Penser le paysage fluvial de Delhi: La rivière Yamuna

Page 1

Penser le paysage fluvial de Delhi LA RIVIĂˆRE YAMUNA

1


2


Penser le paysage fluvial de Delhi : LA RIVIÈRE YAMUNA

Penser le paysage fluvial de Delhi LA RIVIÈRE YAMUNA

‘‘

- Alors qu’est-ce qu’on peut faire ? » - On pourrait investir dans d’autres villes moyennes en Inde et les développer. Delhi est trop peuplée. Rien n’est possible si la démographie ne cesse d’augmenter » - Mais elle va augmenter, et de plusieurs millions… c’est prévu ! Alors qu’est-ce qu’on peut faire ? - « Rien, on est foutu » Conversation avec Vikram Soni, professeur au centre de physique de Jamia Millia University et spécialiste des questions hydrauliques

3


AVANT-PROPOS

Aller en Inde a été pour moi faire l’expérience d’un temps révolu en France mais encore présent dans notre imaginaire : celui des Trente Glorieuses, période d’essor économique et social, de confiance dans le futur et le progrès. C’est dans l’air, partout : dans les rues, les marchés, chez les gens, dans les écoles. L’Inde est un pays optimiste où tout semble à portée de main, malgré la pauvreté, malgré la pollution, malgré l’état des rivières. La Yamuna est l’une des rivières les plus polluées du monde, à Delhi elle est même souvent considérée comme « morte ». Venir à sa rencontre a quelque chose d’excitant et de bouleversant à la fois. Il existe en plein milieu de Delhi, mégalopole de plus de 25 millions d’habitants un grand paysage fluvial qui vit au rythme des moussons. Cette vaste plaine inondable n’a aujourd’hui aucune existence urbaine et symbolique pour les habitants de Delhi. L’infime portion de la Yamuna qui traverse une des plus grandes villes au monde accumule ici plus de 80 % de sa pollution. Principal déversoir des déchets ménagers, elle est devenue un paysage invisible, strié de voies surélevées, survolé, ignoré de la plupart des citadins. L’eau de la Yamuna présente un paradoxe étonnant : À la fois eau sacrée car tous les hindous y sont immergés à leur mort, elle est aussi une ressource exploitée à grande échelle. Entre ces deux extrêmes, il y a les espaces et usages de la plaine, un foisonnement de pratiques agricoles et urbaines qui façonnent un paysage de subsistance pour une frange très pauvre de la population. Comment concilier les usages locaux de la rivière avec son exploitation à l’échelle nationale ? Comment prendre en compte les problèmes de pollution et remettre la Yamuna au cœur de la cité ? En somme, quelle place peut-on imaginer pour ce grand paysage dans la ville ? J’ai parcouru ce territoire lors de deux voyages en Inde en 2014 et 2015. Les premières visites se sont faites dans le cadre d’un stage dans l’agence Indienne Beyond Built, j’ai pu par la suite en organiser d’autres, toujours avec leur appui logistique. Le site d’étude de ce Tpfe porte sur les 22 kilomètres de la plaine inondable qui traverse New Delhi, depuis le barrage de Wazirabad au nord, jusqu’à celui d’Okhla au sud. Ce travail s’articule autour de la matière rapportée des voyages : rencontres, arpentages, dessins et d’une recherche théorique plus poussée sur les questions hydrauliques.

4


Au loin, la plaine de la Yamuna à Delhi dans le fog de Delhi contrée mystérieuse et inaccessible.

5


SOMMAIRE AVANT-PROPOS

p2

Au commencement Les mythes fondateurs

p7

Naissances

p8

1. LA YAMUNA : RIVIÈRE DE MOUSSON SACRÉE OU VASTE SYSTÈME DE DÉRIVATION? Comprendre par l’amont Uttarakand, avril 2015 Dakpathar: Prendre la mesure de l’infrastructure hydraulique

p16

Micro et macro: Le saddhu et le barrage

p18

Entre les récits épiques et l’ingénierie: l’espace de la plaine

p20

La décharge et le réservoir Atteindre la source l’immersion du corps

p22 p24

Bilan des investigations

p27

2. MULTIPLES DELHIS ORIENTATIONS - HORIZONS - REPRÉSENTATIONS Les sept cités entre monts et plaine Habiter les contreforts des monts Arravalli L’ invention d’une culture de l’eau : hauzs et baolis

p32

Un modèle de ville fortifiée au bord de la Yamuna Shajahanabad

p34

Une vision urbanistique pour le bassin versant La New Delhi de Lutyens

p36

Delhi aujourd’hui La disparition des espaces de l’eau dans la ville

p38

Le Mythe de la ville totale

p42

La Yamuna et le Ridge Deux horizons indépendants à l’échelle de la mégalopole

p44

La Yamuna et le Ridge Deux paysages interdépendants à l’échelle du bassin versant

p46

Canaux, drains et nallahs Un système hydraulique séculaire qui perd sa fonction et sa signification dans la ville

p48

Le nallah de Barrapullah Exemple d’effacement de l’infrastructure hydraulique

p50

Un rêve de «ville globale» La tentation du développement

p52

Ces bidonvilles que l’on ne veut plus voir

p56

Le grand écart d’Ahmedabad Inspiration ou contre exemple?

p58

Synthèse des paradoxes

p60 6


Le grand écart d’Ahmenabad Inspiration ou contre exemple?

p58

Synthèse des paradoxes

p60

3. LES POSSIBLES DE L’EAU À DELHI LIEUX D’EXPLORATION Dans la matière de la ville : les quartiers Nizzamuddin Hazrat : eau sacrée, espaces publics contemporains

p70

Lajpat Nagar : la plasticité de la cité-jardin, une eau qui s’ignore? Colonie de Nigambodh, vivre avec le risque

p74 p76

Le quartier disparu, la mémoire de l’habité préfigure le projet

p82

Depuis les remparts des anciennes cités Purana Quila, horizon révélateur de la tranformation urbaine

p88

la leçon du jardin moghol

p90

Dans la plaine Un lieu habité et cultivé Valoriser le paysage ressource

p94

Quel futur pour la nature déclassée?

p98

Au contact de la Yamuna La figure du ghat Un détour par Varanasi

p102

Les ghats de Delhi Une opportunité pour repenser la relation physique à l’eau

p104

Définition du paysage-ressource

p106

4. UN POSITIONNEMENT POUR DELHI LE PAYSAGE-RESSOURCE Les enjeux du fleuve croisent ceux de la mégalopole

p110

Deux échelles d’intervention La continuité de la plaine et ses accroches à la ville

p112

Intentions L’eau dans la ville devient le fils d’Ariane vers la Yamuna

p114

Eaux et sols Le temps et le sens de l’action

p116

S’adapter au rythme de la Yamuna Le profiter et le laisser vivre

p120

Les anciennes Delhis fabriquent les seuils de la plaine

p124

L’eau invisible organise la surface Infiltration et porosité

p126

Présentation du cadrage de projet Du Raj Path à la Yamuna

p130

Lexique

p132 p134 p136

Lectures Remerciements

7


Collision du sous-continent Indien et de la plaque Eurasienne.

- 10 000 000 ans Source inconnue

8


AU COMMENCEMENT LES MYTHES FONDATEURS « Un jour, au milieu de l’été, Krishna et Arjuna marchaient de concert le long de la Yamuna près de la forêt de Khandava, après s’être baignés dans l’eau de la rivière. Ils riaient ensemble quand un homme des bois arriva vers eux, il était vêtu de guenilles noires. Il était grand et mince, sa peau brillait comme de l’or, son visage était auréolé de cheveux hirsutes, d’une barbe blonde, et sa bouche enduite de beurre. Il leur sourit en montrant des dents d’or et dit :«Messieurs, je suis un voyageur affamé, donnez-moi à manger s’il vous plaît». Arjuna répondit : «Bien sûr, nous vous donnerons ce que nous pouvons. Que voulez-vous manger ?» L’homme des bois dit : «La forêt de Khandava». Il présenta sa main ouverte. Dans sa paume brillait une petite flamme. «Je suis Agni, le dieu du feu et cette forêt sèche sera ma nourriture» dit-il. De tous les mondes, partirent des incendies. Ses cheveux prirent feu et un vent brûlant souffla à travers Khandava. Des nuages de poussière assombrirent le ciel; des branches furent arrachées des arbres et s’écrasèrent au sol. Indra regarda Khandava. Il vit les arbres exploser, se tordre et tomber à terre en éclaboussures d’étincelles comme un fleuve de feu. De gros nuages d’orage se massèrent au-dessus de la forêt et cachèrent le soleil en déversant leurs pluies comme des milliers de cascades. De violents éclairs illuminèrent les flammes; la fumée monta et noircit les nuages; L’obscurité se fit encore plus noire; la pluie tomba en fumant et bouillonnant. »

Extrait du Mahabharata L’Incendie de la forêt de Khandava, épisode mythique à l’origine de la fondation de la ville de Delhi.

- 2 000 ans

9


NAISSANCES

Pour empêcher la déesse Ganga d’inonder la Terre, le dieu Shiva fait passer le fleuve sur sa tête et là, coulant entre sa chevelure, il s’était divisé en sept torrents qui se dirigeaient vers la mer :

le Gange, la Yamuna, la Sarasvatî, l’Indus, la Godâvarî, la Narmadâ et la Kâverî.

Affiche / Ganga Dussehra est un festival du calendrier hindou célébrant la descente de la déesse Ganga sur terre Source inconnue

10


Gangotri

Delhi

G

AN

G

E

YA M

tre

pou

ah Bram

UN A

Baie du Bengale

N

N

250 0

La rivière Yamuna prend sa source dans les hauteurs Himalayennes avant de traverser New Delhi, la capitale de l’Inde. Elle rencontre le Gange dans la ville d’ Allahabad, 1370 km plus au sud. Elle fait partie d’un système plus vaste le bassin Gangétique*.

km 500

*Région naturelle s’étendant entre l’arc himalayen et le Deccan.Vaste dépression comblée par des débris de l’Himalaya, c’est une région très densément peuplée, surtout dans l’Est, humide (Bengale fournissant du riz et du jute et comptant les grandes agglomérations de Calcutta et Dacca), et le Centre (de Delhi à Patna), plus ponctuellement dans l’Ouest, plus sec (Pendjab et Rajasthan), voire aride (désert de Thar). Source : Définition du Dictionnaire Larousse

11


LA YAMUNA : RIVIÈRE DE MOUSSON SACRÉE OU VASTE SYSTÈME DE DÉRIVATION?

La Yamuna est une déesse avant d’être une rivière. Selon la mythologie Hindoue elle est la fille de Sûrya, le soleil et sœur de Yama, seigneur de la mort. Se baigner dans la Yamuna, c’est faire l’expérience directe du corps de la divinité. L’eau de la rivière est sacrée, considérée comme pure et purificatrice pour le croyant qui s’y immerge.

nieur. C’est le temps des grands travaux. Les projets se multiplient depuis les vingts dernières années, et modifient profondément le visage des rivières indiennes. Comment penser l’échelle d’un projet dans un pays de plus d’un milliard d’habitants dont les besoins en énergie et en eau augmentent chaque jour ?

