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R e é n n A ’ l e t ê To u l o u s e f En 1681, le Royaume de France fêtait en grande pompe l’inauguration de ce qui fut considéré à l’époque pompe ccomme omme le plus vaste chantier du XVIIème siècle : le Canal Royal R oyal de Languedoc. Fruit d’une utopie, relier l’Atlantique à la Méditerranée, celui que l’on nomme désormais le Canal du Midi a gagné son pari. L’ouvrage a traversé les siècles, transporté les hommes et les marchandises et amorcé sa reconversion. A Toulouse, cet élément singulier du paysage a donné son identité aux quartiers de la ville venus au fil du temps se greffer sur ses berges, et le Canal du Midi fait aujourd’hui partie du patrimoine toulousain. Mais plus que cela, le Canal du Midi fait véritablement figure de synthèse de nos préoccupations actuelles, que ce soit dans les domaines de l’aménagement du territoire, du développement économique, de la préservation du patrimoine, de la valorisation des sciences ou du développement des loisirs. La Ville de Toulouse a souhaité cette année rendre hommage à son inventeur, Pierre-Paul Riquet, génial entrepreneur qui a eu l’audace d’imaginer ce projet et d’en faire une réalité, ainsi qu’à l’ouvrage qui, dans cette ville de technologies de pointe, reste une référence en matière de prouesse technique.
Cheminement le long des berges toulousaines du Canal du Midi
Histoire officielle, anecdotes insolites… Nous avons imaginé un cheminement le long de ses berges, ponctué de haltes - Port de l’Embouchure, étang Compans, écluses Minimes et Bayard, Port Saint-Sauveur et bassin de radoub - qui nous invitent à redécouvrir ce lieu plein de charme, dont l’atmosphère unique vient bercer notre imaginaire et nous ramènent au temps de cette incroyable épopée.
18 et 19 septembre :
l’Année Riquet croise les Journées du Patrimoine
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• Ô CANAL, fête populaire au Port Saint-Sauveur Rassemblement de péniches anciennes, présentation et dégustation de produits issus des terroirs limitrophes du Canal, balades en péniches, mise en eau de 1000 flammes qui navigueront au gré du courant… Animations gratuites. • Projections à la Cinémathèque de Toulouse OCCITANIE, documentaire de J.K. Raymond-Millet, 1938, 33’, N&B. LE CANAL DU MIDI, documentaire de Provector, 1997, France, 52’, N&B. L’HIRONDELLE ET LA MESANGE, d’André Antoine, 1920, France, 78’, N&B. Accompagné au piano par Raphaël Howson. Programme complet sur www.riquet2010.fr Hors-série riquet
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Toulouse est une ville d’eau Questions à Pierre Cohen député-maire de Toulouse
Le Canal, pour les Toulousains, est bien plus qu’une promenade ; il porte une part d’identité de la ville. Quel sera son rôle dans le futur projet urbain ? Nous l’avions présenté dans notre programme et la Fabrique toulousaine, lieu de réflexion collective sur les grands projets urbains, l’a souligné à nouveau : Toulouse est une ville d’eau. La Garonne et les canaux doivent retrouver leur lustre perdu et leur place au cœur de la cité puisqu’ils n’ont pas quitté le cœur des toulousains. A l’automne 2010, sous le pilotage des élus de la Communauté Urbaine et des services du Grand Toulouse, une équipe de haut niveau composée d’aménageurs, d’urbanistes et de paysagistes aura pour mission de réaliser le plan-guide «Garonne et canaux toulousains». Le plan d’ensemble de la mise en valeur de Toulouse, ville d’eau, sera alors posé. Puis débuteront les aménagements, réalisés selon des séquences territoriales, et dureront tout au long de la décennie qui vient. Toulouse pourra fièrement offrir à voir et à partager son fleuve et ses canaux. Peut-on ré-intervenir sur les aménagements routiers des années 70 qui ont défiguré les berges ? L’aménagement des berges du Canal en «autoroutes urbaines» est le produit d’une époque placée sous le règne du tout-voiture. Je souhaite aujourd’hui que les Toulousains se réapproprient ces joyaux. Le plan-guide permettra de tracer les perspectives d’évolution des aménagements, notamment sur la possibilité de dédier une berge aux modes de transport doux : transports en commun, vélos et piétons.
