2014-06 BIA

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Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News Networks©

Sommaire

Mensuel • 35e année • n° 382 - Juin 2014

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Nouvelles des Églises adventistes

Silver Spring, Maryland, États-Unis - L’étude sur l’ordination des femmes pasteurs s’achève avec des suggestions. Florence, Italie - Comité de printemps de l’EUD.

Fédération protestante de France

Paris, France - Un adventiste responsable de la pastorale protestante Ile-de-France.

Londres, Angleterre - Sommet mondial « Mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits ».

Avignon, France - Beaucoup de chemins ont été parcourus depuis Lyon.

Protestantisme international

Genève, Suisse - Les protestants romands se donnent une journée pour réfléchir à leur web.

Bulletin publié par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des Pépinières 1020 Renens, Suisse. Rédaction Tél. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiqués peuvent être reproduits avec mention de la source : BIA

Salt Lake City, États-Unis - Qui a peur de l’égalité chez les mormons ?

Kentucky, États-Unis - Division au sein de l’Église méthodiste à propos de la sexualité.

Liberté religieuse

Paris, France - Vers un tournant juridique dans l’affaire Baby Loup ?

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon Rédaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra Jéthro Camille Dominik Frikart Corrado Cozzi Secrétaire de rédaction Dina Lambert


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Nouvelles des Églises adventistes

(ANN/Spectrum/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Silver Spring, Maryland, États Unis - L’étude sur l’ordination des femmes pasteurs s’achève avec des suggestions

Les leaders et les membres de la commission d’étude sur la théologie de la consécration mise en place par l’Église adventiste, se sont interrogés pour savoir si la quatrième et dernière session de la commission déboucherait sur un consensus au sujet de l’épineuse question sur l’ordination des femmes au ministère pastoral. L’un des membres de la commission a fait remarquer qu’il espérait qu’un miracle, l’unanimité de la décision, viendrait conclure ce processus d’étude sur l’ordination des femmes. Il faisait ainsi référence au mercredi 4 juin correspondant à la pentecôte du calendrier juif. En effet, depuis maintenant deux ans, les travaux de la commission avec ses 40 membres ont débouché sur plusieurs options. Les membres ont voté pour l’ordination des femmes au ministère pastorale mais avec aucune obligation de l’imposer selon l’option 2 présenté par Barry Oliver. L’option 1, présentée par Don Macintosh a été écartée par 32 voix contre. (…) Le président de la Conférence Générale, Ted N.C. Wilson, s’est adressé aux membres du comité après les résultats présentés par le président de la Commission, Alan Stele.« Alors que nous poursuivons le processus, je demande que nous agissions chacun avec humilité – non d’une manière autoritaire ou avec une attitude de domination. » a insisté Ted Wilson. «Nous devrions tout faire dans l’esprit du Christ. » Ted Wilson a également remercié les participants pour une déclaration qu’ils ont votée à l’unanimité un peu plus tôt ce jour là. En effet, les membres de la commission ont voté « d’affirmer que leurs divergences d’opinion sur le sujet de l’ordination des femmes, ne les écartaient pas de leur engagement dans le message et la mission de l’Église exprimés à travers les croyances fondamentales ». « Nous serons très ouverts et justes dans la façon dont nous gérons cette question, » a assuré le pasteur Wilson au comité alors qu’il décrivait les principales étapes que suivrait l’Église au cours des mois à venir. Plusieurs groupes administratifs au siège de la Conférence générale se pencheront sur le rapport écrit du processus suivi par cette commission d’ordination au cours de rencontres qui auront lieu du 16 au 19 juin, a indiqué Ted Wilson ; et ils placeront la question à l’ordre du jour du Concile annuel de la dénomination qui se tiendra du 9 au 14 octobre. Les leaders de la Conférence Générale ont promis de rendre disponible, à l’avance, tous les documents issus du récent processus d’étude ainsi que des documents supplémentaires pour les plus de 300 membres du Comité exécutif, lequel décidera ce qui sera recommandé à la session quinquennale de la Conférence Générale qui doit se tenir à San Antonio au Texas en 2015. Ted Wilson a indiqué que de multiples présentations seront faites lors des rencontres administratives

