2016-02 BIA

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Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 37e annĂŠe • n° 400 - FĂŠvrier 2016

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Nouvelles des Églises adventistes

Saint Domingue, RĂŠpublique Dominicaine - AccrĂŠditation des pasteurs adventistes pour officier Ă des mariages civils

Dammarie-les-Lys, France - En route vers la libertĂŠ, cycle de confĂŠrences publiques

FĂŠdĂŠration protestante de France

Paris, France - Perspectives et recommandations Paris, France - Le lien fĂŠdĂŠratif de la FPF

Paris, France - Dispute au sein de l’Église protestante unie de France

Protestantisme international

Kassel, Allemagne - Alliance rÊformÊe mondiale : les chrÊtiens doivent donner l’exemple

LibertĂŠ religieuse

Paris, France - En Inde, si une ĂŠglise est attaquĂŠe, la police reste passive

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

Rome, Italie - Ĺ’cumĂŠnisme : pour le jubilĂŠ, le pape demande pardon aux autres chrĂŠtiens

Paris, France - Trois prĂŠlats plaident pour plus de libertĂŠ religieuse dans le monde

SociĂŠtĂŠ

Paris, France - Assiste-t-on vraiment Ă un retour du religieux ?

Paris, France - Après les attentats, un besoin d’Église

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre


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Nouvelles des Églises adventistes

(DIA/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Saint Domingue, RÊpublique Dominicaine – AccrÊditation des pasteurs adventistes pour officier à des mariages civils

Lorsque Luis Miguel Acevedo, directeur de l’ONG humanitaire ADRA Ă la RĂŠpublique Dominicaine, s’est mariĂŠ en 2012, son ĂŠpouse Arjoy et lui ont du passer par le tribunal pour que leur union soit lĂŠgalement reconnue. Le couple a ĂŠgalement dĂť payer au juge une somme, qui s’Êlève actuellement Ă 200 dollars US, pour qu’il officie Ă leur mariage. Ils ont alors pu se rendre Ă l’Église adventiste locale pour la cĂŠrĂŠmonie religieuse. La fin de ces formalitĂŠs par lesquelles ont dĂť passer Luis Miguel Acevedo ainsi que d’autres couples adventistes, est intervenue le 20 janvier 2016 lorsque le gouvernement de la RĂŠpublique Dominicaine a autorisĂŠ environ 80 pasteurs adventistes Ă officier Ă des mariages civils dans cette nation de la CaraĂŻbe. Le ComitĂŠ Electoral Central, une agence gouvernementale qui supervise les mariages ainsi que les ĂŠlections, a accrĂŠditĂŠ les pasteurs au cours d’une cĂŠrĂŠmonie qui a eu lieu Ă Saint Domingue, conformĂŠment Ă une lĂŠgislation datant de 2010 autorisant les Églises protestantes Ă prĂŠsider Ă des mariages civils reconnus par l’État. Avant que cette loi n’entre en vigueur, seuls les juges et les prĂŞtres Catholiques ĂŠtaient autorisĂŠs Ă cĂŠlĂŠbrer les unions matrimoniales. Les couples adventistes devaient se rendre au tribunal pour qu’un juge les unisse avant d’avoir la cĂŠlĂŠbration du mariage Ă l’Église. ÂŤ La famille devrait se construire dans la lĂŠgalitĂŠ, Âť a dĂŠclarĂŠ Roberto Rosario Marquez, prĂŠsident du ComitĂŠ Electoral Central, lors de la cĂŠrĂŠmonie d’accrĂŠditation qui s’est dĂŠroulĂŠe Ă l’Église adventiste d’Ensanche Quisqueya. ÂŤ Une famille devrait ĂŞtre une institution composĂŠe d’un homme et d’une femme. Âť Cesario Acevedo, prĂŠsident de l’Église adventiste en RĂŠpublique Dominicaine, a remerciĂŠ Roberto Rosario et son personnel de la part des membres d’Église. ÂŤ Nous nous engageons devant Dieu Ă respecter les lois qui prĂŠsident Ă la responsabilitĂŠ solennelle de cĂŠlĂŠbrer la cĂŠrĂŠmonie sacrĂŠe du mariage, Âť a dĂŠclarĂŠ le pasteur Acevedo. La nouvelle loi, n° 198-11, stipule que les Églises sont maintenant responsables des livres d’enregistrement et des certificats de mariage ainsi que de l’obtention de l’accrĂŠditation et de la formation des pasteurs et des prĂŞtres. Teofilo Silvestre, secrĂŠtaire de l’Église adventiste en RĂŠpublique Dominicaine, a indiquĂŠ que l’Église a commencĂŠ le processus d’accrĂŠditation avec les leaders gouvernementaux dès l’annĂŠe 2013. ÂŤ Nos pasteurs ont maintenant l’opportunitĂŠ d’être des serviteurs publics reconnus par l’État et ils peuvent maintenant proposer ces services aux adventistes du septième jour ainsi qu’à ceux qui appartiennent Ă d’autres dĂŠnominations religieuses, Âť a t-il dit.

Les pasteurs adventistes accrĂŠditĂŠs auront le mĂŞme statut qu’un juge de tribunal lorsqu’ils cĂŠlĂŠbreront des cĂŠrĂŠmonies de mariage. Mais ils n’auront pas besoin de faire payer leurs services comme le font les juges. C’est une bonne nouvelle pour de nombreuses personnes qui ont des difficultĂŠs Ă faire face Ă la dĂŠpense, a dit Luis Miguel Acevedo, le directeur d’ADRA. Teofilo Silvestre a indiquĂŠ que le changement intervenu dans la loi promet de renforcer le rĂ´le de l’Église adventiste dans la sociĂŠtĂŠ. ÂŤ L’Église adventiste a une opportunitĂŠ d’exercer une influence positive dans la sociĂŠtĂŠ et de consolider les familles selon les normes chrĂŠtiennes, Âť a t-il dĂŠclarĂŠ. Lors de la cĂŠrĂŠmonie d’accrĂŠditation, chaque pasteur adventiste a reçu une carte d’identitĂŠ spĂŠciale avec son statut approuvĂŠ. La carte leur permet aussi d’accĂŠder Ă des ĂŠtablissements gouvernementaux. Pour l’instant, seuls 80 pasteurs adventistes sur 270 sur l’Île ont reçu cette accrĂŠditation. L’Église adventiste du septième jour en RĂŠpublique Dominicaine a ĂŠtĂŠ ĂŠtablie en 1907 et compte plus de 303 000 membres et 1262 ĂŠglises et groupes.

(BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Dammarie-les-Lys, France – En route vers la libertÊ, cycle de confÊrences publiques

Le pasteur Bernard Sauvagnat, Dr ès Sciences religieuses a tenu un cycle de confĂŠrences publiques ÂŤ En route vers la libertĂŠ, le message des 10 commandements Âť, du dimanche 31 janvier au jeudi 4 fĂŠvrier. Les plus anciens se souviennent du peplum de Cecile B.DeMille, film sorti en 1956. Les plus jeunes ont sans aucun doute en mĂŠmoire la comĂŠdie musicale ĂŠcrite par Élie Chouraqui et mise en musique par Pascal Obispo prĂŠsentĂŠe Ă Paris en 2001. Ces deux productions ont attirĂŠ l’attention sur les ÂŤ Dix commandements Âť, un petit texte de l’antiquitĂŠ que la Bible nous a transmis. Ce texte, prĂŠsentĂŠ comme un contrat passĂŠ entre Dieu et les esclaves hĂŠbreux qui fuyaient l’Égypte, mĂŠrite notre attention aujourd’hui encore. Pour Bernard Sauvagnat ÂŤ il est comme un mode d’emploi pour vivre ensemble qui conduit vers la vĂŠritable libertĂŠ Âť. Devant un public nombreux et assidu qui avait rempli la salle de l’Église adventiste de Dammarie-les-Lys, le confĂŠrencier a dĂŠveloppĂŠ son sujet et a rĂŠpondu Ă plusieurs questions de l’auditoire.

FĂŠdĂŠration protestante de France

(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Perspectives et recommandations

L’assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de la FĂŠdĂŠration protestante de France (FPF) s’est tenue les 30 et 31 janvier au siège de l’ArmĂŠe du Salut Ă Paris. La centaine de dĂŠlĂŠguĂŠs, reprĂŠsentants les Unions d’Églises, communautĂŠs, Ĺ“uvres et Mouvements membres de la FPF a vĂŠcu une assemblĂŠe riche et prolixe. Pour le programme relatif Ă l’annĂŠe 2017 et les cĂŠlĂŠbrations des 500 ans de la RĂŠforme, l’assemblĂŠe gĂŠ-


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nĂŠrale a pris acte que le projet Lyon 2017 tel que votĂŠ Ă l’assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de 2015 n’Êtait pas poursuivi et a votĂŠ favorablement pour le projet global prĂŠsentĂŠ en 2016 qui fera l’objet d’un dossier de presse plus complet Ă la fin du mois de mars mais dont voici les ĂŠlĂŠments principaux : Protestants 2017 : un rendez-vous incontournable, une annĂŠe de cĂŠlĂŠbrations, de rendez-vous, de rĂŠflexions (le thème retenu est celui de la fraternitĂŠ). La FPF s’attachera Ă : - Impulser et soutenir des initiatives fĂŠdĂŠratives (commissions, services, pĂ´les). - Communiquer au niveau national. - Valoriser les initiatives de ses membres. Deux ĂŠvĂŠnements nationaux : - Projet d’un colloque international Ă la mairie de Paris (avec trois dimensions : internationale, historique et interreligieuse). - Rassemblement national de deux jours Ă Strasbourg portĂŠ par l’UEPAL en copilotage avec la FPF, incluant un culte en eurovision et un ÂŤ village des solidaritĂŠs Âť animĂŠ par la FĂŠdĂŠration de l’Entraide protestante. Les dĂŠlĂŠguĂŠs se sont prononcĂŠs sur les recommandations suivantes : Recommandation n° 1 : Promouvoir le service civique Le service civique est appelĂŠ Ă un dĂŠveloppement considĂŠrable voulu par les pouvoirs publics. Le service civique permet de donner aux jeunes des perspectives d’engagement auprès d’organismes auxquels ils apportent leur temps et leur dynamisme et qui leur font partager leurs valeurs et leurs expĂŠriences. L’A.G invite la FPF Ă promouvoir auprès de ses membres cette possibilitĂŠ d’engagement et Ă les accompagner pour qu’ils proposent des lieux de service et invitent les jeunes Ă s’engager. Recommandation n°2 : Face Ă la ÂŤ crise migratoire Âť, rĂŠpondre Ă la gravitĂŠ des enjeux AlarmĂŠe par l’ampleur et la gravitĂŠ de la catastrophe humanitaire, politique et morale que traverse l’Europe face Ă la crise migratoire actuelle, ScandalisĂŠe par les choix politiques de repli nationaliste, de fermeture et d’exclusion en dĂŠveloppement dans un nombre croissant de pays, ProfondĂŠment alertĂŠe par la rĂŠsurgence des mouvements populistes et xĂŠnophobes dans la plupart des pays europĂŠens, L’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de la FĂŠdĂŠration protestante de France, rĂŠunie Ă Paris les 30 et 31 janvier 2016, demande au Conseil de la FĂŠdĂŠration : D’affirmer - que la question de l’accueil de l’Êtranger et de la solidaritĂŠ en actes est au coeur du tĂŠmoignage des chrĂŠtiens ; - qu’une parole forte, courageuse et portĂŠe par tous est aujourd’hui plus que jamais urgente et indispensable pour refuser toute forme de discrimination et toute tentative de repli sur des espaces de plus en plus fermĂŠs.

D’appeler - les Églises, Ĺ“uvres et mouvements Ă poursuivre l’interpellation des pouvoirs politiques pour que la France prenne toute sa part en accordant plus largement visas, conditions d’accueil dignes et considĂŠration ; - les Églises, Ĺ“uvres et mouvements comme les collectifs et les bĂŠnĂŠvoles Ă consolider et dĂŠvelopper les initiatives d’accueil et d’accompagnement des personnes ĂŠtrangères, en coopĂŠration avec les autoritĂŠs publiques et le monde associatif ; - les protestants Ă dĂŠployer leurs ressources et traditions sur l’accueil de l’Êtranger et Ă dĂŠvelopper les relations Ĺ“cumĂŠniques et interreligieuses, au plan national comme international ; - nos concitoyens Ă repousser les peurs, Ă ĂŠvacuer la haine, Ă dĂŠconstruire les prĂŠjugĂŠs et Ă manifester concrètement, lĂ oĂš ils vivent, l’hospitalitĂŠ et la fraternitĂŠ. Il y a urgence ! Recommandation n°3 : Changements climatiques, poursuivre la dĂŠmarche Alors que la France a accueilli la XXIe ConfĂŠrence des Parties de la CCNUCC (COP21) en dĂŠcembre 2015, et que la FĂŠdĂŠration protestante de France a prĂŠparĂŠ et accompagnĂŠ avec force cet ĂŠvĂŠnement, l’assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de la FĂŠdĂŠration protestante de France demande au conseil de la FPF : 1. de poursuivre sa dĂŠmarche de plaidoyer auprès des diffĂŠrentes instances de l’État en lui rappelant les engagements qu’il a pris lors de la COP21, en particulier en matière de transition ĂŠnergĂŠtique et de financement du ÂŤ Fonds vert Âť. 2. de poursuivre la dynamique engagĂŠe lors de l’assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de 2015 concernant les changements climatiques. Pour ce faire, l’assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale soumet au conseil les propositions suivantes : - accompagnement des Églises, communautĂŠs, oeuvres et mouvements dans leurs actions de sensibilisation ĂŠcologique ; - poursuite des actions communes aux niveaux Ĺ“cumĂŠnique et interâ€?religieux ; - poursuite de la participation aux mobilisations de la sociĂŠtĂŠ civile, notamment au sein de la Coalition Climat 21 ; - poursuite de la promotion du JeĂťne pour le Climat ; - poursuite du travail sur la mise en cohĂŠrence de la logistique de la FPF avec son engagement pour le climat (possibilitĂŠ de repas vĂŠgĂŠtariens occasionnels, vaisselle non jetable, circuits courts, commerce ĂŠquitable, etc.) ; - mandat au groupe climat de la FĂŠdĂŠration pour soumettre d’autres propositions au Conseil.

