Conservation, Gestion et Diffusion des Oeuvres d'Art du XXème siècle

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Véronique BERNARD MASTER 2 Professionnel

« Conservation, Gestion et Diffusion des œuvres d’art du 20èsiècle » Madame Nathalie MOUREAU Maître de Conférence UE 33 « Diffusion : l’exposition, les biennales, et marché de l’art »

Dossier module Avril 2005 LES ARTOTHEQUES EN FRANCE ASPECTS ECONOMIQUES Université Paul Valéry – MONTPELLIER III Année 2004/2005


SOMMAIRE Introduction….…………………………………………………………. p.1 Historique des artothèques…………………………………………. p.3 Les artothèques en 2005…………………………………………….. p.5 1.Les artothèques et les entreprises……………………………… p.7 1.1 Les artothèques privées 1.1.1 La galerie Art-Actuel ……………………………………… p.7 1.1.2 La galerie Arselou ………………………………………… p.8 1.1.3 La société Art Lease ……………………………………… p.9 1.2 Les artothèques publiques 1.2.1 L’artothèque de l’Assistance Publique …………………… p.10 1.2.2 L’artothèque de Saint-Maur-Des-Fossés …………………. p.11 1.2.3 L’artothèque d’Angers ……………………………………. p.12 1.3 Les artothèques associatives 1.3.1 L’artothèque de Nantes …………………………………... p.13 1.3.2 L’artothèque de Nîmes …………………………………… p.15 2.Les artothèques et les particuliers………………………………. p.16 2.1 Les artothèques privées 2.1.1 La galerie Art Actuel ……………………………………… p.17 2.2 Les artothèques publiques 2.2.1 L’artothèque de Brest ………………………………… … p.18 2.2.2 L’artothèque de Clamecy ………………………………… p.18 2.2.3 L’artothèque d’Auxerre ……………………….…………. p.19 2.2.4 L’artothèque d’Angers …………………………………… p.20 2.2.5 L’artothèque du SAN Fos sur Mer ……………………….. p.22 2.3 Les artothèques associatives 2.3.1 L’artothèque ASCAP …………………………………….. p.24 2.3.2 L’artothèque de Fontenoy ……………………………….. p.24 2.3.3 L’artothèque de Lons le Saulnier ………………………… p.25 2.3.4 L’artothèque RAGES …………………………………….. p.26 2.3.5 L’artothèque de Pessac …………………………………. p.27 2.3.6 L’artothèque du Limousin ……………………………….. p.28 3. Les artothèques et les scolaires ……………………………… p.29 3.1 Les artothèques publiques 3.1.1 L’artothèque de Cherbourg ……………………………….. p.30 3.1.2 L’artothèque universitaire ………………………………… p.30 3.1.3 L’artothèque d’Annecy ……………………………………. p.31 3.2 Les artothèques associatives 3.2.1 L’artothèque de Caen ……………………………………… p.31 3.2.2 L’artothèque de Fontenoy …………………………………. p.32 3.2.3 L’artothèque du BBB Toulouse ……………………………. p.33 4. L’impact sur les publics 4.1 Les entreprises………………………………………………… p.33 4.2 Les particuliers et les scolaires…………………………….. p.34 5. L’impact sur le marché de l’art………………………………….. p.36 6. L’ADRA……………………………………………………………….. p.40 7. Evolution des artothèques depuis 1985……………………….. p.42 Conclusion…………………………………………………………….. p.51 Bibliographie………………………………………………………….. p.53 Annexes………………………………………………………………… p.54 1. Liste des artistes, Ministère de la Culture 2. Tableau : « Structure et fonctionnement » de N. Heinich 3. Les artothèques en France en 2005, carte de France 4. « Artothèques : répartition sur le territoire », N. Heinich 5. « Le public », extrait du rapport de N. Heinich 6. Tableaux comparatifs 7. Evolution des artothèques sur le territoire 8. Listes des artothèques publiques et associatives


INTRODUCTION Les artothèques actives en France répondent à différents modes de fonctionnement, tant sur leurs statuts juridiques que sur leurs champs d’actions. On peut ainsi distinguer trois grandes familles, qui sous-entendent des moyens financiers spécifiques créant une incidence sur leurs missions. Il est en effet intéressant de comparer une artothèque privée, une artothèque associative et une purement publique, et de constater, avec les moyens financiers dont chacune d’elles dispose, des choix qui en découlent. Introduite dans notre pays relativement tard, si l’on se réfère aux premières « iconothèques » en Allemagne dès 1921 et dans les pays Nordiques peu après, cette profession a encore du mal à trouver sa légitimité au sein du monde de l’art. Sans détailler l’historique complet des artothèques, il me semble nécessaire néanmoins de revenir sur quelques aspects qui ont des répercutions aujourd’hui encore, pour leur servir, ou leur nuire. Répondant à un même objectif, elles se positionnent sur le marché de l’art qui a du mal à reconnaître leur action, et certaines s’organisent autour de réseaux ou d’une association ( l’ADRA), mais sans réellement former une corporation de poids. Ainsi, visant un public de plus en plus large, la plupart participent à la démocratisation de l’art contemporain, et apportent un soutien à la création. Mais derrière cette volonté commune les divergences d’orientations sont essentiellement dues aux configurations financières des différentes structures. De grandes inégalités budgétaires induisent des actions de sensibilisation plus ou moins efficaces et dessinent des politiques différentes. Chacune reconnaît l’importance d’un travail de sensibilisation et de moyens de médiation nécessaires pour recueillir un impact sur le public. Cela équivaut à une prise en compte des moyens humains de qualité, indispensables à cette réussite. Dans la réalité, on constate des compromis à ce niveau, dus aux possibilités budgétaires. -1-

Les artothèques sont assimilables à n’importe quelle entreprise sur le plan économique ; elles doivent offrir un produit attractif, en matière de prix ou à défaut, de qualité exceptionnelle qui justifie son coût. Mais quelle que soit la politique engagée, la médiation a le sien et c’est principalement à cause de son importance parfois négligée que réside la fragilité des artothèques. Dans les exemples choisis, parmi une quarantaine qui ont eu la gentillesse de répondre à mes questions, nous allons analyser ces résultats, et voir que les disfonctionnements répondent à ce constat. Les réussites ne sont pas le fruit du hasard, de la chance d’un public plus ouvert, mais bien d’une politique d’ensemble. L’ADRA, à l’origine d’un colloque en octobre 2000 a réuni des conseillers en arts plastiques de la DAP et de DRAC. Les réflexions engagées à cette occasion seront mentionnées. Elles feront le lien entre mes impressions basées sur les données recueillies, et celles de Nathalie Heinich, à qui le Ministère de la Culture avait réclamé un rapport en 1984 sur les artothèques. Nous aurons ainsi des éléments de comparaison intéressants, et une évolution sur vingt ans des structures. -2-

Historique des artothèques Avant de voir le jour en France dans les années 60, le principe de location d’œuvres d’art est apparu en Allemagne au début des années 20. Sous le nom d’iconothèques, ces structures, sur l’initiative de l’artiste berlinois Arthur Segal, fonctionnent de la même manière que les bibliothèques. Rapidement, l’Europe du Nord, et plus principalement la Suède, le Danemark et la Hollande adoptent le principe, afin de relancer le marché de l’art en permettant la production d’œuvres. En France, l’ouverture de la première artothèque a lieu au Havre, grâce au directeur de la Maison de la Culture. Son objectif est de démocratiser le plus possible l’accès à la culture, et de rendre l’art accessible à un plus large public. D’autres artothèques suivront, rattachées le plus souvent aux bibliothèques municipales, notamment à Grenoble, avec Eliane Lecomte. En 1981, Jack Lang, Ministre de la Culture nomme celle-ci chargée de mission au ministère. S’ensuit un projet visant à faciliter l’implantation de ces structures sur l’ensemble du territoire. Un partenariat est alors établi entre l’Etat qui s’engage à financer les acquisitions à hauteur de 200 000 Francs par an, et les collectivités territoriales qui doivent en contre partie mettre à disposition un local de 200 m² minimum, compléter la collection en engageant 60 000 Francs, et faire fonctionner la structure. Deux tiers de la collection doivent représenter les courants artistiques les plus marquants des trente dernières années, et un tiers est consacré à la création des artistes régionaux. Une liste est communiquée par le Ministère( annexe 1) Six millions de francs sont ainsi débloqués par l’Etat au lancement des artothèques, et vingt deux millions de Francs seront engagés concernant les FRAC.

Ainsi un large éventail de la représentation artistique prend place dans les artothèques, par le biais d’estampes, lithographies, sérigraphies, dessins, toiles et photographies. -3-


Vingt sept municipalités ou collectivités territoriales se lancent dans l’aventure entre 1983 et 1986. Contrairement aux Fonds Régionaux d’Art Contemporain, l’équilibre géographique est totalement absent ; on compte dix artothèques en Rhône-Alpes, contre une en Champagne-Ardenne par exemple. Des responsables sont nommés, mais ces postes sont souvent pourvus par des personnes non formées ou sans réelles connaissances de l’art contemporain. Une étude commandée par le Ministère de la Culture à Nathalie Heinich rend un état des lieux complets des artothèques en 1985, sur cent vingt pages(1). En 1986, le président du Centre National des Arts Plastiques change et le poste de chargé de mission pour l’encadrement des artothèques instauré au Ministère est supprimé. On assiste alors au désengagement progressif de l’Etat. Le budget obligatoire des collectivités est maintenu à 60 000 Francs, tandis que celui de l’Etat est divisé par deux. Cette nouvelle donne participe à l’abandon de certaines structures à la fin des années 80. C’est le cas de la Ville de Montpellier, dont la collection a été donnée au Musée Fabre après la fermeture de l’artothèque en 1989. Les différentes personnes rencontrées m’ont expliqué les raisons de cet échec. Selon Henri Talvat, adjoint au Maire et vice-président de la commission Vie Culturelle, il semblerait que la personne responsable de la structure n’avait pas vraiment dirigé la collection vers son objectif « démocratique ». Peu de gens avaient accès à ce principe, et les œuvres circulaient dans un entourage restreint. Pour d’autres, la demande du public ne semblait pas être assez importante, et la municipalité n’a pas jugé utile de continuer à constituer ce fonds d’œuvres. Il semble que le désengagement de l’Etat ait provoqué directement ou indirectement ce déclin, car Nathalie Heinich dressait un portrait optimiste de l’activité de l’artothèque de Montpellier en 1985.( annexe 2). (1) HEINICH Nathalie, Les artothèques, Rapport rendu au Ministère de la Culture, 1985, consulté à la DRAC Languedoc-Roussillon. -4-

Les artothèques en 2005 Depuis le rapport de Nathalie Heinich, aucune autre analyse n’a été demandée par le Ministère de la Culture. Afin d’étudier ce secteur d’activité, j’ai pris contact avec les artothèques répertoriées en France et certaines étrangères. Les trois quarts d’entre elles m’ont répondu, par téléphone, courrier ou courrier électronique, me permettant de réunir des données qualitatives et financières. Grâce au site du Centre National des Arts Plastiques, de celui de l’artothèque du Québec, et le « bouche à oreille » j’en ai dénombré soixante en France, publiques ou associatives toutes régions confondues.(annexe 3) Mais ce chiffre est certainement inexact, car la visibilité des artothèques est faible. En effet, souvent associées à une médiathèque, un musée ou centre d’art, qui par ailleurs peuvent être des atouts, elles n’ont pas d’identité forte. Un colloque organisé en 2000 comptait cet aspect dans les points faibles des artothèques. A tel point que les organisateurs ne dénombraient que 46 structures, tandis qu’elles étaient au moins cinquante six.( annexe 7) L’implantation géographique très inégale, sur l’initiative de petites collectivités locales ou de personnes passionnées ne créent pas de cohésion au niveau national. Le retentissement de leurs actions est souvent absent, faute le plus fréquemment de moyens de communication. Une dizaine seulement sont très dynamiques à ce jour mais leur exemple est la preuve d’un avenir possible pour toutes. Si physiquement elles sont réparties de manière très hétérogène, on note la même proportion d’artothèques publiques que d’artothèques en association Loi 1901 (annexe 3). -5-

Il est difficile en revanche d’avoir un « annuaire » précis des artothèques privées, elles sont en général un secteur interne de galeries, et sont essentiellement en Ile de France. Plus difficiles à interroger, elles se situent dans un secteur visiblement concurrentiel. Le rapport de Nathalie Heinich laisse pourtant apparaître l’existence vingt ans plus tard des même enseignes, avec le développement de ce secteur. Elles ont donc réussi à palier à leur fragilité annoncée, par des moyens différents, et qui prouvent l’existence de solutions.


