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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News Networks©
Sommaire
Mensuel • 36e année • n° 388 - Février 2015
Bulletin publié par le Service de presse adventiste
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Nouvelles des Églises adventistes
Silver Spring, États-Unis - Ministère auprès des sourds
Pune, Inde - Centième anniversaire de l’Université Spicer
Montpellier, France – Disparition du pasteur Élie Davy
Protestantisme international
Nuremberg, Allemagne - Martin Luther en Playmobil pour les 500 ans de la Réforme Allemagne - Cités européennes de la Réforme
Mouvement évangélique
Paris, France – Pas de signature à la déclaration de Reporter sans Frontière
(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des Pépinières 1020 Renens, Suisse. Rédaction Tél. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiqués peuvent être reproduits avec mention de la source : BIA
Liberté religieuse
Paris, France - Retour du religieux et montée des intégrismes Bénin, Afrique - Incendie des locaux d’une station de radio
Le Caire, Égypte - L’augmentation de l’athéisme qualifiée de dangereux Luxembourg – La réforme de financement public des cultes
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon Rédaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra Jéthro Camille Dominik Frikart Corrado Cozzi Secrétaire de rédaction Dina Lambert
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Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Silver Spring, États-Unis - Ministère auprès des sourds
Le ministère auprès des sourds de l’Église adventiste du septième jour gagne du terrain dans le monde avec une coordination efficace pour mieux atteindre et travailler auprès de cette population si souvent négligée. Cette année, pour la première fois, chaque dénomination des 13 divisions administratives adventistes, dispose d’un coordonnateur pour le ministère auprès des sourds et des malentendants dans sa région. C’est une mesure annoncée au mois d’octobre dernier, lors du Concile annuel de la Conférence générale. Larry Evans, un des directeurs adjoints du Ministère de la Gestion chrétienne de la vie, a depuis longtemps fait la promotion de la mission auprès des malentendants et il aide la dénomination à coordonner sa communication. « Nous voyons des choses passionnantes se produire et nous espérons continuer à offrir des ressources pour les malentendants et ceux qui ne le sont pas, pour comprendre les défis que doit relever le ministère en faveur de ce groupe spécifique » a affirmé L. Evans. « Seuls 2% environ des malentendants, sont chrétiens, » a t-il précisé. « Nous avons besoin de parler plus de la manière d’atteindre ce groupe de personnes qui n’a pas encore été évangélisées. » Le développement des ressources pour les sourds inclus un nouveau site internet, avec des sections, à la fois, pour les sourds et les gens qui ne le sont pas. Les personnes sourdes sont souvent privées des ressources habituelles d’enseignements spirituels et d’encouragement. Quand ils sont membres d’une église où il n’y a pas de sourds, souvent ils ne sont pas inclus dans la plupart des programmes de l’Église, y compris à la direction de l’Église. Certaines pratiques dans les congrégations de sourds sont visiblement différentes, les têtes ne sont pas baissées pendant la prière, les hymnes ne sont pas chantés mais interprétés avec le langage des signes et en guise d’applaudissements on agite les mains. L. Evans et d’autres personnes, y compris la viceprésidente de la Division Nord-Américaine, Debra Brill, ont continuellement poussé la dénomination à comprendre comment répondre au mieux, aux besoins des malentendants. Des camp-meetings pour les sourds sont organisées aux États-Unis depuis plus de trois décennies. En Afrique, au Kénya, une école d’une capacité de 18 élèves pour les sourds, a été récemment ouverte. En avril, 75 personnes de différents pays d’Europe ont organisé un rassemblement pour les sourds en Allemagne. Et au Brésil, plus de 1 200 personnes ont participé à un camp meeting pour les personnes sourdes le mois dernier. « Dans les régions où le Ministère auprès des sourds n’est pas tout à fait organisé, les membres d’Église peuvent réfléchir à des moyens d’intégrer les sourds dans les programmes de l’Église et à sa direction » a
déclaré Esther Doss du Ministère auprès des sourds « Trois Anges », basée à Greenbelt, Maryland. « Faites vous des amis parmi les sourds et communiquer avec eux, » a conseillé E. Doss. « Nous n’avons pas besoin d’avoir peur de faire une erreur, ils y sont habitués. » Ella a ajouté que les Églises peuvent former ou embaucher un interprète en langage des signes afin d’aider les sourds à se sentir plus à l’aise. « Utilisez un peu votre imagination, réfléchissez à comment rendre les lieux plus accessibles, » a conseillé E. Doss. Plusieurs partisans de ce ministère déclarent qu’on a besoin de plus de ressources y compris un centre de formation du Ministère auprès des sourds pour former les pasteurs sourds et les personnes qui animent par exemple, des études bibliques. En 1996, Jeff Jordan est devenu le premier adventiste sourd à obtenir un Master en Théologie du Séminaire de Théologie de l’Université d’Andrews. Il est maintenant pasteur de la Fraternité des Sourds du Sud, une église en ligne implantée dans le Tennessee, un État américain, qui méne des actions en faveur des sourds. Jeff Jordan a affirmé que les employés de l’Église qui travaillent à plein temps à ce Ministère sont peu nombreux. « Nous avons besoin de travailleurs pour aider à terminer la mission importante que Jésus nous a confiée, » a t-il précisé. En attendant, au moins un étudiant se prépare pour le service. Le premier pasteur adventiste sourd du Brésil, Douglas Silva, sera bientôt diplômé. Information sur les Ministères adventistes auprès des sourds : http://www.adventistdeaf.org/
