Dictionnaire du bâti glandois

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Dictionnaire illustré du bâti glandois Manuel pour la construction d’un périurbain


ÉNONCÉ THÉORIQUE EPFL, LAUSANNE, JANVIER 2014 IMPRESSION: REPROGRAPHIE EPFL DEUXIÈME ÉDITION © 2014


Dictionnaire illustré du bâti glandois Manuel pour la construction d’un périurbain

ADRIEN GILLIAND ET DOMINIK ODERMATT SOUS LA DIRECTION DE VINCENT KAUFMANN, PROFESSEUR ÉNONCÉ THÉORIQUE ET YVES DREIER, MAÎTRE EPFL



Little boxes on the hillside, Little boxes made of ticky-tacky, Little boxes on the hillside, Little boxes, all the same. There’s a pink one and a green one And a blue one and a yellow one And they’re all made out of ticky-tacky And they all look just the same. And the people in the houses All went to the university, Where they all get put in boxes, Little boxes, all the same. And there’s doctors and there’s lawyers And business executives, And they’re all made out of ticky-tacky And they all look just the same. And they all play on the golf-course, And drink their Martinis dry, And they all have pretty children, And the children go to school. And the children go to summer camp And then to the university, Where they all get put in boxes And they all come out the same. And the boys go into business, And marry, and raise a family, In boxes made out of ticky-tacky, And they all look just the same. There’s a pink one and a green one And a blue one and a yellow one And they’re all made out of ticky-tacky And they all look just the same.

Malvina Reynolds, 1962


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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | INTRODUCTION

INTRODUCTION

UN DÉVELOPPEMENT FULGURANT

globalisation sur la ville avec toutes les conséquences que cela

Prenez un village situé entre Genève et Lausanne, ajoutez y une

implique au niveau régional. En Suisse, un système de transports

desserte autoroutière et ferroviaire, enveloppez le tout d’un écrin

publics extrêmement performant, ainsi que la taille réduite du

de verdure, attendez quelques années et vous obtiendrez la ville

territoire et de la population, ont poussé à ce que certains appellent

périurbaine par excellence. C’est à peu près le sort qu’a connu

une métropolisation de la Suisse. Le tissu bâti est devenu une sorte

Gland avec son développement fulgurant. Les chiffres parlent d’eux-

de broderie qui recouvre l’entier du territoire. La mondialisation

mêmes: en 50 ans, la population a été multipliée par 8, passant de

et la globalisation due aux nouvelles formes de communication

1500 habitants en 1960 à plus de 12’000 aujourd’hui. Cette rapide

dessinent dans le monde un réseau de métropoles, dont la Suisse

augmentation n’a pas été sans conséquence pour l’image de la

entière en serait l’un des nœuds. Le meilleur moyen de comprendre

ville et explique sans doute la réputation peu sulfureuse dont Gland

la signification de métropole suisse, est, peut-être simplement de

souffre à l’instar d’autres villes issues du développement périurbain.

prendre le train de Genève à Coire: en 4 heures et 7 minutes, l’on

Bien que de plus en plus importantes, ces villes restent un tabou

traverse l’intégralité du pays, et ce, avec une cadence à la demi-

pour les théoriciens d’architecture. Ceci ne justifie cependant

heure. Pendant le trajet, même si l’on peut observer par la fenêtre

pas qu’elle n’aient pratiquement pas été étudiées. Si la théorie

des paysages vierges de toute intervention humaine, l’on ne passe

architecturale a écrit énormément sur la ville, le périurbain semble

guère plus de 10 minutes sans voir de construction. Par rapport

avoir été mis en quarantaine. Nous pensons que cela est une grave

à un pays comme le Canada, par exemple, où traverser le pays

erreur, un développement chaotique ne justifie pas de mépriser

implique des dizaines d’heures d’étendues absolument vides, c’est

le résultat. Au contraire, l’enjeu est de taille, c’est là que se joue

bien peu. On à l’impression d’une continuité totale du territoire.

l’avenir de la Suisse, tant la ville dense est terminée.

Entre Berne et Zürich, à peine une heure. Entre l’ouest et l’est du Canada, un quart de journée d’avion. Cette sensation illustre les

LA MÉTROPOLE SUISSE

effets de la métropolisation au niveau régional, un tissu bâti continu,

La périurbanisation est issue d’un mouvement à plus grande échelle.

plus ou moins dense, qui recouvre l’intégralité du territoire suisse.

Depuis que l’ère de l’information a succédé à l’ère industrielle, la

Selon la description de Michel Bassand, ce tissu fonctionne par

distance physique a été supprimée au profit d’un réseau de villes

cercles concentriques. Au milieu la ville centre. Autour une première

mondiales connectées entre elles. C’est la manifestation de la

couronne: le suburbain, en étroite relation avec le centre. Ensuite, le


INTRODUCTION | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

périurbain, une seconde couronne constituée de communes plus

S’il était autrefois essentiel pour les architectes de s’intéresser aux

éloignées du centre et plus autonome. Enfin, une dernière couronne,

cathédrales gothiques ou aux temples grecs, il est dorénavant

le rurbain, d’ancienne communes rurales, profondément touchées

primordial d’étudier les villes périurbaines. Il est donc nécessaire de

par les infrastructures de la métropole (autoroute, tourisme, etc.)

comprendre le fonctionnement de ces nouvelles entités pour, dans un premier temps, mieux les appréhender, puis pouvoir y intervenir.

VERS LA VILLE PÉRIURBAINE

A ce titre, Gland représente un merveilleux terrain d’étude. Selon la

Désormais, nous ne sommes plus dans le schéma devenu désuet

définition donnée plus haut, c’est bien une commune périurbaine.

qui oppose la ville traditionnelle à la campagne. C’est dans le

Elle en est même l’essence avec son tissu discontinu et toutes

courant du 20e siècle déjà que, les villes commencent à sortir

les conséquences que cela implique. Aussi, si le périurbain, est

de leurs limites. Les centres subissent encore les conséquences

l’avenir de la Suisse, il n’en reste pas moins que Gland évoque le

de la révolution industrielle, ils sont pollués et insalubres. L’idéal

désastre pavillonnaire et tous les maux qui en découlent: mitage

de la cité-jardin, en tant qu’habitat à la campagne, naît. Grâce à

du territoire, étalement urbain exagéré, zones résidentielles

l’essor des transports, le train puis la voiture, on a la possibilité de

sans vie, perpendicularité excessive. La liste pourrait encore

ne plus habiter le centre tout en continuant à y travailler. Nous ne

continuer longtemps. Pire, il suffit en général de mentionner le fait

voulons pas ici documenter précisément l’évolution de la société

d’habiter à Gland pour susciter un amusement mêlé de pitié chez

dans laquelle nous nous trouvons, ni le fonctionnement précis de

l’interlocuteur. En bref, Gland, c’est le Diable. Mais comme Faust,

la métropolisation. C’est en dehors de nos capacités et de nos

nous lui vendons volontiers notre âme.

intérêts. En revanche, les effets de ces changements sur le paysage nous intéressent. La ville, celle du centre, a déjà été amplement discutée, analysée, adulée. Toutefois, la ville centre est achevée, ou presque. Il ne reste, au mieux qu’un peu de cosmétique. En revanche, les fruits de ce démoniaque étalement urbain sont eux décriés sans cesse, alors que l’enjeu de construire correctement cette zone en va de l’avenir de la Suisse. GLAND COMME TERRAIN D’ÉTUDE

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | INTRODUCTION

VERS UN DICTIONNAIRE

«Sans doute l’observation des choses a-t-elle constitué l’essentiel

émettre des hypothèses sur la nature et le fonctionnement du tissu

de mon éducation formelle ; puis l’observation s’est transformée

de Gland, nous passons par le dessin analytique. Seul ce geste

en mémoire des choses. Aujourd’hui j’ai l’impression de voir toutes

nous permet de comprendre, de synthétiser un savoir.

ces choses observées, disposées comme des outils bien rangés, alignées comme un herbier, un catalogue ou un dictionnaire. Mais

DÉCONSTRUCTION

cet inventaire inscrit entre imagination et mémoire, n’est pas neutre:

Le tissu périurbain présente l’avantage d’être largement discontinu:

il revient sans cesse à quelques objets et participe même à leur

il est donc facile de séparer tous les éléments les uns des autres et

déformation ou, d’une certaine manière, à leur évolution.

ainsi les dessiner comme objet. En dessinant l’objet individuel, on remonte à la brique essentielle de Gland, à ses atomes. Une fois

Aldo Rossi

chaque atome isolé et compris, on pourra alors commencer à les assembler en molécules et saisir la logique derrière leur cohésion. Comme Mendeleïev avait classifié tous les éléments permettant

UNE NOUVELLE PAIRE DE LUNETTE

de construire le monde entier si assemblé ou transformé, nous

Le problème principal, lorsque l’on parle du périurbain aujourd’hui,

dressons une liste des objets, si assemblés ou transformés,

est que l’on ne sait pas le regarder. Si l’on regarde Gland avec des

permettant de construire Gland, et par extension, n’importe quel

“lunettes urbaines”, on peut l’attaquer sur tous les points traités plus

tissu périurbain.

haut. A l’inverse, en regardant Gland avec des “lunettes rurales”, on lui reprochera, par exemple, de bétonner à tort et à travers. La

LE DICTIONNAIRE

question, ici, n’est pas de savoir où se trouve la vérité. L’enjeu, pour

La forme du dictionnaire existe depuis longtemps dans l’histoire de

saisir pleinement ce phénomène périurbain est de concevoir une

l’architecture. Du Dictionnaire raisonné de l’architecture française

nouvelle paire de lunettes, des “lunettes périurbaines”. En restant

du XIe au XVIe siècle d’Eugène Violet-Le-Duc, au manuel de Pierre

figé dans les vieux schémas d’opposition entre ville et campagne,

le muet Maniere de bastir pour toutes sortes de personnes en

et ne regardant le monde qu’au travers de cette logique de pensée

passant par les livre d’architecture de Serlio cette forme est bel

binaire, l’on ne peut avoir une vision juste. En tant qu’architectes,

et bien présente. Un dictionnaire offre la possibilité de l’ouvrir au

notre outil le plus efficace est le dessin. Pour que nous puissions

hasard et de se délecter d’un mot au gré de sa fantaisie. On peut se


INTRODUCTION | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

laisser aller à apprendre, aléatoirement, un nouveau mot, se laisser

d’étaler l’intégralité des ingrédients qui composent Gland. Pour

guider par les différents renvois aux nouvelles entrées. En glanant

comprendre la recette, il faut connaître tous les ingrédients.

un concept ça et là, on développera sa sensibilité au phénomène périurbain de Gland. L’idée est aussi d’employer cette possibilité

3. LES ENSEMBLES

de découvrir une analyse au hasard pour multiplier les points de

Ici, l’on référence les ensembles de bâtiments. L’idée est de montrer

vue sur une même réalité. Nous sommes convaincus que cette

la façon de laquelle les bâtiments s’assemblent. Après les avoir

approche permet d’obtenir la vision la plus nuancée possible pour

montré de façon déconstruite, nous les montrons assemblés, avec

appréhender ce phénomène. Il va sans dire qu’une lecture suivie

la spatialité que peuvent créer les briques essentielles. On aura un

est bien entendue possible aussi.

aperçu des espaces qui existent dans le tissu de Gland, une idée de la manière selon laquelle les bâtiments peuvent s’assembler

En parcourant cet ouvrage, l’on pourra tomber sur l’une des quatre

et créer de l’espace public, malgré la discontinuité du tissu. Par

parties suivantes:

ensembles nous entendons d’une part les ensembles de bâtiments construits en même temps et faisant partie de la même opération,

1. UN TYPE DE BÂTIMENT.

et d’autre part les bâtiments pas forcément construits de la sorte,

Le tissu de Gland révèle, selon la clé de détermination plus bas,

mais dont l’agencement provoque de la qualité spatiale.

20 types de bâtiments. Ils sont classés par nombre d’occurrences totales, sur 946 bâtiments. Chaque double page comporte une

4.LES ANALYSES

image représentative du type, ainsi qu’un plan de Gland sur lequel

Cette dernière partie du livre contient une série de réflexions issues

tous les bâtiments du même type sont mis en évidence. Sous les

de notre lecture de Gland et du travail de dessin. Nous y exposons

images, 4 rubriques complètent la description visuelle.

des clés de lecture de Gland, pour la comprendre, mais aussi, en extrapolant, de pouvoir continuer à bâtir de la manière la plus juste

2. LES OCCURRENCES DES TYPES DE BÂTIMENTS.

possible. Ce sont ces réflexions que naîtra une synthèse et les piste

Cette partie recueille l’intégralité des bâtiments de Gland, classés

qui nous guideront jusqu’au projet de master.

selon les types définis dans la première partie. Cela permettra, par exemple, de constater des règles, des récurrences. L’idée est

TOUS LES DESSINS DE CET OUVRAGE SONT ORIENTÉS AU NORD

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | INTRODUCTION

CLEF DE DÉTERMINATION

PLOT OUI

F3

C3

NON

NON

NON

F1

C2

C3

OUI

NON

C1 NON

NON

E2

E1

OUI

BÂT. AGRICOLE

OUI

INDUSTRIE/ARTISANAT

MAISON RURALE

B7

NON

VILLA MITOYENNE

B4

NON

VILLA INDIVIDUELLE

OUI

OUI

B6

OUI

VILLA CLOSE

NON

NON

D4

B3

D3

B5

NON

NON

OUI

D2

D1

B2

NON

GARE

OUI

OUI

ÉCOLE

OUI

NON

OUI

PUBLIC

OUI

HABITAT INDIVIDUEL

NON OUI

ÉGLISE

BÂTIMENT D’ANGLE

OUI

? les alentours?

BARRE

OUI

OUI

BARRETTE OUI

BUREAU

F2

BÂT. COMMUNAL

proche

DUPLO

NON

STATION SERVICE

PRODUCTION

NON

HABITAT COLLECTIF

SUPERMARCHE

NON

OUI

on?

