2015-09 BIA

Page 1

B i A

Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 36e annĂŠe • n° 395 - Septembre 2015

2 2 2

3 4 4 5 6 6 7 8

Nouvelles des Églises adventistes

Rome, Italie - Inauguration d’une place nommÊe Martin Luther dans la ville de Rome. Berne, Suisse - L’Église adventiste invite à la compassion en pleine crise des rÊfugiÊs en Europe. Montemorelos, Mexique - Dans le Nord du Mexique, l’hôpital adventiste coordonne plus de 500 opÊrations des yeux en cinq jours.

Protestantisme international

Mialet, France - L’assemblÊe du dÊsert

Rome, Italie - L’Église Vaudoise accepte le dialogue avec le Pape mais rejette la demande de pardon. Genève, Suisse - Les rĂŠfugiĂŠs influencent fortement les religions en place. Paris, France - AssemblĂŠe

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

LibertĂŠ religieuse

Washington, États-Unis - Une pÊtition demande la fin des discriminations au moment de l’embauche.

La Havane, Cuba - Les cubains ont de nouveau le droit d’avoir une Bible. Montemorelos, Syrie - L’État islamique impose aux chrĂŠtiens 11 règles Ă suivre pour garder la vie sauve. Paris, France - Le vivre ensemble est dans l’assiette.

SociĂŠtĂŠ

Paris, France - Qu’y a t-il dans les  cours de morale  à l’Êcole ?

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 2

Nouvelles des Églises adventistes

(CD-EUDNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Rome, Italie - Inauguration d’une place nommÊe Martin Luther dans la ville de Rome

498 ans après l'action courageuse du moine allemand, Martin Luther, qui aurait placardĂŠ sur les portes de l’Église de la Toussaint de Wittemberg ses 95 thèses concernant violemment le commerce des indulgences pratiquĂŠ dans l’Église catholique romaine, et plus durement encore les pratiques du Haut ClergĂŠ, une reconnaissance officielle lui est accordĂŠe Ă la ville de Rome. Il y a 494 ans, Luther avait reçu la bulle d'excommunication dĂŠlivrĂŠ par le pape LĂŠon X. C’Êtait 3 Janvier 1521. Martin Luther avait dĂŠjĂ visitĂŠ Rome en 1510. ÂŤ En 2009, lors du dialogue que l'Église adventiste du septième jour entama avec l’Église luthĂŠrienne mondiale, une demande commune avait ĂŠtĂŠ faite pour nommer un carrĂŠ de la ville de Rome, Martin Luther Âť selon Dora Bognandi, ancienne responsable du dĂŠpartement des Affaires publiques et de la libertĂŠ religieuse de l'Église adventiste de Rome. Dora Bognandi a militĂŠ avec persĂŠvĂŠrance pour favoriser une telle reconnaissance. ÂŤ Merci Ă l'engagement de Dora Bognandi Âť a titrĂŠ le grand journal italien ÂŤ La Repubblica Âť. ÂŤ Il a rĂŠcemment attribuĂŠ aux adventistes toute l'initiative Âť, a confirmĂŠ David Romano, actuel directeur du dĂŠpartement des affaires publiques et de la libertĂŠ religieuse en Italie. Au dĂŠbut du processus, le bureau en charge de la structure de la voirie urbaine de la ville avaient rĂŠpondu favorablement, mais n'a pas rĂŠussi Ă faire avancer le dossier. ÂŤ Le Conseil d'État de toutes les dĂŠnominations chrĂŠtiennes sur territoire romain, dans lequel les adventistes sont membres, a pris la situation en main. Nous nous sommes rencontrĂŠs Ă plusieurs reprises avec les conseillers municipaux, avec le bureau en charge. Nous avons ĂŠcrit plusieurs lettres, jusqu'Ă la fin de l'annĂŠe 2014. On nous a rĂŠpondu que la demande avait ĂŠtĂŠ accordĂŠe et elle a dĂť ĂŞtre finalement approuvĂŠe par le conseil municipal Âť, a dĂŠclarĂŠ Dora Bognandi. Six annĂŠes se sont ĂŠcoulĂŠes depuis la première demande ÂŤ avancĂŠe au Capitole par l'Église adventiste du septième jour, faite en juin 2009, Ă la commission spĂŠcialisĂŠe de Rome, en vue du 500e anniversaire de la visite historique Ă Rome faite par le rĂŠformateur Luther Âť, affirme le journal ÂŤ La Repubblica Âť du 28 aoĂťt. La date de l’inaguration choisie est fixĂŠe au 16 septembre, afin de permettre au maire de Rome, Ignazio Roberto Marino, d'ĂŞtre prĂŠsent et d'honorer cet ĂŠvĂŠnement. Le lieu choisi par le Capitole, en accord avec la proposition des adventistes, est le quartier de Monti, exactement dans le parc Oppio Colle, le long de l'avenue Fortunato Mizzi, Ă proximitĂŠ du ColisĂŠe.

ÂŤ Je pense que c’est un endroit oĂš les ĂŠvangĂŠliques et les protestants se sentent chez eux avec la volontĂŠ de promouvoir les activitĂŠs importantes Âť, a dĂŠclarĂŠ Dora Bognandi. ÂŤ Lors de la cĂŠrĂŠmonie il y aura aussi des reprĂŠsentants des diffĂŠrentes confessions chrĂŠtiennes, y compris les catholiques, ainsi que des reprĂŠsentants des religions non-chrĂŠtiennes Âť, car ceci est un moment important pour toutes les minoritĂŠs Âť dĂŠclara David Romano en ajoutant : ÂŤ Nous serons prĂŠsents comme adventistes, et j’espère aussi que beaucoup de nos membres nous accompagneront. Âť