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Avez-vous des projets pour le développement du tourisme fluvial ? Les touristes qui s’intéressent au Canal se servent de Toulouse comme point de départ. Ils tournent rapidement le dos à la ville pour glisser vers Naurouze puis la mer. Mais ceci n’est pas inéluctable. Lorsque le Canal retrouvera sa place, la ville, avec ses belles façades des quais, avec sa vie culturelle riche, saura attirer et garder pour quelques jours tous ces touristes qui viennent du monde entier visiter l’œuvre de Riquet. Redonner toute sa place au canaux est un projet de longue haleine, complexe. Nous voici renvoyés au plan guide, l’incontournable point de départ.
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Un lieu symbolique
Les travaux du Canal ont débuté à Toulouse par la construction de l’écluse en Garonne. C’est avec ce passage que l’ouvrage prend tout son sens et justifie son appellation de «Canal des deux mers» ; cette écluse à double bassin faisait en effet le lien entre le Canal et la Garonne, cette dernière prenant le relais pour conduire les bateaux jusqu’à l’Océan Atlantique. Le bassin du port de l’Embouchure, plus souvent désigné par «Ponts Jumeaux», a beaucoup évolué depuis l’époque de Riquet. Après la construction du Canal de Brienne en 1776, le Canal Latéral de Garonne est creusé au début du XIXe siècle. Un troisième pont, semblable aux deux autres est alors édifié. Pourtant, on ne parlera jamais de «ponts triplés». En 1975, l’écluse est détruite pour laisser place au pilier de la rocade.
De l’utopie… à la réalité
La construction du Canal Royal du Languedoc représentait à l’époque deux enjeux principaux. Le premier, économique, est issu d’une volonté royale de lancer une politique de renouveau dans tout le Midi de la France et de dynamiser l’industrie et le commerce grâce à de nouvelles voies de communication. Le second, politique, résulte du fait qu’un Canal permettrait d’affranchir le commerce maritime du passage obligé par le Détroit de Gibraltar et renforcerait le pouvoir et l’indépendance de la France par rapport à ses voisins, et notamment à l’Espagne. C’est donc un pari audacieux mais réfléchi que de relier les deux mers. Beaucoup s’y seront frottés mais les projets n’en sont restés qu’au stade d’études. C’est Pierre-Paul Riquet qui, à force de détermination et s’inspirant du Canal de Briare d’Hugues Cosnier (reliant la Seine à la Loire), parviendra enfin à réaliser ce rêve utopique d’un canal reliant les deux mers.
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Insolite
La propriété du Canal contestée Au début du XIXème siècle, les héritiers de François Andreossy, ingénieur et bras droit de Riquet, ont remis en cause le génie du financier et contesté la propriété intellectuelle du Canal du Midi, déclarant que celui-ci aurait volé l’idée du Canal et de son tracé à son second.
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Le bas-relief de Lucas
Pour célébrer l’achèvement du canal de Brienne, les États du Languedoc commandent au sculpteur François Lucas un bas-relief destiné à être placé à un emplacement stratégique, pile entre les Ponts-Jumeaux qui enjambent le canal du Midi et le tout nouveau canal. Réalisée en marbre de Carrare (les blocs ont été acheminés par le canal bien sûr), l’œuvre est installée en 1775. Au centre, l’Occitanie en allégorie marinière, à sa gauche, la Garonne alanguie et sa corne d’abondance ; à sa droite, un barbu volontaire symbolise le canal tandis que deux petits génies complètent la composition. Le problème : seuls les bateliers en profitent…
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tang station : l’é
Compans
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Parfaitement alignés, les platanes semblent former une haie d’honneur au Canal royal et à ses usagers. Vus du ciel, ils dessinent un serpent vert. Un peu en amont de l’écluse du Béarnais, le corps du serpent est plus épais : c’est l’étang Compans Caffarelli et le jardin japonais. À l’image de ce coin de nature, l’ouvrage de Riquet est un véritable tableau paysager. Pourtant, dans les années 1970, des immeubles et des ponts en béton ont fleuri au bord de l’eau. Heureusement, cette folie urbaine fut rapidement contrôlée afin de préserver au mieux ce cadre hors du commun.
Le Canal, un ouvrage vivant destiné à changer
Le chancre coloré est un champignon qui s’attaque spécifiquement aux platanes et qui, depuis 2006, prolifère le long du Canal. La contagion est très rapide, et les moyens de lutter contre la maladie sont très limités. Aucun remède n’a jusqu’alors été trouvé, sauf celui de déraciner les arbres contaminés ainsi que leur voisin et de les brûler. À Toulouse, les platanes ne sont pas encore touchés par ce fléau ; ils sont néanmoins très vieux et en fin de vie. Le paysage du Canal est voué à changer. Chênes, platanes résistants, érables, saules, frênes, peupliers, remplaceront un jour les platanes si représentatifs du Canal aujourd’hui.
