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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News Networks©
Sommaire
Mensuel • 35e année • n° 378 - Février 2014
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Nouvelles des Églises adventistes
Yaoundé, Cameroun - Plusieurs adventistes tués au cours de troubles politiques en République Centrafricaine Grenoble, France - Nouvel An chinois
Silver Spring, États-Unis - Les aadventistes se joignent à d’autres pour dénoncer la mutilation génitale féminine
Fédération protestante de France
Paris, France - La triste fin du Collège Cévenol
Strasbourg, France - Des pasteurs alsaciens réclament un débat ouvert sur la bénédiction des couples homosexuels
Protestantisme international
Genève, Suisse - Comment continuer à prêcher dans une société sécularisée ?
L’œcuménisme
Genève, Suisse - Le vote suisse limitant l’immigration préoccupe le COE
Liberté religieuse
Bulletin publié par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des Pépinières 1020 Renens, Suisse. Rédaction Tél. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiqués peuvent être reproduits avec mention de la source : BIA
Madrid, Espagne - La Faculté de droit de l’université Complutense de Madrid a accueilli un événement international sur la Liberté religieuse
Bruxelles, Belgique - Les aspirations à la protection du jour dominical
Sociologie des religions
Genève, Suisse - Le combat spirituel laisse-t-il la place à la démocratie ?
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon Rédaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra Jéthro Camille Dominik Frikart Corrado Cozzi Secrétaire de rédaction Dina Lambert
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Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Yaoundé, Cameroun - Plusieurs adventistes tués au cours de troubles politiques en République Centrafricaine
Un adventiste a été tué par une arme à feu en République Centrafricaine, le mois dernier, le dernier d’une liste d’adventistes victimes de violence sectaire au sein de cette nation. Emeryc Patrick Dalikouba, 21 ans, fils d’un pasteur adventiste a été abattu le 21 décembre dernier, devant la maison de son père. Le pasteur Jean Jacques Gueret, président de l’Église adventiste dans ce pays a déclaré que E.P. Dalikouba était « un jeune homme dynamique, engagé dans le mouvement de la Jeunesse adventiste. » J.J. Gueret a déclaré que trois autres jeunes adultes adventistes avaient été tués en avril dernier. Il a ajouté que les adventistes n’avaient pas pris part aux troubles civils entre les groupes musulmans et chrétiens. La violence a débuté au sein de cette ancienne colonie française en mars dernier, après qu’une coalition rebelle, des musulmans pour la plupart, ait installé leur dirigeant, Michel Djotodia, à la tête du pays. Cette démarche a déclenché une attaque de la milice chrétienne. Plus de 1000 personnes ont trouvé la mort au cours de ces six dernières semaines selon le New York Times. Depuis, M. Djotodia a démissionné de ses fonctions au début de ce mois et un parlement transitoire a élu, le maire de Bangui, la capitale, à savoir Catherine Samba-Panza au poste de présidente par intérim. C’est la première femme à se retrouver à la tête de ce pays. Plus de 886 000 personnes ont été déplacées à cause de la violence et ils sont quelque 86 000 à avoir trouvé refuge dans les pays voisins. Selon le Wall Street Journal, les Nations Unies ont désigné la République Centrafricaine comme un des trois pays ayant le plus besoin d’aide humanitaire, au côté de la Syrie et des Philippines. « Nous prions pour le tout nouveau leader de ce pays, » a déclaré le pasteur Gueret, président adventiste de ce pays. « Nous souhaitons tous voir cesser cette violence. » Cette nation d’environ 4,6 millions d’habitants compte 10 600 adventistes.
(FFS/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Grenoble, France - Nouvel an chinois
Préparée dans la prière à Grenoble, à Genève, mais aussi en Chine et au Canada, En Jie, membre adventiste originaire de Chine a sensibilisé ses amies et sa famille à son désir profond d'inviter des personnes, asiatiques, isolées, à un Nouvel An chinois dans le but de leur témoigner sa foi. Quinze jeunes étudiants chinois, japonais, coréens, congolais, français ont répondu à l'invitation : « Ne reste pas seul pendant cette fête du Nouvel An chinois » — le samedi 1er février 2014.
L'Église s'est donc engagée dans l'organisation de cette soirée faite de jeux, de contacts chaleureux et d'un repas traditionnel chinois pour quarante personnes. « L'Espace Temps », annexe de l'Église, fut décorée pour la circonstance entre autres avec le texte en chinois, coréen et vietnamien, des vœux de Dieu contenus dans le livre de Jérémie ch. 29, v. 11. Les jeunes étudiants, mais aussi d'autres personnes, ont été contactés et invités directement sur le campus universitaire où ils vivent. À plusieurs reprises nous nous sommes dits : nous apportons nos cinq pains et nos deux poissons au Seigneur... il en fera quelque chose... La soirée prévue initialement de 19 à 23 heures s'est prolongée jusqu'à 1h du matin, avec des échanges, des questions sur ces lieux, sur cette Église, sur nos motivations. Des expressions fortes de satisfaction ont été exprimées de leur part : « Avec toi, c'était comme avec notre maman. » « C'était comme chez nous, en Chine. » Une jeune fille, étudiante, a invité d'autres étudiants en leur disant : « Venez, c'est une maman chinoise qui nous invite... ». Les jeunes sont repartis le cœur réjouit et les bras chargés de nourriture devenue abondante, d'autres ont pris le texte biblique pour l'afficher dans leur chambre. Le désir d'En Jie était de témoigner, de créer des liens pour partager le message d'espérance de notre Église avec les gens de sa culture ; le pari est réussi. Tous nous ont laissé leurs coordonnées pour être recontactés et pouvoir vivre de nouveaux temps de qualité ensemble. Ce n'est donc que le début de l'aventure, d'autres moments sont d'ores et déjà envisagés, entre autres, un voyage culturel à Genève avec une visite du Campus Adventiste du Salève.