(ANN/EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Berne, Suisse - L’Église adventiste invite Ă la compassion en pleine crise des rĂŠfugiĂŠs en Europe L’Église adventiste du septième Jour en Europe est invitĂŠe Ă faire preuve de compassion et Ă prier au milieu d’une crise qui a vu des centaines de migrants s’engager dans des protestations en France et en Hongrie et les corps d’autres migrants s’Êchouer sur les cĂ´tes de la Turquie. Une vague de milliers de migrants dĂŠsespĂŠrĂŠs et de demandeurs d’asile a inondĂŠ l’Europe en provenance du Moyen Orient, de l’Afrique et de l’Asie du Sud cet ĂŠtĂŠ, laissant le continent divisĂŠ sur la manière de gĂŠrer la question. ÂŤ Nous sommes tous les enfants du mĂŞme Père. C’est le moment de rester ensemble et de partager l’amour abondant de Dieu pour chacun de nous, Âť a dĂŠclarĂŠ le pasteur Mario Brito, prĂŠsident de la Division IntereuropĂŠenne de l’Église adventiste. ÂŤ Que le Seigneur bĂŠnisse tous ces migrants qui sont dans la souffrance. Que le Seigneur nous donne un cĹ“ur compatissant. Âť [...] La Division IntereuropĂŠenne a dĂŠclarĂŠ que l’histoire des migrants ÂŤ est notre histoire. Âť ÂŤ Nous croyons que ces personnes font ce que n’importe lequel d’entre nous ferait si nous avions une opportunitĂŠ d’avoir une vie meilleure pour nos familles et nos enfants, Âť a indiquĂŠ le dĂŠpartement des communications de la Division dans un communiquĂŠ. ÂŤ Les rĂŠfugiĂŠs prennent le risque de venir ici ; plusieurs d’entre eux sont dans une extrĂŞme pauvretĂŠ et ils veulent retrouver leur dignitĂŠ en tant qu’êtres humains. Âť Il a fait rĂŠfĂŠrence aux paroles de JĂŠsus dans Matthieu 25.34-36 comme d’un guide pour savoir comment traiter les migrants. Le passage dit : ÂŤ Alors le roi dira Ă ceux qui seront Ă sa droite : Venez, vous qui ĂŞtes bĂŠnis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a ĂŠtĂŠ prĂŠparĂŠ dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donnĂŠ Ă manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donnĂŠ Ă boire ; j’Êtais ĂŠtranger, et vous m’avez recueilli, j’Êtais nu, et vous m’avez vĂŞtu, j’Êtais malade, et vous m’avez visitĂŠ, j’Êtais en prison, et vous ĂŞtes venus vers moi. Âť


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 3

Les leaders adventistes se sont engagĂŠs Ă prier pour les autoritĂŠs de l’Union EuropĂŠenne alors qu’ils font face Ă la crise migratoire. ÂŤ Les europĂŠens ont raison, bien entendu, de demander une plus grande sĂŠcuritĂŠ aux frontières et une meilleure prĂŠvention contre le trafic humain, Âť dit le communiquĂŠ. ÂŤ D’un autre cĂ´tĂŠ, nous reconnaissons la difficultĂŠ qu’il y a Ă gĂŠrer cette ĂŠnorme crise humanitaire et nous nous engageons, par consĂŠquent, Ă prier pour les autoritĂŠs compĂŠtentes. Âť (ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Montemorelos, Mexique - Dans le Nord du Mexique, l’hôpital adventiste coordonne plus de 500 opÊrations des yeux en cinq jours

Plus de 520 individus Ă faibles revenus dans l’Êtat du Nuevo Leon au Mexique ont bĂŠnĂŠficiĂŠ de chirurgie des yeux grâce Ă une collaboration entre l’HĂ´pital adventiste de La Carlota, l’organisation Ă but non lucratif Medical Ministry International (Ministère MĂŠdical International) et un groupe d’ophtalmologistes ChrĂŠtiens des États-Unis. Les patients ont envahi l’Institut de la Vision Ă l’HĂ´pital de La Carlota qui se trouve Ă Montemorelos au Mexique le mois dernier pour bĂŠnĂŠficier de cette initiative mĂŠdicale de cinq jours. Il y avait des patients venus des communautĂŠs avoisinantes, certains venus de Tamaulipas qui se trouve Ă plus de 200 kilomètres et d’autres de Huasteca Potosina Ă 439 kilomètres, a indiquĂŠ le personnel de l’hĂ´pital. ÂŤ 468 opĂŠrations de la cataracte ont ĂŠtĂŠ effectuĂŠes, 53 de la rĂŠtine et 4 opĂŠrations de ptĂŠrygion, Âť a prĂŠcisĂŠ Dr Pedro Gomez, directeur de l’Institut de la Vision. La collaboration entre Medical Ministry International et Chosen (Choisi) – une organisation chrĂŠtienne composĂŠe d’ophtalmologistes du Texas et de la Louisiane – a permis d’avoir le matĂŠriel pour les opĂŠrations ainsi que les mĂŠdicaments ; elle a aussi permis de couvrir leurs propres dĂŠpenses de voyage, d’après les affirmations de Juan Carlos Pedraza qui a supervisĂŠ la partie logistique de l’initiative mĂŠdicale. Sept spĂŠcialistes ont travaillĂŠ avec un groupe de 21 assistants techniciens locaux, du personnel mĂŠdical et des leaders spirituels qui ont rendu possible cette initiative pendant ces quelques jours, a ajoutĂŠ Juan Carlos Pedraza. Plus de 100 opĂŠrations ont ĂŠtĂŠ effectuĂŠes chaque jour, du matin tĂ´t jusqu’aux alentours de minuit, le tout Ă faible coĂťt a indiquĂŠ Carlos Pedraza. Pour les opĂŠrations de la cataracte, les patients ont payĂŠ 236 dollars. Le tarif en vigueur est de 1183 dollars. Le travail prĂŠliminaire de laboratoire ĂŠtait fixĂŠ Ă 29 dollars au lieu de 118 dollars. Certains patients ont mĂŞme payĂŠ moins que ce montant d’après l’agence du DĂŠveloppement IntĂŠgral de la Famille du district

municipal de l’État qui a prÊsÊlectionnÊ les individus selon le type d’opÊration dont ils avaient besoin.