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Insolite
Triton marbré
Cet amphibien, espèce protégé soutenue par des associations, a empêché la construction d’un nouveau pont sur le canal à Rangueil.
Patrimoine mondial de l’Humanité
1996, la consécration ! C’est le premier canal à être classé – dans sa totalité – par l’Unesco au titre du patrimoine mondial de l’Humanité. L’on considère ainsi que « le site est de valeur universelle exceptionnelle en tant qu’une des réalisations les plus extraordinaires du génie civil de l’ère moderne ». Au-delà de la prouesse technique, une œuvre d’art. Certains ouvrages sont de plus classés Monuments historiques. Une «zone tampon» autour du canal est actuellement en cours de définition afin de sauvegarder son environnement visuel. Il n’est pas encore trop tard…
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L’écluse, ouvrage d’art particulièrement emblémati emblématique du Canal du Midi, reste aujourd’hui encore un système parfaitement adapté à la navigation fluviale. Sorte de labora laboratoire expérimental, Toulouse est le premier chantier d’écluses du Canal du Midi. Suite à l’écroulement de ses premières constructions, Riquet améliore le système et décide de construire des écluses ovales, plus solides. Paradoxalement, les écluses toulousaines sont les seules écluses du Canal à afficher une forme rectangulaire !
Un chantier pharaonique
La construction du Canal du Midi commence en 1667 et s’achève après quatorze années de travaux, quelques mois après la mort de Riquet. S’il n’a pas vu son Canal terminé, il a assisté à la mise en eau de plusieurs tronçons, car celle-ci s’est faite de manière progressive. La construction du canal se concrétise par l’ouverture d’une multitude de chantiers, travaux de terrassement et construction des ouvrages d’art. Un chantier compte 250 ouvriers encadrés par 5 brigadiers et dirigés par un chef d’atelier. Au plus fort de l’activité, 12 000 personnes travaillent sur l’ensemble des chantiers, des hommes en majorité, mais aussi des femmes et des enfants. De nombreux corps de métiers sont représentés : forgerons, maçons, charpentiers, tailleurs de pierres…
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Insolite
l’écluse, un système perfectionné par Léonard de Vinci Au XVIe siècle, les techniques hydrauliques connaissent des progrès remarquables. Léonard de Vinci notamment va travailler sur l’amélioration technique d’un élément clef : les portes. Les ingénieurs dont s’entoure Riquet vont utiliser de manière systématique les inventions de de Vinci pour réaliser les portes d’écluses du Canal.
Des ouvrages remarquables Ponts, ponts-canaux et aqueducs, épanchoirs, écluses simples ou multiples, jalonnent le tracé du Canal du Midi et participent à sa richesse patrimoniale. Face aux obstacles naturels, la construction du Canal a donné lieu à la conception d’ouvrages d’art souvent inédits et particulièrement ingénieux. Le barrage de Saint-Ferréol (1672) Afin de pallier l’irrégularité temporelle des besoins en eau du Canal et les aléas pluviométriques de la Montagne Noire, Riquet imagine dans un premier
temps l’installation une douzaine de magasins d’eau. Sous l’impulsion du Chevalier Nicolas de Clerville, inspecteur des travaux, il opte finalement pour un seul grand barrage régulateur, tel qu’on n’en a encore jamais vu en Europe. L’escalier d’écluses de Fonsérannes (1678) A l’entrée de Béziers, face à la forte dénivellation du terrain, Riquet réalise un ingénieux système inspiré d’une écluse du Canal de Briare. Huit sas accolés permettent de franchir un dénivelé de près de 25 mètres de
haut. A l’époque, il fallait environ 1h30 pour franchir ce fabuleux escalier d’eau ! Le tunnel du Malpas (1679) A l’approche de Béziers, Riquet se retrouve face à un obstacle naturel infranchissable : la montagne d’Ensérune, au lieu-dit du Malpas. Malgré des moyens techniques limités, un tuf sablonneux instable et perméable à l’eau, il décide d’engager le percement inédit d’un tunnel dans la montagne pour y faire passer son Canal. Celui-ci est achevé en seulement huit jours.