SERVICES

CLINIQUE

NON

DOMAINE

NON

B1

OUI

ENTRÉE

ABERRATION

QUESTIONS

B1 Le bâtiment est-il une aberration architecturale?

D1 Le bâtiment est-il propriété du publique?

B2 Le bâtiment a-t-il une fonction de logement?

D2 Le bâtiment est-t-il à moins de 5 m des voies?

B3 Le bâtiment n’abrite-t-il qu’un foyer?

D3 Le bâtiment a-t-il une cour de récréation?

B4 Le bâtiment est-il gardienné?

D4 Le bâtiment a-t-il un clocher?

B5 Le bâtiment fait-il partie d’un ensemble d’habitation? B6 Chaque logement a-t-il un accès extérieur propre?

E1 Le bâtiment produit-il des choses?

B7 La construction est-elle antérieure au 20e siècle?

E2 Le bâtiment a-t-il des silos dans son environnement proche?

C1 Le bâtiment constitue-t-il un angle?

F1 Le bâtiment a-t-il une façade majoritairement vitrée?

C2 Le bâtiment est-il deux fois plus long que large?

F2 Le bâtiment a-t-il une pompe à essence?

C3 Le bâtiment a-t-il une toiture plate?

F3 Le bâtiment n’a-t-il qu’un étage?


INTRODUCTION | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

01 | VILLA INDIVIDUELLE

02 | BARRETTE

03 | VILLA MITOYENNE

04 | INDUSTRIE

05 | PLOT

06 | BÂTIMENT AGRICOLE

07 | VILLA RURALE

08 | VILLA CLOSE

09 | DUPLO

10 | BÂTIMENT D’ANGLE

11 | DOMAINE

12 | BARRE

13 | BUREAU

14 | BÂTIMENT COMMUNAL

15 | STATION SERVICE

16 | ÉCOLE

17 | SUPERMARCHÉ

18 | GARE

19 | CLINIQUE

20 | ÉGLISE

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TYPOLOGIES



TYPOLOGIES

01 | VILLA INDIVIDUELLE

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02 | BARRETTE

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03 | VILLA MITOYENNE

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04 | INDUSTRIE

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05 | PLOT

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06 | BÂTIMENT AGRICOLE

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07 | MAISON RURALE

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08 | VILLA CLOSE

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09 | DUPLO

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10 | BÂTIMENT D’ANGLE

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11 | DOMAINE

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12 | BARRE

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13 | BUREAU

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14 | BÂTIMENT COMMUNAL

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15 | STATION SERVICE

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16 | ÉCOLE

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17 | SUPERMARCHÉ

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18 | GARE

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19 | CLINIQUE

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20 | ÉGLISE

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

01 | VILLA INDIVIDUELLE

1

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3

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LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. La villa individuelle possède une toiture à deux pans et croupette.

La maison individuelle reste un idéal pour une majorité de la

Selon goût, il est également possible d’y ajouter des lucarnes.

population. Dans une société de plus en plus individualisée, cette typologie répond parfaitement à la demande. Elle offre au

2. Le garage n’est pas un élément nécessaire, mais est souvent

propriétaire un espace totalement privatisé qu’il peut gérer comme

de paire avec la maison individuelle. Il peut être compris dans

il l’entend, sans aucune influence extérieure.

le volume du bâtiment, mais on le préférera détaché, avec un accès direct à la rue. Comme le demande le règlement, son toit

Dès lors, les aménagements peuvent passablement changer

sera également à deux pans inclinés. Mais si des croupettes sont

d’une propriété à l’autre. Par exemple, le jardin, s’il est souvent

également ajoutées, c’est encore mieux.

recouvert de gazon fraîchement tondu qui ferait pâlir les plus beaux green de golf et entouré de thuyas ou de laurelles, peut également

3. Le jardin fait partie intégrante du pavillon individuel. Il peut être

devenir un espace de jardinage où l’on fera pousser des légumes

de toutes les tailles possibles. Cela varie en fonction du standing

pour subvenir aux besoins des habitants. Dès lors la maison peut

de la maison. Il se limite à une simple bande de verdure pour les

devenir peu à peu un moyen d’atteindre l’autarcie.

plus modestes, mais il peut concurrencer les domaines pour les plus riches.

Les zones villa permettent aussi un grand apport de verdure au sein de la ville. Elles n’offrent néanmoins qu’une faible densité. Dès lors,

4. La piscine n’est pas forcément indispensable. Elle apporte

on veillera à en construire peu, mais bien réparties sur l’ensemble

cependant une plus-value non négligeable à l’ensemble et ce

de la commune en évitant les quartiers qui en sont exclusivement

même si elle occupe l’entier du jardin.

constitués.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

La villa a connu un grand succès avec le retour des populations

Les villas individuelles sont très associées aux zones à faible

urbaines à la campagne. Elle permet d’exaucer le rêve de retour à

densité. A Gland, ces zones sont disséminées sur l’ensemble du

la nature et de fuir le rythme insupportable de la ville. Ce retour en

territoire, comme le montre le plan ci-dessus. Pour ces parcelles,

milieu rural permet parfois de diminuer les charges. Pour Gland,

le règlement de construction très contraignant ne laisse que peu

ce fantasme champêtre débuta dès les année 50, mais il connut

d’autres possibilités pour le propriétaire d’y ériger une maison

un fort regain d’intérêt dans les années 70 qui n’était pas étranger

conforme à la marche à suivre. En voici quelques morceaux choisis:

à la généralisation de l’utilisation de la voiture ( Développement multipolaire, p. 108).

Art. 23, La surface des parcelles à bâtir est de 800 m2 au minimum. Le nombre de logements est limité à 2 par parcelle. Ils peuvent être

Aujourd’hui, les nouvelles constructions de villas tendent à diminuer.

contigus ou superposés.

En effet, la ville de Gland a atteint désormais une certaine stature

Art. 26, La surface constructible ne peut excéder 1/5 de la surface

et les coûts du terrain y sont tels que construire un logement

de la parcelle.

individuel devient un luxe de moins en moins abordable. Dès

Art. 27, Le nombre de niveaux est limité à un rez-de-chaussée plus

lors, les amateurs de villas s’orientent dans les villages alentours

combles habitables.

qui n’ont pas encore atteint cette situation comme par exemple

Art. 29, Les toitures à pans inclinés sont obligatoires tant pour les

Begnins ou Arzier qui ont vu leur parc villa exploser ces dernières

bâtiments d’habitation que pour les dépendances. Leur pente sera

années.

comprise entre 50 % et 90 %. Pour des raisons d’unité, d’esthétique ou d’intégration, la municipalité peut imposer l’orientation des faîtes, le type de toiture.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

02 | BARRETTE

2

1

3

4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. La barrette se caractérise par sa toiture inclinée et son rapport

La barrette est une typologie entre la villa mitoyenne ( VILLA

longueur/largeur supérieur ou égal à 2. Les fenêtres sont souvent

MITOYENNE,

à deux ouvrants avec caisson de store en tôle traitée à l’époxy de

panoplie de différents standings et qualités qui se situent entre

couleurs vive.

ces deux typologies. Ainsi certaines barrettes proposent des

p. 22) et la barre ( BARRE, p. 40). Elle propose une

appartements qui se rapprochent plus de la maison mitoyenne. Il 2. Les lucarnes sont souvent des éléments indissociables des

n’est pas rare, en effet, d’y trouver des 5.5 pièces avec 3 salles

barrettes. Elles permettent, en effet, avec des appartements en

d’eau pour un total avoisinant souvent les 200m2. A contrario,

duplex, d’habiter les combles résultant de la toiture inclinée en y

les typologies qui tendent vers les barres, sont nettement plus

apportant la lumière nécessaire.

orientées sur la densité et le rendement pour des logements à bas coûts. Dans tous les cas, la barrette atteint généralement un

3. La barre ne résiste souvent pas aux décrochements. Ils sont

nombre suffisant d’appartements pour rentabiliser la construction

souvent le résultat des règlements de construction qui n’autorisent

d’un garage souterrain.

pas une façade continue. La municipalité peut exiger que les bâtiments de plus de 15 m de longueur soient décrochés en plan et

Au niveau de la forme urbaine, les barrettes sont un élément

en élévation.

essentiel à la composition d’îlots avortés ( ÎLOT

AVORTÉ,

p. 118).

On peut alors y trouver au rez-de-chaussée divers commerces ou 4. Les barrettes offrent aux habitants différents types d’espaces privés extérieurs, que ce soit un jardin ou un balcon.

services.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

A Gland, les barrettes ne se sont développées que dans un second

Les barrettes sont souvent le résultat du respect des règlements de

temps. Elles succèdent ainsi aux barres qui, après les années 70

zone de moyenne densité. Ce règlement met tout en œuvre pour

n’avaient plus la cote. Aujourd’hui elles représentent un grand

diminuer l’impact de ces constructions plus denses que les villas

nombres des nouvelles constructions. Elles sont second le type le

et tenter de garder une image de petit village avec toit en pente

plus présent après les villas individuelles.

recouvert de tuiles qui ne correspond plus à la réalité de Gland. Cependant, il autorise, moyennant d’éventuels décrochements en

Ce succès est sans doute le résultat d’un règlement communal qui

toiture et en façade, d’atteindre les 40 m de long ce qui permet des

favorise ce type de construction (voir ci-contre), mais également

immeubles au caractère nettement plus urbain.

d’une grande polyvalence d’appartements que la barrette peut engendrer.

Cela dit, les règlements des nouveaux plans spéciaux légalisés ont tendance à supprimer l’obligation de toit à double pan. Dès lors, les barrettes laissent à nouveau la place aux barres qui font lentement leur retour.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

03 | VILLA MITOYENNE

5 3 2

2

2

1 4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. La toiture est à double pan. Les lucarnes sont indispensables

La villa mitoyenne ressemble passablement à la villa individuelle

pour rendre le premier étage sous comble habitable.

VILLA

INDIVIDUELLE,

p. 18) dans son fonctionnement. En effet, elle

offre également au propriétaire un espace totalement privatisé qu’il 2. Chaque villa mitoyenne se compose de deux maisons ou plus.

peut gérer comme il l’entend, sans aucune influence extérieur.

Les entités sont disposées côte à côte et l’ensemble du bâtiment peut atteindre une certaine longueur.

Cependant, elle a l’avantage de proposer une densité légèrement plus élevée. Les maisons sont accolées et les jardins sont

3. A l’avant de la maison, nous trouvons l’entrée, l’accès pour les

généralement de taille plus modeste. Pour son faible coût et sa

voitures et un éventuel garage.

construction en série, elle reste une typologie idéale pour les projets clef en main. Les villas mitoyennes sont une réponse attrayante

4. A l’arrière, chaque entité possède son propre jardin. Les propriétaires l’aménagent à leur convenance. On y ajoute selon goût, la piscine, le jardin potager, la niche du chien etc.. 5. Avec quelques modifications, notamment la pose de velux, le galetas peut être aménagé pour ajouter une pièce au logement à la suite de l’agrandissement de la famille qui y habite.

pour les zones à faible densité.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

La villa mitoyenne est en quelque sorte la petite sœur de la villa

La villa mitoyenne est associée aux zones à faible densité. A Gland,

individuelle. Si cette dernière s’est surtout développée dès les années

ces zones sont disséminées sur l’ensemble du territoire comme

60 à Gland, la villa mitoyenne a connu une forte augmentation,

le montre le plan ci-dessus. Pour ces parcelles, le règlement

plus tard, à partir des années 90, avec la construction de plusieurs

de construction très contraignant ne laisse que peu d’autres

quartiers au sud de la ville qui pouvaient contenir jusqu’à 50 unités.

possibilités pour le propriétaire d’y ériger une maison conforme à la marche à suivre. En voici quelques morceaux choisis:

Mais un autre phénomène, non négligeable, est aussi responsable de cette augmentation tardive. En effet, plusieurs propriétaires de

Art. 23, La surface des parcelles à bâtir est de 800 m2 au minimum.

villa individuelle avec un grand jardin, ont vu, avec l’augmentation

Le nombre de logements est limité à 2 par parcelle. Ils peuvent être

du prix de l’immobilier et la nouvelle loi qui abaisse la surface

contigus ou superposés.

minimale d’une parcelle à 800m , un moyen de se faire de l’argent

Art. 26, La surface constructible ne peut excéder 1/5 de la surface

en construisant le reste de la parcelle. Se trouvant généralement

de la parcelle.

dans des zones à faible densité, la villa mitoyenne permet la

Art. 27, Le nombre de niveaux est limité à un rez-de-chaussée plus

construction de plus d’entités sur un terrain plus petit.

combles habitables.

