Lettre de l'ADIRA sur les économies d'énergie dans l'industrie

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La lettre

N° 31 - avril 2012

L’agence de développement économique du Bas-Rhin

Pour diminuer sa dépendance énergétique et limiter ses émissions de gaz à effet de serre, la France doit faire un vigoureux effort de maîtrise de l’énergie. L’industrie, comme les autres secteurs, est tenue d’optimiser sa consommation d’énergie.

Économies d’énergie,

une nécessité pour l’industrie

Édito

:

© Jean-Luc Stadler

notre dossier

de l'ADIRA

Les témoignages que nous avons récoltés, illustrent la diversité des leviers utilisés pour améliorer la performance énergétique.

Des chefs d’entreprises ont su préserver l’environnement sans remettre en cause, au contraire, le développement de leur site de production. Nous espérons que ces exemples vous aideront à progresser et à rationaliser l’utilisation des ressources pour les générations d’emplois industriels futurs. Bonne lecture ! Francis Grignon, Président de l’ADIRA

Roquette Frères :

« la valorisation d’opportunités locales d’énergies renouvelables » Roquette Frères, groupe familial français de dimension mondiale, transforme des matières premières agricoles en amidons et ses dérivés pour l’alimentation humaine et animale, la pharmacie, le papier carton... Le site de Beinheim emploie 330 salariés en équivalent temps plein.

© Roquette - Beinheim

Roquette Frères, en tant qu’usine fortement consommatrice d’énergie, est en réflexion permanente pour réduire son impact énergétique et trouver des sources d’approvisionnement moins polluantes. Le groupe a intégré l’augmentation inexorable du coût de l’énergie fossile. Ainsi, le site de Beinheim cherche d’abord à réduire ses consommations d’énergie à la source (recyclage, mise en place d’économiseurs sur les chaudières...). Par ailleurs, en partenariat avec EcoGreenEnergy, bureau d’études, Rump Equipements a livré début 2011 un système de récupération de buées sur un séchoir d’amidon qui permet à Roquette Frères de rejeter 4000 tonnes de CO2 fossile par an en moins. Deux autres projets conséquents permettront, à terme, de fournir 75 % de la vapeur nécessaire au site à partir d’énergies renouvelables disponibles localement : la biomasse et la géothermie. Le projet de chaufferie biomasse (bois) a démarré en décembre 2011 et permet de réduire de 75 000 tonnes les émissions de CO2 fossile par an et de 50 % la dépendance au gaz naturel. L’ADEME a accompagné ce projet à travers le Fonds Chaleur. La chaufferie biomasse couvre 50 % des besoins de

vapeur du site à partir de bois local (rayon moyen de moins de 100 km pour les approvisionnements). Le projet de géothermie profonde est en cours, avec le soutien du Fonds Chaleur de l’ADEME, en partenariat avec Électricité de Strasbourg, la Caisse des Dépôts et des Consignations et avec l’appui de la Région Alsace. Une centrale géothermique installée à Rittershoffen permettra de produire 25 % de la vapeur nécessaire au site. Pour la première fois, la géothermie profonde (2500 mètres environ) sera utilisée comme source d’énergie thermique pour un process industriel. L’expérience du site de Beinheim est un modèle pour le groupe, dont la politique consiste à valoriser les opportunités locales d’énergies renouvelables. Ces engagements en faveur de l’environnement ont aussi un effet valorisant pour les salariés. Ils favorisent un bon climat social et le recrutement de profils qualifiés. Enfin, Roquette Frères bénéficie d’une image de marque environnementale extrêmement positive auprès de ses clients et fournisseurs.

Clément Robert, Directeur Général du site Roquette Frères de Beinheim


Meteor :

« une PME exemplaire en matière de développement durable » Michel Haag, Président du Conseil d’Administration et Philippe Généreux, Directeur Général de Meteor à Hochfelden ont engagé la brasserie dans une démarche d’économie d’énergie.