(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Le lien fÊdÊratif de la FPF

La dÊcision du Synode national 2015 de l’Église protestante unie de France, et plus encore son retentissement mÊdiatique, ont provoquÊ au sein de la FÊdÊration protestante de France une onde de choc. Surtout, cette dÊcision a rÊveillÊ des questions anciennes, des incomprÊhensions, des contentieux, des frustrations, jusqu’à prÊsent mis de côtÊ.


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Les reprĂŠsentants des membres de la FĂŠdĂŠration protestante de France, rĂŠunis en assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale le 30 et 31 janvier 2016, expriment leur profond regret des ruptures vĂŠcues, des blessures infligĂŠes, des caricatures exprimĂŠes, au cours des mois ĂŠcoulĂŠs. Il faut Ă nouveau rappeler que la dĂŠcision d’une seule Église n’engage pas les autres Églises membres de la FPF, mais elle ne les laisse pas indiffĂŠrents. La mise Ă mal des relations fĂŠdĂŠratives conduit la FĂŠdĂŠration et ses membres Ă s’engager sans dĂŠlai dans un travail de clarification, voire de refondation, du lien de ÂŤ communion Âť mentionnĂŠ dans la charte de la FPF. Ce mot communion a des sens variĂŠs. Il peut recouvrir des rĂŠalitĂŠs bien diffĂŠrentes. Chacun peut lui donner des accents et des nuances diverses, sans se rendre compte que d’autres en ont une comprĂŠhension diffĂŠrente. La FĂŠdĂŠration protestante de France n’est pas une Église et n’a pas vocation Ă le devenir ; elle n’est pas non plus une simple plateforme de collaboration sans convictions communes ni âme. Dans le contexte de la FĂŠdĂŠration protestante de France, quelle est donc cette communion ? Qu’est-ce qui nous est donnĂŠ Ă travers elle ? Qu’est-ce qui est attendu de chacun dans ce cadre ? Telles sont les questions qui balisent le chantier dans lequel la FPF s’engage, pour lequel un groupe de travail nommĂŠ par le Conseil est dĂŠjĂ Ă l’oeuvre. Les membres de la FPF vont ĂŞtre consultĂŠs ; des conversations en confiance entre acteurs de terrain, organisĂŠes ; des historiens et des sociologues sollicitĂŠs pour relire l’histoire de la FĂŠdĂŠration. Sur cette base, en vue de l’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale 2017, un dossier de travail, qui proposera un ĂŠtat des lieux sera constituĂŠ. Il apportera des clarifications sur le coeur et les limites de cette communion fĂŠdĂŠrative et prĂŠcisera les points Ă approfondir (textes de rĂŠfĂŠrence comme la Charte, dĂŠbats doctrinaux, dĂŠontologie, etc.) dans un travail qui se poursuivra au-delĂ de cette première phase. Par ailleurs, ce travail fera aussi ĂŠcho aux recommandations issues de l’audit sur la communication de la FĂŠdĂŠration. L’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de la FĂŠdĂŠration protestante de France demande Ă tous ses membres de s’impliquer pleinement dans ce travail sur le lien fĂŠdĂŠratif.

(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Dispute au sein de l’Église protestante unie de France

Deux tiers de laĂŻcs et un tiers de pasteurs venus de toutes les rĂŠgions, une salle comble et la retransmission de la journĂŠe en temps rĂŠel sur internet : le congrès fondateur des ÂŤ Attestants Âť s’est tenu ce samedi 16 janvier, au Centre international Maurice Ravel Ă Paris, rassemblant plus de 250 membres de l’Église protestante unie de France (EPUdF). Avec pour objectif de ÂŤ fĂŠdĂŠrer, dans l’EPUdF, un mouvement de chrĂŠtiens attestant leur foi en JĂŠsus-Christ Seigneur et Sauveur, soucieux de l’autoritĂŠ souveraine de la Parole biblique pour la vie des croyants, priant pour le renouveau de cette foi au sein de l’Église protestante unie de France, et Ĺ“uvrant pour la croissance de l’Église Âť. Le projet a vu le jour en juin dernier après la dĂŠcision de l’EPUdF d’autoriser ses pasteurs Ă bĂŠnir les couples de mĂŞme sexe. Une dĂŠcision qui, Ă ce jour, ne semble pas avoir connu de rĂŠel succès auprès des intĂŠressĂŠs,

mais qui a alors ouvert une dispute – dans tous les sens du mot – au sein du protestantisme français. Entre ĂŠvangĂŠliques et luthĂŠro-rĂŠformĂŠs et, parmi ces derniers, entre libĂŠraux et futurs ÂŤ attestants Âť. Le texte fait foi InterrogĂŠ par Protestinter quelques jours avant le congrès, le pasteur Gilles Boucomont, l’un des fondateurs du courant des ÂŤ Attestants Âť, expliquait : ÂŤ Ce n’est pas l’opposition Ă la bĂŠnĂŠdiction des couples de mĂŞme sexe qui nous a mobilisĂŠs – d’ailleurs la plupart d’entre nous n’en demandent pas l’abrogation –, mais le fait que, pour la première fois dans l’histoire du protestantisme français, une telle dĂŠcision ait ĂŠtĂŠ prise malgrĂŠ les textes bibliques la condamnant. Cela montre que, pour certains protestants, la Bible ne fait plus autoritĂŠ et que, pour eux, l’approche critique de ses textes est devenue un dogme. Dès lors, toute autre lecture de la Bible est entachĂŠe de soupçons Âť. Le coupable ? Le courant libĂŠral qui, selon les ÂŤ Attestants Âť, tiendrait les rĂŞnes de l’EPUdF et de ses facultĂŠs de thĂŠologie. ÂŤ Le libĂŠralisme protestant, c’Êtait Ă l’origine l’idĂŠe qu’il fallait rĂŠflĂŠchir Ă ce que l’on croit, poursuit Gilles Boucomont. Aujourd’hui, c’est d’être le moins en retard possible sur la sociĂŠtĂŠ, d’être des chrĂŠtiens moins ringards que les catholiques. Le protestantisme est ainsi devenu le faire-valoir de la pensĂŠe unique, la bonne conscience du christianisme. Le protestantisme n’est plus que sociologique. On a gardĂŠ la culture, mais pas la sève Âť.

