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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News Networks©
Sommaire
Mensuel • 35e année • n° 379 - Mars 2014
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Nouvelles des Églises adventistes
Silver Spring, États Unis - Des disputes autour de la Crimée font grimper la tension en Europe de l’Est
Silver Spring, États Unis - Un médecin adventiste disparait dans un parc de Kiev sans laisser de trace
Fédération protestante de France
Paris, France - Manifeste pour un avenir des établissements protestants accueillant des personnes âgées
Paris, France - Déclaration de la CRCF à l’occasion des élections municipales Calvisson, France - L’Église protestante unie renoue avec la tradition des groupes de maisons
Genève, Suisse - Les écoles évangéliques démentent enseigner le créationnisme en cours de sciences
Protestantisme international
Berlin, Allemagne - L’Église protestante allemande enregistre une polarisation de ses membres
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Paris, France - L’impôt ecclésiastique demeure la principale source de revenus des Églises allemandes
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Paris, France - Les évangéliques américains séduits par le Pape François
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Bulletin publié par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des Pépinières 1020 Renens, Suisse. Rédaction Tél. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiqués peuvent être reproduits avec mention de la source : BIA
Washington, États-Unis - L’accueil d’une famille fuyant l’Allemagne pour ne pas scolariser ses enfants
Liberté religieuse
Port-au-Prince, Haïti - Premier Congrès haïtien de la liberté religieuse
Paris, France - Dix ans sans signe religieux ostensible à l’école
Paris, France - Un guide de la laïcité dans les structures socio-éducatives
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon Rédaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra Jéthro Camille Dominik Frikart Corrado Cozzi Secrétaire de rédaction Dina Lambert
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Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Silver Spring, Maryland, États-Unis - Des disputes autour de la Crimée font grimper la tension en Europe de l’Est
Une déclaration émise par des dirigeants adventistes de Russie, d’Ukraine et d’autres pays de l’Europe de l’Est, invite les membres d’Église et « toutes les personnes de bonne volonté » à participer à un « ministère de la réconciliation », alors que les troubles politiques en Ukraine s’intensifient. La première semaine de mars, les séparatistes prorusses de Crimée ont voté la scission d’avec l’Ukraine pour rejoindre la Russie, quelques jours seulement après que des milliers de troupes russes aient commencé à quadriller la péninsule de la Mer Noire, par ailleurs très disputée. Un référendum au sujet de la scission, englobant toute la région, a été prévu pour le 16 mars. La majorité de la population de Crimée qui compte 2,3 millions d’habitants, est d’origine ethnique russe. Les troubles dans la région ont débuté en novembre 2013, quand le président ukrainien d’alors, Viktor Yanukovych a décidé de ne pas donner suite à un accord commercial conclu avec l’Union Européenne, préférant contracter un emprunt auprès des russes. Cette décision a donné lieu à des mouvements de protestation dans les rues de Kiev pendant plusieurs mois, provoquant des affrontements violents entre les manifestants et les forces de l’ordre. Le parlement ukrainien qui est élu de façon démocratique a limogé V. Yanukovych, le mois dernier. En février, Viktor Alekseenko, président de l’Église adventiste en Ukraine, a lancé un appel pour que les adventistes prient pour leur pays et qu’ils évitent toute forme d’hostilité, que ce soit dans les rues ou à travers les réseaux sociaux, leur demandant de ne pas publier des commentaires incendiaires. V. Alekseenko fait partie de ceux qui ont signé cette dernière déclaration en date, exhortant les adventistes et les membres de la communauté à aider « à la restauration de la dignité humaine, de l’égalité et de l’unité, par la grâce de Dieu. » Voici quelques extraits de cette déclaration : « Nous appelons tous les membres de l’Église adventiste du septième jour à s’abstenir de prendre part à toutes les déclarations ou actions politiques susceptibles d’exacerber les tensions. Nous invitons toutes les personnes de bonne volonté à se joindre à nos efforts pour le maintien de la paix par des prières incessantes pour une résolution pacifique de tous les conflits, créant ainsi une atmosphère de fraternité et de coopération, contribuant à la compréhension des divers cultures et systèmes idéologiques, afin de construire de bonnes relations entre gens de toutes races, de toutes nationalités, de toutes religions et de toutes croyances politiques. Telle est la position officielle de l’Église. Toute autre
déclaration, en dehors de celle émise par la presse officielle de l’Église, devrait être considérée comme exprimant un autre point de vue non officiel. » Cette déclaration a été signée par les responsables de la Division Eurasienne, l’Union des Église de Biélorussie, l’Union des Missions du Caucase, l’Union des Missions de la Russie Est, l’Union des Églises du Far Est, l’Union des Églises de Moldavie, l’Union des Missions du Sud, l’Union des Missions du Trans-Caucase, l’Union des Fédérations d’Ukraine et l’Union des Fédérations de la Russie Ouest. Pendant ce temps, la télévision officielle de l’Église adventiste en Ukraine, diffuse quotidiennement un marathon de prière, en direct. « God saves Ukraine » (Dieu sauve l’Ukraine) est diffusé sur Hope Channel Ukraine pendant les heures de pointe et met l’emphase sur des anecdotes survenus un peu partout dans le pays, démontrant l’unité et le pardon. Hope Channel Ukraine est la seule télévision chrétienne du pays à évoquer ouvertement la crise politique, selon les officiels de la presse adventiste.
