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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News Networks©
Sommaire
Mensuel • 35e année • n° 380 - Avril 2014
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Nouvelles des Églises adventistes
Le Cap, Afrique du Sud - Convention internationale : « À l’image de Dieu = Écriture, sexualité et société ».
Le Cap, Afrique du Sud - Témoignages d’anciens homosexuels.
Le Cap, Afrique du Sud - Soutenir et protéger les droits humains de tous. Sentani, Papouasie, Indonésie - Le pilote missionnaire adventiste Bob Roberts, meurt dans un accident d’avion.
Fédération protestante de France
Paris, France - Appel «Vivre ensemble», une réponse contre le racisme.
Protestantisme international
Genève, Suisse - La confirmation, rite de passage ou validation d’un baptême.
Bulletin publié par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des Pépinières 1020 Renens, Suisse. Rédaction Tél. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiqués peuvent être reproduits avec mention de la source : BIA
Liberté religieuse
Lugano, Suisse - Colloque sur la liberté religieuse.
Paris, France - Droits de l’homme et religions dans l’action extérieure de la France.
Bible - Manuscrits
Paris, France - Le fragment de papyrus copte prouve-t-il vraiment que Jésus était marié ?
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon Rédaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra Jéthro Camille Dominik Frikart Corrado Cozzi Secrétaire de rédaction Dina Lambert
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Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Le Cap, Afrique du Sud - Convention internationale : « À l’image de Dieu = Écritures, sexualité et société »
La Conférence générale de l’Église adventiste du septième jour a organisé au Cap, en Afrique du Sud, une rencontre internationale pour 350 leaders adventistes à travers le monde. Le Centre de convention international du Cap a accueilli des délégués de différentes Divisions administratives pour aborder ce thème : « À l’image de Dieu : Écritures. Sexualité et Société ». Le dysfonctionnement familial, les traumatismes sexuels et d’autres facteurs contextuels sont souvent identifiés comme les éléments déclencheurs d’un comportement homosexuel, mais la réalité est peutêtre plus nuancée que ce que veulent bien admettre certaines communautés religieuses, a déclaré ce matin un adventiste du septième jour, spécialiste des sciences comportementales, lors de cette Convention. « Nous avons tendance à voir les choses à travers un filtre noir ou blanc. Les nuances de gris qui existent provoquent pas mal d’anxiété, » a affirmé Curtis Fox, professeur et président du département de Relation d’aide et de Sciences familiales à l’Université de Loma Linda, dans l’État de Californie. La présentation de Curtis Fox dans le cadre de cette Convention, a proposé une perspective éclairée par les sciences sociales sur les défis posés par l’approche de l’Église adventiste sur la communauté gay et lesbienne. « La réalité est complexe, » a affirmé Curtis Fox, en poursuivant : « Des explications simples ne suffiront pas, elles seront considérées comme peu utiles par ceux qui sont concernés par cette nature ». « Ce qu’on appelle la thérapie réparatrice a t’il déclaré, l’orientation sexuelle de chaque individu est exclusivement une question de choix qui peut être inversé grâce à l’exercice de la volonté dans un environnement Chrétien offrant son soutien. » Bien que certaines personnes disent avoir fait l’expérience de la transformation personnelle grâce à une telle thérapie, d’autres indiquent qu’il n’y a eu aucun changement dans leur attirance pour des personnes de même sexe, et dans beaucoup de cas, on rapporte un traumatisme psychologique et émotionnel exacerbé, a dit Curtis Fox. De tels résultats ont soulevé de « sérieuses préoccupations » et ont poussé de grandes organisations de santé physique et mentale aux États-Unis, à « dénoncer » la thérapie réparatrice. Curtis Fox a aussi présenté les effets des « préjugés sociétaux » à l’encontre des jeunes de la communauté LGBT. Les jeunes gays et lesbiennes marginalisés sont plus susceptibles, a t-il dit, de faire des tentatives de suicide, de connaître des hauts niveaux de dépression, d’abuser de la drogue et d’être plus vulnérables au HIV et aux MST.