Ces croyances sont profondément encrées en Inde et il est difficile de se représenter à quel point la mythologie hindoue constitue une véritable matrice de récits qui s’ancrent dans des paysages ou des lieux réels. Ces récits sont partagés, digérés, inculqués par une grande partie de la population et se mêlent non sans conflits parfois avec une réalité quelque peu différente. La société indienne se vit plus dans des grands mythes religieux qu’à travers son histoire, comme en Occident. Le long de la Yamuna s’égraine un chapelet de sites mythiques, de villes saintes, de temples. Autant d’histoires en lien permanent avec le récit du Mahabharata, le plus grand poème en sanscrit jamais écrit et dont l’époque correspondrait à 2200 ans avant l’ère chrétienne. Yamunotri, nom du lieu de la source de la Yamuna est un des quatre sites avec Badrinath, Gangotri et Kedarnath qui composent le Chaar Dham, grand pèlerinage hindou aux sources himalayennes des rivières sacrées. La confluence du Gange et de la Yamuna à Allahabad, appelée Triveni Sangam est un des sites les plus sacrés de l’hindouisme, qui tout les douze ans accueille la Kumbha Melha, le plus grand rassemblement humain au monde avec plus de 100 millions de pèlerins en 2013. Mathura et Vrindavan, villes situées à deux cents kilomètres en aval de Delhi sont les bastions des adorateurs de Krishna, et le lieu de sa naissance et jeunesse. En parallèle du volet mythique s’écrit une autre histoire des rivières Indiennes : Lieu de l’infrastructure hydraulique, monde de l’ingé-

12

Représentation de la Déesse Yamuna (source inconnue)


UNE HISTOIRE MYTHIQUE RACONTテ右 PAR LES VILLES SAINTES LE LONG DE LA YAMUNA

YAMUNOTRI

Delhi

MATHURA

ALLAHABAD

N

350 0

13

km 700


Schéma des intrants et sortants AFFLUENTS + EFFLUENTS - CANALISATION = DES EAUX DIVERSES YAMUNA Source / Glacier de Yamunotri Karnal

Torrents de montagne

Tons

Canal Canal

Giri

DAK PATTHAR BARRAGE Aglar Ason Western Yamuna canal

Eastern Yamuna canal HATHNIKHUND BARRAGE

Bhudhl Yamuna Khakhadi Katha Eaux usées Panipat Canal industriel de Wazirabad

WAZIRABAD BARRAGE

DELHI STRETCH

Najafgarh Drain Station d’épuration Agra Canal

Hindon cut Canal OKHLA BARRAGE eaux usées de Noida

Eaux usées de Faridabad

Noida canal

Eaux usées de Mathura Canal industriel de Mathura

Eaux usées de Mathura GOKUL BARRAGE

Eaux usées d’Agra

Eaux usées d’Agra

Canal industriel d’Agra

Eaux usées d’Etawah

Chambal

Canal industriel d’Allahabad

Sind Betwa

Eaux usées d’Allahabad

Ken Légende Sortants Intrants Barrage Flux Importants Affluents et Eaux usées

ALLAHABAD

Confluence de la Yamuna et du Gange 14


Les objectifs formulés par le gouvernement de Nerandra Modi sont clairs mais ambivalents. Les 22 milliards de dollars d’investissement chinois, décidés en mai 2015 dans le cadre d’un plan d’investissement pour l’industrie va plutôt dans le sens d’une poursuite des constructions d’ouvrages hydrauliques dans le lit des fleuves. Dans le même temps le gouvernement assure vouloir protéger les rivières et a lancé dans la foulée un grand plan de nettoyage du Gange dont l’aboutissement et le succès semblent encore incertains.

égouts de la ville qui se mêlent dans le réseau hydrographique. Ainsi, 70 %* de la pollution totale de la rivière Yamuna provient de Delhi, 85 %* de la pollution de Delhi est d’origine domestique. Les écrits contemporains qui traitent des fleuves Indiens insistent souvent sur la question de la pollution de l’eau mais évoquent rarement sa provenance réelle. Pourtant elle constitue un réel paradoxe qui met en tension la définition même de ce qui est sacré ou non.

Avant d’atteindre Delhi, la Yamuna a déjà été dérivée au moins trois fois. Les principales infrastructures se trouvent dans le territoire entre les premiers contreforts de l’Himalaya et la plaine de l’Haryana. Les barrages de Dakpathar et Assan transforment le flux de la Yamuna en énergie par le biais de canaux artificiels. Le barrage d’Hatnikhund sépare lui les eaux en trois : Le Western et Eastern Yamuna canals irriguent les terres agricoles de l’état de l’Haryana (92 %* du flux de la Yamuna). L’eau restant dans le lit de la Yamuna continue son chemin vers le sud jusqu’au barrage de Wazirabad, au nord de Delhi.

À Delhi, est-ce vraiment la Yamuna qui coule ? À partir de quand rentre-on dans l’espace du sacré ? Comment peut-on expliquer l’état de l’eau étant donné sa signification culturelle ?

*

POLITIQUE

0I TEVXEKI HI P IEY YRI EJJEMVI H )XEXW 0E =EQYRE IWX HITYMW ERW WSYVGI HI GSR¾MX IRXVI (IPLM IX P ,EV]ERE 9R GSRXIRXMIY\ I\EGIVFq TEV PIW FIWSMRW KVERHMWWERXW HI PE GETMXEPI

J

uin 2012. Dans certains quartiers de Delhi, la pénurie d'eau n'est pas loin. Les robinets ne livrent que quelques gouttes, avec parcimonie. L'Etat réclame à l'Haryana, son voisin qui lui distribue l'eau de la Yamuna, d'ouvrir les vannes. La demande reste lettre morte. Les représailles ne se font pas attendre. Le gouvernement de Delhi décide de couper l'eau de soixante familles d'officiels de l'Haryana installées dans la capitale. Deux jours et un tollé médiatique plus tard, Delhi rétablit la situation. L'Haryana a des moyens de pression. « Ils peuvent couper l'eau de soixante familles, on peut le faire pour six millions d'habitants », lance Rajeev Verma, surintendant du département de l'Irrigation d'Haryana, quand on lui rappelle l'événement.

En clair, l’eau qui dévale les pentes de l’Himalaya à partir de la source n’est pas l’eau qui passe par Delhi. Delhi ne dispose que de 6 %* du flux total de la Yamuna soit l’équivalent de 11m3 par seconde depuis un accord entre les états datant de 1994. Cette situation est la source d’un contentieux politique majeur entre les deux états. Delhi dépend à 70 %* de la Yamuna pour l’approvisionnement en eau de sa population en croissance continue. l’Haryana refuse pour l’instant de céder un litre de plus à la capitale, arguant que Delhi devrait régler ses problèmes d’approvisionnement en améliorant son infrastructure de distribution et de retraitement.

© Antoine Izambard /Cuej

ETATS DE DELHI ET DE L'HARYANA

autre tribunal n’exercera de jugement dans le cadre d’un conflit ou d’une plainte [lié(e) à l’eau de rivières entre Etats] ». L’Haryana l’a bien compris. L’Etat respecte la Constitution et se pose en bon soldat obéissant aux règles établies. Le partage de la rivière Yamuna a été décidé lors d’un agrément signé en 1994 entre les six Etats qu’elle traverse. Selon l’accord, Delhi doit recevoir

0lGLIV HY PIWX SY RSR Depuis plusieurs années, les relations entre les deux Etats indiens sont tendues, et l'eau de la Yamuna est au cœur de la discorde. 70 % des ressources en eau de Delhi viennent de la rivière, dont l'eau est acheminée depuis Haryana via un canal. C'est donc son voisin qui maîtrise la distribution, et qui décide de lâcher du lest ou non. Au grand dam du Delhi Jal Board, l'organisme public gérant l'eau des Delhiites, qui en exige plus. La distribution et le partage de l'eau sont des questions dépendant seulement des Etats. Selon la Constitution indienne, si le Parlement peut promouvoir ou amender des lois sur le sujet, « ni la Cour suprême ni aucun 6 < NEWS

D’ILL n° 109 - JUIN 2013

*-Source/ «Water status of the river Yamuna-1999-2005»,Central Pollution control Board (Ministry of environment and forest *-Source/ «Inde, les batailles de l’eau», New D’ill n°109 juin 2013

À Delhi, deux grands canaux sont responsables de 50 à 80 %* de la pollution totale de la rivière selon les sources : Le Najgarfarh et le Hindon canals. Le reste du flux provient des

15


COMPRENDRE PAR L’AMONT VOYAGE EN UTTARAKHAND / AVRIL 2015

Manoj Misra President of the Yamuna Jiye Abhiyaan Delhi Bhim Singh Rawat Team Member, SANDRP Delhi

Ravi Mittal Core team member of Environics Trust,NGO based in N.Delhi. social activist Dehradun

Sardar Singh Tomar President of the Yamnotri Sewa Samiti Barwala

Nishant Pawar Director of the Rainbow children academy Barwala

Jagmohan Bartwal Member of the Yamnotri Sewa Samiti Kharadi

Rencontre avec des activistes de l’environnement - Delhi / Uttarakhand - 2015

Le glacier de Yamunotri, source de la Yamuna

16


N La rivière Yamuna se décompose habituellement en quatre tronçons considérés indépendamment, et ayant pour limite les grands barrages : Hatnikhund – Wazirabad – Okhla et Gokul. Pour mieux comprendre ce qui se passe à Delhi j’ai décidé d’arpenter le segment himalayen jusqu’à la source, Yamunotri. Outre la portée symbolique, ce voyage m’a permis de prendre la mesure de l’infrastructure hydraulique et de mieux cerner son articulation avec les pratiques de la plaine, ses habitants et ses sites sacrés.

20 0

17

40

km


DAKPATHAR PRENDRE LA MESURE DE L’INFRASTRUCTURE HYDRAULIQUE

À l’amont s’annoncent les premiers contreforts de l’Himalaya, là où la rivière circule encore librement mais pour un temps compté. Des ouvrages hydrauliques se construisent dans la montagne.

18

En aval du barrage, le lit de la Yamuna est vide en Avril, pic de la saison sèche.


Amont et aval du barrage de Dakpathar

19


MICRO ET MACRO LE SADDHU ET LE BARRAGE

Station Hydro-éléctrique sur un canal de dérivation en aval de Dakpathar.

Chantier de Barrage vers Kalsi. Les 6 km de la Yamuna en aval seront asséchés.

Il y a quelque chose de frappant dans le contraste entre la taille des infrastructures hydrauliques à l’échelle de la montagne et la manière dont les gens habitent les rives de la Yamuna. D’un côté, la préoccupation est la sécurité énergétique de tout le Nord-Est de l’Inde, car l’Uttarakhand exporte son électricité et les décisions viennent directement de l’État. De l’autre côté, s’organisent des communautés qui vivent depuis toujours les abords de la rivière. La notion de communauté a encore une riche signification en Inde, il s’agit de personnes qui habitent un même espace physique et culturel. La figure du saddhu est aussi un exemple frappant de l’intimité pouvant être nouée avec l’espace de la plaine et l’eau de la Yamuna. Ne serait-il pas possible d’imaginer un projet qui puisse faire le pont entre ces deux réalités ?

20


Sadar Singh Tomar et Ravi Mittal montrent le travail de la Jiye Abhiyaan community.

Visite à la «Rainbow children Academy», présentation des activités de sensibilisation à la polution de la rivière.

* Saddhu : Ascète hindou, qui a renoncé à toutes les attaches de la vie matérielle pour se consacrer à la recherche spirituelle. Source : Dictionnaire Larousse

Bharti Baba, Saddhu* habitant tout près du barrage de Dakpathar dans une cabane.

21


ENTRE LES RÉCITS ÉPIQUES ET L’INGÉNIERIE : L’ESPACE DE LA PLAINE

Dépot de sable laissé par la dernière mousson sur les terres arables. L’absence de l’eau à la saison sèche contraste avec son abondance à la saison humide.

Ces photographies ont été prises au moment où la rivière quitte l’Himalaya pour arriver dans la plaine. Le paysage se dilate, l’eau peut prendre son aise et s’installe dans l’étendue. À ce moment on ressent vraiment la dimension de la plaine comme elle devait être à Delhi il y a plusieurs siècles. Les notions d’abondance et de destruction sont déjà en tension dans ce paysage qu’on habite en cultivant. La mousson qui revient chaque année est en latence même lorsque l’eau est absente. Elle ne dépend pas de l’homme et se déverse avec une force imprévisible. Il ne s’agit jamais de la « gérer ». on subit l’eau autant qu’on la célèbre, elle peut tuer et détruire autant qu’elle produit et nourrit. En 2013, des inondations dévastatrices ont causé la mort de près de 6000 personnes dans la région.