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Silver Spring, Maryland, États-Unis – Un médecin adventiste disparait dans un parc de Kiev sans laisser de trace
La famille d’un médecin adventiste du septième jour qui a disparu en Ukraine, il y a neuf mois de cela, organisera un service de commémoration en avril prochain pour célébrer sa mémoire. Le Dr Jay Sloop, un obstétricien à la retraite servant dans la dénomination en tant que directeur des Ministères de la Santé pour la Fédération adventiste de l’Upper Columbia, aidait les dirigeants de l’Église à Kiev à établir un centre de style de vie sain dans la capitale Ukrainienne lorsqu’il a disparu alors qu’il faisait son footing matinal dans le Parc Zamkova Gora. Jay Sloop, 77 ans, a été vu pour la dernière fois le 15 mai 2013. Un extrait de la vidéo de la caméra de surveillance le montre entrant dans le parc au centre de Kiev, mais n’en ressortant pas. Aucune piste sérieuse n’a pu être trouvée depuis, dans cette affaire, en dépit d’importantes recherches et d’une enquête qui se poursuit à la fois avec la police ukrainienne et l’ambassade des États-Unis à Kiev. « Nous n’en savons pas vraiment plus que ce que nous avons appris dans les heures qui ont suivi la disparition de papa, » a déclaré son fils Greg Sloop dans un blog qu’il a créé pour permettre aux amis et à la famille d’être tenus informés au sujet de la recherche. Bien que les recherches actives aient pris fin en septembre, la famille continue de suivre l’évolution de la situation avec des contacts sur place en Ukraine et a mis en place une permanence téléphonique où les gens peuvent laisser des informations, a t-il indiqué. Dans une déclaration postée sur son blog le 12 février, Greg Sloop a évoqué à nouveau l’ambiguïté de la situation et a indiqué que le service de commémoration ne constitue pas une raison de spéculer encore davantage sur la situation de Dr Sloop.
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« Peu importe ce qu’on peut croire, nous nous retrouvons sans la présence de notre père dans notre vie maintenant. Nous voulons prendre le temps de nous remémorer qui il est et qui il a été, les choses qui comptaient pour lui, et nous souvenir du temps qu’il a passé avec nous, » a écrit Greg Sloop. Le service du 26 avril sera « une bonne opportunité de tourner la page pour toutes les personnes concernées, » a dit un autre fils, Richard Sloop, au journal le Yakima Herald.
Fédération protestante de France
(Fédération de l’entraide protestante/BIA) - Dammarieles-Lys, France
Paris, France – Manifeste pour un avenir des établissements « protestants » accueillant des personnes âgées
Les associations qui accueillent les personnes âgées en France sont fortement fragilisées par l’inflation des normes réglementaires, les difficultés économiques croissantes et les nouvelles modalités de gouvernance du secteur médico-social et sanitaire. Interpellées par un grand nombre d’entre elles sur leur devenir, la Fédération de l’Entraide Protestante et trois fondations membres (Fondation de l’Armée du Salut, Fondation Diaconesses de Reuilly, Fondation John Bost) ont lancé un manifeste à l’attention des associations de notre réseau qui accueillent et accompagnent des personnes âgées. Ce manifeste rappelle notre commune conviction de l’importance du modèle associatif, privé et non lucratif, ainsi que des valeurs et principes qui guident nos actions, comme l’accompagnement global de la personne, le respect de la dignité humaine, la qualité de vie des usagers ou encore l’engagement bénévole. Il invite ces associations à prendre la parole pour exprimer quelles perspectives communes envisager et quelle solidarité inter-associative mettre en oeuvre. Pour télécharger ce manifeste, diffusé le 12 février 2014 auprès des associations membres accompagnant des personnes âgées, veuillez utiliser le lien : www.fep.asso.fr/docs/docs_fep/Manifeste_120214.pdf
(FPF service informations/BIA) - Dammarie-les-Lys
Paris, France – Déclaration de la CRCF à l’occasion des élections municipales
Créé le 23 novembre 2010, la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) regroupant les six instances du Bouddhisme, des Églises chrétiennes (Catholique, Orthodoxe, Protestante), de l’Islam et du Judaïsme transmet le communiqué de presse suivant à l’occasion des élections municipales françaises : Citoyens et croyants : responsables et confiants Au cours des prochaines semaines, notre attention sera sollicitée par la préparation des élections municipales et européennes. Il nous faudra faire des choix. Nous voudrions à cette occasion partager ces
