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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 37e annÊe • n° 401 - Mars 2016
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Nouvelles des Églises adventistes
Paris, France - Ce qui est officiel et ce qui ne l’est pas
Berrien Spring, États-Unis - La doyenne de Andrews University nommÊe à la prÊsidence de l’universitÊ Frankfort, Allemagne - Rencontre de Ted Wilson avec les leaders de l’Église adventiste en Allemagne
Protestantisme international
Nairobi, Kenia - Le concile angligan boycottÊ à cause de la prÊsence de l’Église Êpiscopale
Schwerte, Allemagne - RĂŠfugiĂŠs : prudence sur les baptĂŞmes
L’œcumÊnisme
Genève, Suisse - Un rabbin veut que les chrÊtiens connaissent le judaïsme et que les juifs connaissent le Christianisme
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - LaĂŻcitĂŠ, la France en plein doute
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Rome, Italie - Contre les liens Êtroits entre l’Église et l’État
SociĂŠtĂŠ
Paris, France - Au SĂŠnat, un dĂŠbat sur les droits des femmes et les intĂŠgrismes religieux
Paris, France - Nouveaux droits des personnes en fin de vie : principales dispositions
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre
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Nouvelles des Églises adventistes
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Ce qui est officiel et ce qui ne l’est pas
Dans la francophonie, plusieurs individus font circuler sur You tube des vidÊos et diffusent des messages sur le net en se rÊclamant de l’adventisme. Ils prÊsentent ainsi des hypothèses dans le domaine prophÊtique en se saisissant de tous ÊvÊnements dramatiques de notre sociÊtÊ et en utilisant largement des thÊories du complot pour dÊnoncer les autres dÊnominations religieuses, suspecter la papautÊ de bien des maux et le Vatican de tous les complots. Aussi le mardi 1er mars, l’Union des FÊdÊrations adventistes de France, de Belgique et du Luxembourg a fait la dÊclaration suivante qui figurent Êgalement dans la Revue adventiste du mois de mars.
DÊclaration de l’Union des FÊdÊrations adventistes de France, de Belgique et du Luxembourg
ÂŤ Ce qui est oďŹƒciel et ce qui ne l’est pas Âť ÂŤ L’Union des fĂŠdĂŠrations adventistes de France, de Belgique et du Luxembourg est inquiète par les initiatives de certaines personnes crĂŠant, en leur nom personnel, sous celui d’une association, des sites sur internet ne servant pas l’Église adventiste du septième jour, mais jetant le trouble dans l’esprit des internautes et des membres de nos communautĂŠs. Ces initiatives ne relèvent d’aucune dĂŠcision de la communautĂŠ adventiste locale, fĂŠdĂŠrale, nationale ou mondiale. Certains s’autoproclament experts dans des domaines aussi variĂŠs que la santĂŠ, la prophĂŠtie, l’histoire‌ et n’hĂŠsitent pas Ă utiliser des outils comme l’internet, les publications, les DVD, les vidĂŠos, les confĂŠrences publiques pour tenter de convaincre et de rallier des personnes Ă leur cause, notamment des membres de nos ĂŠglises. D’autres sont d’anciens employĂŠs de la dĂŠnomination ayant eu, par exemple, des diďŹƒcultĂŠs administratives avec l’Église ou des divergences sur le plan thĂŠologique dans des aspects aussi variĂŠs que l’ecclĂŠsiologie, la dogmatique, la sotĂŠriologie, la prophĂŠtie, la nature de Dieu, etc. Les uns comme les autres n’hĂŠsitent pas Ă inviter des orateurs ĂŠtrangers Ă nos territoires, acquis Ă leur cause, des personnes radicales, leaders de certains groupes en marge de l’Église adventiste du septième jour. Dans bien des cas, les procĂŠdures d’invitations en place dans le règlement intĂŠrieur de la dĂŠnomination, le Manuel d’Église et le Working policy ne sont pas respectĂŠes. Les pasteurs des ĂŠglises locales, les conseils d’administration des FĂŠdĂŠrations et de l’Union sont parfois mis devant des faits accomplis.
- la communication et la collaboration avec les structures de notre dĂŠnomination, - une planification adĂŠquate assurant le minimum de risques aux participants, - la responsabilitĂŠ financière, - l’Êvaluation et le suivi après les projets missionnaires. Ainsi, toutes invitations doivent ĂŞtre coordonnĂŠes Ă travers l’organisme concernĂŠ (FĂŠdĂŠration, Union, Division, ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale). (Revue adventiste de juillet-aoĂťt 2001, p. 10, texte de Ulrich Frikart). La nĂŠgation du Dieu trinitaire, la recherche du baptĂŞme au nom du fils engendrĂŠ, la critique systĂŠmatique des organisations religieuses, le soupçon entretenu par une thĂŠorie du complot, la pratique d’actes pastoraux en dehors de toute concertation des pasteurs et des anciens de l’Êglise locale, les enseignements fantaisistes comme le sabbat lunaire et autres, ne relèvent ni de l’enseignement oďŹƒciel d’une ĂŠglise locale ni des croyances fondamentales rassemblĂŠes par la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale depuis 1980.