Qu’elles soient publiques, associatives ou privées, toutes souffrent aussi du terme qui les désigne. Peu évocateur pour le grand public, et avec une sonorité dure, il fait partie des « points faibles » mentionnés lors du colloque de 2000. Certaines préfèrent les nommer « galeries de prêts ». Nos voisins allemands précurseurs en la matière en comptent cent cinquante aujourd’hui, dont vingt pour la seule ville de Berlin et les appellent néanmoins « Artotek », tandis que les Finlandais usent du terme « artoteekki ». L’Europe semble être au diapason dans le jargon des artothécaires (non reconnus à ce jour dans le dictionnaire). Outre Atlantique, le Canada, et principalement le Québec connaissent un fort engouement pour la location d’œuvres d’art.


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1. Les artothèques et les entreprises 1.1 Les artothèques privées Les galeries d’art contemporain développent depuis longtemps le secteur locatif des œuvres auprès des entreprises, des professions libérales ou des collectivités. La politique générale de ces structures est davantage d’offrir une œuvre d’art unique pour un temps, en valorisant l’image du client par la valeur même de cet objet mis en avant. La démarche s’appuie sur l’image de marque ainsi créée ou renforçée. Ce service permet de justifier des prix élevés, qui traduisent la qualité des œuvres proposées. Son activité commerçante lui permet également la vente. Elle peut ainsi jouer de ce double créneau, et proposer des crédits-bails à ses clients, adaptés au principe de la location et des échanges possibles d’œuvres. Il existe un véritable marché porteur dans ce secteur, mais beaucoup plus développé à Paris qu’ en province. Un autre cas de figure existe, proposant uniquement des locations, sous forme de leasing, sans stock d’œuvres, mais travaillant en partenariat avec des galeries. 1.1.1 La galerie Art-Actuel Depuis trente cinq ans, cette galerie parisienne « équipe » les bureaux de grandes sociétés, aménage les halls d’accueil en proposant des locations d’un an. Située rue de Lisbonne, dans le 8è arrondissement de Paris, elle dispose d’un show-room à l’étage, où estampes, toiles et sculptures sont prêtes à louer. Un site permet également une commande en ligne, avec la visualisation de plus de 350 pièces, tarifs indiqués pour chacun. Avec plus de 20 000 œuvres au total, elle pratique des prix différents selon les techniques et les artistes représentés. -7-

Une estampe se loue à l’année forfaitairement 110€ HT. De 51 à 100, il faut compter 100€ HT l’unité, tandis qu’au-delà de 100, l’œuvre revient à 98€ HT. Ces tarifs dégressifs ne sont pas appliqués pour les toiles ou sculptures. A titre d’exemple, une statue en bronze (190x80 cm) signée DERBRE coûtera 3500 €HT, et une sculpture en terre (58x65x20 cm) sera louée moyennant 1350€ HT Une toile de l’artiste TIGRANE « Mémoires » (130x97cm) sera disponible pour 915 € HT, tandis qu’une plus petite (80x80 cm) sera proposée à 838 € HT. L’organisation d’expositions temporaires dans les locaux d’une société, ainsi que les soirées d’entreprises animées constituent le « département événementiel ». Art actuel propose aussi à ses clients son secteur édition ; en devenant éditeurs d’art, ils ont la possibilité de travailler avec un artiste de leur choix pour une édition exclusive de cartes postales, de vœux, invitations ou autres publications personnalisées. Cette société compte plus de six cent clients réguliers. Ses dirigeants n’ayant pas voulu répondre aux questions que je leur destinais, je n’ai pu savoir si certains de leurs clients faisaient la démarche d’acheter ou s’ils étaient vraiment distincts. (1) 1.1.2 La Galerie Arselou Située Place Vendôme, cette galerie propose l’organisation d’expositions, dans les espaces publics des entreprises uniquement, et ne s’adresse pas aux particuliers. En partenariat avec d’autres galeries, avec des artistes ou avec ses propres œuvres, elle réalise ainsi des expositions thématiques, ou monographiques. Son dirigeant, Guillaume Sébastien devient alors commissaire d’exposition et réunit les œuvres qui lui paraissent les plus adéquates. Un vernissage est organisé, permettant aux invités de l’entreprises de rencontrer les artistes exposés. Les informations concernant Arselou sont très difficiles à obtenir, le galeriste étant très réticent à donner davantage de renseignements. (1) informations recueillies sur le site www.art-actuel.com -8-

Il fait une différence entre ses prestations et celles d’une artothèque, dans la mesure où les locations qu’il pratique sont des évènements parfaitement orchestrés, des expositions privées de haut standing. Je lui demandais lors de notre conversation téléphonique s’il remarquait une tendance à l’achat d’œuvres d’art après location, facilité par les dispositions fiscales relatives au mécénat.


Sans avoir creusé véritablement la question, il pense qu’effectivement, ces « réceptions autour de l’art contemporain » ont un impact sur les ventes réalisées. (1) 1.1.3 La société Art Lease Art Lease n’est pas une galerie. C’est une société qui offre à ses clients des œuvres d’art en leasing. Uniquement destiné aux entreprises, ce concept connaît un vrai succès dans les pays anglo-saxons ; le chiffre d’affaire outre-Manche est dix fois supérieur à celui réalisé en France par des sociétés similaires. Ne se reconnaissant pas dans la dénomination d’artothèque, cette société, dirigée par Pascal Godingen, propose des mensualités sur trente six mois, avec option d’achat au terme de ces 3 années. Ces loyers, compris entre 350 et 2500 € sont assimilables pour le client à des charges d’exploitation déductibles. Nous n’entrons pas ici dans le cadre du mécénat d’entreprise. La clientèle, en majorité des professions libérales ( notaires, avocats, experts comptables, assureurs..) choisit ellemême les œuvres dans une galerie partenaire. La société Art Lease achète l’œuvre et la loue à son client, selon le principe énoncé. Depuis l’ouverture d’Art Lease en 1994, Pascal Godingen voit une évolution des tendances. Même si la plupart du temps, il s’agit d’œuvres consensuelles à fort (1) Entretien téléphonique avec Guillaume Sébastien, le 27 février 2005. -9-

potentiel décoratif, le figuratif naïf et l’abstrait coloré ne sont plus les seules œuvres qui plaisent. Il note une augmentation des photographies et des œuvres tendance ethnique. Jean le Vourch, président du Comité Interprofessionnel de l’Economie Laitière est un client fidèle et amateur d’art, qualité sans laquelle rien n’est possible. Il investit 12 000 € à l’année pour une cinquantaine de pièces louées et estime cette solution « raisonnable comparée au coût d’un budget de décoration intérieure »(1) 1.2 Les artothèques publiques et les entreprises Inscrites dans une réalité économique basée sur les entreprises de leurs secteurs, les artothèques publiques offrent un accès à la location d’œuvres à celles-ci. Pratiquant des tarifs beaucoup plus bas que les artothèques privées, elles se positionnent en service public au service du contribuable. Des différences existent selon la collectivité territoriale qui les porte. Dans les exemples qui suivent, l’une est issue de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris, et deux sont en régies municipales. Effectivement, Il faut noter que 28 sur 32 structures publiques sont municipales, et constituent ainsi la majorité des cas. Etudier deux cas semble pertinent à titre comparatif. 1.2.1 L’artothèque de l’Assistance Publique Dès 1971, ce service interne aux Hôpitaux de Paris propose des accrochages dans les espaces hospitaliers qui le souhaitent. Les halls d’accueil, salles de réunions, couloirs, bureaux profitent, sans durée limitée de dépôt, de cette collection de 4 000 estampes du Musée de l’Assistance Publique. (1) Connaissance des arts, novembre 2003 -10On peut se demander pourquoi les chambres de patients ne bénéficient pas de cette prestation. Les problèmes logistiques liés semblent être la raison principale Depuis deux ans, les problèmes budgétaires que connaît le groupe AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) ont entraîné le gel de celui de l’artothèque. Son action est dirigée exclusivement vers le secteur hospitalier, sans s’étendre aux entreprises privées. (1) 1.2.2 L’artothèque de Saint-Maur-des-Fossés (val de Marne) Ouverte en 1988, et par conséquent sans bénéficier des mesures gouvernementales du Ministère Lang, cette artothèque propose néanmoins 900 œuvres. Son exemple est intéressant à plusieurs titres. Pour constituer une collection, elle fonctionne en partenariat direct avec les artistes. Son propre fond et les dépôts gracieux d’artistes lui permettent d’avoir un choix important à moindre coût. Son budget de fonctionnement annuel s’élève à 10 600€, hors salaires et elle compte environ 200 adhérents, particuliers et entreprises confondus.


Il est difficile de connaître les chiffres exacts concernant les entreprises, car les tarifs d’abonnements sont les mêmes que pour les particuliers. Elles seraient environ une cinquantaine. En revanche, on sait que parmi ces sociétés, ce ne sont que des petites structures ( assureurs, laboratoires..) qui empruntent des œuvres. Particuliers et entreprises Abonnement 35 € par an Saint Maur des Fossés 2 œuvres tous les 2 mois Abonnement 70 € par an extérieur 2 œuvres tous les 2 mois (1)Mail reçu d’Anne NARDIN, conservatrice du Musée de l’AH-HP, le 10 février 2005. -11Les achats d’œuvres sont possibles sur les dépôts d’artistes, l’artothèque reverse le prix payé au créateur. Une trentaine de vente est réalisée chaque année. La demande de toiles est croissante au détriment des estampes, ou pire des photographies. L’artothèque en tient compte et s’oriente de plus en plus en ce sens. Une création de poste est en cours actuellement, pour suppléer la responsable Le service public proposé ici me semble assez remarquable, tant sur les tarifs qu’il propose, que l’aide qu’il apporte à la création. La pertinence des choix artistiques est par contre impossible à qualifier, mais la demande du public semble en tous cas être satisfaisante. (1). 1.2.3 L’artothèque d’Angers (Maine et Loire) L’artothèque d’Angers fonctionne depuis 1984, créée donc en partenariat avec la Ville et le Ministère de la Culture. Rattachée géographiquement au Nouveau Théâtre, elle se situe en centre ville. Avec un budget de fonctionnement nettement supérieur, elle a bénéficié en plus pendant deux ans (1988 et 1989) du Mécénat de la Caisse des Dépôts et Consignations pour l’acquisition des œuvres. Son rapport avec les entreprises est différent de l’exemple précédent. Les tarifs appliqués sont distincts de ceux concernant les particuliers, scolaires, ou étudiants. Les prestations ne sont pas les mêmes non plus. Dans cette configuration, les entreprises représentent un quart des cent cinquante abonnés. particuliers scolaires entreprises étudiants Abonnement 54 €/an 114,5 €/an 229 €/an 25€/an 5 œuvres/2 mois 61 €/an 152,5 €/an 305 €/an 1œuvre/2 mois Abonnement 7 œuvres/2 mois Abonnement 76,50€/an 160€/an 321€/an Hors département 91,50€/an 213,50/an 427€/an Emprunt occasionnel 15€ /15 jours 15€ /15 jours 15€ /15 jours 15€ /15 jours caution 366 € 609,80 € 366 € (1) Entretien téléphonique avec la responsable de l’artothèque, le 4 février 2005. -12La collection compte 870 œuvres, essentiellement sur papier (estampes, dessins, peintures ou photographies). Une enveloppe budgétaire d’acquisition des œuvres est fixe chaque année, et s’élève à 15 000 €. Deux personnes à temps plein sont en poste et gèrent cette artothèque. On constate la mise en place de différentes formules de locations, apportant une souplesse intéressante. En 2004 sont dénombrés 1762 mouvements d’œuvres. Statistiquement, on peut donc en attribuer un quart aux entreprises (1) 1.3 Les artothèques associatives et les entreprises Sans être sous régie, les artothèques associatives sont subventionnées la plupart du temps par des collectivités territoriales et cherchent des partenariats privés auprès des entreprises. Qu’elles trouvent des aides de ce côté ou qu’elles en attendent, toutes étendent leurs prestations auprès des sociétés publiques et privées. Parmi les enquêtes menées, je me suis aperçue que les artothèques associatives étaient pratiquement aussi nombreuses que les structures publiques et avaient des différences de fonctionnements encore plus flagrants. Les deux exemples pour les illustrer sont l’artothèque de Nantes et celle de Nîmes.