RĂŠaffirmer les bases

Un an avant le 500e anniversaire de la RĂŠforme en 2017, les ÂŤ Attestants Âť entendent donc en rĂŠaffirmer les bases – ÂŤ Sola Gratia, Sola Fide, Soli Deo Gloria, Solus Christus, Sola Scriptura – et devenir, grâce Ă un nouvel ĂŠlan missionnaire, un ferment Âť de rĂŠveil pour l’EPUdF en contribuant, selon sa dĂŠclaration d’intention, ÂŤ activement Ă ses rĂŠflexions thĂŠologiques, expĂŠriences d’Église, et instances dĂŠcisionnelles Âť. ÂŤ Nous voulons influencer, former des laĂŻcs, partager les expĂŠriences qui permettent la croissance de l’Église sur un mode confessant, dit encore Gilles Boucomont. Comme Martin Bucer qui, dès le XVIe siècle, avait compris que pour faire croĂŽtre l’Église, il fallait qu’il y ait des noyaux de confessants pour attirer les autres Âť.

Dynamiser le dĂŠbat thĂŠologique

Dès l’annonce de l’organisation de ce courant en juin dernier, Laurent Schlumberger, le prĂŠsident de l’EPUdF, en avait pris acte. ÂŤ L’existence de courants au sein du protestantisme luthĂŠro-rĂŠformĂŠ est ancienne et rĂŠcurrente, avait-il dĂŠclarĂŠ. Pourvu qu’ils soient ouverts et mis au service rĂŠel de toute l’Église. Ils ont souvent stimulĂŠ les engagements et contribuĂŠ Ă structurer, voire dynamiser le dĂŠbat thĂŠologique. Ce courant-ci a notamment ceci de particulier qu’il se situe dans la droite ligne du choix fait par toute notre Église qui se veut, comme l’indique l’un de ses textes constitutifs, une Église attestataire, une Église de tĂŠmoins, une Église confessante Âť. CĂ´tĂŠ libĂŠral, pas de rĂŠactions. Fin de la dispute au sein des luthĂŠro-rĂŠformĂŠs ? En mai 2017, l’Église protestante unie de France devra se donner une nouvelle dĂŠclaration de foi. Les paroisses sont appelĂŠes Ă y travailler dès cette annĂŠe. D’oĂš de nouveaux dĂŠbats pos-


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sibles entre les diffĂŠrents courants de l’EPUdF. ÂŤ Si dans les textes Ă venir de l’Église Protestante Unie, il est question du Dieu trinitaire ou du Dieu Père Fils et Esprit, je n’y adhĂŠrerai pas ou j’en sortirai Âť, a dĂŠjĂ prĂŠvenu le thĂŠologien libĂŠral AndrĂŠ Gounelle dans un article de la revue Evangile et LibertĂŠ. Comme le dit un membre ni libĂŠral, ni attestant, d’une paroisse de Paris citant Alfred de Musset : ÂŤ Le plaisir des disputes, c’est de faire la paix Âť.

Protestantisme international

EPD/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Kassel, Allemagne - Alliance rÊformÊe mondiale : les chrÊtiens doivent donner l’exemple

Existe-t-il plusieurs façons de lire la Bible ? Quelle est la place des homosexuels dans l’Église ? Alors que certains ĂŠvangĂŠliques allemands prĂ´nent l’ouverture, la frange la plus conservatrice menace de quitter les structures existantes pour crĂŠer une alliance d’Églises concurrentes. Les ĂŠvangĂŠliques conservateurs d’Allemagne ont appelĂŠ les organisations reprĂŠsentatives des mouvements ĂŠvangĂŠliques Ă clarifier des positions litigieuses — notamment en ce qui concerne la pluralitĂŠ dans la doctrine ou l’attitude envers l’homosexualitĂŠ. ÂŤ Nous demandons aux instances compĂŠtentes de l’Association des communautĂŠs de la Grâce et de l’Alliance protestante allemande de prendre des positions claires sur ces polĂŠmiques et appelons Ă un discours commun Âť, demandent-ils dans une prise de position adoptĂŠe Ă l’unanimitĂŠ Ă Kessel, il y a une dizaine de jours. 65 Églises, fondĂŠe par le prĂŠdicateur Ulrich Parzany, menacent de fonder une alliance concurrente. Si cette prise de position est adoptĂŠe, elles ne le feront pas. Les signataires s’opposent en particulier Ă une pluralitĂŠ dans la doctrine. ÂŤ Nous refusons d’accepter une comprĂŠhension et une lecture contradictoires de la Bible Âť, est-il dit dans le communiquĂŠ. En outre, ce serait nĂŠfaste dans ÂŤ la perspective d’un renouveau spirituel de l’Église que ses organes soient ouvertement critiquĂŠs Âť. Les signataires du texte refusent aussi l’idĂŠe que ÂŤ Les communautĂŠs fondĂŠes sur la Bible auraient un problème de tolĂŠrance et devraient s’ouvrir Ă la pluralitĂŠ de doctrine, ou qu’elles devraient aussi accepter certains chrĂŠtiens qui vivent dans le pĂŠchĂŠ Âť. Les signataires soulignent ÂŤ l’inspiration divine de l’Écriture sainte, son entière fiabilitĂŠ, et son autoritĂŠ la plus haute pour toutes les questions qui ont trait Ă la foi et Ă la conduite du chrĂŠtien Âť. Ils ĂŠcrivent ĂŠgalement : ÂŤ Nous nous opposons Ă la fausse doctrine selon laquelle il y aurait d’autres voies de salut Âť. Et concrètement, ÂŤ nous condamnons la fausse doctrine selon laquelle les relations homosexuelles seraient conformes Ă la volontĂŠ de Dieu et devraient ĂŞtre bĂŠnies par l’Église Âť. Cette rĂŠunion a ĂŠtĂŠ organisĂŠe par Ulrich Parzany en rĂŠaction Ă deux interviews du reprĂŠsentant de l’Alliance protestante allemande et du prĂŠsident de l’As-

sociation des communautĂŠs de la Grâce, Michael Diener, qui ont ĂŠtĂŠ donnĂŠes il y a quelques semaines au quotidien ÂŤ Die Welt Âť et au magazine chrĂŠtien des mĂŠdias, ÂŤ Pro Âť. Michael Diener, qui vient d’être ĂŠlu au conseil des Églises protestantes d’Allemagne, s’est prononcĂŠ, parmi d’autres autocritiques du mouvement ĂŠvangĂŠlique, pour plus de tolĂŠrance envers d’autres façons de lire la Bible et aussi envers les homosexuels. Ces derniers devraient pouvoir ĂŞtre membres d’une paroisse ĂŠvangĂŠlique. Ulrich Parzany a ainsi reprochĂŠ Ă Michael Diener, dans une lettre ouverte, de relativiser les positions de l’Alliance protestante. La lettre ne mentionne pas la crĂŠation d’un ÂŤ rĂŠseau Bible et Confession Âť, qu’Ulrich Parzany a envisagĂŠ lors de la rĂŠunion. Il est seulement question d’un ÂŤ groupe de travail Âť sous la direction d’Ulrich Parzany, qui devrait continuer Ă suivre ces questions.