2

Art. 29, Les toitures à pans inclinés sont obligatoires tant pour les bâtiments d’habitation que pour les dépendances. Leur pente sera comprise entre 50 % et 90 %. Pour des raisons d’unité, d’esthétique ou d’intégration, la municipalité peut imposer l’orientation des faîtes, le type de toiture.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

04 | INDUSTRIE, ARTISANAT

3

2

1

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Si la toiture en sheds reste un élément indissociable du bâtiment

Les

industriel, celui-ci peut également être recouvert d’une simple

consommateurs de terrain. Les volumes des bâtiments sont

toiture en tôle ou d’une toiture plate.

déjà grands en eux-mêmes et ils demandent souvent un espace

bâtiments

artisanaux

et

industriels

sont

de

grands

considérable de parking pour les manœuvres de camions et autres 2. Les bâtiments industriels sont de toutes les dimensions, ils

machines. Ainsi, on les disposera plutôt en bordure de la ville

peuvent atteindre des grandeurs considérables lorsque leurs outils

afin de ne pas utiliser du terrain cher proche des infrastructures

de production le demandent.

publiques. Les industries et les ateliers peuvent également être source de nuisances pour les riverains, notamment par le bruit

3. Les abords de telles constructions sont généralement bituminés

qu’ils occasionnent ou les odeurs qu’ils produisent. C’est une

afin de faciliter la circulation des camions qui sont le principal moyen

raison supplémentaire pour les éloigner du centre.

de transport des machines. Ils gardent, cependant, une fonction extrêmement bénéfique pour la ville en lui apportant des places de travail. A l’époque des délocalisations et du ralentissement économique, il est primordial de tout mettre en œuvre pour que ces entreprises du secteur secondaire perdurent. Comme nous avons pu le voir il y a quelques mois, avec Novartis dans la commune voisine, tous les moyens sont bon pour y arriver: forfaits fiscaux, baisse d’impôt, avantages de toutes sortes.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le secteur secondaire et artisanal de la ville de Gland a connu de

La commune possède encore de grands espaces pour l’industrie

fortes fluctuations au cours de son développement. C’est seulement

et l’artisanat situés, comme nous pouvons le voir ci-dessus,

dans les années 60 que les autorités sortent de leur immobilisme

majoritairement à l’extérieur de la ville. Les règlements qui y

en matière de prospection industrielle avec notamment la création

sont relatifs ne permettent pas d’édifier des bâtiments dont le

de plusieurs zones qui leur sont destinées. À l’époque, plusieurs

programme serait différent. Ainsi il n’existe que peu de zone mixte

entreprises répondent à l’appel et viennent s’installer dans la

où l’on pourrait trouver de l’artisanat aussi bien que du logement.

commune, aussi bien les grandes (Cermic ou Philips) que de petites PME.

Mais cette façon de penser est révolue, les entreprises d’aujourd’hui ne sont plus forcément bruyantes ou polluantes et ne doivent plus

Mais force est de constater que nombre d’entre elles sont

forcément êtres repoussées aux limites du territoire communal

aujourd’hui fermées ou ont simplement disparu par la faute d’une

comme c’était le cas autrefois. Persister dans cette direction est

conjoncture difficile, mais également par la nouvelle orientation que

très dommageable pour une ville qui veut favoriser la convivialité

prend la ville de Gland pour qui l’industrie et l’artisanat n’est plus

en son sein. Bien placés, des ateliers ou des entreprises peuvent

une priorité.

amener de la vie dans un quartier complètement désert pendant la journée.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

05 | PLOT

1

3

4

2

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le plot est un volume hexaédrique surmonté d’une toiture à

Le plot emprunte sa forme à la villa individuelle. Par contre, sa taille,

quatre pans Souvent on y trouve des velux pour y aménager les

plus imposante lui donne un volume plus important. Ceci lui per-

combles.

met d’accueillir bien plus de logements, et ainsi de densifier la ville. Sa forme, proche du cube, laisse une liberté importante dans son

2. Le plot est composé de quatre façades, soit toutes identiques,

implantation. Cet avantage permet de le combiner à loisir, de fa-

soit pareilles deux à deux. La longueur doit impérativement être

çon à créer des sous-espaces entre eux. Cette typologie favorise

plus petit que deux fois sa largeur, sinon c’est une barrette ( BAR-

également la mixité sociale. On peut composer, avec des plots de

RETTE,

plusieurs type différents, des ensembles qui seront alors le théâtre

p. 20).

d’une vie sociale riche. Leur petite taille leur permet aussi de se glis3. Une entrée principale dessert une cage d’escalier unique qui

ser à l’intérieur de zone non terminée, dans un but de densification.

distribue l’ensemble des appartements.

Il est au duplo ce que la barrette est à la barre.

4. De plus petite taille que le duplo, le rez-de-chaussé et généralement déjà occupé par des appartements 5. Les plots sont souvent construits en ensembles, leur environnement est alors très vert, avec majoritairement du gazon et quelques arbres tout autour du bâtiment.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le plot apparaît dans les années 70, suite à un développement

Ces bâtiments s’implantent dans les zones à moyenne densité. Le

massif des zones villas Souvent, leur construction se fait

règlement y relatif oblige à une distance de 8 m au minimum entre

simultanément. Ils sont construits par groupe, identiques, dans

les plots. Ceci garantit un espace de qualité entre eux.

un but d’économie et d’efficacité. Ils sont la solution alternative à la barre pour densifier. Par rapport à la barre, le plot permet aux

Le plot est en quelque sorte un duplo soumis au règlement des

habitants de garder une certaine impression d’individualité.

zones à moyenne densité qui implique les toit en pente et des hauteurs plus limitées.

Aujourd’hui le plot est de moins en moins utilisé, au profit du duplo qui permet d’habiter l’attique.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

06 | BÂTIMENT AGRICOLE

4

1

3

2

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le bâtiment principal contient le logement familial, la grange et

Si autrefois les fermes se situaient aussi dans ou à proximité du

les écuries. C’est un ancien bâtiment avec toiture généralement à

centre villageois, elles sont aujourd’hui uniquement à l’extérieur de

double pan et croupette. Les détails restent des plus traditionnels

la ville. En effet, il est plus aisé pour l’agriculteur de se trouver à

avec fenêtres à volets, portes de grange et d’écurie en bois et

proximité de ses champs et à l’extérieur du trafic généré par la ville

système de fermeture en péclettes.

pour circuler avec ses machines et tracteurs. De plus, par l’odeur du tas de fumier et des différentes bêtes qui y sont élevées, les

2. Différentes modifications et agrandissements ont été apportés

fermes pourraient atteindre la sensibilité des citadins fraîchement

au bâtiment afin de satisfaire le besoin d’expansion de l’exploitation

arrivés.

sollicité par les contraintes de l’économie agricole actuelle. Cependant, une exploitation peut devenir un atout pour la 3. Élément sine qua non des fermes de plaine d’aujourd’hui, le

population lorsqu’elle se diversifie et propose, par exemple des

silo à grain est désormais une nécessité pour le fourrage du bétail

activités d’équitation. Elle deviendra alors, notamment au près

pendant les saisons froides.

des population les plus aisées, un moyen d’assouvir leur fantasme champêtre en montant à cheval ou en allant dormir sur la paille.

4. Une constellation de hangars, remises, poulaillers, boitons et

Dans tous les cas, les exploitations agricoles permettent de garder

autres porcheries viennent compléter l’ensemble en fonction de la

un lien indispensable avec la terre, qui est de plus en plus précieux

taille et du degré de diversification de l’exploitation.

surtout auprès des populations citadines.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Les fermes sont sans doute à l’origine de la ville de Gland. Dès le

Une grande partie des bâtiments agricoles se sont construits bien

12 siècle, en effet, le territoire du Gland actuel servait de grenier

avant l’instauration de quelconque règlement de construction en

aux différents seigneurs auxquels il a appartenu au fil de l’histoire.

se disséminant sur l’ensemble de la commune. Dès lors, beaucoup

Mais ce hameau était principalement au service de la seigneurie

sont aujourd’hui hors zone à bâtir. Les propriétaires qui exercent

de Prangins. Sa seule fonction était de les approvisionner en biens

encore leur activité d’agriculteur peuvent cependant obtenir des

agricoles. Le village se résume alors à quelques fermes disséminées

dérogations pour agrandir leur bâtiment ou en construire de

sur l’ensemble de la commune et la population y est très pauvre.

nouveaux.

e

C’est sans aucun doute d’ici que vient le sobriquet croque-raves désignant les Glandois.

Cette solution est indispensable pour la survie de ces domaines. En effet, leur nombre a considérablement diminué au cours de

Aujourd’hui, les agriculteurs sont souvent relégués à la place

ces dernières années et les exploitations qui ont résisté à cette

de jardinier du paysage et ce d’autant plus à proximité des

hécatombe ont vu leurs dimensions exploser.

agglomérations. Mais il faut souligner qu’ils joueront un rôle prépondérant dans un futur développement durable de la ville. A

Cependant, ces fermes sont aussi un moyen pour les personnes

l’image des cités jardins du 19e, Gland pourrait devenir autonome

les plus riches d’acquérir un terrain près du lac ou du moins

quant à l’approvisionnement en biens de base. Le citoyen mangerait

à l’extérieur de la localité. Ils peuvent alors soit la rénover soit la

alors très local et la baisse des émissions de gaz à effet de serre

démolir et reconstruire un nouveau bâtiment dans le même volume.

serait drastique.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

07 | MAISON RURALE

4 2

1

3

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le pavillon rural se compose de différentes entités accolées au

Les pavillons ruraux abritaient à l’origine différentes fonctions. Il y

fil du temps. Il en résulte un assemblage de différentes toitures

est tout d’abord le logement familial, auquel s’ajoutaient différents

donnant à l’ensemble un aspect des plus pittoresques.

programmes. Il peut s’agir d’une petite échoppe ou épicerie donnant sur la rue, mais également d’écurie ou de basse-cour pour

2. Chaque entité se positionne perpendiculairement à la rue. On y

subvenir aux besoins des habitants.

trouve la façade principale avec l’entrée du logement. Force est de constater que ces typologies permettaient à l’époque 3. De l’autre côté, à l’arrière de la maison, se situent les jardins

une certaine densité, une mixité de fonctions, mais également de

délimités dans la continuité du logement. Ils forment alors de

la privacité, avec chaque habitation qui possède son propre jardin.

longues bandes. On y trouvait à l’époque le jardin potager et

Toutes ces qualités sont plus que jamais d’actualité.

différents petits élevages (lapins, poules, etc..). Aujourd’hui il est généralement recouvert de gazon.

Ce type de bâtiment est primordial pour l’établissement d’une ville, même périurbaine. Elle permet de s’ancrer dans son histoire et lui

4. Les lucarnes ne sont généralement pas d’origine. Elles sont ajoutées lors de rénovations afin de rendre les combles habitables, ou simplement pour apporter de la lumière dans ces bâtisses très profondes et sombres.

confère une identité certaine.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Les pavillons ruraux datent d’une époque révolue. Ils se sont agglu-

A l’époque, pratiquement aucun règlement ne régit ces

tinés le long des deux uniques rues de l’époque pour constituer le

constructions. Chacun y bâtit sa ferme et fait ses modifications et

tissus originel de Gland. Autrefois ils abritaient souvent différentes

ses agrandissements comme il l’entend, et ce sont plus les soucis

fonctions. Il s’y côtoyait alors, des magasins, des bistrots, des

économique et les technologies de construction de l’époque qui

fermes, bref tout ce que comptait le village.

dictent la manière de faire et qui parviennent à donner à l’ensemble une identité cohérente.

Aujourd’hui, ces bâtiments sont majoritairement transformés en logements modernes, nécessitant des modifications profondes,

Aujourd’hui on tente de maintenir le tissu avec des plans de quartier

notamment des nouvelles ouverture en façades ou des lucarnes

du bourg, mais le résultat est souvent peu convaincant. On ne peut

en toitures. Néanmoins, il subsiste encore quelques épiceries ou

pratiquement plus toucher aux constructions existantes, si ce n’est

commerces dans ce tissu qui constitue le peu de racines historiques

en leur ajoutant des lucanes en toiture.

que connaît la ville de Gland. Il convient dès lors de le protéger et de le mettre en valeur.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

08 | VILLA CLOSE

1

2 4

3

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le bâtiment principal accueille le logement. On souligne ici le

La villa close évolue généralement en groupe de 10 à 15 entités

côté faux-bourgeois des détails architecturaux des volets et des

environ à l’intérieur d’un enclos protégé et sécurisé en bordure de

fenêtres à carreaux.

ville. Cette typologie est destinée à une population qui appréhende le monde extérieur et nécessite une surveillance élevée afin

2. Le garage compte généralement la place pour deux voitures.

d’éloigner les dangers qui la guettent.

En effet, c’est souvent l’unique moyen de transport possible pour accéder à ces maisons situées loin de toute infrastructure.

Dans sa fonction, ce bâtiment se situe entre le domaine ( DOMAINE, p. 38) et la villa individuelle ( VILLA INDIVIDUELLE, p. 18). Il a l’incroyable

3. La maison est doublement protégée. Il y a tout d’abord la clôture

capacité de rassembler uniquement les désavantages de chacun

qui contient l’ensemble de la gated community, puis chaque jardin

d’eux. Ainsi, à l’image des grandes propriétés du bord du lac, il

possède sa propre haie de thuyas ou laurelles, protégeant ainsi les

privatise tout un espace du territoire proche du lac en le rendant

habitants de tout regard extérieur.

ainsi inaccessible au public. De même que la villa individuelle, il n’offre qu’une faible densité.

4. Même si ces maisons sont souvent situées près du lac, la piscine privative fait partie intégrante des aménagements extérieurs.

On veillera donc à l’employer parcimonieusement et avec la plus grande précaution, voir à ne pas l’employer du tout, car finalement, il n’y a rien vraiment à en tirer.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Ces quartiers dans lesquels l’espace public est privatisé sont

Les promotteurs de ce nouveau type de villas ont certainement

relativement récents en Suisse. S’ils se sont répandus partout

du utiliser les dernières aberrations du règlement communal pour

dans le monde, que ce soit dans les banlieues d’Amérique (où

obtenir l’autorisation de construire autant l’extérieur de la ville loin

l’on trouve les premiers spécimens), dans les pays du sud comme

de toute infrastructure.

l’Argentine ou le Brésil, en passant par des pays voisins comme la France ou l’Italie, la Suisse était jusqu’ici restée épargnée.