1.3.1 L’artothèque de Nantes (Loire Atlantique) Créée en 1986 en association Loi 1901 et par une convention établie entre le Ministère de la Culture et la Ville de Nantes, cette artothèque obtient dès 1987 le mécénat d’Elf Aquitaine, qui se poursuit l’année suivante. C’est donc avec de gros moyens financiers que cette structure démarre, et compte en plus l’aide de la DRAC et de la Ville pour l’organisation d’expositions. Répondant à la confiance de ses investisseurs, elle a su en gagner d’autres : Rank Xerox, la Fondation Elf Aquitaine, Chiffoleau encadreur à Nantes, et l’imprimerie LNG de la même ville sont à leur tour mécènes aujourd’hui. (1) Courier électronique reçu d’Anne-Marie de Kerimel, responsable de l’artothèque d’Angers, le 9 février 2005. -13Des partenaires institutionnels s’ajoutent à la municipalité et la DRAC, tels le rectorat de l’Académie, la Région Pays de Loire, la Délégation aux Arts Plastiques et le Ministère de la Culture. Ces atouts ont permis à l’artothèque baptisée « Le Ring » de constituer une importante collection d’œuvres d’artistes nationaux et internationaux. Au total, 1247 estampes, œuvres originales et photographies d’auteurs sont à la disposition du public, accueilli par une équipe de quatre personnes. Pour un abonnement de 150 € par an, les entreprises et collectivités ont accès à différentes formules. La location de l’œuvre est de 10€, sachant qu’elles peuvent en emprunter cinq maximum dans un délai de deux mois. Une location ponctuelle inférieure à deux mois est également possible, moyennant 15,24€ l’œuvre. Une exposition est un service accessible, comprenant maximum six œuvres. Ces tarifs spécialement conçus pour les entreprises attestent la place importante que « Le Ring » leur accorde. Par ailleurs, une association de collectionneurs du Ring s’est constituée. Elle offre la possibilité de bénéficier des acquisitions annuelles de l’artothèque, en constituant une propre collection. Cette association est ouverte aux personnes physiques ou morales. Ainsi, pour 2300 €/an pendant 3 ans, l’entreprise devient propriétaire de l’œuvre. Celle-ci reste pendant cette période à l’artothèque, et si deux œuvres sont achetées, l’emprunt d’œuvres est gratuit pendant ces trois années. Les avantages fiscaux semblent attirer ces collectionneurs, d’autant plus que le comité d’acquisition est composé d’acteurs incontestés du monde de l’art, attestant par-là même de la valeur du bien acquis. En effet, dans le comité de validation, sont présents le Conservateur en art contemporain du musée des Beaux-Arts de Nantes, le conseiller artistique de la -14DRAC, le directeur du FRAC, le directeur de l’école des beaux-arts, un critique d’art expert en photographie, plusieurs galeristes, le président du Ring, et des membres de l’association. La bonne santé de cette artothèque rime donc avec une stratégie particulièrement efficace avec les entreprises, et dont elle tire un profit qu’elle ne néglige pas de mettre au service des particuliers, en offrant un abonnement à 20€ par an, mais facturant également l’œuvre à 10€, et limitant à 2 le nombre sur une période de 2 mois. 1.3.2 L’artothèque de Nîmes (Gard) L’artothèque de Nîmes est créée quant à elle en 1989, subventionnée par la DRAC, la Région Languedoc-Roussillon, le Conseil Général du Gard, et la Mairie de Nîmes Elle n’a pas le soutien d’entreprises privées, mais propose autant aux entreprises, qu’aux scolaires ou particuliers ses œuvres sur papier. Pour une adhésion de 152 € par an, elle offre aux entreprises, privées ou publiques l’accès à la location. Les tarifs appliqués sont directement proportionnels à la valeur de l’œuvre choisie. Ainsi, 2,5% de la valeur correspond au prix de location par mois. Ces entreprises peuvent louer 10 œuvres maximum pour une période de 1 à 3 mois. On constate ici un mode de calcul tenant compte de la valeur indexée, créant par-là des différences de tarifs. C’est ici une façon de démarquer les œuvres d’art d’un produit courant, et correspondant plus au marché de l’art avec les côtes. C’est également le moyen de responsabiliser les gens face à une valeur annoncée. Afin de comparer un « prix de revient » d’une location, entre l’artothèque de Nantes et celle-ci, il faut imaginer pour 10€ engagés par une entreprise de Nantes l’emprunt d’une œuvre à 200 € à Nîmes pour payer la même somme sur 2 mois. L’entreprise nîmoise n’aura pas un choix tellement ouvert à ce tarif. En effet, l’Artothèque-Sud compte dans sa collection des artistes de renommée, dont les œuvres sur papier valent en général plus de deux cent euros. -15-


2 Les artothèques et les particuliers

2.1. Les artothèques privées La politique menée pour les entreprises est la même pour les particuliers, à condition d’en trouver qui se tournent vers cette clientèle. Parmi elles, certaines galeries-artothèques semblent aujourd’hui tenter un nouveau concept, en proposant l’organisation d’expositions ponctuelles à domicile, avec vernissage et présence d’artiste. Introduit par les Etats-Unis, cet effet de mode ne touche encore qu’un milieu très privilégié et restreint. Les tarifs pratiqués sont élevés et justifiables par la prestation offerte. On est loin ici de la démocratisation de l’art et de son accès à tous. On sait déjà par de nombreuses études réalisées que peu de personnes franchissent le pas d’une galerie privée. Le sociologue Pierre Bourdieu a observé que la fréquentation des œuvres d’art est fonction de l’élévation du niveau d’instruction et du niveau social. Il explique l’efficacité de l’interprétation non par un don mais par la « maîtrise d’un code », code proprement artistique qui, en autorisant le déchiffrement des caractéristiques spécifiquement stylistiques, permet d’assumer l’œuvre considérée à la classe constituée par l’ensemble des œuvres d’une époque, d’une société, d’une école ou d’un auteur. Ce code s’acquiert dans les milieux sociaux favorisés, par une familiarité précoce avec les œuvres, l’instruction renforçant cet acquis préalable. Ceux qui n’ont pas reçu de leur famille ou de l’école la maîtrise du code et celle des mots permettant de saisir, et de désigner les catégories stylistiques, ne peuvent appréhender l’information proposée par l’œuvre ni en « saisir l’intention". (1) (1) Bourdieu Pierre Darbel A L’amour de l’art’ Paris, Editions de Minuit, 1991 -162.1.1 La galerie Art Actuel (Paris) Les prestations qu’offre cette société s’appliquent désormais aux particuliers. Les mêmes tarifs sont pratiqués, et si les entreprises peuvent récupérer la TVA, ce n’est pas le cas des particuliers. Le public est donc restreint aux personnes aisées, ou déjà initiées à l’art contemporain. En effet, on voit mal, sans accompagnement médiateur ou pédagogique comment le grand public trouverait une raison à louer une œuvre d’art, dans le 8è arrondissement de Paris. De Albertis conforte Bourdieu dans ses propos, en disant dans son ouvrage Bilan et perspectives de l’action collective d’insertion de l’artothèque que « la sociologie s’accorde avec l’iconologie pour considérer la saisie et la désignation des « propriétés sensibles de l’œuvre ou l’expérience émotionnelle que ces propriétés suscitent comme des perceptions appartenant à l’expérience quotidienne des œuvres et non à la révélation de l’œuvre elle même » » (1) Ce n’est donc pas cette société qui permet à tout le monde de se familiariser avec l’art. Par contre, elle peut bénéficier d’un public déjà initié par le biais de structures plus abordables financièrement, et qui auront fait le travail de « l’expérience quotidienne ». 2.2 Les artothèques publiques et les particuliers En gérant l’argent public du citoyen, c’est en toute légitimité qu’elles accordent l’accès de la collection au public. La seule exception rencontrée est celle de la Gironde. C’est également la seule issue d’un Conseil Général. Les municipalités qui ont fait le choix d’investir dans une artothèque publique ont rattaché celle-ci aux médiathèques, musées, centres d’art ou autres lieux culturels. Créant ainsi des passerelles entre les différents sites, la fréquentation est facilitée, et contribue à l’élargissement des publics. (1)De ALBERTIS S cité par Le Sociographe-6/Art et travail social(1) Des acteurs sociaux et la question de l’art , septembre 2001 . -17Les deux exemples développés plus hauts attestent déjà de différences tarifaires et budgétaires . En analysant quatre autres structures, nous aurons un panorama complet des modes de fonctionnement rencontrés, à quelques variantes près. 2.2.1 L’artothèque de Brest (Finistère) Créée en 1983, l’artothèque de Brest était en régie municipale jusqu’en 2002. Depuis cette date, elle est toujours abritée par le musée des beaux-arts de la ville, mais repose sur la Communauté d’agglomération, regroupant treize communes. Ce changement de tutelle a modifié les moyens de fonctionnement de la structure, les charges de la Communauté de communes étant plus élevées. L’emploi jeune supprimé n’a pu être remplacé, et seule la conservatrice du musée doit gérer les deux collections.