LibertĂŠ religieuse

(LibĂŠration/BS/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - En Inde, si une ĂŠglise est attaquĂŠe, la police reste passive

L'arrivĂŠe au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi a placĂŠ les 25 millions de chrĂŠtiens d'Inde dans une situation dĂŠlicate. Les prĂŞtres subissent des pressions tandis que les nouveaux croyants sont soumis Ă des campagnes de reconversion. L’homme est discret, peu connu en Occident. Il parle doucement mais fermement. De passage en France, John Dayal, ancien journaliste Ă New Delhi et fondateur du Conseil des chrĂŠtiens en Inde, est le messager de l’inquiĂŠtude grandissante de la minoritĂŠ chrĂŠtienne dans son pays. L’arrivĂŠe au pouvoir, en mai 2014, de Narendra Modi, le Premier ministre, membre du parti de la droite nationaliste hindoue (BJP, Parti du peuple indien) a singulièrement fait monter la tension. L’activiste chrĂŠtien dĂŠnonce les exactions et les pressions contre les pasteurs et les prĂŞtres commises au quotidien. ÂŤ Si une ĂŠglise est attaquĂŠe, la police assiste en demeurant totalement passive Âť, raconte-t-il. ÂŤ L’impunitĂŠ est criante, estime John Dayal, nĂŠ dans une famille catholique. C’est une persĂŠcution surprenante, exercĂŠe par une religion qui bĂŠnĂŠficie d’une image de paix, et elle a lieu dans une dĂŠmocratie Âť.

Projet de loi anticonversion

En Inde, les communautĂŠs chrĂŠtiennes s’inquiètent d’un durcissement de la lĂŠgislation. Trois ministres du gouvernement Modi ont dĂŠclarĂŠ publiquement soutenir un projet de loi anticonversion. ÂŤ Cela impliquerait un changement de la Constitution. Pour le moment, les nationalistes hindous ne disposent pas d’une majoritĂŠ suffisante au Parlement pour y parvenir Âť, explique John Dayal au journal LibĂŠration. Ă€ travers le concept politique d’hindutva, les nationalistes hindous considèrent l’islam ou le christianisme comme des idĂŠologies importĂŠes qui pervertissent l’identitĂŠ indienne. Des campagnes de reconversion sont menĂŠes rĂŠgulièrement Ă travers


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le pays. Selon Claire Lacroix, l’une des responsables de l’association Portes ouvertes, qui milite pour les droits des minoritĂŠs chrĂŠtiennes Ă travers le monde, des convertis se verraient proposer de l’argent (3 000 dollars, soit environ 2 700 euros) pour revenir Ă l’hindouisme. Chaque annĂŠe, l’association publie un index mondial de persĂŠcution des chrĂŠtiens, et pour la première fois en 2015, l’Inde figure dans les vingt premiers. Portes ouvertes a donc invitĂŠ John Dayal lors de la prĂŠsentation de son classement.

Quarante ĂŠglises incendiĂŠes

Depuis une dizaine d’annĂŠes, la montĂŠe en puissance du nationalisme hindou en Inde fragilise la prĂŠsence des chrĂŠtiens. Des groupes extrĂŠmistes ont promis l’Êradication du christianisme. Il existe dĂŠjĂ une lĂŠgislation condamnant les conversions par la force dans six États. De graves violences s’Êtaient produites en aoĂťt 2008 en Odisha, une rĂŠgion cĂ´tière de l’Est : une quarantaine d’Êglises avaient ĂŠtĂŠ incendiĂŠes et plusieurs centaines de maisons de chrĂŠtiens dĂŠtruites. Ces actes demeurent un traumatisme. La pĂŠriode de NoĂŤl est particulièrement problĂŠmatique. ÂŤ C’est un moment de rĂŠunion pour les chrĂŠtiens et donc de visibilitĂŠ. En 2015, Ă certains endroits, les cĂŠlĂŠbrations n’ont pas pu avoir lieu Âť, raconte John Dayal. Plus nombreux (150 millions) et mieux organisĂŠs politiquement, les musulmans d’Inde seraient, selon John Dayal, moins exposĂŠs aux violences religieuses. ÂŤ Les chrĂŠtiens vivent dans de petites communautĂŠs dissĂŠminĂŠes Ă travers toute l’Inde, ce qui les rend beaucoup plus vulnĂŠrables que les musulmans Âť, explique-t-il. Officiellement, la population chrĂŠtienne d’Inde est estimĂŠe Ă 25 millions de personnes. Mais, selon l’activiste chrĂŠtien, ce chiffre est sous-estimĂŠ. John Dayal considère qu’une dizaine de millions de chrĂŠtiens exercent leur culte dans la clandestinitĂŠ. Il s’agit des Dalits (les Intouchables), exclus du système des castes. ÂŤ S’ils s’affichent chrĂŠtiens, ils risquent de perdre leur emploi Âť, prĂŠcise Dayal. En Inde, la communautĂŠ chrĂŠtienne est majoritairement catholique. Comme la Chine, le pays a suscitĂŠ au cours des vingt dernières annĂŠes un intĂŠrĂŞt marquĂŠ de la part des leaders ĂŠvangĂŠliques amĂŠricains qui le considèrent comme une terre prioritaire de missions. Face Ă la montĂŠe des tensions, ils semblent, ces derniers temps, s’être fait plus discrets.