22


Au loin une maison détruite par la rivière. Au premier plan une architecture qui permet l’irrigation des terres. L’abondance et le risque intégrés dans un même espace.

23


LA DÉCHARGE ET LE RÉSERVOIR

La décharge gouvernementale accueille les déchets de la ville de Vikas Nagar.

Deux sites non loin l’un de l’autre. Deux espaces antithétiques. La décharge transforme le déchet en sédiment lorsque la mousson vient tout emporter. « Avant c’était un réservoir » disent les habitants. Les politiques tolèrent cette pratique. C’est le serpent qui se mord la queue. De l’autre côté un espace public typiquement indien au bord de la Yamuna où se mêlent les usages religieux du temple, la baignade récréative et le traitement de l’eau comme une ressource. Ici on abreuve le bétail, élève et pêche le poisson, on se lave et utilise l’eau pour le linge, la cuisine.

24


Le complexe de rĂŠservoirs est un bel espace public en lien direct avec le paysage de la plaine. Source : Photographie Nishant Panwar

Le bassin des hommes Source : Photographie Nishant Panwar

25


ATTEINDRE LA SOURCE : L’IMMERSION DU CORPS

Le pèlerin fait les cinq derniers kilomètres à dos de mule ou à pied pour atteindre le temple de Yamunotri à 3000 mètres d’altitude. Ici la ferveur religieuse est palpable. Pour les hindous, effectuer ce pèlerinage permet de laver tous les péchés et d’atteindre directement le nirvana après sa mort, mettant fin au cycle des réincarnations. L’eau des torrents est bleu clair et l’air à 0 degré. Le glacier se tient juste derrière le temple.

Offrandes pour la cérémonie rituelle de la puja* au temple de Yamunotri.

Le temple de Yamunotri, adossé au glacier.

* Puja : Une puja est une cérémonie religieuse hindoue au cours de laquelle le pujari invoque une divinité afin de l’adorer et lui faire des offrandes. Il existe de nombreuses manières de pratiquer la puja suivant les régions d’Inde.

26


Source d’eau chaude: Le bassin des femmes

Directement de la montagne sort une eau à 35° où les pèlerins peuvent prendre un bain. Tandis que les hommes se baignent à l’extérieur, avec vue sur les cimes, les femmes ne bénéficient d’aucun confort. La pièce est en sous-sol, sans lumière, sans cabine. C’est un problème récurrent en Inde et les projets contemporains commencent à le prendre en compte. On voit ici l’importance de penser l’aménagement jusque dans son échelle la plus intime. Celle du corps qui entre en contact avec l’eau.

27


BILAN DES INVESTIGATIONS

Sortir de l’Himalaya, regarder vers la plaine.

28


L’étendue de la plaine fabrique le paysage de la Yamuna Sa profondeur est son premier caractère Son rythme est la mousson À la fois célébration, providence et risque Sa matière est cultivée et culturelle Agriculture et pratiques sacrées Son échelle est la synthèse du grand et du petit, du cosmos et du contact du corps avec l’eau La rivière Yamuna est aussi une machine hydraulique. Son eau est multiple et vient de plusieurs sources Sa qualité est fluctuante Son cours peut être artificiel Il y a matière à projet dans la mise en tension de l’imaginaire de la rivière avec la réalité de la circulation de l’eau.

29


MULTIPLES DELHIS ORIENTATIONS - HORIZONS REPRÉSENTATIONS

30


Shajahanabad ou Old Delhi

31


« Je comptais trouver à Delhi la sérénité de l’histoire (…) Quelle ne fut pas ma surprise d’être emmené par un taxi pour une randonnée de trente kilomètres à travers un paysage informe, dont je me demandais s’il était un antique champ de bataille, où la végétation laissait percer les ruines à de rares intervalles (…)Les jours suivant m’apprirent qu’au lieu d’y trouver le passé concentré sur un petit espace, à la façon des villes européennes, Delhi m’apparaîtrait comme une brousse ouverte à tous les vents où les monuments étaient éparpillés, pareils aux dés sur le tapis » Description de Delhi dans les années 1950 par Claude Levy-Strauss « Tristes Tropiques » p 421

32


SEPTS CITÉS ENTRE MONTS ET PLAINE

7 5

6

3 2 1 4

N

1 2

0

Delhi, lieu de pouvoir ancien, s’est construite à partir de plusieurs cœurs, au rythme des cités décidées par les rois Rajput, les sultans et les empereurs moghols.

3

1 Quila Rai Pithora Xs

Toutes ces cités s’implantent dans un triangle formé par la rencontre des derniers contreforts des monts Arravalli et de la rivière Yamuna. Ce bassin versant constitue le socle des villes. La rivière irrigue les terres fertiles, les forêts et le quartzite des monts sont des sources illimitées de matériaux de construction, faisant de Delhi une terre attractive et habitée depuis le néolithique.

2 Mehrauli

XIIIs

3 Siri

XIIIs

4 Tughlakabad

XIVs

5 Firozabad

XIVs

6 Purana Quila

XVIs

7 Shajahanabad

XVIIs

Cours de la Yamuna au XVIIs Cours Actuel

33

km


HABITER LES CONTREFORTS DES MONTS ARRAVALLI L’INVENTION D’UNE CULTURE DE L’EAU : HAUZS ET BAOLIS X-XIIIe

Légende Cours actuel de la Yamuna

N Cours de la Yamuna au XVIIs

Emprise des villes

34

1 0

3 2

km

Topographie Courbes tous les 3 mètres


Représentation des Delhis médiévales.

Source : artiste inconnu, publiée en 1857, Illustrierte Zeitung

Delhi depuis les remparts de Tughlakabad. Source inconnue

Les trois premières Delhi sont des villes fortifiées implantées sur les versants des monts Arravalli. Pendant plusieurs siècles la plaine de la Yamuna est un grand horizon depuis les remparts. Les villes restent ainsi protégées des inondations et d’éventuels ennemis. Les premiers souverains Moghols développent un vocabulaire d’ouvrage hydraulique impressionnant. Les baolis sont des réservoirs à eaux pluviales souvent bâtis par des mécènes pour pourvoir aux besoins en eau de la population locale.

Les « Water tank », comme ceux d’Hauz Khas profitent de la pente naturelle du terrain pour collecter l’eau du bassin versant et alimenter de grands réservoirs. Les anglais fermeront les tanks et empêcheront leur utilisation afin d’affaiblir le pouvoir des derniers empereurs moghols au XVIII ème siècle.

Photographie du grand réservoir d’Hauz Khas à Delhi, construit au XIV ème siècle.

35


UN MODÈLE DE VILLE FORTIFÉE AU BORD DE LA YAMUNA SHAJAHANABAD XVIIe

Légende Cours actuel de la Yamuna

N Cours de la Yamuna au XVIIs

Emprise des villes

36

1 0

3 2

km

Topographie Courbes tous les 3 mètres


«Shajahanabad depuis le Lahore Gate», Mazhar Ali Khan, 1846, aquarelle et gouache, collection de la British Library. Source : Delhi 360°,J P Losty, Roli Books, 2012

Cette représentation de la Yamuna vue depuis le fort rouge révèle à quel point la rivière est conçue comme l’arrière-plan physique et symbolique de la ville-palais moghole. L’ordonnance des différents plans révèle une hiérarchie singulière dans la relation entre Delhi et son paysage. Outre l’architecture du palais royal, les jardins évoquent l’opulence et le travail de transformation de la nature par l’homme. La ville fortifiée en arrière plan est au contact de la matière bleutée représentant la Yamuna, qui par son infinité semble symboliser le royaume conquis par l’empereur et son pouvoir sur le monde.

Plan du Fort rouge au XVII ème siècle. Source : Delhi 360°,J P Losty, Roli Books, 2012

Aperçu du grand paysage. La rivière lèche les remparts de la forteresse. En arrière plan les crêtes des monts Arravalli fendues par un grand canal aujourd’hui disparu. Source : «Delhi and surrounding country», 1857, A.Maclure, «Delhi a living heritage», Intach

37


UNE VISION URBANISTIQUE POUR LE BASSIN VERSANT LA NEW DELHI DE LUTYENS XXe

Légende Cours actuel de la Yamuna

N Emprise des villes

1 0

38

3 2

km

Topographie Courbes tous les 3 mètres


La forêt du Ridge, arrière plan de la capitale impériale, Source inconnue

New Delhi est construite entre 1911 et 1921 par Edwin Lutyens pour être la capitale administrative des Indes Britanniques. La ville s’implante dans la partie la plus basse du bassin versant, constituant une rupture avec les anciennes Delhis, tant dans la forme architecturale que dans l’abandon des structures spatiales et sociales qui conditionnent la ville traditionnelle indienne. Entre la Yamuna et la forêt du ridge se dessine un grand axe, le Raj Path, équivalent en France des champs Élysées. Autour, s’organise une ville peu dense comparée au standard Indien, composée comme un modèle de cité jardin. Les documents de projet de l’architecte révèlent une vision urbanistique à grande échelle et une attention accrue au paysage. Une vision très anglaise s’affirme dans le dessin du rapport entre l’architecture et la forêt du Ridge, pensée pour être le majestueux arrière plan de la ville impériale. La période anglaise de Delhi voit ses infrastructures renforcées. Au début du siècle, une grande ligne de chemin de fer se construit parallèlement à la Yamuna reliant Delhi à Calcutta. Le barrage d’Ockla est construit au sud ainsi que le grand canal d’Agra L’époque britannique marque pourtant un tournant dans l’histoire entre Delhi et la Yamuna qui commence à disparaitre de la ville.

«Les deux sites possibles pour l’implantation de la ville impériale». Ce dessin montre un scénario qui n’a pas eu lieu. La Ville s’implante adossée au Northern ridge et fait face à la Yamuna transformée en grand lac. Source Inconnue

39


DELHI AUJOURD’HUI LA DISPARITION DES ESPACES DE L’EAU DANS LA VILLE

Légende Cours actuel de la Yamuna

N

N

1

Emprise des villes

0 40

3 2

1 0km

3

Topographie km 2Courbes tous les 3 mètres


À partir de l’indépendance de l’Inde en 1947, Delhi connait une expansion phénoménale de sa démographie, passant de 700 000 habitants à près de 25 millions en un demi-siècle. Des activités industrielles se développent le long de la Yamuna. Le besoin urgent de construire se fait au détriment de la planification urbaine. La Delhi d’aujourd’hui est composée pour un tiers de bidonvilles qui s’implantent dans les derniers espaces vacants. La rive Est de la Yamuna, marquant la limite avec l’Uttar Pradesh et historiquement difficilement constructible car inondable, est remblayée. Le grand métro de Delhi est construit à la limite entre la ville et la plaine, formant une digue solide. Les crêtes boisées ont été considérablement urbanisées, laissant une forêt morcelée en quatre parties sur le territoire de l’état de Delhi.

La rivière au XVIIe siècle Un système ramifié en relation avec le bassin versant.

La relation de bassin versant liant la forêt et la rivière est progressivement oubliée puis effacée. Les nallahs* sont recouverts et se transforment en égouts. *Le terme «nallah», «Storm water drain» en anglais, correspond le plus souvent à une dépression dans le terrain qui accueille l’eau de la mousson. Ils font partie intégrante du système hydrologique de Delhi, contribuant à drainer l’eau recueillie du bassin versant des monts Aravalli jusqu’à la rivière Yamuna. Leur état actuel est catastrophique.

Aujourd’hui, un cours unique dans la logique Nord-Sud de la plaine

X-XIVe

XVIIe

41

XXe


La Yamuna ne coule plus au pied des remparts du fort rouge. Les routes gigantesques remplacent les espaces d’eau dans la ville.

42


Un nallah en cours de recouvrement dans le quartier de Jasola.