Cette personne ne pouvant plus assurer le fonctionnement de l’artothèque dans ces conditions a stoppé les sorties d’œuvres. Malgré la demande forte des utilisateurs, aucune décision n’intervient des services concernés. La presse locale s’est jointe à l’opinion publique, en mettant en avant la forte demande des utilisateurs, confirmée par la centaine de prêts consentis par mois les deux dernières années.(1) Cette situation n’est pas exceptionnelle, deux autres structures sont dans des impasses, liées à une tutelle municipale et ne fonctionnant plus à cause des emplois jeunes non renouvelés. 2.2.2 L’artothèque de Clamecy Cette structure en régie municipale existe depuis 1982, mais souffre d’un autre problème majeur. Ainsi, depuis 1992, aucune acquisition n’a été faite, et le fonds d’œuvres se chiffre à 446 œuvres depuis quinze ans maintenant. (1) Entretien téléphonique avec la conservatrice du musée des beaux-arts, le 14 février 2005. -18Sans nouveautés à proposer, elle n’attire plus de particuliers. Seules trois collectivités ont permis les mouvements de 42 œuvres en 2004. Actuellement installée à la médiathèque, elle va déménager sur le site du musée, espérant ainsi rebondir. L’investissement lié à ce déplacement sera-t-il plus profitable ? Dans le même département, l’artothèque d’Auxerre va bénéficier du prêt d’une centaine d’œuvres de celle de Clamecy. Ce partenariat qui s’instaure me semble être une opportunité beaucoup plus intéressante, car un échange serait alors la possibilité pour les habitants de découvrir des nouveautés dans la collection de Clamecy.(1) 2.2.3 L’artothèque d’Auxerre (Yonne) Cette artothèque créée en 1983 était à l’inverse, dans un premier temps rattachée au musée de la ville. Depuis 2003, elle a intégré la médiathèque. La responsable a rapidement cerné les inconvénients et avantages liés à ce déménagement. Elle se réjouit de toucher un nouveau public, venu côtoyer l’ancien. En effet, plus sensible à priori à la fréquentation de la bibliothèque qu’aux expositions d’art contemporain du musée, ce public a évolué. La familiarisation à l’art contemporain par l’artothèque a même permis au musée de compter plus de visiteurs depuis. Géographiquement, l’artothèque d’Auxerre draine à elle seule la moitié du département de l’Yonne, et les trois départements limitrophes sans structures. Ainsi, en 2004, sa fréquentation était de 3000 personnes, dont 428 enfants. Pratiquant un tarif unique d’abonnement de 15€ à l’année pour les particuliers, les entreprises et les scolaires, elle facture 4€ l’œuvre louée pour deux mois, avec un maximum de 5 à la fois. En moyenne, les personnes empruntent 2 œuvres tous les deux mois. (1) Entretien téléphonique avec Martine Lemaire, responsable, le 18 février 2005. -19Le budget de fonctionnement de cette structure s’élève à 4900 €, sans tenir compte des salaires des deux postes, ni de l’enveloppe budgétaire d’acquisition allouée chaque année pour un montant de 12 000 €. Cela a permis de constituer une collection de 1130 œuvres aujourd’hui recensées, représentatives des principaux courants depuis quarante ans, incluant même l’Activisme Viennois par le biais de photographies. Se réjouissant d’obtenir le prêts d’œuvres de l’artothèque de Clamecy, Hélène Decaudin, responsable de la structure engage différents échanges. Ainsi, entre le 11 mai et le 10 septembre, une invitation à l’artothèque de Caen sera suivie d’un échange des collections. (1) Les enjeux de ces initiatives ne devraient qu’être positifs. Sa qualité de vice-présidente de l’ADRA (Association de Développement et de Recherche des Artothèques) la positionne au centre des questionnements en matière de mise en réseaux des artothèques. En effet, lors du colloque en 2000 à Caen, les responsables ont mis en avant cette nécessité.(2) Les politiques d’acquisitions étant variables et liées aux budgets souvent aléatoires, un système d’échanges pallierait aux gels temporaires de certaines, sans les fragiliser. De plus, toutes les collections seraient ainsi en mouvements, créant un dynamisme général. Ce constat est valable aussi bien pour les artothèques publiques qu’associatives. L’ADRA est une association comptant une vingtaine d’adhérents parmi les responsables de structures, tous statuts confondus. Je reviendrai spécialement sur son sujet, dans un chapitre à part. (1) Entretien téléphonique avec Hélène Decaudin, responsable le 18 février 2005, et courrier du 24 février 2005.


(2) « Les actes du colloque 2000 » Les artothèques :des outils novateurs au service de l’art et des publics , ADRA 2000. -202.2.4 L’artothèque d’Angers (Maine et Loire) Il me semble intéressant de revenir sur l’exemple d’Angers, car on constate la présence, outre les différentes formules offertes, d’une caution. Bien qu’elle puisse paraître élevée pour le grand public, elle ne couvre pas les conséquences de la destruction de l’œuvre en cas de sinistre. Mais il est évident qu’une assurance complémentaire est souscrite. La caution représente alors le plus souvent la franchise appliquée. Cette somme a le mérite de responsabiliser l’emprunteur et l’oblige à porter une attention particulière à l’œuvre. L’aspect dissuasif introduit par cette somme arbitraire a sans aucun doute contribué à ne déplorer aucun dommage. Seuls les angles de cadres souffrent d’un état d’usage, constaté dans toutes les artothèques, ce qui leur fait souligner l’importance d’un budget d’encadrement annuel à prévoir. Sans faire de distinction entre les habitants d’Angers et les « extérieurs », cette structure limite ses tarifs privilégiés au Maine et Loire. Il est vrai qu’elle est bordée par quatre départements(annexe3) sans artothèques et dont la fréquentation du Nouveau Théâtre d’Angers –Centre Dramatique National Pays de Loire -est effective. Par ailleurs les expositions réalisées de la saison 2003/2004 ont compté 8733 visiteurs, dont 5325 pour les vingt ans de l’artothèque. Il est important de noter également l’accès privilégié aux étudiants du département, en bénéficiant d’un tarif à 25€. Mais comparativement, ils peuvent louer à l’année 6 œuvres, soit plus de 4€ chacune ! Il serait naïf de penser qu’un étudiant a un petit logement, et c’est la raison pour laquelle on a adapté un abonnement de la sorte, moins cher. Il me semble dommage d’associer les œuvres d’art aux biens consommables, et de jouer sur la quantité pour instaurer les prix. -21Cette artothèque semble dynamique, et la médiation associée est pour une large part responsable de son succès. 2.2.5 L’artothèque du SAN (Bouches du Rhône) Cette structure regroupe plusieurs communes et sa présence sur chaque site est proportionnelle à ses besoins. Ainsi, la collection de 1500 œuvres est répartie dans les médiathèques de Miramas, Fos-sur-Mer, Istres, Port Louis. Un catalogue et une base iconographique consultable par thématique, ou artiste, recensent toutes les œuvres, avec notice accompagnatrice, dans n’importe quel site. Ayant abandonné le terme « thèque » qui désigne un support, les responsables privilégient plutôt les thématiques, et ont ainsi instauré sept « départements ». Le « département art » est dorénavant constitué d’œuvres d’arts sur papier, toile, vidéos, documents, Cdroms, et livres traitant de l’art. Appelé plus communément « galerie de prêt d’art », cette section est ainsi plus cohérente. Une à deux personnes sont en postes , selon l’importance de la galerie de prêt, une coordinatrice intervient sur l’ensemble et Josette Marin supervise les six lieux. Au total dix personnes travaillent dans ce secteur. Comptabilisant en 2004 mille six cent soixante treize prêts « art », sur les neuf mille douze prêts toutes sections confondues, on note une baisse de deux cents emprunts par rapport à 2003. Deux raisons expliquent ces chiffres, et relativisent cette diminution. En 2003, les œuvres d’art étaient encore rattachées à la musique, au sport et au cinéma. D’autre part un absentéisme important de personnel qualifié en art, en formation, a engendré un manque d’accompagnement du public par les personnels des sections générales. On constate ainsi l’impact des médiations générées par un personnel avisé. Ainsi, en 2003, deux à trois expositions, en partenariat avec les lieux culturels des -22villes du SAN (Syndicat de l’Aménagement de villes Nouvelles), ont été organisées et ont donné lieu à des conférences, débats, projections de films sur les artistes. Pour un abonnement multimédia gratuit, les habitants de ces communes peuvent emprunter cinq œuvres tous les trois mois. L’enveloppe budgétaire d’acquisition était jusqu’à présent de 20 000 € par an, mais cette année aucun budget n’a encore été alloué. La procédure d’achat est soumise à une politique d’ensemble. Ainsi, en début d’année, une thématique est choisie, validée ensuite par l’équipe de direction. La coordinatrice propose une large sélection après contacts auprès d’ artistes et galeries.


Le comité de sélection ( personnels artothèque et centres d’arts partenaires sur les évènementiels) choisit parmi les propositions faites, argumente en fonction de l’orientation établie en amont, la pertinence des choix opérés. Aujourd’hui, les responsables s’interrogent sur la cohérence de certaines œuvres de la collection constituée depuis 25 ans. En effet, elles ne sont pas toujours représentatives du travail d’un artiste, correspondent à une période qui peut être jugée négligeable par rapport à l’ensemble de ses œuvres.(1) 2.3 Les artothèques associatives et les particuliers Les artothèques associatives occupent une place importante, et s’implantent le plus souvent où elles trouvent des partenaires financiers attentifs. Géographiquement, on peut ainsi être parfois surpris de leur localisation. Face à cela, elles tentent de séduire le public local, et ont alors toutes leurs preuves à faire pour perdurer et défendre leurs subventions. Les exemples choisis sont volontairement très différents, et correspondent néanmoins à six cas de figures représentatifs de l’ensemble. (1) Entretien téléphonique avec Josette Marin, le 02 mars 2005. -23Ainsi, un comité d’entreprise, un lieu culturel et l’éducation nationale abritant des artothèques associatives vont faire l’objet d’une analyse, ainsi que trois artothèques disposant de locaux autonomes, mais d’ampleurs différentes. 2.3.1 L’artothèque ASCAP (Doubs) Créée en 1991, l’artothèque est en association Loi 1901, est financée par le Comité d’Entreprise de Peugeot Citroën Automobile de Sochaux, et subventionnée par la Ville de Montbéliard. Avec une enveloppe budgétaire d’acquisitions annuelle de 12 000 €, elle a réussi à réunir une collection de 932 œuvres (estampes, gravures, dessins, toiles, aquarelles, photos) représentant 27 mouvements et 400 artistes. 156 dépôts d’artistes viennent compléter le fonds. Proposant une adhésion de 15€ pour pouvoir emprunter ces œuvres, elle compte aujourd’hui 385 adhérents. particuliers Scolaires et collectivités Abonnement habitants Montbéliard 30€ Tarifs préférentiels et personnel Peugeot Abonnement extérieurs 45€ A raison de 2 œuvres par mois, chaque année dénombre 1000 sorties. Si l’on tient compte de l’adhésion et de l’abonnement, pour 45€, les habitants de Montbéliard ou personnel du groupe automobile peuvent emprunter douze œuvres. Dans le meilleur rapport d’optimisation, l’une revient donc à 3,85 €.(1) 2.3.2 L’artothèque de Fontenoy(Yonne) Créée en 1993, l’artothèque de Fontenoy est rattachée à l’association du Centre Régional d’Art Contemporain, fondée en 1978. Installé dans une « gentilhommière du XVII siècle », il se trouve en milieu rural, loin (1) Réponse par courrier électronique le 14 février 2005. -24de toute grande agglomération. Si ce château attire néanmoins du public, ce sont principalement des Parisiens installés ou des personnes intéressées réellement par l’art contemporain. Dans cette configuration, l’artothèque n’a pas un public très étendu, et les demandes sont donc limitées. L’accès aux œuvres est soumis à l’adhésion de 20€ par an. Comme à Nîmes, le montant de la location est fonction de la valeur de l’œuvre, avec néanmoins une différence. Ainsi, trois tranches de prix existent, créant ainsi un tarif A à 3 €, tarif B à 4,5€ et tarif C à 6€ . Ces paliers évitent le calcul, et permettent un plus grand choix.(1) 2.3.3 L’artothèque de Lons Le Saulnier (jura) Cette artothèque mérite qu’on s’arrête sur son histoire. Elle débute en 1987 dans un collège. Une exposition relative à un artiste aboutit à des rencontres avec les élèves et démarre la constitution d’une collection. Le Foyer Socio-Educatif achète ainsi progressivement les œuvres. Les enfants empruntaient les œuvres pour leurs domiciles. En 1990, le collège ferme, et l’inspecteur d’Académie en place monte une association Loi 1901 pour reprendre le fonctionnement de l’artothèque, et éviter la dispersion sauvage de la collection dans les établissements de l’Académie.