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Rome, Italie - Ĺ’cumĂŠnisme : pour le jubilĂŠ, le pape demande pardon aux autres chrĂŠtiens

 Les offenses d’autres chrÊtiens 

ÂŤ En cette annĂŠe jubilaire extraordinaire de la misĂŠricorde, gardons bien Ă l’esprit qu’on ne peut exercer une authentique recherche de l’unitĂŠ des chrĂŠtiens sans une pleine confiance dans la misĂŠricorde du Père Âť, a rappelĂŠ le pape, lisant debout son texte en italien sous le regard de l’archevĂŞque-mĂŠtropolite orthodoxe pour l’Europe mĂŠridionale et du reprĂŠsentant de l’Église anglicane Ă Rome, Ă ses cĂ´tĂŠs. ÂŤ Demandons, avant tout, pardon pour le pĂŠchĂŠ de nos divisions Âť, a-t-il dĂŠclarĂŠ, avant de poursuivre par un pardon spĂŠcifique comme chef de l’Église catholique sur les ÂŤ comportements non ĂŠvangĂŠliques Âť de certains de ses membres vis-Ă -vis des autres chrĂŠtiens, sans autre prĂŠcision. Le pape a demandĂŠ aussi aux catholiques de ÂŤ pardonner si, aujourd’hui ou dans le passĂŠ, ils ont subi les offenses d’autres chrĂŠtiens Âť. Dans des pays de l’exURSS, par exemple, les catholiques ont parfois ĂŠtĂŠ accusĂŠs de prosĂŠlytisme par les orthodoxes.

ÂŤ Tant de mauvais moments entre nous Âť

ÂŤ Nous ne pouvons pas annuler ce qui s’est produit mais nous ne voulons pas permettre que le poids de nos fautes puisse continuer Ă entraver nos rapports. La misĂŠricorde de Dieu renouvellera nos relations Âť, a-t-il affirmĂŠ, comme une synthèse des fruits attendus du jubilĂŠ. Dans le mĂŞme esprit, lors de sa visite aux luthĂŠriens de Rome, le 15 novembre dernier – avant le dĂŠbut du jubilĂŠ –, le pape François avait invitĂŠ luthĂŠriens et catholiques Ă se demander pardon. ÂŤ Il y a eu tant de mauvais moments entre nous Âť, avait-il reconnu : ÂŤ Des persĂŠcutions entre nous, avec le mĂŞme baptĂŞme. Nous devons nous demander pardon pour cela Âť. ÂŤ Nous aussi, nous devons demander pardon Âť, avaitil encore dĂŠclarĂŠ devant la presse dans le vol retour de son voyage en Afrique le 30 novembre : ÂŤ Catherine de MĂŠdicis n’Êtait pas une sainte ! Et cette Guerre de Trente ans, cette nuit de la Saint-BarthĂŠlemy (‌) Combien de guerres, pas seulement de religion, avons-nous faites, nous chrĂŠtiens ? Le sac de Rome ce ne sont pas les musulmans qui l’ont fait ! Âť Ă€ d’autres reprises auparavant, le pape a qualifiĂŠ les violences actuelles en Ukraine de ÂŤ guerre entre chrĂŠtiens Âť. Comme signe avant-coureur de relations Ĺ“cumĂŠniques renouvelĂŠes, avant les vĂŞpres concluant la semaine de l’unitĂŠ, ce 26 janvier, le Vatican et la fĂŠdĂŠration luthĂŠrienne mondiale ont annoncĂŠ plus tĂ´t un voyage du pape François Ă Lund, en Suède, le 31 octobre prochain pour lancer la commĂŠmoration des 500 ans de la RĂŠforme protestante.

(Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Trois prÊlats plaident pour plus de libertÊ religieuse dans le monde Une annÊe sainte offre l’occasion de pardon, comme

le fit Jean-Paul II au cours du jubilĂŠ de l’an 2000. Le pape François s’est inscrit dans cette pratique lundi 25 janvier en voulant ÂŤ invoquer misĂŠricorde et pardon pour les comportements non ĂŠvangĂŠliques de catholiques Ă l’Êgard des chrĂŠtiens d’autres Églises Âť. Le pape s’exprimait ÂŤ comme ĂŠvĂŞque de Rome et pasteur de l’Église catholique Âť depuis la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs, oĂš, comme chaque annĂŠe, un office Ĺ“cumĂŠnique de vĂŞpres conclu la semaine de prière pour l’unitĂŠ des chrĂŠtiens.

L'archevĂŞque d'Alep, Monseigneur Jeanbart, est l'un des trois prĂŠlats invitĂŠs par l'Aide Ă l'Église en dĂŠtresse (AED), qui organise le vendredi 5 fĂŠvrier la nuit des tĂŠmoins pour dĂŠfendre la libertĂŠ religieuse dans le monde. D'autres personnalitĂŠs du Pakistan, d'Irak et du Soudan tĂŠmoignent de la situation dans leur pays. En mars prochain, la Syrie entrera dans sa sixième annĂŠe de guerre. Les affrontements ont tuĂŠ 250 000 personnes et dĂŠplacĂŠ des millions d'autres. L'ĂŠconomie du pays est dĂŠtruite, tout comme les infrastructures ou les hĂ´pitaux. Dans ce chaos, les minoritĂŠs ethniques et reli-


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gieuses du pays n'ont jamais ĂŠtĂŠ autant menacĂŠes dans leur existence mĂŞme. Une rĂŠalitĂŠ que Monseigneur JeanClĂŠment Jeanbart, archevĂŞque d'Alep, ne cesse de dĂŠnoncer Ă travers le monde. Actuellement en France, le prĂŠlat partagera son tĂŠmoignage Ă Notre-Dame de Paris Ă la fin du mois de fĂŠvrier. Il parlera aux cĂ´tĂŠs de sĹ“ur Lika Marooki, religieuse dominicaine irakienne, de Monseigneur Joseph Coutts, archevĂŞque de Karachi au Pakistan, et du père Antonio AurĂŠlio Fernandez, prĂŞtre de l'ordre trinitaire au Soudan. Ă€ l'invitation de l'Aide Ă l'ĂŠglise en dĂŠtresse (AED) tous sont venus tĂŠmoigner des difficultĂŠs qu'ils rencontrent dans leur pays pour vivre leur foi librement. La confĂŠrence qui se tient vendredi Ă Paris est la première d'une longue sĂŠrie qui les emmènera Ă travers toute la France.

