B i A
Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 37e annÊe • n° 400 - FÊvrier 2016
2 2 2 3 4 5 5 6 6 7 8
Nouvelles des Églises adventistes
Saint Domingue, RĂŠpublique Dominicaine - AccrĂŠditation des pasteurs adventistes pour officier Ă des mariages civils
Dammarie-les-Lys, France - En route vers la libertĂŠ, cycle de confĂŠrences publiques
FĂŠdĂŠration protestante de France
Paris, France - Perspectives et recommandations Paris, France - Le lien fĂŠdĂŠratif de la FPF
Paris, France - Dispute au sein de l’Église protestante unie de France
Protestantisme international
Kassel, Allemagne - Alliance rÊformÊe mondiale : les chrÊtiens doivent donner l’exemple
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - En Inde, si une ĂŠglise est attaquĂŠe, la police reste passive
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Rome, Italie - Ĺ’cumĂŠnisme : pour le jubilĂŠ, le pape demande pardon aux autres chrĂŠtiens
Paris, France - Trois prĂŠlats plaident pour plus de libertĂŠ religieuse dans le monde
SociĂŠtĂŠ
Paris, France - Assiste-t-on vraiment Ă un retour du religieux ?
Paris, France - Après les attentats, un besoin d’Église
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 2
Nouvelles des Églises adventistes
(DIA/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Saint Domingue, RÊpublique Dominicaine – AccrÊditation des pasteurs adventistes pour officier à des mariages civils
Lorsque Luis Miguel Acevedo, directeur de l’ONG humanitaire ADRA à la RÊpublique Dominicaine, s’est mariÊ en 2012, son Êpouse Arjoy et lui ont du passer par le tribunal pour que leur union soit lÊgalement reconnue. Le couple a Êgalement dÝ payer au juge une somme, qui s’Êlève actuellement à 200 dollars US, pour qu’il officie à leur mariage. Ils ont alors pu se rendre à l’Église adventiste locale pour la cÊrÊmonie religieuse. La fin de ces formalitÊs par lesquelles ont dÝ passer Luis Miguel Acevedo ainsi que d’autres couples adventistes, est intervenue le 20 janvier 2016 lorsque le gouvernement de la RÊpublique Dominicaine a autorisÊ environ 80 pasteurs adventistes à officier à des mariages civils dans cette nation de la Caraïbe. Le ComitÊ Electoral Central, une agence gouvernementale qui supervise les mariages ainsi que les Êlections, a accrÊditÊ les pasteurs au cours d’une cÊrÊmonie qui a eu lieu à Saint Domingue, conformÊment à une lÊgislation datant de 2010 autorisant les Églises protestantes à prÊsider à des mariages civils reconnus par l’État. Avant que cette loi n’entre en vigueur, seuls les juges et les prêtres Catholiques Êtaient autorisÊs à cÊlÊbrer les unions matrimoniales. Les couples adventistes devaient se rendre au tribunal pour qu’un juge les unisse avant d’avoir la cÊlÊbration du mariage à l’Église.  La famille devrait se construire dans la lÊgalitÊ,  a dÊclarÊ Roberto Rosario Marquez, prÊsident du ComitÊ Electoral Central, lors de la cÊrÊmonie d’accrÊditation qui s’est dÊroulÊe à l’Église adventiste d’Ensanche Quisqueya.  Une famille devrait être une institution composÊe d’un homme et d’une femme.  Cesario Acevedo, prÊsident de l’Église adventiste en RÊpublique Dominicaine, a remerciÊ Roberto Rosario et son personnel de la part des membres d’Église.  Nous nous engageons devant Dieu à respecter les lois qui prÊsident à la responsabilitÊ solennelle de cÊlÊbrer la cÊrÊmonie sacrÊe du mariage,  a dÊclarÊ le pasteur Acevedo. La nouvelle loi, n° 198-11, stipule que les Églises sont maintenant responsables des livres d’enregistrement et des certificats de mariage ainsi que de l’obtention de l’accrÊditation et de la formation des pasteurs et des prêtres. Teofilo Silvestre, secrÊtaire de l’Église adventiste en RÊpublique Dominicaine, a indiquÊ que l’Église a commencÊ le processus d’accrÊditation avec les leaders gouvernementaux dès l’annÊe 2013.  Nos pasteurs ont maintenant l’opportunitÊ d’être des serviteurs publics reconnus par l’État et ils peuvent maintenant proposer ces services aux adventistes du septième jour ainsi qu’à ceux qui appartiennent à d’autres dÊnominations religieuses,  a t-il dit.
Les pasteurs adventistes accrÊditÊs auront le même statut qu’un juge de tribunal lorsqu’ils cÊlÊbreront des cÊrÊmonies de mariage. Mais ils n’auront pas besoin de faire payer leurs services comme le font les juges. C’est une bonne nouvelle pour de nombreuses personnes qui ont des difficultÊs à faire face à la dÊpense, a dit Luis Miguel Acevedo, le directeur d’ADRA. Teofilo Silvestre a indiquÊ que le changement intervenu dans la loi promet de renforcer le rôle de l’Église adventiste dans la sociÊtÊ.  L’Église adventiste a une opportunitÊ d’exercer une influence positive dans la sociÊtÊ et de consolider les familles selon les normes chrÊtiennes,  a t-il dÊclarÊ. Lors de la cÊrÊmonie d’accrÊditation, chaque pasteur adventiste a reçu une carte d’identitÊ spÊciale avec son statut approuvÊ. La carte leur permet aussi d’accÊder à des Êtablissements gouvernementaux. Pour l’instant, seuls 80 pasteurs adventistes sur 270 sur l’Île ont reçu cette accrÊditation. L’Église adventiste du septième jour en RÊpublique Dominicaine a ÊtÊ Êtablie en 1907 et compte plus de 303 000 membres et 1262 Êglises et groupes.