prévues afin d’aider les représentants de l’Église à considérer le sujet ouvertement. « Les résultats du sondage d’aujourd’hui ne devraient dicter aucune issue pour l’Église mondiale, mais on devrait leur accorder leur importance, » a précisé le viceprésident Geoffrey MBwana. « Personne ne devrait s’empresser de dire : Tout cela est une question très claire. Tout ce qui est clair pour le moment est que nous avons de fortes divergences sur la question de l’ordination des femmes au ministère pastoral. » La tâche du groupe composant la commission d’étude de l’ordination des femmes était d’analyser et d’étudier en profondeur le sujet de l’ordination avec des contributions venant des divisions mondiales de l’Église : le comité n’a pas été organisé de manière à représenter proportionnellement l’Église mondiale. Une évaluation plus internationale interviendra dans le processus lors du Concile annuel 2014 et de la session 2015 de la Conférence Générale. Karen Porter, le secrétaire de la commission a souligné l’importance de l’étude. « Ce que nous avons vécu ici pourrait être un schéma important pour l’Église mondiale lorsqu’elle devra considérer d’autres questions au niveau international, » a précisé Karen Porter. « Nous avons appris deux types de leçons – ce qui marche et ce qui ne marche pas – et nous avons tous bénéficié d’avoir passé du temps à l’écoute des gens avec qui nous ne sommes pas nécessairement toujours d’accord. » Artur Stele a félicité les membres du comité pour l’esprit dans lequel ils ont travaillé alors que le processus d’étude étendu sur 24 mois arrivait à son terme. Il a laissé entendre que la quatrième session avait certainement été plus positive par rapport au temps plus important passé dans les comités préalables et dans les groupes de travail. « Bien que nous ayons eu parfois des discussions éprouvantes et difficiles, nous avons développé une véritable fraternité dans un respect mutuel au cours des deux dernières années, » a t-il dit. Une grande majorité des participants a appris à se faire confiance en priant ensemble, en partageant des repas ensemble et en conversant dans les couloirs. C’est le premier vrai processus d’étude global sur cette question à jamais avoir été entrepris. C’était gratifiant de voir et de ressentir à quel point ce processus unique a permis d’établir une compréhension mutuelle et de meilleures relations. Lisa Beardsley-Hardy, directrice du département de l’éducation de la Conférence générale et membre de la commission d’étude de l’ordination a mis l’accent sur le bénéfice à long terme que l’Église récolterait de par le processus d’étude. « Un des plus importants développements pour nous en tant qu’Église globale, mutinationale, était de revisiter notre herméneutique et de réfléchir à la manière dont nous étudions la Bible dans diverses cultures, » a telle dit au journaliste de la Revue adventiste (Adventist Review). « Cette expérience nous a aidé à clarifier ce que nous croyons – et la raison pour laquelle nous le croyons, et nous a aussi amené à nous concentrer sur la façon dont nous poursuivons la mission dans l’unité. »


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(EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Florence, Italie - Comité de printemps de la Division Intereuropéenne

Le comité exécutif de la Division Intereuropéenne s’est tenu à Florence en Italie pour sa session de printemps, du 25 au 27 mai dernier. L’université adventiste de Florence a donc accueilli les membres du comité avec les présidents des Unions des pays européens de la Division administrative adventiste dont le siège est à Berne, Suisse. Le pasteur Bruno Vertallier, président de la Division Intereuropéenne (EUD) a accueilli deux nouveaux présidents d’Unions nouvellement nommés dans leur fonction suite à leurs assemblées administratives. Stéfano Paris, président de l’Union italienne et Marius Munteanu de l’Union roumaine. Le président Vertallier a également remercié Matthias Müller, directeur du centre Media Stimme der Hoffnung, en Allemagne ainsi que Guenther Machel, président de la Fédération du Sud de l’Allemagne pour leur départ en retraite. laus Popa est le nouveau directeur du Centre de média et Rainar Wanitschek est le nouveau président de la Fédération allemande du Sud. Gabriel Maurer, le secrétaire général de l’EUD a présenté dans son rapport la croissance de l’Église adventiste qui en 2013, dans cette partie de l’Europe a pu enregistrer 3 710 baptêmes à travers ses Unions. Au mois de décembre dernier, on enregistrait ainsi une augmentation, dans cette Division administrative, de 178 199 membres. Norbert Zens, le trésorier a présenté un rapport financier, non seulement sur l’économie et les finances mais aussi sur la tendance de l’Église adventiste à travers la générosité et la fidélité des membres dans les offrandes. Robert Lemmon, le trésorier de la Conférence générale a affirmaé « La tendance générale dans le monde est très encourageante. La dîme continue de croître grâce à la générosité et à la fidélité des 18 millions de membres adventistes ». Il précisa aussi que la tendance se poursuit et la contribution de la dîme et des offrandes provenant des Divisions administratives extérieures à celle de l'Amérique du Nord est en augmentation. En 2013, environ 60% des dîmes viennent des dîmes des autres Divisions que celle d’Amérique du Nord. Norbert Zens a indiqué que la dîme totale dans l’EUD est restée à 100 millions d'euros alors que la situation est très différente dans les Unions de l'EUD. Par exemple l’Union du Portugal et celle d’Espagne souffrent toujours de la crise financière conduisant à une diminution des revenus de la dîme d'environ 20 % au cours de ces cinq dernières années. En conséquence, l'EUD a été très impliqué pour aider ces Unions à mieux gérer leur situation. Il ajouta : « Nous sommes très reconnaissants de l'augmentation constante de l'appui financier de nos membres d'Église ». Par exemple, dans l'Union franco-belge (France, Belgique et Luxembourg) le revenu de la dîme a augmenté de près de 30% au cours des 5 dernières années. Ce qui est particulièrement important, c'est que la plus grande partie est due à une augmentation croissante donnée par chaque membre de l'Église.