43


LE MYTHE DE LA VILLE TOTALE

État de Delhi / 1 484 km² Flux de la Yamuna en période de mousson : 507 m3 - 30 000 héctares de forêts - 50% de surface agricole

44


N

5

15

0

10

km

Paris Intra-Muros / 105,4 km² Flux de la Seine à Paris : 328 m3 par seconde

45


LA YAMUNA ET LE RIDGE, DEUX HORIZONS INDÉPENDANTS À L’ÉCHELLE DE LA MÉGALOPOLE

1 Yamuna à Ganga Vihar

2 Forêt de Southern Ridge

Bien qu’ils constituent de grands espaces inconstruits dans la ville, les forêts du Ridge et la Yamuna sont deux isolats qui ont leur existence propre. À l’échelle régionale la forêt représente 30 000 hectares, 8000 hectares dans la ville elle même. La plaine de la Yamuna mesure jusqu’à quatre kilomètres de large entre ses deux rives et 22km de longueur du nord au sud. Considérés comme dangereux ils restent en dehors des lieux fréquentés par les citadins. Pourtant, leur signification géographique et historique pourraient de nouveau compter dans la mégalopole.

46


PLEIN ET VIDE À L’ÉCHELLE DE LA MÉGALOPOLE

2 1

En négatif apparaissent la forêt de central Ridge et la plaine de la Yamuna : Grands par leurs surfaces, inexistants par leur signification dans la ville.

47

N

2 0

4

km


LA YAMUNA ET LE RIDGE DEUX PAYSAGES INTERDÉPENDANTS À L’ÉCHELLE DU BASSIN VERSANT

COUPE DANS LE SENS DU BASSIN VERSANT :

Forêt des Monts Arravali / Central et South Central

a Kohi / Éboulis rocheux et broussailles

Forêts tropicales à semi-arides sur les crêtes

SOCLE GÉOLOGIQUE DE DELHI

a

a

DABAR (Plaine alluviale

BANGAR (Plaine alluviale

ancienne de Najafgarh)

ancienne de la Yamuna)

KHADAR (Plaine alluviale

KOHI (Quartzite / Monts Arravali)

active de la Yamuna)

48


a Bangar / Plaine Fertile

Khadar / Plaine Marécageuse

EAU

Forêts du Ridge Yamuna Population

Récolte

AIR

Eau souterraine

Co2 Vent du désert (Rajasthan) Forêts du Ridge

Delhi Climat Semi-Aride Climat tropical

49


CANAUX, DRAINS ET NALLAHS UN SYSTÈME HYDRAULIQUE SÉCULAIRE QUI PERD SA FONCTION ET SA SIGNIFICATION DANS LA VILLE Le bassin hydraulique à l’échelle de Delhi est composé de deux systèmes : Les grands canaux de plaine Agra et Hindon, sont des ouvrages artificiels reliant d’autres cours d’eau. Les nallahs et canaux de Delhi sont souvent des éléments semi-artificiels, qui s’appuient

sur les dépressions du terrain dans la logique de bassin versant. Actuellement, les grands canaux contribuent à eux seuls à plus de 70 %* de la pollution à Delhi. Le reste est constitué des rejets provenants des nallahs de Delhi, transformés en égouts de la ville.

Barrage de Wazirabad

1

rain

D arh

fg

ja Na

2 4

3 5 6

7 8

n

Ar

Ca

na

l

rav all

i

9

do

13

Mo

H

in

nts

10

11

Barrage d’Ockla

Agra Canal

12

N Légende

6

0

Km

3

Nallah et drain en relation avec le bassin versants

80 %* de la pollution de la rivière Yamuna provient de Delhi. 85 %* de la pollution à Delhi est d’origine domestique. Nettoyer ces nallahs, c’est prendre le problème à sa source.

Grand Canaux de dérivation Bassin versant de la Yamuna à l’échelle de Delhi

*Source : «Water status of the river Yamuna- 1999 -2005» Central Pollution control Board (Ministry of environment and forest)

Courbes de niveau (Tous les 3 mètres)

50


SCHÉMA DU SYSTÈME DE DRAINAGE DE DELHI

PROFILS DE CANAUX ET NALLAHS (Largeur en mètres)

(Flux en m3 / sec)*

Hindon Canal Najafgarh Drain

Wazirabad Barrage 1,5m3 / sec

20, 58

1 2

0,07

Magazine Road Drain

3

0,13

Sweeper Colony Drain

4

0,13

5

0,09

Khyber Pass Drain Methalf House Drain

6

0,39

200m

Qudsia Bagh Drain Tonga Stand Drain

0,09

7

0,52

8

0,56

YAMUNA

Najafgarh Drain Civil Mill Drain Delhi Gate Drain

1,01

SN Home Drain

0,04

Drain n°12

0,37

Drain n°14

1,35

Barrapuhla Nallah

0,74

Maharani Bagh Drain

9 10

11 12

30,00

Okhla Barrage 55, 67 m3/sec

75m

Barrapuhla Nallah

Hindon Cut Canal 13

* Schéma réalisé à partir du travail des étudiants en paysage de l’Université de Virginie. Source : www.recenteringdehli.com

60m SN. Home drain

14m

51


LE NALLAH DE BARRAPULLAH EXEMPLE D’EFFACEMENT DE L’INFRASTRUCTURE HYDRAULIQUE

Jawaharlal Nehru Stadium 1982

Autoroute en viaduc de Barrapullah construite au dessus du Nallah en 2010.

Quartier de Nizamuddin Opération de valorisation du nallah en cours

Quartier de Jangpura Le système se ramifie en drains qui passent dans les quartiers. Ces drains sont progressivement recouverts. LE NALLAH EN CRUE PENDANT LA CONSTRUCTION DE L’AUTOROUTE

52


Maharani Bagh Substation Production d’électricité

Civil Line Chemin de Fer construit par les Anglais au début du XXe.

Rencontre du nallah avec la rivière. L’eau non traitée passe directement dans l’eau. L’espace est invisible aux yeux des citadins.

Ring Road Autoroute urbaine parallèle à la Yamuna

Le nallah de Barrapullah est le plus grand de Delhi. En 2010, une route surélevée se construit son emprise. Cette dynamique de recouvrement est à double tranchant. En même temps qu’elle offre une plus grande surface de construction, elle augmente les risques liés aux crues de moussons et l’ingérence de la pollution qui se retrouve sous terre, toujours non traitée. Pourtant, en plus de leur rôle hydraulique les nallahs pourraient être des espaces publics à part entière, constituant un réseau pour la circulation informelle entre les quartiers, alternatif aux grands axes de transports.

Photo / Blogger Varunshiv en 2010 Source : http://sarsonkekhet.in

53


UN RÊVE DE «VILLE GLOBALE» LA TENTATION DU DÉVELOPPEMENT

La dynamique des choses en cours à Delhi peut être observée dans de nombreux endroits où s’exerce une pression foncière. On peut déplorer l’effacement des éléments du paysage qui ont contribué un temps à la prospérité de la ville et se demander : Est-ce irrémédiable ? La plaine de la Yamuna, les nallahs, la forêt, sont-ils voués à disparaitre ? Doit-on aller dans le sens de cette disparition, passer à une autre histoire ?

N’y a-t-il pas une solution qui considèrerait ce qui est déjà là comme source de projet ? Les habitants, les pratiques de la rivière et leur intelligence du paysage ?

Comment parler de redécouvrir une relation à l’eau sans avoir l’air de toujours déplorer l’âge d’or perdu ? Delhi évolue à une vitesse phénoménale et la situation telle qu’elle est aujourd’hui ne restera pas longtemps en l’état. Les images de projets qui émergent actuellement autour du redéveloppement de la Yamuna à Delhi sont assez symptomatiques des préoccupations actuelles autour de la pollution et de la création d’espaces récréatifs pour les classes aisées de Delhi. Ainsi, « Tube City » propose une grande structure architecturale, qui implantée sur l’eau absorbe tous les usages agricoles de la plaine tout en dépolluant l’eau. La structure accueille aussi les usages citadins, shopping, métro, bureau… On est vraiment face au rêve d’une architecture qui veut régler tous les problèmes en un seul objet posé sur un paysage, qui lui reste en dehors de la réflexion. Morphogenesis fait la part belle à l’espace public le long de la rivière, recréant un nouveau paysage sur l’ancien. La plaine de la Yamuna, avec sa complexité et ses usages actuels est recouverte d’un parc qui pourrait exister n’importe où. «ville globale», Concept utilisé par Véronique Dupont pour décrire les ambitions de Delhi à constituer un pôle déterminant à l’échelle planétaire. Cette politique trouverait son expression dans le plan directeur d’urbanisme à l’horizon 2021 et aurait pour conséquence directe la promotion des formes de la modernité : centres commerciaux géants, autoroutes, quartiers d’affaires et une volonté d’éviction des éléments contraires à cet idéal comme les bidonvilles..

54


«Tube city» Abhinay Sharma Source : seriouswonder.org

The Yamuna developpement par l’agence de paysage indienne Morphogenesis Source : Morphogenesis.org

55


En tant que dernier espace ouvert au centre de la mégalopole, la plaine de la Yamuna subit une pression foncière importante. Les grands travaux des années 2000 ont vu la construction du métro de Delhi en à peine trois ans de travaux. Majoritairement en viaduc, certaines stations sont construites directement sur la plaine inondable. L’accueil des jeux du Commonwealth en 2010 a aussi été l’occasion de concevoir des ouvrages pharaoniques comme le temple d’Ashkardam et le village olympique, eux aussi construit à même la plaine, mais tournant complètement le dos à la rivière.

1

Temple d’Ashkardam et le village olympique des jeux. Source : http://sarsonkekhet.in

2

Station de métro «Yamuna Bank» Source : https://chasingthemetro.files.wordpress.com

56


Vue aĂŠrienne prise en 2001

Vue aĂŠrienne prise en 2014

2

1

N

0

2 1

57

km


CES SLUMS QUE L’ON NE VEUT PLUS VOIR

E V I C T I O N S, T H E U R B A N P O O R A N D T H E R I G H T T O T H E C I T Y: D E L H I

PHOTO 1A

Pushta settlements, 2003 © Google Earth

*

Destruction du Jhuggis-jhompris* de Pushtar sur les bords de la Yamuna Downloaded from http://eau.sagepub.com by Véronique Dupont on April 2, 2009

* Jhuggis-Jhompris, est un bidonville de Delhi

58

129


E N V I R O N M E N T & U R B A N I Z AT I O N

Vol 21 No 1 April 2009

PHOTO 1B

Pushta settlements, 2005 © Google Earth

*

130 Downloaded from http://eau.sagepub.com by Véronique Dupont on April 2, 2009

Plusieurs vagues d’évictions et de démolition de bidonvilles se sont passées à Delhi depuis son indépendance. Seulement depuis les années 1990, plus de 100 000* foyers ont été détruits aux bulldozers sur les bords de la Yamuna. Presque 80%* d’entre eux n’ont reçu aucune solution de relogement. Ce phénomène est le pendant noir des politiques de développement et de planification. * Source : «Evictions, the urban poor and the right to the city in millennial Delhi» p129 Gautam Bhan

59


LE GRAND ÉCART D’AHMENABAD INSPIRATION OÙ CONTRE EXEMPLE ?

Présenté comme le modèle des redéveloppements des fronts de rivière en Inde le projet pensé pour renouveler la relation entre la Sabarmati et la ville d’Ahmenabad n’en finit pas de soulever des polémiques. Une grande promenade en béton de 11,5 km crée des quais en surplomb de la Sabarmati, dont le visage a complètement été modifié. Alimentée en amont par une autre rivière elle est dorénavant plus proche de la retenue d’eau artificielle que de la rivière de mousson. Pensé pour accueillir les usages des citadins aisés de la capitale du Gujarat, le projet a complètement effacé les pratiques traditionnelles du fleuve ainsi que l’agriculture. Les habitants de l’ancienne plaine ont été violemment expulsés et les bidonvilles rasés. Dans les années 1960 l’architecte Bernard Kohn, avait pensé un projet complètement différent pour Ahmenabad qui considérait les pratiques existantes et les habitants des rives du fleuve. Très critique du projet réalisé, il développe dans les années 2008-2009 un workshop intitulé « Un fleuve pour tous ». Pourquoi le mot « développement » rimet-il toujours avec bétonnage ? La plaine en tant que paysage ne peut-elle pas aussi accueillir et enrichir les pratiques de la ville ?