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Dammarie-les-Lys, France – En route vers la libertÊ, cycle de confÊrences publiques
Le pasteur Bernard Sauvagnat, Dr ès Sciences religieuses a tenu un cycle de confÊrences publiques  En route vers la libertÊ, le message des 10 commandements , du dimanche 31 janvier au jeudi 4 fÊvrier. Les plus anciens se souviennent du peplum de Cecile B.DeMille, film sorti en 1956. Les plus jeunes ont sans aucun doute en mÊmoire la comÊdie musicale Êcrite par Élie Chouraqui et mise en musique par Pascal Obispo prÊsentÊe à Paris en 2001. Ces deux productions ont attirÊ l’attention sur les  Dix commandements , un petit texte de l’antiquitÊ que la Bible nous a transmis. Ce texte, prÊsentÊ comme un contrat passÊ entre Dieu et les esclaves hÊbreux qui fuyaient l’Égypte, mÊrite notre attention aujourd’hui encore. Pour Bernard Sauvagnat  il est comme un mode d’emploi pour vivre ensemble qui conduit vers la vÊritable libertÊ . Devant un public nombreux et assidu qui avait rempli la salle de l’Église adventiste de Dammarie-les-Lys, le confÊrencier a dÊveloppÊ son sujet et a rÊpondu à plusieurs questions de l’auditoire.
FĂŠdĂŠration protestante de France
(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Perspectives et recommandations
L’assemblÊe gÊnÊrale de la FÊdÊration protestante de France (FPF) s’est tenue les 30 et 31 janvier au siège de l’ArmÊe du Salut à Paris. La centaine de dÊlÊguÊs, reprÊsentants les Unions d’Églises, communautÊs, œuvres et Mouvements membres de la FPF a vÊcu une assemblÊe riche et prolixe. Pour le programme relatif à l’annÊe 2017 et les cÊlÊbrations des 500 ans de la RÊforme, l’assemblÊe gÊ-
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 3
nÊrale a pris acte que le projet Lyon 2017 tel que votÊ à l’assemblÊe gÊnÊrale de 2015 n’Êtait pas poursuivi et a votÊ favorablement pour le projet global prÊsentÊ en 2016 qui fera l’objet d’un dossier de presse plus complet à la fin du mois de mars mais dont voici les ÊlÊments principaux : Protestants 2017 : un rendez-vous incontournable, une annÊe de cÊlÊbrations, de rendez-vous, de rÊflexions (le thème retenu est celui de la fraternitÊ). La FPF s’attachera à : - Impulser et soutenir des initiatives fÊdÊratives (commissions, services, pôles). - Communiquer au niveau national. - Valoriser les initiatives de ses membres. Deux ÊvÊnements nationaux : - Projet d’un colloque international à la mairie de Paris (avec trois dimensions : internationale, historique et interreligieuse). - Rassemblement national de deux jours à Strasbourg portÊ par l’UEPAL en copilotage avec la FPF, incluant un culte en eurovision et un  village des solidaritÊs  animÊ par la FÊdÊration de l’Entraide protestante. Les dÊlÊguÊs se sont prononcÊs sur les recommandations suivantes : Recommandation n° 1 : Promouvoir le service civique Le service civique est appelÊ à un dÊveloppement considÊrable voulu par les pouvoirs publics. Le service civique permet de donner aux jeunes des perspectives d’engagement auprès d’organismes auxquels ils apportent leur temps et leur dynamisme et qui leur font partager leurs valeurs et leurs expÊriences. L’A.G invite la FPF à promouvoir auprès de ses membres cette possibilitÊ d’engagement et à les accompagner pour qu’ils proposent des lieux de service et invitent les jeunes à s’engager. Recommandation n°2 : Face à la  crise migratoire , rÊpondre à la gravitÊ des enjeux AlarmÊe par l’ampleur et la gravitÊ de la catastrophe humanitaire, politique et morale que traverse l’Europe face à la crise migratoire actuelle, ScandalisÊe par les choix politiques de repli nationaliste, de fermeture et d’exclusion en dÊveloppement dans un nombre croissant de pays, ProfondÊment alertÊe par la rÊsurgence des mouvements populistes et xÊnophobes dans la plupart des pays europÊens, L’AssemblÊe gÊnÊrale de la FÊdÊration protestante de France, rÊunie à Paris les 30 et 31 janvier 2016, demande au Conseil de la FÊdÊration : D’affirmer - que la question de l’accueil de l’Êtranger et de la solidaritÊ en actes est au coeur du tÊmoignage des chrÊtiens ; - qu’une parole forte, courageuse et portÊe par tous est aujourd’hui plus que jamais urgente et indispensable pour refuser toute forme de discrimination et toute tentative de repli sur des espaces de plus en plus fermÊs.
D’appeler - les Églises, œuvres et mouvements à poursuivre l’interpellation des pouvoirs politiques pour que la France prenne toute sa part en accordant plus largement visas, conditions d’accueil dignes et considÊration ; - les Églises, œuvres et mouvements comme les collectifs et les bÊnÊvoles à consolider et dÊvelopper les initiatives d’accueil et d’accompagnement des personnes Êtrangères, en coopÊration avec les autoritÊs publiques et le monde associatif ; - les protestants à dÊployer leurs ressources et traditions sur l’accueil de l’Êtranger et à dÊvelopper les relations œcumÊniques et interreligieuses, au plan national comme international ; - nos concitoyens à repousser les peurs, à Êvacuer la haine, à dÊconstruire les prÊjugÊs et à manifester concrètement, là oÚ ils vivent, l’hospitalitÊ et la fraternitÊ. Il y a urgence ! Recommandation n°3 : Changements climatiques, poursuivre la dÊmarche Alors que la France a accueilli la XXIe ConfÊrence des Parties de la CCNUCC (COP21) en dÊcembre 2015, et que la FÊdÊration protestante de France a prÊparÊ et accompagnÊ avec force cet ÊvÊnement, l’assemblÊe gÊnÊrale de la FÊdÊration protestante de France demande au conseil de la FPF : 1. de poursuivre sa dÊmarche de plaidoyer auprès des diffÊrentes instances de l’État en lui rappelant les engagements qu’il a pris lors de la COP21, en particulier en matière de transition ÊnergÊtique et de financement du  Fonds vert . 2. de poursuivre la dynamique engagÊe lors de l’assemblÊe gÊnÊrale de 2015 concernant les changements climatiques. Pour ce faire, l’assemblÊe gÊnÊrale soumet au conseil les propositions suivantes : - accompagnement des Églises, communautÊs, oeuvres et mouvements dans leurs actions de sensibilisation Êcologique ; - poursuite des actions communes aux niveaux œcumÊnique et inter�religieux ; - poursuite de la participation aux mobilisations de la sociÊtÊ civile, notamment au sein de la Coalition Climat 21 ; - poursuite de la promotion du JeÝne pour le Climat ; - poursuite du travail sur la mise en cohÊrence de la logistique de la FPF avec son engagement pour le climat (possibilitÊ de repas vÊgÊtariens occasionnels, vaisselle non jetable, circuits courts, commerce Êquitable, etc.) ; - mandat au groupe climat de la FÊdÊration pour soumettre d’autres propositions au Conseil.