Un des invités à cette session de l’EUD est le Dr Roger J. Pampelune, médecin en Suisse et auteur d'ouvrages sur les questions de santé. Sa présentation a porté sur le régime alimentaire préconisé par les adventistes par rapport d'autres régimes à la mode. « Pour rapport à une alimentation occidentale moderne, envisager un régime simple ou même pauvres, comme le style de vie méditerranéen : avec leur régime alimentaire, l'activité physique à l'air libre (à pied, de l'agriculture), de manger comme une source de plaisir et de jouissance et de considérer comme un repas sociale événement alimentaire dans le groupe et de la famille ». Le Dr Pampelune a informé le Comité exécutif que « les adventistes du septième jour sont parmi les groupes religieux celui qui rassemblent dans le monde le plus de personnes instruites. Depuis les années 1950, les chercheurs ont publié plus de 250 articles scientifiques utilisant des dizaines de milliers d’adventistes du septième jour en tant que sujets. Ces articles ont été publiés aux États-Unis, en Australie, en Norvège, au Japon, en Pologne, en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas, et dans les îles des Caraïbes. » Le Dr Pampelune a expliqué qu’il s’agit là, de la conséquence du style de vie adventiste qui préconise la santé. « Il en résulte ainsi une augmentation spectaculaire de l'espérance de vie et la réduction des taux de maladies cardio-vasculaires et du cancer, qui sont les principales causes de mortalité en Amérique du Nord ».

Fédération protestante de France

(FFN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Un adventiste responsable de la pastorale protestante Ile-de-France

Suite au départ du pasteur Jean-Frédéric Patrzynski, inspecteur ecclésiastique luthérien, le conseil d’administration de la FPF (Fédération protestante de France) Ile-de-France a nommé le pasteur adventiste, Philippe Leduc, en poste à Dammarie-les-Lys et à Versailles, pour exercer cette fonction jusqu’à l’AG de 2015. Premier pôle régional par son importance et son ancienneté, la Fédération protestante d'Ile-deFrance a pris la suite du Conseil protestant en Région parisienne (1993), qui réunissait les présidents régionaux de l’Église réformée, de l’Église luthérienne et de la Fédération baptiste ainsi que des représentants d’autres Églises membres de la Fédération protestante de France. Une association régie par la loi associative 1901 a été créée en 2003 et s’est étendue à toutes les Églises et Unions d’Églises membres de la Fédération protestante de France qui sont présentes en Ile-de-France. La FPF d'Ile de France a pour but de gérer des services communs (aumôneries d’hôpitaux, de prisons et d’aéroport), d’assurer la représentation de la Fédération protestante de France dans certaines manifestations, de développer une présence protestante commune tant auprès du public que des


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autorités, de veiller à la communication et de susciter des rencontres pastorales régionales et locales. 25 Églises et Unions d'Églises en font partie, auxquelles s’ajoutent la radio Fréquence protestante et le Centre d’Action Sociale Protestant (CASP). Organisation : chaque Église ou Union est représentée par un délégué qui participe à l'assemblée générale annuelle. C'est celle-ci qui élit le Comité directeur pour 3 ans renouvelable. Les informations sont données aux représentants des Églises qui vont les diffuser auprès des paroisses et communautés.

(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Londres, Angleterre – Sommet mondial « Mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits »

La pasteure Ruth Wolff-Bonsirven, membre du conseil de la FPF représentera la Fédération au sommet mondial, qui se déroulera à Londres du 10 au 13 juin, pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits. Ce sommet est organisé par le ministre britannique des affaires étrangères, William Hague, et l’envoyée spéciale du Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Angelina Jolie. L’objectif est de sensibiliser l’opinion mondiale concernant ces violences qui sont l’une des injustices les plus flagrantes et les plus persistantes ; la majorité des victimes survivantes ne voient jamais justice pour ce qu’elles ont enduré et le cycle des conflits se perpétue. Les responsables religieux semblent pouvoir jouer un rôle clé pour rompre ce cycle (rôle crucial que les responsables religieux et les organisations confessionnelles peuvent et doivent jouer dans la mobilisation de leurs communautés en faveur de la prévention des violences sexuelles dans les conflits). Depuis 2012 l’initiative a été lancée mais, les efforts doivent être renouvelés pour s’attaquer à la culture d’impunité qui prévaut pour ces crimes, soutenir les survivants, et mettre fin au recours au viol et aux violences sexuelles comme arme de guerre. Une déclaration d’engagement visant à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits a été présentée devant l’assemblée générale des nations unies en septembre 2013 et 148 pays l’ont déjà adoptée. L’objectif du sommet est de traduire cet engagement politique en actions concrètes qui feront une véritable différence sur le terrain et empêcheront l’utilisation future des violences sexuelles dans les conflits. Ce sommet sera le plus grand rassemblement jamais organisé sur cette question.

(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

a été parcouru depuis. Et il faut le dire, tant avec lucidité qu'avec reconnaissance, ce chemin, considéré sous l'angle de la mise en œuvre de l'union luthéroréformée, a été somme toute facile. » « Cette sorte d'évidence, a-t-il encore souligné, a été vécue bien au-delà des instances nationales. » Et d'évoquer entre autres les « très nombreuses réactions à la mise en place de l'Église protestante unie de France, venues de communautés, oeuvres et mouvements, d'Églises-sœurs en France et à l'étranger, des organisations œcuméniques et de la société civile. Ce furent toujours des réactions positives, marquées d'une curiosité de bon aloi, parfois émues et montrant que cette union avait valeur d'appel dans d'autres contextes, y compris non religieux. Oui, tout cela nous conforte dans l'idée que cette union, maintenant réalisée, était mûre et que nous y avons été conduits. »