La plaine inondable de la Sabarmati en 1964 Source : www. bernardkohn.org

Pourquoi le projet de développement ne s’adresse qu’aux classes les plus aisées et à leur rêve de modernisme ? Malgré ces aspects moins reluisants, le projet d’Ahmenabad a la qualité de proposer une structure hydraulique à l’échelle de la ville Indienne et de ses défis, en proposant d’intégrer la question de la dépollution de l’eau dans l’architecture. La promenade en béton lors de sa construction dans les années 2000 Source : hcp.co.in

60


Les images du projet de développement de la rivière Sabarmati à Ahmenabad insistent sur les usages urbains, shopping et activités marchandes principalement. Source : hcp.co.in

Image présentée par des étudiants lors du workshop «un fleuve pour tous» avec Albert Kohn en 2008. Les usages agricoles et les pratiques liées au partage des ressources s’installent dans la largeur du paysage. Source : www. bernardkohn.org

61


SYNTHÈSE DES PARADOXES

SACRALITÉ

POLLUTION

RÊVE DE VILLE GLOBALE

PAYSAGE - RESSOURCE 62


«A ce point, il s’agit certainement d’un dédoublement de personnalité. Mais je ne peux rien y faire. Prêtre, je crois à la pureté spirituelle du Gange. Scientifique, je vous parlerai de sa saleté et de sa putréfaction. Chaque matin, en faisant mes ablutions, je bois cette eau comme le font tous les hindous croyants, car elle me lave de tous mes pêchés. Mais, dans mes écrits, je suis le premier à dire que cette eau est impropre à la baignade et à la consommation» V.B. Mishra, professeur d’ingénierie hydraulique à la Bénares University, Propos recueilli par François Musseau pour «Libération».

63


3/LES POSSIBLES DE L’EAU À DELHI EXPLORATION DES LIEUX DE LA TRANSFORMATION

64


Nallah de Barrapuhlla / Photo Alice Rousille

65


1

3

2

3

3

4 1

1 2 1

2

N

1 0

66

2

km


Dans la matière de la ville LES QUARTIERS 1 NIZAMUDDIN 2 LAJPAT NAGAR 3 COLONIE DE NIGAMBODH 4 LE QUARTIER DISPARU Sur les hauteurs DES ANCIENNES DELHIS 1 2 PURANA QUILA et FIROZABAD 3 LE TOMBEAU D’HUMAYUN DANS LA PLAINE 1 2 MAYUR VIHAR ET GEETHA COLONIE 3 ARRIÈRE DE CHATT PUJA GHAT AU CONTACT DE LA YAMUNA 1 QUDSIA GHAT

67


DANS LA MATIÈRE DE LA VILLE LES QUARTIERS

68


Une rue de Lajpat Nagar au couchĂŠ du soleil

69


LA RUE INDIENNE

La rue indienne est vivante et commerçante, animée par les métiers informels, charretiers, cireurs de chaussures, vendeurs de fruits et légumes, rickshaws*, repasseuses de linge, tailleurs, vendeurs à la sauvette, temples, mendiants. Les trottoirs rares, et tout le monde marche dans la rue et fait partie intégrante du trafic composé des rickshaws jaune et vert qui filent entre les voitures, les bus, les charrettes, les gens. Les usages s’empilent, se croisent, se superposent et parfois se contredisent dans un même espace. Le trottoir disparait la chaussée s’accroche aux commerces, rentre presque dans les échoppes. La rue Indienne est comme un écosystème, composée d’éléments qui coexistent et s’imbriquent pour la faire respirer, une alliance singulière entre l’homme, l’animal, le végétal.

* Rickshaw moyen de transport à trois roue, motorisé ou non, surtout utilisé en Asie.

Coexistence des usages et mobilités dans l’espace. La rue est le premier espace public indien.

70


Prière de rue. Le sacré a sa place dans l’espace public.

71


NIZAMUDDIN HAZRAT EAU SACRÉE, ESPACES PUBLICS CONTEMPORAINS 1

Entrer dans Nizamuddin Hazrat, c’est s’envelopper dans un tissu urbain d’une densité inconnue en Europe. Les rues semblent façonnées par cette densité, comme si toute l’histoire depuis le 14e siècle n’avait jamais été effacée par le temps et se condensait toujours avec un présent résolument marchand, religieux, vivant. En marchant dans ces rues, on pense à un réseau de veines, transportant tout ce qui fabrique la vie, depuis la chèvre devant la porte qui produit le lait et la viande pour une famille, les ruelles couvertes où l’on trouve de tout, et qui mènent invariablement à la mosquée, centre du quartier, gros cœur doré toujours animé par la ferveur et le rite Souffi. C’est dans ce quartier que se trouve le seul baoli de Delhi à être encore alimenté par un torrent souterrain. Il a fait l’objet d’une rénovation complète en 2009 et accueille de nouveau les pratiques rituelles liées à l’eau dans le culte Souffi ainsi que les baignades récréatives. Ce projet réussi est la preuve que les espaces de l’eau anciens peuvent exister au présent. Ne pourrait-on pas s’inspirer de cette culture de l’eau séculaire pour inventer de nouveaux espaces publics en ville ?

Le baoli après rénovation

Le baoli pendant sa rénovation

Source : «A Step Back», Photograph:Simon de Trey-White, «The National», 29 Nov 2012

Source : Aga Khan Trust for Culture, sur Archnet. org

72


Marcher dans les rues de Nizamuddin à l’heure de la prière.

Coupe du baoli de Nizamuddin

Source : Aga Khan Trust for Culture, sur Archnet.org

73


LAJPAT NAGAR LA PLASTICITÉ DE LA CITÉ-JARDIN, UNE EAU QUI S’IGNORE? 2

Connaissant bien Lajpat Nagar pour y avoir habité le temps de cette recherche, mon regard a progressivement changé sur le petit jardin rectangulaire en face de la fenêtre du salon. Les quartiers sud de Delhi sont très différents des quartiers historiques car inspirés directement par le modèle de la cité jardin à la Lutyens. Ainsi, presque systématiquement, un jardin est implanté au centre d’une unité d’habitation composée de plusieurs immeubles. Le tissu urbain, beaucoup moins dense laisse plus de place aux espaces publics plantés de grands arbres, qui ont leur importance dans un pays où la chaleur dépasse très souvent 40°.

là encore difficile d’aller à son encontre dans l’immédiat. Cependant ces quartiers-jardins ne pourraient-il pas accueillir de nouveaux espaces d’eau ?

Dans ces quartiers, le réseau hydrographique a été recouvert plus vite qu’ailleurs, sous la pression des habitants des classes aisées qui supportent moins les odeurs émanant des nallahs pollués. À Lajpat Nagar, le nallah est actuellement en cours de recouvrement. Même si cette démarche pèse sur la capacité de Delhi à absorber les crues et les eaux de ruissellement de la mousson la dynamique est en cours et il parait

Les parcs des quartiers sud, la canopée de Delhi

74

Les limites des parcs accueillent les activités, repassage de linge, réparation de Rickshaw


Un dimanche après-midi de mousson, il pleut comme une douche. Personne ne peut sortir, les rues sont transformÊes en torrents.

75


Croquis d’une unité d’habitation depuis le jardin intérieur. Le jardin est un square public qui peut être investi par les habitants mais l’est en réalité de manière très irrégulière. Pratiquement tout les tois des immeubles sont des terrasses que tous les habitants de l’immeuble peuvent utiliser. Espaces d’eau potentiels?

Croquis de recherche : Installer l’eau dans le quartier, l’eau du quartier au nallah, le nallah à la plaine de la Yamuna

76


Ici, une contre-allée plantée entre deux rues commerçantes, exemple d’un espace public d’inspiration occidentale. Pourtant les gens continuent de marcher au milieu du trafic et elle reste sous-utilisée. Ce genre d’espace ne pourrait-il pas être repensé aujourd’hui?

77


COLONIE DE NIGAMBODH VIVRE AVEC LE RISQUE 3

L’ambivalence de ce quartier tient dans son appellation « Non authorized ». Pas autorisée mais pas interdite non plus elle a échappé aux campagnes de destruction des bidonvilles de Delhi et bénéficie d’un statut pour le moins compliqué. Les habitants de ces quartiers, majoritairement originaires du Bihar vivent sur les berges de la Yamuna à Delhi depuis plusieurs générations et ont eux-même entrepris les constructions, qui au départ précaires se sont progressivement solidifiées. Cette situation pourrait presque ne pas être un problème si la Yamuna n’inondait pas complètement la zone environ tous les deux ou trois ans, obligeant les gens à migrer sur leur toits, puis partir. À chaque épisode il reconstruisent et nettoient eux mêmes les berges, constituées en un front de ghats qui n’est malgré tout pas assez élevé pour les protéger des crues. De cet endroit se dégage une atmosphère chaleureuse et colorée. Et il rappelle dans sa structure les villes saintes tournées vers le fleuve sacré comme Mathura où Varanasi. Cette impression est renforcée par la spécialisation des habitants dans les pratiques rituelles liées à la mort, le quartier étant implanté à côté du plus ancien ghat de crémation de Delhi.

Trop consommatrice d’espace, polluante, pas adaptée à la ville moderne. Est-elle obsolète ? On pourrait aussi changer de vision sur ces endroits et pourquoi pas s’en inspirer. Car tout illégaux qu’ils sont ils montrent une grande adaptation aux conditions du site avec lequel ils entretiennent une vraie relation pratique et symbolique. La seule question reste : Peuventils continuer à exister avec le risque ?

Le point d’eau est sur une petite place à 3 mètres de la rivière avec le temple.

En marchant dans ce quartier on pourrait avoir l’impression d’être autre part, dans une autre Delhi qui non planifiée, révèle comment une grande partie du peuple indien conçoit encore la fabrication de la ville selon des modèles traditionnels. Cette appropriation de la berge par un habitat non planifié est souvent montrée du doigt.

Hommes autour d’un bucher funéraire au Ghat de Nigambodh

Les ghats sont construit par la «Yamuna mission», ONG qui oeuvre aussi à Mathura. 78


Un des points d’eau collectif de la colonie

Tressage des couronnes de marigold sur les berges, fleur sacrée utilisée pour tous les rituels en Inde.

79


Le seul quartier en lien direct avec la rivière, ici les structures pour mettre les bateaux à l’eau.

80


81


Comment habiter les bords de la Yamuna ?

Utiliser les dynamiques du fleuve et du déplacement des sédiments pour protéger le quartier des crues et fabriquer un nouveau paysage.

Un banc de sable est stabilisé par une plantation et forme une barrière naturelle qui protège le quartier sans le couper de la Yamuna

82


Niveau lors d’une forte mousson

Aujourd’hui, la colonie est à la merci des crues de la Yamuna et séparée du reste de la ville.

Nouvel espace de l’eau en ville, réservoir d’eau de mousson il peut aussi accueillir une crue.

Demain le travail des limites du quartier légitime l’existence de la Colonie en restaurant la fonction hydraulique et le rapport à la rivière 83


LE QUARTIER DISPARU LA MÉMOIRE DE L’HABITÉ PRÉFIGURE LE PROJET 4

En Inde, on peut déplacer les hommes mais pas les dieux. Que reste-t-il du quartier rasé par le gouvernement il y a quelques années ? Des temples de fortune habités par des saddhus, perdus dans une nature semi-sauvage. Serions-nous revenus à un stade antérieur ? On pourrait se croire à l’amont dans les cabanes de Babadji dans l’Himalaya. En face, il construisent une route en dépit des temples, en dépit de la Yamuna. Il n’y a pas de projets prévu à cet endroit. Au loin passe le métro. En s’avançant les usines bloquent le passage. Un nallah bétonné se jette dans la rivière. Tous les éléments qui composent le site se juxtaposent et cohabitent sans communiquer. Après la route, il y aura un bâtiment, puis un autre et un chaos urbain planifié remplacera l’informel. Quel avenir pour ce lieu de culte et de mémoire ?