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L’écluse Bayard, située en face de la gare Matabiau, est par définition la première que les voyageurs aperçoivent à leur arrivée à Toulouse. Refaite et perfectionnée à de multiples reprises, elle est maintenant surplombée par de larges poutres en béton qui, suite à la modernisation du Canal dans les années 70, ont servi à renforcer ses parois. À cette occasion, l’écluse Bayard, secondée à l’époque par une écluse Matabiau aujourd’hui disparue, fut en effet approfondie pour atteindre jusqu’à 10 mètres de fond afin d’équilibrer un dénivelé devenu trop élevé. Autre particularité de l’écluse : le système de remplissage des cuves, unique à Toulouse, faisant passer l’eau par-dessous (grâce à des tuyaux) et non par les empellements des portes.
Le déclin du trafic fluvial
L’avènement du trafic ferroviaire va engendrer, du jour au lendemain, le déclin du transport des voyageurs. Le train divise le temps de voyage par trois et le Canal devient progressivement obsolète, car trop long, trop cher, et trop peu rentable. Le transport des marchandises se maintient jusqu’à la fin des années 1970 mais de nombreux corps de métiers vont disparaître peu à peu : marinier, postillon, cordier… et il faudra attendre la fin du XXème siècle pour qu’il entame sa reconversion vers le tourisme fluvial. Depuis, le secteur touristique représente l’activité majeure du Canal, avec 70% d’étrangers qui viennent chaque année profiter de son cadre et de son rythme de vie exceptionnel.
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Insolite
Les maisons péniches, un art de vivre Vivre dans une péniche, c’est tout un concept et c’est très à la mode depuis quelques années. Mais sachez qu’il faut se lever tôt pour faire d’un bateau sa demeure et d’un Canal son jardin, car on dénombre seulement une soixantaine de maisons péniches à Toulouse, et la liste d’attente est longue, très longue…
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A VOIR
Riquet, rue, boulevard, place, statue
Pierre- Paul Riquet a sa statue en haut des allées Jean-Jaurès, et son boulevard bien sûr qui longe le Canal, sans oublier sa place, face à la piscine Léo-Lagrange. Rectiligne et variée, rythmée par la place Saint-Aubin, sa rue file jusqu’à la Halle aux Grains et mérite le détour : restaurants, bars et terrasses s’y multiplient. À Paris, il a même sa station de métro.
D’une berge à l’autre
Sur les berges, aujourd’hui comme hier, ça passe et cohabite : cyclistes, promeneurs, joggers, rollers si affinités, poussettes, pèlerins de Saint-Jacques. D’autres les regardent passer : lecteurs, rêveurs, philosophes, routards, belles de nuit tandis que les pêcheurs leur tournent le dos. Au centre, l’eau verte, impavide, voit défiler les plaisanciers, des scolaires, des touristes, des gastronomes et même des avironnistes, bien que ceux-ci évitent généralement les écluses. Il y a les restaurants flottants en forme de vedette, les péniches-promenadescocktails ; les violettes restent pour leur part à quai mais disposent à Matabiau de leur embarcation boutique-expo entièrement consacrée à la fleur toulousaine. En face, l’ancienne maison éclusière est devenue la Maison du Vélo, et l’on peut aussi y manger à l’enseigne du «Vélo sentimental». Hors-série riquet
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Principale porte d’entrée de la ville à partir du milieu du XVIIIe siècle, le port Saint Etienne (plus tard prolongé par le Port Saint-Sauveur) doit son développement au commerce des grains, transportés du Haut-Languedoc vers Narbonne, pour une exportation vers l’Espagne. Car le Canal est devenu un réel axe d’échange économique qui va profondément modifier ce quartier jusque-là délaissé et mal famé : puisque c’est ici que le Canal passe au plus près des murailles, c’est ici que les bateliers choisissent de décharger leurs marchandises. Au début du XIXème siècle, on compte près de 200 barques marchandes en activité sur le Canal.
Le Canal, incontournable hier
A l’époque de la construction du Canal, l’état du réseau routier français est très mauvais : le voyage par la route est long, malaisé et dangereux pour les hommes comme pour les marchandises. Face à la route, le Canal du Midi offre le double avantage de la rapidité et de la sûreté. L’exclusivité du transport des voyageurs et des marchandises est accordée à Riquet et à ses descendants, propriétaires du Canal, par l’Edit de construction de 1666. Riquet fournit des barques marchandes et un service de barques de poste pour les voyageurs dès 1673, jusqu’à Castelnaudary ; la barque de poste accueille alors près de 5000 voyageurs par an et connaîtra son apogée entre 1836 et 1857, période durant laquelle elle accueille en moyenne 70.000 voyageurs par an, chiffre qui dépasse parfois les 100.000.