À propos du résultat des élections européennes

Mais le contexte politique n'a pas été oublié, avec les résultats des dernières élections européennes. La forte hausse du vote d'extrême-droite doit conduire à une vigilance sans faille à l'égard des phénomènes qui peuvent prospérer dans ce contexte : rejets, stigmatisations, logique de boucs émissaires... Cette vigilance relève d'abord de la responsabilité des élus et de l'autorité judiciaire... mais aussi l'affaire de chaque citoyenne et citoyen qui ne saurait renoncer à sa propre responsabilité à faire vivre la liberté, l'égalité et surtout la fraternité, trop oubliée. Dans son message inaugural, Laurent Schlumberger a mis en parallèle la défiance révélée par ce vote aux européennes, « défiance à l'égard des autres et de l'avenir », et la confiance qui est au coeur de « nos convictions évangéliques les plus centrales ». Car « nous croyons que "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie et qu'il l'ait en abondance" (Jean 3.16). Dieu tel que Jésus-Christ le fait connaître n'est pas un Dieu qui se défie du monde ou qui appelle à s'en retirer. Il ne l'a ni condamné, ni rejeté, ni détruit. Il l'aime, il le rejoint, il y plonge, il y manifeste une confiance inconditionnelle et première (...) Cette confiance-là est profondément libératrice. Elle appelle à l'engagement. Car puisque ma propre existence est digne d'une telle confiance de la part de Dieu, alors même que je n'y suis pour rien, pourquoi en irait-il autrement de toute autre existence ? » Évolutions à long terme du christianisme

Avignon, France – Beaucoup de chemin a dans le monde Le pasteur Schlumberger voit venir une plus été parcouru depuis Lyon Du 29 mai au 1er juin 2014, la ville d’Avignon a accueilli le deuxième synode de l'Église protestante unie de France, sous le thème : Responsables et solidaires. Un an après celui de Lyon, qui avait vu la naissance officielle de l'EPUdF – aboutissement d'un travail de rapprochement engagé en 2007 – ce deuxième synode national était déjà un événement. Dans son message d'ouverture, le pasteur Laurent Schlumberger, président du Conseil national, a évoqué ce premier anniversaire : « Beaucoup de chemin

grande « porosité » entre confessions chrétiennes. Il a fait allusion aux personnes qui rejoignent l'Église protestante unie. « Elles sont motivées par bien d'autres aspirations, à commencer par l'aspiration à une communauté vivante, où elles seront accueillies, reconnues, nommées, nourries. » Et dans ce nouveau paysage, ce ne sera pas tant l'exactitude de la doctrine ou de la morale qui sera un critère de « vérité évangélique », mais bien d'avantage la « capacité de communion » dit-il.


Protestantisme international

(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Genève, Suisse – Les protestants romands se donnent une journée pour réfléchir à leur web

Les protestants romands actifs sur le web étaient invités à se retrouver IRL, entendez par là, in real life, dans la vraie vie, pour la troisième édition des Assises du web protestant. Une cinquantaine de personnes intéressées, de près ou de loin, aux activités des Églises sur le Net se sont ainsi rendues, jeudi 5 juin à l’Institut œcuménique de Bossey pour une journée de réflexion et de partage. Le bagage des participants aux troisièmes assises du web se sera alourdi de quelques outils pratiques pour mieux utiliser le web et les réseaux sociaux, mais aussi de pas mal de questions sur les pratiques actuelles et futures.

Nos divergences et notre complexité en ligne

La première de ces réflexions a été initiée par le théologien hyperactif sur le web, Nicolas Friedli. Il a ouvert la session en listant l’impressionnante offre protestante romande sur le web : l’offre est abondante. Cela pousse l’orateur à cette question un brin provocante : « doit-on dire que “c’est merveilleux, car on a réussi, en dix ans à peine, à reproduire toute la diversité du protestantisme romand sur le web ?” Ou doit-on plutôt dire que c’est une catastrophe, car on a réussi, en moins de dix ans, à reproduire toutes nos divergences et notre complexité sur le web. » Nicolas Friedli note également le web protestant romand reproduit les structures institutionnelles plus qu’il ne cherche à répondre aux demandes des internautes de manière intuitive.

Connectés ! Jusqu’à l’heure du culte

Olivier Glassey, sociologue à l’Université de Lausanne, a présenté une analyse de ce que Facebook avait changé dans la société. Le premier constat est qu’en quelques années ces nouveaux modes de communication ont pris une très grande importance dans notre société. Au point que, selon une étude, 9% des Américains reconnaitraient échanger des messages jusque pendant le culte. Facebook, par le biais de ses algorithmes peu transparents, dicte même l’accès à l’information de nombreux utilisateurs : 48% des adolescents américains accèdent à l’information au travers de ce qui est partagé sur les réseaux sociaux. Enfin, Facebook modifie profondément le rapport des jeunes à la sphère privée. Pour exister en ligne, il est nécessaire de s’afficher, de se montrer, de se donner à voir. Certaines choses ne changent pourtant pas, malgré la centaine d’« amis » qu’un utilisateur peut avoir sur le site, il ne communiquera quotidiennement qu’avec 5 à 8 personnes. Facebook pose ainsi toute une série de questions, auxquelles, la génération qui a grandi avec le média semble répondre de manière plus sereine que ses aînés : redéfinition de la sphère privée, nouvelles règles d’interactions et de hiérarchie sociale. Avec en toile de fond le constat que les réseaux sociaux sont