Il a poursuivi en dénonçant des mythes très répandus au sujet des membres de la communauté gay et lesbienne, entre autres, l’idée selon laquelle la plupart des pédophiles sont gays, ou encore que les relations gays sont éphémères, ou que les parents gays élèvent en général des enfants gays. « Mon rôle en tant que spécialiste des sciences comportementales est d’amener les gens à réfléchir, à inspirer le dialogue et avoir un esprit d’investigation dans la recherche de la connaissance, » a précisé Curtis Fox, admettant aussi qu’il amène sont propre « lot d’idées préconçues » autour de la table de discussion. « Ma vision biblique du monde prend en compte la création par Dieu ainsi que la chute. Par conséquent, le hasard, la variation, l’anomalie et la dégénérescence font maintenant partie de la réalité humaine, » a t-il dit. « Dieu œuvre avec les humains malgré leurs imperfections, et l’Église adventiste n’a pas à s’excuser de sa position sur les relations gays et lesbiennes. » Elle devrait plutôt devenir « adroite dans l’interprétation et la déclaration des vérités telles qu’elles sont révélées, et ce, dans un environnement fortement défensif, politiquement chargé et radicalement individualiste. » L’approche de l’Église, a dit Curtis Fox, « devrait alors être caractérisée par l’humilité – pas la bigoterie, la haine et la marginalisation. Nous devons adopter, non seulement le message de Jésus, mais aussi les méthodes que Jésus a utilisées pour exercer son ministère. À l’Église, nous sommes appelés à aimer l’homosexuel comme notre prochain, pas moins que nous n’aimons notre prochain hétérosexuel. »
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Le Cap, Afrique du Sud - Témoignages d’anciens homosexuels
L’Église adventiste mondiale a tenu son sommet international sur la sexualité au Centre de Convention International du Cap, en Afrique du Sud, en présence de 350 leaders adventistes. Au cours d’un pale organisé à cette accasion, trois membres de l’Église adventiste ont raconté leur histoire, faisant ainsi connaître leurs parcours pour abonadonner leurs activités homosexuelles. Ron Woolsey, un pasteur adventiste et fondateur du « Ministère du chemin étroit », Virna Santos, présidente du ministère « En contemplant son amour, » et Wayne Blakely, fondateur du « Ministère connaître son amour » sont intervenus durant le sommet. « Nous sommes ici afin d’écouter des témoignages, » a déclaré le modérateur du panel, Bill Knott, rédacteur en chef du magazine Adventist Review. « Nous sommes ici pour écouter des croyants nous raconter la manière dont Dieu les a libérés. » Bill Knott a invité les membres du panel à partager leurs expériences à différents moments de leur vie. Ron Woolsey a dit qu’il a grandi dans un « bon foyer adventiste, » mais il a été l’objet d’agressions sexuelles de la part d’un ami de la famille. Depuis ce moment, il
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s’est retrouvé à prêter de plus en plus attention aux relations entre personnes du même sexe. Alors qu’il était dans un établissement d’éducation adventiste, il a commencé à nouer des relations et s’est finalement marié, pensant que le mariage était la solution à son problème d’identité et de relations. Quand sa jeune épouse a découvert les relations qu’il entretenait avec des hommes, alors son mariage n’a pas résisté. Après plus de 15 ans dans de nombreuses relations gays, Ron Woolsey est revenu à la foi de son enfance et à une relation avec Christ grâce à l’étude de la Bible et des livres d’édification d’Ellen White. « J’ai commencé à lire Vers Jésus avec une cigarette à la main et un verre de martini à côté de moi, » a t-il dit ironiquement. « Arrivé au chapitre 5, j’avais éteint la cigarette. » Ron Woolsey a été rebaptisé, et a commencé peu après à raconter l’histoire de sa guérison à des groupes dans les églises à travers les États-Unis. Marié depuis 21 ans, il est le père de cinq enfants, et aujourd’hui, il est un pasteur consacré dans la Fédération adventiste de l’Arkansas et de la Louisiane. Pour Wayne Blakely, le rejet de sa mère très tôt pendant son enfance – elle avait souhaité avoir une fille – l’a rapidement poussé à rechercher des relations avec des hommes. Placé plusieurs fois pour adoption, il a été élevé successivement par plusieurs membres de sa famille qui après avoir remarqué son comportement particulier, l’ont envoyé consulter des psychologues et des pasteurs. Invité à l’âge de 18 ans, par un ami d’école, à rejoindre une communauté gay, Wayne Blakely avoue qu’il a été accepté là comme il ne l’avait jamais été auparavant. « C’est à ce moment que j’ai abandonné Dieu, » a t-il déclaré. S’ensuivirent plus de 30 ans de relations avec de nombreux partenaires sexuels et aussi d’usage de drogue ; pendant cette période Wayne Blakely a vu 40 amis gays mourir pendant les premières années de l’épidémie du HIV/SIDA. Selon W. Blakely, une série de moments providentiels lui ont permis de retrouver la foi, ainsi que les prières d’amis qui ne l’avaient pas abandonné. Pendant sa jeunesse, Wayne Blakely avoue avoir fait cette prière, « Dieu, redresse moi. » Avec le recul, il réalise que l’objectif n’était pas un changement d’orientation mais d’arriver à connaître Jésus-Christ comme son Sauveur, c’était bien cela son objectif. Virna Santos elle, croit que son parcours vers l’expérience lesbienne est fortement liée à une situation familiale douloureuse et dysfonctionnelle. Victime d’agressions sexuelles durant son enfance, « personne ne m’a dit que [l’agression] n’était pas de ma faute, » confie t-elle. La famille de Virna Santos a rejoint l’Église adventiste alors qu’elle était adolescente, mais elle luttait contre l’attirance pour des personnes de même sexe pendant toutes ses années au collège et a entretenu une relation lesbienne secrète. Elle est allée vivre à San Francisco et est devenue une fervente militante des droits des homosexuels, et elle est dit-on, la pre-
