbH, qui ajoute que « depuis notre première participation en 2008, Pharmapack est devenu notre plus important salon en Europe pour présenter nos innovations et rencontrer de nouveaux

NOVO NORDISK SÉCURISE LES JEUNES DIABÉTIQUES Les Pharmapack Adwards 2013 ont décerné un de leurs trois prix, celui de la catégorie « Observance », au danois Novo Nordisk et à son nouveau stylo injecteur d’insuline NovoPen Echo®, destiné plus particulièrement aux enfants et aux adolescents diabétiques. Doté d’un système électronique, d’un logiciel et de deux piles non remplaçables, NovoPen Echo® permet d’injecter des doses de 0,5 à 30 unités par paliers de demi-unités. Sa fonction mémoire affiche quand et combien d’unités d'insuline ont été délivrées, ce qui apporte une tranquillité d’esprit au jeune patient ou à ses parents dans les moments où règne l’incertitude sur l’heure de la dernière injection. Novo Nordisk a aussi voulu personnaliser l'apparence du stylo avec une variété de stickers pour aider les patients à rendre l'expérience plus ludique.

clients potentiels ». Pharmapack, c’est aussi des conférences et des ateliers. Cette année, le thème retenu était « Le patient au cœur du processus d’innovation ». Durant les deux jours, de nombreuses présentations et études de cas ont permis de mettre en lumière les fonctionnalités des dispositifs d’administration et de conditionnement des médicaments, ainsi que la sécurité du patient et du personnel soignant. Cinq sessions se sont déroulées sur la sécurité des patients et la conformité du packaging, l’innovation dans l’administration parentérale et le process de conditionnement, l’innovation dans les systèmes d’administration des formes pulmonaires et nasales, l’administration ciblée de médicaments et enfin les emballages durables. Les dates de la prochaine édition de Pharmapack – la 13e – ont déjà été fixées au 19 et 20 février 2014, toujours à la Grande Halle de la Villette. François-Xavier Beuzon

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Conditionnement

APTAR TRANSFÈRE SES ACTIVITÉS DE SUISSE VERS L'ALLEMAGNE L'américain Aptar a commencé cet hiver le transfert des activités de son site EP Systems de Neuchâtel, en Suisse, vers celui d'Eigeltingen, près de Constance, en Allemagne : le déménagement sera totalement achevé fin 2013. Parallèlement, le groupe américain a annoncé l'extension des capacités de production de son site allemand, spécialisé dans les systèmes de délivrance de médicaments sans conservateurs, ce qui lui permet « de soutenir la demande mondiale croissante pour les systèmes de délivrance ophtalmique (OSD) et nasale (APF) » : Eigeltingen avait déjà sensiblement augmenté sa production l'an passé. L'usine de Neuchâtel, spécialisée dans les systèmes innovants de sprays (technologie Nano Spray pour la pharma) et d'aérosols (Microflow Division), employait 108 personnes à la fin 2012 ; elle appartient au groupe Aptar depuis 1999.

ALLTUB VA SPÉCIALISER SAUMUR Le spécialiste français du tube en aluminium Alltub (1 200 salariés, 125 M€ de CA) fermera l’an prochain son site de Bondoufle (91), une ancienne usine Soupletube de 135 salariés, pour rapatrier une partie de l’activité à l’usine de Saumur (49), berceau historique de l’ancienne société Cebal. La direction du groupe né en 2005 de la reprise d’une activité d’Alcan invoque un marché européen arrivé à maturité et la concurrence des emballages de substitution, dont le plastique et le laminé. A Saumur (250 salariés), la direction prévoit l’embauche de 50 personnes sur ce site – le seul du groupe à posséder une salle blanche – appelé à devenir le pôle d’emballage pharmaceutique.