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un miroir déformant : « on sait que les extrémistes ont tendance à s’y exprimer davantage que les autres ; on sait que les incompétents ont tendance à s’exprimer plus que les autres. Pourquoi ? Par ce que l’un des signes de l’incompétence est de ne pas connaître les limites de sa compétence. »

Twitter : idéal pour contacter les journalistes

Journaliste à la RTS, Magali Philip est une observatrice des réseaux sociaux dont elle tire une chronique matinale sur La Première : sonar. Elle constate que si les réseaux sociaux permettent, en théorie, à n’importe qui de s’exprimer et de contacter d’autres utilisateurs, mettant ainsi fin à une certaine hiérarchie dans la société, dans la réalité les groupes sociaux se reconstruisent en ligne : les jeunes sont utilisateurs de YouTube, et Twitter est utilisé, en Suisse, presque exclusivement par des politiciens et de journalistes. Tout au long de son intervention, Magali Philip a distillé quelques conseils pratiques. Ainsi, les institutions et entreprises devraient se doter d’une politique claire en matière de réseaux sociaux et être prêtes à réagir à un « bad buzz ». Dans ces cas-là, il ne faut pas improviser.

La majorité des protestants francophones et africaine

Isabelle Fiévet-Rossignol, directrice de la publication et la directrice éditoriale de la Fondation Bersier, est revenue sur les 16 mois d’existence de Regardsprotestants.com. Lancé en janvier 2013, ce site reçoit actuellement 20 000 visiteurs par mois et ambitionne d’atteindre les 250 000 en 2017. Il donne une visibilité aux contenus de divers médias protestants, mais n’a pas pour objectif de produire son propre contenu. Un constat : la part de visiteurs africains est importante. Isabelle Fiévet-Rossignol rappelle, citant, l’historien Sébastien Fath, que sur 22 protestants francophones, un seul et français et plus de 20 sont africains. Les internautes africains utilisent rarement un ordinateur, mais ont plus facilement recours à des tablettes et smartphones : un élément à ne pas oublier lors de la conception des sites.

Le blog, un outil social

Martin Grandjean, chercheur à l’Université de Lausanne, mais surtout connu du grand public comme blogueur et pour ses graphiques de visualisation de données. Le blog lui a permis d’entrer en contacts et de se faire connaître non seulement des médias, mais aussi de professeurs et de chercheurs dans son domaine de recherche : l’histoire intellectuelle. Il faut toutefois accepter de s’exposer et respecter une certaine discipline : un blog doit avoir une identité claire, une ligne rédactionnelle claire. Les liens et les commentaires sont des moyens de se faire remarquer par d’autres blogueurs ou webmasters. Ils permettent de montrer à quelqu’un qu’on le suit. Souvent, une certaine réciprocité s’installe ce qui permet de faire connaître son propre blog, un véritable travail de « réseautage ». Par contre, le succès d’un billet peut être tout à fait inattendu : les partages se font très vite et un blogueur ne maîtrise pas l’utilisation qui est faite de ce qu’il publie.


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(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Salt Lake City, États-Unis – Qui a peur de l’égalité chez les mormons ?

Muriel Schmid est docteur en théologie de l’Université de Neuchâtel et professeur à l’université d’Utah. Elle vit à Salt Lake City depuis dix ans et le dimanche de Pentecôte, elle a assisté à la Gay Pride de ce fief mormon. Dans de nombreuses villes à travers le monde, les communautés LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) célèbrent leur identité, leurs luttes et leurs succès : les mois d’été sont les mois des Gay Pride. Cette année, une Gay Pride est organisée dans environ 200 villes ; en plus des villes habituelles telles que New York, San Francisco, Londres, Amsterdam, Paris, Berlin, etc., quelques surprises comme la Gay Pride d’Istanbul, celle de Shanghai ou encore celle de Zagreb. Dans certains pays, ce n’est pas seulement une célébration, mais un acte politique courageux. Ce dimanche de Pentecôte, ce fut le tour de Salt Lake City. Cela faisait longtemps que je n’y avais plus assisté et, depuis plus de 10 ans que je vis ici, la Gay Pride est devenue aujourd’hui un événement qui attire un public large et divers. Cette année, les foules étaient particulièrement nombreuses a déclaré Muriel Schmid ; depuis décembre dernier en effet, le débat autour du droit au mariage pour les couples de même sexe s’est retrouvé au premier plan de la scène politique de l’Utah.

Bataille juridique autour du mariage gay

Pendant 17 jours, entre le 20 décembre 2013 et le 6 janvier 2014, l’État de l’Utah a autorisé les mariages pour les couples de même sexe ; environ 1 300 couples se sont mariés dans ce court laps de temps. Cette ouverture inattendue faisait partie d’une longue bataille juridique qui débuta en 2004. Cette année-là, l’Utah passait l’Amendement 3 qui modifiait la Constitution de l’Utah pour y définir le mariage comme étant strictement réservé aux couples hétérosexuels. Après 9 ans d’appels, le juge Robert Shelby de la Cour suprême de l’État déclarait enfin l’Amendement 3 anticonstitutionnel, reconnaissant qu’il créait de facto des citoyens et citoyennes de deuxième classe aux droits civils réduits. Aux États-Unis, toute question liée aux droits civils résonne avec le fameux slogan des années de ségrégation raciale, Separate but Equal, qui justifia pendant très longtemps un traitement inégal pour les citoyens et citoyennes noirs américains. Nombreux sont les juges, à travers le pays, qui, en regard du passé, prennent la même décision que le juge Shelby afin d’éviter la création d'une société constitutionnellement divisée. L’État de l’Utah, appuyé par une coalition religieuse dont fait partie l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, a fait appel contre la décision du juge Shelby ; c’est un cas relativement unique aux ÉtatsUnis : la législature de l’État s’oppose à une décision rendue par sa propre cour suprême, mêlant ainsi religion et politique de manière délicate. La bataille juridique n’est donc, de loin, pas terminée.