mière personne à avoir adopté sous la loi AB25 dans l’État de Californie, loi qui permet aux couples de personnes du même sexe, d’adopter les enfants de son partenaire. La terrible désillusion pour la communauté des gays et lesbiennes qui a suivi le passage de la Proposition 8 en Californie, et qui ne permettait plus d’avoir de mariages homosexuels, s’est avérée être une véritable crise pour Virna Santos. Un intérêt ravivé pour l’adventisme a débouché sur une série d’expériences spirituelles personnelles et profondes qui ont mis en lumière, pour Virna Santos l’importance de l’enseignement de l’Église sur la signification et la pertinence du sanctuaire céleste. Comprenant pour la première fois que Jésus était son avocat, elle a commencé à réévaluer la vie qu’elle menait. Un service de Communion organisé un samedi matin, a été pour Virna Santos un moment charnière. Elle se souvient de son émerveillement en voyant l’épouse du pasteur lavant les pieds d’une lesbienne orgueilleuse. Le modérateur du panel, Bill Knott a demandé si les récits relatés par les membres du panel devraient être exceptionnels ou courant. Au cours de ces récentes semaines, un certain nombre de voix qui se sont élevées pour remettre en question l’authenticité de ce programme parce que les organisateurs auraient choisi d’entendre principalement ceux qui ne sont plus des pratiquants de l’homosexualité. Voici la réponse à ces commentaires ? Ron Woolsey a répondu : « nous avons vécu cela. Nous avons été à leur place. Nous avons donné ces mêmes arguments pendant toute notre vie. Nous en sommes sortis. Nous avons appris à mettre Dieu d’abord, pas nous mêmes. » Virna Santos a déclaré qu’elle a partagé le récit de sa conversion avec ses amies lesbiennes, en disant, « J’ai fait une expérience avec Jésus-Christ et je ne suis plus lesbienne. Mais je ne suis pas meilleure que vous. » Elle se rappelle que la partenaire d’une amie lui a dit : « Je suis contente pour toi. Ça se voit sur ton visage. Tu as trouvé l’amour de ta vie. » Virna Santos a rappelé aux délégués, « Nous ne sommes pas meilleurs qu’eux. » Elle dit être l’amie de plusieurs de ceux qui ont écrit pour exprimer leurs préoccupations sur cette rencontre au Cap « Ce qui intéresse Dieu, c’est d’avoir une relation. Il m’a cherché… J’ai la foi que même mes amis viendront bientôt frapper à notre porte. » Des questions écrites venant des délégués ont permis de conclure la session de 90 minutes ; ces questions cherchaient à déterminer si les membres du panel se considèrent toujours comme gays ou lesbiennes ; ou encore comment l’Église devrait traiter les personnes qui sont attirées par des personnes du même sexe et qui pratiquent l’homosexualité ; et aussi la nature des ministères dans lesquels ils servent maintenant. Souvent interrompus par les applaudissements de l’auditoire, les trois participants ont continué de décrire la puissance transformatrice de Christ comme étant la raison de leurs nouvelles vies.
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« Nous avons vu et entendu le courage ici ce soir, » a conclu Bill Knott. Sous les applaudissements continus de l’assistance, il a ajouté, « exprimons notre appréciation à ceux qui ont partagé leurs témoignages de rédemption avec nous. »
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Le Cap, Afrique du Sud - Soutenir et protéger les droits humains de tous
Lors de la conclusion de la Convention adventiste sur la sexualité, l’un des vice-présidents de l’Église adventiste a adressé un appel aux 350 participants pour que les membres d’Église considérent les personnes attirées par quelqu’un du même sexe soient considérés comme des « frères et des sœurs » ayant aussi besoin de la grâce salvatrice de Dieu, tout en respectant la position de la dénomination en ce qui concerne la conduite sexuelle en dehors des mariages hétérosexuels. Ella Simmons vice-présidente de l’Église adventiste mondiale, a profité de son intervention finale pour lancer un appel afin que notre point de vue et la façon d’appliquer les croyances de l’Église sur la sexualité humaine, soient cohérents. « Aussi longtemps que nous protégeons, camouflons, voire même, tolérons l’adultère, la malhonnêteté et autres péchés interdits par Dieu dans l’Église... nous ne parviendrons en aucune façon à atteindre les membres d’Église par nos paroles de vérité, visant à transformer leurs vies, » a-t-elle déclaré aux 350 délégués réunis le 20 mars dernier. Durant 4 jours, les hauts dirigeants de l’Église et les représentants régionaux ont discuté de la