Elle compte dans son conseil d’administration des professeurs des premier et second cycles, général et technique. Les bénévoles assuraient jusqu’en 1991 des permanences au public, après les cours et les mercredis. Depuis une convention a été signée avec le Centre de Documentation du Jura, avec un personnel permanent et une logistique appréciables. Bénéficiant de subventions du Conseil Général et de la Ville de Lons Le Saulnier, l’association organise des expositions biennales et présente les nouvelles acquisitions. (1) Entretien téléphonique avec Adeline Girard, le 08 février 2005 et courrier du 14 février 2005. -25En 2000, le Centre de Documentation déménage dans un bâtiment nouvellement construit pour accueillir l’IUFM. Le Conseil Général intègre l’artothèque et lui attribue l’espace culturel, permettant une exposition thématique annuelle. A ce jour, la collection compte 326 œuvres, acquisitions ou dons d’artistes et collectionneurs. Elle dispose en plus de deux dépôts du FNAC, constitués de 100 estampes (quarante et soixante). Le président de l’association, en qualité de conseiller pédagogique en arts plastiques a obtenu de l’inspecteur d’Académie l’autorisation de former les professeurs par le biais de stages. Outre les possibilités de développer des projets avec leurs élèves, ces formations ont permis les permanences au sein de l’artothèque le mercredi après-midi pour le grand public. (1) 2.3.4 L’artothèque RAGES d’Auch (Gers) Cette artothèque créée en 1999 fonctionne avec de petits moyens. Sa collection compte 118 œuvres et réunit 27 artistes. Elle travaille en réel partenariat avec eux, puisque le fonds est constitué de dépôts uniquement, après une adhésion de 30 € par an. En 2004, 96 œuvres ont été louées et 7 ventes ont été réalisées. Les entreprises, particuliers et scolaires, adhérents pour 20 € bénéficient de ces services moyennant un prix de 80€ fixé pour la location de 5 œuvres par an. En 2004, l’association comptait 20 particuliers adhérents. Le produit réalisé cette même année s’est ainsi élevé à 2730 €, tandis que le budget de fonctionnement annuel s’élève à 23 000 €, subventions réunies. Cette structure est très fragile, et le financement des emplois est son réel problème. L’édition d’un catalogue annuel, la production d’affichettes et dépliants, son site internet sont les modes de communication. Mais malgré l’appui des médias locaux, cette petite association n’a pas assez de médiation.(2) (1) Entretien téléphonique avec Joël Blonde, président, le 4 février 2005. (2) Courrier électronique reçu le 12 février 2005. -262.3.5 L’artothèque de Pessac(Gironde) Exemple récent de création, baptisée « Les Arts au Mur », cette artothèque a vu le jour fin 2002. Soutenue par la Ville de Pessac (fonctionnement et acquisitions), la Région Aquitaine ( soutien au programme d’expositions et animations), le Fonds Européen Feder 2, cette association dispose en plus d’un local de la Ville. Les moyens financiers sont ainsi conséquents : Un budget de fonctionnement en 2004 de 64 630 € et d’une enveloppe d’acquisitions de 13 000€ ont permis un développement de cette structure rapidement. La collection entamée depuis deux ans compte déjà 300 œuvres, représente les principaux mouvements de l’art contemporain depuis les quarante dernières années, et le travail de jeunes artistes. Les œuvres uniques viennent compléter les multiples (estampes et photographies) ainsi que les vidéos. Des conférences, expositions, soirées thématiques, animations jeune public offrent une médiation pour tous. Bénéficiant en plus de multiples partenaires techniques, cette artothèque est un exemple de perspectives très positives. En effet, sont ainsi présents l’Inspection Académique (réalisation de projets pédagogiques à destination des scolaires), l’ADRA dont elle est membre, le CIPAC (Congrès Interprofessionnel de l’Art Contemporain), l’école des beaux-arts et le CAPC (membres du comité technique d’acquisition), le FRAC Aquitaine ( pour élaboration d’un projet pédagogique à destination des lycées en région), plusieurs galeries(acquisitions et partenariats autour d’expositions), les structures culturelles d’Aquitaine, des artistes régionaux et nationaux (acquisitions, aides à la création).(1) Les moyens mis en œuvre, et le dynamisme de ses deux dirigeantes ont permis en 2004 d’organiser 8 expositions, 10 animations, de compter plus de 2500 visiteurs, et d’enregistrer 120 adhérents (30 en 2003). -27L’abonnement est proposé à 40 € par an, auquel se rajoute le prix de la location d’une œuvre, sur une période de 2 mois, de 10€. Une caution de 10% de la valeur de l’œuvre est demandée. En 2004, le nombre de prêts s’élevait à 250.


Au rythme auquel cette structure fonctionne, on peut penser que l’accroissement de la collection permettra une multiplication des emprunts.(1) particuliers scolaires Entreprises et collectivités Abonnement 40€ /an 60€/an 120€/an 1œuvre/2mois 3 œuvres /2 mois 200€/an 5 œuvres /2 mois location 10€/oeuvre 2€/œuvre/1mois ½ 10€/ oeuvre ou 10€ par mallette. hors vacances scolaires 2.3.6 L’artothèque du Limousin (Creuse, Corrèze, Haute Vienne) Créée en 1986, cette artothèque s’est appuyée sur une association englobant soixante communes du Limousin. Le FACLIM (Fonds d’Art Contemporain des Communes du Limousin) consacre alors 1 Franc par habitant par an pour l’acquisition d’œuvres d’art. Depuis 1989, elle dispose ainsi de trois relais en milieu rural, couvrant trois départements, et ayant trois missions spécifiques : L’artothèque de Limoges dispose d’un environnement de qualité pour le prêt aux particuliers. L’artothèque de Vassivière bénéficie du centre d’art contemporain, avec des actions directes dans la continuité des expositions et de ses activités. L’artothèque de Guéret gère spécialement la Creuse, et l’artothèque de Tulle développe des actions culturelles dans le milieu rural. (1)Informations fournies par Anne Peltriaux, co-directrice, par mail et documents, le 23 février 2005. -28Cette mise en réseau a permis de constituer une collection de 3500 œuvres, disponibles pour chacune d’elles, et profitables pour les 12 à 15 expositions organisées annuellement. Financée exclusivement par la Région, cette structure est exemplaire dans les tarifs qu’elle propose. Les particuliers accèdent gratuitement au prêt. Seules les entreprises, pour 103 € d’abonnement et 2 € facturés pour chaque œuvre, et les scolaires avec un abonnement à 50 € par an voient ce service payant. 3 Les artothèques et les scolaires Dans ce chapitre, les artothèques privées sont absentes, aucune d’entre elles ne s’intéresse au secteur. Par contre, les artothèques publiques ou associatives semblent accorder une importance capitale à l’accès au prêt d’œuvres pour les scolaires Certaines sont même issues d’établissements scolaires, on l’a vu dans l’exemple de Lons Le Saulnier. Cet engagement atteste de la volonté d’éduquer dès le plus jeune âge un public. L’aboutissement à plus ou moins long terme n’aura que des points positifs, palliant au manque cruel de l’éducation artistique dispensé par l’Education Nationale. Les personnels d’écoles primaires, de collèges et lycées engagent donc des actions individuelles, et trouvent par le biais des artothèques des outils privilégiés. Toutes les artothèques interrogées ont mis en place des tarifs avantageux pour les scolaires, et des moyens humains, plus ou moins développés en raison de budgets là encore variables. Cet apprentissage précoce, et balayant les barrières sociales permet de former le regard sur l’art contemporain. -29-


3.1 Les artothèques publiques et les scolaires

3.1.1 L’artothèque de Cherbourg(Manche) Créée en 1983, l’artothèque de Cherbourg dispose aujourd’hui d’une collection de 1300 œuvres. Elle compte 350 abonnés, essentiellement les scolaires et associations. Des expositions sont organisées, avec accompagnement pédagogique. Elle dispose en plus d’un « artobus » grâce auquel l’acheminement et l’accrochage d’œuvres pour les scolaires est facilité. Des ateliers de pratiques artistiques délocalisés et expositions satellites dans les écoles sont organisés. Les projets artistiques des établissements scolaires, les projets d’édition de livres d’artistes des classes en résidence bibliothèque, les stages d’arts plastiques qui donnent lieu à la réalisation d’ouvrages imprimés( port-folios, recueils sérigraphiés..) sur des périodes qui permettent de sensibiliser le jeune public aux enjeux des arts plastiques, sont autant d’actions engagées pour aider la diffusion de l’art contemporain. 3.1.2 L’artothèque universitaire( Académie de Créteil) L’artothèque universitaire dépend du ministère de l’Education Nationale. Sa mission est de permettre la circulation des œuvres dans la France entière, à la disposition des enseignants, des étudiants et élèves, et mettre en place un éveil artistique. Implantée à l’IUT, elle travaille avec les maternelles, les primaires, collèges et lycées, mais son action ne s’étend pas au-delà de Paris et le département de Seine et Marne en raison du budget nettement insuffisant. Disposant d’un fonds propre, elle bénéficie par ailleurs de prêts gracieux d’artistes. Elle profite également de la collaboration de galeries, des musées, FRAC et centres d’art. -30Les interventions sur projets d’établissement ou pédagogiques entrent dans le cadre de forfaits établis avec les écoles( exemple : 80€ par an pour une, deux ou trois expositions en collège). Des ateliers sont ainsi mis en place, avec interventions d’artistes rémunérés par les écoles ou mairies, ou participations de professionnels de l’art (critiques). Des partenaires privés permettent l’achat de fournitures ou d’encadrements. En contre partie, des dépôts d’œuvres sont effectués. 3.1.3 L’artothèque d’Annecy L’artothèque d’Annecy étend l’action qu’elle mène envers les écoles, au-delà du cadre scolaire. Ainsi, ouverte depuis 1985, elle a développé en 2001 un secteur jeunesse. Baptisée « Petite galerie », cette section est réservée aux 7-17 ans, et prolonge l’intérêt développé par le biais des écoles. Ce jeune public est pris en charge par des thématiques abordées, et une riche collection de livres sur l’art contemporain (1700 titres) complète cet accompagnement pédagogique. Des rencontres mensuelles autour de vidéos pour présenter des créations et biographies d’artistes sont un compromis de médiation qu’un manque de place prive d’expositions. Un simple abonnement multimédia permet l’emprunt de livres, CD, vidéos et estampes, l’artothèque faisant partie intégrante de la bibliothèque(1) 3.2 Les artothèques associatives et les scolaires 3.2.1 L’artothèque de Caen L’artothèque de Caen est performante auprès de tous ses publics. Ne négligeant aucun secteur, elle travaille avec les particuliers, les entreprises, les hôpitaux, le centre pénitencier, les administrations, les associations, et bien entendu (1) Courrier électronique reçu de Christiane Talmard, responsable de l’artothèque, le 08 février 2005. -31les scolaires, pour lesquels elle a mis en place des tarifs avantageux. Ouverte en 1986, cette structure a constitué une importante collection représentative de l’art contemporain, à travers le travail d’artistes de renommée internationale ou nationale, depuis quarante ans. Quelques artistes de la région sont également présents, et on compte aujourd’hui 2000 œuvres. 4000 prêts par an en moyenne, tout publics confondus sont réalisés. Pour un abonnement de 60€ par an, les scolaires peuvent emprunter 5 œuvres tous les 2 mois. L’artothèque organise cinq expositions par an, et attire ainsi un large public. (1) 3.2.2 L’artothèque de Fontenoy (Yonne)


Pour les scolaires, cette artothèque a mis en place « des mallettes pédagogiques ». Les médiateurs culturels présentent la collection et proposent une aide dans le choix des œuvres par rapport à un projet pédagogique d’école. Des animations destinées à accompagner la découverte de la création contemporaine sont organisées dans les classes à partir des œuvres de la collection. Une salle est disponible pour les interventions plastiques conduites par les deux animatrices de l’artothèque, Adeline Girard, diplômée de l’école des beaux-arts et d’une maîtrise d’Histoire de l’Art et Ghislaine Vetter. Un mercredi par mois, Adeline Girard propose aux professeurs des écoles désireux de se familiariser à l’art, des après-midi thématiques, à partir d’un choix d’œuvres. Quelques grands mouvements de l’art du Xxè, réflexion sur des thématiques, techniques, démarches d’artistes, lecture d’images, atelier de pratiques artistiques pouvant être reconduits dans leurs classes. En 2004, l’artothèque de Fontenoy, dont on a compris la difficulté liée à sa situation locale pour les particuliers, a accueilli 20 écoles, qui comptent un certain nombre de classes et d’élèves. (1) Courrier électronique reçu de Claire Tangy, responsable de l’artothèque de Caen, le 9 février 2005. -32C’est donc particulièrement encourageant pour ses dirigeants qui mettent l’accent sur ces actions pédagogiques. 3.2.3 L’artothèque du BBB « Le Bond de la Baleine à Bosse » implanté à Toulouse dispose d’une artothèque à visée unique envers les scolaires. Avec l’implication des artistes, elle met en œuvre depuis 1998 une politique d’éveil à l’art contemporain pour les enfants des maternelles et primaires des écoles des quartiers nord de la ville. Sans être officiellement reconnu par des chiffres , l’impact semble être encourageant. En effet, des collégiens ayant bénéficié de ces modules dans leur école primaire ont des résultats très satisfaisant dans la matière « arts plastiques », voire discernables, selon certains enseignants.(1) 4 L’impact sur les publics