Aux patients qui avaient besoin de passer la nuit sur place, un logement a ÊtÊ proposÊ au centre sanitaire de l’hôpital. Plusieurs Églises adventistes de Montemorelos ont proposÊ le dÊjeuner et le souper. Les membres d’Église ont passÊ du temps et priÊ avec les patients en leur apportant de la nourriture. L’Hôpital adventiste La Carlota organise ce programme chaque annÊe depuis 2008. Parfois même deux ou trois fois chaque annÊe, selon les responsables de l’hôpital. L’action a ÊtÊ reconduite jusqu’à trois fois certaines annÊes.

Protestantisme international

(ObjectifGard/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Mialet, AssemblĂŠe du dĂŠsert

Comme chaque annĂŠe, le premier dimanche de septembre, plusieurs milliers de protestants ĂŠtaient prĂŠsents Ă l'AssemblĂŠe du dĂŠsert de Mialet. Une ĂŠdition en hommage aux 300 ans du synode de 1715, un appel rĂŠpĂŠtĂŠ au soutien envers les migrants et les rĂŠfugiĂŠs qui affluent vers l'Europe.

1715, le premier synode. Une poignÊe de prÊdicants des CÊvennes et du Languedoc, rassemblÊs avec quelques laïcs, constituent une petite assemblÊe et font le pari d’une refondation des Églises protestantes. 1815, dÊfaite de Waterloo et de l'armÊe napolÊonienne. 1915, la Grande guerre bat son plein. 2015, la France est frappÊe par des attentats, les rÊfugiÊs tentent de rejoindre l'Europe par milliers pour fuir leur pays en guerre.  Quelle barque peut nous permettre de se battre sans nous laisser submerger par la paresse et le fatalisme ? , a interrogÊ Anne Faisandier, pasteure de l’Église de Marseille Grignan, dans son allocution, tandis que 8 000 personnes Êtaient rassemblÊes à Paris pour marquer leur soutien aux migrants de Syrie.

Poursuivant sa mĂŠtaphore, la prĂŠsidente du culte a martelĂŠ : ÂŤ Rien faire est dĂŠjĂ un choix. Ce qu'on a Ă gagner est plus grand que ce qu'on a Ă perdre. Cela demande, certes, un effort, mais nous ne devons pas nous laisser impressionner par ce qui nous diffĂŠrencie, ne pas voir un immigrĂŠ qui nous dĂŠrange, mais un ami Âť.

Plusieurs milliers de personnes ont ÊcoutÊ avec attention l'appel de l’ecclÊsiastique, notamment le PrÊfet du Gard et le prÊsident du SÊnat GÊrard Larcher, prÊsent à titre personnel avec son Êpouse.  C'est important de se ressourcer, de pratiquer la religion de son choix, en particulier en ces pÊriodes d'exclusion , a-t-il simplement commentÊ.


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 4

(L’OBS/La LibertÊ/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Rome, Italie - L’Église vaudoise accepte le dialogue avec le pape mais rejette sa demande de pardon

L'Église vaudoise, rĂŠprimĂŠe brutalement au MoyenĂ‚ge par l'Église catholique romaine et Ă qui le pape François avait demandĂŠ pardon au mois de juin, a acceptĂŠ d'entamer une ÂŤ histoire nouvelle Âť avec Rome mais sans pouvoir pardonner, dans une lettre publiĂŠe par la presse et les ĂŠvĂŞques italiens.

NĂŠ au XIIe siècle, environ quatre cent ans avant la RĂŠforme de Luther, ce mouvement qui prĂŞchait l'Évangile dans les campagnes, avait ĂŠtĂŠ dĂŠclarĂŠ hĂŠrĂŠtique un siècle plus tard et, par la suite, victime de terribles massacres ordonnĂŠs par les papes de la fin du Moyen-Age. ÂŤ De la part de l'Église catholique, je vous demande pardon pour les attitudes et les comportements non chrĂŠtiens, et mĂŞme non humains, que (au cours de l'Histoire), nous avons eus contre vous Âť avait implorĂŠ le pape, s'exprimant Ă Turin (Nord) lors d'une cĂŠrĂŠmonie très sobre dans un petit temple devant des pasteurs et une centaine de fidèles. Dans une lettre adressĂŠe au pape François par le synode des Églises mĂŠthodistes et vaudoises, les 180 participants expriment leur ÂŤ respect Âť devant la dĂŠmarche du pape François, et ÂŤ saluent, non sans ĂŠmotion Âť, la demande qu'il exprime.

 Dans votre demande de pardon, nous saisissons la volontÊ claire d'initier avec notre Église une histoire nouvelle. Nos Églises sont disposÊes à commencer à Êcrire ensemble cette histoire , ajoutent-ils, dans cette lettre rendue publique par la presse et par la confÊrence Êpiscopale italienne.

Mais ÂŤ cette nouvelle situation ne nous autorise pas Ă nous substituer Ă ceux qui ont payĂŠ de leur sang et, avec d'autres souffrances, leur tĂŠmoignage Ă la foi ĂŠvangĂŠlique, et Ă pardonner Ă leur place Âť, poursuit cependant la lettre.

Dans une interview Ă l'agence catholique SIR, le pasteur Eugenio Bernardini, modĂŠrateur de la ÂŤ Table vaudoise Âť, a estimĂŠ que la position du synode a ĂŠtĂŠ mal interprĂŠtĂŠe par la presse italienne, et soulignĂŠ que la demande de pardon du pape a ĂŠtĂŠ bien accueillie. L'impossibilitĂŠ d'accepter le pardon Ă la place de victimes mortes depuis longtemps est un point ÂŤ que le pape comprendra très bien, parce que la problĂŠmatique a ĂŠtĂŠ soulevĂŠe de nombreuses fois, par exemple dans le cas de la Shoah Âť au sein de l'Église catholique. Jean Paul II avait demandĂŠ pardon l’annĂŠe 2000, lors d'une prière de repentance ÂŤ pour le comportement de ceux qui ont fait souffrir Âť les juifs lors de la Shoah. La ÂŤ Table vaudoise Âť compte entre 25.000 et 40.000 fidèles, dont la plupart en Europe, surtout en Italie du Nord.