... rappelle le principe ĂŠtabli dans la Recherche biblique. Il appartient au Biblical Research Institute (BRI) de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale d’examiner les aspects de la recherche dans bien des domaines bibliques. Tant que les documents transmis par le comitĂŠ exĂŠcutif de la FĂŠdĂŠration, de l’Union et de la Division ne sont pas examinĂŠs par le BRI et votĂŠs avec l’appui du comitĂŠ exĂŠcutif de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale, ces sujets ne peuvent pas faire l’objet d’un enseignement oďŹƒciel. Un devoir de rĂŠserve est donc nĂŠcessaire. L’Union des FĂŠdĂŠrations des Églises adventistes de France, de Belgique et du Luxembourg rappelle la nĂŠcessitĂŠ de faire toujours la distinction entre ce qui est oďŹƒciel et ce qui ne l’est pas. Cette saine dĂŠontologie est nĂŠcessaire pour protĂŠger les membres et assurer la crĂŠdibilitĂŠ de l’Église adventiste du septième jour. Aujourd’hui, en raison de diÊrents ĂŠvĂŠnements d’actualitĂŠ, certains croyants, dans bien des milieux, analysent l’actualitĂŠ Ă la lumière de la thĂŠorie du complot en s’imaginant par de funestes prĂŠsages la rĂŠalisation immĂŠdiate de l’avènement du retour de JĂŠsus-Christ en gloire. Bien des groupes utilisent comme un label de bonne conduite et de notoriĂŠtĂŠ le nom de l’Église, le mot ÂŤ adventiste Âť comme ĂŠtant un prĂŠtexte de stigmatiser non seulement les autres croyants, mais notre sociĂŠtĂŠ avec ses contemporains. Cette bienheureuse espĂŠrance qui motive tous les lecteurs de la Bible ne peut que susciter l’optimisme dans sa prĂŠparation et son accueil. Les signes des temps mentionnĂŠs dans les rĂŠcits ĂŠvangĂŠliques et repris par les apĂ´tres n’ont pas pour objectifs de crisper les consciences et susciter des aďŹƒrmations dĂŠraisonnables et irresponsables Ă l’Êgard de notre sociĂŠtĂŠ, croyante ou non. C’est la raison pour laquelle il est nĂŠcessaire de toujours faire la part des choses et de distinguer l’enseignement oďŹƒciel d’une Église avec son ĂŠthique, ses actions dans ses valeurs et sa mission dans son attachement Ă la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale des adventistes du septième jour, et les initiatives privĂŠes.
L’Union des fĂŠdĂŠrations adventistes de France, de Bel- ... invite ses membres et le public Ă distinguer entre la position oďŹƒcielle de l’Église adventiste du septième jour et celle d’individus profesgique et du Luxembourg ... rappelle aux ĂŠglises locales et Ă leurs pasteurs la nĂŠcessitĂŠ sant des croyances et mettant en place des pratiques n’Êtant pas celles de de respecter les règles concernant les invitations adressĂŠes aux orateurs ou ĂŠvangĂŠlistes d’autres Unions ou Divisions. En 2001, le comitĂŠ exĂŠcutif de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale a votĂŠ un Code de bonne pratique dans ce domaine avec neuf principes ĂŠlĂŠmentaires qui doivent guider tous les aspects des projets missionnaires Ă court terme. Ils incluent : - le respect de la culture locale, - la reconnaissance de l’autoritĂŠ, de l’identitĂŠ et de la structure de notre dĂŠnomination, - le fait que les projets missionnaires sont la ÂŤ propriĂŠtĂŠ Âť de la mission locale, - la conduite ethnique, - la prise en considĂŠration des consĂŠquences Ă long terme,
l’Église adventiste du septième jour.  SecrÊtariat de l’Union des FÊdÊrations adventistes de France
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Berrien Springs, Michigan, États Unis – La doyenne de l’UniversitÊ Andrews nommÊe à la prÊsidence de l’UniversitÊ.
Andrea Luxton sera la prochaine prÊsidente de Andrews University, à Berrien Springs dans le Michigan a annoncÊ le Conseil d’administration de l’UniversitÊ. Elle avait ÊtÊ nommÊe doyenne de l’universitÊ depuis 2010, en remplacement de Niels-Erik Andreasen qui partira à la retraite à la fin de cette annÊe universitaire,
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après 22 annÊes passÊes à la prÊsidence de l’universitÊ.  Cette opportunitÊ de servir et de diriger à l’UniversitÊ d’Andrews me remplit d’enthousiasme et d’humilitÊ,  a dÊclarÊ Andrea Luxton dans un communiquÊ.  J’attend avec impatience l’opportunitÊ de poursuivre l’incroyable hÊritage des deux dÊcennies de leadership de Dr Andreasen à l’UniversitÊ d’Andrews, et aussi de dÊcouvrir des moyens puissants et stratÊgiques de continuer de soutenir et de servir la communautÊ de l’UniversitÊ Andrews . Andrea Luxton, a auparavant servi comme prÊsidente de l’UniversitÊ adventiste canadienne (UniversitÊ Burman) et l’UniversitÊ d’Etudes SupÊrieures de Newbold en Grande-Bretagne. Elle devient la quatrième femme à prendre la tête d’une universitÊ adventiste en AmÊrique du Nord. Deux femmes ont ÊtÊ nommÊes prÊsidentes d’universitÊ en 2014 : Vinita Sauder à Union College, à Lincoln dans le Nebraska, et Avis Hendrickson à Atlantic Union College dans le Sud, Lancaster dans l’État du Massachussetts. Heather Knight, qui a servi trois ans en tant que doyenne de l’UniversitÊ Andrews avant Andrea Luxton, est devenue prÊsidente de Pacific Union College à Angwin en Californie, en 2009. L’UniversitÊ d’Andrews, fondÊe en 1874 sous le nom de Battle Creek College est la première institution Êducative adventiste d’Êtudes supÊrieures et elle a un palmarès de recrutement de personnes des deux sexes. En 2014, le SÊminaire thÊologique adventiste du septième jour, l’institution de formation pour les leaders religieux qui se trouve à l’UniversitÊ d’Andrews, a choisi Teresa Reeves comme la première femme à servir comme doyenne adjointe. Cette même annÊe l’universitÊ a nommÊ June Price, une doyenne adjointe de l’internat des femmes, comme aumônière principale.
son apprÊciation pour les Églises adventistes en Allemagne en soulignant leur contribution importante à la grande famille mondiale de la foi en ce qui concerne les finances et les contributions thÊologiques et missionnaires dans le passÊ. Aussi les consÊquences de la dÊcision du vote de juillet 2015 de la session de la ConfÊrence gÊnÊrale de San Antonio, Texas, sur la non consÊcration des femmes a ÊtÊ discutÊ en dÊtails.  J’ai perçu personnellement Ted Wilson comme un bon auditeur, très spirituel, emphatique et un leader fort, un homme de Dieu , a dÊclarÊ Wolfgang Dorn.  C’est frappant pour moi de voir l’accent qu’il met sur la mission, sur les communautÊs locales et l’accent portÊ sur l'implication des volontaires dans les missions . Le lendemain, Ted Wilson s’est rendu, avec sa femme, au Japon pour un long voyage en Asie. Il a saluÊ tous les amis et les membres des Églises adventistes avec les paroles de l'apôtre Paul de 2 TimothÊe 1.7 :  Ce n’est pas un esprit de timiditÊ que Dieu nous a donnÊ, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse .  Le 28 mai 2016, le plus grand nombre de baptêmes dans l'histoire de l’Église adventiste aura lieu au Rwanda : 100.000 personnes se prÊparent à devenir membre de l'Église adventiste en Afrique. S'il vous plaÎt priez pour ce moment spirituel , a invitÊ Ted Wilson.