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PLASTITUBE REPRIS PAR UN GROUPE AUVERGNAT C'est le groupe auvergnat CEP Cosmétique qui a été retenu par le tribunal de commerce de

Bayonne pour la reprise de Plastitube (tubes plastiques pour les industries pharmaceutique et cosmétique), une ancienne filiale du groupe Soupletube. Basé à Thiers (63) et dirigé par Géry Dambricourt, CEP Cosmétique (29,2 M€ de CA) conservera 42 des 93 salariés du site de Bayonne (64) : il y a deux ans, un premier plan de sauvegarde de l'emploi avait réduit l'effectif de l’entreprise basque de 127 à 97

salariés. Au moment du redressement judiciaire, Plastitube accusait un déficit de plus de 600 000 €. ERCÉ MÉDICAL S’EST INSTALLÉ À VEYZIAT Le concepteur et fabricant de dispositifs médicaux Ercé Médical, filiale du groupe rhônalpin Ercé Plasturgie (250 salariés, 33 M€ de CA), a emménagé dans une nouvelle usine de 4 000 m2 à Veyziat, à côté d’Oyonnax (01) : cette nouvelle unité possède plus de 700 m2 d’atelier en atmosphè-

re contrôlée Iso 7 et Iso 8 et a déjà reçu une quinzaine de presses à injecter, dont deux pour le moulage des silicones liquides. Veyziat complète les installations de Bezons (95), plus spécialement dédiées à la réalisation de produits propres. MITSUBISHI CHEMICAL RACHÈTE QUALICAPS À CARLYLE Le fonds américain Carlyle a cédé pour 500 M€ le fabricant de gélules à usage pharmaceutique

Qualicaps à Mitsubishi Chemical, la branche chimie du groupe japonais. Qualicaps (180 M€ de CA), n°2 du marché derrière Capsugel, a aussi une activité de fabrication de machines pour le remplissage et le scellage des gélules, ainsi que de machines de contrôle et d’inspection des produits finis. Le groupe a son siège à Irving (Texas) et possède des usines aux Etats-Unis, au Canada, au Japon, en Espagne et, depuis 2008, en Roumanie. MWV S’AGRANDIT EN ALLEMAGNE Le spécialiste américain du conditionnement et de l’emballage MeadWestvaco (MWV), qui compte 16 000 salariés pour un CA de 5,46 Md$, agrandit son usine allemande de Hemer, au sud-est de Dortmund (Allemagne). Consacré aux produits pharmaceutiques, ce site va bénéficier d’un investissement de 7,5 M€ qui comprend le renforcement des capacités de moulage et d’assemblage en salle blanche. Les travaux devraient s’achever à la fin de l’année.


SAINT-GOBAIN REPREND TWIN-BAY MEDICAL… Saint-Gobain Performance Plastics (4 500 salariés dans 16 pays), filiale du groupe SaintGobain, a acquis l'américain Twin Bay Medical. Installée à Williamsburg (Michigan), cette entreprise fabrique, sous la marque BarbLock, des dispositifs d’arrêt pour les tubes souples ainsi que des composants à usage unique pour le secteur biopharmaceutique. … ET AMERICAN FLUOROSEAL CORPORATION Juste après l’annonce de la reprise de Twin Bay Medical (lire ci-dessus), Saint-Gobain Performance Plastics a annoncé l’acquisition d’American Fluoroseal Corporation (AFC), un fabricant de poches en fluoropolymère à usage médical et de systèmes d’échantillonnage en conditions stériles (Vuelife) pour la biopharmacie, installé à Gaithersburg (Maryland). GERRESHEIMER PRODUIRA POUR SANOFI EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE… Le spécialiste allemand du conditionnement Gerresheimer (11 000 salariés, 1,2 Md€ de CA) vient d’achever la construction d’une nouvelle unité de production de stylos d’insuline pour le compte de Sanofi. Ces capacités ont été déployées à Horsovsky Tyn, en République tchèque. La plate-forme de manufacturing est composée de 3 500 m 2 de salles blanches (Iso 8) et s’adosse à des installations de stockage automatisé. L’outil de production proprement dit comprend plusieurs presses à injecter, des robots dédiés au prélèvement de pièces ainsi qu’une unité d’impression. L’assemblage final de ce produit sera réalisé par Sanofi dans son usine de Francfort

(Allemagne). Rappelons que Gerresheimer produit déjà des stylos d’insuline pour Sanofi, à Pfreimd en Bavière.