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Silver Spring, Maryland, États Unis – Les adventistes se joignent à d’autres pour dénoncer la mutilation génitale féminine
Le 6 février fut la Journée Internationale de la Tolérance zéro à la mutilation génitale féminine (FGM), et les Adventistes du septième jour font partie des nombreuses dénominations, ONG et autres organisations qui œuvrent pour mettre un terme à cette pratique. La FGM, souvent appelée à tort, la circoncision féminine, est pratiquée dans près de 30 pays en Afrique et en Asie. Des jeunes filles sont soumises à des opérations qui de manière intentionnelle altèrent ou provoquent des blessures au niveau de leurs organes génitaux pour des raisons non-médicales, souvent dans le cadre de cérémonies ou traditions culturelles marquant le passage à la majorité. La FGM est quelquefois considérée comme un symbole et certains de ceux qui la pratiquent disent que cela permet de contrôler la sexualité et promeut la chasteté. Parmi les effets causés, il y a des infections, des douleurs chroniques et l’infertilité. Les Nations Unies ont banni la pratique en 2012. L’Organisation Mondiale de la Santé estime que 40 millions de femmes en sont victimes. Beaucoup de personnes, surtout dans les pays occidentaux, ne sont pas conscientes de la réalité de la
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FGM et sont choquées d’apprendre son existence. Les Adventistes sont opposés à cette pratique, d’après ce qu’indique un document adopté en l’an 2000 par le Comité sur la Vision chrétienne de la vie humaine, mis en place par l’Église adventiste. « Notre Église devrait continuer à rechercher avec amour des moyens de décourager cette pratique et aussi éduquer sur les dangers qu’elle comporte, » a déclaré le Dr Peter Landless, directeur des Ministères de la Santé pour l’Église adventiste mondiale. « C’est notre souhait que les jeunes femmes puissent grandir de manière naturelle comme Dieu les a créées. » P. Landless a invité à avoir du respect pour la culture et de la considération pour celles qui sont victimes de cette pratique. « Il est très important pour nous de ne pas en rajouter au sujet de cette pratique de mutilation en laissant penser que de tels patients seraient dans la honte de manière irréversible, » a encore précisé le Dr Landless. « Une telle attitude ou approche peut leur donner le sentiment qu’ils sont moins que des personnes normales. De plus, il y a des millions de femmes touchées et il faut s’en soucier de peur que la question ne devienne une confrontation entre cultures, plutôt qu’une préoccupation compatissante pour le bien-être des femmes et leur statut dans la société. » Heather-Dawn Small, directrice des Ministères de la femme pour l’Église adventiste mondiale a déclaré que son département au siège mondial de l’Église ainsi que ses collaboratrices dans les communautés locales continuent de promouvoir la prise de conscience au sujet du problème de telle sorte qu’il disparaisse. « Nous faisons ce que nous pouvons pour aider et amener la guérison à nos sœurs qui ont souffert de la FGM en mettant en place des foyers pour les victimes, en allant dans les communautés où la pratique se poursuit sur les jeunes filles afin d’aider à mettre un terme à cette pratique par le biais de l’éducation. » Le Kenya est un pays où l’Église adventiste à travaillé pour lutter contre la FGM. Le centre de Secours Kajiado est un foyer de secours et un centre éducatif pour jeunes filles qui célèbrent l’adolescence avec un rite alternatif. « Cela est considéré comme une bénédiction par beaucoup de familles dans beaucoup de villages, » a déclaré Denise Hochstrasser, responsable des Ministères des Femmes dans la Division Intereuropéenne, qui aide à sponsoriser le projet. Le gouvernement du Kenya s’est déjà mis au travail pour éradiquer la FGM. En 2001, l’association Children’s Act a fait de la soumission des enfants à la FGM un acte criminel et la nouvelle Constitution, approuvée en 2010, propose des clauses visant à protéger les enfants de toute pratique culturelle qui mettrait leur santé en danger. ADRA (Agence adventiste de développement et de secours) a aussi travaillé au Kenya avec des projets anti-FGM au fil des années. Un projet récent a aidé à éduquer plus de 2 500 personnes sur ce sujet avec des jeunes filles présentant des chants et des sketches sur la question devant leurs familles et des responsables du gouvernement. L’initiative a également permis la formation de 189 formateurs qui doivent travailler avec des leaders de communautés pour favoriser la prise de conscience sur ce problème. Le programme a aussi aidé à soutenir ceux qui auparavant avaient pratiqué la FGM avec d’autres activités générant des revenus.