Protestantisme international
(RNS/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Nairobi, Kenia - Le concile anglican boycottÊ à cause de la prÊsence de l’Église Êpiscopale
En avril prochain aura lieu la rencontre du concile anglican, oÚ la prÊsence de l’Église Êpiscopale Frankfort, Allemagne – Rencontre de Ted semble être attendue. Certaines Églises anglicanes africaines ne participeront pas à cette rencontre, à Wilson avec les leaders de l’Église adven- cause de la prÊsence de l’Église Êpiscopale qui a tiste en Allemagne autorisÊ la cÊlÊbration des mariages pour les Le pasteur Ted Wilson, prÊsident de l’Église adven- couples de même sexe. tiste mondiale a rencontrÊ, le 8 mars à Frankfort, les diL’Église anglicane du Kenya a rÊcemment anrigeants de l’Église adventiste d’Allemagne du Sud et du noncÊ qu’elle boycottera la rencontre du Conseil Nord. Il a Êgalement participÊ à cette rencontre avec les consultatif anglican en Zambie, à cause de la partiresponsables de la Division intereuropÊenne de Berne. cipation de l’Église Êpiscopale. Lors de la rÊunion Dans une première partie des nÊgociations le mardi des primats à Canterbury, en Angleterre, l'Église matin, les dirigeants allemands ont prÊsentÊ un rapport Êpiscopale avait ÊtÊ officiellement dÊsapprouvÊe, à dÊtaillÊ à Ted Wilson sur les prÊoccupations particu- cause de sa dÊcision de consacrer des personnes lières de l'Église adventiste en Allemagne. Dans lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles l'après-midi, un certain nombre de questions d'actualitÊ (LGBT) et de cÊlÊbrer des mariages pour des ont ÊtÊ abordÊes telles que les efforts missionnaires et couples de mêmes sexes. la situation de l'Église adventiste en Allemagne, la Selon la sanction, l’Église Êpiscopale ne pourra structure administrative ÊlevÊe des associations alle- pas être prÊsente à la rÊunion de la Communion en mandes et leurs positions face à la dÊcision de l'Église avril ni participer aux votes. L’archevêque anglican mondiale sur la consÊcration des femmes pasteures, du Kenya Éliud Wabukala a dÊclarÊ que l’Êvêque la relation avec les autres dÊnominations religieuses, qui prÊside l’Église Êpiscopale, Michael Curry, les diverses tendances actuelles dans les Êglises alle- avait clairement fait savoir que son Êglise ne revienmandes et les questions sur l'identitÊ adventiste. drait pas sur sa dÊcision de cÊlÊbrer des mariages  La rÊunion a ÊtÊ marquÊe par une ouverture mu- pour des personnes de même sexe, et que Michael tuelle, l'unitÊ et la solidaritÊ dans les croyances de Curry s’attendait à ce que son Église puisse partinotre Église adventiste et un esprit de respect mutuel  ciper pleinement à la rÊunion d’avril prochain à Lua dÊclarÊ Wolfgang Dorn, responsable de l'Église saka, capital de la Zambie. adventiste en Bavière. Ted Wilson lui-même a exprimÊ
(EUDNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
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Des interprĂŠtations diffĂŠrentes
 Il ne peut y avoir de vÊritable cheminement avec ceux qui refusent obstinÊment d’obÊir à la parole de Dieu. L’Église du Kenya ne participera donc pas à la prochaine rÊunion , a dÊclarÊ Éliud Wabukala. En fÊvrier dernier, les anglicans ougandais ont Êgalement annoncÊ le boycott de l’ÊvÊnement. Dans une lettre, l’archevêque Stanley Ntagali a dÊclarÊ que son Église ne participerait pas à de telles confÊrences jusqu’à ce que  l’ordre divin soit rÊtabli .  C’est comme si nous Êtions de retour en 2003 oÚ nous continuons d’être trahis par nos dirigeants , a ajoutÊ Stanley Ntagali.  Les primats ont votÊ pour imposer une discipline à l’Église Êpiscopale et pourtant nous constatons que la direction de la Communion anglicane ne va pas suivre cette dÊcision. C’est encore une profonde trahison . Le Nigeria a Êgalement Êcrit pour signaler que ses Êvêques ne seraient pas prÊsents.  En un mot‌ rien n’a changÊ , a dÊclarÊ l’archevêque Nicholas Okoh du Nigeria. Selon l'archevêque Onesphore Rwaje, l’Église anglicane du Rwanda, qui a souvent agi de concert avec le Nigeria, le Kenya et l’Ouganda, n’a pas encore pris de dÊcision.
(EPD/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Schwerte, Allemagne - RĂŠfugiĂŠs : prudence avec les baptĂŞmes !