Le pape François a multipliĂŠ les gestes Ă l'ĂŠgard des autres confessions chrĂŠtiennes, tout en mettant l'accent sur les diffĂŠrences thĂŠologiques profondes. ÂŤ Nous ne pouvons pas pardonner au nom de nos mères et pères dans la foi qui ont subi des persĂŠcutions et parfois payĂŠ de leur vie leur attachement Ă leur confession. Mais nous nous rĂŠjouissons de votre demande de pardon qui ouvre la voie Ă une histoire diffĂŠrente dans le futur Âť. Telle est en substance la rĂŠponse que les minoritĂŠs chrĂŠtiennes historiques d’Italie ont adressĂŠe au pape.

(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys

Genève, Suisse - Les rÊfugiÊs influencent fortement les religions en place

En contact avec d’autres religions et face Ă l’individualisation de la spiritualitĂŠ, les Églises historiques sont obligĂŠes de se redĂŠfinir. La nĂŠcessitĂŠ de s’adapter sans cesse touche le christianisme depuis ses origines. Selon JĂśrg RĂźpke, chercheur en sciences des religions installĂŠ Ă Erfurt, le nombre croissant de rĂŠfugiĂŠs exerce une forte influence sur les religions ĂŠtablies en Allemagne. Le changement religieux est devenu d’une actualitĂŠ brĂťlante au regard de la mondialisation et des migrations de masse, a-t-il dĂŠclarĂŠ Ă l’agence de presse protestante allemande (EPD), alors qu’avait lieu fin aoĂťt le XXIe congrès mondial d’histoire des religions dans la capitale rĂŠgionale de Thuringe. Les chercheurs ont prĂŠvu de dĂŠbattre au cours du rassemblement de la façon dont les minoritĂŠs religieuses grandissantes sont prises en compte dans d’autres pays. D’après JĂśrg RĂźpke, les migrants, amenĂŠs Ă transposer leurs convictions propres dans un contexte complètement diffĂŠrent, peuvent ainsi mettre les religions locales sous pression. Et, parmi les nombreux rĂŠfugiĂŠs en Allemagne, il n’est pas question que des musulmans, mais ĂŠgalement d’adeptes d’autres confessions chrĂŠtiennes qui sont ainsi Ă l’origine d’un processus de diversification religieuse. Ce qui ne va pas sans ĂŠbranler le vivre ensemble ĂŠtabli de longue date entre les quelques Églises chrĂŠtiennes et communautĂŠs judaĂŻques ĂŠtablies. Les communautĂŠs chrĂŠtiennes doivent ainsi se positionner soit comme une Église, soit comme une religion parmi d’autres, avec des consĂŠquences telles que l’appartenance aux conseils d’administration de l’audiovisuel. Une autre ĂŠvolution Ă l’œuvre rĂŠside dans l’individualisation de la religion. Ainsi, de plus en plus de croyants rattachent la religion Ă des conceptions spirituelles tout Ă fait personnelles et ne sont plus liĂŠs ni avec l’Église institutionnelle officielle, ni avec sa pratique et sa doctrine. Ces personnes n’appartiennent pas Ă l’Église ou s’en retirent, sans pour autant renoncer Ă leurs convictions religieuses.


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 5

VoilĂ qui vient remettre en question le modèle d’une Église de masse, puisque c’est davantage au travers des mĂŠdias modernes ou de manifestations culturelles que l’Église pourrait s’adresser Ă ces croyants. Le chercheur a toutefois soulignĂŠ que l’Êvolution religieuse actuellement Ă l’œuvre en Allemagne n’Êtait pas propre Ă l’Êpoque contemporaine, de telles mutations ayant affectĂŠ la religion chrĂŠtienne dès son origine. Plus de 1400 participants ĂŠtaient attendus au congrès mondial de l’International Association for the History of Religion (IAHR) qui a eu lieu au mois d’aoĂťt. Le programme prĂŠvoyait environ 1300 prĂŠsentations diffĂŠrentes. Parmi les principales thĂŠmatiques abordĂŠes figurent les mutations mondiales dans le rapport Ă la religion, ainsi qu’au sein de cette dernière. Ce rassemblement, accueilli tour Ă tour sur les diffĂŠrents continents du globe, a lieu tous les cinq ans. (FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Tu aimeras l’ÊmigrÊ comme toi-même (LÊvi. 19.34)

DĂŠclaration de la FĂŠdĂŠration protestante de France du 8 septembre 2015. PersĂŠvĂŠrer

Depuis un an, le Protestantisme français s’est engagĂŠ, via la FĂŠdĂŠration de l’entraide protestante, dans les actions d’accueil des rĂŠfugiĂŠs syriens et irakiens. L’appel lancĂŠ par la FPF, en septembre 2014, auprès des membres des Églises et au-delĂ d’elles, a ĂŠtĂŠ largement entendu.

Nous voulons exprimer notre vive reconnaissance Ă tous ceux qui se sont mobilisĂŠs depuis et tĂŠmoigner de la gĂŠnĂŠrositĂŠ dont les français font preuve dans l’accueil inconditionnel de ceux qui leurs sont confiĂŠs.

ÂŤ Le devoir d’hospitalitĂŠ, c’est maintenant Âť (thème de l’AG 2015 de la Cimade).

Alors que l’Europe entière est placĂŠe devant ses responsabilitĂŠs, la FPF, avec le concours de ceux qui ont une responsabilitĂŠ Ă assumer : les ĂŠlus et en particulier les maires, les acteurs sociaux, les membres d’associations, veut persĂŠvĂŠrer dans son effort et encourager tous ceux qui dĂŠsirent s’engager. RĂŠsister

Des voix se font entendre pour dĂŠnoncer l’afflux de rĂŠfugiĂŠs ou de migrants comme un fardeau supplĂŠmentaire impossible Ă porter. La FPF appelle chacun Ă rĂŠsister Ă cette dĂŠnonciation trompeuse qui empĂŞche de voir l’Êtranger dans sa pleine humanitĂŠ. La France est un pays d’immigration et une terre d’asile, c’est ainsi que les français portent un trĂŠsor culturel, spirituel, ĂŠconomique et social dont les immigrĂŠs peuvent aussi revendiquer la paternitĂŠ avec fiertĂŠ.