Cette année, ADRA met en place un programme appelé Programme de valorisation des jeunes filles dans la province de Nyanza, dans l’ouest du Kenya. Le projet propose un cours de perfectionnement des compétences de 10 semaines qui comprend des modules sur les relations saines et les dangers de la FGM. « Prendre part aux efforts faits par l’Église dans cette initiative globale visant à favoriser la prise de conscience au sujet de cette question est seulement l’une des nombreuses façons dont ADRA s’engage à valoriser les femmes et les jeunes filles à travers le monde, » a déclaré Jason Brooks, un manager de programmes à ADRA. En Allemagne, l’année dernière, l’Hôpital adventiste de Berlin a ouvert le Centre de la Fleur du désert, un centre de reconstruction chirurgicale après FGM en partenariat avec le top model Waris Dirie, une des avocates de la lutte contre les FGM les plus en vue dans le monde. « Depuis toujours, l’Église adventiste cherche à restaurer l’image du Créateur et à éviter d’ajouter du chagrin et de la douleur à ceux qui souffrent, » a déclaré le Dr Landless, le directeur des Ministères de la santé de l’Église adventiste.
Fédération protestante de France
(Réforme/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – La triste fin du Collège cévenol
Le Collège Cévenol, l'un des établissements emblématiques du protestantisme, cherche un repreneur. Il y a un an, le Collège cévenol s’était doté d’une nouvelle équipe et d’un nouveau projet pédagogique qui ne manquait pas d’ambition. Le sauvetage était envisageable, à condition de trouver le nombre d’élèves suffisant pour assurer un équilibre financier. La situation n’était pas alarmante car, si le collège avait des problèmes de trésorerie, il était propriétaire d’un riche patrimoine immobilier. L’année dernière, le collège comptait 120 élèves et la direction estimait qu’il lui en fallait 170 pour assurer son équilibre. Malgré de gros efforts de promotion, le nombre d’élèves a chuté à 97 et l’établissement enregistre cette année une perte d’exploitation de 400 000 euros. Un administrateur judiciaire a été désigné et lors de l’assemblée générale, le conseil d’administration a annoncé qu’il n’était pas possible d’envisager la poursuite de son activité. Il s’est engagé à terminer l’année scolaire, mais il cherche un repreneur pour la suite. Les autres établissements protestants ont été approchés, mais aucun n’a souhaité s’engager dans le sauvetage de cet établissement emblématique. La fin d’une belle histoire Le Collège cévenol a été créé en 1938 alors qu’André Trocmé et Édouard Theiss étaient les pasteurs du Chambon-sur-Lignon. L’idée était de permettre aux enfants du Plateau de faire des études. Dès sa fondation, le collège est marqué par des innovations pédagogiques : il est mixte, ce qui est une rareté à l’époque, et il ne comporte ni murs ni grilles. Après la guerre, il s’agrandit et accueille, en plus des enfants de la région, des fils et filles d’expatriés. Le nombre d’élèves commence à diminuer à partir des années 1980. Le collège vit sur sa réputation et connaît un déclin progressif.
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C’est l’époque où les internats sont moins recherchés. En outre, des collèges et des lycées publics se construisent dans la région. L’équipe dirigeante est alors incapable d’adapter son projet à cette réalité nouvelle. En 2009, la situation est tellement dégradée qu’on envisage un dépôt de bilan. Au nom de l’histoire du collège, une nouvelle équipe dirigeante qui ne se résigne pas à la fermeture de l’établissement arrive dans le conseil d’administration et met en place un nouveau projet pédogogique et une nouvelle communication. Le plan commence à porter ses fruits puisque, à la rentrée 2011, pour la première fois depuis des années, le nombre des inscrits est à la hausse. Le meurtre de la jeune Agnès Marin Mais, le 18 novembre 2011, une élève, Agnès Marin, est assassinée par un garçon du collège. L’affaire a un retentissement national et le collège ne s’en remettra pas. La grande majorité des familles a conservé sa confiance à l’équipe dirigeante, mais il est devenu difficile de recruter de nouveaux élèves : « Quand des parents cherchent un internat pour leur enfant et qu’ils envisagent de l’inscrire au Collège cévenol, ils font une recherche sur Internet et la première chose qu’ils apprennent est la mort de la jeune Agnès. On comprend qu’ils ne soient pas encouragés à poursuivre », déclare un de ses responsables. Le conseil d’administration et l’administrateur judiciaire cherchent désormais un repreneur, si possible dans le domaine de l’éducation, avec le soutien actif d’Éliane Wauquiez, la maire du Chambon-sur-Lignon. Le site est magnifique et les bâtiments sont bien placés. Si l’établissement redémarre, ce sera forcément sous un autre nom. Une belle page de l’histoire du protestantisme se tourne.