(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Le lien fÊdÊratif de la FPF
La dÊcision du Synode national 2015 de l’Église protestante unie de France, et plus encore son retentissement mÊdiatique, ont provoquÊ au sein de la FÊdÊration protestante de France une onde de choc. Surtout, cette dÊcision a rÊveillÊ des questions anciennes, des incomprÊhensions, des contentieux, des frustrations, jusqu’à prÊsent mis de côtÊ.
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 4
Les reprÊsentants des membres de la FÊdÊration protestante de France, rÊunis en assemblÊe gÊnÊrale le 30 et 31 janvier 2016, expriment leur profond regret des ruptures vÊcues, des blessures infligÊes, des caricatures exprimÊes, au cours des mois ÊcoulÊs. Il faut à nouveau rappeler que la dÊcision d’une seule Église n’engage pas les autres Églises membres de la FPF, mais elle ne les laisse pas indiffÊrents. La mise à mal des relations fÊdÊratives conduit la FÊdÊration et ses membres à s’engager sans dÊlai dans un travail de clarification, voire de refondation, du lien de  communion  mentionnÊ dans la charte de la FPF. Ce mot communion a des sens variÊs. Il peut recouvrir des rÊalitÊs bien diffÊrentes. Chacun peut lui donner des accents et des nuances diverses, sans se rendre compte que d’autres en ont une comprÊhension diffÊrente. La FÊdÊration protestante de France n’est pas une Église et n’a pas vocation à le devenir ; elle n’est pas non plus une simple plateforme de collaboration sans convictions communes ni âme. Dans le contexte de la FÊdÊration protestante de France, quelle est donc cette communion ? Qu’est-ce qui nous est donnÊ à travers elle ? Qu’est-ce qui est attendu de chacun dans ce cadre ? Telles sont les questions qui balisent le chantier dans lequel la FPF s’engage, pour lequel un groupe de travail nommÊ par le Conseil est dÊjà à l’oeuvre. Les membres de la FPF vont être consultÊs ; des conversations en confiance entre acteurs de terrain, organisÊes ; des historiens et des sociologues sollicitÊs pour relire l’histoire de la FÊdÊration. Sur cette base, en vue de l’AssemblÊe gÊnÊrale 2017, un dossier de travail, qui proposera un Êtat des lieux sera constituÊ. Il apportera des clarifications sur le coeur et les limites de cette communion fÊdÊrative et prÊcisera les points à approfondir (textes de rÊfÊrence comme la Charte, dÊbats doctrinaux, dÊontologie, etc.) dans un travail qui se poursuivra au-delà de cette première phase. Par ailleurs, ce travail fera aussi Êcho aux recommandations issues de l’audit sur la communication de la FÊdÊration. L’AssemblÊe gÊnÊrale de la FÊdÊration protestante de France demande à tous ses membres de s’impliquer pleinement dans ce travail sur le lien fÊdÊratif.
(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Dispute au sein de l’Église protestante unie de France
Deux tiers de laïcs et un tiers de pasteurs venus de toutes les rÊgions, une salle comble et la retransmission de la journÊe en temps rÊel sur internet : le congrès fondateur des  Attestants  s’est tenu ce samedi 16 janvier, au Centre international Maurice Ravel à Paris, rassemblant plus de 250 membres de l’Église protestante unie de France (EPUdF). Avec pour objectif de  fÊdÊrer, dans l’EPUdF, un mouvement de chrÊtiens attestant leur foi en JÊsus-Christ Seigneur et Sauveur, soucieux de l’autoritÊ souveraine de la Parole biblique pour la vie des croyants, priant pour le renouveau de cette foi au sein de l’Église protestante unie de France, et œuvrant pour la croissance de l’Église . Le projet a vu le jour en juin dernier après la dÊcision de l’EPUdF d’autoriser ses pasteurs à bÊnir les couples de même sexe. Une dÊcision qui, à ce jour, ne semble pas avoir connu de rÊel succès auprès des intÊressÊs,
mais qui a alors ouvert une dispute – dans tous les sens du mot – au sein du protestantisme français. Entre ÊvangÊliques et luthÊro-rÊformÊs et, parmi ces derniers, entre libÊraux et futurs  attestants . Le texte fait foi InterrogÊ par Protestinter quelques jours avant le congrès, le pasteur Gilles Boucomont, l’un des fondateurs du courant des  Attestants , expliquait :  Ce n’est pas l’opposition à la bÊnÊdiction des couples de même sexe qui nous a mobilisÊs – d’ailleurs la plupart d’entre nous n’en demandent pas l’abrogation –, mais le fait que, pour la première fois dans l’histoire du protestantisme français, une telle dÊcision ait ÊtÊ prise malgrÊ les textes bibliques la condamnant. Cela montre que, pour certains protestants, la Bible ne fait plus autoritÊ et que, pour eux, l’approche critique de ses textes est devenue un dogme. Dès lors, toute autre lecture de la Bible est entachÊe de soupçons . Le coupable ? Le courant libÊral qui, selon les  Attestants , tiendrait les rênes de l’EPUdF et de ses facultÊs de thÊologie.  Le libÊralisme protestant, c’Êtait à l’origine l’idÊe qu’il fallait rÊflÊchir à ce que l’on croit, poursuit Gilles Boucomont. Aujourd’hui, c’est d’être le moins en retard possible sur la sociÊtÊ, d’être des chrÊtiens moins ringards que les catholiques. Le protestantisme est ainsi devenu le faire-valoir de la pensÊe unique, la bonne conscience du christianisme. Le protestantisme n’est plus que sociologique. On a gardÊ la culture, mais pas la sève .