LibertĂŠ religieuse

(RNS/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Washington, États-Unis - Une pÊtition demande la fin des discriminations religieuses à l’embauche

C’Êtait une promesse ĂŠlectorale de Barack Obama, mais elle n’a toujours pas ĂŠtĂŠ tenue : la fin des règlements permettant Ă certaines organisations subventionnĂŠes de passer outre les lois contre la discrimination au nom de leurs convictions religieuses.

Un groupement de 130 organisations dĂŠnonce le fait que des groupes confessionnels peuvent pratiquer une sĂŠlection Ă l’engagement basĂŠe sur la religion tout en recevant des subventions fĂŠdĂŠrales. Ils ont interpellĂŠ le prĂŠsident Barack Obama en lui disant que cela ternissait son bilan en matière de traitement ĂŠgal de tous les amĂŠricains.

Parmi les dÊnonciateurs figurent des organisations religieuses telles que le comitÊ baptiste unifiÊ pour la libertÊ religieuse et l’union pour le judaïsme rÊformÊ. Ils ont appelÊ Barack Obama à pousser la procureure gÊnÊrale Loretta Lynch à examiner un mÊmo  viciÊ  de 2007 Êmanant du dÊpartement de la Justice qui disait qu’en application du RFRA - Religious Freedom Restoration Act (loi de 1993 protÊgeant la libertÊ religieuse aux États-Unis), les organisations religieuses financÊes par l’État peuvent passer outre les lois antidiscrimination.

 Le RFRA ne visait pas à crÊer des exemptions gÊnÊrales à se soumettre aux lois protÊgeant contre la discrimination , explique le courrier envoyÊ le 20 aoÝt à Barack Obama et rendu public par l’association AmÊricains unis pour la sÊparation entre Église et État. La Maison-Blanche a accusÊ rÊception du courrier et un porte-parole a annoncÊ qu’il y sera rÊpondu  en temps voulu .

Un courrier similaire a ÊtÊ envoyÊ au procureur gÊnÊral Éric Holder en juin 2014, avec le soutien de 90 organisations. Sur leur blog, les amÊricains unis soulignent que, selon certains signataires du nouveau courrier, le mÊmo mis en cause est parfois citÊ par des groupes subventionnÊs qui, au nom de leurs convictions religieuses, refusent des soins mÊdicaux à des personnes victimes d’abus sexuels ou discriminent des employÊes lesbiennes, gays, bi et trans.

Barack Obama avait fait campagne contre les politiques de discriminations Ă l’embauche datant de l’administration de George W. Bush. Il avait promis de changer cela en accĂŠdant Ă la Maison-Blanche. ÂŤ Si vous obtenez une subvention fĂŠdĂŠrale, vous ne pouvez pas utiliser cet argent pour faire du prosĂŠlytisme auprès des personnes que vous aidez. Vous ne pouvez pas non plus, sur la base de leur religion, discriminer les personnes que vous aidez ou que vous engagez Âť, avait dit Barack Obama en 2008.

 Il est temps qu’il accomplisse sa promesse ! , estime Maggie Garrett, directrice lÊgale des AmÊricains unis.


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 6

(Aleteia/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

La Havane, Cuba - Les Cubains ont de nouveau le droit d’avoir une Bible

Une mesure qui ouvre la voie Ă une nouvelle Ĺ“uvre d'ĂŠvangĂŠlisation, voire le dĂŠbut d'une ère nouvelle Ă Cuba ? Depuis 1969, le rĂŠgime Castro interdisait la distribution comme la vente de Bibles Ă Cuba. Mais dĂŠsormais, en vertu d'un programme expĂŠrimental, le gouvernement communiste vient de lever cette interdiction, ouvrant la voie Ă une authentique renaissance spirituelle.

Plusieurs organisations amĂŠricaines ĂŠvangĂŠliques, telles que Revival Fire ou The American Bible Society, travaillent actuellement d'arrache-pied pour dĂŠlivrer le message du Christ Ă la population cubaine. En juillet, pas moins de 83 000 Bibles ont ainsi ĂŠtĂŠ distribuĂŠes par le biais de The International Mission Boards, dans plus de 1 000 paroisses Ă travers le pays. Prochaine ĂŠtape : distribuer au moins un million de Bibles pour Cuba, c'est l'objectif fixĂŠ par The American Bible Society. Le Christ Ă l'Ĺ“uvre

Cette vĂŠritable ĂŠmancipation religieuse Ă Cuba pourrait ĂŞtre un signe annonciateur de rapprochement avec la communautĂŠ cubaine de Miami. La majoritĂŠ des hispanophones de la ville est, en effet, originaire de Cuba. Fidel Castro les força Ă l'exil pour des raisons religieuses. Aujourd'hui, de nouvelles gĂŠnĂŠrations de Cubains ont vu le jour en Floride. Elles portent des blessures de leurs parents, et de leur amertume envers le rĂŠgime castriste. Si la rĂŠconciliation nationale n'est pas pour demain, le fait que des millions de Cubains aient dĂŠsormais accès gratuitement et lĂŠgalement Ă des Bibles pour la première fois depuis 50 ans est la preuve que le Christ est dĂŠjĂ Ă l'Ĺ“uvre. Ce mois-ci, le pape François, qui a beaucoup Ĺ“uvrĂŠ pour le rapprochement amĂŠricano-cubain, fera ĂŠtape Ă Cuba avant de se rendre aux États-Unis.