Même

si

ces

constructions

sont

relativement

récentes

( DÉVELOPPEMENT MULTIPOLAURE, p. 108), avec la prise de conscience En effet, ce modèle peut malgré tous ses défauts représenter

des autorités des problèmes liés a ces typologies et les modifications

une solution valable pour protéger les habitants du sentiment

des lois avec notamment l’entrée en vigueur de la LAT, de telles

d’insécurité qu’ils peuvent ressentir dans ces pays. Il faut croire

constructions ne seraient certainement plus possibles.

qu’aujourd’hui, ce malaise social a également atteint la Suisse et la ville de Gland. Mais force est de constater que ces quartiers qui se développent en bordure de ville, posent de plus en plus de problèmes quant aux infrastructures et au trafic qu’ils génèrent. Dès lors, leur développement ne saurait durer éternellement.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

09 | DUPLO

1

3 4

2

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le duplo se caractérise par une toiture plate et un volume

Le duplo est le grand frère du plot, il représente une réponse idéale

hexaédrique droit. La toiture est généralement accessible, selon

au manque de logements dans la région, d’autant plus lorsqu’il

les typologies, elle peut être un espace commun pour l’ensemble

est haut de plusieurs étages comme dans l’exemple ci-dessus. De

de l’immeuble avec différentes fonctions (solarium, pataugeoire,

plus il permet une construction facile à mettre en œuvre et bon

belvédère) ou une terrasse privée pour les habitants du dernier

marché, idéale pour des Habitations Bon Marché (HBM).

étage. On les construit souvent par ensembles, ils sont alors disposés 2. Les appartements sont au nombre de 2 à 4 par étage disposés

dans un grand parc, avec place de jeux. Par sa forte densité, il

de façon radiale. Lorsque la façade présente des décrochements,

convient de le disposer près des services et des infrastructures.

on veillera à régler les vis-à vis.

Lorsqu’on en construit tout un quartier, il n’est du reste pas rare d’y prévoir également une école ou un petit magasin.

3. A l’image des appartements, les balcons sont disposés radialement tout autour de l’immeuble. On évitera cependant les

Le duplo présente donc de nombreux avantages, on en usera sans

orientations plein nord.

retenue. Il reste une valeur sûre dans la construction du logement, il n’a montré en tous cas aucun signe d’essoufflement ces dernières

4. L’environnement des duplos, est généralement riche en végétation. De grands arbres sont parfois plantés pour diminuer les vis-à-vis trop frontaux avec les éventuels immeubles voisins.

années.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le duplo fait son apparition à Gland dans les année 60. Tout

A Gland, différents quartiers se sont vu agrémentés de tels

comme la barre, il répond à un besoin urgent de logement du au

bâtiments. Ce sont, dans la majorité des cas, des zones soumises

développement soudain de la ville ( DÉVELOPPEMENT PARCELLAIRE, p.

à un plan général légalisé, permettant ainsi des constructions

108). Il met en œuvre de nouveaux procédés de construction en

impossibles à réaliser dans une zone à faible ou moyenne densité

béton préfabriqué. On le retrouvera alors souvent associé avec le

partout ailleurs dans la ville. Il est intéressant de relever que

type barre ( BARRE, p. 40), pour des compositions remarquables.

le nouveau quartier au nord de Gland le long de l’autoroute est presque exclusivement constitué de duplo. Cette utilisation montre

Dans le développement de la ville de Gland, le plot est souvent le

bien que le duplo continue à répondre aux exigences d’aujourd’hui.

premier édifice d’une suite de construction. C’est la prémisse d’un futur développement de quartier. ( DÉVELOPPEMENT

PARCELLAIRE,

p.

114)

L’importance accordée aux aménagements extérieurs pour ce type de construction se retrouve dans le règlement de quartier de Mauverney au sud de la ville:

Son utilisation excessive pour les HBM, en périphérie des villes l’associera longtemps avec une image de banlieue peu enviable.

Art. 11, Les surfaces vertes sont caractérisées par l’interdiction de

Cependant, aujourd’hui, il a plus que réussi sa mue puisqu’on le

bâtir, à l’exception des place de jeux.

retrouve même dans tous les quartiers écologiques bobos.

Art. 12, Outre les gazons, les propriétaire planteront des arbres et arbuste en nombre jugé suffisant par la municipalité. Art. 13, Des surfaces de jeux devront être créées dans les zones de verdure. La municipalité en fixera l’emplacement.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

10 | BÂTIMENT D’ANGLE

3 1 1

2

4

5

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le bâtiment d’angle se compose de deux barrettes qui se re-

Le bâtiment d’angle peut être utilisé avec générosité. Sa forme,

joignent.

rencontre de deux barrettes ( BARRETTE, p. 20), permet d’offrir beaucoup d’appartements. En plus de bénéficier de tous les

2. En règle générale à la jointure, à la manière d’un chanfrein, le

avantages de la barrette, il offre un net plus en terme d’espace

bâtiment d’angle se plie de 45 degré.

urbain. Il peut être combiné à d’autres bâtiments d’angle autour d’une intersection routière à laquelle il conférera alors une forte

3. La toiture de ces bâtiments est à double pan. Des lucarnes y

identité urbaine. Mais il peut être combiné à d’autres bâtiments

sont généralement ajoutées afin de rendre les combles habitables.

d’angle dans le but de former un îlot avorté ( ÎLOT AVORTÉ, p. 108). Celui-ci bénéficiera alors d’une forte qualité spatiale intérieure et

4. Il est séparé de la route par une bande d’herbe, ou de parking,

permettra en conséquence d’offrir une intériorité bienvenue pour

un trottoir etc.

ses occupants tout en engendrant une façade construite.

5. Le rez-de chaussée est parfois occupé par des boutiques ou

Il est facilement combinable à d’autre formes, comme la barre

des magasins. En effet, le bâtiment d’angle donne sur un carrefour

( BARRE, p. 40), le plot ( PLOT, p. 26) ou encore le duplo ( DUPLO

qui engendre un certain passage indispensable à l’activité com-

p. 34) , dans une composition de grande envergure, et ainsi former

merciale.

un îlot avorté.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le bâtiment d’angle présente un fort potentiel urbain. Sa forme,

Cette typologie découle directement du règlement de quartier du

bidirectionnelle, et construite, n’est pas sans rappeler les îlots que

bourg qui demande de construire les angles et conserver l’ordre

l’on retrouve dans toutes les villes. Il permet, sur le côté extérieur de

contigu afin de garder l’identité du vieux village. Cette règle est

l’angle de définir un volume et de matérialiser l’intersection de rues,

aussi appliquée au sud de la ville dans le quartier de Mauverney et

et en son sein de suggérer l’un des coin d’une spatialité à cour.

le long de la route de la gare située entre le bourg et la gare ellemême.

Il n’est donc pas surprenant que ce type de bâtiment qui fait référence au tissu urbain se soit principalement développé dans

Cependant, elle ne produit pas dans tous les cas l’effet escompter.

la zone du bourg au Nord et dans le quartier centre de Mauverney

Par exemple à la rue de la gare, où seuls les bâtiment qui donnent

au Sud.

sur cette dernière sont soumis à ce règlement. Il sont ainsi côtoyés par des villas et perdent toute leur identité urbaine.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

11 | DOMAINE

1

3 2

5 1

4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. A la manière des châteaux des 17e et 18e siècles, deux ailes

Le domaine requiert d’être absolument à l’écart de la ville, si pos-

s’échappent du corps de bâtiment principal.

sible enfoui dans la forêt. On lui adjoindra volontiers un débarcadère, des terrains de tennis, des piscines, des parcs à chevaux,

2. Une cour d’honneur accueille l’entrée dans le bâtiment. Cette

etc. On pourra éventuellement lui ajouter un second bâtiment, relié

cour est orientée vers la rue et sert d’interface entre le parc et le

au domaine par un chemin carrossable, et lui servant d’interface

jardin privé.

avec la ville. Il peut accueillir un éventuel personnel domestique.

3. Un corps de bâtiment principal est au centre de la composition.

En raison du nombre important de mètres carré qu’il demande, le domaine ne sera pas employé en grande quantité, faute de quoi ils

4.Une tourelle d’angle peut être adjointe au corps de bâtiment

pourraient alors ôter toute surface publique de lac aux habitants

principal

de la ville. Pour son prestige, il peut toutefois être intéressant d’en employer, l’on pourra alors, au détour d’une conversation avec un

5.Le jardin privé, en général au sud, donne sur le lac et sur les

habitant d’une ville voisine, habilement lui glisser un “oh, chez nous

sommets enneigés des alpes.

habite X”. De plus, les impôts que les propriétaires souvent fortunés doivent payer constituent une entrée non négligeable dans le budget communal, sauf s’ils sont au régime d’un forfait fiscal.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le développement des domaines est complètement dissocié de

Ces édifices se sont majoritairement développés à l’époque où les

celui de la ville de Gland. Le littoral du lac Léman a, en effet, de

règlements de construction étaient très lacunaires et les autorités

tout temps attiré les grandes fortunes, par la beauté naturelle de

peu regardantes.

ses paysages. En 1964, une première loi tente de limiter la prolifération de ces Les premiers édifices datent du début du XIXe , avec la construction

constructions (LCTA). Un terrain de 4500 mètres carrés au minimal

de plusieurs maisons de maîtres. Le développement s’est poursuivi

est désormais nécessaire pour construire une maison individuelle

jusque dans les année 60 avec l’entrée en vigueur de différentes

hors zone à bâtir. Mais la portée de cette loi reste très relative pour

lois limitant ces constructions.

la commune de Gland, dont les domaines dépassent souvent cette limite.

La commune de Gland s’est rendu compte un peu tard des problèmes liés à la privatisation excessive de son littoral. Aujourd’hui,

En 1972, l’AFU (Arrêter fédéral instituant des mesures urgentes

elle ne peut mettre à disposition de sa commune qu’un accès très

en matière d’aménagement du territoire) supprime la possibilité de

restreint de ses côtes. Cependant, de plus en plus de voix s’élèvent

construire dans les zones sans affectation spéciale et en réduisant

pour dénoncer cette situation, d’autant plus que selon la loi, les

les zones constructibles par l’établissement de sites à protéger

rives du lac devraient être rendues publiques.

dont fait partie le littoral glandois.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

12 | BARRE

2

1

4

3

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. La barre d’habitations se caractérise par une sérialité linéaire,

La barre d’habitations, correctement utilisée, offre de grandes qua-

d’où sa forme allongée. Plusieurs cages d’escalier rythment le bâti-

lités, tant spatiales que sociales. Grâce à sa densité, on pourra

ment. Cette sérialité implique une densification bienvenue en terrain

facilement lui adjoindre un espace vert. Son volume, simple et im-

périurbain et offre à tous ses habitants des qualités de vie égales.

posant donnera une limite nette à l’espace, et pourra potentiellement offrir un caractère urbain à la ville. On pourra, au sein de son

2. Afin d’assurer un ensoleillement pour l’ensemble des pièces

volume, combiner à loisir différentes typologies d’appartements,

des apparentements traversants, l’orientation Est-Ouest est la plus

garantissant une mixité sociale bienvenue.

adéquate. Idéalement, les chambres à couchés sont disposées à l’Est pour être éclairée le matin et les pièces communes sont à

Elle peut être combinée avec d’autres barres pour former un en-

l’ouest afin de profiter du soleil jusqu’en soirée.

semble d’habitations ( Ensembles p. 93). Elle peut aussi être utilisée dans une composition avec d’autres formes, comme les plots

3. Des balcons servent de prolongement extérieur aux apparte-

( Duplo p. 34). De cette combinaison naîtra une richesse spatiale

ments sur la façade arrière.

et intérieure à l’ensemble.

4. Les entrées principales se situent sur la façade avant. Le bâti-

Il faut veiller à ne pas l’utiliser trop en dehors de la ville: elle ac-

ment possède une façade “arrière” et une façade “avant”. Ceci est

centuerait alors la ségrégation sociale en repoussant les classes

dû d’une part à la typologie des appartements et d’autre part, au

sociale inférieures hors des limites de la ville périurbaine. Ces effets

rôle de barrière que joue généralement ce bâtiment entre une rue

néfaste dépasseraient alors les qualités spatiales que cette forme

et un parc.

apporte.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le développement de cette nouvelle typologie d’habitation s’est

A Gland, différents quartiers se sont vu agrémentés de tels

principalement fait dans les année 60, lorsque la demande en

bâtiments. Ce sont, dans la majorité des cas, des zones soumises

logements exigeait une construction rapide et à faible coût. Ces

à un plan général légalisé, permettant ainsi des constructions

contraintes ont largement contribué à l’élaboration de nouvelles

impossibles à réaliser dans une zone à faible ou moyenne densité

techniques de construction. Notons par exemple que l’une de ces

partout ailleurs dans la ville.

barres fut l’un des premiers bâtiments de Suisse à mettre en œuvre la technologie du mur sandwich préfabriqué en béton.

Les barres les plus emblématiques se situent certainement à la Cité-Ouest. Ce quartier est également soumis à un plan général

Le développement de la barre d’habitation se poursuit encore

légalisé qui fait, sans surprises, largement référence aux idées de

aujourd’hui bien que l’engouement aie très largement diminué,

Le Corbusier. En voici quelques articles choisis:

sans doute victime des connotations qu’elle véhicule d’habitat bonmarché

et pour les classes de population défavorisées.

Art. 1, Architecture: Les bâtiments doivent être construits sur piliers

Dès lors, la barre d’habitation d’aujourd’hui tant à diminuer ses

ou sur collatéraux, avec une libération partielle du rez-de-chaussée.

dimensions pour ressembler de plus en plus à un duplo.

Art. 3, Superstructure: Les superstructures à l’usage de cage d’ascenseurs, d’escalier, de locaux communs, solarium sont

Néanmoins, la barre d’habitations est toujours une référence en

admises. Elles ne dépasseront pas la hauteur d’un étage.

matière de densité et reste une typologie à prendre en considération

Art. 5, Zone de verdure: Cette zone est inconstructible. Elle sera

pour répondre au défi de la ville de demain.

aménagée et entretenue. Des places de jeux pour enfants seront créés en suffisance.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

13 | BUREAU

1

2

3 4

LÉGENDES

MODE D’EMPLOI

1. Les bâtiments de bureau se caractérisent généralement par un

Les bâtiments de bureau sont des éléments indispensables pour

volume hexaédrique simple avec toiture plate.

une ville saine. Ils représentent un grand apport de places de travail et permettent à la ville de tendre vers un équilibre entre logements

2. Les façades sont modulaires et largement vitrées, la lumière

et emplois. Plus la ville en possède, moins ses détracteurs pourront

étant primordiale pour des activités de bureau.

la qualifier de cité dortoir. Ils permettent en effet d’amener de l’activité durant la journée.