(Adventist Review/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Pune, Inde - Centième anniversaire de l’Université Spicer
L’Université adventiste Spicer en Inde est restée fidèle à sa mission durant les cinq jours de fête à l’occasion de son centième anniversaire. Un jour fut réservé à la formation de 500 pasteurs au cours d’une rencontre avec le président de l’Église adventiste, le pasteur Ted N.C. Wilson. Ce dernier a souligné l’importance de la compassion envers les personnes dans le besoin. Fondée par le missionnaire américain Gentry G. Lowry en 1905, l’Université a pour mission de former des missionnaires et des colporteurs. Les festivités de son centième anniversaire furent l’occasion de se rappeler de ses origines modestes, et de louer Dieu que l’Université soit devenue une force pour partager la foi en Jésus-Christ, dans la Division adventiste du territoire de l’Asie du Sud. Selon les déclarations du pasteur Ted Wilson : « C’est un grand pas pour l’Université Spicer qui place l’Institution et la Division adventiste d’Asie du Sud à un niveau d’engagement et de responsabilité plus élevé pour la mission évangélique ». Des douzaines de dirigeants locaux de l’Église se sont rendus à l’Université de la ville de Pune pour cette célébration. Parmi les invités se trouvaient l’influent gouverneur de l’État indien, Maharashtra et les dirigeants de la Division d’Asie du Sud et ceux de la Conférence Générale de Silver Spring dans le Maryland.
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Le week-end fut marqué par la prédication de Ted Wilson devant une foule de 2 000 personnes. Il a également assuré une rencontre à l’Hôtel Hyatt le dimanche soir en présence de centaines de personnes, dont des dirigeants municipaux, de l’éducation, et de la santé ainsi que des hommes et des femmes d’affaires, de Pune, la septième ville de plus de 6 million d’habitants. « On m’a demandé de parler à ce groupe inhabituel de dirigeants qui viennent de différents milieux religieux, incluant des croyances Hindoues, Musulmanes, Jaïn, Juives et Chrétiennes » a confié le pasteur Ted Wilson. « J’ai mis l’accent sur le besoin d’humilité et d’altruisme pour accomplir de bonnes choses pour l’humanité. J’ai utilisé des références dans le livre des Proverbes et je me suis concentré sur l’humilité du Christ présentée dans Philippiens. » Il précisa également : « Même si il y avaient de nombreux non-chrétiens dans l’auditoire, le Saint-Esprit a utilisé le message pour en toucher plusieurs. » L’Université Spicer rassemble actuellement 1173 étudiants et 132 membres du personnel. Son statut d’Université date de l’année dernière et aujourd’hui, cet établissement est encore appelé de son ancien nom, Spicer Memorial College, en hommage à William A. Spicer, l’un des premiers missionnaires adventistes en Inde qui fut président de la Conférence Générale. Selon le président de l’Université Spicer, Justus Devadas, les habitants de la ville de Pune ont reconnu l’établissement comme le « campus qui fait la différence ». « Aujourd’hui Spicer Memorial College, une institution de minorité chrétienne reconnue, avec une philosophie éducative et un programme académique, continue d’être un établissement phare de l’éducation adventiste en Asie du Sud » a affirmé Justus Devadas. L’université continue à se battre pour maintenir sa vision d’inculquer à ses diplômés à s’engager pour un service désintéressé envers Dieu et leurs prochains. La faculté s’évertue à former de manière adéquate les étudiants avec les exigences d’une vie descente, dans ce monde et la citoyenneté, pour le monde à venir. Comme d’autres événements liés à l’anniversaire de l’université Spicer citons un service de consécration, la sortie de presse de plusieurs livres, et la mise en scène d’une pièce retraçant la façon dont Dieu guida l’université durant les 100 dernières années. Une cérémonie publique le dimanche a accueilli Chennamaneni Vidyasagar Rao, le gouverneur de l’État de Maharashtra. Il a fait des éloges au sujet de l’Université Spicer et sa contribution en l’Inde. Un projet de l’université a été inauguré et dédicacé chaque jour, durant les cinq jours. Parmi eux, le « Jardin de la prière de Gethséman », « l’Église de Marathi » et le « bâtiment dédié au Management et à l’Informatique » dont le coût s’élève à 2,4 millions de dollars.
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
du Sud de la France mais il a surtout été président de cette Fédération. Il a également assuré la présidence de l’Union franco-belge. Il a été une figure marquante de l’adventisme français entre les années 1960 et 1990. Il fut le co fondateur de la maison de retraite du Foyer du Romarin avec le pasteur Adi Zurcher et Jean Sambian. Élie Davy était un homme de vision dans sa fonction d’administrateur. Homme de foi attaché aux Saintes Ecritures, son nom est rattaché à bien des constructions et des projets de bâtiments. Devant une nombreuse assistante, une cérémonie s’est tenue le matin du lundi 9 février au Foyer du Romarin à Clapiers où il a été accompagné pendant ses derniers jours. Le même jour, l’après-midi, le service d’inhumation s’est tenue, à Viane, dans le Tarn.