Alors qu’en Allemagne de nombreux rĂŠfugiĂŠs se convertissent au christianisme, le pasteur Helge Hohmann, expert en matière d‘immigration s’inquiète pour leur sĂŠcuritĂŠ. Il appelle Ă une meilleure protection des minoritĂŠs dans les structures d’accueil et invite les Églises Ă imposer une prĂŠparation très rigoureuse Ă tout rĂŠfugiĂŠ souhaitant ĂŞtre baptisĂŠ. Le responsable de l’immigration pour la paroisse de Schwerte, en RhĂŠnanie-du-Nord–Westphalie, estime que les communautĂŠs religieuses devraient mieux prendre en compte la situation de ceux qui prĂŠtendent au droit d’asile. En effet, il ne faut pas oublier qu’une demande d’asile est susceptible d’être refusĂŠe, conduisant au retour de la personne dans un pays musulman : ÂŤ il faut en parler avec les rĂŠfugiĂŠs, pour s’assurer qu’ils sont conscients des consĂŠquences de leur baptĂŞme Âť, a dĂŠclarĂŠ Helge Hohmann Ă l’agence de presse protestante allemande EPD. Si le nombre de rĂŠfugiĂŠs se faisant baptiser a augmentĂŠ, ce n’est pas parce que l’Église a intensifiĂŠ sa dĂŠmarche d’ÊvangĂŠlisation, affirme Helge Hohmann. ÂŤ Je n’ai pas non plus l’impression que des rĂŠfugiĂŠs dĂŠcident de se faire baptiser parce qu’ils pensent que cela facilitera la procĂŠdure de demande d’asile. Âť Cette attitude est rigoureusement ĂŠcartĂŠe lors de la prĂŠparation du baptĂŞme, assure le pasteur. Selon lui, il s’agit de simple mathĂŠmatique : comme le nombre de rĂŠfugiĂŠs augmente, le nombre de baptĂŞmes de rĂŠfugiĂŠs augmente ĂŠgalement. Or, dans certains pays musulmans, un musulman converti au christianisme risque la peine de mort. D’après un sondage menĂŠ dans les paroisses de l’Église protestante de Westphalie, certains rĂŠfugiĂŠs qui souhaitaient se faire baptiser se sont sentis me-
nacÊs dans leur centre d’hÊbergement, dÊclare le thÊologien. Il ne s’agit cependant pas d’un phÊnomène gÊnÊralisÊ.  Il est toutefois possible que des convertis ou des rÊfugiÊs qui envisagent de se convertir subissent une certaine pression dans les centres d’accueil des rÊfugiÊs.  Selon Helge Hohmann, il est presque impossible pour un rÊfugiÊ musulman converti à la foi chrÊtienne de le cacher. En effet, le baptême a gÊnÊralement lieu lors d’un office religieux public, et la communication parmi les rÊfugiÊs est bien organisÊe. En outre, les personnes concernÊes s’expriment parfois plus ou moins ouvertement sur le sujet. Pour Helge Hohmann, il est nÊcessaire d’amÊliorer la protection des minoritÊs dans les structures d’accueil des rÊfugiÊs, non seulement pour les chrÊtiens et convertis, mais aussi pour les personnes d’orientation sexuelle diffÊrente ou pour les femmes voyageant seules. L’expert appelle à insister auprès des gÊrants de ces structures afin qu’ils s’impliquent davantage dans la protection des minoritÊs. Ainsi, la RhÊnanie-du-Nord–Westphalie a amÊnagÊ des centres d’hÊbergement rÊservÊs aux femmes voyageant seules ainsi qu’à d’autres personnes ayant besoin de protection. Mais la situation est particulièrement problÊmatique dans les centres provisoires d’hÊbergement, ajoute Helge Hohmann, car il ne s’agit souvent que de structures temporaires oÚ toute intimitÊ est impossible. L’Église protestante de Westphalie a, par ailleurs, entamÊ un dialogue avec le ministère de l’IntÊrieur afin de plaider pour une rÊforme des centres de premier accueil.
L’œcumÊnisme
(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Un rabbin veut que les chrÊtiens connaissent le judaïsme et que les juifs connaissent le christianisme
Les juifs et les chrÊtiens doivent pouvoir connaÎtre la religion de l’autre. Les derniers doivent comprendre le judaïsme, afin de mieux connaÎtre la vie de JÊsus, sa pensÊe et aussi le contexte dans lequel il a ÊvoluÊ. Et les juifs devraient aussi avoir une certaine connaissance du christianisme, selon les dÊclarations du rabbin Evan Moffic. Imaginez un texte sur les religions du monde, qui pose cette question : qui a crÊÊ le christianisme ? JÊsus, non ? Faux ! C’est ce qu’a fait le rabbin Evan Moffic, auteur du livre  What Every Christian Needs to Know About the Jewishness of Jesus  (Ce que chaque chrÊtien doit savoir sur la judÊitÊ de JÊsus). JÊsus a vÊcu, est mort et ressuscitÊ, en Êtant juif. Ses croyances et pratiques, comprenant son amour de Dieu et du prochain, ont ÊtÊ formÊes dans un environnement juif. Finalement, les enseignements de JÊsus et les Êcrits au sujet de sa vie, de sa mort et de sa rÊsurrection se sont dÊveloppÊs dans le christianisme. Mais plusieurs chercheurs ne croient pas que JÊsus a vu sa vocation comme une crÊation d’une nouvelle religion. Pour Evan Moffic, l’Êtude des racines communes du judaïsme et du christianisme peut servir de pont entre les deux religions qui ont souvent du mal à se comprendre mutuellement. Evan Moffic veut que les juifs et les chrÊtiens voient JÊsus d’une manière nou-
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velle. Pendant trop longtemps, Êcrit-il, les chrÊtiens ont regardÊ JÊsus simplement comme  un billet pour le ciel  et les Juifs l’ont associÊ à l’antisÊmitisme. Il veut que les chrÊtiens et les juifs voient JÊsus comme faisant partie d’une tradition vivante, moins axÊe sur la thÊologie, et plus soucieuse de vivre dans ce monde. Evan Moffic donne l’exemple de la fameuse prière de JÊsus, le  Notre Père , qui s’explique très bien dans le contexte de la vie juive du premier siècle de notre ère. La prière n’est pas tant une rÊflexion thÊologique qu’un appel à l’action, dit-il. Lors que les juifs prient,  que Ta volontÊ soit faite , selon les paroles de JÊsus, ils sont vraiment en train de confesser une relation avec Dieu et ses lois. Ils ont compris que  la volontÊ de Dieu est faite sur la terre par l’obÊissance à la Torah . Mais bien sÝr, les interprÊtations juives de JÊsus, Êcrit-il, se frottent contre les convictions chrÊtiennes.  