façon dont l’Église devrait réagir face aux comportements homosexuels au sein d’un monde dont la tendance culturelle est de soutenir de plus en plus les relations gays et lesbiennes. La Convention intitulée « À l’Image de Dieu : Les Écritures, la Sexualité, la Société » a souligné la manière dont les questions liées à l’homosexualité avaient un impact sur les pratiques d’embauches de l’Église et ses actions d’ordre sanitaire et les activités éducatives. Les délégués ont également pu considérer les effets psychologiques à travers la présentation de Peter Swanson, psychologue et professeur adjoint du département « Pastoral Care » à l’Université d’Andrews. P. Swanson a entamé son intervention par la lecture des déclarations de l’Église adventiste sur les relations entre personnes du même sexe, mettant l’emphase sur sa position contre l’intolérance, les crimes haineux et la discrimination. « Je soutiens, de toutes mes forces, la position de mon Église qui est de soutenir et de protéger les droits humains, » a t-il déclaré. « Les gays et les lesbiennes ont besoin de votre sympathie, de votre patience, de votre amour. Adressez-leur des paroles d’encouragement. »
P. Swanson a aussi déclaré aux délégués qu’une baisse du nombre de relations entre personnes du même sexe par le biais de la thérapie du changement était « rare » et que certains homosexuels chrétiens avaient même déclaré que cela leur avait fait du tort. Miroslav Kis, professeur d’éthique au séminaire adventiste de théologie de l’Université d’Andrews a lancé un défi aux délégués, les enjoignant à réfléchir calmement sur les enseignements bibliques concernant l’homosexualité tout en faisant preuve de compassion envers ceux qui n’adhéraient pas à ces normes. Un moment de réflexion dirigée par Lisa Beardsley-Hardy, directrice du département de l’Éducation de l’Église adventiste mondiale, a fait suite à la présentation de M. Kis. Elle a fait un résumé de ce sommet en posant des questions à l’auditoire. Beardsley-Hardy, éducatrice et psychologue, a déclaré que les participants apprendraient et se rappelleraient mieux de ce sommet s’ils mémorisaient en leurs propres mots tout ce qu’ils avaient entendu. Elle a demandé aux délégués de rédiger des essais d’une minute sur un certain nombre de sujets abordés lors de cette Convention, dont le point de vue biblique sur la sexualité, sur l’aspect légal lié aux nominations et à la communication ainsi qu’aux conditions requises pour être membres d’Église. (ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Sentani, Papouasie, Indonésie – Le pilote missionnaire adventiste Bob Roberts, meurt dans un accident d’avion.
Un avion missionnaire de l’Aviation adventiste d’Indonésie (AAI) aux commandes duquel se trouvait le pilote vétéran Bob Roberts s’est écrasé au décollage au siège de l’AAI en Papouasie, causant la mort de Bob Roberts et de plusieurs passagers qui se trouvaient à bord. Les témoins disent que l’avion, un Quest Kodiak, semblait avoir des difficultés à décoller juste avant qu’il ne s’écrase sur un pont au bout de la piste. La cause officielle du crash devait encore être déterminée par les enquêteurs. Le travail de Bob Roberts consistait, entre autres, à livrer de la nourriture, des médicaments et des provisions urgentes, mais aussi à transporter des personnes malades et dans le besoin depuis plusieurs villages isolés dans les montagnes de Papouasie. Il était bien connu dans les îles et avait effectué plus de mille vols humanitaires. Bob Roberts et son épouse Jan, originaires des États-Unis, servaient AAI depuis plus de 20 ans en Papouasie. Le couple avait auparavant servi en tant que missionnaires en Afrique, plus précisément en Éthiopie, en Tanzanie, au Zaïre (aujourd’hui le Congo) de 1976 à 1992. Ils ont trois enfants. « Il est mort en faisant ce qu’il aimait le plus, » a dit Jan. Le coordonnateur de Mission et Évangélisation Ad-
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ventiste en Papouasie, Darron Boyd, se souvient de Bob Roberts comme de quelqu’un qui apportait de l’espoir dans son petit avion pour ceux qui se trouvaient dans des régions isolées. En dépit des conditions souvent extrêmes qui constituaient un véritable défi dans l’exercice de ses fonctions, Bob Roberts aimait sa mission. « S’ils sont vraiment très malades…, nous les transportons gratuitement, » disaitil dans un reportage vidéo l’année dernière. « C’est le genre de chose qui vous rend heureux d’être un pilote missionnaire. Aider des gens qui autrement n’auraient aucun espoir. C’est pourquoi nous sommes ici. » Jonathan Kuntaraf, directeur du département des Ministères Personnels de l’Église adventiste mondiale a exprimé sa tristesse en apprenant le décès de Bob Roberts qui servait dans son pays d’origine. « Son épouse et lui sont des personnes très dévouées. Ensemble nous avons travaillé pour récolter des fonds pour l’éducation des enfants défavorisés en Papouasie. S’il vous plait, priez pour la famille durant ce moment difficile et éprouvant. » L’État Indonésien de Papouasie compte deux millions d’habitants et 20 groupes linguistiques. C’est aussi là que se trouve l’Union de Fédérations adventiste de l’Est de l’Indonésie qui compte 763 églises et plus de 101 000 membres d’Église.