Pire que les invasions tartares ou mongoles

Monseigneur Jean-ClĂŠment Jeanbart a quittĂŠ Alep il y a quatre jours avec la volontĂŠ de rĂŠveiller les consciences occidentales sur le drame syrien. ÂŤ Ce qui se passe actuellement est inĂŠdit pour la Syrie. C'est bien plus grave que ce que le pays a subi lors des invasions tartares ou mongoles. Avant la guerre, Alep ĂŠtait une ville d'avant-garde, elle ĂŠtait la seconde ville en termes de puissance ĂŠconomique après Constantinople. Aujourd'hui, elle est rasĂŠe. Âť Au passage, l'archevĂŞque grecmelkite catholique d'Alep ĂŠgratigne la France, qui s'est totalement trompĂŠe dans sa lecture du conflit syrien selon lui. ÂŤ J'aime la France, c'est elle qui m'a ĂŠduquĂŠ Âť, dit le prĂŠlat francophone. ÂŤ Mais j'ai connu une autre France, une France qui dĂŠfendait les valeurs de libertĂŠ, d'humanitĂŠ, de laĂŻcitĂŠ et de respect. Pourquoi agit-elle aujourd'hui par intĂŠrĂŞt politique ou financier ? Âť Pour lui, refuser de discuter avec le rĂŠgime de Bachar el-Assad est une erreur historique. ÂŤ Ă€ choisir, je prĂŠfère encore le rĂŠgime actuel, plutĂ´t que les fondamentalistes qui le combattent Âť, estime-t-il. ÂŤ Il y va de notre avenir en Syrie, comme de l'avenir de toutes les minoritĂŠs de la rĂŠgion. Âť Monseigneur Jeanbart reproche aux mĂŠdias occidentaux de se faire manipuler par certains mĂŠdias qui donnent une vision partiale du conflit. ÂŤ L'OSDH diffuse une information favorable Ă ceux que vous appelez les rebelles. Al-Jazeera, par l'origine de ses financements, donne ĂŠgalement une information systĂŠmatiquement Ă charge contre le rĂŠgime. Âť Aujourd'hui, Monseigneur Jeanbart craint que l'exode de sa communautĂŠ mette fin Ă 18 siècles de prĂŠsence chrĂŠtienne en Syrie. Il s'agace contre les pays qui favorisent les dĂŠparts de chrĂŠtiens en offrant des facilitĂŠs de visas ou de moyens d'ĂŠvacuation. ÂŤ Vous nous voulez du bien ? Alors aidez-nous Ă rester chez nous Âť, assène-t-il.

Racheter les chrĂŠtiens prisonniers des musulmans

Ă€ l'image de Monseigneur Jeanbart, trois autres prĂŠlats tĂŠmoigneront Ă Norte-Dame de Paris de leurs difficultĂŠs Ă pratiquer leur foi dans leur pays d'origine. Depuis plus de deux ans, SĹ“ur Lika Marooki vit telle une rĂŠfugiĂŠe dans son propre pays, l'Irak. Cette religieuse dominicaine vivait Ă Qaraqosh depuis l'âge de 10 ans, après avoir fui Bagdad en 1988. Mais elle a pris une nouvelle fois la route de l'exode le 6 aoĂťt 2014, oĂš elle rejoint Erbil face Ă l'avancĂŠe de l'État islamique. Depuis, elle se consacre Ă l'assistance aux exilĂŠs. Au Soudan, le père Antonio Fernandez s'occupe quant Ă lui des enfants soudanais chrĂŠtiens, vendus par des marchands d'esclaves islamiques. Il appartient Ă l'ordre trinitaire, vieux

de 800 ans, dont le charisme est de racheter les chrĂŠtiens prisonniers des musulmans. ÂŤ Au Nord-Soudan, la dictature islamique impose sa loi. Ceux qui ne professent pas la religion d'État sont considĂŠrĂŠs comme des choses Âť, explique-t-il. Enfin, le dernier tĂŠmoin de la soirĂŠe sera Monseigneur Joseph Coutts, archevĂŞque de Karachi depuis 2012, il alerte sur la montĂŠe de l'intĂŠgrisme musulman au Pakistan. Depuis 2010, la loi anti-blasphème dispose que la profanation du Coran ou du prophète Mahomet est punie de mort. ÂŤ La loi est simple Ă dĂŠtourner ; les musulmans fondamentalistes l'invoquent rĂŠgulièrement contre leurs ennemis. Lorsque c'est le cas, la situation peut vite devenir irrationnelle et des foules fanatisĂŠes s'en prennent Ă notre communautĂŠ. MĂŞme des blasphèmes commis Ă l'autre bout du monde peuvent rejaillir sur nous. Et face Ă cela, notre gouvernement est impuissant. Âť

SociĂŠtĂŠ

(La Vie/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Assiste-t-on vraiment à un retour du religieux ?

Le religieux est-il de retour dans notre sociĂŠtĂŠ ? Non. La rĂŠponse est nette, et nous n'assistons pas davantage Ă une renaissance du sens de la transcendance propre Ă la nature humaine. Ce n’est pas parce que la surface mĂŠdiatique des religions augmente que les Français s’intĂŠressent plus Ă la religion. Ils en ignorent tout ou presque. Nous assistons plutĂ´t aux effets de la perte de rĂŠfĂŠrence commune. Et cela se traduit par le recours Ă des substituts Ă coloration religieuse. Mais Ă coloration seulement. Nous ne savons plus ce que veut dire ÂŤ ĂŞtre français Âť, si bien que par dĂŠfaut nous disons ce que veut dire ĂŞtre juif, chrĂŠtien, musulman, bouddhiste, hindou, athĂŠe, agnostique, transhumaniste‌ Chacun semble tenu de confesser sa rĂŠfĂŠrence personnelle en matière religieuse. ÂŤ Citoyen, dĂŠclarez-vous ? Âť est l’injonction silencieuse qui gagne du terrain. Tout cela n’a rien de religieux au sens propre du terme. Est religieux ce qui relie les individus dans la conscience de leur commune nature, ce qui relie l’être humain Ă la profondeur infinie qu’il porte en lui, ce qui l’engage Ă donner un sens heureux Ă son existence mortelle. Or, l’actualitĂŠ se rĂŠsume Ă l’Êvocation d’ÊlĂŠments de nature religieuse (kippa, burka, crèche, croix ou statue‌ ) crĂŠant un univers religieux de façade, mais dĂŠtachĂŠ de la religion au sens de force spirituelle pour la vie humaine. L’angoisse identitaire fait se cramponner Ă des aspects religieux et laisse de cĂ´tĂŠ la vĂŠritable portĂŠe des doctrines religieuses. Certains penseront que c’est mieux ainsi. Il ne faudrait cependant jamais oublier que l’aspiration religieuse de l’être humain est insoluble dans les sables de l’ignorance, du divertissement, du progrès‌ TĂ´t ou tard, elle se rĂŠveille et demande ÂŤ qui suis-je vraiment ? Âť Alors, d’autres se dĂŠsolent de voir qu’il est abusivement question de ÂŤ religions Âť lĂ oĂš il s’agit d’alibi Ă notre quĂŞte d’identitĂŠ. Pourquoi en sommes-nous arrivĂŠs lĂ ? Parce que nous avons perdu au fond la rĂŠponse Ă la question ÂŤ qu’est-ce que l’homme ? Âť. Dès lors, nous la cherchons en surface, dans les vĂŞtements, les apparences extĂŠrieures. La voie de sortie du syndrome pathologique qui guette notre pays, serait de ne plus invoquer la laĂŻcitĂŠ Ă tout bout de champ, mais invoquer le sens des religions


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et d’en parler vraiment. Il faudrait avoir le courage d’offrir à tous les jeunes les moyens de comprendre, les moyens de dÊpasser les apparences, et d’interroger avec estime la quête de personnes d’autres traditions. Il faudrait aller au-delà de la respectueuse considÊration pour les religions, mais parvenir aussi à nommer  Dieu , chose que les politiques n’ont pu faire en adressant leurs vœux aux religieux en ce dÊbut d’annÊe. Nous avons hÊlas tout fait pour rÊduire les religions à leurs apparences, nous avons sciemment tu la portÊe de leur doctrine afin de neutraliser leur influence dans les consciences. Aujourd’hui, il nous faut nous dÊbattre avec de vaines querelles, qui enfouissent un peu plus l’heureuse aptitude humaine à trouver les vraies sources de la fraternitÊ.