… ET RACHÈTE L'INDIEN TRIVENI POLYMERS Gerresheimer a pris une participation de 75 % chez l’indien Triveni Polymers (300 employés, CA de 2012 de 20 M€), un fabricant de conditionnements en plastique pour l’industrie pharmaceutique. « Cette acquisition est conforme à notre stratégie visant à renforcer notre présence dans les marchés émergents », a commenté Hans-Jürgen Wiecha, directeur financier de l’entreprise allemande. Gerresheimer avait déjà repris au printemps dernier un verrier indien sous-traitant de l’industrie pharmaceutique. REXAM HEALTHCARE INVESTIT AU TRÉPORT Rexam Healthcare va investir 20 M€ sur son site du Tréport (76) afin d’accroître ses capacités d’injection plastique, de moulage et d’assemblage de systèmes d’administration utilisant des pompes et des valves. Ce projet est notamment lié au lancement d’un nouveau produit, l’Advancia Pump. Le programme va se traduire par un agrandissement de plus de 5 000 m2, dont 2 900 m2 de salles

UNE USINE DÉDIÉE « PHARMA » POUR SGD DANS LA SOMME Le groupe verrier SGD scinde ses activités. Le leader mondial du flaconnage en verre a annoncé, quelques mois après son rachat par le fonds d’investissement Oaktree Capital, la séparation juridique, économique et industrielle de ses deux principales activités : la parfumerie-cosmétique et la pharmacie. Dans la foulée de cette annonce, la direction de SGD annonce que la branche pharma va quitter ses locaux de Mers-lesBains (80) pour s’installer dans la commune voisine de StQuentin-la-Motte. La nouvelle usine accueillera exclusivement les deux fours dédiés à la pharmacie. Construite sur un site de 14 hectares, elle devrait être opérationnelle d’ici à 2015. Grâce à cette scission, justifiée par « la complexité » du maintien de deux structures, le groupe (534 M€ de CA en 2012) espère rendre ses activités de pharmacie (230 M€) plus compétitives et ainsi pouvoir renégocier la dette de la branche. propres. Plus de 50 postes vont être créés, renforçant une usine de 200 salariés. L’inauguration de l’extension est attendue pour le début de l’année prochaine. BECTON DICKINSON INVESTIT À PONT-DE-CLAIX Becton Dickinson (BD), un spécialiste des dispositifs médicaux, va investir 23 M€ au profit de son usine de Pont-de-Claix (38), productrice de seringues pré-remplies. Le total sur les cinq dernières années des investissements du groupe américain dans son site isérois, siège mondial de sa division médicale, approche les 80 M€. Le CA du groupe, qui emploie 30 000 salariés, s’élève à 5,9 Md€ et celui de sa division médicale – 1 700 salariés à Pontde-Claix – à 844 M€. NOUVELLES CARTOUCHES À INSULINE POUR SCHOTT… Le groupe allemand Schott (2,9 Md$ de CA en 2011, 17 000 salariés), fournisseur d'emballages primaires (seringues, fla-

cons et ampoules) pour l'industrie pharmaceutique, vient de lancer un nouveau design de cartouches pour les lignes de remplissage à haute vitesse (notamment pour l’insuline). Celui-ci permet d’accélérer le processus de remplissage et de réduire les pertes liées au débordement. La production de ces nouvelles cartouches sera pilotée par l’usine Schott de St-Gall, en Suisse. … QUI S’ÉTEND EN HONGRIE Le verrier allemand Schott a annoncé au début de l’été l’extension de son site hongrois de Lukácsháza (530 salariés), situé près de la frontière autrichienne. Le groupe prévoit plusieurs millions d’euros d’investissement afin d’ouvrir un nouveau centre de maintenance pour la révision des machines de production et d’augmenter la capacité du site, actuellement de 1,7 milliard d’unités. L’extension devrait permettre de créer une trentaine d’emplois dans la région.

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Manager

La Génération Y donne un coup Comment les jeunes salariés de la génération Y (18-32 ans) sont-ils accueillis par l’industrie pharmaceutique ? Les laboratoires ont-ils des pratiques managériales spécifiques pour les retenir et les aider à exprimer leur potentiel ? Ces Yers, à qui l’on reproche souvent d’être en rupture avec leurs aînés, peuvent se révéler de véritables atouts… à certaines conditions.