Nombreuses communautés religieuses à la Gay Pride

Dans le contexte politico-religieux particulier de l’Utah et l’actualité du débat sur le droit au mariage pour les couples de même sexe, la Gay Pride de cette année a

donné l’occasion à de nombreux groupes de prendre position sur la question des droits au mariage : les divers universités et collèges régionaux étaient présents en signe de soutien pour la communauté LGBT ; les représentants d’institutions hospitalières, certains commerces locaux, les politiciens de tous bords qui se battent pour changer la loi, la police… mais, en fin de compte, ce qui était vraiment unique dans cette Gay Pride de Salt Lake City, c’était le nombre remarquable de communautés religieuses qui faisaient partie de la parade ! Les méthodistes, les presbytériens, les épiscopaliens, les unitariens, les diverses communautés juives, les bouddhistes, sans compter les groupes néo-païens et les associations d’athées qui ont tous défilé avec leurs pancartes et leurs slogans en faveur de l’égalité. Un groupe reçut un accueil chaleureux particulier, celui des mormons qui soutiennent le droit à l’égalité et qui choisissent d’être présents au cortège de la Gay Pride. Mormons Building Bridges est un groupe de mormons pratiquants qui, en opposition avec la doctrine officielle de leur Église, réaffirment l’Évangile en prêchant amour et acceptation à l’égard de la communauté LGBT, un mouvement de base qui au nom de leur foi chrétienne refuse l’exclusion et la discrimination. Cette année, ils sont venus en nombre imposant participer à la Gay Pride, tous vêtus de leurs habits du dimanche. (...)

Qu’est-ce qui fait peur dans le droit à l’égalité ?

À voir défiler tous ces croyants, en particulier ceux et celles issus de la tradition judéo-chrétienne, et en pensant aux absents, Muriel Schmid se demande ce qui fait peur dans le droit à l’égalité. Juste un double sentiment : « je suis toujours déstabilisée par la confusion entre le politique et le religieux (et les États-Unis n’en ont pas le monopole comme certains Européens aimeraient nous le faire croire), et en même temps je suis profondément touchée par l’acte courageux de ceux et celles qui prennent publiquement position pour la justice contre le mot d’ordre de leurs autorités. » a-t’elle déclaré. (Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Kentucky, États-Unis – Division au sein de l’Église méthodiste à propos de la sexualité

Un groupe de 80 pasteurs pensent que la deuxième plus grande congrégation protestante des États-Unis est confrontée à une déchirure imminente à cause de l’incapacité à résoudre des disputes théologiques de longue date, à propos de la sexualité et de la doctrine de l’Église. Mais plutôt que de se plaindre de cette division, les pasteurs soulignent qu’il y a peu de raisons de croire en une réconciliation – ou même une coexistence paisible. Comme un couple sur le point de divorcer, l’Église méthodiste rassemble des avis « différents irréconciliables ». « Nous ne pouvons plus parler du schisme comme d’un événement futur. La séparation s’est déjà produite au sein de notre communauté », explique le révérend Maxie Dunnam, président retraité du Séminaire de théologie évangélique Asbury dans le Kentucky. Le ton a changé, il y a dix ans, alors que les conservateurs ont rejeté une proposition de « séparation à l’amiable » comme prématurée. « Je ne veux pas que nous parlions de séparation », avait dit le révérend Maxie Dunnam


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après l’assemblée de l’Église en 2004, avant même que la question du mariage homosexuel touche toute la nation. « Ce n’est pas un sujet sur lequel nous devons perdre notre énergie ».

Alors que 19 États et le District de Columbia autorisent les mariages pour les personnes de même sexe, le débat a touché les principales communautés religieuses des États-Unis, créant des divisions amères et des compromis. La question touche particulièrement les méthodistes, où la sainteté – les croyances et les pratiques par rapport à la pureté chrétienne – est fondamentale dans la théologie. Et comme le nombre de membres stagne aux États-Unis alors qu’il augmente en Afrique, ce sont les délégués d’outre-mer qui ont lutté contre la pression croissante de libéraliser la politique de l’Église sur le mariage homosexuel et les pasteurs gays.