RĂŠaffirmer les bases
Un an avant le 500e anniversaire de la RÊforme en 2017, les  Attestants  entendent donc en rÊaffirmer les bases –  Sola Gratia, Sola Fide, Soli Deo Gloria, Solus Christus, Sola Scriptura – et devenir, grâce à un nouvel Êlan missionnaire, un ferment  de rÊveil pour l’EPUdF en contribuant, selon sa dÊclaration d’intention,  activement à ses rÊflexions thÊologiques, expÊriences d’Église, et instances dÊcisionnelles .  Nous voulons influencer, former des laïcs, partager les expÊriences qui permettent la croissance de l’Église sur un mode confessant, dit encore Gilles Boucomont. Comme Martin Bucer qui, dès le XVIe siècle, avait compris que pour faire croÎtre l’Église, il fallait qu’il y ait des noyaux de confessants pour attirer les autres .
Dynamiser le dĂŠbat thĂŠologique
Dès l’annonce de l’organisation de ce courant en juin dernier, Laurent Schlumberger, le prÊsident de l’EPUdF, en avait pris acte.  L’existence de courants au sein du protestantisme luthÊro-rÊformÊ est ancienne et rÊcurrente, avait-il dÊclarÊ. Pourvu qu’ils soient ouverts et mis au service rÊel de toute l’Église. Ils ont souvent stimulÊ les engagements et contribuÊ à structurer, voire dynamiser le dÊbat thÊologique. Ce courant-ci a notamment ceci de particulier qu’il se situe dans la droite ligne du choix fait par toute notre Église qui se veut, comme l’indique l’un de ses textes constitutifs, une Église attestataire, une Église de tÊmoins, une Église confessante . CôtÊ libÊral, pas de rÊactions. Fin de la dispute au sein des luthÊro-rÊformÊs ? En mai 2017, l’Église protestante unie de France devra se donner une nouvelle dÊclaration de foi. Les paroisses sont appelÊes à y travailler dès cette annÊe. D’oÚ de nouveaux dÊbats pos-
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 5
sibles entre les diffÊrents courants de l’EPUdF.  Si dans les textes à venir de l’Église Protestante Unie, il est question du Dieu trinitaire ou du Dieu Père Fils et Esprit, je n’y adhÊrerai pas ou j’en sortirai , a dÊjà prÊvenu le thÊologien libÊral AndrÊ Gounelle dans un article de la revue Evangile et LibertÊ. Comme le dit un membre ni libÊral, ni attestant, d’une paroisse de Paris citant Alfred de Musset :  Le plaisir des disputes, c’est de faire la paix .
Protestantisme international
EPD/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Kassel, Allemagne - Alliance rÊformÊe mondiale : les chrÊtiens doivent donner l’exemple
Existe-t-il plusieurs façons de lire la Bible ? Quelle est la place des homosexuels dans l’Église ? Alors que certains ÊvangÊliques allemands prônent l’ouverture, la frange la plus conservatrice menace de quitter les structures existantes pour crÊer une alliance d’Églises concurrentes. Les ÊvangÊliques conservateurs d’Allemagne ont appelÊ les organisations reprÊsentatives des mouvements ÊvangÊliques à clarifier des positions litigieuses — notamment en ce qui concerne la pluralitÊ dans la doctrine ou l’attitude envers l’homosexualitÊ.  Nous demandons aux instances compÊtentes de l’Association des communautÊs de la Grâce et de l’Alliance protestante allemande de prendre des positions claires sur ces polÊmiques et appelons à un discours commun , demandent-ils dans une prise de position adoptÊe à l’unanimitÊ à Kessel, il y a une dizaine de jours. 65 Églises, fondÊe par le prÊdicateur Ulrich Parzany, menacent de fonder une alliance concurrente. Si cette prise de position est adoptÊe, elles ne le feront pas. Les signataires s’opposent en particulier à une pluralitÊ dans la doctrine.  Nous refusons d’accepter une comprÊhension et une lecture contradictoires de la Bible , est-il dit dans le communiquÊ. En outre, ce serait nÊfaste dans  la perspective d’un renouveau spirituel de l’Église que ses organes soient ouvertement critiquÊs . Les signataires du texte refusent aussi l’idÊe que  Les communautÊs fondÊes sur la Bible auraient un problème de tolÊrance et devraient s’ouvrir à la pluralitÊ de doctrine, ou qu’elles devraient aussi accepter certains chrÊtiens qui vivent dans le pÊchÊ . Les signataires soulignent  l’inspiration divine de l’Écriture sainte, son entière fiabilitÊ, et son autoritÊ la plus haute pour toutes les questions qui ont trait à la foi et à la conduite du chrÊtien . Ils Êcrivent Êgalement :  Nous nous opposons à la fausse doctrine selon laquelle il y aurait d’autres voies de salut . Et concrètement,  nous condamnons la fausse doctrine selon laquelle les relations homosexuelles seraient conformes à la volontÊ de Dieu et devraient être bÊnies par l’Église . Cette rÊunion a ÊtÊ organisÊe par Ulrich Parzany en rÊaction à deux interviews du reprÊsentant de l’Alliance protestante allemande et du prÊsident de l’As-
sociation des communautÊs de la Grâce, Michael Diener, qui ont ÊtÊ donnÊes il y a quelques semaines au quotidien  Die Welt  et au magazine chrÊtien des mÊdias,  Pro . Michael Diener, qui vient d’être Êlu au conseil des Églises protestantes d’Allemagne, s’est prononcÊ, parmi d’autres autocritiques du mouvement ÊvangÊlique, pour plus de tolÊrance envers d’autres façons de lire la Bible et aussi envers les homosexuels. Ces derniers devraient pouvoir être membres d’une paroisse ÊvangÊlique. Ulrich Parzany a ainsi reprochÊ à Michael Diener, dans une lettre ouverte, de relativiser les positions de l’Alliance protestante. La lettre ne mentionne pas la crÊation d’un  rÊseau Bible et Confession , qu’Ulrich Parzany a envisagÊ lors de la rÊunion. Il est seulement question d’un  groupe de travail  sous la direction d’Ulrich Parzany, qui devrait continuer à suivre ces questions.