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es 18-32 ans sont-ils des êtres à part, dotés d’un mode de fonctionnement propre, ou ne sont-ils qu’une invention des consultants pour vendre des formations dédiées ? Le concept, en réalité, a été inventé en 1993 par le magazine Advertising Age pour désigner les jeunes nés entre 1980 et 2000. Si le Y vient, pour certains, du fil du baladeur sur leur torse, leur principale caractéristique reste d’avoir grandi avec un ordinateur personnel. Appelés aussi « Why », « Yers » ou encore « Digital Natives », ils seraient 13 millions en France. Selon l’Insee, ils devraient représenter, d’ici à 2015, 40 % des actifs. Née à l’ère d’internet, cette génération bouscule les codes par sa pratique assidue des réseaux sociaux,

des mobiles et sa capacité à mener plusieurs tâches de front. On lui reproche aussi d’être rebelle, difficile à manager, de zapper… Des particularités avec lesquelles les entreprises devront nécessairement composer. Isabelle Piégu, responsable des ressources humaines du site Recipharm de Monts (37), où la moyenne d’âge est de 40 ans, reconnaît qu’il faut parfois se montrer directif: « Un jour, nous avons vu une jeune femme travailler en atelier avec de la musique dans les oreilles ; ce n’est pas compatible avec nos règles de sécurité ! Nous avons interdit les téléphones en production comme sur l’ensemble du site et avons dû bloquer les accès à des sites comme facebook ou les messageries instantanées. Nous réagis-

sons au cas par cas. A contrario, nous veillons à préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Car, dès que les missions sortent du cadre habituel ou ne sont pas prévues, ça ne passe pas, y compris avec les cadres. Par contre, s’ils se reconnaissent dans un projet, ils s’y impliquent et ont soif d’apprendre ! » Chez GSK, la direction a décidé de responsabiliser ses salariés et jeunes recrues en appliquant un management par objectifs (lire ci-dessous) en utilisant les nouvelles technologies pour le recrutement comme pour la communication. « Pour attirer les talents de demain, nous utilisons le même langage que ces jeunes et adoptons leurs outils, avec des portails de recrutement interactifs, le recours aux réseaux


de jeune à la pharma sociaux… », témoigne Florence Lizart, DRH de GSK France. Les salariés sont également équipés d’iPhones et de tablettes pour communiquer en temps réel. « Même si nous sommes vigilants sur la protection de nos données, nous leur faisons confiance », ajoute-t-elle. GSK a également mis en place récemment un outil de télétravail pour adapter certains postes. «C’est un réel facteur d’attachement et de motivation, un vrai confort pour les salariés ! Cela leur apporte autonomie et responsabilité et semble avoir allongé leur temps de travail effectif », se réjouit la DRH. D’autres entreprises, à l’instar de GSK, ont recherché une organisation plus flexible, en introduisant le travail à distance et en développant le niveau de responsabilisation des salariés à leurs postes. « Nous mettons également en place des dispositifs afin de valoriser les parcours et évolutions de carrière dans le groupe », précise Florence Lizart, qui semble avoir saisi les attentes de ces jeunes, que la tendance au «zapping » rend impatients d’évoluer professionnellement. D’où l’importance du rôle de manager de proximité, qui doit adopter une approche individualisée des salariés tout en encadrant des équipes très mixtes. « Cette génération a besoin d’un management étroit, d’être encadrée et écoutée »,

témoigne Daniela Kopzuck, DRH d’Ethypharm, en accord avec l’ensemble des acteurs interrogés qui définissent le management de cette génération par les termes « confiance », « écoute» et « sens ». « Ils ont un rapport à la hiérarchie moins élastique : il faut poser un cadre car, s’il y a 20 ans, la parole d’un responsable n’aurait jamais été contestée, aujourd’hui, si le manager ne crée pas l’adhésion, sa légitimité sera remise en question », ajoute Isabelle Piégu. Mais si le management des Yers requiert parfois certaines adapta-

tions, en retour, ceux-ci peuvent révéler de nombreux atouts. « S’ils sont motivés, ils se donnent les moyens d’y arriver et font preuve d’autonomie et d’un grand sens des responsabilités », constate Florence Lizart qui estime qu’ils gèrent mieux leur énergie et se montrent souvent plus performants. « Si on leur octroie une vraie reconnaissance, ils font montre d’agilité et n’ont pas froid aux yeux. Cette génération Y a un véritable potentiel ! », s’enthousiasme-t-elle. Élise Pierre