(France3/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Strasbourg, France – Des pasteurs alsaciens réclament un « débat ouvert » sur la bénédiction des couples homosexuels
Sans se prononcer explicitement en faveur de la bénédiction des unions homosexuelles, les signataires de ce manifeste estiment que « tout amour sincère, libre et responsable est l'expression d'une création bénie de Dieu ». Ils disent « rêver » d'une Église qui puisse « dépasser les préjugés et les jugements portés les uns sur les autres » et, après la légalisation en France du mariage entre personnes du même sexe, débattre « avec sérénité » et dans un « esprit de fraternité » des questions touchant notamment à la sexualité. Dans la tradition protestante, les pasteurs ne célèbrent pas formellement de mariages, considérés comme l'affaire des autorités civiles, mais se contentent de célébrer des bénédictions pour des couples mariés civilement. Par cet appel du pied, les pasteurs alsaciens veulent inviter l'Église « à trouver une bénédiction qui n'exclut pas les gens », a expliqué le pasteur de la paroisse Saint-Thomas à Strasbourg Christian Greiner, l'un des signataires. Dans un message sur Facebook, les pasteurs à l'origine du manifeste parmi lesquels Christophe Kocher, responsable de la paroisse Saint-Guillaume à Strasbourg, ont rappelé qu'ils ne se posent pas en « groupe de pression », mais souhaitent exprimer un « souhait fort d'un débat ouvert », et « respectueux »,
où « la messe n'est pas dite d'avance » et « serein, sans excommunications mutuelles ». La mise en ligne de ce texte intervient quelques jours seulement après la publication, par l'UEPAL, d'un document théologique préparatoire visant à recenser les arguments pour et contre sur cette question, qui sera débattue au sein d'une l'assemblée de l'UEPAL les 28 et 29 juin prochain. Les institutions protestantes "historiques" (réformées et les luthériennes) qui réclament un débat sans a priori se distinguent de celles des courants évangéliques, qui partagent avec l'Église catholique le refus de reconnaître les couples homosexuels.
Protestantisme international
(Protestinfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse – Comment continuer à prêcher dans une société sécularisée ?
En Suisse, plus de 2000 prédicateurs montent en chaire chaque dimanche. La Fédération des Églises protestantes de Suisse lance, pour la première année, le Prix de la prédication. Les participants ont jusqu’au 31 mars pour envoyer leur création. « Nous souhaitons susciter un débat autour de la prédication tout en valorisant cette tradition chère aux Églises de la Réforme », explique Simon Butticaz, responsable du projet du Prix suisse de prédication. Toutes personnes, pasteurs ou laïques, ayant prêché dans une Église protestante ou libre de Suisse, peut s’inscrire au concours. Les participants doivent envoyer une version écrite d’une de leur prédication avec un descriptif du contexte. Elle doit avoir été prononcée publiquement et « s’inscrire dans la réalité d’un lieu d’Église ». Une soixantaine de personnes ont déjà envoyé leur texte. « Nous en espérons une centaine d’ici le 31 mars », indique Simon Butticaz. Les quatre régions linguistiques de Suisse participent au concours. « Pour l’instant, nous n’avons pas encore reçu de prédication en italien et en romanche ». Le jury, constitué de pasteurs, théologiens et journalistes, est divisé en deux catégories. La moitié s’occupe des textes français et italiens et l’autre évalue des créations en allemand et en romanche. Qu’est-ce qu’une bonne prédication? « Une bonne prédication transmet les enjeux d’un texte biblique au public en tenant compte de la société actuelle et du contexte », explique la pasteure réformée Line Dépraz, membre du jury et conseillère synodale de l’Église évangélique du canton de Vaud. « Je ne m’attends pas à une explication de texte, mais à ce qu’on me communique un message en utilisant éventuellement des paraboles ou des images », ajoute-t-elle. « Ce concours vise à stimuler la créativité et la réflexion. Les participants peuvent transgresser le genre », précise Simon Butticaz. Cette année, les prédications seront jugées uniquement par rapport à leur version écrite. « Cela permet à des pasteurs retraités qui auraient prêché, il y a plusieurs années, de participer également. Lors d’une prochaine édition, nous allons peut-être proposer une catégorie audiovisuelle ».
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Le 2 novembre 2014, une ou plusieurs prédications, dans les deux catégories, seront récompensées par un prix de 3000 francs suisses au total. Les meilleurs textes seront également publiés dans un ouvrage.
œcuménisme
(COE/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse – Le vote limitant l’immigration préoccupe le COE
Au lendemain du référendum qui, en Suisse, a vu la victoire du « Oui » à des restrictions à l'immigration provenant de l'Union européenne (UE), le Conseil œcuménique des Églises (COE) a mis en garde contre les « effets négatifs » d'une telle décision sur le COE et sur d'autres organisations internationales installées en Suisse. « Nous soutenons nos Églises membres ici, en Suisse, qui ont affirmé sans ambages que la Suisse devait demeurer une terre d'accueil de l'étranger », a déclaré lundi 10 février le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, organisation dont le siège est à Genève. Le référendum qui s'est tenu en Suisse le 9 février a donné une courte majorité de 50,3% en faveur de l'instauration de quotas d'immigration stricts, ce qui aura des répercussions sur l'accord de libre circulation entre la Suisse et l'Union européenne. La Suisse n'est pas membre de l'Union européenne mais elle s'est alignée sur de nombreuses politiques de l'Union. Selon le pasteur Tveit, « ce vote peut avoir d'autres répercussions qui auront des effets néfastes sur le COE et les autres organisations internationales installées à Genève et sur tout le territoire suisse. » « Nous dépendons de la diversité des membres de notre personnel et les dons qu'ils apportent sont le reflet de notre communauté mondiale d'Églises. Afin de pouvoir maintenir cette situation, nous attendons un complément d'informations de la part des autorités genevoises et suisses sur les conséquences d'une modification de la législation », a-t-il ajouté. Bruxelles a déploré le résultat du vote, qui intervient alors que la question de l'immigration et de ses effets sur la circulation des individus fait de plus en plus débat en Europe. Les médias affirment que la remise en cause de la libre circulation des personnes limitera l'accès de la Suisse au marché unique européen, qui représente un débouché pour plus de la moitié des exportations suisses.