LibertĂŠ religieuse
(LibĂŠration/BS/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - En Inde, si une ĂŠglise est attaquĂŠe, la police reste passive
L'arrivÊe au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi a placÊ les 25 millions de chrÊtiens d'Inde dans une situation dÊlicate. Les prêtres subissent des pressions tandis que les nouveaux croyants sont soumis à des campagnes de reconversion. L’homme est discret, peu connu en Occident. Il parle doucement mais fermement. De passage en France, John Dayal, ancien journaliste à New Delhi et fondateur du Conseil des chrÊtiens en Inde, est le messager de l’inquiÊtude grandissante de la minoritÊ chrÊtienne dans son pays. L’arrivÊe au pouvoir, en mai 2014, de Narendra Modi, le Premier ministre, membre du parti de la droite nationaliste hindoue (BJP, Parti du peuple indien) a singulièrement fait monter la tension. L’activiste chrÊtien dÊnonce les exactions et les pressions contre les pasteurs et les prêtres commises au quotidien.  Si une Êglise est attaquÊe, la police assiste en demeurant totalement passive , raconte-t-il.  L’impunitÊ est criante, estime John Dayal, nÊ dans une famille catholique. C’est une persÊcution surprenante, exercÊe par une religion qui bÊnÊficie d’une image de paix, et elle a lieu dans une dÊmocratie .
Projet de loi anticonversion
En Inde, les communautÊs chrÊtiennes s’inquiètent d’un durcissement de la lÊgislation. Trois ministres du gouvernement Modi ont dÊclarÊ publiquement soutenir un projet de loi anticonversion.  Cela impliquerait un changement de la Constitution. Pour le moment, les nationalistes hindous ne disposent pas d’une majoritÊ suffisante au Parlement pour y parvenir , explique John Dayal au journal LibÊration. À travers le concept politique d’hindutva, les nationalistes hindous considèrent l’islam ou le christianisme comme des idÊologies importÊes qui pervertissent l’identitÊ indienne. Des campagnes de reconversion sont menÊes rÊgulièrement à travers
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 6
le pays. Selon Claire Lacroix, l’une des responsables de l’association Portes ouvertes, qui milite pour les droits des minoritÊs chrÊtiennes à travers le monde, des convertis se verraient proposer de l’argent (3 000 dollars, soit environ 2 700 euros) pour revenir à l’hindouisme. Chaque annÊe, l’association publie un index mondial de persÊcution des chrÊtiens, et pour la première fois en 2015, l’Inde figure dans les vingt premiers. Portes ouvertes a donc invitÊ John Dayal lors de la prÊsentation de son classement.
Quarante ĂŠglises incendiĂŠes
Depuis une dizaine d’annÊes, la montÊe en puissance du nationalisme hindou en Inde fragilise la prÊsence des chrÊtiens. Des groupes extrÊmistes ont promis l’Êradication du christianisme. Il existe dÊjà une lÊgislation condamnant les conversions par la force dans six États. De graves violences s’Êtaient produites en aoÝt 2008 en Odisha, une rÊgion côtière de l’Est : une quarantaine d’Êglises avaient ÊtÊ incendiÊes et plusieurs centaines de maisons de chrÊtiens dÊtruites. Ces actes demeurent un traumatisme. La pÊriode de NoÍl est particulièrement problÊmatique.  C’est un moment de rÊunion pour les chrÊtiens et donc de visibilitÊ. En 2015, à certains endroits, les cÊlÊbrations n’ont pas pu avoir lieu , raconte John Dayal. Plus nombreux (150 millions) et mieux organisÊs politiquement, les musulmans d’Inde seraient, selon John Dayal, moins exposÊs aux violences religieuses.  Les chrÊtiens vivent dans de petites communautÊs dissÊminÊes à travers toute l’Inde, ce qui les rend beaucoup plus vulnÊrables que les musulmans , explique-t-il. Officiellement, la population chrÊtienne d’Inde est estimÊe à 25 millions de personnes. Mais, selon l’activiste chrÊtien, ce chiffre est sous-estimÊ. John Dayal considère qu’une dizaine de millions de chrÊtiens exercent leur culte dans la clandestinitÊ. Il s’agit des Dalits (les Intouchables), exclus du système des castes.  S’ils s’affichent chrÊtiens, ils risquent de perdre leur emploi , prÊcise Dayal. En Inde, la communautÊ chrÊtienne est majoritairement catholique. Comme la Chine, le pays a suscitÊ au cours des vingt dernières annÊes un intÊrêt marquÊ de la part des leaders ÊvangÊliques amÊricains qui le considèrent comme une terre prioritaire de missions. Face à la montÊe des tensions, ils semblent, ces derniers temps, s’être fait plus discrets.