quelques orientations qui nous guident dans la recherche de l’intérêt général et du bien commun : 1. Choisir la responsabilité et non la démission. Le vote est par définition le geste par lequel chaque citoyen peut participer à l’exercice d’une réelle responsabilité au service de sa commune, de son pays et de l’Union européenne. Si le vote peut être guidé par des motivations diverses, il doit d’abord tenir compte des défis et des questions que rencontre notre société : exclusion, chômage, pauvreté, mais aussi développement économique, éducation, santé, vie sociale, justice… Devant ces questions et ces défis, choisir la responsabilité c’est faire preuve de discernement devant les propositions qui sont faites, en prenant en compte avec sérieux les valeurs essentielles que sont notamment la justice, la compassion, le respect de la dignité d’autrui et l’attention au plus vulnérable, en un mot : la fraternité. La fraternité n’est-elle pas trop oubliée ? 2. Rechercher la confiance et non la division. La commune est le lieu où s’expérimente au plus près des réalités ce que sont le bien commun et l’intérêt général. Alors que notre société est, à bien des égards, marquée par la revendication d’intérêts particuliers et portée par un esprit d’individualisme, chaque citoyen(ne) et chaque croyant(e) est ici appelé(e) à un geste exprimant la confiance : confiance dans un projet commun, confiance dans les autres, par conséquent confiance envers les élus qui portent ce projet et qui doivent s’en montrer dignes. Contre la tentation du dénigrement ou de la dérision systématiques, contre l’esprit de soupçon à l’égard du politique, contre les discours parfois haineux qui divisent les citoyens, rechercher la confiance c’est réellement faire preuve de sagesse. 3. Construire l’avenir et non le redouter. L’élection est un moment décisif dans la vie politique. Mais ce moment n’est qu’un élément de la construction de notre avenir commun. Voter c’est aussi accueillir cet avenir, notre avenir dont nous ne sommes jamais complètement maîtres. Pour notre part, nous croyons qu’il est éclairé par une promesse bienveillante. Et nous avons la conviction que chaque citoyen(ne) est appelé(e) à y apporter sa part, avec ses dons et la confiance qu’elle a reçus. Mgr Georges Pontier et Mgr Pascal Delannoy (Conférence des Évêques de France) – Le pasteur François Clavairoly et le pasteur Laurent Schlumberger (Fédération Protestante de France) - Le Métropolite Emmanuel et le Métropolite Joseph (Assemblée des Évêques Orthodoxes de France) – L’interim du Grand Rabbin de France et M. Joël Mergui président du Consistoire (Grand Rabbinat de France) - Le recteur Dalil Boubaker et M Anouar Kbibech (Conseil français du culte musulman) - Mme Marie Stella Boussemart et M. Olivier Wang- Genh (Union bouddhiste de France).
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(MidiLibre/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Calvisson, France – L'Église protestante unie renoue avec la tradition des groupes de maisons
Depuis que l'Église est née, à la Pentecôte, les croyants se réunissaient en assemblées, mais aussi dans les maisons, en plus petits groupes. Ils se regroupaient pour se soutenir et s'encourager. Ces groupes de croyants formaient le noyau de base de l'Église primitive. C'était souvent un moyen de poursuivre une vie de foi dans les persécutions. Aujourd'hui, l'Église protestante unie a relancé des réunions, qui peuvent revêtir deux formes : les rencontres ponctuelles et les groupes de maisons. Les rencontres ponctuelles s'organisent à l'occasion de la venue dans un village d'un pasteur, d'un visiteur, ou simplement pour faire connaissance. On se regroupe chez l'un ou chez l'autre, pour le plaisir de partager un texte biblique, ou simplement d'un moment d'échange fraternel. Cela peut parfois être le point de départ d'un groupe de maison. Le groupe de maison réunit des gens de proximité pour permettre de vivre l'Église différemment, en créant un lien entre ceux qui habitent dans un quartier ou un village, dans une dynamique spirituelle et fraternelle. Un film, un livre, un thème peuvent être l'occasion d'un partage riche et fructueux. Tout dépend d'une personne ou d'une famille, qui décide d'inviter voisins et amis. Comme le constate le pasteur Jean-Pierre Gardelle : « ce sont de petites semences, mais Dieu seul sait les moissons qu'elles permettront ».
(ActuChrétienne.net/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse – Les écoles évangéliques démentent enseigner le créationnisme en cours de science !
Fin janvier, deux écoles évangéliques privées de Suisse romande étaient suspectées d’enseigner le créationnisme durant les cours de sciences. Par le biais d’un communiqué commun, l’école du Potier, l’école L’Amandier et l’école La Bergerie ont tenu à mettre les choses au point. « En tant qu’établissements de confession chrétienne, nos écoles privées se proposent de répondre à l’interpellation de Martial de Montmollin, député au Grand Conseil vaudois et président des Verts de ce canton. Cette réponse vaut aussi pour les questions que de nombreux médias se sont posées à notre endroit. En effet, ce sont notre manière d’enseigner et nos croyances qui sont questionnées, et il nous semble que nous sommes le plus à même d’apporter des réponses à de telles interrogations. (Oron, 28.02.14) Nos écoles ont été accusées dans les médias de propager un enseignement « créationniste » durant les leçons de sciences. Nous démentons cela avec véhémence. Quelle compréhension de Genèse 1 ?