1. Quelles ont été vos motivations pour économiser l’énergie ? La première motivation est bien entendu économique. Néanmoins, notre entreprise a toujours souhaité avoir une démarche exemplaire au niveau environnemental. Nous menons depuis des années une politique de tri et de valorisation des déchets. Nous avons construit, en 2005, une station d’épuration qui traite la totalité de nos effluents et assurons la valorisation agricole des boues issues de cette station. Nous sommes promoteurs de la commercialisation de nos bières en emballage consigné, dont le bilan carbone est 4 fois inférieur à celui des emballages recyclables.

2. Quelles mesures ont été prises chez Meteor ? Avec le bureau d’études EcoGreenEnergy, notre projet a consisté à récupérer une partie de l’énergie perdue au niveau des buées de nos chaudières de brassage et à installer une pompe à chaleur sur le circuit de refroidissement de nos tours aéro-réfrigérantes. Au travers d’échangeurs, l’énergie récupérée permet de chauffer de l’eau à 96°C stockée dans une bâche de 100 m3. Cette eau chaude est utilisée en remplacement de la vapeur dans plusieurs circuits de chauffe (réchauffage du moût après filtration, chauffage d’un pasteurisateur tunnel...).

Nos prochains efforts porteront sur les consommations électriques via l’optimisation de nos réseaux de distribution d’air comprimé et une meilleure régulation de nos compresseurs.

3. Quel a été l’impact des économies d’énergie sur votre image ? L’ensemble des efforts que nous menons depuis des années participe à la motivation de nos équipes. Les économies réalisées sont affichées en temps réel en salle de brassage. Nous communiquons sur ces avancées dans la presse écrite car nous sommes très attachés à offrir à nos consommateurs une image de PME exemplaire en matière de développement durable.

Cette économie de vapeur a permis, dès la première année d’exploitation, une réduction de 15 % de nos consommations de gaz par hectolitre de bière brassée. Nous espérons atteindre une baisse annuelle de 20 %, une fois le système de préchauffage de notre pasteurisateur tunnel totalement optimisé... En tant qu’installation classée pour l’environnement (ICPE), nous nous devons de mettre en œuvre les meilleures pratiques disponibles. © Meteor - Hochfelden

Duravit :

« améliorer le process pour réduire les dépenses d’énergie » Le remplacement de moules en plâtre par des moules en résine est aussi lié à des questions d’économies. La concurrence oblige le site de Bischwiller à valoriser ses atouts locaux : nouveau process, coût de l’énergie, savoir-faire des équipes...

© Duravit - Bischwiller

Chez Duravit, l’énergie représente un levier majeur d’économies puisque c’est le deuxième poste de dépenses (après la main d’œuvre et avant les matières premières). Une nouvelle machine moins énergivore vient d’être installée à Bischwiller pour couler les pièces en céramique (cuvettes de toilettes complexes) à partir de moules en résine. Ce changement de process permet en plus d’économiser des matières premières et de générer moins de déchets.

Duravit a bénéficié de 200 000 euros de la Région Alsace et du Fonds FEDER dans le cadre de l’appel à projets « Entreprises et efficacité énergétique ». Cette aide a facilité la décision d’investissement de plus d’un million d’euros par la Direction du groupe. Le site de Bischwiller poursuit ses économies de gaz, d’électricité et d’eau et s’est engagé dans une démarche ISO 50001 sur les systèmes de management de l’énergie.