4.1 Les entreprises

A condition que leurs dirigeants soient amateurs d’art contemporain, les entreprises privées adhèrent à la location d’œuvres d’art, ou au leasing pour se forger une image. En effet, en matière de marketing, il est important pour elles de renforcer leurs ancrages par un produit de luxe associé. L’œuvre d’art contemporain est ce produit de luxe de plus en plus utilisé. Les toiles peintes et sculptures sont beaucoup plus prisées que les estampes, sauf pour quelques artistes majeurs. A Paris ce phénomène s’amplifie. Les vitrines de Noël rue du Faubourg Saint Honoré étaient en décembre dernier pour la plupart mises en scène autour d’œuvres d’artistes contemporains. (1)Entretien téléphonique avec le responsable, le 09 mars 2005. -33Les grands groupes tels Cofinoga, la RATP, Johnson & Johnson, France Télévision donnent à leurs sièges sociaux une nouvelle image de marque. Les professions libérales, comme les cabinets d’avocats ont aussi cette volonté, mais rien n’est possible sans un véritable attrait pour l’art contemporain. En Province, les sociétés n’ont pas la même visibilité, et ce phénomène est moins marqué. L’offre est également différente, peu de « galeries de prêts » incitent à cette stratégie de marketing. Les artothèques publiques et associatives ont d’une manière générale une collection d’estampes, qui « n’accroche » pas de la même façon qu’une toile ou sculpture. Aux alentours de Montpellier, un autre mode de fonctionnement s’est instauré. Une association mécène a réuni un collectif d’artistes qu’elle aide dans sa création. Elle trouve ses financements auprès d’entreprises privées qui bénéficient en contre partie d’accrochages temporaires, d’expositions thématiques ou monographiques. « Art et Entreprises » ne se positionne pas en temps qu’artothèque, elle préfère parler de lien entre les artistes mais on constate qu’auprès des sociétés, différents modes de fonctionnements proches sont possibles, à condition que leurs dirigeants soient sensibles à l’art contemporain. 4.2 Les particuliers et scolaires Les galeries de prêts privées ne concernant qu’un public très restreint, et les informations à leur sujet étant non divulguées, nous nous attacherons aux particuliers fréquentant les artothèques publiques ou associatives. Les nouveaux arrivants sont animés d’une certaine incrédulité au départ, face à l’emprunt possible d’une œuvre d’art pour un tarif aussi bas. En effet, cette première réaction constatée par les artothécaires, de façon unanime est suivie d’une curiosité qui s’éveille. L’appropriation d’une œuvre devient une démarche active et personnelle, où la personne fait un choix. Ses critères de sélection sont évolutifs ; inconsciemment d’abord, un système de valeurs propres lui permet de se situer face à l’offre. -34« Il n’est pas rare de constater que des personnes non spécialistes de l’art contemporain dessinent au fil du temps, par leurs choix, une trajectoire bien précise et cohérente dans la création, opèrent des rapprochements, créent des passerelles » constate Claire Tangy, responsable de l’artothèque de Caen.(1) L’œuvre d’art perd son statut muséal pour entrer en temps qu’objet dans le quotidien. « Son intégration implique une réflexion sur son essence, son volume, sa couleur. C’est à dire une révélation de certains de ses aspects pour le spectateur. Et inversement, elle devient le révélateur du lieu dans lequel elle se trouve. Elle entre en résonance avec les autres éléments de la pièce, et se charge d’un vécu dont témoigne une tendance à vouloir prolonger les prêts » explique encore Claire Tangy. La curiosité mène progressivement à une ouverture vis à vis de l’art contemporain de plus en plus grande. Le regardeur s’accoutume à la qualité des œuvres et l’enregistre inconsciemment. On assiste alors à une modification du rapport à l’œuvre. Philippe Sollers nous fait partager son expérience vécue : « Pour bien comprendre une œuvre d’art, il faut vivre dedans ou avec. On ne voit jamais aussi bien un peintre que lorsqu’on a vécu avec, ou mieux dormi avec. A New York, j’ai dormi avec deux œuvres de Kooning dans la pièce, ça change beaucoup les rapports avec les choses »(2) Au décrochage d’une œuvre, le sentiment de vide laisse percevoir la reconnaissance de sa valeur. Les scolaires faisant l’expérience développent progressivement ces mêmes conclusions, de manière plus inconsciente encore.


(1)« Les artothèques »Bibliothèques/Lieux d’art contemporain, quels partenariats, Fédération française pour la coopération des bibliothèques, des métiers du livre et de la doc(FFCB), Association Limousine de Coopération pour le Livre (ALCOL), février 2001. (2) Sollers, Philippe « Les Français et l’art » Beaux Arts, avril 1992 p.54 -35Le rapprochement qu’ils ont vécu avec une œuvre pendant quelques semaines, et l’accompagnement pédagogique qui existait autour ont scellé une certaine propriété, une relation intime. Cet éveil à la création artistique contemporaine, à la rencontre des artistes semble avoir un écho très positif chez ce jeune public, en passe de devenir le grand public de demain face à l’art contemporain. Il sera d’autant plus réceptif qu’il aura vécu ces expériences enfant.

5 L’impact sur le marché de l’art De nouvelles habitudes culturelles se construisent chez les emprunteurs. Ainsi, on s’aperçoit d’un public fidèle, (à condition de lui procurer des œuvres nouvelles), qui ne conçoit plus de vivre sans œuvres d’art. Le regard évolue, devient plus exigeant. Au début, la décoration est le principal argument de choix, et de plus en plus s’oriente vers des critères artistiques. La demande d’informations complémentaires est constatée ; Dans 30% des cas, les abonnés commencent à lire la presse artistique, et le même pourcentage utilise la documentation relative aux artistes. D’emprunteur d’œuvres d’art, il devient visiteur d’expositions, preuve que l’ouverture qui l’habite dépasse les murs de l’artothèque, et que sa démarche est active. Claude Mollard, dans un numéro d’Art Press en 1983 projetait l’influence des artothèques sur le marché de l’art : « Nous pensons qu’à terme, l’achat d’œuvre devrait être encouragé par le développement des galeries de prêts. On peut penser en effet qu’un particulier qui a pris l’habitude de vivre avec des œuvres d’art chez lui aura envie d’acheter un jour, une estampe, un tableau ». (1) En effet, on constate la réalisation de ventes parmi les artothèques qui prennent des œuvres d’artistes en dépôts. D’une manière générale, les emprunteurs deviennent de potentiels acquéreurs. (1) Mollard, Claude Art Press, juillet-août 1983, p.72 , N°10 -36Acheter une œuvre devient possible, non réservé aux autres. Sur 60 personnes qui manifestent cette intention, 15 passent à l’acte chaque année. Claire Tangy, lors du colloque de Caen en 2000, annonçait une centaine d’œuvres vendues en quinze ans. L’émergence de nouveaux collectionneurs est constatée, consécutive à cette nouvelle tendance chez les emprunteurs fidélisés. Une étude a dénombré le nombre de collectionneurs en France. Ils ne seraient que 2% de la population. En revanche, 10 % de Français possèdent au moins une œuvre d’art contemporain. (1) Certains emprunteurs optent délibérément pour cette démarche de location, afin de se donner le temps de bien réfléchir avant d’acquérir une œuvre, nous explique Emilie Perrier, à la galerie L’Etang d’Art à Bages. Par contre, d’autres personnes seront séduits par la possibilité de changement, et resteront dans la démarche locative. Le rôle des artothèques est sans aucun doute un moyen d’approche plus facile. Dans les exemples cités, on remarque l’importance de la médiation dans les résultats auprès du public. Mais la plupart du temps, si les budgets sont aléatoires ,le travail de fond entrepris est à moyen terme anéanti. La majorité des collections ont misé, pour des raisons budgétaires invoquées, et relativement au coût de la conservation préventive, sur les estampes. Or ce choix pose deux questions : D’une part, l’attrait pour cette technique est soumis à une action pédagogique, car beaucoup confondent estampe et reproduction. Les artothèques mettant en place des ateliers de sérigraphie, lithographie et arts graphiques permettent une toute autre appréciation de ces œuvres par le public.


(1)Caillet, Elisabeth, Délégation aux Arts Plastiques, « Les publics de l’art contemporain »Avant-Propos Bibliothèques/Lieux d’art contemporain, quels partenariats, FFCB février 2001 p.13 -37Nous revenons encore sur ces moyens financiers à prendre en compte, indispensables à l’information. D’un autre point de vue, les estampes ne sont pas représentatives de l’art contemporain, et l’artothèque n’est donc pas en adéquation avec ses objectifs. En effet, les estampes excluent certains artistes contemporains. Là encore, prisonnière d’un budget, une artothèque fait des choix, car la valeur moyenne d’une estampe est de 400 €, tandis que le marché de la photographie est de plus en plus cher, et semble moins accrocheur. Les toiles et sculptures posent leurs problèmes de fragilité extrême, et de prix élevé. Peu d’artothèques prennent ce risque. Pourtant, ce secteur est celui le plus convoité. Celles qui ont intégré ces supports ont une demande croissante. C’est le cas d’une artothèque, assez remarquable pour qu’on développe son fonctionnement dans ce chapitre. La Galerie « L’étang d’Art » à Bages est une artothèque en association loi 1901. Elle fonctionne en partenariat avec les artistes, en organisant des expositions, à l’issue desquelles les œuvres invendues sont laissées en dépôt. Pour une adhésion de 15€, et une somme de 5% de la valeur de l’œuvre, les emprunteurs emportent pour 2 mois une toile ou sculpture (en terre généralement). Contrairement aux autres artothécaires, Emilie Perrier constate des problèmes plus importants de conservation préventive sur les estampes sous verre que sur les œuvres qu’elle met à la disposition de son public. En 13 années d’existence, aucun dommage n’a été déploré. Il faut dire qu’un chèque de caution de la valeur de l’œuvre est demandé au départ, ainsi qu’une attestation d’assurance. La somme perçue est répartie à part égale entre l’artiste et l’artothèque. Les tarifs oscillent ainsi entre 7 et 50€ pour les emprunteurs. -38Peu subventionnée par le conseil régional, le conseil général et la DRAC, cette artothèque parvient à salarier deux personnes pour assurer le fonctionnement de la structure. Les interventions en milieu scolaire, ainsi que les ateliers pédagogiques à la galerie sont autant d’outils utilisés pour sensibiliser le jeune public. Seule dans sa région, cette artothèque dynamique compte de fidèles adhérents. Il est difficile en revanche, sans comité technique d’acquisitions de connaître les critères de sélection établis pour le choix des œuvres. Cette artothèque semble privilégier le goût du public, et procéder ainsi à des choix consensuels, sans forcément s’engager dans un débat sur la notion d’art contemporain. Elle privilégie les artistes régionaux. On constate donc de grandes diversités de fonctionnement au sein de ce secteur, et face à cette hétérogénéité, il est difficile de définir un rôle global joué sur le marché de l’art. D’une manière générale, on peut dire que les artothèques publiques ou associatives n’ont pas une incidence directe sur le marché de l’art. Elles apportent une fidélisation du public à l’art et participent à l’intégration des nouvelles attitudes face à lui. Elles permettent sans doute l’achat d’œuvres pour une partie des emprunteurs, mais la réalité des prix à l’achat est souvent rédhibitoire pour beaucoup d’entre eux. Par contre, dans leur aide à la création, les artothèques ont un impact réel sur le marché des multiples et de la photographie, plus relatif sur celui des œuvres uniques. En constituant leurs collections, les quarante six artothèques dénombrées en 2001 avaient investi 20 000 000 de francs, et leur participation en 1989 était déjà de 6 600 000 francs. Même si nous savons qu’en réalité elles sont plus nombreuses, nous devons tenir -39compte des gels budgétaires constatés pour la moitié d’entre elles, depuis deux ans. Malgré cela, on peut avancer que les sommes dépensées sont plus importantes, et servent à la promotion de l’art contemporain. Leur action est importante, et malgré leur dispersion, on peut considérer qu’un impact est certain sur le marché de l’art directement ou indirectement.