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Après les attentats, un besoin d’Église

Depuis les attaques terroristes en France, les Églises seraient davantage frĂŠquentĂŠes. Dans le recueillement et la solitude, des anonymes viennent retrouver des racines ou y cherchent un refuge. Furtivement, ils se glissent derrière les piliers de l’Êglise, silencieuse et dĂŠserte dans la journĂŠe. Restant Ă l’Êcart des offices, ils allument un cierge, se recueillent discrètement et s’Êclipsent aussitĂ´t. Parfois, le curĂŠ qui passe lĂ , un peu intriguĂŠ devant ces visages inconnus, se risque Ă les aborder. ÂŤ Quand je leur fais un petit bonjour, ils n’osent pas trop me rĂŠpondre, on parle un petit peu, mais ils ont un peu peur Âť, glisse le P. Claude Caill, curĂŠ dans le centre de Brest (Finistère). Ă€ en croire ce prĂŞtre breton et ses confrères interrogĂŠs dans diverses rĂŠgions, un certain nombre de Français viennent ou reviennent Ă l’Êglise depuis les attentats terroristes qui ont frappĂŠ le pays, en janvier et en novembre. ÂŤ L’Êglise ĂŠtait pleine, les deux dimanches qui ont suivi l’attaque du Bataclan, ainsi qu’à NoĂŤl. Depuis, ce ne sont plus les mĂŞmes foules, mais je continue Ă apercevoir de nouvelles tĂŞtes Âť, constate le P. Bernard Brien, prĂŞtre au Perreux (Val-de-Marne), qui a entendu ses confrères du diocèse de CrĂŠteil ÂŤ en dire autant Âť. Soutien d’une communautĂŠ Non pas des foules, mais des individus aux motivations diffuses. ÂŤ Je ne dirais pas que les attentats ont regonflĂŠ les troupes de manière rĂŠgulière, mais il y a bien un questionnement de fond nouveau, des personnes qui ressentent plus fortement la vulnĂŠrabilitĂŠ de lavie, qui s’interrogent devant des actes commis prĂŠtendument au nom de Dieu Âť, analyse le P. Jean-Hubert Thieffry, curĂŠ Ă Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes).

Commission paritaire 1111 G 88583 DĂŠpĂ´t lĂŠgal N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

Dans cette quĂŞte souvent sans mots, difficile Ă chiffrer, certains cherchent un soutien dans la communautĂŠ. ÂŤ Nous avons ressenti le besoin de communier avec les autres, confient les Fradin, un couple de retraitĂŠs tourangeaux devenus très assidus le dimanche. L’Évangile nous rassure et nous sort un peu de la torpeur dans laquelle nous plongent les journaux tĂŠlĂŠvisĂŠs. Âť La plupart sont assez jeunes, entre 30 et 50 ans, cultivĂŠs, mais connaissant peu, voire quasiment rien, de la foi chrĂŠtienne. Chef d’entreprise Ă Cannes, ĂŠlevĂŠ dans une famille catholique, Thierry avait dĂŠcrochĂŠ Ă l’adolescence, mais l’ÊtĂŠ dernier, ce cĂŠlibataire de 42 ans, dont la vie ĂŠtait rythmĂŠe jusque-lĂ par sa passion du triathlon, a ressenti un ÂŤ ĂŠlectrochoc intĂŠrieur  : ÂŤ J’ai repensĂŠ Ă ces attentats, Ă cette guerre que je sens approcher, Ă ces migrants qui se noient en tentant de venir chez nous‌ N’y a-t-il pas un problème criant ! Il manque du sens Ă la vie. Âť Thierry s’est rendu dans une ĂŠglise. LĂ , il a vu une affiche proposant le parcours Alpha de redĂŠcouverte de la foi, qu’il a suivi de septembre Ă dĂŠcembre. Depuis, il se rend chaque semaine Ă la messe, oĂš, coĂŻncidence, il a retrouvĂŠ sa sĹ“ur, mue par les mĂŞmes interrogations. ÂŤ Au dĂŠpart, avoue Thierry, ma question ĂŠtait : oĂš est le bras armĂŠ de l’Église ? Je cherchais dans la religion un engagement physique pour s’organiser contre des agresseurs potentiels, qui m’avaient semblĂŠ loin et qui sont aujourd’hui chez nous Âť. Crise des valeurs La peur des attentats, les interrogations sur Dieu, sur l’islam, la perte de repères‌ Comme pour Thierry, cette quĂŞte maladroite comporte parfois de lourds contre-sens au dĂŠpart. Dans un climat de crise des valeurs, les raisons de ce soudain retour Ă l’Êglise sont pour certains, ÂŤ clairement identitaires Âť, analyse le P. Geoffroy de la Tousche, curĂŠ de Dieppe : ÂŤ Pour une famille par exemple, le retour est associĂŠ visiblement Ă un rĂŠflexe anti-musulman Âť D’autres expriment le besoin de se rĂŠapproprier leurs racines, voire de ÂŤ dĂŠfendre nos valeurs judĂŠo-chrĂŠtiennes Âť. Éleveur de canards en Dordogne, Ghislain, 49 ans, père de quatre enfants, a amorcĂŠ un retour Ă l’Église lui aussi depuis quelques mois, ĂŠvoquant ÂŤ un comportement plus volontaire Ă l’Êgard de la religion Âť pour rĂŠpondre au sentiment d’être ÂŤ agressĂŠ Âť. Une prise de conscience due aux attentats ? ÂŤ Peut-ĂŞtre, mais je suis surtout rĂŠvoltĂŠ par la mauvaise rĂŠponse de nos politiques qui veulent dĂŠmolir notre culture judĂŠo-chrĂŠtienne au bĂŠnĂŠfice d’une laĂŻcitĂŠ qui ne donne aucun repère Ă nos enfants et nous enverra droit dans le mur ! Je ne suis pas opposĂŠ au respect des autres religions mais pourquoi rejeter ce qui est au fondement de notre culture et de nos familles ? Âť

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