Christian Gueth, Responsable technique chez Duravit

L’appel à projets « Entreprises et efficacité énergétique », porté par la Région Alsace, ES/ EDF, l’ADEME Alsace et OSEO, permet aux entreprises sélectionnées de bénéficier : d’aides aux études et diagnostics de faisabilité, d’aides directes et indirectes aux investissements pour mettre en œuvre des procédés et des utilités économes en énergie, d’une prise en charge pour la réalisation de supports de communication valorisant les actions réalisées, dans un but de diffusion des bonnes pratiques. OSEO propose aussi : un Prêt Eco-Energie (PEE) pour financer des équipements permettant d’améliorer l’efficacité énergétique des entreprises, un Prêt Vert Bonifié (PVB) pour financer des investissements améliorant les performances environnementales et favoriser la mise sur le marché de produits liés à la protection de l’environnement et à la réduction de la consommation d’énergie.

La Lettre de l’ADIRA - numéro 31 - avril 2012


Notre dossier :

Économies d’énergie,

une nécessité pour l’industrie

La lutte contre le changement climatique et l’évolution de la réglementation incitent les industriels à réduire leur consommation énergétique. Il s’agit de concilier performances économiques et économies durables d’énergie. Les gains financiers sont également une forte motivation : en période de hausse des coûts de l’énergie, une réduction des dépenses énergétiques permet d’en modérer l’impact et de réduire ses charges. L’efficacité énergétique dans l’industrie génère des avantages économiques et environnementaux : baisse des coûts d’exploitation, réduction de l’impact des augmentations des coûts de l’énergie, compétitivité accrue des entreprises, réduction des gaz à effet de serre, amélioration de la productivité et de la durée de vie des équipements, valorisation du patrimoine et de l’image des entreprises... Il est intéressant de cumuler une diversité d’actions afin d’augmenter les sources d’économies. Les mesures peuvent concerner des améliorations du process et des utilités (chauffage et éclairage des locaux, production de froid ou d’air comprimé, ventilation...). La réduction des pertes de distribution et des fuites n’est pas à négliger. Ces efforts en termes d’économies d’énergie ont un impact positif sur la valorisation de l’entreprise auprès de ses salariés, futures recrues, riverains... L’implication des équipes est requise dans ce type de projet et permet de créer un sentiment d’appartenance à l’entreprise. Enfin, le récent Forum mondial de l’eau, a montré qu’après l’électricité et le gaz, l’eau devient sans doute le prochain enjeu environnemental des industriels. Ainsi, en plus de l’empreinte carbone, l’empreinte hydrique permettra de juger du caractère « durable » d’une entreprise.

Et en Alsace ? L’industrie est le premier secteur consommateur d’énergie avec 37 % de l’énergie finale consommée (le résidentiel : 25 %, le transport routier : 22 % et le tertiaire : 14 %). Il s’agit d’une particularité régionale due à l’importance de l’industrie dans l’économie locale : au niveau national, l’industrie consomme 19 % de l’énergie. De ce fait, l’emploi industriel de la région peut être particulièrement affecté en cas de hausse des prix de l’énergie. Le secteur industriel alsacien consomme principalement du gaz naturel et de l’électricité avec respectivement 56 % et 24 % de l’énergie consommée en 2009. Les principaux usages de l’énergie concernent la chaleur industrielle issue de chaudières (40 % de l’énergie consommée par l’industrie), la thermique industrielle pour les process (ex. four), la force motrice... L’industrie alsacienne a connu une hausse constante entre 2000 et 2006 de sa consommation d’énergie et depuis une baisse de l’ordre de 18 % liée aux économies d’énergie et malheureusement à certaines fermetures d’entreprises industrielles.

Source : ASPA-12012401-ID

Mathilde Lafaye, Responsable de la veille et de l’information en ligne, ADIRA

Consommation d'énergie finale par secteur en Alsace (en ktep) Industrie

2000 1500

Résidentiel Transport routier

1000

Tertiaire

500 0 2000

Transport non routier Agriculture 2001

2002

2003

2004

2005

2006

Source : ASPA-12012401-ID

2500

Consommation d’énergie finale par secteur en Alsace

2007

2008

2009


La Lettre de l’ADIRA - numéro 31 - avril 2012

Perspectives du marché de l’énergie par un acteur majeur :