Surtout quand on parle de la rÊsurrection . Mais, comme le souligne Evan Moffic, la croyance chrÊtienne en la rÊsurrection n’a pas besoin d’isoler les juifs des chrÊtiens. Certains disciples juifs de JÊsus ont vu l’annonce de sa rÊsurrection comme le dÊbut de la restauration du peuple juif. Donc, si les premiers disciples de JÊsus Êtaient juifs, à quel moment le christianisme est-il apparu comme une religion distincte du judaïsme ? Les chercheurs ne sont pas tous d’accord. Une chose est claire : les rangs des gentils, qui suivaient JÊsus, ont commencÊ à s’agrandir et cela a crÊÊ des tensions avec les premiers disciples, qui comprenaient diffÊremment JÊsus. Le reste, comme on le dit, tragiquement, c’est l’histoire. Des croisades à l’extermination, les juifs ont souvent ÊtÊ persÊcutÊs et tuÊs pour leur refus de se soumettre aux revendications chrÊtiennes. Mais pratiquement, aucun chercheur du Nouveau Testament ne nie la judÊitÊ de JÊsus. À partir de la fin du XIXe siècle, il y avait une poussÊe dans la recherche chrÊtienne pour contextualiser JÊsus à l’intÊrieur du premier siècle en Palestine. Aujourd’hui, les chercheurs, comme Amy-Jill Levine, professeur de Nouveau Testament et d’Êtudes juives à Vanderbilt Divinity School, dÊclare que les chrÊtiens ne peuvent pas comprendre pleinement la signification de la vie de JÊsus, sans comprendre le contexte juif dans lequel Êvoluait JÊsus. Les chrÊtiens ont donc besoin d’Êtudier le Judaïsme — mais qu’en est-il avec les juifs ? Doiventils Êtudier le christianisme ? Amy-Jill Levine le pense :  si nous, les juifs, voulons que les non-juifs nous respectent, cela signifie aussi mieux nous connaÎtre, je pense que nous devons faire de même en respectant nos voisins chrÊtiens. Cela signifie apprendre ce qu’ils croient et comment ces croyances se manifestent dans la pratique . Cela peut être plus facile pour un chrÊtien d’Êtudier le judaïsme que pour des juifs, Êtudier le christianisme. Etudier le christianisme signifie Êtudier la Bible, qui comprend la Bible hÊbraïque, mais dont les livres ne figurent pas dans le même ordre. Pour les juifs, le Nouveau Testament est difficile à aborder parce que son nom suggère qu’il y a une amÊlioration par rapport à l’ancien. Mais les dÊfenseurs interconfessionnels disent que le dialogue entre les croyances ne doit pas prÊtendre que les diffÊrences religieuses n’existent pas.  Nous ne
sacrifions pas les particularitÊs de nos traditions sur l’autel de la sensibilitÊ interconfessionnelle , dÊclare Amy-Jill Levine.  Les juifs et les chrÊtiens ne vont pas se mettre d’accord sur tout jusqu’à ce que le Messie vienne. Ou, si vous prÊfÊrez, revienne . Le siècle dernier a vu les honorables tentatives des savants juifs de rÊexaminer JÊsus. Une telle voix juive d’avant-garde appartenait à Rabbi Maurice Eisendrath, qui, en 1963, a encouragÊ le congrès biennal du mouvement de rÊforme pour mettre à jour sa pensÊe sur JÊsus. MalgrÊ le fait que les Juifs ne peuvent pas l’accepter comme Messie, selon lui,  il y a une possibilitÊ pour une meilleure comprÊhension et l’ouverture au changement dans l’interprÊtation de JÊsus comme un esprit positif et prophÊtique dans le courant de la tradition juive . Comme beaucoup de recherches, celle de comprendre la religion de l’autre est restÊe confinÊe dans les salles du monde universitaire et elle n’a jamais vraiment dÊcollÊ dans les communautÊs juives laïques, qui sont restÊes parfois farouchement opposÊes à cette dÊmarche. Evan Moffic voudrait changer cela.  Comme les gens de foi , Êcrit-il,  notre dÊfi est d’essayer de ne pas porter atteinte à l’autre. Il ne s’agit pas de prouver que notre foi est supÊrieure à toutes les autres. C’est vivre et enseigner notre message de vie et d’espoir dans un monde rempli de violence et d’indiffÊrence . Evan Moffic pense que JÊsus peut montrer aussi bien aux juifs qu’aux chrÊtiens, une façon de le faire.
LibertĂŠ religieuse
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - LaĂŻcitĂŠ, la France en plein doute
Une proposition de loi visant à Êtendre le devoir de neutralitÊ des fonctionnaires aux Êducateurs du secteur privÊ relance les polÊmiques sur le sens de la laïcitÊ rÊpublicaine. Dans une sociÊtÊ marquÊe à la fois par une forte sÊcularisation et la prÊsence nouvelle de l’islam, la laïcitÊ est devenue une question identitaire. La bataille est repoussÊe, elle n’en sera pas moins violente. Car cette proposition de loi, votÊe au SÊnat en 2012 dans le contexte de l’affaire Baby-Loup, a provoquÊ une tempête de protestations. Mardi 10 mars au soir, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et prÊsident de la ConfÊrence des Êvêques de France, a exprimÊ la  très vive inquiÊtude  de ses pairs, qui voient dans ce texte de loi  l’inspiration manifeste d’une mÊfiance vis-à -vis des religions dont il faudrait protÊger les mineurs . Reçus dÊbut mars par l’Observatoire de la laïcitÊ, les cultes protestant et juif ont Êgalement critiquÊ l’initiative. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) fustige, pour sa part, une  politique d’intolÊrance . C’est surtout le coup de colère de Jean-Louis Bianco, prÊsident de l’Observatoire de la laïcitÊ et proche du chef de l’État, qui rÊvèle l’ampleur de la polÊmique.  Il s’agit d’un dÊvoiement de la laïcitÊ dans une version intÊgriste, punitive et, même si ses promoteurs s’en dÊfendent, anti-musulmane, anti-religion , assène l’ancien dÊputÊ socialiste, qui insiste sur la fragilitÊ juridique de l’entreprise.
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Le dÊbat de la laïcitÊ dÊportÊ vers les questions de l’expression religieuse
Comment expliquer qu’une fois encore se rÊveillent des passions françaises que l’on croyait apaisÊes ? Au fond, ce n’est plus vraiment la vieille question des cultes et de leurs relations avec les institutions rÊpublicaines qui nourrit le problème. Ces vingt dernières annÊes, les choses se sont même plutôt arrangÊes. En 1995, arrivÊ à Matignon, Lionel Jospin avait instaurÊ des rendez-vous rÊguliers avec les cultes, une pratique qui s’est, depuis, maintenue. Nicolas Sarkozy a installÊ le CFCM en 2003. Quant à la jurisprudence administrative, elle a livrÊ ces dernières annÊes une lecture accommodante du principe de sÊparation pour permettre le soutien des collectivitÊs locales à des associations cultuelles. Les polÊmiques sur la laïcitÊ se sont en fait dÊportÊes sur un autre terrain, celui de l’expression religieuse. Un phÊnomène très bien analysÊ par le juriste Vincent Valentin qui voit, derrière l’affaire Baby-Loup, la volontÊ de certains  d’imposer une nouvelle laïcitÊ . Professeur à Sciences-Po Rennes, il observe chez nos contemporains – acteurs de terrain, Êlus politiques, intellectuels –  une dÊception face aux promesses de la modernitÊ, qui signifiait pour eux l’effacement progressif du religieux. Son retour signe pour eux l’Êchec de la sÊcularisation. D’oÚ la volontÊ d’Êtendre des obligations de neutralitÊ aux personnes privÊes.  Mardi 10 mars, dans son communiquÊ, Mgr Pontier ne faisait pas une autre analyse. Il dÊnonçait une entreprise visant à cacher les religions  en les faisant disparaÎtre progressivement de tout lieu de vie sociale.  Alors que la loi de 1905 Êtait un texte d’inspiration libÊrale, il s’agirait dÊsormais de  promouvoir une sociÊtÊ vidÊe de toute rÊfÊrence religieuse , insistait-il.