Tout d’abord, il importe de bien cerner le sens du mot « créationniste ». Dans l’opinion publique, est créationniste quelqu’un qui lit le récit biblique du premier chapitre de la Genèse comme un traité scientifique, considérant que les jours dont il est question sont à comprendre littéralement comme des jours de 24 heures. Dans nos écoles, nous ne prenons pas la Bible comme un texte scientifique. Nous séparons la science qui explique le comment des choses de nos convictions religieuses qui viennent dire le pourquoi. Par ailleurs, nous croyons que la foi et la science ne sont pas contradictoires, bien que la science corrobore la foi. De ce fait, la science fait partie intégrante de notre programme scolaire, comme dans n’importe quel établissement public. Les découvertes scientifiques sont enseignées comme vraies, tant que les critères de scientificités sont clairement établis et respectés. Quant à nos croyances, elles sont clairement identifiées comme telles, et ne sont pas comparées aux faits scientifiques. Nous ne remplaçons donc nullement les cours de sciences par des théories religieuses, et nous ne présentons pas les réalités scientifiques comme étant fausses. Les origines du monde ne sont pas au programme de l’enseignement scientifique du PER Ensuite, il importe de souligner que le Plan d’étude romand (PER) ne met pas la question des origines du monde ou de l’être humain au programme des leçons de sciences. Ces questions peuvent être abordées avec des élèves de sixième année (9-10 ans) en cours d’histoire (SHS 22 : Identifier la manière dont les hommes ont organisé leur vie collective à travers le temps, sans qu’il faille impérativement traiter des récits bibliques de la Création. La question des origines a aussi sa place en onzième année dans le programme intitulé « Éthique et cultures religieuses ». De quoi rassurer l’État de Vaud Martial de Montmollin, président des Verts vaudois et député au Grand Conseil, qui a déposé le 28 janvier dernier une interpellation concernant l’enseignement du créationnisme dans les écoles privées, devrait être rassuré par ces deux remarques. Son inquiétude de voir les élèves des écoles chrétiennes ne pas recevoir l’enseignement scientifique de base devrait être dissipée. De plus, le soupçon que l’enseignement scientifique ne soit pas présenté de manière objective nous paraît injustifié. Nous sommes convaincus que la croyance en un Dieu créateur ne peut nullement être un frein quelconque au développement d’un esprit libre et scientifique. »
Protestantisme international
(Protestinfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Berlin, Allemagne – L’Église protestante allemande enregistre une polarisation de ses membres
De génération en génération, l’Église protestante
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allemande perd de son importance – même auprès de ses propres membres. Comme le montre une enquête de l’Église évangélique d’Allemagne présentée la semaine passée à Berlin, on n’observe pas seulement une diminution continuelle de l’effectif des membres, mais aussi une augmentation du nombre des personnes qui, certes, appartiennent à l’Église, mais ne se sentent guère ou pas du tout liées à elle. Selon les résultats de la cinquième enquête sur l’appartenance à l’Église menée par l’Église évangélique d’Allemagne (EKD), 32% des protestants d’Allemagne ne se sentent, tout au plus, que très faiblement liés, alors que 15% indiquent qu’ils sont fortement liés à l’Église protestante. Dans l’enquête correspondante de 1992, 27% seulement indiquaient qu’ils n’étaient guère ou pas du tout liés. Il est vrai qu’à l’époque, la proportion de ceux qui affirmaient un lien fort était moins important. Elle était de l’ordre de 11%. Les extrêmes progressent, alors que la zone médiane de ceux qui demeurent malgré tout encore faiblement liés diminue, observe le sociologue des religions Detlef Pollack. Le président du Conseil de l’EKD, Nikolaus Schneider, a exprimé son inquiétude lors de la présentation des résultats : « Nous devons constater très objectivement qu’une indifférence croissante se manifeste chez les membres d’Église. » Cette constatation doit inciter l’Église à se confronter sérieusement à la question. L’expression d’une indifférence totale Le président de l’Église évangélique de Hesse-Nassau, Volker Jung, estime qu’être membre de l’Église est toujours plus une question de « dire clairement oui ou non ». Selon lui, l’Église doit essayer de comprendre cette polarisation. L’augmentation du nombre des personnes éloignées de l’Église ne résulte pas d’une controverse ou d’une volonté de démarcation, elle est plutôt « l’expression d’une indifférence pratiquement totale », a ajouté Volker Jung. En même temps, les responsables d’Église ont souligné la progression qui se manifeste à l’autre bout de l’échelle, où on trouve toujours plus de membres fortement liés : « Trois membres sur quatre ne songent pas à quitter notre Église », a souligné Nikolaus Schneider. L’étude récemment publiée fait apparaître que 73% des protestants ne songent pas à sortir de l’Église. En 1992, cette proportion était de 55% seulement. Detlef Pollack, qui est membre du comité consultatif de l’enquête, a signalé aussi à ce propos la progression de l’autre extrême : alors qu’il y a dix ou vingt ans, un petit groupe de 2 à 4% seulement indiquait la volonté de sortir prochainement de l’Église, « nous en sommes aujourd’hui à 8% », a-t-il relevé. L’éducation religieuse n’est plus la règle dans les familles Pour expliquer la croissance du groupe des personnes éloignées de l’Église, l’étude fait observer que l’éducation religieuse n’est plus la règle dans les familles, y compris dans les familles protestantes. Sur