Liberté religieuse
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Madrid, Espagne - La Faculté de droit de l’Uni-
versité Complutense de Madrid a accueilli un événement international sur la liberté religieuse Du 17 au 20 janvier, l’Institut des droits de l’homme et l’AIDLR (Association internationale pour la défense de la liberté religieuse) ont tenu une conférence internationale sur « La liberté religieuse et les minorités religieuses » sur le Campus de l’Université Complutense de Madrid, une université vieille de sept siècles. Cet événement a rassemblé des douzaines d’experts connus, des politiciens et des juristes, dont des adventistes.
Ceux qui prônent la liberté religieuse en Europe, espèrent qu’une conférence académique tenue en Espagne pourrait permettre une reconnaissance de la cause de la liberté religieuse à l’égard des minorités confessionnelles au sein de la nation espagnole et dans les États avoisinants. Intervenant au cours de cette conférence, Alexy Koshemyakov, responsable du Département national des minorités et de l’anti-discrimination, au sein de Conseil européen de Strasbourg, a plaidé en faveur d’une institution européenne dont le but serait de traiter les questions liées à la liberté religieuse. Il a également fait un bref survol des derniers développements en ce qui concerne les dialogues inter-religieux en Europe. « Peut-être que cela pourrait permettre l’ouverture des portes, un jour, en ce qui concerne la liberté religieuse au sein de ce pays, » a déclaré John Graz, le secrétaire général de l’Association internationale pour la Liberté religieuse (IRLA). Près d’une centaine d’étudiants en droit de l’Université Complutense de Madrid qui était l’organisateur de l’événement, se sont joints aux participants pour les discussions du soir. La conférence s’est principalement attachée à trouver l’équilibre nécessaire entre les besoins des minorités religieuses et ceux de la société en général. Jeremy Gunn, professeur des Études internationales à l’Université Al Akhawayn, au Maroc, a déclaré que les plus grands conflits avaient lieu au sein des confessions religieuses plutôt qu’entre elles, alors que les sectes religieuses tentent d’asseoir leur autorité. « Il y a des minorités au sein même des religions, » a déclaré J.Gunn. « La tolérance et le respect devraient être une des valeurs fondamentales de chaque groupe. » Les participants ont également discuté de la manière dont les gouvernements, les groupes religieux, les académies et la société civile pourraient promouvoir et protéger la liberté religieuse. Belen Alfaro, ambassadeur de l’Alliance des civilisations pour le compte des Nations Unies, a mis l’accent sur le besoin « pour une culture de paix qui viendrait combattre l’intolérance à travers le dialogue. » Le président de l’AIDLR, Bruno Vertallier était aussi de cet avis. « Mon souhait est que nous puissions établir de nouvelles voies pour la liberté religieuse, la tolérance et le respect, à travers le dialogue, » a-t-il déclaré. Ganoune Diop, qui assure la liaison entre la Conférence générale des Églises adventistes et l’Organisation Nations Unies (ONU) a déclaré qu’il était essentiel de se rappeler que la dignité était à la base de tous les droits humains et que la liberté religieuse en faisait partie. « La dignité est un sceau divin et sacré, » a déclaré G. Diop. « Chaque être humain a de la dignité car chaque être humain a été créé à l’image de Dieu. » Quand il a été question de politique publique, Harri Kuhalampi, un représentant du département de la Culture et de l’Éducation au sein du Parlement Européen, a fait ressortir que l’attitude personnelle face à la tolérance, l’hospitalité et le respect était également vitale. « La coopération au sein des communautés est tout aussi importante que les législations gouvernementales, » a-t-il ajouté.
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Heiner Bielefeldt, un rapporteur spécial des Nations unies en ce qui concerne la liberté religieuse ou les croyances a rappelé autre chose : « la liberté religieuse est dynamique et non statique. Quand l’attention et l’intérêt s’amenuisent, la liberté religieuse peut aussi prendre le même chemin », a-t-il déclaré. La conférence comprenait également une visite de la ville historique de Tolède, une ville que les organisateurs ont qualifié « d’oasis de la tolérance religieuse entre chrétiens, musulmans et juifs ». Plusieurs synagogues, églises et mosquées datant du Xe siècle font maintenant office de musée. L’Église centrale adventiste à Madrid a accueilli un concert sur la liberté religieuse au cours de la dernière soirée de la conférence, attirant plus de 500 membres de la communauté. L’organisateur, Liviu Olteanu, était d’avis que l’Église était le lieu approprié pour un événement prônant la liberté religieuse. L’Espagne est à 94% catholique. Les 16 000 adventistes de ce pays font partie des 6 % composés des autres groupes religieux que compte la population. L’Association internationale pour la défense de la Liberté religieuse (AIDLR) est une organisation internationale non-gouvernementale (OING) dont le siège se trouve à Berne. Cette organisation s’est engagée à défendre la liberté de penser et publie une revue annuelle « Conscience et Liberté ».