(Aleteia/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Syrie - L’État islamique impose aux chrĂŠtiens 11 règles Ă suivre pour garder la vie sauve

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) vient de publier un document dÊvoilant le traitement dÊgradant que subissent dÊsormais les chrÊtiens au quotidien dans les territoires soumis à l’organisation État islamique (EI). Il s’agit d’une note, dont l’auteur n’est autre que le chef autoproclamÊ de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, destinÊe aux habitants de la ville syrienne d’Al-Qaryatayn, dans la rÊgion de Damas. Dans ce communiquÊ, le groupe terroriste Ênonce 11 commandements auxquels les chrÊtiens devront se plier pour garder leur argent, leur religion, mais surtout la vie sauve :

1. Interdiction de construire une ĂŠglise, un monastère ou un ermitage. 2. Interdiction de montrer une croix ou un quelconque signe issu de leurs livres dans la sphère publique musulmane, et d’utiliser un haut-parleur quand ils font leurs prières.

3. Interdiction de faire entendre Ă un musulman une quelconque mĂŠditation ou prière issue de leurs livres ainsi que le son de leurs cloches. Ces dernières ne pourront ĂŞtre utilisĂŠes qu’au sein de leurs ĂŠglises. 4. Interdiction de porter atteinte Ă ÂŤ l’État islamique Âť en cachant un espion ou une personne recherchĂŠe. Si une quelconque conspiration Ă l’Êgard des musulmans est portĂŠe Ă la connaissance d’un chrĂŠtien, celui-ci devra transmettre l’information immĂŠdiatement. 5. Interdiction de possĂŠder une arme. 6. Interdiction de commercialiser de la viande de porc ou du vin Ă des musulmans ou sur leurs marchĂŠs. Interdiction de boire du vin en public. 7. Interdiction de montrer publiquement et sous aucun prĂŠtexte quoi que ce soit issu de leurs rituels et cultes. 8. Interdiction de dĂŠnigrer quoi que ce soit appartenant Ă la religion musulmane. 9. Obligation de se soumettre au paiement de la Jizya (impĂ´t religieux auquel sont soumis les non-musulmans sous la loi islamique, ndlr), soit 4 dinars d’or* chaque annĂŠe (480 euros) pour les plus riches, la moitiĂŠ pour les classes moyennes, et le quart en ce qui concerne les plus pauvres. 10. Obligation pour les chrĂŠtiens d’être enterrĂŠs dans leurs propres cimetières, comme d’habitude. 11. Obligation pour les chrĂŠtiens de s’engager formellement Ă respecter les règles imposĂŠes par ÂŤ l’État islamique Âť, mais aussi Ă s’habiller modestement et suivre le règlement en matière d’achat et de vente, etc.

Ce règlement a ĂŠtĂŠ promulguĂŠ après que l’État islamique autoproclamĂŠ se fut emparĂŠ de la ville de Al-Qaryatayn et qu’il eut dĂŠtruit le monastère chrĂŠtien de Mar Elian le 20 aoĂťt dernier. En rĂŠponse, la prise de la ville avait entraĂŽnĂŠ 20 raids aĂŠriens menĂŠs par l’armĂŠe syrienne. L’OSDH rapporte par ailleurs que certains ChrĂŠtiens se seraient dĂŠjĂ acquittĂŠs de la Jizya ces dernières 48 heures. Selon une source prĂŠsente sur les lieux, les papiers d’identitĂŠ de tous les rĂŠsidents chrĂŠtiens auraient mĂŞme ĂŠtĂŠ confisquĂŠs par les islamistes pour une durĂŠe indĂŠterminĂŠe, et les mauvais payeurs subiraient de nombreuses persĂŠcutions.

* L’État islamique frappe sa propre monnaie depuis 2014, en remplacement de la livre syrienne et du dinar irakien. Le cours du dinar d’or est fixÊ à 120 ₏ pour 4,25 grammes, celui du dirham d’argent à 87 centimes et le fils de cuivre vaut environ 5 centimes.

(MDR/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Le vivre ensemble est dans l’assiette

Entre 6 et 7 millions d'Êlèves mangent à la cantine au moins une fois par semaine, soit la moitiÊ des 12 millions d'enfants scolarisÊs. Cet ÊtÊ, le dÊbat public s'est de nouveau crispÊ autour des menus dits  de substitution  au porc dans les cantines scolaires. Le 11 aoÝt, le Tribunal administratif de Dijon a rejetÊ un rÊfÊrÊ en urgence concernant ces repas. Il doit juger


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 7

le dossier sur le fond ÂŤ plus tard Âť. La suppression de ces repas alternatifs avait ĂŠtĂŠ annoncĂŠe en mars par le maire Les RĂŠpublicains de Chalon-sur-SaĂ´ne. L'ĂŠlu avait invoquĂŠ la laĂŻcitĂŠ pour justifier cette dĂŠcision. Un argument qui n'est pas valable selon l'Observatoire de la laĂŻcitĂŠ : ÂŤ La laĂŻcitĂŠ permet le vivre ensemble. Elle ne consiste pas Ă obliger tout le monde Ă manger quelque chose. C'est la possibilitĂŠ que tout le monde puisse manger, quelles que soient ses convictions Âť, explique Nicolas Cadène, rapporteur de l'Observatoire de la laĂŻcitĂŠ. Il prĂŠcise : ÂŤ Cela ne signifie pas qu'il faut accepter les prescriptions religieuses et ainsi les repas halal ou casher Âť. L'Observatoire de la laĂŻcitĂŠ n'a reçu aucune demande ni aucune plainte au sujet des cantines. Les restaurants scolaires semblent donc n'avoir pas rencontrĂŠ de difficultĂŠs particulières. Pourtant, en aoĂťt, le dĂŠputĂŠ UDI Yves JĂŠgo a soumis une proposition de loi visant Ă instaurer, en alternative au menu classique, un repas vĂŠgĂŠtarien dans les cantines. Selon lui, il s'agit de ÂŤ rĂŠpondre de façon laĂŻque Ă bien des attentes, y compris Ă celles de ceux qui, pour des raisons ĂŠthiques, ne veulent pas manger de chair animale Âť. Cette idĂŠe a ĂŠtĂŠ saluĂŠe par des personnalitĂŠs mĂŠdiatiques comme le moine bouddhiste Matthieu Ricard, signataire d'une tribune intitulĂŠe ÂŤ Le repas vĂŠgĂŠtarien, le plus laĂŻc de tous Âť parue dans Le Monde. Toutes les religions ont des rites alimentaires diffĂŠrents : le poisson le vendredi pour les chrĂŠtiens, l'interdiction de manger du porc pour les juifs et les musulmans, le vĂŠgĂŠtarisme pour les hindous et les sikhs. Pour d'autres familles, le vĂŠgĂŠtarisme – voire le vĂŠgĂŠtalisme, c'est-Ă -dire un rĂŠgime vĂŠgĂŠtarien sans Ĺ“ufs et sans lait – est une philosophie de vie. Le menu vĂŠgĂŠtarien n'est donc pas totalement exempt d'une dimension religieuse.