les membres de l’EKD âgés de plus de 60 ans, environ 83% indiquent avoir reçu une éducation religieuse. Parmi les membres d’Église de moins de 30 ans, la proportion n’est plus que de 55%. « La socialisation religieuse intervient dans la famille. Or, la transmission de la foi de génération en génération ne va plus de soi », a indiqué Gerhard Wegner, directeur de l’Institut des sciences sociales de l’EKD, à l’agence de presse protestante epd. Selon l’évêque de l’Église évangélique luthérienne de Bavière Heinrich Bedford-Strohm, il importe de mettre en évidence plus clairement « le précieux capital social » présent dans l’Église protestante. Il se référait ainsi à une constatation de l’enquête selon laquelle les membres d’Église sont un peu plus nombreux à s’engager aussi dans des activités bénévoles non rattachées à l’Église. Cet aspect mérite d’être pris en compte dans les nombreuses discussions où on met en question le soutien de l’État aux Églises, estime l’évêque. Le rôle des médias évangéliques sort renforcé de l’enquête, a souligné Christof Vetter, président de l’Association protestante des médias en Allemagne (EMVD) : les résultats montrent qu’après le journal quotidien et le bulletin paroissial, l’hebdomadaire de l’Église est la troisième source d’information sur l’Église protestante. L’institut de sondage Emnid, en charge de l’enquête effectuée fin 2012, a interrogé au total 2016 protestantes et protestants et 1011 personnes sans confession. Depuis 1972, l’Église évangélique d’Allemagne présente à intervalles de dix ans des études détaillées sur les membres. À fin 2012, 23,4 millions de personnes étaient membres des Églises régionales protestantes. 24,3 millions de personnes habitant l’Allemagne étaient catholiques. Cinq ans auparavant, on comptait encore 24,8 millions de membres de l’Église protestante et 25,5 millions de membres de l’Église catholique romaine.
(epd/ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Selon les experts, l’impôt ecclésiastique demeure la principale source de revenus des Églises allemandes
De l’avis d’experts financiers protestants, l’impôt ecclésiastique demeure la source de revenus centrale des Églises. Sa part au budget total de l’Église évangélique d’Allemagne (EKD) s’élève à environ 50%, selon le responsable des finances de l’EKD, Thomas Begrich cité par une porte-parole de l’Église de Westphalie dans le cadre d’un séminaire à Dortmund. Ces contributions des membres sont « la source financière forte et indispensable de l’Église ». En comparaison, la part des versements de soutien et des aides diverses est inférieure à 20%. Arne Kupke, membre du Conseil supérieur de l’Église évangélique de Westphalie, estime que l’impôt ecclésiastique constitue la source de recettes la plus équitable, car elle est liée à l’impôt sur le revenu : « Ainsi, les personnes à revenus modestes ne paient pas d’impôt ecclésiastique puisqu’elles ne paient pas
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d’impôt en général », a indiqué Arne Kupke lors du séminaire, consacré à la crédibilité de l’Église. Arne Kupke a confirmé que l’Église protestante était prête à engager le dialogue sur le rachat des allocations de l’État – indemnités garanties par la Constitution en compensation des expropriations de biens ecclésiastiques opérées au début du XIXe siècle. « Il appartient aux instances politiques de faire une loi pour cela », a ajouté le juriste ecclésiastique. Une telle démarche est certainement plus simple avec la grande coalition que dans d’autres conditions de majorité. Au temps de la République de Weimar, il y avait déjà eu un projet de loi, a expliqué Arne Kupke : « Nous l’avons exhumé et présenté, en signalant notre disposition à agir. Maintenant, la balle est dans le camp des politiques. » Pour Thomas Begrich, la crédibilité de l’Église se manifeste dans son approche des questions financières, notamment par des placements durables et éthiques et des budgets transparents. Selon le chef du Département des finances de l’EKD, « c’est grâce à de tels placements que l’EKD a été relativement épargnée par les effets de la crise financière ». Le séminaire était organisé par l’Œuvre protestante de formation des adultes de Westphalie et Lippe, l’Académie évangélique de Villigst et le Département « Mission, œcuménisme et responsabilité ecclésiastique mondiale » de l’Église évangélique de Westphalie.