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Rome, Italie - Ĺ’cumĂŠnisme : pour le jubilĂŠ, le pape demande pardon aux autres chrĂŠtiens
 Les offenses d’autres chrÊtiens 
 En cette annÊe jubilaire extraordinaire de la misÊricorde, gardons bien à l’esprit qu’on ne peut exercer une authentique recherche de l’unitÊ des chrÊtiens sans une pleine confiance dans la misÊricorde du Père , a rappelÊ le pape, lisant debout son texte en italien sous le regard de l’archevêque-mÊtropolite orthodoxe pour l’Europe mÊridionale et du reprÊsentant de l’Église anglicane à Rome, à ses côtÊs.  Demandons, avant tout, pardon pour le pÊchÊ de nos divisions , a-t-il dÊclarÊ, avant de poursuivre par un pardon spÊcifique comme chef de l’Église catholique sur les  comportements non ÊvangÊliques  de certains de ses membres vis-à -vis des autres chrÊtiens, sans autre prÊcision. Le pape a demandÊ aussi aux catholiques de  pardonner si, aujourd’hui ou dans le passÊ, ils ont subi les offenses d’autres chrÊtiens . Dans des pays de l’exURSS, par exemple, les catholiques ont parfois ÊtÊ accusÊs de prosÊlytisme par les orthodoxes.
ÂŤ Tant de mauvais moments entre nous Âť
 Nous ne pouvons pas annuler ce qui s’est produit mais nous ne voulons pas permettre que le poids de nos fautes puisse continuer à entraver nos rapports. La misÊricorde de Dieu renouvellera nos relations , a-t-il affirmÊ, comme une synthèse des fruits attendus du jubilÊ. Dans le même esprit, lors de sa visite aux luthÊriens de Rome, le 15 novembre dernier – avant le dÊbut du jubilÊ –, le pape François avait invitÊ luthÊriens et catholiques à se demander pardon.  Il y a eu tant de mauvais moments entre nous , avait-il reconnu :  Des persÊcutions entre nous, avec le même baptême. Nous devons nous demander pardon pour cela .  Nous aussi, nous devons demander pardon , avaitil encore dÊclarÊ devant la presse dans le vol retour de son voyage en Afrique le 30 novembre :  Catherine de MÊdicis n’Êtait pas une sainte ! Et cette Guerre de Trente ans, cette nuit de la Saint-BarthÊlemy (‌) Combien de guerres, pas seulement de religion, avons-nous faites, nous chrÊtiens ? Le sac de Rome ce ne sont pas les musulmans qui l’ont fait !  À d’autres reprises auparavant, le pape a qualifiÊ les violences actuelles en Ukraine de  guerre entre chrÊtiens . Comme signe avant-coureur de relations œcumÊniques renouvelÊes, avant les vêpres concluant la semaine de l’unitÊ, ce 26 janvier, le Vatican et la fÊdÊration luthÊrienne mondiale ont annoncÊ plus tôt un voyage du pape François à Lund, en Suède, le 31 octobre prochain pour lancer la commÊmoration des 500 ans de la RÊforme protestante.
(Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Trois prÊlats plaident pour plus de libertÊ religieuse dans le monde Une annÊe sainte offre l’occasion de pardon, comme
le fit Jean-Paul II au cours du jubilÊ de l’an 2000. Le pape François s’est inscrit dans cette pratique lundi 25 janvier en voulant  invoquer misÊricorde et pardon pour les comportements non ÊvangÊliques de catholiques à l’Êgard des chrÊtiens d’autres Églises . Le pape s’exprimait  comme Êvêque de Rome et pasteur de l’Église catholique  depuis la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs, oÚ, comme chaque annÊe, un office œcumÊnique de vêpres conclu la semaine de prière pour l’unitÊ des chrÊtiens.
L'archevêque d'Alep, Monseigneur Jeanbart, est l'un des trois prÊlats invitÊs par l'Aide à l'Église en dÊtresse (AED), qui organise le vendredi 5 fÊvrier la nuit des tÊmoins pour dÊfendre la libertÊ religieuse dans le monde. D'autres personnalitÊs du Pakistan, d'Irak et du Soudan tÊmoignent de la situation dans leur pays. En mars prochain, la Syrie entrera dans sa sixième annÊe de guerre. Les affrontements ont tuÊ 250 000 personnes et dÊplacÊ des millions d'autres. L'Êconomie du pays est dÊtruite, tout comme les infrastructures ou les hôpitaux. Dans ce chaos, les minoritÊs ethniques et reli-
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 7
gieuses du pays n'ont jamais ÊtÊ autant menacÊes dans leur existence même. Une rÊalitÊ que Monseigneur JeanClÊment Jeanbart, archevêque d'Alep, ne cesse de dÊnoncer à travers le monde. Actuellement en France, le prÊlat partagera son tÊmoignage à Notre-Dame de Paris à la fin du mois de fÊvrier. Il parlera aux côtÊs de sœur Lika Marooki, religieuse dominicaine irakienne, de Monseigneur Joseph Coutts, archevêque de Karachi au Pakistan, et du père Antonio AurÊlio Fernandez, prêtre de l'ordre trinitaire au Soudan. À l'invitation de l'Aide à l'Êglise en dÊtresse (AED) tous sont venus tÊmoigner des difficultÊs qu'ils rencontrent dans leur pays pour vivre leur foi librement. La confÊrence qui se tient vendredi à Paris est la première d'une longue sÊrie qui les emmènera à travers toute la France.