« CE SONT DES ENTREPRENEURS DANS L’ÂME » Florence Lizart, DRH de GSK, accueille chaque année près de 200 jeunes issus de la génération Y, en formation, en alternance et en CDI. « Nous avons dû changer de méthode, car le management directif a atteint ses limites. Ce qui est vrai pour les Yers l’est pour l’ensemble des salariés : ils ont désormais besoin de comprendre avant d’agir, il faut donner du sens à leur travail. Le directeur, comme le manager, doit porter ce sens. Nous appliquons un management par objectifs, qui tient plus du coaching et nous permet d’être en avance sur certains programmes, plus créatifs. Dans le cadre de notre programme « Manager-coach », 200 coachs internes ont été désignés parmi les salariés de GSK, avec cette approche : en quoi chaque individu, qui a du talent, peut être une ressource pour les autres? C’est une approche novatrice, dont l’objectif n’est pas seulement la performance. Chacun participe à un système coopératif où chaque salarié se donne les moyens de réussir. Dès l’arrivée de nos jeunes recrues, nous leur transmettons nos valeurs fortes, notre éthique et nos « comportements clés de performance » qui font partie de la culture interne. Car cette génération Y représente un véritable potentiel, ce sont des entrepreneurs dans l’âme. Si l’entreprise ne remplit pas certaines conditions, ils ne vont pas hésiter à la quitter. En revanche, si on leur apporte un équilibre vie professionnelle-vie privée, alors ils s’investissent ! »

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Manager

Pierre Fabre, le laboratoire Premier laboratoire pharmaceutique reconnu AFAQ 26 000, le groupe Pierre Fabre compte tirer les enseignements de cette certification pour faire du développement durable un levier d’innovation et de croissance.

Le site Pierre Fabre de Soual (81)

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ierre Fabre est, depuis fin 2012, le premier laboratoire pharmaceutique et dermo-cosmétique reconnu AFAQ 26 000, évaluation volontaire de la responsabilité sociétale (RSE). « Et la première entreprise de plus de 10 000 salariés à obtenir un niveau confirmé dès la première évaluation », complète Florence Méaux, directrice générale d’Afnor Certification, l’organisme indépendant qui a certifié le groupe. Avec un score de 624 points sur 1 000, le groupe obtient le niveau 3, juste avant le niveau d’excellence, à l’issue d’un vaste audit au cours duquel les évaluateurs ont rencontré plus de 80 collaborateurs, au siège, sur les sites de R&D, de production et dans les filiales. Parmi les points forts, Afnor Certification a souligné la pérennité du développement économique, la culture de l’excellence et de l’innovation, l’ancrage territorial – 95 % des sites

de production sont en France –, la de la moitié dans le Grand Sudgestion environnementale, la satis- Ouest, et 74 % des achats ont été faction des salariés ainsi que ses réalisés en France, dont 26 % dans pratiques de marketing respon- les régions d’origine des laboratoires. Cet ancrage territorial a été sable. Parmi les cinq grands enjeux de la qualifié d’« exceptionnel » par Afnor Certification politique du grouMutualiser qui ajoute que « les pe en matière de le développement laboratoires Pierre développement de l’entreprise avec Fabre associent un durable – éthique, celui de notre projet social à un hommes et terrirégion d’origine projet économique. toires, cycle de vie, innovation, solidarité – Pierre Fa- Une politique fédératrice est mebre a rappelé sa « volonté de mu- née en matière de ressources hutualiser le développement de l’en- maines, en phase avec la stratreprise avec celui de notre tégie, la culture et l’histoire de région d’origine », comme le sou- l’entreprise ». ligne Eric Ducournau, directeur L’effectif de Pierre Fabre – 10 000 général de Pierre Fabre Dermo- collaborateurs – a notamment Cosmétique. Avec 70 % des colla- progressé de 10 % sur les cinq derborateurs basés en France, dont nières années. La solidarité est 4 400 dans le Grand Sud-Ouest, une règle : Pierre Fabre compte Pierre Fabre est l’un des plus 5,2 % de travailleurs handicapés, importants employeurs de Midi- contre 3 % pour la moyenne natioPyrénées, et le premier du Tarn. nale et 1,5 % dans l’industrie pharPrès de 170 M€ ont été investis maceutique. entre 2009 et 2011, dont plus Autre particularité remarquée du groupe, son organisation actionna-


responsable riale : la Fondation Pierre Fabre, qui a pour mission d’améliorer la qualité des médicaments et des soins dispensés dans les pays les moins avancés, est actionnaire à hauteur de 65 %. Cette structure permet à 9 salariés sur 10 d’être actionnaires, et de détenir ainsi 6,9 % du capital de l’entreprise. Ce qui a des répercussions sur la motivation générale : « Les salariés sont satisfaits et animés d’un fort sentiment d’appartenance à un groupe responsable », relève Afnor Certification. Pierre Fabre a démontré sa volonté d’agir sur l’ensemble des impacts environnementaux, à travers des actions de préservation de la biodiversité et en menant sur ses