Fédération protestante de France
(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Appel « Vivre ensemble », une réponse contre le racisme
À l’initiative du CRIF (Conseil représentatif des Institutions juives de France) intitulée « vivons ensemble », publiée dans le Figaro, Libération, Le Parisien et Réforme contre les propos haineux et pour une union autour des valeurs de la République, un appel « Vivons ensemble » est lancé et il est signé par des personnalités religieuses, politiques et syndicales. L'appel du « Vivre ensemble » est une réponse à la fois contre le climat malsain, l'insécurité, le racisme, l'antisémitisme, l'homophobie et la xénophobie qui s'installent en France, quelques mois après la manifestation « Jour de colère » et quelques jours après la parution du très préoccupant rapport de la CNCDH (Commission Nationale Consultative des droits de l’homme) sur le racisme en France. Le texte de l’appel : « Un climat malsain s’installe chaque jour dans notre pays. Dans la rue, à l’école, sur internet, la haine se répand. L’indifférence nous guette. L’unité de notre pays est menacée. Face à ces dangers, il est urgent de réagir et de se ressaisir. Nous appelons au bon sens, à l’intelligence et aux valeurs morales de tous les citoyens. Nous souhaitons vivre dans une société apaisée, où les différences de religion, de couleur, d’origine sont admises, comprises et respectées plutôt que dans une société de violence. Unissons-nous aux valeurs de notre République ».
Cet appel auquel François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, a souhaité s’associer en étant l’un des signataires, vient renforcer la demande de prise de parole publique forte contre la haine, souhaitée par les délégués à l’assemblée générale de la Fédération protestante de France (1er et 2 février 2014) au travers d’une des recommandations votées : « Au moment où se répandent des propos intolérables de racisme, de mépris et de haine, l’Assemblée générale de la Fédération protestante de France, recommande à son Conseil de porter publiquement une parole forte, claire et courageuse, pour s’opposer à ces dérives et proposer, à l’occasion des échéances électorales, européennes en particulier, un message d’ouverture, d’accueil et de fraternité ». (Recommandation 1, Assemblée générale de la FPF – 1er et 2 février 2014)
Protestantisme international
(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse – La confirmation, rite de passage ou validation d’un baptême
Près de 1000 Vaudois âgés de 15 à 16 ans participeront, le dimanche des Rameaux, à un culte marquant la fin de quatre années de catéchisme. Confirmation, bénédiction ? Le sens de cette fête n’est pas toujours très clair, d’autant plus qu’il a changé ces dernières années, et qu’il n’est pas le même d’une Église à l’autre. « Ce sera la troisième édition de la formule actuelle », note Jean-Michel Sordet, membre du Conseil synodal, l’organe exécutif de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV). Dans une première partie de la célébration, les catéchumènes recevront une bénédiction. « On leur dit joyeusement tout le bien qu’on leur souhaite pour leur vie d’adultes », résume-t-il. « On propose ensuite à ceux qui le souhaitent de s’exprimer puis de vivre un baptême ou une confirmation. » Le sens de cette dernière ? « Durant la confirmation les jeunes qui ont été baptisés enfants reprennent à leur compte l’engagement de leurs parents. » Dans la précédente liturgie de l’EERV, en vigueur depuis le milieu des années 1990 jusqu’en 2011, « Le culte des Rameaux était centré sur la bénédiction des catéchumènes, puis ceux qui souhaitaient confirmer ou demander le baptême pouvaient le faire à l’occasion du culte de l’Alliance, le dimanche précédant le lundi de la Pentecôte ». Désormais, pour les jeunes finissant le catéchisme tout se fait lors du même culte, mais des personnes un peu plus âgées ont toujours la possibilité de se faire baptiser ou de renouer symboliquement avec la foi lors du culte de l’Alliance. C’est du moins, ce que préconise le Synode, l’organe délibérant de l’EERV. Il est probable que certaines paroisses pratiquent de manières légèrement différentes.
Entrée dans la vie de paroisse
Pas de bénédiction systématique des jeunes en fin de catéchisme du côté de l’Église protestante de Genève (EPG). « On ne pourrait pas imposer une bénédiction à
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un jeune qui exprime son refus d’entrer dans l’Église », note Patrick Baud, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres. Par contre, l’EPG pratique la confirmation : « on propose à l’adolescent de prendre à sa charge un engagement pris par ses parents », « Il devient alors membre de l’EPG à part entière. Il est désormais responsable de sa vie de foi et il obtient le droit de vote aux élections du conseil de paroisse. » Contrairement à la pratique vaudoise, cette cérémonie ne se passe pas systématiquement lors du culte des rameaux. « Chaque paroisse est libre. Elles organisent souvent un culte de fin de catéchisme en mai ou juin ». Le catéchumène genevois termine ses deux ans de catéchisme à l’âge de 17 ou 18 ans environ.