Pire que les invasions tartares ou mongoles
Monseigneur Jean-ClÊment Jeanbart a quittÊ Alep il y a quatre jours avec la volontÊ de rÊveiller les consciences occidentales sur le drame syrien.  Ce qui se passe actuellement est inÊdit pour la Syrie. C'est bien plus grave que ce que le pays a subi lors des invasions tartares ou mongoles. Avant la guerre, Alep Êtait une ville d'avant-garde, elle Êtait la seconde ville en termes de puissance Êconomique après Constantinople. Aujourd'hui, elle est rasÊe.  Au passage, l'archevêque grecmelkite catholique d'Alep Êgratigne la France, qui s'est totalement trompÊe dans sa lecture du conflit syrien selon lui.  J'aime la France, c'est elle qui m'a ÊduquÊ , dit le prÊlat francophone.  Mais j'ai connu une autre France, une France qui dÊfendait les valeurs de libertÊ, d'humanitÊ, de laïcitÊ et de respect. Pourquoi agit-elle aujourd'hui par intÊrêt politique ou financier ?  Pour lui, refuser de discuter avec le rÊgime de Bachar el-Assad est une erreur historique.  À choisir, je prÊfère encore le rÊgime actuel, plutôt que les fondamentalistes qui le combattent , estime-t-il.  Il y va de notre avenir en Syrie, comme de l'avenir de toutes les minoritÊs de la rÊgion.  Monseigneur Jeanbart reproche aux mÊdias occidentaux de se faire manipuler par certains mÊdias qui donnent une vision partiale du conflit.  L'OSDH diffuse une information favorable à ceux que vous appelez les rebelles. Al-Jazeera, par l'origine de ses financements, donne Êgalement une information systÊmatiquement à charge contre le rÊgime.  Aujourd'hui, Monseigneur Jeanbart craint que l'exode de sa communautÊ mette fin à 18 siècles de prÊsence chrÊtienne en Syrie. Il s'agace contre les pays qui favorisent les dÊparts de chrÊtiens en offrant des facilitÊs de visas ou de moyens d'Êvacuation.  Vous nous voulez du bien ? Alors aidez-nous à rester chez nous , assène-t-il.
Racheter les chrĂŠtiens prisonniers des musulmans
À l'image de Monseigneur Jeanbart, trois autres prÊlats tÊmoigneront à Norte-Dame de Paris de leurs difficultÊs à pratiquer leur foi dans leur pays d'origine. Depuis plus de deux ans, Sœur Lika Marooki vit telle une rÊfugiÊe dans son propre pays, l'Irak. Cette religieuse dominicaine vivait à Qaraqosh depuis l'âge de 10 ans, après avoir fui Bagdad en 1988. Mais elle a pris une nouvelle fois la route de l'exode le 6 aoÝt 2014, oÚ elle rejoint Erbil face à l'avancÊe de l'État islamique. Depuis, elle se consacre à l'assistance aux exilÊs. Au Soudan, le père Antonio Fernandez s'occupe quant à lui des enfants soudanais chrÊtiens, vendus par des marchands d'esclaves islamiques. Il appartient à l'ordre trinitaire, vieux
de 800 ans, dont le charisme est de racheter les chrÊtiens prisonniers des musulmans.  Au Nord-Soudan, la dictature islamique impose sa loi. Ceux qui ne professent pas la religion d'État sont considÊrÊs comme des choses , explique-t-il. Enfin, le dernier tÊmoin de la soirÊe sera Monseigneur Joseph Coutts, archevêque de Karachi depuis 2012, il alerte sur la montÊe de l'intÊgrisme musulman au Pakistan. Depuis 2010, la loi anti-blasphème dispose que la profanation du Coran ou du prophète Mahomet est punie de mort.  La loi est simple à dÊtourner ; les musulmans fondamentalistes l'invoquent rÊgulièrement contre leurs ennemis. Lorsque c'est le cas, la situation peut vite devenir irrationnelle et des foules fanatisÊes s'en prennent à notre communautÊ. Même des blasphèmes commis à l'autre bout du monde peuvent rejaillir sur nous. Et face à cela, notre gouvernement est impuissant. 
SociĂŠtĂŠ
(La Vie/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Assiste-t-on vraiment à un retour du religieux ?
Le religieux est-il de retour dans notre sociÊtÊ ? Non. La rÊponse est nette, et nous n'assistons pas davantage à une renaissance du sens de la transcendance propre à la nature humaine. Ce n’est pas parce que la surface mÊdiatique des religions augmente que les Français s’intÊressent plus à la religion. Ils en ignorent tout ou presque. Nous assistons plutôt aux effets de la perte de rÊfÊrence commune. Et cela se traduit par le recours à des substituts à coloration religieuse. Mais à coloration seulement. Nous ne savons plus ce que veut dire  être français , si bien que par dÊfaut nous disons ce que veut dire être juif, chrÊtien, musulman, bouddhiste, hindou, athÊe, agnostique, transhumaniste‌ Chacun semble tenu de confesser sa rÊfÊrence personnelle en matière religieuse.  Citoyen, dÊclarez-vous ?  est l’injonction silencieuse qui gagne du terrain. Tout cela n’a rien de religieux au sens propre du terme. Est religieux ce qui relie les individus dans la conscience de leur commune nature, ce qui relie l’être humain à la profondeur infinie qu’il porte en lui, ce qui l’engage à donner un sens heureux à son existence mortelle. Or, l’actualitÊ se rÊsume à l’Êvocation d’ÊlÊments de nature religieuse (kippa, burka, crèche, croix ou statue‌ ) crÊant un univers religieux de façade, mais dÊtachÊ de la religion au sens de force spirituelle pour la vie humaine. L’angoisse identitaire fait se cramponner à des aspects religieux et laisse de côtÊ la vÊritable portÊe des doctrines religieuses. Certains penseront que c’est mieux ainsi. Il ne faudrait cependant jamais oublier que l’aspiration religieuse de l’être humain est insoluble dans les sables de l’ignorance, du divertissement, du progrès‌ Tôt ou tard, elle se rÊveille et demande  qui suis-je vraiment ?  Alors, d’autres se dÊsolent de voir qu’il est abusivement question de  religions  là oÚ il s’agit d’alibi à notre quête d’identitÊ. Pourquoi en sommes-nous arrivÊs là ? Parce que nous avons perdu au fond la rÊponse à la question  qu’est-ce que l’homme ? . Dès lors, nous la cherchons en surface, dans les vêtements, les apparences extÊrieures. La voie de sortie du syndrome pathologique qui guette notre pays, serait de ne plus invoquer la laïcitÊ à tout bout de champ, mais invoquer le sens des religions
BIA - N° 400 - FÊvrier 2016 - 8
et d’en parler vraiment. Il faudrait avoir le courage d’offrir à tous les jeunes les moyens de comprendre, les moyens de dÊpasser les apparences, et d’interroger avec estime la quête de personnes d’autres traditions. Il faudrait aller au-delà de la respectueuse considÊration pour les religions, mais parvenir aussi à nommer  Dieu , chose que les politiques n’ont pu faire en adressant leurs vœux aux religieux en ce dÊbut d’annÊe. Nous avons hÊlas tout fait pour rÊduire les religions à leurs apparences, nous avons sciemment tu la portÊe de leur doctrine afin de neutraliser leur influence dans les consciences. Aujourd’hui, il nous faut nous dÊbattre avec de vaines querelles, qui enfouissent un peu plus l’heureuse aptitude humaine à trouver les vraies sources de la fraternitÊ.