Une demande de neutralitĂŠ religieuse de plus en plus extensive
Si l’ensemble des croyances peuvent se sentir concernÊes, il est clair que c’est l’islam qui fait l’actualitÊ depuis vingt-cinq ans, depuis l’affaire des foulards de Creil en 1989. Le voile est devenu le symbole de la nouvelle question laïque. En 2003, rappelle Vincent Valentin, le dÊputÊ UMP François Baroin remettait à Jacques Chirac un rapport dans lequel  il opposait la logique de la laïcitÊ à celle, individualiste, des droits de l’homme. La laïcitÊ n’est alors plus seulement un principe juridique, mais une manière d’être de la sociÊtÊ française. Elle est devenue un marqueur de l’identitÊ française au nom duquel on peut imposer aux personnes d’être neutres . Certes, la loi sur les signes religieux de 2002 a ÊtÊ adoptÊe grâce à un consensus politique sur la nÊcessaire sanctuarisation de l’Êcole, mais de multiples autres tentatives ont trouvÊ leurs limites. Fer de lance de cette  nouvelle laïcitÊ , l’ancien Haut conseil à l’intÊgration avait ainsi proposÊ de limiter l’expression religieuse sur la voie publique ! Le Grand Orient de France a publiÊ, en dÊcembre dernier, 25 propositions, parmi lesquelles la prohibition des signes religieux dans l’enseignement supÊrieur. En mars 2013, le dÊputÊ UMP Éric Ciotti dÊposait une proposition de loi visant à limiter l’ex-
pression religieuse dans le monde de l’entreprise. D’autres encore veulent imposer un devoir de neutralitÊ aux usagers des services publics‌
Des familles politiques divisĂŠes sur la question
Toutes ces tentatives provoquent de fortes divisions. À droite, oÚ des personnalitÊs comme Alain JuppÊ s’y montrent très hostiles. Mais surtout à gauche, oÚ s’opposent frontalement deux conceptions. Certains, comme Manuel Valls, donnent la prioritÊ à la lutte contre les communautarismes dans les quartiers, le voile Êtant selon eux l’instrument d’un islam politique. À l’opposÊ, une autre partie de la gauche refuse toute stigmatisation des musulmans, quitte à nier la rÊalitÊ des ratÊs de l’intÊgration. Un dÊbat qui a gagnÊ en intensitÊ depuis les attentats de janvier et les prÊtentions du Front national à se prÊsenter, pour les Êlections, comme le hÊraut de la laïcitÊ.  Il y a comme un vent de panique , observe Vincent Valentin. Tenter de faire retomber la tension sera certainement l’une prioritÊ de l’ÉlysÊe après les dÊpartementales, François Hollande ayant toujours dÊfendu une conception pragmatique de la place des religions dans une sociÊtÊ devenue, que l’on s’en rÊjouisse ou non, multiculturelle. (ANNBIA) - Dammarie-les-Lys, France
Rome, Italie - Contre les liens Êtroits entre l’Église et l’État
Un universitaire membre adventiste a fait observer aux participants d’une importante ConfÊrence internationale se dÊroulant en Italie, que la libertÊ religieuse ne peut exister dans les pays oÚ le gouvernement entretient une relation spÊciale avec un groupe religieux en particulier. Pour beaucoup de personnes aujourd’hui, la question revêt un intÊrêt qui va au delà de l’aspect purement acadÊmique. Plus de deux douzaines de pays dans le monde – parmi lesquels le Costa Rica, l’Argentine, la Grèce, la Bulgarie – reconnaissent soit le Catholicisme Romain soit l’Église Orthodoxe d’Orient comme religion officielle d’État ou la religion est soutenue par l’État. Plus de 10 autres pays considèrent une dÊnomination Protestante – l’Anglicanisme, le LuthÊranisme, ou le MÊthodisme – comme la religion nationale. Plusieurs des prÊsentations faites à la ConfÊrence de trois jours qui s’est tenue à la Fondazione Studium Generale Marcianum, une institution culturelle fondÊe par l’Archidiocèse Catholique de Venise, ont mis l’accent sur la manière dont une relation spÊciale entre l’Êglise et l’Êtat affecte la religion majoritaire soit positivement soit nÊgativement. Mais la prÊsentation faite par Juan Martin Vives, professeur à l’UniversitÊ adventiste de Plata en Argentine, a explorÊ les consÊquences sÊrieuses qu’une relation privilÊgiÊe entre l’Église et l’État implique pour les groupes religieux minoritaires.  À une Êpoque oÚ l’idÊal d’ÊgalitÊ est une valeur fondamentale de la sociÊtÊ, il ne devrait jamais y avoir de diffÊrences de traitement en fonction de la religion,  a dÊclarÊ Juan Vives.  Il ne peut y avoir de libertÊ sans ÊgalitÊ.  Il s’est appuyÊ sur l’expÊrience des minoritÊs religieuses dans les pays d’AmÊrique Latine pour montrer que même si elles ne font pas nÊcessairement l’objet de persÊcution ouverte, elles ne bÊnÊficient pas d’une totale libertÊ religieuse.