Pas de confirmation à Neuchâtel
À Neuchâtel, le mot « confirmation » a disparu du règlement de l’Église réformée évangélique de Neuchâtel (EREN) depuis six ou sept ans, explique un pasteur. L’EREN propose, par contre, une bénédiction avec imposition des mains aux jeunes terminant, à 15 ou 16 ans, leurs deux ans de catéchisme. « On ne remet pas en question la validité d’un acte qui avait été réalisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Une disparition bienvenue : « Pour certains jeunes, la question de la confirmation représentait une pression importante. »
Rite de passage à l’âge adulte
Le même état d’esprit prévaut du côté des Églises de la communauté Synodale Berne, Jura, Soleure. « On ne peut plus vraiment parler de confirmation », explique Pia Moser, responsable de la catéchèse. « C’est plutôt un rite de passage marquant le passage à l’âge adulte. Un nouveau départ. » En 2013, 5 767 jeunes ont reçu cette bénédiction durant les sept dimanches qui entourent la Pentecôte. Elle marque la fin d’un catéchisme qui les a suivis quasiment toute leur vie scolaire. « La confirmation n’est pas forcément faite par un pasteur. Si la dernière année de catéchisme a été animée par un catéchète professionnel, c’est cette personne qui présidera la cérémonie. » L’enjeu pour la pasteure est toutefois que les jeunes restent actifs dans l’Église après la confirmation. « Nous multiplions les offres pour les jeunes adultes. » Jean-Michel Sordet complète encore : « Pour certaines Églises alémaniques, la confirmation sert à ritualiser le fait que Dieu accueille les jeunes dans l’Église. » Pas de confirmation, par contre du côté de l’Église évangélique libre de Genève qui, comme de nombreuses Églises évangéliques, ne pratique pas le baptême des enfants.
Un compromis avec les baptistes
La confirmation a été inventée, il y a 475 ans, dans la petite ville de Hesse, rappelle l’agence de presse protestante allemande EPD. À la suite d’une violente dispute entre divers mouvements issus de la Réforme au sujet du baptême, un mouvement, dit baptiste, considérait qu’une personne devait pouvoir confesser sa foi avant d’être baptisée. De ce fait, ils rejetaient vivement le baptême des enfants. Forts de cette conviction, les baptistes se sont opposés aux autorités. Le landgrave Philippe de Hesse, pour éviter que le conflit ne s’enve-
nime, a alors fait appel au réformateur alsacien Martin Bucer. C’est lui qui parvint au compromis suivant : le baptême des enfants a été maintenu. Puis adolescents, ils étaient envoyés au catéchisme à l’issue duquel dans un acte symbolique devant la communauté, ils avaient la possibilité de reconnaître leur baptême. Aujourd’hui encore, le plan de la formation prévue par le Strasbourgeois pour ces années de catéchisme est conservé à Hesse.
Liberté religieuse
(GVassalo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Lugano, Suisse – Colloque sur la liberté religieuse
Le 27 et 28 mars une convention sur la Liberté religieuse avait lieu à Lugano en Suisse sur le thème : « La liberté religieuse dans l’âge post – séculaire ». Cette convention a été organisée en collaboration avec l'Église adventiste du septième jour et l'Institut DiReCom de la Faculté de Théologie de Lugano. La Faculté de Théologie de Lugano a accueilli les travaux, dirigés par le professeur Vincenzo Pacillo, professeur associé de Droit ecclésiastique à l’Université de Modena, Italie, et par le pasteur Giampiero Vassallo, directeur du Département des Affaires publiques et de la Liberté religieuse à la Fédération adventiste de la Suisse Romande et du Tessin (FSRT). La convention a montré comment le contexte social actuel est caractérisé par la présence d'une pluralité d'options éthiques garanties par le cadre juridique et politique de pluralisme institutionnel, religieux et culturel. Adriano Fabris, professeur de philosophie morale à l'Université de Pise, et Adriano Roccucci, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Roma Tre, ont montré que le pluralisme est un principe juridique et politique, qui implique la considération et le respect pour les différentes opinions et religions présentes dans la société. Toutefois, dans des cas limités, comme l’ont montré Luigi Foffani, professeur de droit pénal à l'Université de Modena, et Anna Gianfreda, chercheur à l'Université catholique de Piacenza, les pouvoirs publics ne peuvent supprimer seulement certaines opinions fondées sur la haine et sur la discrimination de la religion. Claudius Luterbacher, chancelier du Diocèse de Saint Gallen, a montré comment la liberté de religion implique dans un premier état, le droit d’exercer le culte sans être dérangé, le droit de consulter ses propres divinités, d'honorer et de vénérer les personnes et les symboles qui, dans sa propre religion, représentent des caractères d’inviolabilité. Mais aussi d'exprimer (par les prières, les rituels et toutes autres actions) son dévouement à des entités qui ont une valeur sacrée particulière. Dans un deuxième sens - la plus problématique - le profil extérieur de la liberté religieuse est souvent considéré en lien avec la demande de conformer toute sa vie aux préceptes de la religion à laquelle on appartient. Antonio Fuccillo, professeur de droit ecclésiastique