Protestantisme international
(LA VIE/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Nuremberg, Allemagne – Martin Luther en Playmobil pour les 500 ans de la Réforme
À l'approche du jubilé de la Réforme, en 2017, la ville de Nuremberg développe une stratégie marketing originale pour mettre en lumière son rôle phare dans la Réforme. « Le réformateur Martin Luther est désormais disponible sous les traits d'une figurine Playmobil », relate le magazine Pro (en allemand). Dans sa main droite, il tient une plume et dans sa main gauche la Bible ouverte, sur laquelle, précise le site NordBayern (en allemand), on peut lire l'inscription : « Les livres de l'Ancien Testament. Le Nouveau Testament traduit par le Dr Martin Luther ».
Nuremberg, centre médiatique de la Réforme
Deux ans avant l'anniversaire Réforme, le fabricant de jouets Playmobil vient de mettre 34 000 premières figurines de Martin Luther sur le marché, au prix de 2,39 €. Le directeur du Conseil allemand du tourisme (DZT) et la ville de Nuremberg voient dans cette initiative de la marque allemande une « contribution populaire » à la Luther Dekade (Décennie Luther, lancée en Allemagne en 2008, ndlr), qui doit durer jusqu'en 2017. La DZT a d'ailleurs développé le personnage avec l'Office de tourisme de Nuremberg. Au cours de cette Décennie Luther, la ville de Nuremberg veut ainsi mettre en lumière son rôle de « centre médiatique de la Réforme », explique Pro. « À l'époque de Luther, la ville était en effet un site d'impression exceptionnel qui a donc fortement influencé la Réforme », précise encore l'hebdomadaire chrétien.
Ambassadeur de la Réforme
Avec l'Église évangélique allemande - qui re-
Montpellier, France - Disparition du pas- groupe la majorité des églises luthériennes outreRhin - les professionnels du tourisme veulent utiliser teur Elie Davy
Nous partageons avec vous la triste nouvelle du décès du pasteur Elie Davy à l’âge de 90 ans. Élie Davy était en retraite dans son département natal du Tarn. Il a exercé son ministère sur le territoire
le personnage de 7,5 centimètres comme un « ambassadeur de la Réforme » et « attirer en Allemagne un tourisme spirituel et religieux » selon les termes de Petra Hedorfer, porte-parole de la DZT. Ainsi, sur le site de la DZT, une carte interactive ex-
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plique les principaux événements de la vie de Luther et propose aux internautes d'organiser leur voyage en fonction. D'après les estimations de la DZT, entre « 3 et 5% des touristes » seraient interessées par une telle démarche. « À Nuremberg, conclut Pro, Martin Luther a un précédent historique » : l'artiste Albrecht Dürer, dont la figurine Playmobil a été vendue à 80.000 exemplaires à travers le monde, depuis son lancement en 2012.
(APD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Allemagne – Cités européennes de la Réforme en ligne
Le projet « Cités européennes de la Réforme » de la Communion d’Églises protestantes en Europe lance son propre site Web. On y trouvera dès maintenant des renseignements substantiels et actuels à propos des 17 villes dans sept pays européens qui ont obtenu jusqu’ici le titre de « Cité européenne de la Réforme ». Une carte géographique interactive des Cités de la Réforme permet d’accéder directement à chacune de ces villes. Comme le dit le secrétaire général de la CEPE, Michael Bünker : « Un spot d’information sur chaque ville indiquant en quoi consiste son caractère de cité de la Réforme est censée éveiller l’intérêt de l’usager. » « Notre site permettra également d’accéder directement aux offres concrètes dans le cadre du 500e Jubilé de la Réforme. » Trilingue (Allemand/Anglais/Français), cette page Web présente, sous forme de calendrier, les activités prévues des différentes villes selon les catégories suivantes : tourisme, arts/culture, science, célébrations cultuelles, fêtes et enfants/jeunesse/sports. Des informations sur l’ensemble du projet « Cités européennes de la Réforme » et la rubrique Frequently Asked Questions (FAQ) complètent cette offre. Selon M. Bünker, « il y a plus de 30 autres villes qui ont manifesté leur intérêt à participer à ce projet ». Les activités conçues par ces différentes villes relatives au Jubilé de la Réforme permettent de songer à un large éventail de manifestations. Dès la seconde moitié de 2015, on pourra s’attendre à l’annonce de quantité d’événements. « La planification tourne à plein régime dans les diverses cités. L’idée directrice d’encourager les Églises à élaborer des projets ensemble avec les autorités municipales s’est avérée concluante, » ajoute le secrétaire général. Il est toujours possible de soumettre sa candidature en vue de participer au projet en question. Et la concertation avec le projet en partenariat avec l’Église évangélique en Allemagne (EKD) sous le nom de « Parcours européen de la Réforme » se poursuit conformément aux prévisions.