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Il s’est Êgalement prononcÊ contre ce qu’on appelle les  systèmes de coopÊration  que certains ont proposÊ comme une alternative aux relations traditionnelles entre l’Église et l’État. Ces systèmes, a t-il dit, ne feront que masquer les privilèges – lÊgaux ou financiers – dont bÊnÊficient les groupes religieux majoritaires. La vÊritable libertÊ religieuse ne peut exister là oÚ la loi offre des traitements diffÊrents en fonction des groupes religieux, a dit Juan Vives. Juan Martin Vives, un des deux seuls reprÊsentants de l’AmÊrique Latine prÊsents à la confÊrence de Venise, sert en tant que secrÊtaire des services acadÊmiques à l’UniversitÊ adventiste de Plata oÚ il prÊside Êgalement le Centre des Études de Droit et de Religion. Juan Vives, avec d’autres spÊcialistes en droit et en religion venus d’universitÊs adventistes d’AmÊrique Latine, ont rÊcemment formÊ une organisation de recherche sur la libertÊ religieuse avec à sa tête Helio Carnassale, directeur des affaires publiques et de la libertÊ religieuse pour la Division Sud AmÊricaine de l’Église adventiste. Le groupe a pour objectif de consolider et de dÊvelopper par le biais de recherches acadÊmiques, l’action historique de l’Église adventiste en faveur de la protection de la libertÊ religieuse qui est un droit fondamental de l’homme.
SociĂŠtĂŠ
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Au SÊnat, un dÊbat sur les droits des femmes et les intÊgrismes religieux
Comment l’ÊgalitÊ hommes-femmes peut-elle contribuer à la lutte contre les intÊgrismes religieux ? C’est la question qu’ont tentÊ d’approfondir diffÊrentes figures des droits des femmes issues du monde religieux, universitaire ou politique, à l’occasion d’une table ronde inÊdite organisÊe au SÊnat et dont le compte rendu a ÊtÊ publiÊ dÊbut mars. Une dizaine d’intervenants Êtaient rÊunis en janvier dernier au SÊnat pour une table ronde organisÊe par la dÊlÊgation aux Droits des femmes pour traiter des liens entre l’ÊgalitÊ hommes-femmes et la lutte contre les intÊgrismes religieux. Cette rÊflexion, inspirÊe par les exactions de Daech, entendait dÊpasser le cadre de l’islam, dans la mesure oÚ  la question de l’infÊriorisation des femmes dans les religions, notamment par l’interdiction de l’accès au ministère religieux, concerne ou a concernÊ toutes les religions , a soulignÊ dans son introduction Chantal Jouanno, prÊsidente de la dÊlÊgation.
Les textes,  porteurs de la lÊgitimitÊ de l’ÊgalitÊ 
Pour Delphine Horvilleur, au Mouvement juif libÊral de France, comme pour ValÊrie Duval-Poujol, prÊsidente de la commission œcumÊnique de la FÊdÊration protestante de France, l’enjeu de l’accès aux Écritures et à la formation en gÊnÊral est fondamental.  Tant que les femmes seront ÊcartÊes du texte et de sa connaissance, elles resteront muettes , estime Delphine Horvilleur.  Les traductions de la Bible ont nourri une vision sexiste de la femme, alors que les textes, en eux-mêmes, ne sont pas misogynes , souligne pour sa part ValÊrie Duval-Poujol, qui regrette que les traducteurs et interprètes aient ÊtÊ uniquement des hommes pendant des siècles. Pourtant, ajoute-t-elle,  les textes bibliques sont certes nÊs dans la culture patriarcale propre au Moyen-Orient ancien, mais ils sont annonciateurs, porteurs de la lÊgitimitÊ de l’ÊgalitÊ .
Dans cette même optique, Anna Soupa, cofondatrice du ComitÊ de la jupe, association qui lutte contre la discrimination à l’Êgard des femmes dans l’Église, dÊnonce le peu d’espace laissÊ aux femmes dans les institutions ecclÊsiales, notamment par l’exclusion du ministère mais aussi par les  mille humiliations  qui, selon elle, viennent s’ajouter aux humiliations canoniques.
Inclusion des femmes, inclusion de l’autre
À partir des interventions, on peut dÊgager plusieurs grandes thÊmatiques ou revendications : – Les droits des femmes dans un système sont rÊvÊlateurs de la capacitÊ d’un système à s’ouvrir à l’altÊritÊ. Un intÊgrisme, religieux ou autre, est par dÊfinition rÊfractaire à la  contamination  de tout ce qui pourrait  fissurer le système  (Delphine Horviller). – Pour certains intervenants, il faudrait que la RÊpublique intervienne directement dans la sphère religieuse lorsque les  lois proscrivant la discrimination  n’y sont pas appliquÊes. Une revendication à contre-courant des demandes actuelles Êmanant du monde religieux, qui plaide gÊnÊralement pour moins de contrôle de la part de l’État.  Aujourd’hui, estime Anne Soupa, l’Église catholique reprÊsente une zone de non-droit dans le territoire de la RÊpublique. La RÊpublique ferme les yeux sur une discrimination qui affecte profondÊment la vie des femmes catholiques et entrave les conditions sereines de l’exercice de leur foi . Nassr Edine Erramin cofondateur de l’association Musulmans inclusifs de France, juge quant à lui que les mosquÊes sont des lieux de sÊgrÊgation et qu’il faudrait y imposer l’ÊgalitÊ rÊpublicaine. – Le financement de l’Êtranger, sollicitÊ parfois par la France, des mosquÊes et de la formation des imams.
La laĂŻcitĂŠ pour contenir les intĂŠgrismes
Les idĂŠes abordĂŠes sont multiples et la laĂŻcitĂŠ – selon la loi de 1905 – invoquĂŠe Ă plusieurs reprises comme rempart aux intĂŠgrismes religieux, tout en ĂŠtant remise en question dans ses modalitĂŠs par plusieurs intervenants. Marie-ThĂŠrèse Besson, prĂŠsidente de la Grande Loge fĂŠminine de France (GLFF), n’hĂŠsite pas Ă renverser la question initiale. ÂŤ Ne pourrait-on se demander en quoi l’intĂŠgrisme religieux favorise l’inĂŠgalitĂŠ entre hommes et femmes, plutĂ´t que de poser la question de l'â€˜ĂŠgalitĂŠ entre hommes et femmes contre les intĂŠgrismes religieux ? Âť Certes, l’ÊgalitĂŠ hommes-femmes, encadrĂŠe par la loi, y compris de paritĂŠ par exemple, peut contenir les intĂŠgrismes religieux, mais il apparaĂŽt que c’est probablement aussi en luttant contre les intĂŠgrismes religieux - par la formation, en contrĂ´lant les financements - que cette ĂŠgalitĂŠ pourrait se renforcer. MalgrĂŠ la richesse du dĂŠbat, on peut regretter que la notion ÂŤ d’intĂŠgrisme Âť ne soit pas mieux explicitĂŠe, car toutes les religions et toutes les sensibilitĂŠs qui les traversent semblent ĂŞtre mises sur le mĂŞme niveau. Autre bĂŠmol : les intervenants convoquĂŠs sont les mĂŞmes Ă chaque rencontre de ce type. Pour enrichir la discussion, il serait sans doute intĂŠressant d’Êlargir le champ des personnes sollicitĂŠes. (MCR/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Nouveaux droits des personnes en fin de vie : Principales dispositions Il existe aujourd’hui trois lois traitant de la fin de vie : La loi du 9 juin 1999 vise à garantir l’accès aux soins palliatifs qui permettent de prÊvenir et de soulager la douleur.