Comment mettre tout le monde Ă table ?

Charles Conte, chargÊ de mission à La Ligue de l'enseignement, invite à renverser le raisonnement :  Manger ensemble, c'est vivre ensemble . En raison de l'importante activitÊ de sÊjours de vacances de La Ligue, ce mouvement populaire fort de 30 000 associations, il a pu constater :  Une fois la question des repas rÊglÊe, la majoritÊ des problèmes sont rÊsolus .  Comme dans les cantines scolaires, nous avons reçu des demandes d'adaptation des repas. Nous avons donc Êtabli deux principes : le premier, c'est que tout le monde doit pouvoir manger, et ce dans le respect de sa libertÊ de conscience. Le deuxième, c'est qu'en tant que mouvement laïque, comme dans la restauration assurÊe par les collectivitÊs locales, nous ne fournissons ni halal ni casher car cela revient à financer indirectement un culte . En effet, l'abattage rituel, qu'il soit halal ou casher consiste à vider l'animal de son sang, impropre à la consommation dans les religions juive et musulmane. Ce procÊdÊ implique la prÊsence d'un religieux pour effectuer une brève bÊnÊdiction avant de tuer la bête. Une partie du prix d'achat de la denrÊe est donc reversÊe à une institution religieuse.

Depuis plusieurs annÊes, La Ligue a donc optÊ pour une pluralitÊ de menus lors de ses sÊjours de vacances. De nombreux Êtablissements, même dans les restaurants collectifs de primaire, sont ÊquipÊs de self. Les enfants peuvent donc choisir les plats qu'ils vont manger en fonction de leurs goÝts ou de leurs convictions. Si cette solution simple et pragmatique fonctionne bien,  elle doit nÊanmoins s'accompagner d'une petite formation des personnels , souligne Charles Conte. Pour Nicolas Cadène, rapporteur de l'Observatoire de la laïcitÊ, le  menu diversifiÊ , c'est-à -dire celui qui propose diffÊrents choix, est le menu laïque par excellence :  L'offre de choix quotidienne, avec ou sans viande, s'inscrit dans l'esprit laïque parce qu'elle rassemble. Elle permet de ne pas distinguer les Êlèves. Malheureusement, concernant les repas de substitution, on a pu voir les enfants qui ne mangeaient pas de porc ou de viande regroupÊs sur des tables sÊparÊes. Cela ne partait pas d'une mauvaise intention, il s'agissait souvent de faciliter le service, mais cette sÊparation des Êlèves en fonction de leurs convictions, qu'elles soient religieuses ou philosophiques, est à proscrire dans un esprit laïque .

SurcoÝt et gâchis

La question du prix de ces repas diversifiĂŠs est souvent ĂŠvoquĂŠe. D'une part, la viande de porc est la moins chère, d'autre part, l'offre de choix des menus peut reprĂŠsenter un surcoĂťt. Notamment si les plats sont commandĂŠs en plus. Plusieurs paramètres font varier l'addition, en particulier l'ĂŠquipement. Si la collectivitĂŠ dispose d'un centre de production, le prix n'est pas le mĂŞme que si le repas est achetĂŠ Ă une sociĂŠtĂŠ privĂŠe. Quant au gâchis, Michel Lejeune, chargĂŠ de mission auprès des restaurants d'enfants et de jeunes Ă La Ligue de l'enseignement, s'interroge : ÂŤ Je ne suis pas certain qu'on jette moins quand on a plus d'absents que quand on propose plusieurs plats. Le grammage est prĂŠvu en fonction du nombre total d'enfantsÂť. Il prĂŠcise : ÂŤ Dans plusieurs communes, on constate que les jours oĂš on sert de la viande, mĂŞme s'il ne s'agit pas de porc ou qu'une alternative soit proposĂŠe, la frĂŠquentation des cantines baisse de 10 Ă 20 % par rapport aux jours oĂš on sert des Ĺ“ufs et du poisson Âť. L'abattage rituel (halal ou casher), comme le vĂŠgĂŠtarisme, sont des ĂŠlĂŠments de rĂŠponse Ă cet absentĂŠisme. Michel Lejeune souligne : ÂŤ Nous ne sommes pas face Ă des revendications de la part des parents. Ils font avec ce qui est proposĂŠ. Ils ne mettent pas les enfants Ă la cantine lorsque le menu ne correspond pas Ă leurs convictions. Il s'agit plutĂ´t d'exclusion passive Âť. Pour ce chargĂŠ de mission, l'absentĂŠisme Ă la cantine est prĂŠjudiciable pour les ĂŠlèves : ÂŤ Nombre d'activitĂŠs sont organisĂŠes sur la pause mĂŠridienne depuis la rĂŠforme des rythmes scolaires en 2013. Les enfants absents ne sont pas, de fait, inclus Ă ces activitĂŠs Âť. Pour lui, le choix de mettre en place une pluralitĂŠ de menus et d'inciter les ĂŠlèves Ă manger Ă la cantine est ÂŤ un choix politique Âť. [...]


BIA - N° 395 - Septembre 2015 - 8

SociĂŠtĂŠ

(Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Qu'y a-t-il dans les  cours de morale  à l'Êcole ?