Mouvement Évangélique
(CNEF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Pas de signature
Le Conseil national des évangéliques de France est viscéralement attaché à la liberté de conscience et d’expression. Il dénonce avec la plus grande fermeté tout recours à la violence ou à l’exercice de pression pour obliger quiconque à faire taire un point de vue différent du sien. Il n’a d’ailleurs pas attendu les attentats de janvier dernier pour lancer, dès juin 2014, une campagne en faveur de la liberté d’expression intitulée « Libre de le dire » (http://libredeledire.fr) Si le CNEF ne souhaite pas signer la « Proclamation sur la liberté d’expression » proposée par RSF, c’est d’abord parce qu’elle manque à l’ÉGALITÉ de la devise républicaine. Pourquoi défendre seulement le « droit au blasphème » (pudiquement nommé « critiques irrévérencieuses » dans le texte à signer) et ne rien dire du droit des croyants à témoigner publiquement de leur foi ? Parce qu’en la matière, il y a aussi de quoi être préoccupé.
Les auteurs en ont oublié la notion de respect
En France, alors que règne un climat de peur à l’égard des religions qui favorise les amalgames, il n’est pas rare d’entendre des dirigeants politiques dire qu’il faudrait aseptiser la sphère publique de toute parole et de tout signe religieux. Dans de nombreux pays la liberté d’expression est contestée aux chrétiens, parfois victimes de persécutions violentes. Curieusement, peu de médias semblent prêts à défendre avec une égale énergie le droit pour les croyants de partager leur foi dans la sphère publique et d’inviter les personnes qui le souhaitent à changer de religion. Il convient de s’interroger si l’on ne promeut pas finalement une conception inégalitaire de la liberté d’expression. Entière pour ceux qui veulent caricaturer de façon offensante, limitée pour ceux qui veulent partager honnêtement leurs convictions ! Si le CNEF ne souhaite pas signer la « Proclamation sur la liberté d’expression » proposée par RSF, c’est aussi parce qu’elle ne fait pas droit à une dimension sans laquelle aucune société ne peut survivre, la FRATERNITÉ. Tout à leur préoccupation d’une liberté de pouvoir tout dire, les auteurs en ont oublié la notion de respect. « La liberté d’information et d’expression, celle des journalistes comme des citoyens, ne saurait être contrainte ou limitée par… les sensibilités des uns ou des autres », écrivent-ils. Est-ce à dire que la caricature, l’invective ou le mépris sont les meilleurs garants de la liberté d’expression ? Nous ne le croyons pas. Le débat d’idées, pour exister, n’a nul besoin de passer par l’offense volontaire. Et la liberté d’expression, par le déni de fraternité. Au moment où les tensions, les incompréhensions et les haines mettent à mal notre société, il faut éviter de se laisser guider par les seules émotions et oser dire que la liberté d’expression ne prospérera pas sans faire droit à l’égalité et à la fraternité. (Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a été créé officiellement le 15 juin 2010. Organe représentatif, il rassemble plus de 70% des évangé-
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liques et plus d’une centaine d’organisations paraecclésiastiques. Il est membre de l’Alliance évangélique européenne et de l’Alliance évangélique mondiale).
Liberté religieuse
(Henri Tincq/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Retour du religieux et montée des intégrismes
Depuis la mise en cause de l’islam radical qui a suivi l’attentat contre Charlie Hebdo et la prise d’otages à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, une réflexion très critique se développe en France sur le retour du religieux et une montée des intégrismes qui n’épargne aucune confession ni communauté. Qu’a dit exactement André Malraux sur le retour du religieux au XXIe siècle ? Dès l’année 1955, il avait déclaré, dans une interview restée célèbre : « Le problème capital de la fin de siècle sera le problème religieux. » Plus tard, invité à préciser son propos, il a ajouté : « On m’a fait dire que le XXIe siècle sera religieux. Je n’ai jamais dit cela bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain, mais je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire. » André Malraux n’avait pas tort. En trente ans, une formidable mutation de la scène religieuse est survenue en France et dans le monde. Dans les années 1960-1970, les prophètes d’un monde sans Dieu avaient pignon sur rue. Depuis Marx, Nietzsche, Freud, les « maîtres du soupçon », Dieu était mort et enterré. Sans fleurs, ni couronnes. Ces nouveaux philosophes et politologues affirmaient que le monde était entré dans une ère post-religieuse. Ils croyaient dur comme fer au « désenchantement » de la société moderne (Marcel Gauchet), à la mort de la religion, à la laïcisation des mœurs, des idées, de la politique. Ils écrivaient que le progrès de la raison scientifique et technique conduisait inéluctablement à une sortie de la religion. Et comment aurait-on pu, à l’époque, leur donner tort ? Tout convergeait : l’urbanisation et la fin de la « civilisation paroissiale » symbolisée par le clocher de village ; le déclin des Églises historiques ; l’assimilation d’un judaïsme en diaspora ; la domination, dans les pays musulmans, d’un nationalisme laïque, arabe ou turc ; l’envahissement, dans les pays riches, de modèles de consommation matérielle ; la transformation du statut de la femme ; l’émergence d’une civilisation de loisirs ; l’omniprésence de médias qui façonnent les esprits ! Le monde n’avait plus besoin de religion.