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à la seconde Université de Naples, Italie, a mis l'accent sur le fait que la pleine garantie de la liberté religieuse est directement proportionnelle au taux de développement durable au sein d'une société. La discrimination fondée sur la sphère idéologique–confessionnelle est contraire à la dignité humaine, un concept sur lequel (selon Ganoune Diop, directeur adjoint au département des Affaires publique et de la Liberté Religieuse de la Conférence Générale des adventistes) est enracinée la Liberté religieuse et définie l’essence des droits de l'homme. De nombreuses questions restent ouvertes : un défi pour tous les chercheurs, que même les intellectuels du Canton de Tessin sont appelés à cueillir, en s'engageant, (comme l'a rappelé Libero Gerosa, directeur du Master DiReCom à la Faculté de Théologie de Lugano) à conjuguer vérité et responsabilité dans la recherche scientifique. (Ministère des affaires étrangères/AIDLR-France/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Droits de l’homme et religions dans l’action extérieure de la France
Le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie et le conseiller pour les affaires religieuses (Ministère des Affaires étrangères et du Développement international) et le Groupe Sociétés, Religions, laïcités (École pratique des Hautes Études / CNRS), organisent une journée d’étude « Droits de l’homme et religions dans l’action extérieure de la France ». Cette journée se tiendra mercredi 21 mai 2014 au Centre des conférences ministériel situé 27, rue de la Convention – Paris XVème. Le problème de la relation avec les grandes religions ainsi que l’impératif de sauvegarde de la liberté de religion ou de conviction est l’un des grands défis auquel doit répondre la promotion mondiale des droits de l’homme. La France n’y échappe pas et sa tradition politique ancienne en la matière en fait un acteur incontournable. Il existe cependant des divergences entre les États sur les contours qu’il convient de donner à la liberté religieuse dans la défense des droits de l’homme. Par ailleurs, les demandes, parfois insistantes, de certains mouvements ou États pour une meilleure protection des religions constituent un nouveau défi aux défenseurs institutionnels des droits de l’homme, notamment au sein du Conseil des droits de l’homme. La journée d’étude, en associant et en confrontant les analyses de chercheurs académiques et de diplomates spécialisés, se propose de préciser l’histoire et la définition de la « doctrine française » en matière de promotion des droits de l’homme et de défense de la liberté de religion ou de conviction. Le témoignage des acteurs religieux spécialisés dans la défense des droits de l’homme et de la liberté religieuse peut enfin permettre de dresser un état des lieux de l’engagement de la France, à la fois d’un point de vue étatique et associatif sur cet aspect de plus en plus prégnant dans la politique internationale.
Bible - manuscrits
(La VIE/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Le fragment de papyrus copte prouve-t-il vraiment que Jésus était marié ?
Présenté à grand bruit en novembre 2012, le fragment de manuscrit copte qui révèlerait que Jésus était marié vient d'être authentifié comme « presque certainement le produit des chrétiens anciens et non un faux d'aujourd'hui ». Néanmoins, des questions demeurent sur son origine et sa portée réelle. Info ou intox ? C'est un fragment de papyrus, de quatre centimètres sur huit. Présenté à Rome en 2012 dans le cadre du Congrès international des études coptes, ce document à la provenance incertaine (il aurait été découvert en Syrie ou en Égypte) était alors présenté comme datant du IVe siècle, et étant probablement la transcription en copte d'un manuscrit encore inconnu du IIe siècle. On y lit des mots écrits en copte, et plus précisément en dialecte sahidique, qui a été la langue liturgique des coptes jusqu'au IXe siècle. Les fragments de phrases sont les suivants : « Jésus leur dit : Ma femme » (coupure) puis « Ma mère m'a donné la vie », et enfin « Marie est digne d'elle ». Si ce fragment a pu être présenté au grand jour, c'est parce qu'un collectionneur privé – préférant rester anonyme – l'a montré à Karen King, professeur à la Harvard Divinity School, une faculté à la pointe de la théologie protestante libérale. Cette scientifique fait partie du mouvement américain appelé « théologie féministe », radicalement libéral, et dont l'un des champs de recherche s'intitule « Femmes, sexe et genre dans le christianisme antique ». Déjà en 2012, cette découverte avait enflammé le web et les médias. On voyait dans ce fragment la preuve que Jésus aurait bien été marié. Les termes, en effet, ne laissent aucun doute : les mots « ma femme » ne sont pas autrement traduisibles. Jésus parle bien de son épouse.