L'introduction d'une  morale laïque  à l'Êcole, voulue par Vincent Peillon, a ÊtÊ avancÊe à la rentrÊe 2015 à la suite des dramatiques ÊvÊnements de janvier dernier Au menu de cet  enseignement moral et civique  : vivre-ensemble, esprit critique et lutte contre le racisme. Focus à l'occasion de la rentrÊe des enseignants.  Oui, l'Êcole a une fonction morale , dÊclarait la ministre de l'Éducation nationale au lendemain des attentats de janvier. En septembre 2015, la morale fait son grand retour à l'Êcole. PrÊvu pour la rentrÊe 2016, les cours de morale laïque, voulus par Vincent Peillon, ont ÊtÊ avancÊs à la rentrÊe 2015, les  ÊvÊnements de janvier  rendant plus pressante la nÊcessitÊ de  faire vivre les valeurs de la RÊpublique .

Le retour de la morale

Disparue à la fin des annÊes 1960, la morale à l'Êcole a fait son retour progressif. Sous l'Êcole de Jules Ferry, la morale Êtait un pilier de l'enseignement ; sous formes de maximes et de sentences donnÊes au sein de  leçons de choses , la morale universelle se mêlait au catÊchisme rÊpublicain. Ainsi, dans un manuel, on peut trouver des sentences telles que  Qui insulte ta patrie, insulte ta mère . RÊduits petit à petit, les cours de morale survivent jusqu'aux annÊes 1960. Ils consistaient souvent en la lecture et l'analyse d'une fable ou d'un conte dont la  morale  est ensuite Êcrite au tableau et recopiÊe par les Êlèves. Après que le vent libertaire de Mai 68 eÝt soufflÊ, la pratique de la morale journalière à l'Êcole a ÊtÊ supprimÊe sous Pompidou, pour faire de la place aux cours d'Êducation physique. La morale est alors remplacÊe par  l'Êducation civique , soit la formation du citoyen. En 2008,  l'instruction civique et morale  fait son retour sur les bancs de l'Êcole. En 2011, Luc Chatel lance une circulaire recommandant aux enseignants de transmettre  l'instruction morale à l'Êcole , mais celle-ci ne fait pas l'objet de programmes dÊtaillÊs. Avec la rÊforme Peillon, l'ancienne  Êducation civique  est remplacÊe par un  enseignement moral et civique , qui sera enseignÊ du primaire au lycÊe. Celui-ci doit toujours être inculquÊ aux côtÊs de l'his-

Commission paritaire 1111 G 88583 DĂŠpĂ´t lĂŠgal N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

toire gÊographie au sein d'un volume horaire hebdomadaire de trois heures au collège.  Il reprÊsentera, sur l'ensemble de la scolaritÊ d'un Êlève, 300 heures dÊdiÊes , prÊcise le ministère.

Aujourd'hui, quel est le contenu des cours de morale ?

D'après le programme diffusĂŠ en juillet 2014 par l'Éducation nationale, ÂŤ L'enseignement moral et civique a pour but de favoriser le dĂŠveloppement d'une aptitude Ă vivre ensemble Âť. Fini les bonnets d'ânes, les règles de politesse et les sermons, dĂŠsormais il s'agira de transmettre Ă l'ĂŠlève une ÂŤ culture de la sensibilitĂŠ Âť (estime de soi, capacitĂŠ d'empathie), une ÂŤ culture de la règle et du droit dans une sociĂŠtĂŠ dĂŠmocratique Âť (connaĂŽtre les grandes dĂŠclarations des droits de l'homme et les principes de la constitution de la Ve RĂŠpublique, les institutions et leur fonctionnement), une ÂŤ culture du jugement Âť (dĂŠvelopper une rĂŠflexion critique/argumenter et confronter ses jugements Ă ceux d'autrui dans une discussion), et une ÂŤ culture de l'engagement Âť (service civique, etc.). Dans le manuel ĂŠtabli par les ĂŠditions Nathan Ă l'usage des professeurs pour mettre en Ĺ“uvre les cours de morale en classe de cinquième, plusieurs ÂŤ dĂŠbats Âť sont proposĂŠs Ă la classe. Par exemple, ÂŤ MĂŠtiers fĂŠminins, mĂŠtiers masculins ? Âť, vise Ă discuter des stĂŠrĂŠotypes de genre sur les mĂŠtiers. On y prĂŠsente le profil de Julien ÂŤ sage-femme Âť et de Maud, ÂŤ grutière Âť. Au menu des autres dĂŠbats: le racisme, la discrimination, l'ĂŠgalitĂŠ, le sexisme, la solidaritĂŠ, et bien-sĂťr la laĂŻcitĂŠ, Ă travers la ÂŤ charte de la laĂŻcitĂŠ Ă l'ĂŠcole Âť proposĂŠe en 2013 par Vincent Peillon. Après les attentats de janvier, la ministre a dĂŠcidĂŠ de la mise en Ĺ“uvre ÂŤ d'une grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la RĂŠpublique Âť, dont le dĂŠveloppement d'un ÂŤ parcours citoyen Âť, construit autour de l'enseignement moral et civique. Pour muscler ce dernier et renforcer l'autoritĂŠ Ă l'ĂŠcole, la ministre prescrivait ĂŠgalement ÂŤ la comprĂŠhension et la cĂŠlĂŠbration des rites rĂŠpublicains et des symboles de la RĂŠpublique (hymne national, drapeau, devise) Âť. D'autres mesures sont ĂŠgalement proposĂŠes : le ÂŤ dĂŠveloppement des conseils d'enfants dès l'ĂŠcole primaire Âť, la ÂŤ JournĂŠe de la laĂŻcitĂŠ Âť cĂŠlĂŠbrĂŠe dans toutes les ĂŠcoles, la ÂŤ semaine de lutte contre le racisme et l'antisĂŠmitisme Âť, ou encore la ÂŤ semaine de l'engagement Âť.

Abonnement France 18 â‚Ź d’un an Outre Mer 19 â‚Ź CEE et Suisse 20 â‚Ź Autres pays et abonnement en cours d’annĂŠe : nous consulter. Au nom du ÂŤ BIA Âť Règlement CCP – La Source 46 727 83 C


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.