(EPD/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Washington, États-Unis – Les États-Unis accueillent une famille qui avait fui l’Allemagne pour ne pas y scolariser ses enfants
Une famille allemande a déposé une demande d’asile aux États Unis, car elle refuse de scolariser ses enfants dans l’école allemande qui serait non conforme aux principes chrétiens. Bien que cette demande ait été refusée, ils ont obtenu un permis de résidence. Les sept enfants de Hannelore et Uwe Romeike pourront faire l’école buissonnière aux États-Unis. Le Département américain de la sécurité intérieure a délivré, la semaine passée, un permis de résidence perpétuel à cette famille protestante, a annoncé l’Association de défense de l’école à la maison (HSLDA). Depuis longtemps, cette association de défense des personnes désirant faire l’école à la maison aide les Romeike dans leurs démarches pour déposer une demande d’asile en Amérique. Une demande que la Cour suprême des États-Unis a pourtant refusée, en dernière instance le lundi 3 mars. Les Romeike étaient alors menacés d’expulsion. Michael Farris, président de HSLDA, a déclaré à l’agence de presse « Baptist press » qu’ils devaient à « Dieu tout-puissant » cette « victoire incroyable ». Écoles non conformes aux valeurs chrétiennes Originaire du Bade-Wurtemberg, la famille Romeike s’est établie aux État-Unis avec cinq enfants en été 2008. Les parents qui considèrent que les écoles allemandes ne sont pas conformes aux valeurs chrétiennes, voulaient assurer eux-mêmes la formation scolaire de leurs enfants.
Avec maintenant sept enfants, les Romeike vivent dans le Tennessee. Les deux enfants nés aux USA ont la citoyenneté de ce pays. Par le biais de « Baptist Press », Uwe Romeike a remercié le gouvernement américain. Selon le Département américain de l'éducation, environ 1,8 million d'enfants, soit environ 3,4%, des enfants d'âge scolaire suivent des cours à la maison avec leurs parents. Une grande partie de ces familles sont évangéliques et conservatrices.
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Les évangéliques américains séduits par le pape François
À sa manière, simple et sans apparat, le pape François a adressé, il y a quelques jours, un message vidéo pris sur le vif pour saluer des pentecôtistes américains, réunis au Texas, leur demandant de prier pour lui. Prière que le télévangéliste Kenneth Copeland, qui présidait, a immédiatement menée… Cette scène assez inhabituelle illustre l’étonnante fascination que suscite le pape dans les milieux évangéliques américains, traditionnellement peu papistes…
Sans taire les divergences qui les séparent de Rome, les ténors de ce courant protestant ne cessent d’afficher leur admiration. Ainsi le célèbre Rick Warren, fondateur de la megachurch de Saddleback (Californie), qui rendait hommage sur CNN à « l’humilité, l’intégrité et la générosité » de son leadership, « antidotes aux trois grandes tentations de l’argent, du sexe et du pouvoir ».
« Rarement un responsable religieux a été adopté si chaleureusement à travers le monde chrétien, y compris par beaucoup d’évangéliques », affirmait lui aussi Timothy George, directeur de l’hebdomadaire évangélique Christianity Today, osant le titre suivant dans son édito : « Notre François à nous aussi ». Lui aussi se réjouissait de ce pape « qui marche dans les pas » du pauvre d’Assise, séduit par son style de vie sobre tout autant que par les accents qu’il partage avec le monde évangélique – défense de la vie, volonté de témoignage « sans ambiguïté ».
En mettant l’accent sur la relation personnelle, le pape, disent les évangéliques, sait faire oublier l’appareil institutionnel de l’Église catholique qui rebute un protestant. Il devient même un modèle pour évangéliser, analyse Jonathan Stoner dans la revue du Fuller Theological Seminary, plus grand vivier de pasteurs évangéliques aux États-Unis avec ses 4 300 étudiants « Dans une période où les débats sur l’homosexualité et d’autres sujets hautement délicats ont tellement polarisé, il nous met en garde en nous rappelant que Jésus ne réside pas dans les idéologies ».