La revanche de Dieu
Mais les mêmes qui avaient observé cette montée massive de l’individualisme, de la sécularisation, de l’indifférence religieuse, confessaient, quelques décennies plus tard, qu’une « revanche de Dieu » était à l’œuvre. Que Dieu avait été simplement « refoulé » et ne demandait qu’à ressusciter. En 1968, le sociologue américain Harvey Cox écrivait un maître-ouvrage intitulé La Cité séculière, qui exprimait cette fatalité de la disparition de la religion. Trente ans après, le même chercheur publiait un autre livre intitulé Le retour de Dieu, analysant le succès des groupes évangéliques et pentecôtistes aux États-
Unis, dans les mégapoles d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. De même, en 1992, l’islamologue Gilles Kepel, dans La revanche de Dieu, démontrait, avec brio, l’extraordinaire concomitance, à partir de la fin des années 1970, des phénomènes religieux identitaires : dans le judaïsme, avec l’ascension de courants orthodoxes et de partis religieux en Israël; dans l’islam, avec le succès de la révolution iranienne en 1979 et la percée de groupes islamistes en Égypte ou en Algérie; dans le christianisme, avec l’affirmation de courants évangéliques protestants et la « nouvelle évangélisation » militante prônée par un pape comme Jean-Paul II. Tout ce qui s’est passé depuis, sur la scène française (pour s’en tenir à elle), confirme cette intuition. La communauté juive d’abord, qui fut longtemps à majorité ashkénaze, très assimilée, jouit d’un renouveau et d’une forte visibilité. Elle compte environ 150 synagogues, contre une trentaine dans les années soixante; près de deux cents écoles juives sous contrat contre 45, il y a quarante ans. Les radios communautaires connaissent une audience croissante et on ne compte plus les « retours » à la cacherout, au shabbat, à l’étude juive dans les cours de TalmudTorah. Ou les « montées » en Israël (aliyah), pour des raisons de sécurité comme on l’a écrit, mais aussi pour des raisons religieuses. Cette néo-orthodoxie juive est due au retour et à la prépondérance des juifs séfarades d’Afrique du Nord, dont la foi est plus démonstrative, mais aussi aux menaces qui pèsent sur Israël et à la remontée des actes antisémites. En trente ans aussi, les Églises chrétiennes ont changé. Elles se montrent plus visibles sur la scène publique, interviennent dans les débats sociaux ou éthiques (pas seulement contre le mariage pour tous). Minoritaires et décomplexés, les chrétiens affirment davantage leur foi. Chez les protestants, la branche évangélique, plus militante et démonstrative, est devenue majoritaire. Elle a dépassé – en chiffres et en influence – ce vieux protestantisme luthérien et réformé qui fut longtemps le noyau dur du protestantisme français, mais qui est aujourd’hui en perte de vitesse (comme en Allemagne, dans les pays scandinaves ou ceux de l’Est).
Un islam sédentarisé
Mais c’est surtout dans la population musulmane que la mutation a été la plus radicale. Dans les années 1970, on donnait le chiffre d’un million de musulmans en France. Aujourd’hui, ils seraient 5 millions, mais personne n’en sait rien. Comment définir qui est « musulman » ? L’islam des premières générations d’immigrés était vécu comme un « islam d’exilés », venus travailler en France mais ne rêvant que de rentrer au pays pour y retrouver la terre et la religion de leurs « pères ». Un jour, un vieux fidèle musulman m‘a dit : « Pour moi, l’islam, c’est comme le bateau qui me conduit de Marseille à Tanger ! ».
Le grand tournant, c’est la sédentarisation de la population musulmane à partir des années 1970 et des mesures de regroupement familial. On a alors pris conscience que les travailleurs temporaires, qui venaient du Maroc ou d’Algérie, non seulement resteraient en France, mais y feraient des enfants. Si la génération des pères « exilés » n’avait plus qu’un rap-
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port lointain avec la religion, les enfants nés en France veulent retrouver la religion, devenue un facteur identitaire pour une génération culturellement déchirée. Déçus par les tentatives de récupération politique (les « marches de beurs »), ils vont même surinvestir dans la religion : voile, prières, ramadan et même pèlerinage à la Mecque. Une attitude qui s’est aussi imposée comme une compensation aux échecs de l’intégration (scolarisation, chomage, insécurité). Aujourd’hui en France, c’en est donc fini de l’islam vécu comme un déchirement et un exil. L’islam sédentarisé se vit, s’exprime, se transmet sur tout le territoire. Des besoins religieux et communautaires se font plus pressants. Plus ou moins adroitement, les gouvernements, de droite comme de gauche, se sont vus dans l’obligation, malgré le contexte laïque, de traiter de questions délicates comme la construction de lieux de culte, le voile à l’école, la burqa, la formation des imams. Les polémiques sont fréquentes, liées en grande partie à l’incapacité de cette communauté à dégager une élite capable de prendre en charge et guider cette réaffirmation islamique.
Un religieux pathologique ?