Shivkumar Bhardwaj devant son temple dédié à Radha et Krishna

Baghambarnath Ji devant son temple dédié à Hanuman

Coupe/ Relation entre les temples et le drain en béton

84


Autel hindou, dédié au dieu Vishnu. En arrière plan un pipal, arbre sacré avec le banyan et le neem. Ces trois arbres sont parfois liés ensembles dans les lieux de culte et grandissent comme un seul sujet. Il existe une symbolique très forte du végétal, en particulier des arbres dans la religion hindouiste.

85


Un temple perdu dans une nature semi-sauvage, seule mĂŠmoire du quartier disparu.

86


Construction de la route à cheval sur le nallah et en dépit des temples.

Croquis de recherche : Comment réinstaller le temple et son rapport à la rivière dans un contexte plus large, l’échelle intermédiaire entre le grand et le petit. 87


DEPUIS LES HAUTEURS DES ANCIENNES DELHIS

88


La plaine de la Yamuna depuis la forteresse de Firozabad

89


PURANA QUILA, L’HORIZON RÉVÉLATEUR DE LA TRANSFORMATION URBAINE 1

Endroits très prisés des citadins de Delhi, les hauteurs des forteresses, permettent une prise de recul sur la ville. Historiquement implantées le long de la Yamuna, elles ont perdu leur lien avec la rivière mais gardent un rapport avec l’étendue de la plaine. La forteresse de Purana Quila en est un parfait exemple et pourrait constituer un levier pour un projet d’ampleur.

Niveau à l’intérieur de la forteressse

+ 18 mètres

Niveau de la plaine aux pieds des remparts

Croquis du rapport intérieur/extérieur de la forteresse de Purana Quila

90


Horizon depuis la forteresse, la perception de la plaine est perturbĂŠe par des constructions

Croquis de recherche / Retrouver une perception de la plaine depuis les hauteurs / Faire entrer le grand paysage dans la ville / contextualiser l’architecture

91


LA LEÇON DU JARDIN MOGHOL 3

«L’esprit des jardins de paradis en Europe se cache dans les fleurs, l’herbe, et les arbres, mais l’âme des jardins d’Orient ne repose dans aucune de ces choses. Elle réside en l’eau qui court, qui à elle seule, sait revéler les autres beauté.» «Garden of the Great Mughals», C.M Villiers Stuart,1913, p11

Le jardin du tombeau d’Humayun et sa relation actuelle avec l’extérieur.

92


Tout paysagiste serait fasciné par l’ingéniosité et la beauté des systèmes d’eau des Chahar Baghs*, même s’ils n’en contiennent plus toujours. Le jardin mogohl, tel que conçu par les souverains du XV, XVI et XVIIe siècle devait être un rêve d’eau. Un paradis dans ce climat semi-désertique qui rend l’hiver de Delhi très froid et l’été si étouffant. L’eau est l’élément central du jardin, mise en scène dans son mouvement par des canaux courant au milieu de l’allée en grès rouge, par des cascades qui marquent des changements de niveaux, en passant contre les terrasses surélevées et ombragées par les grands arbres. Il n’y a pas que l’eau vive des chahar baghs qui ait disparu. Car avant les jeux de cascades, ces jardins tenaient leur identité de la proximité avec le fleuve. Il n’y a qu’à aller au Taj Mahal pour s’en rendre compte. À l’arrière de la tombe, le complexe se termine sur une spectaculaire terrasse donnant sur le fleuve Yamuna aujourd’hui très asséché. À Delhi il n’en est rien car le fleuve ne constitue plus l’arrière-plan physique des jardins. Le jardin mogohl s’est comme vidé de son eau ! sa présence se résume aujourd’hui aux gros tuyaux d’arrosage verts, qui tels de gros serpents traînent sur la pelouse à demi jaunie : Importation hautement britannique pendant la période coloniale, la pelouse manucurée a remplacé beaucoup d’éléments originels des jardins mogohl. Les plus emblématiques étaient les arbres de vergers, manguiers, orangers, abricotiers. Leur présence évoque la conception d’un paysage qui reflète le paradis terrestre, où la nature est féconde et nourricière.

«A Zenana Garden», Le jardin moghol clos et son arrière plan fluvial. Source : «Garden of the Great Mughals», C.M Villiers Stuart, 1913, p53 *Chahar Baghs : Jardin de style Indo-Persan caractérisé par un plan en croix.

XXIs

Déplacement de la Yamuna vers l’Est depuis le XVIe siècle. L’espace de la plaine se solidifie et le jardin perd sa relation au paysage.

XVIs

93


DANS LA PLAINE

94


La plaine de la Yamuna vers le barrage d’Ockla

95


UN LIEU HABITÉ ET CULTIVÉ PAYSAGE-RESSOURCE 1 2

Une culture vivrière qui se retrouve sur les étals de la ville

Une famille

5-10 Giggas* Céréales et cultures légumières locales

Cultive

Coupe schématique de l’organisation des parcelles Un pépinièriste

1 acre Production de plantes d’ornements

Cultive

Pépinière de M Gahamman Ram et sa femme Les végétaux produits dans la plaine alimentent les parcs et jardins de Delhi

96


Activités d’élevage dans la plaine en relation avec des milieux

Élevage de bufflesMilieux- bois d’Eucalyptus paturé (et clos) Espaces en eau, lacs et étangs peu profonds Prairie basse.

La vente informelle de légumes se fait sur des étalages ambulants ou par colportage dans la rue.

Poissons chats (Wallago, Mysthus, Bagarius Murrels (Channa Striana)

La plaine de la Yamuna est tenue par des cultures et des habitants qui entretiennent une relation particulière avec leur territoire. L’adaptabilité au rythme des moussons, et à la vie du fleuve en est une des principales caractéristiques.

Carpes (Catla catla- Cyprinus)

Poissons de rivière et aquaculture. Pour l’instant on ne trouve plus que trois types de poissons dans la rivière et les lacs. L’amélioration de la qualité de l’eau peu enrichir la diversité de poissons et relancer l’activité de la pêche.

À Delhi, les agriculteurs louent leurs terres à des propriétaires privés ou publics. Les pratiques culturales peuvent varier suivant l’origine ethnique des personnes, ayant souvent émigré d’autres régions indiennes. La production est vivrière et aussi commerciale en de petites quantités. Le paysage est déjà en lien avec la ville par le biais de cette production car les denrées de la plaine se retrouvent aussi dans la ville. Comment mettre en scène la richesse de cette ressource ?

Éléphant d’Asie

* Le giggas est une mesure utilisée à Delhi 1 giggas = 1/2 hectare

Dromadaire

Élevage de grand mamifères. Milieux- Forêt, grand espaces de prairie et milieux aquatiques, étangs et lacs peu profonds. Problématique de la circulation des animaux et des hommes.

97


Comment valoriser la production et les paysages de la plaine?

Espace en ville en bordure de plaine Ă reconvertir.

Place de marchĂŠ / Valorisation de la production de la plaine et traitement de la limite avec la ville.

Dessin des limites du rĂŠservoir, modification de sa forme et reprofilage des berges. Restauration de la fonction hydraulique.

98


Usmanpur Garbage Village Aujourd’hui des lacs saumâtres remplis de déchets mais dans lequel survivent des élevages de buffles, des activités de pêche. La limite plaine-ville est fabriquée par la route.

Amorce de l’accés à la Yamuna

Accès à la plaine dans les deux sens, peut être utilisé par les animaux et les hommes.

Usmanpur Garbage Village Demain des réservoirs de moussons intégrés à la ville, à la fois espace public pour les citadins et lieu de production. 2050, installation du premier marché de poissons entre la ville et la plaine.

99


QUEL FUTUR POUR LA NATURE DÉCLASSÉE? 3

Espace d’entre deux et univers industriel en déclin

- «On s’en va! C’est dangereux ici»

100


Un éleveur fait paitre ses animaux sous le pont

Sous la pression foncière, certains morceaux de la plaine se sont transformés en non lieux, ou en espaces d’entre-deux : Industrie en déclin, abords des grandes infrastructures autoroutières, terres isolées par les constructions. Tous ces espaces sont des potentiels dans la renégociation de la relation ville-plaine.

101


AU CONTACT DE LA YAMUNA

102


La berge de Chatt Puja Ghat / Photo Alice Rousille

103


LA FIGURE DU GHAT UN DÉTOUR PAR VARANASI

Varanasi (ou Bénares) est fondée sur les rives du Gange en Uttar Pradesh. Elle est considérée comme la ville la plus sacrée de l’hindouisme. À Varanasi le visiteur est comme noyé dans une marée d’odeurs, de chaleur, de foule en mouvement qui n’a pas de temps historique. Le matin, lorsque les gens se baignent dans le Gange au lever du soleil, on pourrait tout aussi bien se croire revenu mille ans en arrière. Un ghat est un ensemble architectural orienté vers l’est permettant le contact avec l’eau du fleuve. Il se compose d’une ou plusieurs volées de marches mais peut être complété par des terrasses et couronné d’un temple. Les fronts de ghats traditionnels, comme à Varanasi constituent un ensemble assez homogène. Le dispositif construit a une véritable unité dans sa diversité, et est adapté à la topographie du site et au niveau d’eau fluctuant selon les crues. Toutes ces marches sont généralement raccordées entre elles par des jeux de plateformes de différentes tailles et hauteurs. En haut se situe une promenade principale qui permet de rejoindre tous les ghats de Varanasi.

Les ghats sont des espaces de la vie religieuse et quotidienne. Au soleil levant ils accueillent le grand bain purificateur, rituel des pèlerins hindous, à la nuit tombée des offices religieux peuvent avoir lieu sur le ghat principal. Le reste de la journée laisse plus de place aux usages quotidiens, se laver, laver et sécher le linge, abreuver le bétail, activités marchandes de toutes sortes. À Varanasi, le cœur de la ville est le Gange. La Yamuna n’a plus sa place dans Delhi. Le ghat est l’interface principale entre les habitants et leur rivière. Redessiner les ghats de Delhi dans leur version contemporaine rendrait de nouveau possible la relation physique au paysage de la Yamuna.

Les ghats de Varanasi, un dispositif adapté aux niveaux d’eau suivant les saisons

104


Puja au lever du soleil, les ghats sont toujours orientés face à l ‘Est L’eau, la mort et le mouvement perpétuel Un groupe d’hommes fait face au brasier, debout et dans la fumée dont se dégage une odeur de bois brulé. Une fois que le corps a terminé de se consumer, les membres de la famille récupèrent ses cendres. Des « boatmen » attendent sur la berge de terre envahie de déchets que les cendres leur soient confiées et partent ensuite les immerger près d’un autel érigé hors de l’eau au milieu du courant. L’âme du croyant pourra ensuite se réincarner dans son nouveau corps selon la tradition hindoue.

105

Cortège funéraire


LES GHATS DE DELHI UNE OPPORTUNITÉ POUR REPENSER LA RELATION PHYSIQUE À L’EAU 1

Qudsia Ghat était l’arrière d’un grand palace à l’époque coloniale . Le bâtiment a disparu et les ghats se sont déconnectés de la vie de Delhi. L’usage persiste mais pourrait être considérablement intensifié.

106


Une communauté villageoise venue en pélerinage depuis l’ Uttar Pradesh. Les pratiques rituelles le long de la Yamuna sont vivantes et en demande d’espace public pour les accueillir

Les berges non maintenues se sont ensablées et le ghat se retrouvera bientôt en recul de la rivière, à l’écart de la vie du fleuve.

107


DÉFINITION DU PAYSAGE-RESSOURCE

Rencontre des éléments, racines et canopée

108


À Delhi, la plaine de la Yamuna est un «paysage-ressource» Le paysage-ressource est ouvert sur la ville mais conserve son indépendance Le paysage-ressource et fréquentable et habité Le paysage-ressource trouve son prolongement urbain dans l’eau des nallahs et ses espaces de réserves. Le paysage ressource est au pied et à la tête de Delhi, dans la porosité de ses sols et dans sa canopée.