3. L’entrée est marquée par un avant-toit proportionnel à l’importance de la société qui exploite le bâtiment.

Tous les moyens sont bons pour favoriser la venue d’entreprises internationales, créant des places de travail à forte valeur ajoutée.

4. Le volume peut être entaillé pour un apport supplémentaire de

Si l’environnement, les infrastructures et la proximité de l’aéroport

lumière.

ne suffisent pas à les convaincre, utilisez l’allègement fiscal. Attention toutefois, à l’apport non négligeable d’employés étrangers à haut revenus qu’introduisent ces multinationales. Si ces internationaux sont à priori les bienvenus de par leur niveau social élevé, ils s’intègrent plus difficilement et peuvent faire l’objet de grandes controverses auprès du citoyen local qui lui attribue tous ses maux.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Développement suite aux installations d’infrastructure de transport

En accord avec les règlements communaux, les bâtiments de

(rail, mais surtout autoroute). Connaît un regain d’intérêt dès les

bureaux se sont développés uniquement dans les zones industrielles

années 70 en participant à la croissance de l’ensemble de l’arc

ou artisanales. En effet, les règlements des zone habitables ne

lémanique. Les autorités favorisent ce développement en créant

permettent pas l’édification de bâtiments au large gabarit.

de nouvelles zones industrielles, dans lesquelles nous trouvons la majorité des bureaux ( Développement Multipolaire p. 110).

Dès lors, nous assistons à une ségrégation des fonctions dans le tissu glandois: les bureaux avec les bâtiments industriels

Par ailleurs, il faut souligner ici, l’établissement des divers sièges

( BÂTIMENTS

européens ou mondiaux d’ONG, tels que le WWF ou l’UICN,

p. 50) autour de la ville composée essentiellement de logements.

INDUSTRIELS

p. 24) et les supermarchés ( SUPERMARCHÉ

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44

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

14 | BÂTIMENT COMMUNAL

4

1 2

3

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le bâtiment principal contient une bonne partie de l’administra-

Symbole du pouvoir, le bâtiment communal est aussi le lieu de la

tion communale.

vie civique. Grâce à l’ajout en 1954 de la salle communale, la population dispose désormais d’un endroit où elle peut se rencontrer,

2. Une aile vient s’ajouter au bâtiment principal: elle contient la salle

échanger, fêter. Les dimanches de vote, on peut aussi y trouver les

communale.

habitants réunis, même si c’est de moins en moins le cas depuis l’introduction du vote par correspondances. On y trouve également

3 . Grâce à l’articulation des deux volumes, on obtient un espace

des fêtes religieuses, des enchères, des foires, des concerts, des

public.

tombolas et autres lotos.

4. Sur l’avant du bâtiment, un espace public sépare le bâtiment de

Cet édifice est de toute importance dans la vie des habitants de

la rue.

Gland. Pour cela il est à placer dans un lieu bien choisi, près du centre. Une piste de réflexion pour son usage serait d’envisager de l’employer séparé de sa fonction administrative. En effet la plupart des lieux communautaires de Gland son rattaché à une fonction communale, aussi, l’en séparer le donnerait un peu plus à la population.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Le bâtiment fut construit en 1880. A l’origine, il devait accueillir deux

Les bâtiments publiques sont généralement construits dans les

classes au rez-de-chaussée ainsi qu’un logement pour le régent au

zones dites d’utilité publique au même titre que les écoles ou les

premier étage, un seul volume composant cette première étape. En

églises.

1903 apparaît aussi le clocher. Dans les années 50, les habitants ressentent un vif besoin d’une salle communale. On choisit alors de l’adjoindre au bâtiment principal. Ce bâtiment, qui a évolué avec la ville a joué un rôle essentiel de catalyseur social et sa place centrale au sein du village allait de soi. Il en va autrement pour les autres bâtiments publiques qui se retrouvent en périphérie de la ville à l’image du centre sportif et des bâtiments dédiés à la voirie.

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46

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

15 | STATION SERVICE

3 1

2

4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. La station service se compose souvent de plusieurs construc-

La station service est un élément indispensable à la ville. Elle sert

tions. Le bâtiment principal contient l’atelier et le bureau ainsi que

à pourvoir la population en voiture. Elle se situe préférablement en

le showroom.

dehors des zones d’habitations, sur une artère à forte fréquentation automobile. Les zones industrielles sont propices à accueillir les

2. Une vitrine sert d’exposition aux voitures

stations service. Ces dernières peuvent aussi être accompagnées de station de lavage.

3. Une marquise s’avançant sur la route abrite les infrastructures de pompage, 4. Ce type de bâtiment se situe généralement sur un axe très fréquenté, assurant un apport de clients considérable.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT La station service suit un développement parallèle à celui de la voiture. Avec sa démocratisation dans les année 60-70, celle-ci amène alors avec elle la station service. Gland doit en bonne partie son développement fulgurant à l’automobile, particulièrement avec l’ouverture de l’autoroute en 1964, qui permit alors de travailler à la ville, tout en habitant la périphérie. La station service est naturellement la conséquence logique de cette expansion automobile. Aujourd’hui, avec sa diabolisation constante, notamment grâce aux écologistes, l’automobile n’as plus l’engouement d’alors. La station service est vouée à ne pas proliférer davantage.

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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

16 | ÉCOLE

1

3

2 5

4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le bâtiment principal contient tout ce qui sert directement à l’en-

L’emploi de l’école est une bonne solution pour la ville, elle per-

seignement: les classes, les locaux pour la direction, l’économat. Il

met l’éducation des générations futures. Son importance majeure

contient également une bibliothèque publique.

réside surtout dans la spatialité et l’urbanité qu’elle offre. Grâce aux corps de bâtiments en général imposants, elle parvient à créer

2. Le bâtiment secondaire contient toutes les fonctions publiques.

directement un espace ( ENSEMBLES p. 91). Les manifestations importantes (cinéma open-air, fête de la musique, week-end des

3. La salle omnisports peut être divisée en trois parties servant alors

artisans, etc.) ont souvent lieu dans ces espaces, preuve de leur

de salles de gym pour les écoliers. Un réfectoire et une salle mul-

qualité. En revanche, si ce type de bâtiments est aptes à générer

ti-usage complètent l’ensemble. Sous le bâtiment se trouvent les

des beaux espaces, ceux-ci sont introvertis et pratiquement fermés

vestiaires et les abris de protection civile.

sur l’espace public.

4. Une salle de théâtre accueille diverses manifestations et est la véritable scène culturelle de Gland. 5. La cour centrale précisément définie grâce aux imposants bâtiments de style néoclassique, est un terrain fertile pour la sociabilité. En tous temps, on y trouve des skateurs.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

En 1974, le collège de Mauverney A, dans la partie sud de Gland,

En août 1986, une loi désigne Gland comme centre régional pour

est construit. En 1975 est achevé le collège des Perrerets, dans la

l’enseignement. Ceci est le point de départ d’une importante

partie nord de Gland. Le 7 octobre 1989 on inaugure la première

construction d’écoles.

étape du collège de Grand Champ (Nord de Gland). Il est composé essentiellement des classes. En 1992, la seconde étape, appelée

Alternativement, les bâtiment se construisent au nord, puis au sud,

«complexe» contient toute l’infrastructure à vocation culturelle (salle

puis au nord, puis au sud. Le fait d’avoir assigné à Gland un rôle

omnisports, théâtre, réfectoire). En 1997, Mauverney B complète

de centre scolaire a paradoxalement contribué à la séparer un peu

l’étape de Mauverney A, équilibrant ainsi la balance entre Nord et

plus en deux. Sans cette demande accrue de scolariser des gens

Sud. Enfin en 2005, un dernier collège complète les établissements

venant de partout, la ville n’aurait sans doute pas eu à séparer tant

scolaires à Gland, à nouveau dans la partie nord. De petites écoles

ses infrastructures scolaires et à créer deux pôle distincts.

enfantines existent en plus, disséminées ça et là, fondu dans le tissus bâti. Il est à noter le mouvement de balancier nord-sud, dans lequel la construction des écoles semble être tombée, comme à la recherche d’un équilibre précaire.

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50

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

17 | SUPERMARCHÉ

1

3

4

2

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Les supermarchés sont des volumes bas. Généralement sans

Les supermarchés sont de grands consommateurs d’espace,

étage, leur hauteur ne dépasse guère plus de cinq mètre de haut.

d’une part par le volume du bâtiment, mais également avec le

Leur toiture est plate et leur forme ne sont pas sans rappeler les

grand parking qu’ils nécessitent. On les disposera donc dans les

halles industrielles en charpente métallique.

zones artisanales ou industrielles, puisque cette affectation est conforme avec le règlement en vigueur.

2. Un porche d’entrée permet d’accueillir le client. On y trouve également le stock de caddies et les conteneurs de recyclage.

De plus, les supermarchés sont de forts générateurs de trafic individuel motorisé, cela reste le moyen de transport idéal lorsque l’on

3. Autour du bâtiment, un grand parking est requis. Contrairement

doit faire ses courses. Ceci représente une raison supplémentaire

aux magasin sdu centre ville, le client vient ici en voiture.

pour les mettre à l’extérieur des zones habitables, tout en gardant à l’esprit que les éloigner du centre ne fera qu’augmenter le trafic.

4. Au dessus de l’entrée ou sur le parking, on disposera une enseigne bien visible afin d’annoncer la présence du magasin.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Ces types de magasins sont relativement nouveaux pour Gland.

En accord avec les règlements communaux, les supermarchés

Ils ont fait leur apparition avec les Discounters Allemands. En effet

se sont développé uniquement dans les zones industrielles ou

jusqu’ici, les magasins à Gland étaient fondu dans le tissu urbain.

artisanales. En effet, les règlements des zones habitables ne permettent pas l’édification de bâtiment au large gabarit nécessaire

Demandant de grands espace et des volumes de bâtiments conséquents, le développement de ce nouveau type de magasin a tout naturellement été repoussé dans les zones industrielles en périphérie.

pour les supermarchés.

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52

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

18 | GARE

2

3 1

3

4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Le bâtiment principal date de la construction de la ligne en 1858.

La gare est un élément primordial pour le développement d’une

Il fut dans un premier temps construit en bois, puis fut remplacé par

ville. Il permet bien sûr de la connecter avec l’extérieur. Mais il per-

le bâtiment d’aujourd’hui en 1909. Différents ajouts et modifications

met aussi, s’il est habilement disposé, de créer ou renforcer un

virent le jour par la suite.

centre urbain. Différents services sont d’ailleurs fréquemment associés à la gare en profitant du va et vient qu’elle génère, notamment

2. En 1951, différents travaux et agrandissements ont lieu, avec

le buffet de la gare, la station de taxis, le kiosk, le pub etc... Il est

notamment l’amélioration du local du guichet et la construction des

donc primordial d’utiliser son potentiel au maximum.

toilettes publiques et locaux annexes. Il faut cependant relever que la gare reste un élément très difficile 3. Des travaux de longue haleine débutent en 2010. Les CFF

à dimensionner. En effet, son utilisation et sa fréquentation est très

agrandissent le quai et les marquises pour pouvoir accueillir des

fortement liée à l’importance de la ville qu’elle dessert et de son

trains toujours plus longs. Un parc’n’rail et de nouveaux abris de

nombre d’habitants en constante augmentation. Il faut donc veiller

bus sont construits pour les nouvelles lignes desservant les villages

à ce que les modifications puissent être réalisées pour suivre le

alentour. La gare devient une plateforme multimodale.

développement de la ville.

4. Le dernier ajout date de fin 2013, c’est une structure qui accueille un shop avec horaire étendu, un kiosk, ainsi que d’autres services liés à la gare.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

S’il est un bâtiment qui traverse les âges et qui n’est donc lié à

La gare est l’un des rares bâtiments publics à se trouver sur un

aucune période précise, c’est bien la gare. Elle est cependant

terrain n’appartenant pas à la commune et dont le plan de zone ne

témoin de l’évolution de la ville. Comme évoqué précédemment,

fait pas état. Dans les faits, le terrain de la gare et de ses abords est

elle fut construite en 1958, très décentrée par rapport au village.

propriété des CFF. Ainsi, les possibilités d’action de la commune de

Gland se résumait, en effet, uniquement à son centre historique.

Gland dans ce périmètre sont diminuées. En effet, chaque décision

Il est d’ailleurs intéressant de relater un commentaire d’habitant

prise se fait de concert avec les CFF, lorsque ce ne sont pas eux

d’alors: «J’ai vu passer un train hier; c’est l’attelage de l’enfer.

qui imposent directement leur choix.

Heureusement qu’à Gland ils passent loin du village, car on aurait des incendies partout».

Le développement de la gare ces dernières années illustre à merveille les complications d’une telle situation. Lorsque la

Par la suite et jusqu’à aujourd’hui, modifications et agrandissements

commune, en 2008 initie une étude pour la transformation de la

se succèdent pour répondre à la demande toujours grandissante

gare, de la place et du passage sous voies, les CFF, également

des usagers (voir légendes). Il faut souligner à ce propos que les

contributeurs, mettent les pieds au mur. Au vu des changements à

différentes gares, qui à l’inauguration de la ligne Lausanne-Genève

plus large échelle prévus sur l’axe Lausanne-Genève, notamment la

étaient de même importances que celle de Gland, sont aujourd’hui

troisième voie, ils préfèrent voir un développement à plus long terme

pour la majorité fermées ou du moins n’ont jamais connu le

et garder la situation peu satisfaisante actuelle pour permettre une

développement de celle de Gland, à l’image de celles de Prangins,

transformation complète par la suite. De la part de la commune, il

Gilly-Bursinel, Saint-Prex et Etoy

en résulte alors une politique de petits pas, rendant impossible une pensée globale des transformations à effectuer.