En visite, fin janvier, au Fuller Seminary, avec un groupe de prêtres français, le P. Barthélémy Port, curé à Boulogne-Billancourt, confirme : « Tous les pasteurs que nous avons rencontrés citaient dans le texte l’exhortation apostolique sur la joie de l’Évangile, alors que certains prêtres du groupe ne l’avaient pas encore lue ! »
Liberté religieuse
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Port-au-Prince, Haïti – Premier congrès haïtien de la liberté religieuse
Le premier Congrès de la liberté religieuse a eu lieu à Port-au-Prince Haïti du jeudi 20 au samedi 22 février, sur le thème de « La liberté religieuse, une valeur à protéger ». Il a été un franc succès dès sa séance d'ouverture où les fonctionnaires et les responsables religieux étaient présents. Parmi les orateurs figuraient le président de la Cour d'appel, qui préside le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, le président de la Cour suprême, le ministre délégué aux droits de l'homme, le directeur des affaires religieuses, le maire de la ville de Pétionville, le président de la Fédération protestante d'Haïti et d'autres représentants religieux. Le secrétaire général de l'IRLA (Association pour la liberté religieuse), le pasteur adventiste John Graz, a félicité les organisateurs de ce premier Congrès haïtien et il remercia le Gouvernement d'Haïti pour la protection de la liberté religieuse. La présence du président de la Fédération française protestante, le pasteur François Clavairoly, avec une délégation de Paris, ont apporté une dimension internationale à cet événement. Le pasteur Clavairoly a dit que la liberté religieuse est une valeur précieuse et doit être protégé par les autorités. Le vendredi, 200 participants ont assisté au colloque tenu à l'Université adventiste d'Haïti. Il fut suivi par un concert musical. Le samedi matin, un service religieux a été offert en présence de plus de 1 000 personnes. L’IRLA était également représentée par le pasteur Roberto Herrera, le secrétaire général de l'IRLA à la Division Interaméricaine. Les officiers de l'Armée du Salut et le secrétaire général de la Division Interaméricaine le pasteur Elie Henry, ont apporté le soutien de leur organisation à cet événement. Les principaux organisateurs de congrès, le pasteur Theart St Pierre et le pasteur Pierre Caporal ont déclaré que ce congrès a été une excellente occasion pour les gens de bonne volonté d'être ensemble dans le but de promouvoir la liberté religieuse Le Festival de la liberté religieuse, programmé durant ce congrès, a eu lieu à l'Auditorium de la Bible, le samedi après-midi. Plus de 3 000 personnes ont bénéficié d'une programmation musicale qui comprenait plusieurs chorales, musiciens et chanteurs. Ils se sont tous levés pour affirmer : « Nous aimons la liberté religieuse et nous voulons la garder ». Le premier Congrès haïtien de la liberté religieuse a pris fin avec la lecture de plusieurs résolutions. Parmi les résolutions de ce congrès il fut souhaité de tenir un grand festival de la liberté religieuse en 2015 (avec une assistance de 15 000 personnes, d'organiser une Association haïtienne de la liberté religieuse, et de proposer au gouvernement la création d'une journée nationale de la liberté religieuse. Haïti a connu de nombreuses catastrophes naturelles et d'instabilité politique. La ville de Port-au-Prince est toujours dans un état de reconstruction après le tremblement de terre de 2010. Les habitants d'Haïti ont montré un grand courage et une extraordinaire capacité de surmonter tragédie après tragédie. La liberté de religion est l'un des trésors que les haïtiens ont et veulent garder. Ils n'ont pas été totalement à l'abri des
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actes d'intolérance mais ils acceptent largement la liberté des religions des croyants. C'est dans ce contexte, que le premier Congrès de la liberté religieuse a eu lieu à Port -au-Prince.
(Observatoire de la laïcité, 20 Minutes, France inter, L'Express, AFP/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Dix ans sans « signe religieux ostensible » à l'école
La loi n°2004-228 du 15 mars 2004 sur le « port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » a fêté ses dix ans. Elle a introduit un article L.141-5-1 dans le code de l'éducation aux termes duquel « Dans les écoles, collèges et lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement leur appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire est précédée d'un dialogue avec l'élève ». A l'origine, un rapport, dit « rapport Stasi », de la commission éponyme avait été remis au président de la République, en décembre 2003, en faveur de la promulgation d'une loi sur le sujet. Un bilan disparate Pour les détracteurs de cette loi, les effets ont surtout été « collatéraux ». Même s'il n'y a pas eu de phénomène de déscolarisation massive, « on ne peut pas tirer un bilan d'une loi sur ses non-effets », a affirmé le porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) Marwan Muhammad. Pour lui, ce texte législatif n'a fait qu'augmenter les discriminations envers les musulmans. En revanche, pour Patrick Weil, historien, politologue et ancien membre de la commission Stasi : « La loi de 2004 gêne les filles qui veulent porter le voile mais elles ont une option : le privé. Elle n'est pas parfaite, mais pragmatiquement ça a fonctionné en empêchant les pressions sur les musulmanes non voilées ». Pour l'historien, cette loi a également « frustré les partisans du laïcisme » qui « ont remis une partie de leur énergie sur la burqa et maintenant, la bataille se joue sur les frontières : l'université, les mères accompagnatrices de sorties scolaires ». Concernant l'Éducation nationale, le bilan est très positif. Jean-Paul Delahaye, directeur général de l'enseignement scolaire du ministère de l'Éducation nationale (DGESCO), a salué cette loi qui a été « un facteur d'apaisement ». Même discours du côté du syndicat des enseignants du second degré (SNES) avec sa co-secrétaire générale, Frédérique Rolet : « La loi est rapidement entrée dans les moeurs ». Lors d'une interview accordée au quotidien 20 Minutes le jeudi 13 mars 2014, Jean Baubérot, professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l'École pratique des Hautes Études, a dressé un bilan plutôt négatif de cette loi. La loi en déscolarisant des jeunes filles a entrainé également leur désocialisation, ce qui est contraire au principe républicain de laïcité. Pour Jean Baubérot, aucune lutte contre les discriminations n'a été mise en œuvre : « plus on focalise l'attention politique et mé-
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diatique sur le débat de la laïcité, plus il y a de l'islamophobie. Au bout du compte, c'est Marine Le Pen qui se présente en championne de la laïcité ». Enfin, le professeur a déclaré que « l'habit ne fait pas le moine » et qu'« il faut être ferme sur le comportement mais souple sur le vêtement ». L'avis du Conseil d'État de 1989 visait exclusivement le comportement religieux alors que l'Éducation nationale n'a pas été capable d'appliquer l'avis de la juridiction. Il s'est également étonné qu'une « loi d'interdiction prétende [défendre la liberté]. La liberté c’est normalement respecter le choix de chacun ». Un rapport a été demandé par le ministère pour miavril afin de dresser un bilan détaillé des dix ans de la loi.