109


4/ UN POSITIONNEMENT POUR DELHI LE PAYSAGE-RESSOURCE

110


111


LES ENJEUX DU FLEUVE CROISENT CEUX DE LA MÉGALOPOLE

La vie du fleuve paramètres du projet - La composition de son eau (qualité) - La puissance de son flux et son oscillation saisonnière - Le transport de la matière sédiment

112


Les enjeux de la rivière dans la mégalopole de Delhi - Pourvoir les besoins en eau potable de la population en croissance sur fond de crise de l’eau. - L’existence d’un grand paysage en relation avec la ville dans les décennies à venir.

113


DEUX ÉCHELLES D’INTERVENTION LA CONTINUITÉ DE LA PLAINE ET SES ACCROCHES À LA VILLE

N

0

2 1

114

km


La plaine comme grande étendue continue et autonome

1

2

3

4

5 Les accroches à Delhi par l’eau en relation avec le bassin versant (proposition de dépollution active) 1 Qudsia Ghat Drain 2

Delhi gate drain+ Civil line drain

3 SN Home drain 4 Barrapulha nallah 5 Maharani bagh drain

115


INTENTIONS L’EAU DANS LA VILLE DEVIENT LE FIL D’ARIANE VERS LA YAMUNA

116


117


EAUX ET SOLS, LE TEMPS ET LE SENS DE L’ACTION L’EAU ET LE TEMPS DE L’ACTION

Eau du bassin versant qui s’écoule depuis le Ridge jusqu’ à la Yamuna, depuis la ville vers la plaine.

NALLAH

- déclencheur, verrou, action immédiate

Eau de l’amont, quelque chose de reçu. Il faut faire avec. l’évolution de son flux est incertaine.

YAMUNA

- Sera propre à long terme > 50 - 100 ans Echelle de l’anticipation

EAU SOUTERRAINE

Eau invisible à la surface, matière abstraite mais précieuse. Elle est encore propre mais pourrait se dégrader si l’on ne fait rien. Elle est en relation avec l’eau de surface. - Permettre l’infiltration, favoriser la porosité, organiser l’espace à la surface.

118


LE SOL ET LE SENS DE L’ACTION

La terre sous la ville, la terre polluée ou remblais.

TERREPOLLUÉ ARABLE - REMUÉ SOL

- Cette terre est celle du projet, on peut agir dessus.

La terre fertile est tenue par une population qui en vit. Elle a de la valeur.

SABLE ALLUVION TERRE et ARABLE

- laisser faire les hommes et valoriser ses fruits. Créer les conditions pour faciliter la culture.

Le sable est mis en mouvement par le flux de l’eau. - Laisser faire la nature. En profiter en le solidifiant par la plantation quand il y a besoin pour créer de nouveaux milieux entre la rivière et la berge.

119

SOL POLUÉ - REMUÉ SABLE et ALLUVION


SOL POLLUÉ - REMUÉ

NALLAH

+ = MAINTENANT PROJET DESSINÉ DÉCLENCHEUR ACTION TRANSFORMATION

YAMUNA

TERRE ARABLE

+ = LONG TERME > 50 ANS INCERTAIN PROCESSUS ANTICIPATION CRÉER LES CONDITIONS

EAU SOUTERRAINE

SABLE et ALLUVION

+ = LONG TERME > 50 et + INVISIBLE MAIS DÉTERMINANT 120


N

0

2 1

km

121


S’ADAPTER AU RYTHME DE LA YAMUNA LE PROFITER ET LE LAISSER VIVRE

L @HT\UH N

YYPNH[PVU VM [OL Y ÅV^ MYVT P[Z HZ[LYU @HT\UH WWS` [OL ^H[LY H VU [OL +LSOP PZ[ KLMLUK [OL LJ[ [OL UH[\YHS I [OL WVSS\[PVU OL YP]LY ZOV\SK

LHS Z[YLUN[O VM

VEL

eter above the el of the see)

210 209 207,49 205 204,83 204,22 203 202,9 202 200

\UH YP]LY HZ H JHZL

1

N

202 au current season 202m dessus dry du niveau de la mer Situation actuelle à la saison sèche à 30 % du

0

500 1000

2

32000 km

La question du flux de la Yamuna est centrale. Aujourd’hui, il est admis que la rivière est en train de passer d’un régime de mousson saisonnier où 80 % du flux est réparti sur trois mois dans l’année, à un système pérenne où l’eau s’écoule également pendant toute l’année. C’est certainement à Delhi que ce phénomène est le plus visible.

veau de Wazirabad. Des études* montrent que ce flux en déclin a un impact négatif sur tout le territoire du bassin de la Yamuna. Le trop peu d’eau nuit au fonctionnement écologique de la rivière de mousson, spécifiquement dans sa capacité à absorber les chocs de pollution, et à transporter la matière sédiment qui fertilise les sols et fait partie intégrante de la vie des fleuves en Inde.

Principalement utilisée pour l’irrigation, et les besoins en eau des populations, la Yamuna est à environ 30 % de ses capacités réelles au ni-

* Source : «Environmental flow for Monsoon rivers in India: The Yamuna river as a case study», Vikram Soni, Shahank Sheldam, Diwan Singh

122

203/ Current


210m au dessus du niveau de la mer -PJ[PVU -SVVK VM [OL JLU[\Y` H[ VM P[Z ÅV^ Fiction - la crue du siècle à 100% du flux

123


N

2

0

km

1

Questionnement sur l’anticipation du niveau de la Yamuna. Son augmentation effective ou non, le risque de crue dessinent la largeur de la plaine, sa relation à la ville et de potentiels espaces de réserve.

124


En terme de chiffres, le pourcentage d’eau retenue ou utilisĂŠe ne devrait pas excĂŠder 50 % du flux de la Yamuna. Cela reprĂŠsente une augmentation de 20 Ă 30 % en pĂŠriode sèche entre octobre et juin. Ce scĂŠnario est-il plausible ? La rĂŠponse est incertaine et la question politique. Pour que ce scĂŠnario se rĂŠalise il faudrait un accord entre les deux ĂŠtats. Cela voudrait dire moins d’eau pour les agriculteurs en amont.

:JLUHYPV [V YLZ[H\YL [OL Ă…V^ VM [OL @HT\UH ;OL @HT\UH YP]LY PZ ILPUN JOHUULSPaLK \WZ[YLHT VM +LSOP THPUS` MVY [OL PYYPNH[PVU VM [OL /HY`HUH MHYTSHUK ;OYLL PTWVY[HU[ PUMYHZ[Y\J[\YL HYL KP]LY[PUN [OL ^H[LY Ă…V^ MYVT P[Z J\YYLU[ ILK [OL /H[OYPR\UK +HT RT \WZ[YLHT [OL >LZ[LYU HUK ,HZ[LYU @HT\UH JHUHS ([ [OL 5VY[O VM +LSOP [OL >HaPYHIHK +HT YL[HPUZ HSZV ^H[LY [V Z\WWS` [OL ^H[LY ULLKZ VM [OL WVW\SH[PVU VM +LSOP ;O\Z [OL J\YYLU[ Ă…V^ VM [OL @HT\UH VU [OL +LSOP Z[YL[JO YLWYLZLU[Z VUS` VM P[Z YLHS JHWHJP[` :VTL ZJPLU[PZ[ HUK HJ[P]PZ[ KLMLUK [OL PKLH [OH[ [OL HTV\U[ VM ^H[LY YLSLHZLK PU [OL @HT\UH PZ [VV SV^ [V YLZWLJ[ [OL UH[\YHS YO`[OT HUK LJVSVN` VM HU 0UKPLU 9P]LY LZWLJPHSS` P[Z JHWHJP[` [V HIZVYI [OL WVSS\[PVU JOVJR HUK [OL \YIHU Z[YLZZ ;OL TH_PTHS X\HU[P[` VM ^H[LY [HRLU MYVT [OL YP]LY ZOV\SK UV[ L_JLLK [V VM [OL Ă…V^

Le projet anticipe cette hausse du flux en partant de la base de + 20 Ă 30 % en saison sèche, sans toutefois exclure qu’elle n’arrive pas.

(UK ^OH[ ^V\SK OHWWLU PM [OL @HT\UH ^HZ UL]LY KP]LY[LK& >OH[ PZ [OL YLHS Z[YLUN[O VM [OPZ 9P]LY HUK OV^ ^V\SK P[ JOHUNL [OL MHJL VM +LSOP&

FICTION Yamuna at 100% of its capacity

REAL CURRENT FLOW Yamuna at 30% of its capacity

LEVEL

(Meter above the level of the see)

*H[HZ[YVWO` ZJLUHYPV 4HQVY JLU[\Y` Ă…VVK H[ VM [OL Ă…V^

+2,51m

210 All embankment fail

209

Flood of 1978 / Highest Ă…VVK VM [OL ?? JLU[\Y`

207,49

Monsoon season at 100% VM [OL Ă…V^

N

204, 7: Plus grande crue du XXe siècle -SVVK VM /PNOLZ[ Ă…VVK VM [OL ?? JLU[\Y`

205 3L]LS VM KHUNLY MVY [OL JP[` of Delhi

204,83

-SVVK (SLY[ 3L]LS

204,22

-PJ[PVU -SVVK VM [OL JLU[\Y` H[ VM P[Z Ă…V^ +2m

*\YYLU[ TVUZVVU ZLHZVU

+Y` ZLHZVU H[ VM [OL Ă…V^

Projet 2050 *\YYLU[ KY` ZLHZVU

+0,9m 9P]LY @HT\UH PZ KY`LK

203 202,9 202 200

Diagramme : la capacitĂŠ de la rivière, flux rĂŠel et ZV\YJL ­,U]PYVUTLU[HS Ă…V^ MVY 4VUZVVU YP]LYZ PU 0UKPH! ;OL @HT\UH YP]LY HZ H JHZL flux possible. Z[\K`ÂŽ =PRYHT :VUP :OHZOHUR :OLROHYU +P^HU :PUNO S’il faut plus d’eau dans la Yamuna en saison sèche, il faudrait aussi pourvoir profiter de son abondance Ă la mousson, en crĂŠant de grands rĂŠservoirs pour stocker l’eau potable.

203 Niveau actuel de la mousson 500 1000

2000

202 curr

-SVVK VM /PNOLZ[ Ă…VVK VM [OL ?? JLU[\Y`

203/ Current monsoon season

125

-PJ[PVU -SVVK VM


LES ANCIENNES DELHIS FABRIQUENT LES SEUILS DE LA PLAINE RIVE OUEST

Shajahanabad

Firozabad

Purana Quila

Tombeau d’Humayun

N

2

0

km

1

Quelle est la largeur du paysage? Où sont les limites entre le sol poreux et construit?

126


La rive Est s’est construite surtout depuis les cinquante dernières années et présente une limite solide entre la ville et la plaine fabriquée par le métro aérien. Quoi qu’étanche, elle permet une vision panoramique sur le paysage. Le projet s’attardera sur la rive d’en face. La rive Ouest, celle qui a vu les premières Delhi se développer est plus complexe. Une juxtaposition d’éléments perturbe la perception de la rivière et compromet son existence dans la ville. Les limites historiques des anciennes Delhis dessinent un seuil physique et symbolique avec la plaine de la Yamuna. Le projet considère comme faisant partie de la plaine toute surface poreuse qui permet l’infiltration de l’eau, comme les parcs et jardins ainsi que les espaces cultivés.

Ci-contre : En blanc, tous les sols poreux. En noir l’espace bâti. Actuellement la lecture de la plaine est perturbée par des constructions dans son lit.

Les jardins en bordure de plaine comme ceux d’Humayun, sont des éléments fixes et clos, mais ils appartiennent au paysage de la Yamuna et participent au projet hydraulique par leur porosité.