Toutes ces formes de renouveau religieux ont en commun d’être en réaction face à la « modernité », à l’affaissement des systèmes de transmission (école), à l’urbanisation massive, à la désaffection du politique, au déficit de repères moraux. Mais certaines sont pathologiques, offensives, agressives. Elles favorisent le repli sur des communautés fermées, provoquent des dérives sectaires et violentes qui suscitent les réactions de peur et de rejet auxquelles nous assistons aujourd’hui. Dans l’islam, c’est la montée du salafisme qui est le phénomène le plus spectaculaire. Le salafisme s’inscrit dans la lignée des théologiens rigoristes de l’islam wahhabite, dogme officiel en Arabie saoudite. Il se prétend l’islam véritable, celui des origines. Le terme salaf désigne les « pieux prédécesseurs », compagnons de Mahomet, sur lesquels les adeptes doivent calquer leur conduite. Leurs habitudes vestimentaires – les femmes en burqa et gants noirs (comme les épouses du prophète), les hommes en kamis (longue chemise qui tombe sur des pantalons courts)– renvoient l’image anachronique d’une époque idéalisée. Pour eux, la séparation des sexes est obsessionnelle et ils refusent toute mixité. Issus de l’imigration ou convertis à l’islam, les salafistes sont des jeunes exclus et déclassés. Ce qui les attire, c’est le discours de rupture avec la société occidentale. Porter la burqa – interdite dans l’espace public depuis une loi de 2011 – est une manière de rejeter une autorité familiale jugée trop intégrée ou permissive. Sans doute sont-ils très minoritaires (autour de 15 000 selon le ministère de l’Intérieur), mais les salafistes recrutent dans les quartiers populaires. Matrice des dérives djihadistes, ils fonctionnent comme une secte : rupture avec l’environnement, manipulation mentale, conception d’un monde malfaisant et corrompu. Le protestantisme aussi est traversé par des mouvements qui frôlent l’intégrisme. Les évangéliques (à distinguer des évangélistes, qui sont les rédacteurs des Évangiles) ne doivent bien-sûr pas être comparés aux salafistes, mais ils ont en commun une volonté de retour
radical aux origines de leur religion et un désir de renaître – on les appelle born again, nés de nouveau, convertis – dans un monde plus pur. En France, on compte un million de protestants et on estime à 400 000 le nombre des évangéliques, pour qui la « conversion » est l’acte majeur de leur vie et la lecture de la Bible l’un de leurs gestes les plus quotidiens. Ils sont regroupés dans des Églises reconnues, mais aussi dans des réseaux indépendants nés de courants d’immigration d’Afrique ou d’Asie. Les évangéliques chinois sont aujourd’hui plus nombreux à Paris que les protestants traditionnels ! Leur succès tient à l’accueil offert à ces déracinés dans les réunions de prière, d'évangélisation, de formation biblique, au charisme du « pasteur » autoproclamé, à la fois animateur, prédicateur, exorciste, thérapeute, et à des liturgies chaleureuses, sans commune mesure avec l’austérité des célébrations catholiques ou protestantes traditionnelles. La lecture de la Bible chez les évangéliques est fondamentaliste et leur vision de la société fondée sur des valeurs familiales et sexuelles rigoristes. Binaire, cette vision comprend, d’un côté, les purs ou les forces du Bien et, de l’autre, les corrompus ou les forces du Mal. En matière de mœurs, les évangéliques rejoignent souvent les positions du magistère catholique sur les questions de société : rejet du mariage homosexuel, de l’avortement, de l’euthanasie, de la sexualité hors mariage, de l’homoparentalité.
Les catholiques « identitaires »
Les catholiques «identitaires» aussi sont de plus en plus visibles. Ils sont descendus dans la rue pour la défense du mariage traditionnel, sont très inquiets de la « dégradation » des valeurs familiales, de l’intrusion supposée de la « théorie du genre » à l’école, de l’ouverture du droit à la PMA et à la GPA, de la prochaine loi sur la fin de vie, de la «banalisation» de l’avortement. Ils se disent, en outre, victimes d’une sorte de « christianophobie » sur les scènes de théâtre (l’affaire Golgotha Picnic), de profanations d’églises, de restrictions à la laïcité (le retrait des crèches de Noël). Quant aux « intégristes » catholiques purs et durs, ils rêvent d’un retour à un ordre ancien, rompu selon eux par le concile de Vatican II des années 1960 et les papes qui l’ont suivi. Ils n’ont jamais accepté les nouvelles règles de l’Église : la liberté religieuse, c’est-àdire le droit pour chaque homme de croire à la religion de son choix ; l’œcuménisme avec les non-catholiques (protestants, orthodoxes, anglicans, etc) ; le dialogue avec les juifs, les musulmans ou les bouddhistes. Nostalgiques d’un ordre social, politique et religieux révolu, ils militent encore pour la restauration de l’Église d’autrefois, qui régentait les mœurs et les consciences. Avant sa démission, le pape Benoît XVI avait tenté de les réintégrer, mais, malgré d’importantes concessions (levée des excommunications, nouvelles facilités pour la messe en latin), il a échoué devant leur entêtement.
Des patrimoines de valeurs
Il ne faut pas confondre toutes ces formes de radicalisme religieux. Il n’y a pas grand chose de commun – sauf parfois la violence verbale – entre les salafistes qui défendent la burqa, la charia et la guerre sainte, et les intégristes catholiques amateurs de soutane et de messes en latin. Il faut donc se garder de tout mélanger.