(Observatoire de la laïcité/AIDLR-France/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Un guide de la laïcité dans les structures socio-éducatives
Dans la droite lignée des guides « Laïcité et collectivités locales » et « La gestion du fait religieux dans les entreprises privées », l'Observatoire de la laïcité a publié mardi 11 mars 2014 un fascicule d'une dizaine de pages intitulé « Laïcité et gestion du fait religieux dans les structures socio-éducatives ». Distinction Public/Privé Dans un premier temps, le guide rappelle l'interdiction de toute discrimination religieuse prévue par la loi* puis spécifie « l'obligation de neutralité totale » des employés des structures publiques (du type centres de loisir). En revanche, les employés du privé ne sont pas concernés, bien qu'ils doivent adopter a priori une attitude non prosélyte. Le guide énonce quelques restrictions à l'expression des convictions religieuses pour les employés des structures privées, résultant de la jurisprudence. Le rapport rappelle qu'en vertu de l'article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme, la liberté de religion ou de conviction est un droit fondamental. Ce droit n'est pas sans limite comme l'admettent les jurisprudences européenne (Pichon et Sajous contre France, CEDH, 2001) et française (Cass, civ, 21 juin 2005). Cependant, celles-ci doivent être justifiées, proportionnées et ne doivent être ni générales ni absolues. Ces restrictions peuvent se justifier lorsqu'elles concernent deux domaines : la protection des individus et la bonne marche de l'entreprise. Afin de les préciser, le rapport dresse une liste des motifs « autorisant des limitations à la manifestation de la liberté de conviction des salariés » : • Atteinte au respect de l'organisation du travail (horaire, lieux). • Manquement aux mesures de sécurité et d'hygiène sur le fondement de l'article 9-2 de la Convention européenne des droits de l'homme. • Attitude prosélyte. Commission paritaire 1111 G 88583 Dépôt légal N° 79 – CAB – 019 Préfecture de Seine-et-Marne
L'attitude prosélyte est définie comme « un zèle ardent pour recruter de nouveaux adeptes à un culte » et/ou une volonté « d'imposer ses idées et ses convictions à autrui ». L'Observatoire de la laïcité précise que, selon la CEDH, le port de certains vêtements religieux n'est pas forcément considéré comme prosélyte et qu'un règlement intérieur ne peut interdire de manière absolue les discussions politiques ou religieuses au sein d'un service. • Remise en cause des aptitudes nécessaires à la mission. Pour juger si une manifestation de la liberté de religion ou de conviction altère ou non les aptitudes nécessaires du salarié pour sa mission, il faut utiliser « une grille de lecture comparable à celle pouvant être utilisée pour d'autres situations », comme l'alcool ou les accidents du travail. • Entrave à l'organisation nécessaire à la mission. Cette partie concerne les demandes d'absences liées aux fêtes religieuses, aux aménagement d'horaires pendant les périodes de jeûne, etc. Selon la Halde, ces autorisations exceptionnelles peuvent être refusées si elles sont susceptibles d'entraver l'organisation au sein de l'équipe ou si la présence du salarié est indispensable. • Menace du maintien de la pérennité et de l'intérêt de la structure. Cette situation doit être évaluée au cas par cas et ne peut donner lieu à un cadre général. Les usagers Concernant les usagers, le rapport précise qu'aucun règlement intérieur ou projet éducatif ne peut venir « limiter de manière absolue et systématique la liberté de manifester ses convictions des usagers » car une structure socio-éducative se doit de respecter la pluralité de son public. À travers quelques cas particuliers, le rapport souligne les problèmes concrets que peuvent rencontrer ces structures. Les animateurs • Doivent veiller à éviter la ségrégation durant les repas même durant les périodes de jeûne. • Peuvent interdire les prières collectives, mais pas les prières individuelles. Côté usagers • Ils doivent avoir la capacité physique de suivre certaines activités, certificat médical à l'appui. • Veiller à la compatibilité entre le port du signe religieux et les conditions d'hygiène et de sécurité car cela ne doit pas « troubler le fonctionnement normal de l'établissement ».
* Préambule de la Constitution de 1946, Code du travail, Conseil constitutionnel, Code pénal.
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