sites des bilans carbone et diagnostics énergétiques réguliers. Parmi les nombreuses initiatives – revalorisation des déchets à 90 %, économie d’eau, circuits courts privilégiés et achats responsables – les démarches expérimentales HQE menées sur les sites de St-Julien-en-Genevois (74) et de Soual (81) ont été concluantes. « En intégrant la démarche expérimentale à nos deux derniers projets industriels, nous espérons contribuer à l’élaboration de futurs référentiels HQE qui s’appliqueront dans l’industrie », déclare Luc Peligry, directeur général adjoint en charge des finances et des opérations. Le laboratoire castrais a aussi initié

un programme de recherche qui a permis de lancer une nouvelle génération de soins : la cosmétique stérile, pour les peaux les plus exigeantes, dont le système breveté est commercialisé par la marque Avène sous le nom Extrême Tolérance Système (ETS). « A l’avenir, il faudra encore renforcer la communication interne et externe sur la politique RSE », conclut l’Afnor. Pierre Fabre doit, en effet, encore progresser en lisibilité dans ses actions. « Nous souhaitons consolider la gouvernance RSE et les initiatives en faveur du développement durable sur tous nos sites », a confirmé Eric Ducournau. Élise Pierre

POUR UN DÉVELOPPEMENT RESPONSABLE DES ACTIFS VÉGÉTAUX « Botanical Expertise Pierre Fabre » porte sur le développement des actifs végétaux, de la recherche sur les plantes et leurs actifs à leur mise en culture, en passant par la production des actifs et leur utilisation dans les formules des produits. Plus de 140 extraits sont déjà inscrits dans cette démarche, soit 60 % des actifs végétaux des laboratoires, l’objectif pour 2013 étant d’atteindre 70 %. Reconnue par le label européen EFQM* depuis 2010, ce programme correspond aux pratiques du groupe : l’approvisionnement de 99,98 % des plantes utilisées est sans impact sur la pérennité des ressources ; 97 % des fournisseurs de plantes sont audités régulièrement selon les bonnes pratiques agricoles et de collecte visant à respecter la biodiversité et à garantir la traçabilité. A Madagascar, explique Yves Barbin, directeur du pôle Actifs végétaux, « nous cultivons la pervenche tropicale et travaillons avec les producteurs locaux. Ce travail constitue l’activité économique de plus de 4 000 familles. Et nous participons à des actions d’accompagnement social sur la région ». Au sein de l’arboretum de Ranopiso de Madagascar, 360 espèces sont conservées. * European Foundation for Quality Management

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Carnet

Michel Spagnol, qui était président de Shasun Pharmaceuticals, devient pdg de Novasep, le fournisseur de solutions de production fondées sur les technologies de purification moléculaire. Il succède à ce poste à Michel Glaser qui, après trois années passées à la tête de Novasep, a décidé de regagner les Etats-Unis.

Stéphane Régnault, président du directoire du groupe français Vygon, a été élu président du Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (Snitem), qui rassemble les acteurs de l’industrie du device. Il succède à Christian Seux, président de Becton Dickinson France, en place depuis 2007. Didier Frommweiler prend le poste de dg du pôle de compétitivité Alsace BioValley, après avoir contribué pendant 3 ans aux grandes orientations stratégiques du pôle, en qualité de vice-président « Entreprises » du conseil d’administration. Didier Frommweiler occupait jusqu’alors le poste de directeur de la plate-forme de recherche Sanofi de Strasbourg.

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Sami Chtourou est devenu dg délégué innovation et affaires scientifiques de LFB Biotechnologies ; il intègre également le comité de direction du groupe. Guillaume Bologna prend les fonctions de dg délégué du développement.

Christian Montalbetti rejoint Inventiva, une biotech dédiée aux partenariats de recherche dans le domaine du médicament, en tant que responsable du département Chimie. Il sera basé sur le site de Daix, près de Dijon.

Anne de Cassini, qui était directrice générale des opérations UCB Canada, est promue directrice générale d’UCB France. Elle succède à Michèle Antonelli qui est nommée European Vicepresident & Head of the European Business Unit Cimzia (certolizumab pegol).


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