53


54

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

19 | CLINIQUE

2

4

1

3

LÉGENDE 1. Le corps de bâtiment principal constitue la première étape de la construction.

MODE D’EMPLOI La clinique s’implante en bordure de commune, loin du centre. Elle bénéfice alors de plusieurs avantages en terme de qualité de vie. La vue sur le lac, la forêt avec de belles promenades, des

2. Un second corps de bâtiment est rattaché au premier par une

prairies verdoyantes, le calme, sont autant de qualité dues à son

mince liaison.

implantation en bord de forêt. Loin de l’agitation de la ville, ce bâtiment trouve son meilleur emplacement.

3. Un première entrée donne sur le parc à l’avant du bâtiment. En outre, l’utilisation de ce genre de bâtiment permet d’offrir des 4. La liaison entre les deux corps de bâtiments offre aussi la

soins à la population et de lui éviter un dépaysement trop important

possibilité d’une deuxième entrée.

en le forçant à une trop longue distance de son foyer en cas d’hospitalisation.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Au début du 20e siècle, la clinique dite de la Lignière, était alors

La clinique, dite de La Lignière, fait partie d’une zone occupée par

un sanatorium. La construction des corps du bâtiment principal,

plan de quartier légalisé. Celui-ci comprend des zones d’activité

eut lieu en plusieurs étapes s’échelonnant de 1890 à 1917. Son

hospitalière, des zones d’utilité publique, et des zones d’habitation.

ancienne affectation de sanatorium est sans doute à l’origine de sa

Grâce au statut particulier de plan de quartier pour activité

position en haut d’une légère pente, et orienté au sud. Au début

hospitalière, la possibilité de construire des logements s’est offerte.

des années 2000, un second corps de bâtiment rejoint le premier.

Ceux-ci sont en partie, par le règlement voués à la clinique, mais

Parallèlement, d’autres bâtiment, comme des habitations ont

une certaine partie peut être d’utilité publique. On verrait alors un

commencé à fleurir dans le coin.

potentiel point de départ d’une nouvelle zone de développement pour Gland. Il est à espérer que cette possibilité ne soit pas

Dans la ville, certains bâtiments de santé existent aussi. Un EMS se

exploitée à mauvais escient. La vue privilégiée sur le lac et à l’écart

trouve dans la grand-rue et le Centre Médico-Social a des bureaux

à la ville pouvant rendre la sensation d’habiter à la campagne, en

à Gland aussi.

étant à 5 minutes de Gland. Les opérations immobilières juteuses qui s’en suivraient, risquent d’amener un éclatement de Gland fort mal venu.

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56

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | TYPOLOGIES

20 | ÉGLISE

1

2

3

4

LÉGENDE

MODE D’EMPLOI

1. Un clocher, détaché du bâtiment principal, se trouve à côté du

L’église est indispensable à toute ville. En plus de satisfaire les

temple.

croyants, l’église possède un fort potentiel d’urbanité. Grâce à sa capacité à rassembler des gens, elle peut être le théâtre de mo-

2. Le bâtiment principal contient l’orgue, la salle de culte, etc.

ments de grande sociabilité. Pour ces raisons, elle est à placer dans un endroit stratégique. On la combinera idéalement avec la

3. Entre l’église et le cocher se trouve le parvis. Celui-ci offre, lors

salle communale ( Salle communale p. 44).

des heures de culte notamment, une possibilité d’intense vie sociale.

Il ne faut évidemment pas en abuser, pour une ville de la taille de Gland, un exemplaire par croyance devrait suffire. D’autant que le

4. Sous l’église se trouve la sacristie et la salle paroissiale. Cette dernière peut aussi servir de salle publique pour diverses manifestations.

nombre de fidèles ne cesse de diminuer.


TYPOLOGIES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

LÉGISLATION ET CONSÉQUENCES

Les Bernois après leur départ en 1798, ont donné à l’église un rôle

La paroisse de Gland, en tant qu’Église Évangélique Réformée du

qui lui reste encore aujourd’hui. La population alors majoritairement

Canton de Vaud, est liée à l’État et soutenue par lui. Ce dernier

protestante est aujourd’hui composée de plusieurs confessions.

participe financièrement à la vie de la paroisse, qui accepte de

Les protestants ont leur temple St-Paul, inauguré en 1968.

se mettre au service de la population. Cette collaboration est

L’autre église accueille des catholiques, dépendant de la paroisse

bénéfique pour les habitants de Gland qui ont alors accès à l’église,

de Nyon, créée en 1958.

mais peuvent aussi bénéficier des nombreuses manifestations

En dehors de ces deux confessions majeures, existent aussi une

organisées par la paroisse pour la population. Ces événements

église adventiste et une Union des Assemblées Évangéliques.

aident à souder les gens entre eux et participent à la cohésion

Cette multiplicité des confessions, dont la cohabitation s’est

générale de la ville.

révélée heureuse au fil des années, est le signe d’une population ouverte, et accueillante. Cela laisse présager un développement harmonieux et varié.

57



OCCURRENCES



OCCURRENCES

01 | VILLA INDIVIDUELLE

62

02 | BARRETTE

65

03 | VILLA MITOYENNE

70

04 | INDUSTRIE

73

05 | PLOT

76

06 | BÂTIMENT AGRICOLE

77

07 | MAISON RURALE

78

08 | VILLA CLOSE

79

09 | DUPLO

80

10 | BÂTIMENT ANGLE

81

11 | DOMAINE

82

12 | BARRE

83

13 | BUREAU

84

14 | BÂTIMENT COMMUNAL

85

15 | STATION SERVICE

86

16 | ÉCOLE

87

17 | SUPERMARCHÉ

88

18 | GARE

88

19 | CLINIQUE

88

20 | ÉGLISE

88

00 | ABERRATION

89


62

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

01 | VILLA INDIVIDUELLE

297/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

63


64

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

02 | BARRETTE

162/946

65


66

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

67


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DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

69


70

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

03 | VILLA MITOYENNE

105/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

71


72

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

04 | INDUSTRIE, ARTISANAT

88/946

73


74

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

75


76

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

05 | PLOT

48/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

06 | BÂTIMENT AGRICOLE

37/946

77


78

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

07 | MAISON RURALE

36/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

08 | VILLA CLOSE

33/946

79


80

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

09 | DUPLO

22/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

10 | BÂTIMENT D’ANGLE Angle 1

21/946

81


82

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

11 | DOMAINE

20/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

12 | BARRE

17/946

83


84

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

13 | BUREAU

13/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

14 | BÂTIMENT COMMUNAL

15 | STATION SERVICE

11/946

9/946

85


86

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

16 | ÉCOLE

6/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

17 | SUPERMARCHÉ

6/946

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88

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | OCCURRENCES

18 | GARE

3/946

19 | CLINIQUE

2/946

20 | ÉGLISE

2/946


OCCURRENCES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

00 | ABERRATION

89



ENSEMBLES



ENSEMBLES

TYPES D’ENSEMBLES

94

ESPACE COUR

95

ESPACE LINÉAIRE

98

ESPACE FLUIDE

100


94

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ENSEMBLES

TYPES D’ENSEMBLES

1

2

3

ENSEMBLES Les pages suivantes recensent les ensembles présents à Gland.

1. La première catégorie comprend les ensembles générant des

Par ensembles, nous entendons combinaisons des éléments

espaces de type «cour». Nous entendons par là des espaces qui

présentés dans les pages précédentes. L’intérêt est de montrer de

soient contenus par tous les côtés. Cette disposition générant ainsi

quelles façons les «briques essentielles» que nous avons isolées

une sensation d’intérieur et d’extérieur.

dans les chapitres précédents peuvent s’assembler pour créer des espaces.

2. La seconde catégorie comprend les spatialités de type linéaire. Les bâtiments bordent l’espace sur deux de ses quatre côtés.

La première partie avait pour vocation d’étaler les ingrédients et

Cette disposition caractérise un espace de type rue, clairement

cette partie correspond à des possibilités de combinaison des

orienté dans une direction.

ingrédients. L’idée est d’avoir un répertoire d’espaces périurbains, afin d’augmenter la base de données des connaissances dans ce

3. La dernière catégorie correspond aux spatialités de type «fluide».

domaine. Ce sont autant de solutions pour créer un espace dans

Un espace n’est pas défini clairement par une géométrie précise.

un tissu discontinu.

Ce sont des objets qui le ponctuent et créent ainsi des sousespaces entre eux.

Les ensembles peuvent aussi bien contenir des «ensembles cohérents» dont tous les bâtiments sont construits en même temps avec une même architecture, que des ensembles dont le seul intérêt est de mettre en évidence une relation spatiale élégante. Ils sont classés suivant le type d’espace qu’ils génèrent.


ENSEMBLES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

ESPACE COUR

95


96

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ENSEMBLES


ENSEMBLES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

97


98

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ENSEMBLES

ESPACE LINÉAIRE


ENSEMBLES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

99


100

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ENSEMBLES

ESPACE FLUIDE


ENSEMBLES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

101


102

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ENSEMBLES


ENSEMBLES | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

103


104

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ENSEMBLES

ABERRATION


ANALYSE



ANALYSE

DÉVELOPPEMENT MULTIPOLAIRE

108

PARADOXE DE LA DENSITÉ GLANDOISE

112

DÉVELOPPEMENT PARCELLAIRE

114

PAROXYSME DU PAVILLON

115

GLAND/NOLLI

116

L’ÎLOT AVORTÉ

118

MANUEL POUR LA CONSTRUCTION D’UN PERIURBAIN

120


108

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

DÉVELOPPEMENT MULTIPOLAIRE

1954

Nous nous intéresserons ici aux causes et aux conséquences

parfois encombrant. De plus, ce manque de références pittoresques

des décisions prises par les milieux politiques et économiques

ou passéistes, nous donne un regard dénué de toute nostalgie

sur le développement de Gland et dans quelles mesures elles

néfaste à une analyse objective. Pour procéder à cet examen,

ont favorisé certains types de bâtiment, à certaines périodes. Ce

nous découperons l’évolution de la ville en quatre périodes d’une

développement s’est déroulé dans un laps de temps extrêmement

vingtaine d’années représentant autant de bouleversements ou de

restreint. En effet, en 1950, lorsque Gland n’était qu’un simple petit

moments charnières dans l’histoire de cette cité. Pour chacune de

bourg, la population n’y était que de 1500 habitants, elle a dépassé

ces parties, nous tenterons de décrire les changements qui y ont

aujourd’hui les 12 000 habitants. Dès lors, son histoire se résume

lieu et de déterminer les causes (suite à une décision politique, une

essentiellement à ses 60 dernières années. C’est relativement peu,

situation économique etc… )

surtout comparé aux quelques villes ou villages alentour à l’image de Nyon, Prangins ou Rolle qui possèdent tous des restes de villes

1955, LES PRÉMICES D’UN FUTUR DÉVELOPPEMENT

moyenâgeuses ou même romaines dans leur tissu urbain.

Jusqu’en 1955, Gland, à l’image des petits villages vignerons de Coinsins, Vich, Begnins ou Bursinel, reste un modeste village rural

Il peut paraître insensé de s’intéresser à une histoire si récente,

détaché du lac. Il est alors difficile de s’imaginer que cette petite

qui d’une part ne présente pas le recul nécessaire pour en saisir

bourgade connaîtra un sort si différent. A cette époque, le village

tous les tenants et aboutissants et d’autre part ne traite, à première

se limite presque à deux rues parallèles le long desquelles viennent

vue que de constructions ordinaires aux qualités architecturales

s’agglutiner, côte à côte, fermes et maisons ( MAISON

plus que discutables. Cependant, et c’est également ce qui fait la

30). Il n’y a alors que peu de réglementations qui régissent les

particularité de cette analyse, ne possédant peu ou pas de passé

constructions si ce n’est le souci de l’économie de moyens et

antérieur à 1950, la ville de Gland nous permet une étude restreinte

les limites du savoir-faire traditionnel. Le tissu se constitue donc

des typologies de ces dernières années sans l’influence d’un passé

de bâtiments simples, majoritairement en moellon et brique avec

RURALE,

p.


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

1975

charpente en bois recouverte de tuiles plates. Ils sont souvent

1955-1975, LA GRANDE MUTATION

construits par les propriétaires eux-mêmes qui les font évoluer par la

Durant cette période, suite à de grandes décisions politiques,

suite par divers agrandissements et modifications. Il y a cependant

Gland va connaître un important développement, tout d’abord

déjà un élément qui différencie Gland des villages alentour et le

sur le plan industriel. En 1959, le Conseil communal adopte

rapproche de ses grands voisins Nyon et Rolle : le train. S’il a été

un plan d’extension qui favorise l’implantation de nouvelles

inauguré près d’un siècle auparavant, en 1858, c’est seulement

entreprises en déclassant différentes zones agricoles le long

dans les années 50, que la ville commence à y trouver un véritable

des voies de chemins de fer en zones à bâtir. C’est alors que

potentiel de développement. Jusqu’ici, la gare était un bâtiment

viennent s’implanter les premières fabriques (industries, artisanat,

qui se situait loin au Sud du village et les voies ressemblaient plus

entrepôts) à l’instar de Cermic ou Philips. Suite à ces nouvelles

à un obstacle à franchir pour aller aux champs qu’un atout pour

arrivées, la demande en logement ne se fait pas attendre. Dans

la ville aux yeux des habitants les plus sceptiques ( GARE, p. 52).

l’euphorie de la croissance économique des années soixante et

Les années 50 représentent un tournant dans le développement

suite aux demandes incessantes des promoteurs immobiliers, la

du village. Le démarrage démographique commençant à se faire

commune crée donc de nouvelles zones constructibles et délivre

sentir, la commune agrandit son école et construit la grande salle et

des permis de construire dans la précipitation. Ce sont toujours les

ses annexes sportives et scolaires. Les villas ( VILLA

p.

mêmes rouages qui amènent à une telle situation. L’agriculteur ou

18) commencent gentiment à faire leur apparition et Gland amorce

le propriétaire terrien veut vendre son champ, si possible le moins

sa mutation. Durant l’année 1953, la commune délivre près de

pratique à exploiter, c’est à dire, celui qui se trouve loin du village,

quarante permis de construire. Ce sont les prémisses de cette

de l’autre côté des voies de chemin de fer. Il connaît les municipaux

grande transformation.

ou en fait partie, il lui est donc facile de faire déclasser son terrain.