127


L’EAU INVISIBLE ORGANISE LA SURFACE

N

État existant, en blanc les espaces imperméables, en noir les espaces poreux.

128

2

0 1

km


À long terme, retrouver une logique de construction en rendant des terres à la plaine de la Yamuna. Rétablir une logique dans l’organisation de la ville en rapport avec l’eau.

129


QUESTION DE PROGRAMME QUEL AVENIR POUR LES CONSTRUCTIONS DANS LE LIT DE LA RIVIÈRE ?

Rajghat power station

I.G Stadium

Pragati thermal power plant

Millenium bus depot

Maharani bagh substation

N

Les constructions dans le lit de la Yamuna fonctionnent comme les pièces d’un puzzle. Fermées sur elles même, avec chacune leur logique propre, leur avenir se décide au cas par cas. Certaines vont réellement disparaitre dans les prochaines années. D’autres vont rester. Le projet pousse la logique de non construction jusqu’au bout mais doit pouvoir fonctionner avec une réalisation partielle du

130

2

0 1

km


LES VUES DE LA DELHI DEVELOPPEMENT AUTHORITY LA STRATÉGIE DU COLMATAGE

La DDA, crée en 1955 s’occupe de la planification urbaine de la plaine inondable. Cet organisme entretient une ambiguité par rapport au futur de la rivière : entre le désir de développement (sport, récréatif, habitat…) qui est une de ces missions de base et la question du paysage, complètement occultée. Le plan proposé témoigne de cette ambiguité.

131

Le projet reprend certain éléments de ce plan, notamment la destruction de constructions dans le lit de la rivière.


ESQUISSE / LES NALLAHS FONT PEAUX NEUVES ET RECONNECTENT DELHI ET SA RIVIÈRE. LA RENCONTRE DES EAUX DEVIENT UN ÉVÈNEMENT DANS LA VILLE.

État existant : Légende Constructions dans le lit de la Yamuna Nature déclassée (friche, entre-deux) Espace cultivé Espace public à entrée payante Espace public Boisement

Projet phase 1 : Création de quatre nouvelles situations de contact entre Delhi et la Yamuna. La pollution des nallahs en relation avec le bassin versant est traitée par le paysage et dessine des accès à la rivière par l’entremise de ghats. (existants ou création)

132


Le projet autour des coupes ville – plaine préfigure les changements à long terme de toute la façade urbaine. Le cadrage du projet dessiné (voir détail page suivante) propose de travailler une section ville-plaine dans un des endroits les plus stratégiques de Delhi : entre le Raj Path de Lutyens et la Yamuna. Dans cette échelle intermédiaire de temps et d’espace seront traitées les questions soulevées dans cette plaquette : le devenir du nallah en ville, la question de la perception de la plaine, comment le bord de la Yamuna peut être réactivé et habité localement.

N

2

0

km

1

133


PRÉSENTATION DU CADRAGE DE PROJET DU RAJ PATH À LA YAMUNA

5

1

2

3

4

134


1

Raj Path

9

Civil Line - Chemin de fer Ancien emplacement du quartier de Pushtar (cf p82-85)

2

Major Dhyan Chand National Stadium

10

3

Lac de Purana Quila (cf p88-89)

11

Drain n° 14 (cf p 82-85)

4

Forteresse de Purana Quila (cf p88-89)

12

Quartier militaire

13

Millenium Park

6

Pragati maidan / Centre d’exposition et complexe de musées Bidonville

14

DTC Millennium Park Depot (bus)

7

Ring Road

15

Yamuna

8

Pragati thermal power plant

5

Mosquée et temple hindou

8

9

7 6

10 11

15

12 6

14

13

N

100 0

135

m 200


PROJET

N

1/ 2 000

80

0

m

20

3

10

2 3 1

136


Reprofilage du Lac de Purana Quila La douve est intégrée dans le système du Nallah.

1

2

L’avenue Bhairon Marg est requalifiée en véritable boulevard urbain

3

Création d’une place de marché

4 5

Destruction du parking, d’une dynamique végétale Desenclavement du bois

6

Le bidonville devient un quartier

installation

7

Nallah décanalisé

8

L’eau du nallah passe par un sytème de décantation

9

Extension du Millenium park

10

Création d’un parc mettant en scène la dépollution de l’eau

11

Nouvel accès à l’eau en relation avec les temples existants Mosquée et temple hindou

8

7

10

4

6 5

11

N

1/ 2 000

80

0

m

20

9

N

137

1/ 2 000

80

0 20

m


LEXIQUE

* Saddhu : Ascète hindou, qui a renoncé à toutes les attaches de la vie matérielle pour se consacrer à la recherche spirituelle. Source : Dictionnaire Larousse * Puja : Une puja est une cérémonie religieuse hindoue au cours de laquelle le pujari invoque une divinité afin de l’adorer et lui faire des offrandes. Il existe de nombreuses manières de pratiquer la puja suivant les régions d’Inde. * Baolis : réservoirs à eaux pluviales souvent bâtis par des mécènes pour pourvoir aux besoins en eau de la population locale. * Hauzs : Les «Water tank», comme ceux d’Hauz Khas profitent de la pente naturelle du terrain pour collecter l’eau du bassin versant et alimenter de grands réservoirs. * Nallah : «Storm water drain» en Anglais, correspond le plus souvent à une dépression dans le terrain qui accueille de l’eau de la mousson. Ils font partie intégrante du système hydrologique de Delhi, contribuant à drainer l’eau recueillie du bassin versant des monts Aravalli jusqu’à la rivière Yamuna. Leur état actuel est catastrophique. * Jhuggis-Jhompris : Bidonville de Delhi *Chahar Baghs : Jardin de style Indo-Persan caractérisé par un plan en croix * Giggas : mesure utilisée à Delhi (1 giggas = 1/2 hectare) * Ghat : ensemble architectural orienté vers l’est permettant le contact avec l’eau du fleuve. Il se compose d’une ou plusieurs volées de marches mais peut être complété par des terrasses et couronné d’un temple. * Rickshaw : moyen de transport à trois roues, motorisé ou non, surtout utilisé en Asie.

138


139


LECTURES * cité directement dans la plaquette

DELHI / PASSÉ, PRÉSENT, PROSPECTIVE

- «The environmental Crisis of Delhi», Sanjay Yadav, ed worldwide books, 2011, India

- «Trees of Delhi: A field Guide», Pradip Krishen, Dorling Kindersley, 2006, India

- «Delhi 360°», J.P Losty, ed Roli Books, 16 February 2014, New Delhi

- «Du Traitement des slums à Delhi, Politiques de nettoyage et d’embellissement» ,Dupont V. and U. Ramanathan, in V. Dupont & D.G. Heuzé (éds), La ville en Asie du Sud : Analyse et mise en perspective, Purushartha No. 26, EHESS, Paris, p 91-131, 2007

- «What the eye does not see: The Yamuna in the imagination of Delhi», Amita Baviskar, Economic & Political Weekly vol xlvi no 50, 2011

- «Création de nomades urbains et appauvrissement. Impact des politiques d’éradication des camps de squatters à Delhi», Dupont V, Revue Tiers Monde [Mobilité et pauvretés. Les villes interrogées. Ed. M. Bertrand], No 201, p 25-45, 2010 - «Delhi et son rêve de ville globale», Dupont V, International Journal of Urban and Regional Research, Vol 35.3, p 533-554, 2011 - «Evictions, the urban poor and the right to the city in millennial Delhi», Gautam Bhan, Department of City and Regional Planning, University of California, Berkeley, California, USA, 2009 - «Dossier : villes indiennes», Revue Urbanisme n° 355, juillet-août 2007 - «Sick Yamuna, sick Delhi: Searching a Correlation» Pushp Jain, Peace institute Charitable Trust, 2009 - «Delhi: Ancient History», Upinder Singh, Social Science Press, 2006 - «Dilli’s Red Fort by the Yamuna», N.L Batra, Philip Wilson Publishers, 2008

POLLUTION / QUALITÉ DE L’EAU / ÉCOLOGIE «Inde, les batailles de l’eau», New D’ill n°109 juin 2013 - «Environmental pollution», N. Manivasakam, National Book Trust, 1984, India - «Delhi Urban Environment and infrastructure improvement project (Dueiip) Delhi 21», Government of India Ministry of Environment and forests and Government of National Capital Territory of Delhi planning Department, january 2001, New Delhi - «Valuing the Hydrological Impact of Changing Land-use, A case of Yamuna floodplain wetland ecosystem», Pushpam Kumar, concept publishing company, 2003, New Delhi - «Status of Ground Water Quality and Pollution Aspects in NCT-Delhi», Central Ground Water Board and Central pollution Control Board, 2000, Delhi - «Water Quality Status of Yamuna River, (1999-2005)», Dr B Sengupta, Central Pollution Control Board (Ministry of Environment and Forests), 2006, New Delhi

- «Delhi’s Natural Heritage», Amita Sinha and Swati Kittur, INTACH, 2009, New Delhi

- «Naturalness and Place in River Rehabilitation», K.Fryirs and G.J Brierley, ecology and society No.14, art 20, 2009

- «Delhi : A living heritage», Project Director: A. G. Krishna Menon, Editors: Swapna Liddle and Annabel Lopeg, 2010

- «A River about to Die: Yamuna», Ali Kumar Misra, Water Resource and protection, p489500, 2010

140


- «Environmental flow for the Yamuna river in Delhi as an example of monsoon rivers in India», V.Soni, S.Shekhar and D.Singh, Current Science, Vol.108, No.4, 2014, New Delhi - «Biodiversity conservation in an urban landscape: A case study of some important bird areas on the River Yamuna in Delhi», Jamil Urfi, article p303-317 from the book «Conservation Biology in Asia» Society for Conservation Biology, 2006,Kathmandu - «Geological Evolution of Ganga Plain - an overview», Indra Bir Singh, Journal of the paleontological Society of India, vol.41, p99137, 1996 - «Yamuna manifesto», écrit par les participant sdu colloque «Yamuna-Elbe» à Delhi en décembre 2010

CULTURE DES JARDINS / JARDIN MOGHOL - «Garden of the great Mughals», Villiers-Stuart C.M, London: A and C. Black, 1913 - «L’irrigation des jardins Médiévaux au proche-Orient, héritage et innovations», Ghita Benjelloun, thèse, Université Lumière Lyon2, 2013 - «Taj Heritage Corridor: Intersections between History and Culture on the Yamuna Riverfront», Harkness Terence and Sinha Amita, Place 16, no.2, 2004, p62-69

CULTURE INDIENNE - «Le Mahabharata», Jean claude Carrière, Édition Belfond, 1989 - «Le chemin du Labyrinthe», Alain Danielou, Édition Robert Laffont, 1981 - «Le pays des marées» Amitav Ghosh, Édition Robert Laffont, 2004

141

- «Tristes Tropiques», Claude Lévi-Strauss, librairie plon,1955


REMERCIEMENT

Merci à Nupur Prothi Khanna pour m’avoir fait découvrir la Yamuna, ainsi que toute l’équipe de l’agence Beyond built pour leur aide précieuse. Merci à Kushboo Rani et Rimjim Chaudan pour leur dynamisme sur le terrain et dans la traduction. Merci à Alice Roussille, pour m’avoir accompagnée jusqu’au bout du monde et du projet. Merci à Françoise Crémel pour ses conseils précieux. Merci à Pradip Krishen, Vikram Soni, Manoj Misra, Bhim Singh Rawat, Pierre Guyot, Bruno Dorin, Véronique Dupont, Marie Hélène Zerah pour le partage d’un peu de leur temps et de leur savoir. Merci à Ravi Mittal, Nishant Panwar et Aarti Tomar pour m’avoir accueilli chez eux en Uttarakhand. Merci aux habitants de la plaine de la Yamuna à Delhi. Merci à Man’, Pa’ et Felix pour leur sérieuse relecture. Merci à ma famille et mes amis pour leur soutien. Merci aux camarades de l’Ensp pour ces quatre belles années.

142


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.