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Mais les religions sont devenues des facteurs de réaffirmation des identités, menacées par la modernité et la mondialisation, et elles subissent aujourd’hui, en raison de dérives sectaires et violentes qu’elles ne contrôlent plus, un véritable rejet de l’opinion, qui culmine en France après les attentats contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Faut-il tomber dans ce « religieux-bashing » ? On ne peut oublier que ces religions, y compris l’islam, sont des réservoirs d’expérience et des patrimoines considérables de valeurs, de cultures, de racines et de traditions. Elles répondent au besoin de tout homme de s’inscrire dans des lignées. Elles sont des instances de sens et de normes et, à ce titre, elles sont légitimes pour faire des propositions sur l’éducation, la bioéthique, la famille, la fin de vie. Elles sont présentes sur les terrains de la solidarité avec les exclus, les Roms, les sans-papiers et les prisonniers. Présentes aussi dans les quartiers difficiles pour favoriser une « paix sociale » à laquelle aspirent les élus qui suscitent des groupes de dialogue religieux à Lyon ou à Marseille. Mais les religions ne pourront retrouver le respect et rejouer leur rôle qu’en évacuant leurs intégrismes, en respectant les règles de la laïcité et en favorisant toutes les formes de dialogue avec la société.
(Protestinfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Bénin, Afrique - Incendie des locaux d’une station de radio
Les locaux d’Hosanna FM 90.6 La voix de l’Espérance, la radio de l’Église protestante méthodiste du Bénin, ont été ravagé par les flammes. L’incendie a probablement été causé par un problème électrique. Des dégâts évalués à 23 millions de francs CFA, soit environ 36 700 francs suisses. Les émissions continuent grâce à des moyens de fortune.
Hosanna FM, est autorisée à diffuser dans un rayon de 70 km qui inclut la métropole de Cotonou depuis presque deux ans. Afin de ne pas perdre cette autorisation, un programme est assuré avec les moyens du bord, tous les jours de 8h à midi. De la musique et quelques communiqués sont ainsi diffusés depuis le petit bâtiment où se trouve l’émetteur, selon un message transmis à DM un pasteur responsable. Avant l’incendie, les trois techniciens, le journaliste, les trois animatrices et l’animateur se relayaient pour proposer des programmes de 6h à 23h, en trois langues.
15 ans de démarches
Il avait fallu près de 15 ans aux responsables de l’Église pour se voir attribuer une fréquence rappelle sur son site, le Defap, le service protestant français de mission. Une fois l’autorisation obtenue, en mars 2013, la radio avait dû commencer à émettre en moins de trois mois sous peine de perdre cette précieuse attribution de fréquence. Un délai très court pour trouver et construire tout le matériel nécessaire, antenne comprise.
L’Église protestante méthodiste du Bénin avait obtenu, dans ce projet, le soutien de la communauté d’Églises en mission Cevaa. En particulier du Defap (France) et de DM échange et mission (Suisse romande). « Nous avons pratiqué dans ce cas ce que nous appelons dans notre jargon, échange de personnes », explique le pasteur Jean-Daniel Peterschmitt de DM échange et mission. « En clair, il s’agit de stages. Des employés d’Hosanna FM sont venus en Suisse en stage au service protestant de radio (partenaire de RTS religion) et des professionnels suisses se sont rendus sur place pour organiser des formations. » Du matériel technique a également été envoyé de Suisse. Dans un premier temps, la réparation des studios d’Hosanna FM sera assumée par l’Église protestante méthodiste du Bénin. « Des appels au don ont été faits sur place », explique Jean-Daniel Peterschmitt. « Si une aide internationale est nécessaire, nous relayerons l’appel du Cevaa, mais dans tous les cas cela se fera de manière coordonnée entre les partenaires. » De tels projets de radio d’Églises sont soutenus dans plusieurs pays, tels que Côte d’Ivoire, Madagascar, Rwanda et Togo.
(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Le Caire, Égypte - L’augmentation de l’athéisme qualifiée de « dangereuse »
En Égypte, il n’y a apparemment nulle part où les athées sont en sécurité. Il en est de même pour ceux qui sont soupçonnés d’être non-croyants. Plusieurs personnes ont été ciblées dans des cafés, harcelées dans les rues, et d’autres licenciées. Dar al-Ifta, le département du gouvernement qui émet les édits religieux, a publié une enquête en décembre affirmant que l’Égypte comptait exactement 866 athées, un nombre qui reflète « une dangereuse croissance », juge cette administration. Quelques jours plus tard, les médias ont rapporté qu’un café réputé du Caire avait été fermé par les autorités. Il était accusé d’être un repaire d’athées. « Je dois me taire quand il est question d’une quelconque critique ou de satire au sujet de la religion », a déclaré Mohammed Amr, qui est athée. « Si j’ai une remarque à propos de la religion ou de la pratique de la religion, je la garde pour moi, et ne partage pas mes propres convictions », a-t-il continué.