Une Église dans une impasse

Face à la désapprobation des règles qui empêchent les pasteurs de célébrer des mariages homosexuels et face aux grandes Églises qui défendent une politique conservatrice, des pasteurs de l’Église méthodiste unie (UMC) pensent que les 11,8 millions de membres sont dans une impasse. Un grand nombre de personnes estiment que les débats sur la sexualité touchent la façon même de comprendre les Écritures ainsi que la manière d’enseigner des responsables religieux. Franck Schaefer, un ancien pasteur de Pennsylvanie, a été reconnu coupable de violation de la loi de l’Église pour avoir célébré le mariage de son fils homosexuel en 2007. Il sera entendu prochainement par le comité juridique de l’Église. Franck Schaefer pourrait garder son titre de pasteur, s’il retire son soutien aux mariages homosexuels, mais il a refusé. Néanmoins pour de nombreux conservateurs, le désaccord a explosé suite aux décisions de l’Évêque Martin D. McLee de New York. En mars dernier, l’évêque a annoncé qu’il allait classer, sans suite, l’affaire concernant l’ancien doyen du Séminaire qui avait, lui aussi, célébré le mariage de son fils homosexuel en 2012. Martin D. McLee a également demandé d’arrêter les procès contre les membres du clergé qui unissent les couples de mêmes sexes. Les pasteurs ont trouvé que les décisions de l’évêque ne respectaient pas les enseignements de l’Église. Selon eux, il aurait dû, de façon appropriée, changer la position de l’Église sur la sexualité, plutôt que de refuser de respecter les règles et la constitution de l’Église. « Les tensions ont atteint un point où cela devient destructeur », a relevé, dans une interview, le révérend Larry Baird, pasteur de l’Église méthodiste de Grand Island, à New York. Selon lui, changer la dénomination de la communauté n’est pas la première chose à faire. « Nous espérons trouver un compromis, qui satisfera l’ensemble des membres ». Originaire des cinq juridictions de l’UMC, le groupe des 80 pasteurs et théologiens a publié un communiqué, jeudi 22 mai, qui décrit la crise à l’intérieur de leur Église. Ils pointent du doigt les pasteurs qui ont enfreint le Livre de loi, le manque de sanctions, les conflits par rapport à la suprématie des Écritures ainsi que les différences dans la façon d’enseigner la sainteté.

Un compromis qui ne satisfait personne

Les traditionalistes croient que les Écritures sont très

explicites par rapport à l’interdiction des relations homosexuelles alors que les progressistes y voient l’amour et la justice divine, peut-on lire dans le rapport. Récemment, l’Église méthodiste a décidé d’élargir les avantages pour ses employés en couple, aux couples de mêmes sexes dans les États qui autorisent ces unions. Même si les couples homosexuels ne peuvent pas s’unir au sein de l’UMC. « Choisir une position entre-deux est réconfortant et correspond à l’attitude chrétienne », explique-t-on dans le rapport. « Cependant, il faut reconnaître que ce genre de compromis nie la réalité. Aucune partie ne va se satisfaire de ce genre de position ». D’autres groupes religieux se sont déjà positionnés par rapport aux mariages homosexuels, bien plus rapidement que l’Église méthodiste, qui a un effectif mondial plus conservateur; un tiers des membres habitent en Afrique, en Asie ou en Europe. « Pouvons-nous apprendre de la douleur qu’ont vécue d’autres congrégations et trouver une solution qui honore les règles établies par John Wesley (le fondateur des méthodistes) ? Une voie sans perdant et sans gagnant, mais simplement des frères et des sœurs qui se séparent à l’amiable tout en voulant le bien de l’autre ? ». L’UMC n’a pas fourni de réponse officielle. La grande question : l’UMC peut-elle rester intacte et satisfaire des personnes avec des points de vue radicalement opposés ? Lors de la Conférence générale, les délégués n’ont pas choisi l’option presbytérienne qui est de permettre aux organismes régionaux de fixer leurs propres règles. Depuis plus de deux décennies, l’Église méthodiste s’est efforcée de trouver une façon pour maintenir un statu quo sans perdre ni les traditionalistes, ni les libéraux. Malgré sa volonté d’unifier ses règles, l’Église méthodiste est une organisation théologique diversifiée qui compte des membres de tout horizon allant de l’ancien président George W. Bush à Hillary Clinton. « L’UMC est une Église pluraliste avec des points de vue radicalement différents », souligne William Abraham, un professeur spécialiste des thèses de John Wesley, à l’Université méthodiste du Sud. « Cela montre à quel point nous pouvons vivre avec des différences… jusqu’à ce qu’elles commencent à mordre sur les pratiques des églises locales ».

Liberté religieuse

(Fait religieux.com/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Vers un nouveau tournant juridique dans l'affaire Baby-Loup ?

Le licenciement pour faute grave d'une salariée de la crèche Baby-Loup à Chateloup-les-Vignes (Yvelines) cristallise les passions. Avait-elle le droit de porter le voile islamique sur son lieu de travail ? L'affaire revient prochainement devant la Cour de cassation mais cette fois-ci réunie en assemblée plénière afin de rendre un arrêt définitif très attendu. Elle sera ensuite renvoyée devant une cour d'appel qui sera tenue de respecter l'arrêt rendu par la plus haute juridiction judiciaire en France. Lors de l'audience prévue ce mois de juin, le débat juridique va porter notamment sur l'interprétation du règlement intérieur de la crèche qui est une association régie par la loi 1901. Selon ce document interne, « le principe de la liberté de conscience et de religion de chacun des membres du personnel ne peut faire obs-