(AIDLR/CD-EUDNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Bruxelles, Belgique – Les aspirations à la protection du jour dominical
« European Sunday Alliance » (L’alliance européenne pour le dimanche) est une alliance européenne rassemblant un réseau de syndicats, d’organisations de la société civile et de communautés religieuses nationaux engagé dans la sensibilisation à la protection du dimanche comme valeur unique du temps libre synchronisé pour les sociétés européennes. Néanmoins, les revendications de cette alliance n’ont aucune valeur pour les pays asiatiques, dans le Proche et le Moyen Orient ainsi que pour les religions non traditionnelles pour lesquelles le jour de dimanche n’a pas de valeur civile ou religieuse. Les Alliances Nationales des pays européens pour le dimanche comprennent : a) l’Autriche et l’Allemagne (les principaux initiateurs) et depuis peu, d’autres organisations sont engagées dans les pays suivants : la Slovaquie, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, la Pologne, la Suisse, la République Tchèque, la Slovénie, les Pays-Bas, la Roumanie, l’Estonie, la France, la Grèce, la Hongrie, le Royaume Uni, etc.) ; b) Les communautés religieuses (Les Églises Catholiques Romaines, différentes Églises protestantes et orthodoxes) ; c) Des organisations syndicales ; d) Des organisations de la société civile ; e) Quelques membres du Parlement Européen se sont consacrés à cet objectif. Le mardi 21 janvier, l’alliance européenne pour le dimanche (European Sunday Alliance), en concertation avec plusieurs membres du Parlement européen, lors d’une rencontre au Parlement européen à Bruxelles a tenu la Deuxième conférence, mettant l’accent sur le dimanche sans travail. Environ 120 participants de plusieurs pays européens se sont pronon-
cés en faveur du dimanche sans travail dans l’ensemble du territoire de l’UE. La devise officielle était : « Le dimanche sans travail et un travail décent dans l’Union européenne. Que peuvent faire les parlementaires européens pour promouvoir cette idée ? » L’attention était focalisée sur certains aspects de l’équilibre vie/travail et la cohésion sociale « pour avoir le temps libre légal au même moment ». Toutes ces campagnes sont motivées par les interventions des participants sur « la protection de la santé des citoyens de l’UE », « des horaires de travail décents », « le respect de la famille et de la vie privée » et « vivons la vie ensemble ». Liviu Olteanu, le directeur des Affaires publiques et de la Liberté religieuse de la Division Intereuropéenne était présent à cette deuxième Conférence. Voici quelques années, les pasteurs adventistes belges Karel Denteneer et Michel Mayeur ont participé à la première Conférence de l’Alliance européenne. Cette année, Liviu Olteanu déclara : « C’est un sujet hautement sensible et il pourrait affecter certaines minorités religieuses, y compris l’Église adventiste du septième jour. » Il ajouta qu’« avant la fin de la Conférence pour un dimanche sans travail, plusieurs membres du Parlement Européen ont publiquement et officiellement signé leur engagement personnel préparé par l’Alliance Européenne pour le dimanche et portant le titre suivant : Engagement pour un dimanche sans travail et un travail décent avant les élections européennes de 2014. » Au début du document, il est écrit : « Un dimanche sans travail et des horaires de travail décents sont d’une importance majeure pour les citoyens et les travailleurs à travers l’Europe et ne sont pas nécessairement en conflit avec la compétitivité économique. Particulièrement en ces temps de crise économique, l’adoption de la législation sur l’allongement des heures de travail jusqu’aux soirées, nuits, jours fériés et dimanches a des conséquences directes sur les conditions de travail des employés et pour les petites et moyennes entreprises. La compétitivité a besoin de l’innovation, l’innovation a besoin de la créativité et la créativité a besoin de détente ! » L’engagement de l’ESA met en évidence ce qui suit : « En tant que membre actuel ou futur du Parlement Européen, je m’engage : 1. À faire en sorte que toute législation pertinente de l’UE respecte et promeut la protection d’un jour de repos hebdomadaire commun pour tous les citoyens de l’UE, qui sera en principe le dimanche, afin de protéger la santé des travailleurs et promouvoir un meilleur équilibre entre la vie de famille, la vie privée et le travail ; 2. À promouvoir la législation de l’UE garantissant des modèles de temps de travail acceptables, fondés sur le principe d’un travail décent bénéfique à la société aussi bien qu’à l’économie dans l’ensemble. Signature ». Il fut également décidé que le 3 mars 2014 sera la journée internationale du « dimanche sans travail ». Liviu Olteanu voit les intentions de la loi du dimanche de l’UE comme problématiques, inopportunes, avec des perspectives discriminatoires qui