Criminalisation de l’athéisme
Depuis 2011, au moins 27 sur plus de 40 prévenus jugés pour diffamation ont été reconnus coupables en justice, a indiqué l’association Initiative égyptienne pour les droits des personnes. « Il y a eu une augmentation des attaques contre les citoyens dont les vues sont minoritaires et contre d’autres qui ont essayé d’exprimer une opinion sur les questions religieuses controversées », a déclaré l’organisation dans un rapport au mois d’août dernier. Un tribunal égyptien a condamné Karim al-Banna, un étudiant que son père avait qualifié d’athée, à trois ans de prison le mois dernier. Il avait écrit des messages sur Facebook qui ont été considérés comme insultants pour l’Islam, selon l’Association pour la liberté de pensée et d’expression.
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Climat de répression et menaces de mort
« Quiconque écrit des commentaires ou des discussions sur des sujets qui sont contre la religion doivent faire face à des accusations d’infraction pénale », a révélé Fatma Serag, directrice du secteur juridique de l’association pour la liberté de pensée et d’expression. Bien que la constitution égyptienne garantisse la liberté de croyance, elle limite la liberté de pratique pour les chrétiens, le judaïsme et certains courants de l’Islam. Dans les cas concernant le blasphème, les procureurs font souvent référence à un article du Code pénal qui traite des idéologies extrémistes et de l’exploitation de la religion. Ayman Emam, un athée qui a créé une page Facebook, « la communauté athée égyptienne », pour surveiller les attaques contre l’expression des convictions, a été menacé pour ses opinions. En plus d’être harcelé en ligne, Ayman Emam a trouvé, en été 2013, sur le pare-brise de sa voiture, un morceau de papier avec des versets du Coran disant que l’apostasie devait être punie de mort.
Aucun recours possible
« Vous ne pouvez rien faire contre cela, car que pouvez-vous faire ? Aller à la police ? » a déclaré Ayman Emam. « Non seulement la police ne va pas vous aider, mais probablement va vous causer des problèmes. » En septembre 2012, Amnesty International a signalé qu’une foule d’hommes en colère a encerclé la maison d’Alber Saber Ayad, un militant du Caire, l’accusant d’hérésie et d’athéisme pour avoir prétendument fait la promotion d’un film en ligne qui critiquait l’Islam. Après que sa mère a appelé la police pour demander une protection, les autorités ont arrêté Alber Saber Ayad, qui a été condamné pour « diffamation de la religion. » D’autres ont fait face à des problèmes au travail. En juin 2013, un enseignant dans une école secondaire du quartier de Gizeh a été congédié parce qu’il était athée, a révélé aussi Fatma Serag. L’année dernière, Amin Ezz El-Din, fonctionnaire du ministère de l’Intérieur qui a la charge de superviser la sécurité dans la ville côtière d’Alexandrie, a annoncé à la télévision égyptienne qu’une force opérationnelle serait constituée pour arrêter les noncroyants, selon le site de Mada Masr, un journal égyptien indépendant en ligne.
La vague de répression intervient au cœur d’un débat plus large sur la religion.
Les athées ont récemment commencé à apparaître plus fréquemment dans les émissions de télévision égyptiennes. Quelques jours avant l’attaque du jour-
Commission paritaire 1111 G 88583 Dépôt légal N° 79 – CAB – 019 Préfecture de Seine-et-Marne
nal satirique « Charlie Hebdo » le mois dernier à Paris, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a lancé un appel pour une révolution dans l’Islam dans le but de remanier la religion –un acte important dans un pays conservateur où la population d’environ 90 millions est majoritairement musulmane. Lors de son discours du jour de l’an, Abdel al-Sisi a souligné l’importance de la diffusion des enseignements modérés de l’Islam et de l’importance de confronter les interprétations trompeuses de la foi, selon le service d’information d’État. Cela ne semble pas indiquer l’acceptation imminente de vues controversées. « Il n’y a aucun projet pour protéger les libertés », a déclaré Amr Ezzat, un chercheur responsable du programme Liberté religieuse au sein de l’association Initiative égyptienne pour le droit des personnes. « C’est un sujet abandonné. »
(Observatoire des religions/Caroline Sägesser/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Luxembourg – La réforme du financement public des cultes
Le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a présenté, à la Chambre des Députés, la réforme du financement public des cultes, qui prévoit notamment la fin du paiement des traitements des ministres des cultes par l’État et une réduction de plus de 70 % du budget global alloué aux cultes. Majorité contre opposition, le texte gouvernemental a été entériné par l’assemblée luxembourgeoise ce 21 janvier 2015. Le régime des cultes luxembourgeois ayant cours jusqu’ici est d’inspiration concordataire. L’État conclut avec les différents cultes des conventions, en application de l’article 22 de la Constitution. Ces conventions règlent notamment le paiement des traitements des ministres des cultes par l’État, une obligation qui figure par ailleurs à l’article 106 de la Constitution. Initialement prévu pour la seule Église catholique, le conventionnement a été conclu également avec le culte israélite, l’Église protestante et l’Église protestante réformée, le culte anglican et les Églises orthodoxes grecque, roumaine et serbe. Par ailleurs, les dispositions du décret impérial du 30 décembre 1809 sur les fabriques d’église sont toujours en vigueur au Grand-Duché : les paroisses catholiques reçoivent donc un financement substantiel des communes luxembourgeoises. L’Église catholique bénéficie également de l’organisation de cours de religion catholique dans les écoles primaires et secondaires, l’alternative d’un cours de formation morale étant proposée aux élèves. [...]
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