BIA - N° 382 - Juin 2014 - 8

tacle au respect des principes de laïcité et de neutralité qui s'appliquent dans l'exercice de l'ensemble des activités développées par Baby-Loup, tant dans les locaux de la crèche ou ses annexes qu'en accompagnement extérieur des enfants confiés à la crèche ». Dans son arrêt du 19 mars 2013, la chambre sociale de la Cour de cassation avait considéré que ce règlement intérieur instaurait une restriction générale et imprécise. En clair, il était contraire à l'article 1321-3 du code du travail qui impose que les restrictions aux libertés individuelles et collectives (dont la liberté religieuse) doivent être justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché dans les entités privées. Autrement dit, pour la chambre sociale de la Cour de cassation, le licenciement pour faute grave de la salariée n'était pas valide. Elle a renvoyé l'affaire devant la cour d'appel de Paris qui, dans un arrêt du 27 novembre 2013 a, en revanche estimé le licenciement justifié. Suite à cette décision de justice, la salariée s'est pourvue en cassation. Et donc l'affaire revient devant la Cour de cassation réunie en assemblée plénière. « L'arrêt du 19 mars 2013 de la chambre sociale de la Cour de cassation était dans la lignée de la jurisprudence. Si la Cour de cassation réunie en assemblée plénière validait le règlement intérieur de la crèche Baby-Loup, cela ne serait plus la jurisprudence actuelle », souligne Claire Waquet, avocate de la salarié licenciée. Autrement dit, il y aurait un revirement jurisprudentiel. « Sur le fond même de cette affaire, il est assez curieux que des entreprises privées puissent revendiquer le principe de neutralité et de laïcité inhérent à l'État et à ses agents. Nous espérons que l'assemblée plénière de la Cour de cassation va confirmer l'arrêt du 19 mars 2013 de sa chambre sociale », estime de son côté Lila Charef, responsable du service juridique du Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF).

L'éveil des enfants mis en avant

La direction de la crèche met en exergue la spécificité du travail dans une crèche pour expliquer le choix du règlement intérieur de l'association. « Notre fonction est d'éveiller l'enfant dans un monde de vie en commun avec des règles de neutralité et d'égalité », explique sa directrice Natalia Baleato en insistant que tout le personnel dans une crèche se trouve en contact avec les enfants. « Nous ne sommes pas une entreprise mais une crèche pour la petite enfance, affirme-t-elle. Tous les enfants sont accueillis de la même manière et nous l'avons traduit par notre règlement intérieur ». Une approche que soutient le Comité Laïcité République. « Ce qui est en jeu est avant tout la liberté de conscience des enfants, déclare son président Patrick Kessel. Il faut qu'ils apprennent à devenir des citoyens, à vivre ensemble, être libres et égaux en se respectant mutuellement ». L'un des enjeux juridiques pour la Cour de cassation en assemblée plénière sera, ou non, de prendre en compte la spécificité d'une crèche dans l'interprétation juridique du règlement intérieur. (...) Commission paritaire 1111 G 88583 Dépôt légal N° 79 – CAB – 019 Préfecture de Seine-et-Marne

Les subventions publiques en question

Est-ce que l'obtention de subventions publiques peut peser dans la balance ? La directrice de la crèche BabyLoup souligne que le financement est assuré par 90 % de subventions publiques et 10 % par les parents. Or, les fonctionnaires sont tenus au principe de neutralité. Mais également le personnel des entités privées ayant une mission de service public depuis un fameux arrêt du 19 mars 2013 de la chambre sociale de la Cour de cassation concernant une salariée de la caisse primaire d'assurance maladie de la Seine Saint-Denis (CPAM). « Pour qu'une entreprise privée soit considérée comme ayant en charge une mission de service public, il ne faut pas seulement percevoir des subventions publiques », indique Lila Charef. De son côté, l'Observatoire de la laïcité explique que dans son arrêt du 19 mars 2013 sur la CPAM, la chambre sociale de la Cour de cassation avait rappelé qu'une entité exerçant une mission d'intérêt général n'était pas dans la même situation qu'une entité exerçant une mission de service public. En clair, il faut que la structure de droit privé ait reçue une délégation de service public pour imposer le principe de neutralité à son personnel. Ce qui n'est par le cas pour la crèche Baby-Loup.

L'entreprise de tendance

Pour confirmer le licenciement pour faute de la salariée, la cour d'appel de Paris s'était appuyée, dans son arrêt du 27 novembre 2013, sur une notion qu'est l'entreprise de conviction (de tendance) au sens de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Une personne morale de droit privé assurant une mission d'intérêt général pourrait, dans certaines circonstances, prévoir dans son règlement intérieur l'obligation de neutralité à son personnel dans ses tâches. Pour la cour d'appel de Paris, la crèche Baby-Loup est une entreprise de conviction pouvant donc interdire à ses salariés de porter tout signe ostentatoire religieux. Cette interprétation ne semble pas recueillir un large consensus. « La crèche Baby-Loup n'a pas été réfléchie comme une entreprise de tendance mais comme une entité pour faire un travail de proximité avec les citoyens de la ville », explique sa directrice Natalia Baleato. Sur son site internet, le journal La Croix, écrit que le procureur général Jean-Claude Marin estime que la cour d'appel de Paris n'a pas eu raison de reconnaître la crèche Baby-Loup comme étant une entreprise de conviction. Pour l'Observatoire de la laïcité, l'entreprise de tendance n'est possible, au regard de la jurisprudence française, que pour les partis politiques, les syndicats et les organisations confessionnelles. « La crèche Baby-Loup n'est pas une entreprise de tendance. Car il n'y a pas d'entreprise de tendance laïque ou neutre », affirme l'avocate Claire Waquet. (...) La Cour de cassation rendra son arrêt à la fin de ce mois de juin.

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