6 L’ADRA

L’Association de Développement et Recherche des Artothèques rassemble une trentaine de membres.. Catherine Texier, responsable de l’artothèque du Limousin, remplace Claire Tangy depuis 2003 à la présidence de l’association.. Les artothécaires adhérents ne sont pas forcément issus de structures associatives. Organisant des séminaires, des stages et voyages, ils ( un seul homme justifiant l’emploi de ce pronom !) tentent de créer un réseau cohérent et des actions en partenariat. La responsable de l’artothèque intercommunale du SAN ( syndicat de l’Aménagement de villes Nouvelles) regroupant Miramas, Fos sur Mer, Istres , Port Saint Louis, trouve un intérêt à adhérer. Elle constate un milieu assez individualiste, attaché à son autonomie, et sent les dangers de ce comportement. L’ADRA est pour elle, comme pour les autres adhérents, vecteur d’ouvertures. L’adhésion reste lourde pour de petites structures à budget limité (1000 euros), ainsi une autre formule, sans prise en charge des frais liés aux déplacements, est proposée, pour une centaine d’ euros. Dans les échanges que j’ai pu avoir avec les artothèques, je me suis aperçue que certaines ignoraient l’existence de l’ADRA. -40Le colloque des 18 et 19 octobre 2000 Cette association est à l’origine du colloque de Caen en octobre 2000, et réunissant des acteurs du monde de l’art. C’est la première action lisible visant à réfléchir sur l’évolution des artothèques et constituer un réseau européen. Guy Ansellem, délégué aux Arts plastiques était présent, et soulignait l’importance d’une politique d’acquisition « de la plus haute exigence, de la plus grande qualité » en tant que point essentiel pour le développement des artothèques. Laquelle « nourrit le travail de diffusion et de médiation ». Autour d’une table ronde animée par Bernard Rousseaux, conseiller pour les arts plastiques à la DRAC de FrancheComté, la singularité des artothèques était soulignée, en tant qu’outil d’expérimentation. Ainsi , première acquisition, fréquentation d’autres structures d’art contemporain sont facilités par « l’expérimentation des artothèques ». Cette notion est néanmoins soumise à la prise en compte d’une politique régulière et conséquente d’achat. En effet, les participants au débat étaient tous d’accord sur l’importance d’une « collection suffisamment renouvelée et conséquente ». Un fonds de départ de 200 œuvres semble un minimum nécessaire, d’après les artothécaires présents, et ayant débuté leur activité avec une centaine d’œuvres, les obligeant à mettre les emprunteurs sur listes d’attente. Cette table ronde a mis ainsi directement en avant la fragilité des artothèques due aux diminutions des crédits d’acquisition. Bernard Gilman, ex-maire adjoint à la culture de la ville de Grenoble posait alors la question essentielle : « Que pourrait-il être fait pour que les artothèques soient solides ? Il faudrait pouvoir créer un rapport de force avec les autorités sous la tutelle desquelles elles se trouvent. Comment créer ce type rapport, même s’il n’est pas de force ? Le cadre associatif est-il plus pertinent qu’un service municipal ? Je pose simplement la question. Il me semble que le service municipal peut s’avérer d’une grande faiblesse s’il n’y a pas derrière, un groupe de pression qui soutient l’artothèque » -41A cette question, Marie-Annick Bernard-Griffiths donne des éléments de réponse intéressants, en assurant que « les artothèques auront un développement sécurisé dans la mesure de leur intégration dans les politiques culturelles régionales ou locales, et nationales bien entendu. » Or, aucune ligne budgétaire de l’Etat ne concerne les artothèques, et c’est donc la politique culturelle régionale ou locale qui détermine un ancrage solide ou non. L’engagement des artothécaires relève du militantisme, tandis que le soutien des artistes et du public est précieux pour cet « équipement marginal dans le monde de l’art ». Les actes du colloque de 2000 ont mis en avant la nécessité de constitution d’un réseau national d’artothèques, avec une structure fédératrice. Trois axes prioritaires pour asseoir cette existence et renforcer leur image sont proposés. -Conseils et prestations de service, permettant des études de faisabilité de projet ainsi que l’organisation de stages de formation de personnels -Développer une politique globale de communication, conduisant à l’élaboration d’un relais européen d’artothèques, de partenariats privés facilités et de travail avec les réseaux institutionnels propres à l’art contemporain. -Envisager une politique commune d’action, avec la création d’une banque de donnée sur les collections en vue d’échanges, et projets communs d’expositions ou éditions. On observe effectivement des avancées sur ce dernier point. Ainsi, l’ouverture de l’artothèque de Pessac par exemple a été l’occasion d’un partenariat avec « Le Ring » de Nantes pour sa première exposition, intitulée « Pas vu, pas pris ».


7 Evolution des artothèques depuis 1985

Le rapport de Nathalie Heinich fait un état des lieux des artothèques , dans un contexte politique différent aujourd’hui. On peut se demander si ses conclusions ont -42influencé la décision intervenue un an plus tard de stopper les crédits de l’Etat dans leur direction. Le rapport établi s’organisait autour de quatre axes, et comportait une enquête auprès des publics. Huit mois ont été nécessaires (décembre 1984 à juillet 1985) à l’élaboration de ce dossier, qui constitue aujourd’hui la seule base de données. On s’aperçoit à la lecture du chapitre « le choix de la structure » d’une disparité géographique ,de statut juridique et de structures d’hébergement semblable à celle d’aujourd’hui. En effet, Nathalie Heinich dénombrait en 1985 trente artothèques. Elle constatait une implantation géographique très inégale -dix en Rhône-Alpes contre une en Alsace- (annexe 4), qu’elle attribuait déjà aux contextes politiques locaux. Puisque toutes bénéficiaient des mêmes financements de la part de l’Etat, la décision en faveur de l’expérience venait des élus locaux, et des politiques culturelles engagées. On retrouve également des choix associatifs ou de statuts publics similaires à ceux de 2005, toutes proportions gardées. Même constat au niveau des structures d’accueil. Ainsi, l’implantation en bibliothèque ( et non médiathèque à l’époque) concernait certaines, tandis que d’autres étaient rattachées à différents lieux culturels, et que l’on pouvait compter des artothèques autonomes. Nathalie Heinich a étudié les publics touchés, et a trouvé une légère différence selon le type de structures : « ..On pourrait donc dire, pour résumer, que l’usager type des artothèques « indépendantes » serait un étudiant, celui d’une artothèque en bibliothèque, un homme des classes moyennes non bachelier, et celui d’une artothèque dans un établissement culturel, une femme cadre supérieur, quadragénaire . Rappelons cependant qu’il ne s’agit là que de tendances, assez faiblement marquées : elles permettent de conclure que les différences d’implantation induisent, certes, des différences de recrutement social, mais dans une proportion très modérée. » (1) (1) Nathalie Heinich, « Le choix de la structure » Les artothèques Ministère de la Culture 1985 p.18 -43Il est important de considérer par ailleurs le niveau d’études général en France en 1985, qui a considérablement évolué depuis. (16% de la population avait le baccalauréat en 1985, à la lecture de l’annexe 5). Dans son analyse, Nathalie Heinich note une fréquentation des « sur-diplômés » qui n’a plus rien à voir avec la situation aujourd’hui, concernant les mêmes diplômes. La forte implication des artothèques, quelque soient leurs structures d’accueil, pour les scolaires fait évoluer les chiffres aujourd’hui. On peut constater une part importante des prêts en direction des scolaires, ce qui fait chuter la part des diplômés ,si on considère les enfants individuellement. Individualités dont il convient de tenir compte, et ne pas chiffrer simplement en terme de classe, car on s’est aperçu de la fidélisation de certaines familles à la suite d’emprunts dans le cadre scolaire. Sans avoir quantifié les publics en 2005, je ne peux affirmer certaines constatations relevées. Par contre, on peut observer la forte fréquentation de l’artothèque ASCAP, financée par le comité d’entreprise de Peugeot Citroën Automobiles et intégrée à cette entreprise. Trois cent quatre vingt cinq adhérents et mille prêts par an permettent de penser qu’une majorité d’emprunteurs ne répondent pas aux critères relevés en 1985. Le public est apparu avec l’offre dans ce cas présent. Il semble ,au regard de la fréquentation générale des artothèques que l’implantation géographique compte, et le milieu rural a plus de difficulté à toucher le public local (FONTENOY). Il y parvient sur le long terme, lorsque la médiation est importante(LIMOUSIN). Les grandes agglomérations sont plus favorisées (GRENOBLE, NANTES, ANGERS, CAEN) en général que les petites villes isolées.(ANGOULEME, CAJARC, MILLERY, CLAMECY). On peut penser que le public citadin est réceptif plus facilement. -44Nathalie Heinich s’est ensuite penchée sur les problèmes liés aux différents modes d’implantation. Elle constatait, en ce qui concernait les structures « autonomes », un isolement qui constituait une réelle fragilité, par manque de visibilité. Aujourd’hui, peu d’artothèques ont cette indépendance (le RING, l’ETANG d’ART, LES ARTS AU MUR, ALBI) et semblent ne pas en souffrir. Ces artothèques ont en effet de très bons résultats. Les bibliothèques en 1985 posaient peu de problèmes aux artothèques hébergées ; elles étaient même à l’abri de restrictions budgétaires éventuelles, lesquelles ne se répercutaient pas ou guère sur l’artothèque. Autre avantage, le