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La loi du 4 mars 2002 Êtablit un droit de refus de l’acharnement thÊrapeutique et remet le patient au cœur des dÊcisions mÊdicales qui le concernent. Enfin la loi du 22 avril 2005, dite loi LÊonetti, affirme pour la première fois l’interdiction de l’obstination dÊraisonnable pour les mÊdecins, complÊtant ainsi la loi de 2002 et affirmant le respect de l’autonomie des patients. Pourtant, neuf ans après l’adoption de la loi LÊonetti, la situation des personnes en fin de vie reste insatisfaisante. Les diffÊrentes lois successives restent mÊconnues des patients comme des mÊdecins, limitant ainsi leur bonne application. De plus, de fortes inÊgalitÊs territoriales existent dans l’accès aux soins palliatifs. Ainsi, seules 20% des personnes qui devraient en bÊnÊficier y ont accès. Cela s’explique entre autres, par la faible proportion de mÊdecins formÊs à la prise en charge de la douleur : seulement 20%. La commission mixte paritaire comprenant 7 dÊputÊs et 7 sÊnateurs est arrivÊe à un accord sur la proposition de loi crÊant de nouveaux droits pour les personnes en fin de vie. L’assemblÊe Nationale et le SÊnat ont adoptÊ sÊparÊment le texte de la commission paritaire le 27 janvier 2016. La loi ayant valeur de texte authentique a ÊtÊ promulguÊe par le PrÊsident de la RÊpublique le 2 fÊvrier 2016 (loi N° 2016-87). La grande avancÊe de cette loi en matière de gestion de la fin de vie confirme le droit du patient de limiter ou de refuser les traitements lorsqu’ils n’ont d’autre effet que le maintien artificiel de la vie Il peut s’agir notamment de la nutrition et l’hydratation artificielles considÊrÊes comme des traitements. Ce texte reste dans l’esprit de la loi du 22 avril 2005. Toujours à la demande du patient et dans le but d’Êviter toute souffrance et de ne pas subir d’obstination dÊraisonnable, une sÊdation profonde et continue provoquant une altÊration de la conscience pourra être maintenue jusqu’au dÊcès. L’objectif de cette sÊdation profonde est d’atteindre une altÊration totale de la conscience, prÊvenant toute souffrance, y compris celle rÊsultant de  se voir mourir  selon les termes de Jean-Claude Amelsen, prÊsident du ComitÊ consultatif national d’Êthique (CCNE). La loi prÊvoit en outre que cette sÊdation s’accompagne obligatoirement de l’arrêt de tous les traitements de maintien en vie. Ce protocole pourra être mis en œuvre à plusieurs conditions : ➧Lorsque le patient, atteint d’une affection grave et incurable et dont le pronostic vital est engagÊ à court terme, prÊsente une souffrance rÊfractaire aux traitements. ➧Lorsque la dÊcision du patient atteint d’une affection grave et incurable d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme et est susceptible d’entraÎner une souffrance insupportable. ➧Dans le cas oÚ le mÊdecin arrête un traitement alors que le patient ne peut pas exprimer sa volontÊ au titre du refus de l’obstination dÊraisonnable. Commission paritaire 1111 G 88583 DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
De cette façon le patient, pleinement informÊ de ses droits par le mÊdecin, pourra choisir librement sa fin de vie.
Les directives anticipĂŠes
Toute personne a le droit d’indiquer par avance les situations dans lesquelles elle ne veut pas se trouver pour sa fin de vie en rÊdigeant des directives anticipÊes. L’une des principales mesures consistera à simplifier et à gÊnÊraliser leur rÊdaction. DÊsormais, les directives anticipÊes s’imposent au mÊdecin sauf si elles apparaissent inappropriÊes ou non conformes à la situation mÊdicale. Elles expriment les souhaits du patient relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou de l’arrêt de traitement inutile ou disproportionnÊ ou la prolongation artificielle de la vie. Elles seront inscrites sur sa carte vitale afin d’être immÊdiatement accessibles par le mÊdecin. Enfin, elles resteront rÊvisables à tout moment et n’auront plus de dÊlai de validitÊ, Êvitant au patient d’avoir à les rÊÊcrire à plusieurs reprises.
Les principales dispositions de cette loi sont :
Article 1er Droits des malades en fin de vie et devoirs des mÊdecins à l’Êgard des patients en fin de vie. Article 3 Droit à la sÊdation profonde et continue jusqu’au dÊcès, à la demande du patient. Article 5 Renforcement du droit pour un patient dÝment informÊ par le professionnel de santÊ de refuser tout traitement. Article 8 Principe d’opposabilitÊ des directives anticipÊes. Article 9 PrÊcision du statut du tÊmoignage de la personne de confiance.
Principales modifications apportĂŠes par la commission des affaires sociales
Article 3 PossibilitÊ pour un patient souhaitant bÊnÊficier d’une sÊdation profonde de mourir à domicile. Article 4bis PrÊsentation annuelle par les agences rÊgionales de santÊ d’un recueil de donnÊes Êtablissant un bilan de la politique de dÊveloppement des soins palliatifs. Article 8 Obligation pour les mÊdecins de consulter des confrères avant de se dÊlier de directives anticipÊes jugÊes inappropriÊes. Ce nouveau texte de loi renforce considÊrablement les droits des patients en leur donnant des moyens supplÊmentaires d’abrÊger leurs souffrances en fin de vie et d’être entendus.
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