Électricité de Strasbourg Grâce à la compétitivité des moyens de production d’origine nucléaire ou hydraulique, l’électricité est en France 35 % moins chère que la moyenne européenne et deux fois moins chère qu’en Allemagne. Depuis 2004, les entreprises et collectivités locales sont éligibles au marché libre de l’électricité, toutefois, les prix de marché de gros ne permettent pas de concurrencer les tarifs réglementés (un tarif dit de transition au marché, ou Tartam, avait été rétabli en 2007 pour les gros consommateurs). La loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) promulguée en décembre 2010 vise à accélérer l’ouverture de ce marché. Elle impose à EDF de vendre de l’électricité aux autres fournisseurs, à un prix sensé refléter ses coûts de production nucléaire. Cette énergie est appelée ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique). Son niveau de prix actuel, revu une fois par an, est de 42 €/MWh. Le volume d’ARENH attribué pour la fourniture d’un client, déterminé par un mécanisme assez complexe, représente environ 85 % de sa consommation. Dans ce nouveau contexte, un travail approfondi entre le fournisseur et son client est essentiel pour tirer partie de toutes les possibilités offertes par l’ARENH, par une connaissance fine des modes et prévisions de consommation des sites. ÉS Énergies Strasbourg, acteur de proximité, accompagne ses clients en ce sens. Par ailleurs, ECOTRAL, filiale de services énergétiques pour les entreprises et les collectivités du Groupe ÉS, propose des solutions de réduction des consommations d’énergie ou de rationalisation de son utilisation afin de bénéficier de meilleures conditions d’approvisionnement. Nous aurons à l’avenir besoin de toutes les énergies, en nous appuyant sur des énergies existantes compétitives telles que le nucléaire, l’hydraulique ou le gaz. Dans ce domaine, l’arrivée d’ENEREST dans le Groupe ÉS enrichit notre offre aux clients industriels. Il nous faudra aussi développer de nouvelles énergies. Le Groupe ÉS s’investit dans les énergies renouvelables et en particulier dans la géothermie profonde dont la première application industrielle sera développée en commun avec la société Roquette sur le site de Beinheim.

© Photothèque Groupe ÉS - Patrick Bogner

Pour vous accompagner Lean&Green : efficacité industrielle et performance environnementale Réduire sa facture énergétique passe aussi par l’intégration de bonnes pratiques environnementales grâce à une réduction des gaspillages (Lean). À cet effet, l’ADIRA a piloté une action collective avec le soutien de la DIRECCTE, de la Région Alsace et l’appui de l’INSA. Cette opération a permis des gains économiques tangibles et a engendré un avantage compétitif sur le plan environnemental. Les donneurs d’ordres ont pu diffuser, de façon collaborative, cette politique environnementale à leurs fournisseurs locaux. Ainsi, ALSTOM, GM, KRAFT, MILLIPORE, SALM, SOPREMA, STEELCASE, chacun accompagné de deux de ses sous-traitants est devenu un champion alsacien du Lean&Green. Une nouvelle opération débutera prochainement.

Bernard Gsell, Directeur Général d’ÉS Énergies Strasbourg

Pour y participer, merci de contacter Sébastien LEDUC à l’ADIRA (sebastien.leduc@adira.com)

3, quai Kléber Directeur de publication : Vincent Froehlicher

Conception graphique : la couleur du Zèbre - 03 69 96 41 69

Rédaction : Mathilde Lafaye, Sébastien Leduc

Impression : Routage & Diffusion, Erstein - 03 88 59 03 45

Relations avec les prestataires : Sigrid Périn

Abonnement : Contactez l’ADIRA.

Agence de développement économique du Bas-Rhin

« le Sébastopol » 67000 Strasbourg - France Tél. +33 (0)3 88 52 82 82 Fax +33 (0)3 88 75 64 59 Email : alsace@adira.com

www.adira.com


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