Interrogations sur l'origine du fragment
À l'époque, l'authenticité du document (que Karen King qualifiait simplement de probable) était mise en doute par plusieurs spécialistes. Ainsi, le canadien Serge Cazelais, un des plus grands spécialistes francophones des apocryphes coptes, écrivait ceci sur son blog : « L’analyse de l’encre au c14 n’est pas envisageable (à cause de la dimension du document – c’est trop petit). Quelques collègues (notamment un des bons paléographes que je connais, un vrai spécialiste des manuscrits coptes, Alin Suciu) ont déjà émis de très grosses réserves quant à l’authenticité de cet artéfact. Ma première réaction lorsque j’ai vu la photo du papyrus est que ça semble bizarre et grossier comme écriture. » Et il citait également le professeur Louis Painchaud, spécialiste des manuscrits coptes de Nag Hammadi, qui était présent à la communication scientifique de Karen King à Rome : « La forme du fragment, ses contours, ne correspond pas à ce que l’on voit habituellement, le découpage est trop net ; le contenu semble rédigé exprès pour satisfaire les pré-
BIA - N° 380 - Avril 2014 - 8
occupations d’un lectorat actuel. Mais la machine médiatique est partie, et je parie qu’elle va s’emballer. Je puis en tout cas vous dire qu’ici, ce que j’entends comme commentaire autour de moi se résume pour le moment à ceci : It’s a fake ! (C’est un faux !) ». Enfin, Serge Cazlais citait encore un autre spécialiste, Brian Jones : « Les lettres deviennent plus foncées à deux endroits bien précis. L’encre semble avoir bavé et le texte avoir été retouché en plein (quel hasard) là où les mots mon épouse (taHime en copte) et ma (naei en copte) disciple ».
Presque certainement pas un faux
Un an et demi plus tard, les résultats des différentes études menées sur le document lui-même, l'encre utilisée ainsi que l'écriture et la structure grammaticale ont été publiés dans The Harvard Theological Review : l'origine du document se situerait donc entre le VIe et le IXe siècle, ce qui en ferait donc « presque certainement le produit des chrétiens anciens et non un faux d'aujourd'hui (...) Les experts ont conclu que la composition chimique du papyrus et son oxydation correspondent à des vieux papyrus, comme celui de l'évangile de saint Jean. » Des conclusions qui ne dissipent néanmoins pas tous les doutes. Ainsi, selon l'égyptologue Leo Depuydt, ces analyses ne permettraient pas d'établir avec certitude l'authenticité du fragment. Il serait en effet facile de se procurer des feuilles de papyrus ancien sur le marché, de même qu'il serait tout à fait possible de reconstituer, avec de la suie de bougie et de l'huile, une encre à la composition similaire à celle utilisée à l'époque. L'égyptologue pointe, par ailleurs, des « erreurs grammaticales grossières » dans le texte et les similitudes dans l'écriture avec l'évangile (apocryphe) de Thomas, découvert en 1945, ce qui ne pourrait, toujours selon lui, « pas être une coïncidence ».
Le mariage de Jésus : une thèse gnostique
Car si la mention « ma femme », attribuée à Jésus sur le papyrus, est une nouveauté, les deux autres fragments de phrase donnent une indication précieuse sur le ou les auteurs du texte : on retrouve en effet de
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semblables occurences dans deux évangiles apocryphes, celui de Marie (Madeleine) et celui de Thomas, bien connus des chercheurs, et qui proviennent des mouvements gnostiques chrétiens. Ces mouvements gnostiques, qui ont connu un grand succès aux IIe et IIIe siècle, sont les seuls à évoquer un Jésus marié. S'il était marié, ce n'était pas parce qu'il était un être humain avec des pulsions et des désirs humains. Au contraire, pour les gnostiques, Jésus était un être totalement spirituel. Son mariage avec Marie-Madeleine était, pour ce courant, exclusivement mystique et symbolique. Les doctrines gnostiques étaient si complexes et farfelues que les nombreux évangiles que l'on doit à ce mouvement ont été écartés du canon biblique sans hésitation. L'authentification de l'ancienneté du fragment pourrait-elle néanmoins relancer le débat sur un hypothétique « mariage » de Jésus ? Rien n'est moins sûr. Elle n'apporterait en fait rien de nouveau à ce que la communauté scientifique sait depuis belle lurette : que l'Église primitive était traversée par un fort courant gnostique qui insistait sur le mariage de Jésus pour accréditer sa cosmogonie très compliquée. Les évangiles canoniques présentent, au contraire, Jésus comme célibataire. Et c'est peut-être justement ce qui les accrédite. Dans le monde juif comme dans le monde païen, le fait de rester célibataire et vierge n'était pas du tout un signe de sainteté. Les rabbis faisant autorité appuyaient cette autorité sur le fait d'être mariés et parents, d'avoir en quelque sorte réalisé pleinement le plan de Dieu pour l'homme pour pouvoir être réellement sages. Aujourd'hui encore dans le judaïsme, il faut être âgé d'au moins 40 ans et être marié pour avoir le droit d'étudier la Kabbale. Si Jésus avait été marié, il est probable que ses disciples auraient mis cet aspect en valeur comme une preuve de son autorité. D'autant que dans les autres évangiles apocryphes, ceux qui ne sont pas issus de la tradition gnostique mais posent d'autres problèmes de crédibilité, le célibat de Jésus n'est absolument pas remis en cause. Preuve que le « mariage » de Jésus répondait à des besoins théologiques précis, à des années-lumières du Jésus des chrétiens.
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