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Après les attentats, un besoin d’Église
Depuis les attaques terroristes en France, les Églises seraient davantage frÊquentÊes. Dans le recueillement et la solitude, des anonymes viennent retrouver des racines ou y cherchent un refuge. Furtivement, ils se glissent derrière les piliers de l’Êglise, silencieuse et dÊserte dans la journÊe. Restant à l’Êcart des offices, ils allument un cierge, se recueillent discrètement et s’Êclipsent aussitôt. Parfois, le curÊ qui passe là , un peu intriguÊ devant ces visages inconnus, se risque à les aborder.  Quand je leur fais un petit bonjour, ils n’osent pas trop me rÊpondre, on parle un petit peu, mais ils ont un peu peur , glisse le P. Claude Caill, curÊ dans le centre de Brest (Finistère). À en croire ce prêtre breton et ses confrères interrogÊs dans diverses rÊgions, un certain nombre de Français viennent ou reviennent à l’Êglise depuis les attentats terroristes qui ont frappÊ le pays, en janvier et en novembre.  L’Êglise Êtait pleine, les deux dimanches qui ont suivi l’attaque du Bataclan, ainsi qu’à NoÍl. Depuis, ce ne sont plus les mêmes foules, mais je continue à apercevoir de nouvelles têtes , constate le P. Bernard Brien, prêtre au Perreux (Val-de-Marne), qui a entendu ses confrères du diocèse de CrÊteil  en dire autant . Soutien d’une communautÊ Non pas des foules, mais des individus aux motivations diffuses.  Je ne dirais pas que les attentats ont regonflÊ les troupes de manière rÊgulière, mais il y a bien un questionnement de fond nouveau, des personnes qui ressentent plus fortement la vulnÊrabilitÊ de lavie, qui s’interrogent devant des actes commis prÊtendument au nom de Dieu , analyse le P. Jean-Hubert Thieffry, curÊ à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes).
Commission paritaire 1111 G 88583 DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
Dans cette quête souvent sans mots, difficile à chiffrer, certains cherchent un soutien dans la communautÊ.  Nous avons ressenti le besoin de communier avec les autres, confient les Fradin, un couple de retraitÊs tourangeaux devenus très assidus le dimanche. L’Évangile nous rassure et nous sort un peu de la torpeur dans laquelle nous plongent les journaux tÊlÊvisÊs.  La plupart sont assez jeunes, entre 30 et 50 ans, cultivÊs, mais connaissant peu, voire quasiment rien, de la foi chrÊtienne. Chef d’entreprise à Cannes, ÊlevÊ dans une famille catholique, Thierry avait dÊcrochÊ à l’adolescence, mais l’ÊtÊ dernier, ce cÊlibataire de 42 ans, dont la vie Êtait rythmÊe jusque-là par sa passion du triathlon, a ressenti un  Êlectrochoc intÊrieur  :  J’ai repensÊ à ces attentats, à cette guerre que je sens approcher, à ces migrants qui se noient en tentant de venir chez nous‌ N’y a-t-il pas un problème criant ! Il manque du sens à la vie.  Thierry s’est rendu dans une Êglise. Là , il a vu une affiche proposant le parcours Alpha de redÊcouverte de la foi, qu’il a suivi de septembre à dÊcembre. Depuis, il se rend chaque semaine à la messe, oÚ, coïncidence, il a retrouvÊ sa sœur, mue par les mêmes interrogations.  Au dÊpart, avoue Thierry, ma question Êtait : oÚ est le bras armÊ de l’Église ? Je cherchais dans la religion un engagement physique pour s’organiser contre des agresseurs potentiels, qui m’avaient semblÊ loin et qui sont aujourd’hui chez nous . Crise des valeurs La peur des attentats, les interrogations sur Dieu, sur l’islam, la perte de repères‌ Comme pour Thierry, cette quête maladroite comporte parfois de lourds contre-sens au dÊpart. Dans un climat de crise des valeurs, les raisons de ce soudain retour à l’Êglise sont pour certains,  clairement identitaires , analyse le P. Geoffroy de la Tousche, curÊ de Dieppe :  Pour une famille par exemple, le retour est associÊ visiblement à un rÊflexe anti-musulman  D’autres expriment le besoin de se rÊapproprier leurs racines, voire de  dÊfendre nos valeurs judÊo-chrÊtiennes . Éleveur de canards en Dordogne, Ghislain, 49 ans, père de quatre enfants, a amorcÊ un retour à l’Église lui aussi depuis quelques mois, Êvoquant  un comportement plus volontaire à l’Êgard de la religion  pour rÊpondre au sentiment d’être  agressÊ . Une prise de conscience due aux attentats ?  Peut-être, mais je suis surtout rÊvoltÊ par la mauvaise rÊponse de nos politiques qui veulent dÊmolir notre culture judÊo-chrÊtienne au bÊnÊfice d’une laïcitÊ qui ne donne aucun repère à nos enfants et nous enverra droit dans le mur ! Je ne suis pas opposÊ au respect des autres religions mais pourquoi rejeter ce qui est au fondement de notre culture et de nos familles ? 
Abonnement France 18 ₏ d’un an Outre Mer 19 ₏ CEE et Suisse 20 ₏ Autres pays et abonnement en cours d’annÊe : nous consulter. Au nom du  BIA  Règlement CCP – La Source 46 727 83 C