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A VOIR
La mémoire du Canal
Le tourisme fluvial, une nouvelle économie
Si le Canal a toujours transporté des voyageurs, il est devenu au fil du temps le seul but du voyage. Depuis les années 1980 en effet, la fréquentation du Canal du Midi est exclusivement touristique. La navigation y est ainsi libre et ouverte de la mi-mars à début novembre, l’hiver étant consacré à l’entretien de la voie d’eau par le gestionnaire actuel du Canal pour le compte de l’Etat, Voies Navigables de France.
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Du Port Saint-Étienne, il ne reste rien, enseveli par des «voies sur berges». Ironie du sort, c’est là que se trouve, surplombant le déluge, deux hautes bâtisses discrètes qui savent tout du Canal ; juste à côté, un austère mais élégant pavillon de briques abrite les archives du Canal ; tel un temple de mémoire, il recèle des plans extraordinaires, et même le «permis de construire» du Canal signé de la main du Roy… C’est aujourd’hui le siège régional de VNF (Voies Navigables de France). Heureusement, il reste le Port SaintSauveur, sa nouvelle capitainerie, ses pompiers, et la passerelle des Soupirs qui augure déjà d’un canal plus vert, loin de la fureur automobile…
La Folie Naurouze
C’est un projet un peu fou, à la limite de la mégalomanie. Lorsque Riquet termine la construction du bassin de Naurouze, en 1669, seul port qu’il ait envisagé sur la totalité du tracé du Canal, il espère que l’activité portuaire facilitera la création d’une ville autour du bassin. Il prévoit ainsi des aménage aménagements grandioses, comme la construction de quais couverts par des galeries surmontées de bâtiments construits sur le modèle de la place Royale à Paris (actuelle place des Vosges), une cale de radoub et même un couvent. Un projet à sa propre gloire qui restera inabouti pour des raisons financières et techniques. Hors-série riquet
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Postérieur au projet de Riquet, le bassin de radoub, destiné à l’en l’entretien des péniches, vient pallier le manque de place dont souffre alors le Port Saint-Sauveur. Il doit sa présence aux Maguès : Père et fils furent les directeurs successifs du Canal de 1828 à 1876, et sont à l’origine du bassin de radoub, du bâtiment des archives du Canal, mais aussi des grandes percées haussmanniennes de Toulouse (rues de Metz, Alsace-Lorraine…). Une plaque leur rendant hommage sera dévoilée au mois de septembre au bassin de radoub.
Le Canal, un ouvrage amélioré au fil du temps
Riquet disparu avant la fin du chantier, ses fils lui succèdent pour mener son œuvre à son terme. Si la fin des travaux est officiellement déclarée en 1684, le Canal s’ensable rapidement et de nombreux ouvrages se dégradent. Entre janvier et février 1686, Vauban (Commissaire général aux fortifications du royaume) vient sur l’ordre du Roi inspecter le Canal et préconise de modifier certains ouvrages et d’en construire de nouveaux. Il confie la direction des travaux à Antoine de Niquet, ingénieur des fortifications pour le Languedoc : ils entreprennent, de 1686 à 1694, de réaliser 48 aqueducs. Après les améliorations apportées par Vauban, les directeurs successifs vont s’attacher, dès le XVIII ème siècle, à rationaliser l’entretien du Canal afin d’améliorer la navigation. Au XIXème siècle l’administration du Canal est marquée, par des ingénieurs des Ponts et Chaussées, les Maguès. Urbain Maguès et son père, Jean-Polycarpe, furent pendant un demi-siècle d’infatigables travailleurs au service de l’œuvre de Riquet.
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Insolite
Sueur froide
Au pont des Demoiselles, une pile de béton occupe le beau milieu du Canal ; insolite ? disons plutôt que cela a failli être dramatique ! Au début des années 70, le projet sort des cartons : utiliser le tracé du Canal du Midi pour faire passer l’autoroute BordeauxNarbonne en pleine ville. Pierre Baudis, maire alors nouvellement élu, doute «du bien fondé d’un tel projet» et le retoque.