directeur de la bibliothèque constatait lui-même l’apport de ce secteur d’activité et cernait son mode de fonctionnement. Aujourd’hui, le constat est autre. En effet, nombre d’artothèques abritées par les médiathèques municipales sont le premier secteur à pâtir de suppression budgétaire, lorsque son responsable ne peut faire entendre l’importance de nouvelles acquisitions, de moyens humains en terme d’organisation de médiation et de fonctionnement, au risque de laisser en libre service le prêt, et de se couper du public. Ceci est sans doute lié à l’accroissement des différents supports des médiathèques (livres, disques, Cdrom, vidéos œuvres d’art) qui entraînent un partage du budget global. L’autre problème relevé en 1985 par Nathalie Heinich résidait dans l’espace délimité au sein des bibliothèques. Cet aspect est encore perceptible dans certaines structures( NEVERS, ARLES), mais dans la majorité des cas il n’existe plus. En ce qui concernait les lieux culturels, Nathalie Heinich dressait un portrait négatif dans la gestion des artothèques. Elle soulignait les disfonctionnements budgétaires. Ainsi, une enveloppe budgétaire globale servait au fonctionnement du lieu, artothèque comprise. Or, dans cette enveloppe se trouvaient les aides de l’Etat à destination de la collection de l’artothèque, qui n’étaient pas toujours utilisées à cette fin. -45Aujourd’hui, le problème ne se pose plus en ces termes, les aides de l’Etat étant absentes. Le danger demeure en revanche dans ces enveloppes globales, lorsque les structures sont petites, avec un personnel réduit. Sinon, il semble que les artothèques s’en sortent plutôt bien. Le fonctionnement des structures semble avoir peu évolué en 20 ans. En effet, Nathalie Heinich soulignait l’importance de l’information du public, et la notion d’animation autour des œuvres. C’est aujourd’hui encore un aspect essentiel que revendiquent les responsables d’artothèques. Dans la gestion des collections, le rapport de 1985 mettait en avant les questions d’emballage sérieux et d’encadrements nécessaires. Aujourd’hui, toutes les artothèques se plaignent de moyens insuffisamment considérés concernant le réencadrement des œuvres. Ainsi, vingt ans ont suffi pour dégrader les cadres des œuvres mis en protection des multiples manipulations. Une campagne de restauration est ainsi amorcée chez les plus anciennes qui disposent de moyens suffisants, les autres réparent tant bien que mal. Il est important de constater cependant que là résident les principales détériorations, qui peuvent être considérées d’usage et prévisibles. Aucun dégât majeur n’est autrement à déplorer, dû aux manipulations ou faits de prêts. Les seuls constats dramatiques de conservations d’œuvres résultent de mauvaises conditions de stockage sur les lieux même des artothèques(une seule à ce jour). La gestion administrative des fichiers était très difficile à comparer en 1985, les modes de fonctionnement étant différents d’une artothèque à l’autre. On peut faire le même constat aujourd’hui, avec cependant l’outil informatique développé, et quasi inexistant en 1985. -46Les inventaires muséaux ou bibliothécaires des oeuvres ne répondent toujours à aucune norme officielle dans les artothèques et risquent d’être un problème pour l’établissement d’un fichier commun, désiré par l’ADRA. Titrant « le titre et le poste », Nathalie Heinich relevait le même flou concernant le personnel engagé dans les artothèques. Elle constatait une absence de définition du poste, relative à l’hétérogénéité des fonctionnements des artothèques existantes. L’aspect concernant l’acquisition des œuvres et la mise en prêt de celle-ci constituait pour elle une antinomie ingérable pour une seule personne. Ainsi, l’achat nécessite un temps disponible pour les contacts avec les galeries ou les artistes, voire des déplacements. Le prêt implique un accompagnement du public, et une présence permanente. Nathalie Heinich notait donc des disfonctionnemnts inévitables dans les structures gérées par une seule personne, conduisant souvent au prêt libre-service et aux contacts négligés, en amont et en aval des œuvres. On peut constater les mêmes problèmes posés dans les artothèques aujourd’hui qui reposent sur une seule personne (BREST). Les profils et conditions de travail en 1985 montraient la présence forte des femmes responsables d’artothèques , avec deux hommes seulement pour douze femmes en juillet 84. Agées de 25 à 40 ans, elles étaient issues des écoles des beaux arts, d’études en histoire de l’art ou bibliothécaires. Leurs horaires de travail et salaires étaient variables et incomparables d’un cas sur l’autre.


On constate aujourd’hui les mêmes données, avec une variante cependant au niveau des études : les profils « bibliothèque » n’existent plus. Avec un recul de vingt ans, on constate toujours l’absence de titre, « compensée » par un nombre exceptionnel de dénominations ! « L’offre et la demande » constituait le troisième volet analysé par Nathalie Heinich. Partant de la fonction impartie aux artothèques d’éduquer le public à l’art -47contemporain, de transformer ses goûts et ses attentes, elle s’est intéressée au choix des œuvres , aux réponses du marché, et à la réaction du public. Ainsi, sachant qu’une liste guidait les orientations désirées par le Ministère de la Culture, Nathalie Heinich voulait comparer les listes d’œuvres acquises par les artothèques. Elle n’a pu réaliser ce travail, la saisie informatique n’étant pas encore effective à la date de rédaction de son rapport. Aujourd’hui, avec les quelques listes que j’ai pu obtenir, on peut noter la présence permanente d’ALECHINSKI, ARROYO et MONORY, la quasi permanence d’ALEXI, d’APPEL, de BEN, BENZAKEN, CABANES, BUTOR, CALIFANO, DADO, DEZEUZE, DI ROSA, DOLLA, FAVIER, HAAS, JAFFE, JOUBERT, KLASEN, MORELLET, PIGNON-ERNEST, PINCEMIN, POMMEREULLE, RANCILLAC, RENOUF, ROBELIN, SECHAS,TAPIES, TAL-COAT, TEXIER, VIALLAT, VIVIN. Tous les noms d’artistes trouvent au moins une fois une œuvre dans une liste d’artothèque, sauf en ce qui concerne les photographes. On constate d’une manière générale une certaine « obéissance » à l’orientation souhaitée. Selon les responsables d’artothèques, la liste était utile au départ, mais a ensuite été délaissée. Au moment de la diffusion de cette « liste-référence », un syndicat d’artistes avait protesté, la considérant comme « une tentative d’imposition d’un marché officiel ». Et vingt ans plus tard, elle peut sembler assez restrictive lorsque l’on prétend refléter l’art contemporain, et ne peut servir de référence à un fonds d’œuvres à constituer. En effet, c’est simplement éliminer les artistes émergeant, ou ayant émergé depuis 1982. On peut quand même remarquer la fréquence de certains noms (par exemple Sophie CALLE) qui attestent d’une mise à jour de la scène artistique. C’est également vrai en ce qui concerne les documents vidéos, intégrés de plus en plus dans les collections.(LONG, MAGHRAOUI) Nathalie Heinich constatait une pression du public (65,8% des emprunteurs) pour l’intégration d’originaux . Elle analysait un « double risque » : -48« soit celui de se lancer dans des dépenses excessives qui limiteraient forcément la variété du choix en privilégiant la qualité ou la renommée pour un petit nombre d’œuvres ; soit au contraire, celui de céder aux facilités ou aux pressions incitant à multiplier des œuvres mineures d’artistes locaux, au détriment de la qualité de la collection et de sa fonction didactique(…).Toujours est-il que la demande d’originaux est réelle, et qu’il y a là une ré-orientation qui n’est peut-être pas à exclure d’emblée si l’on veut éviter des conflits ou des insatisfactions ».(1) On retrouve aujourd’hui cette même demande, et certaines galeries de prêt se sont orientées dans la formule de dépots d’artistes, afin de palier aux coûts d’achats. Par contre, on peut craindre dans certains cas l’absence d’un comité technique, pouvant conduire effectivement à des choix peu pertinents. La mission de l’artothèque « de former le public » risque d’être détournée au profit « du goût du public ». En ce qui concernait l’étude des publics, Nathalie Heinich prônait une orientation plus accentuée vers les collectivités, car les demandes semblaient s’accroître. On s’aperçoit aujourd’hui des bons résultats envers ce public, d’une manière générale, mais orientés vers le secteur public, socio-éducatif , culturel, ou hospitalier principalement. Dans un tableau, elle mesurait les emprunts des treize premières artothèques implantées.(annexe 2). En tenant compte des fermetures de certaines, on peut néanmoins constater un accroissement des emprunts pour l’artothèque d’Angers, avec 1762 œuvres prêtées en 2004. Dans la dernière partie de son étude, Nathalie Heinich indique que « la formule ne suscite que des réactions tout à fait favorables, même si la mise en œuvre donne souvent lieu à des opinions plus réservées » (2).Elle suggère une définition du titre, du poste, du recrutement et de la formation, et insiste sur le rôle du Ministère de la Culture, qui doit être plus coordinateur. (1) Nathalie Heinich, « Le choix des œuvres,originaux » Les artothèques, Rapport du Ministère de la Culture 1985, p.38 (2) Nathalie Heinich, « suggestions » Les artothèques, Rapport du Ministère de la culture, 1985 p.58 -49On constate, à ce sujet, les orientations désirées vers l’ADRA, qui souhaite également la construction d’une structure fédératrice. Les modalités d’emprunts semblaient rigides pour Nathalie Heinich, qui proposait des formules à la journée ; on constate cette même absence de souplesse aujourd’hui.


Au niveau fonctionnel, le rapport de 1985 insistait sur l’importance de locaux bien adaptés, accessibles et visibles. Il semble que le temps a permis certains déménagements ou aménagements bénéfiques. La formation devait, selon Nathalie Heinich, faire l’objet d’une attention particulière, avec impérativement des temps consacrés. Malheureusement, on se rend compte que la compression de personnel permet difficilement dans la plupart des cas l’absentéisme pour formation. Dans le principe proprement dit, Nathalie Heinich suggérait une ouverture plus large dans le choix des œuvres, en incluant les courants antérieurs, et les œuvres originales par une mise en place de « dépôt vente ». On remarque à ce sujet pas d’évolution générale. Par contre, on peut voir dans certaines collections PICASSO, BRAQUE, COURMES, KLEE, mais de façon très exceptionnelle. Le marché de l’art ancien, en ce qui concerne ces artistes peut être un investissement trop important pour certains budgets. Autre point essentiel selon l’auteur du rapport, l’homogénéisation géographique. Il est évident que ce point n’est plus un questionnement envers le Ministère de la Culture, mais une prise en compte de la part des élus locaux et collectivités territoriales. Bien souvent, l’inutilité jugée des artothèques provient d’une méconnaissance des enjeux . La faible visibilité, l’absence d’études, le peu d’intérêt porté par les médias rend son installation difficile lorsque la politique culturelle n’est pas elle même fortement développée. -50-

CONCLUSION

Avec vingt-cinq ans d’existence, les artothèques en France font preuve d’une grande variété de genres et de fonctionnements. Pour les galeries privées, c’est un moyen d’élargir leur activité. On sait en effet qu’elles sont fragiles dans le secteur de la vente , en se partageant quelques collectionneurs et le marché des institutions. Pratiquant néanmoins des tarifs élevés, elles restent dans un marché qui les distingue des artothèques publiques et associatives, sur leurs objectifs. Cependant, on constate leur complémentarité, et les passerelles possibles grâce à l’expérimentation du grand public faite auprès de ces formules de prêt accessibles. Créées dans un certain contexte, ces structures publiques et associatives ont subi le désintéressement de l’Etat, malgré une forte approbation du public et des acteurs du monde de l’art. Cela a contribué à les placer en marge , et nier leur utilité. Elles se battent depuis, avec des moyens humains et financiers à hauteur des implications de chacun des responsables, et obtiennent des résultats qui en sont le reflet. La preuve est ainsi faite que la demande est présente, et que l’art contemporain peut entrer dans la vie de chacun, à condition de le lui permettre. L’apprentissage qu’elles dispensent est un maillon dans le monde de l’art et sur le marché qu’on ne peut toutefois quantifier, tant leur action est sous estimée qu’on ne leur accorde aucune étude aujourd’hui. Qui peut alors porter la responsabilité d’assumer l’appellation « maillon faible » ? ce qu’elles représentent, ou ceux qui les ignorent ? Le repli sur soi qu’elles pratiquent parfois ne risque pas de leur être profitable, et leurs fonctionnements individuels leur portent un préjudice qu’elles ne mesurent pas. Défendant leurs propres orientations, certaines négligent des solutions éventuelles pour gagner en attractivité. -51Il me semble que l’action de l’ADRA est encourageante, qu’elle permet des débats et cherche des solutions pour le devenir de toutes les structures. Mais elle ne répond pas non plus à toutes les attentes et n’est pas totalement impartiale en étant partie prenante intégrale de responsables d’artothèques qui ont toutes la même orientation. Ne vaudrait-il pas mieux laisser entrer dans la présidence des regards extérieurs objectifs, capables ainsi de rassembler plus de dirigeants et d’ouvrir des débats de fond, en ce qui concerne une remise en question du choix unique d’ estampes, des formules de prêts jugées depuis vingt ans trop rigides et autres problèmes soulevés . Le manque de budget si souvent mis en cause peut être comblé par des échanges d’idées et matériellement , par des œuvres, créant là un dynamisme et des répercutions positives. Une solidarité mérite d’être mise en œuvre, lorsqu’on sait que seulement un département sur trois dispose d’une artothèque. D’autres partenariats pourraient être envisagés en direction des FRAC, dont on connaît aujourd’hui leur principal problème, celui des réserves qui sont pleines…


Ainsi, les actions isolées de dépôts du FNAC et de certains FRAC pourraient se multiplier, contribuant ainsi à asseoir davantage les artothèques, dont on sait qu’elles savent conquérir le grand public. -52-


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