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pourraient affecter directement et indirectement et dans des formes combinées, quelques minorités religieuses européennes telles que les musulmans, les Juifs, les Baptistes du septième jour et les Adventistes du septième jour. Les chrétiens de l’Église adventiste du septième jour observent le samedi, en tant que sabbat, leur jour de repos. Cette norme du samedi en tant que jour du repos est très différente de celle tenue par la majorité. Des millions de citoyens européens appartenant aux minorités religieuses pourraient être affectés par les visées de la loi dominicale de l’UE qui pourrait devenir une Loi européenne du dimanche. Les rapports des Nations Unies présentés en 2013 par le professeur Heiner Bielefeldt, rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté religieuse et les croyances et par Mme Rita Izsak, experte indépendante des Nations Unies pour les questions mineures, au Forum sur les minorités religieuses tenu au siège des Nations Unies à Genève en novembre 2013, ont mis l’accent sur la nécessité du respect et de la protection des droits des minorités religieuses dans le monde entier (y compris le territoire de l’UE). L’Église adventiste du septième jour en Europe continentale, représentée par la Division Intereuropéenne, soutient également la position de l’un des membres du Parlement Européen, MEP Takkula, qui récemment, a exprimé son point de vue sur la loi dominicale dans un communiqué de presse. En accord avec M. Takkula, un parlementaire finlandais, membre d’un groupe de travail du Parlement Européen sur la liberté religieuse et les croyances, « soutient le principe de sauvegarder l’occasion d’un jour de repos hebdomadaire » et dit également que « tout individu a besoin d’une pause raisonnable pendant la semaine de travail. (…) Les observateurs du dimanche ont également le droit de se reposer et d’adorer le jour qui leur semble approprié. La législation ne doit en aucun cas discriminer les gens sur des critères religieux. Une loi posant le dimanche en tant que jour sans travail ferait justement cela ». M. Takkula a insisté sur le fait que « la liberté de religion et de croyance est une valeur européenne fondamentale. Ce principe doit être mis en avant et pris au sérieux dans toutes les discussions autour du rôle d’un jour de repos hebdomadaire. L’UE doit garantir à tous des droits égaux de célébrer librement le jour de repos propre à leurs convictions ». Liviu Olteanu invite toutes les organisations de l’UE et les États membres à protéger et à toujours respecter l’article 18 de la « Déclaration Universelle des droits de l’homme », les articles 18 et 27 de « L’alliance internationale des droits civils et politiques » adoptés par les Nations Unies lors de son Assemblée générale du 19 décembre 1966, la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des personnes appartenant aux minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques », de 1992 et la « Déclaration des nations Unies sur l’élimination de toutes formes d’intolérance et de discrimination sur des critères religieux ou de croyances », à partir du 25 novembre 1981 ; l’article 6 de la Déclaration des Nations Unies de 1981 dit ceci : « le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de croyance comprendra, entre autres, le droit « à observer les jours de repos et de célébrer des jours fériés ou des cérémonies en accord avec les principes de la religion ou des
croyances de chacun » (article 6h). L’Église adventiste du septième jour demande au Parlement Européen et à la Commission européenne de ne pas interférer par des initiatives législatives en matière de liberté religieuse et de liberté de conscience, proposant ou acceptant des lois qui affectent les libertés religieuses et les minorités religieuses. Selon l’ambassadeur des États-Unis, Robert Seiple, « les gouvernements qui ignorent la liberté religieuse des minorités ou qui les discriminent, ne peuvent obtenir la sécurité pour la majorité ». Liviu Olteanu invite également les membres de l’Église adventiste du septième jour de la Division Intereuropéenne à prier et à agir avec sagesse et à faire du lobbying à tous les niveaux pour avoir leurs droits, leurs libertés et le respect du sabbat, leur jour de repos. Les adventistes du septième jour sont invités à prier pour leurs représentants internationaux, régionaux et nationaux, pour les législateurs européens et pour les États membres également. « Nous devons nous engager avec sagesse, équilibre et une bonne attitude, pour être des ambassadeurs de liberté, d’espérance et de paix, aimant autrui mais cherchant constamment à promouvoir et défendre la liberté religieuse et de conscience pour tous les peuples. Nous ne devrions pas avoir peur mais croire dans la puissance et dans l’intervention de Dieu. » ajoute Liviu Olteanu.
Sociologie religieuse
(Protestinfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Le combat spirituel laisset-il place à la démocratie ?
Chants d’inspiration guerrière et conquête de terrains « au nom de Jésus », le combat contre Satan est volontiers pratiqué dans les milieux évangéliques, charismatiques en particulier. Dans une enquête fort bien documentée, le sociologue Philippe Gonzalez s’en inquiète et se demande quelle autorité peut agir contre les dérives théologiques. « Nous prenons autorité au nom de Jésus ! Cette ville appartient à Jésus. Nous faisons tomber les principautés, nous brisons les puissances d’homosexualité, de débauche. » Cette prise d’autorité se fait sur Genève, elle a lieu en 2007 et c’est sur cette anecdote que s’ouvre le 1er chapitre de « Que ton règne vienne – des évangéliques tentés par le pouvoir absolus » de Philippe Gonzalez, paru en janvier aux éditions Labor et Fides. Dans cet ouvrage, le sociologue à l’Université de Lausanne, décrypte plusieurs actions menées par des évangéliques en Suisse romande, à Genève en particulier, depuis 2006. D’autre part, il livre une synthèse de diverses recherches menées sur ces milieux, offrant ainsi aux lecteurs un vaste état des lieux de l’évangélisme et de ses liens avec l’espace public. Philippe Gonzalez montre l’influence des mouvements américains sur les évangéliques de Suisse. « Ces idées circulent autour de la planète comme dans une espèce de libre marché. » En particulier, l’influence de Peter Wagner et d’un réseau international charismatique la « Nouvelle Réforme apostolique » sont mises en avant.