INDIVIDUELLE

Il le vend et devient millionnaire. Il en résulte une constellation de nouveaux quartiers disséminés sur l’ensemble du territoire de la

109


110

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

1996

commune. Cependant certains projets répondent à une sérieuse

d’habitations qui ont vu le jour dans les années 60-70. On leur

volonté politique, comme par exemple l’ensemble de la Cité-Ouest

préfère désormais des immeubles de plus petite taille notamment

au nord-ouest de l’agglomération ( BARRE, p. 40 ou

induites par les nouveaux règlements de construction. C’est la

DUPLO, p.

34). Suite à cette évolution, les autorités voient toujours plus grand.

période des plot et barrettes ( BARRE, p. 40 ou

DUPLO, p. 34). La

Elles se donnent les moyens de leurs ambitions en construisant

conscience écologique commence, en effet, à se faire sentir et les

trois nouvelles écoles, ainsi que deux nouvelles liaisons: la route du

préoccupations de la gestion du territoire sont plus grandes. La

Mont-blanc et la Vy-Creuse, qui franchissent les voies et relient le

commune se dote alors d’un Plan Général d’affectation qui tente

sud du village à la nouvelle autoroute. Si pour le centre villageois de

de poursuivre le développement de manière plus contenue que

Gland, la gare, située à l’extérieur du village lui avait déjà fait perdre

durant la période précédente et l’on a tendance à combler les trous

de l’importance, le développement au sud des voies lui sera fatal et

du tissu construit plutôt que de s’étendre. Cependant, le village

prive, aujourd’hui encore ,la ville de centre.

se développe toujours plus vers le littoral, et les autorités prennent conscience un peu tard des potentialités du bord du lac pour les

1975-1995

habitants de Gland. Le littoral est en effet déjà largement dans les

Le destin du village est définitivement figé, mais la poursuite du

mains de propriétaires privés ( DOMAINES, p. 38) et la commune

développement urbain amène les autorités à se poser la question

doit se satisfaire d’une petite plage de 50m.

du « manque futur d’animations au sein du village». On tente d’y répondre en créant de nouveaux centres commerciaux au sud,

1995-2014

dans le quartier de Mauverney et au nord dans le vieux village.

Gland passe le cap des 10’000 habitants et les autorités sont de

Mais cette solution renforce la multiplicité de centres dans la ville

plus en plus conscientes des problèmes issus de la ville périurbaine

et ne résout aucunement le problème. Si les quartiers de villas

notamment en terme de densité. La ville s’est trop largement

continuent à se développer, c’est la fin pour les grand complexes

répandue sans prendre en compte cet aspect. Les parcelles


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

2014

restées vierges à l’intérieur du tissu bâtit sont dotées de nouveaux

ÉVOLUTION POUR CHAQUE TYPE PAR PÉRIODE

plans de quartier qui favorisent la densification. L’on voit alors éclore des complexes entiers de duplo et de barre, aussi bien au

1954

1975

1996

2014

59

123

209

297

nord (Eikenøtt), qu’au Sud (deuxième partie de Mauverney). Ce

Villa individuelle

nouveau développement ne fait qu’augmenter le prix du terrain,

Barrette

6

51

106

162

faisant disparaître les dernières industries qui étaient présentes

Villa mitoyenne

5

18

63

105

sur le territoire communal. Mais, au vu du développement de l’arc

Industrie

0

74

88

88

lémanique, des entreprises du secteur tertiaire ont tôt fait de les

Plot

3

19

26

48

remplacer en y installant leur bureaux ( BUREAU, p. 42) avec parmi

Bâtiment agricole

16

25

37

37

elles le WWF et de l’UICN. Pour la première fois le développement

Villa rurale

36

36

36

36

de villas tend à ralentir. On assiste cependant à l’apparition, de

Villa close

0

0

0

33

nouveau types de maisons, la villa close ( VILLA

Duplo

0

10

10

22

profite des quelques aberrations de règlement pour se développer

Immeuble angle

5

5

17

21

près du littoral, enfouis dans la forêt, loin de tout, à l’image des

Domaine

7

11

20

20

Domaines. Ce développement à l’extérieur du tissu construit est

Barre

0

12

17

17

d’autant plus réglable qu’il reste encore des parcelles vides au

Bureau

0

3

10

13

centre ville qu’il conviendrai d’utiliser tant le manque de logements

Garage

1

5

7

9

dans la région se fait sentir.

École

1

3

5

6

Supermarché

0

0

6

6

Gare

1

2

2

3

Église

0

2

2

2

CLOSE,

p. 32) qui

111


DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

PARADOXE DE LA DENSITÉ GLANDOISE

1

DENSITE DU TISSUS CONTRUIT

112

2

3

4

1 2

3

4

DISTANCE AU CENTRE

Densité ville ordinaire

Avec un développement qui s’est principalement déroulé ces 50

tissu bâti extrêmement serré. Il vient ensuite des constructions

dernières années, à l’ère du transport individuel motorisé, la ville de

toujours plus récentes et de moins en moins denses pour arriver

Gland offre l’illustration parfaite d’une évolution alternative aux villes

jusqu’aux petits pavillons qui se trouvent presque à l’extérieur de

au long passé historique. En effet, si ces dernières se développent

la ville.

de façon radiale toujours depuis un centre bien défini, en général le centre historique, Gland s’est développé autour d’une constellation

Le

développement

de

Gland

s’est

passé

complètement

de centres plus ou moins définis sur l’ensemble de son territoire

différemment. Dès le début, le centre historique, qui n’était

communal. Pour plus de clarté, il convient ici de faire la distinction

en réalité qu’une agglutination de maisons, a perdu de son

entre deux notions de centres. Il y a d’abord le centre urbain, qui

importance au profit d’une constellation de nouveaux foyers.

propose en général plus d’activités que dans le reste de la ville

Cependant, parmi cette multitude de centres que compte Gland,

ainsi qu’une plus forte densité. Parallèlement, la notion de centre

deux pôles principaux se sont dessinés au cours de son évolution.

géométrique se définit comme étant le milieu du tissu bâti. Dans la

Ils se distinguent du reste de la ville aussi bien sur le plan de la

majorité des villes, le centre urbain et le centre géométrique sont

densité que de l’activité. Au nord, nous avons la vieille ville ainsi

indissociables. Ce n’est pas le cas de la ville de Gland, ce qui pose,

que les quartiers denses le long de l’autoroute auxquelles viennent

comme nous allons le voir, des problèmes évidents, mais il sera

s’ajouter l’école secondaire ainsi qu’un centre commercial. Au sud,

également intéressant d’y relever certaines qualités.

c’est le quartier de Mauverney qui remplit cette fonction de centre, avec son école primaire, sa Migros et ses différents complexes

La ville conventionnelle se développe à partir de son centre. Au fil

d’habitations denses. Si le vieux village avait déjà une fonction de

des ans les constructions s’éloignent de plus en plus du centre.

centre, ces deux pôles se sont principalement développés dans

En général plus la distance au centre est élevée, plus la densité

les année 70, suite aux volontés d’agrandissement des autorités

diminue. Ainsi au centre, nous avons le noyau historique, avec son

de l’époque ( DÉVELOPPEMENT

MULTIPOLAIRE,

p. 108). Au sein de


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

DENSITE DU TISSUS CONTRUIT

1

2

3

4

4

3

2 1

DISTANCE AU CENTRE

Densité ville de Gland

Gland, ils occupent aujourd’hui, la fonction que l’on peut retrouver

ville, alors qu’ici, on y fait encore pousser du blé. Si ce paradoxe

au centre des villes ordinaires. La ville s’est alors agrandie de ses

découle directement de ce développement polycentrique de la

deux pôles. Son développement ne s’est donc pas fait de manière

ville, il représente aussi une opportunité inespérée pour tenter de

concentrique depuis un point définit, à l’image de la tache d’huile,

rassembler ces deux entités de Gland pour ne former plus qu’un

mais d’avantage de manière archaïque. Il en résulte une multitude

ensemble unique. Toutes ces parcelles inexploitées sont autant de

de zones à faible densité autour de ces deux entités, qui viennent se

possibilités pour rectifier le tir et densifier. De plus, ce quartier de

rejoindre au niveau de la place de la gare, au centre de l’ensemble

la gare présente les conditions pour un développement fulgurant.

du tissu bâti glandois. Dès lors, cette zone est en quelque sorte

Avec des infrastructure de transport à portée de main, il est

un résidu du développement de la ville qui s’est opéré séparément

primordial de développer cette zone et tenter d’inverser quelque

entre la partie nord et la partie sud de la ville, chacune étant

peu la tendance de cette courbe de densité.

tournée vers son centre respectif. On y trouve essentiellement des constructions de faible densité et il n’est pas rare d’y trouver des champs encore en activité à quelques mètres de la gare. Ainsi la courbe de densité par rapport à la distance au centre est inversée. Nous nous retrouvons avec une densité extrêmement faible proche du centre avec ses parcelles inexploitées et ses quartier de villas et une plus forte densité en périphérie. On arrive au paradoxe, d’un centre proche des infrastructures de transport, largement sous exploité. Dans la ville traditionnelle, nous serions dans le centre dense bouillonnant d’activités de la

113


114

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

DÉVELOPPEMENT PARCELLAIRE

1

2

1

3

2

Le développement de la ville de Gland peut être étudié à différentes

2. Les agents immobiliers s’empressent donc de construire leurs

échelles. En observant la commune dans son ensemble, nous

immeubles. Les chantiers pour de telles constructions se suivent,

pouvons voir comment sa croissance polycentrique influence le

mais sont rarement groupés, leur emplacements sont dictés par le

tissu bâti ( DEVELOPPEMENT

p. 108). A l’échelle de l’îlot

bon vouloir des agriculteurs à vendre leur terrain. Ils représenteront

ou de la parcelle, nous pouvons identifier comment les bâtiments se

par la suite autant de foyers, pour la création de nouveaux quartiers.

sont additionnés les uns après les autres formant des ensembles et

3. La commune prend conscience du phénomène et édicte des

en densifiant la ville. Nous étudierons ici deux exemples de la ville de

règlements de construction auxquels les bâtiments qui viendront

Gland qui représentent chacun une échelle différente d’association

s’ajouter seront soumis. Ceci explique les différentes natures de

de bâtiments. Si ces cas sont des exemple précis et véridiques, ils

chaque bâtiment.

MULTIPOLAIRE,

restent néanmoins transposables pour nombre d’autres parcelles ou îlots à Gland tant ces situations se sont répétées.

Le deuxième exemple représenté ci-dessus se situe dans la même période de temps. Un individu acquiert un bout de terrain pour y

1. Le premier cas, fait référence aux développements au sud de

construire sa maison, il peut voir large, le prix au m2 est encore bas,

Gland. Jusque dans les années 60, le terrain n’est qu’un simple

et achète plus que nécessaire pour son verger et son jardin. 2.

champ exploité par les paysans du village. Voyant l’évolution que

Avec l’augmentation du coût du terrain, la surface minimum d’une

prend la ville, et l’augmentation du prix du terrain, les propriétaires

parcelle est abaissée à 800m2. Dès lors, il vend son terrain ou y

terriens vendent peu à peu leur terres pour se garantir une bonne

fait construire deux nouvelles villas mitoyennes histoire d’en tirer le

retraite. A l’époque, les autorités ne pensent qu’à la croissance de

meilleur profit. Nous voyons ainsi qu’un simple changement dans

la ville et il est aisé d’obtenir le déclassement des zones agricoles

le règlement peut influencer grandement le développement d’un

pour y construire du logement.

quartier et dans le cas précis en améliorer la densité.