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e u q i r o t s hi Le Canal, symbole d’une époque, fierté d’un royaume
Louis XIV considère le Canal du Midi comme l’une des grandes réalisations scientifiques qui ont marqué son règne. Le Canal, plus grand chantier du XVIIème siècle entre même à Versailles, puisqu’il y est représenté au gré de fresques murales. La hardiesse et la technicité de Riquet sont rapidement repérées : il ne tarde pas à acquérir une solide réputation d’hydraulicien qualifié, bien au-delà des frontières du Languedoc. Réputation qui va pousser vers lui de nombreux porteurs de projets, publics ou privés, qui souhaitent le consulter. En 1675, il présente à Colbert un projet destiné à alimenter en eau les bassins de Versailles, dont la construction est contemporaine de celle du Canal. Projet qui ne verra jamais le jour.
A VOIR
Du côté de Ramonville
Nous remercions chaleureusement le Musée et Jardins du Canal du Midi, et notamment Axelle Raynaud pour son aide précieuse, les Voies Navigables de France et la mairie de Bonrepos, qui ont mis à notre disposition les informations et illustrations nécessaires à la réalisation de ce numéro.
Après les serres municipales, «la Boule» annonce le complexe scientifique de Rangueil. Ce sublime ovni métallisé abritait un puissant microscope électronique et vient de fêter ses cinquante ans. La croisière atteint Ramonville, un premier port, une salle des fêtes, des Marins d’eau douce pour se restaurer, et le Bikini, la célèbre salle rock posée dorénavant sur les berges. Le bief qui swingue. La péniche Chèvrefeuille habite ici depuis vingt ans et accompagne tous les étés Convivencia, le festival itinérant sur le canal des deux Mers. Puis c’est Port-Sud, la marina toulousaine historique, après, il y encore le restaurant de l’écluse de Castanet, et c’est le Lauragais...
© photos Patrice NIN – Mairie de Toulouse, Pierre Combes – Ramdam Source iconographiques : VNF Sud-Ouest - Archives du Canal du Midi, Musée et Jardins du Canal du Midi, Archives municipales, Conseil Général de la Haute-Garonne-archives départementales-fonds Labouche. Ramdam rédaction : 51, rue des Paradoux, 31000 Toulouse. Téléphone : 05 34 31 26 31, Fax : 05 34 31 26 30 E-mail : info@ramdam-magazine.com Directeur de publication et Directeur de la rédaction : Pierre Combes. Responsables rédaction : Virginie Peytavi, Maëva Robert. Ont participé à ce hors-série : Mathilde Andrieu, Bertille Lavarelo, Pierre Lepagnol. Publicité tél. : 05 34 31 26 31, 0E-mail : pub@ramdam-magazine.com Mise en page : Sandrine Lucas Impression : Imprim33. Dépôt légal 2346.96. ISSN 1276-6267. Commission Paritaire : 0513 K 80192. Ramdam est une publication de Ligne Sud SARL 51, rue des Paradoux. Au capital de 8000 €. Par RCS Toulouse1998B01046. APE 7022 G. © Ligne Sud et les auteurs. Téléphone : 05 34 31 26 31. Hors-série riquet
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1er › 17 octobre 2010
Toulouse savante Chercheurs en quête d’auteurs les 16 et 17 octobre au Jardin des Plantes Colporteurs des savoirs, rencontres avec des chercheurs et universitaires partout dans la ville du 1er au 17 octobre…
Toulouse numérique La ville où les chercheurs, les créateurs et utilisateurs du numérique échangent et réfléchissent ensemble. Ateliers, démonstrations, débats Centre des Congrès Pierre Baudis du 2 au 6 octobre.
Toulouse étonnante La ville où les arts et les sciences jouent ensemble. Expositions, cinéma, théâtre, cirque, créations musicales, dégustations… 23 projets présentant la mémoire sous toutes ses facettes, à découvrir partout dans la ville du 1er au 17 octobre.
Toulouse laser La Novela célèbre un anniversaire celui des 50 ans du laser, une avancée de la recherche fondamentale aux applications multiples et impensables. Du 10 au 17 octobre : arc en ciel laser depuis le toit de l’Arche Marengo, projections de films, conférences scientifiques, ateliers pour découvrir l’histoire et les applications du laser…
La Novela marque l’ouverture de deux grandes expositions qui vont vivre tout au long de l’année : Eugène Trutat ou la photographie au service des sciences (Archives Municipales) Préhistoire : une épopée archéologique (Muséum d’Histoire Naturelle)
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