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Les évangéliques veulent avoir un rôle à jouer dans la société. « C’est leur droit le plus strict », insiste l’auteur en interview. Mais sont-ils prêts à se conformer aux normes d’une démocratie ? « Toute communauté à le droit de se faire entendre. Mais dans ce cas, elle doit aussi être prête à rendre des comptes à la société », résume l’auteur. Or pour cela les évangéliques doivent se confronter à deux écueils que Philippe Gonzalez a relevés dans son livre. Ils doivent être prêts à débattre avec leurs contemporains et doivent régler les problèmes d’autorités qu’ils connaissent en interne, souvent sans en avoir conscience. Le liens des évangéliques avec l’espace public est une question cruciale pour le sociologue qui rappelle qu’ils sont à la base tant de l’initiative contre la construction de minarets que de l’aboutissement de l’initiative sur le remboursement par l’assurance maladie de l’avortement. On lave son linge sale en famille L’enquête menée par Philippe Gonzalez lui a été reprochée par plusieurs responsables évangéliques. Ils craignent que cela donne une « mauvais image » de cette communauté, explique-t-il dans l’introduction de son ouvrage. « Cela montre bien le rapport qu’ils entretiennent avec le reste de la société », commente l’auteur. « Ils veulent changer la société et y jouer un rôle, mais ne souhaitent pas que celle-ci ait son mot à dire sur la communauté. » Pourtant, « Tout ce qui est dit dans ce livre figure soit sur des sites internet librement accessibles, soit a été dit ou fait lors de rencontres publiques. » Débattre nécessite de confronter des idées. Comment se livrer à cet exercice lorsque l’on est persuadé de détenir la Vérité. Certes, les partis politiques évangéliques font office de « traducteurs » et transforment certaines revendications en arguments politiques, mais ils ne canalisent pas toutes les demandes sociétales des évangéliques. Philippe Gonzalez résume : « Que des gens aient des prises de positions politiques conservatrices concernant le mariage des homosexuels ou l’avortement est leur droit. Qu’ils le justifient théologiquement : OK. Mais quand ils ont recours à la Bible comme argument d’autorité il n’y a plus de débat possible ». Les démons dans le quotidien des évangéliques Enfin, Philippe Gonzalez est particulièrement sévère avec les pratiques démonologiques. Le fait que les évangéliques traitent d’« êtres possédés » les homosexuels et les personnes favorables à l’avorte-
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ment inquiète tout particulièrement le sociologue. « Les responsables évangéliques tendent à minimiser ces paroles comme de simple actes symboliques. Mais si on déplace la focale, on se rend compte que ces discours ont fait des morts, s’alarme-t-il. Ce discours alimente le combat contre les homosexuels dans certains pays d’Afrique et le meurtre de médecins pratiquant l’avortement aux États-Unis. » Invitation faites aux évangéliques à repenser leurs structures Une situation qui pousse Philippe Gonzalez à inviter les évangéliques à réfléchir sur le manque d’autorités de régulations dans leurs structure. « En France par exemple, la Faculté théologique de Vauxsur-Seine ou le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) peut taper du poing sur la table contre une dérive théologique. Qui peut le faire en Suisse ? » Le sociologue donne comme exemple la théologie de la prospérité (doctrine selon laquelle Dieu récompenserait les croyants par des richesses matérielles). Le CNEF a pris position contre cette théologie et isole ainsi ses partisans. « Un autre exemple est les titres que certains leaders évangéliques se donnent. Ils s’appellent apôtres, mais selon quelles règles ? Tout cela fonctionne par simple cooptation. » Il résume : « On a beaucoup parlé de réguler le marché économique ces dernières années. Et le marché théologique, qui le régule ? ». Un questionnement dans lequel les évangéliques n’entrent pas Les milieux concernés sont-ils sensibles aux inquiétudes de l’auteur ? Tentent-ils d’apporter des réponses aux questions qu’il pose ? Pas vraiment. Dans sa recension le magazine « Christianisme aujourd’hui » réfute les influences d’Outre-Atlantique sur les évangéliques suisses et parle d’enquête à charge. Alors que sur son site la Fédération romande des Églises évangéliques caricature ce travail : « La thèse qui traverse toute l'enquête de Philippe Gonzalez est ainsi esquissée : le milieu évangélique, dans sa veine charismatique, est traversé par le désir de convertir l'ordre politique au christianisme par l'extension d'exorcismes ou de pratiques de délivrance à des réalités sociales et politiques. L'horizon envisagé est celui de la cité chrétienne. Des perspectives théocratiques, menaçantes pour une société libérale, pluraliste et sécularisée, sont ainsi développées par de nombreux acteurs ou groupes de sensibilité charismatique. »
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