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

PAROXYSME DU PAVILLON

Comme démontré dans le dictionnaire, le tissu glandois est très

public à Gland, demande de prendre en compte ces interfaces

diversifié, et l’on est bien loin de la monotonie pavillonnaire. D’un

successives. Celles-ci sont certes dues aux règlements, qui obligent

autre côté, tous les bâtiments, quelle que soit leur forme urbaine,

une mise à distance aux limites de propriété, (sauf dans le bourg),

ont le même rapport à la ville. Il y a une richesse des volumes, mais

mais en nier l’existence mènerait à une erreur architecturale.

une pauvreté des rapports à l’espace public. Ce no man’s land, entre le public et le privé ne doit pas être subi. Au Par pavillonnaire l’on entend en général la petite maison individuelle:

contraire ces filtres, obligés par un règlement, peuvent devenir un

un petit pavillon dans un jardin. A Gland, nous étendons cette idée:

outil de conception. Penser l’espace public à Gland, demande de

n’importe quel bâtiment est en fait une forme de pavillon. Le pavillon,

projeter, aussi pour cet espace résiduel de l’architecture de qualité.

dans cette réflexion, désigne non pas un volume mais un rapport à

Pour penser un espace public, il faut penser au bâtiment, à

l’espace public. Et, à Gland, tous les bâtiments ont le même rapport

l’interstice qu’il créera forcément entre la rue et lui, et indirectement

à l’espace public: le bâtiment n’est jamais accolé à la rue. Dans le

seulement, on pourra alors concevoir un espace public. On ne

domaine ( DOMAINE, p. 38) , par exemple, le bâtiment se trouve

peut agir sur B (l’espace public), alors il faut penser à agir sur A (le

derrière des couches de: parc, forêt, chemin privé, dépendance,

bâtiment privé) de façon à ce qu’il agisse sur B. C’est une forme de

parking, trottoir et route. Dans la villa individuelle ( VILLA INDIVIDUELLE,

conception indirecte de l‘espace public.

p. 18) il y un un peu moins de couches: jardin, haie, trottoir. Dans un bâtiment d’angle: espace de transition, trottoir route. Quelque soit le bâtiment, il existe à chaque fois des filtres entre le bâtiment privé et l’espace public. Il n’existe pas, comme dans la ville centre, de rapport direct et frontal. On ne peut plus, penser simplement un volume qui définira directement un espace public. Penser l’espace

115


116

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

NOLLI / GLAND

Lorsqu’il grave son fameux plan de Rome, en 1748, Giambattista

même les intérieurs d’Eglise: l’espace public est la structure. Il est

Nolli, établit non seulement un relevé précis de Rome, mais illustre

l’élément essentiel de la ville, auquel vient se subordonner l’espace

une façon de voir la ville qui sera encore d’actualité 250 ans plus

privé (le plein bâti).

tard. Il dessine la ville par son vide. C’est certes le plein qui est poché en noir, mais seulement pour mettre en évidence le vide. Ce

Si cette forme de bâtir la ville est efficace, elle pose en revanche

sont les rues, les places, les espace publics en général qui sont

des problèmes. L’espace public, au centre de l’attention, relègue

montrés.

le plein au second rang. Comme ces derniers ne sont qu’un remplissage, et donc un résidu, les qualités architecturales au

Cette vision de la ville, on la retrouve encore au 20e siècle. Chez

sein des îlots (lumière, air, espace, etc.) ne sont pas forcément

Berlage dans son plan d’Amsterdam Sud, Otto Wagner pour

bonnes. En réponse à ces conditions hygiéniques, apparaissent

Vienne en 1911 ou encore Eliel Saarinen pour Helsinki. Toutes ces

des alternatives. C’est, d’une part la série des cité-jardin anglaises

opérations de grande ampleur montrent une ville semblable à ce

du début du 20e siècle, mais aussi les Siedlungen allemandes des

qu’avait dessiné Nolli: ce sont les vides, bien que non dessinés,

années 20-30. Commencer par le plein plutôt que le vide dans

qui structurent le plan. On peut lire dans ces plans que l’architecte

la conception du projet, permet de contrôler les problèmes que

a commencé par tracer les rues, dans le souci d’organiser la ville,

supposait l’îlot fermé de la ville. On tombe dans le problème inverse.

puis à remplir le résidu entre ces connexions par du bâtiment. Bien

On peut maintenant contrôler le plein, mais le vide n’est plus qu’un

que l’on construise le bâtiment, le vide est la règle, la trace. En fait,

résidu. Un volume privé crée un espace privé.

le bâtiment, dans cette logique n’est qu’une non-rue. La lecture est tout le temps la même: une masse bâtie dans laquelle des

Le Corbusier avec son plan Voisin, apporte une autre réponse: les

rues sont tracées. Le plein n’existe que pour définir un vide, pour

bâtiments sont ponctuels. Ceux-ci sont alors dégagés de toute

donner forme à l’espace public. C’est pour cela que Nolli dessine

contiguïté du tissu. Comme le point n’a pas de direction, il n’est


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

plus apte à définir un espace public clairement délimité. Il offre en

vu la nature du tissu, impossible d’avoir assez de masse pour

retour des conditions de lumières idéales pour tous. Le vide n’existe

définir une spatialité. L’enjeu est donc de trouver comment on peut,

plus comme geste conceptuel, mais comme résidu du tissu bâti.

dans une logique discontinue, atteindre une qualité spatiale que l’on trouve d’ordinaire dans un tissu continu.

Une ville comme Gland est narcissique: au travers du pavillon s’exprime l’individu alors que la ville dense est l’expression de la collectivité. Ici tous sortent du lot. Dans sa forme générale, c’est le paradigme du Plan Voisin qui régit la ville: tous les bâtiments sont détachés de leurs voisins, et offrent ainsi des conditions optimales pour l’individu. Dans une échelle du quartier, les zones villas et petits ensembles font immanquablement penser aux cités jardin, et petites Siedlungen. Si ces Siedlungen peuvent créer un espace, il reste généralement privé et surtout local. Des tentatives de créer un espace urbain ont été faites à Gland: les écoles en sont un bon exemple - les nombreuse manifestations qui y on lieu en sont la preuve. Le problème de ces interventions est que l’espace créé, bien que de qualité, est introverti, et n’ouvre pas directement sur la ville. Fabriquer un espace public dans le cas du tissu dense est facile: il suffit d’en dessiner les contours avec de la masse bâtie. A Gland,

117


118

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

ÎLOT AVORTÉ

Comme nous l’avons vu au chapitre «Paroxysme du pavillon»

de luminosité ou d’aération qui ont vivement suscité la critique de

( PAROXYSME DU PAVILLON, p. 115), la ville de Gland est construite de

la part des architectes modernes, qui se mirent alors à proposer

façon discontinue. Il n’existe pas, à l’exception du bourg, de front

des systèmes fonctionnant en barre à l’image des Siedlungen de

bâti continu. Nous pensons que malgré cette absence de front bâti,

la Neue Sachlichkeit. L’on gagnait en lumière et qualité de vie, en

il existe un équilibre, une sorte de pondération des masses entre

perdant de la ville et de la collectivité. L’îlot avorté de Gland semble

elles qui calme le tout. Il y a une double orientation de la ville: d’un

avoir pris le meilleur de ces deux entités. L’on a d’une part le volume

côté une fragmentation pavillonnaire, et de l’autre cet équilibre qui

de l’îlot traditionnel qui reste suggéré, même s’il est ouvert, pour

semble tout de même apporter des éléments d’une collectivité. Une

des raisons de règlements et de parcelles, sa lecture n’en est pas

sorte de schizophrénie entre l’aspiration à l’individualité de chaque

entravée et l’on distingue toujours les deux types d’espaces qu’il

objet isolé et une force invisible collective qui semble se développer

produit. D’autre part, la discontinuité du bâti règle les problèmes

en filigrane dans Gland. Nous baptisons ce phénomène îlot avorté.

d’apport de lumière et d’air, sans pour autant diminuer la force de l’îlot et de son espace central et collectif.

L’îlot traditionnel, que l’on retrouve dans toutes les villes, présente en général le même schéma: un front bâti sur les quatre côtés, et

Ce phénomène nous amène à un second point: la capacité des

une cour au centre. L’avantage de cette forme, est sa capacité

bâtiments de Gland de tisser des liens entre eux tout en étant

à définir précisément deux espaces distincts: d’une part la rue

séparés. L’îlot avorté, malgré sa discontinuité, parvient à recréer

et d’autre part, un espace intérieur calme, protégé de la ville et

la spatialité de l’îlot traditionnel. Dans ce dernier, les objets doivent

propice à une appropriation collective, susceptible d’engendrer de

être en contact pour générer un espace, c’est le contact physique

la vie sociale. Il crée un intérieur et un extérieur. Cependant, cet

qui détermine l’espace. Ici, les objets arrivent au même résultat en

espace intérieur peut aussi devenir un défaut s’il est mal pensé.

étant mis à distance. Les objets composent entre eux, à distance

Le cas des Werkhöfe viennois, par exemple, révèle des problèmes

les uns des autres, un nouvel espace.


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

Prenons des aimants, qui seraient placés de façon à ce que leur force

crée est divisée entre chaque entité, subdivisées par des haies,

d’attraction compensent très exactement leur force de frottement

remplie de jardins individuels. Dans cet espace qui aurai pu servir

sur la surface. Ils seraient alors dans un équilibre stable, mais

à la collectivité en proposant une place calme légèrement en retrait

précaire. D’apparence, il régnerait un calme dans la composition,

du trafic, il n’est pas rare d’y retrouver un parking ou la sortie des

et sans savoir leur nature d’aimants, il semblerait alors qu’il soient

installations techniques. Il y a bien une aspiration à la collectivité,

disposés de façon aléatoire. Toutefois, il suffit d’en déplacer un

mais elle est toujours entravée par l’individualité. La contradiction

seul pour s’apercevoir que tout le système s’écroule alors. Le

entre les deux que cela soulève révèle peut-être que la ville est en

mécanisme est révélé: un équilibre subtil et profond régnait en fait

avance sur l’individu. Et que c’est l’aspiration à l’individualité qui

dans la composition, maintenue grâce au placement très exact des

freine une vision collective de la ville.

éléments entre eux. L’îlot avorté obéit exactement à cette logique. La force qui agit est cette aspiration de Gland à dépasser son stade

L’îlot avorté est un mélange subtil entre privé et collectif. Sa forme,

pavillonnaire pour devenir enfin un endroit plus collectif, une ville.

est sans doute ce qui peut se faire de plus urbain à Gland. Elle

Sans doute existe-t-il de telles forces de composition entre tous

est une des pistes à explorer pour donner un caractère urbain au

les éléments de la ville en faisant un paysage où les masses se

périurbain. Son traitement à l’échelle de l’individu devrait aller dans

pondèrent.

le sens de la cohérence spatiale inhérente à l’îlot avorté.

Toutefois, derrière ce concept de collectivité se cache encore le problème de l’individualité. Si l’on peut aisément lire la composition qui régit la disposition des volumes bâtis à l’échelle d’un quartier ou d’un îlot, il en va autrement de l’échelle individuelle. La cohérence d’ensemble de l’îlot avorté est en partie entravée. La cour qui a été

119


120

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

MANUEL POUR LA CONSTRUCTION D’UN PÉRIURBAIN

1.

5.

Gland n’a pas encore achevé sa transformation du village à la ville.

Le développement de Gland est une constante recherche

Elle traîne encore derrière elle une réputation de ville périphérique.

d’équilibre entre nord et sud. Les voies CFF ayant coupé en deux

Or, elle possède aujourd’hui tous les atouts nécessaires pour se

la ville, il faut considérer Gland dans son ensemble. Si Gland est

libérer de cette image. Dès lors, quelques interventions ponctuelles

une balance, il ne faut pas chercher à équilibrer les plateaux, mais

bien menées suffiront à achever sa éclosion.

simplement n’en avoir plus qu’un. Il est impératif de joindre les parties nord et sud au niveau de la place de la gare et penser Gland

2.

depuis ce nouveau centre.

Avant toute intervention, il est nécessaire de prendre conscience de la richesse du tissu glandois. L’emploi de la méthode d’analyse

6.

critique par le dessin constitue un outil pertinent pour comprendre

L’espace public glandois découlera d’une composition équilibrée

ces enjeux.

entre plusieurs bâtiments séparés, non de la sculpture dans une masse bâtie. La non contiguïté est le nouveau paradigme de la

3.

construction d’espaces publics périurbains.

Les différents pôles autour desquels Gland s’est développé se sont rejoints, laissant ça et là des parcelles encore complètement

7.

vierges entourées de tissu bâti. Avant toute expansion de la ville, il

L’espace résidu découlant du règlement de distance à la parcelle

faut combler ces vides.

doit obtenir des qualités d’espace public.

4.

8.

Ces vides à l’intérieur du tissu bâti sont autant d’opportunités

L’artisanat et les bureaux doivent être réintroduits dans le centre.

pour rectifier le tir et corriger les problèmes survenus lors du

L’activité qu’ils génèrent seront un vecteur important pour rendre le

développement de ces 50 dernières années. Ils permettront

centre attractif et vivant.

notamment de densifier la ville.


APPENDICES



APPENDICES

BIBLIOGRAPHIE

124

TABLE DES MATIÈRES

125


124

DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS | ANALYSE

BIBLIOGRAPHIE

BASSAND Michel,

LAMPUGNANI Vittorio Magnago,

Cités, villes, métropoles: le changement irréversible de la ville.

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non-composition,

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GONIN Adolphe, WURGLER André,

ZEPF Marcus, ANDRES Lauren,

Gland, Du village à la ville, 1986-2000, Cabédita, Gland, 2000.

Enjeux de la planification territoriale en Europe, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2011

GRUBER Karl, Die Gestalt der deutschen Stadt : ihr Wandel aus der geistigen Ordnung der Zeiten, Callwey, München, 1976 HERVOUET Vincent, “La sémantique périurbaine, ou comment se repérer dans un dédale de mots et d’expressions”, Cestan - Université de Nantes, 2001


ANALYSE | DICTIONNAIRE ILLUSTRÉ DU BÂTI GLANDOIS

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION Introduction

8

05 | Plot

76

8

06 | Bâtiment agricole

77

Vers un dictionnaire

10

07 | Maison rurale

78

Clef de détermination

12

08 | Villa close

79

09 | Duplo

80

TYPOLOGIE

15

10 | Bâtiment d’angle

81

01 | Villa individuelle

18

11 | Domaine

82

02 | Barrette

20

12 | Barre

83

03 | Villa mitoyenne

22

13 | Bureaux

84

04 | Industrie/artisanat

24

14 | Bâtiment communal

85

05 | Plot

26

15 | Station service

86

06 | Bâtiment agricole

28

16 | École

87

07 | Maison rurale

30

17 | Supermarché

88

08 | Villa close

32

18 | Gare

88

09 | Duplo

34

19 | Clinique

88

10 | Bâtiment d’angle

36

20 | Église

88

11 | Domaine

38

12 | Barre

40

ENSEMBLES

93

13 | Bureaux

42

Type d’ensembles

96

14 | Bâtiment communal

44

Espace cour

15 | Station service

46

Espace linéaire

100

16 | École

48

Espace fluide

102

17 | Supermarché

50

18 | Gare

52

ANALYSE

105

19 | Clinique

54

Développement multipolaire

108

20 | Église

56

Paradoxe de la densité glandois

112

Développement parcellaire

114

OCCURRENCES

59

Paroxysme du pavillon

115

01 | Villa individuelle

62

Nolli/Gland

116

02 | Barrette

65

Îlot avorté

118

03 | Villa mitoyenne

70

Manuel pour un périurbain

120

04 | Industrie/artisanat

73

APPENDICES

121

97

125



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