2016-05 BIA

Page 1

B i A

Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 37e annĂŠe • n° 403 - Mai 2016

2 2 2 3 4 5 5 6 7 7

Nouvelles des Églises adventistes Paris, France - L’exclusivitÊ adventiste ?

Alberta, Canada - Un feu de forĂŞt conduit Ă l’Êvacuation de 88 000 personnes Miami, Floride - BaptĂŞmes de plus de 4000 personnes

FĂŠdĂŠration protestante de France

Paris, France - Les protestants historiques dĂŠnoncent

 l’accueil trop parcimonieux des rÊfugiÊs  Paris, France - Les baptistes, entre modernitÊ et orthodoxie

LibertĂŠ religieuse

Paris, France - Rapport du DÊpartement d’État amÊricain

États-Unis - John Kerry et le rĂ´le de la religion en politique ĂŠtrangère Paris, France - Les actes antisĂŠmites et antimusulmans en au baisse de 80 % au premier trimestre

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

Paris, France - Une lycÊenne et sa mère portent plainte contre un lycÊe pour discrimination religieuse

SociĂŠtĂŠ

Genève, Suisse - La moitiÊ des Suisses croient en un Dieu unique

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 2

Nouvelles des Églises adventistes

(BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – L’exclusivitÊ adventiste ?

Le dimanche soir 24 avril, la tĂŠlĂŠvision TV5 a diffusĂŠ, dans le cadre de son exploration des composantes de la sociĂŠtĂŠ française, le film documentaire ÂŤ Protestants de France Âť intitulĂŠ ÂŤ Une blessure française Âť. Au cours de cet excellent film de 52 minutes, deux sommitĂŠs du monde protestant ont apportĂŠ leurs connaissances et leur aval pour la rĂŠalisation de ce documentaire : SĂŠbastien Fath, historien spĂŠcialisĂŠ dans l’Êtude du protestantisme ĂŠvangĂŠlique, chercheur au CNRS depuis 1999, membre du laboratoire Groupe SociĂŠtĂŠs, Religions, et Patrick Cabanel, historien, directeur d’Êtudes Ă l’École Pratique des Hautes Études, titulaire de deux chaires : Histoire et sociologie du protestantisme et Histoire et sociologie de la laĂŻcitĂŠ. Dans l’un des tĂŠmoignages, celui d’Eric Ruf, acteur et administrateur de la ComĂŠdie française, en parmant de son expĂŠrience comme enfant, en Suisse, il cite l’expĂŠrience de ses grands parents, dont l’un ĂŠtait pasteur protestant norvĂŠgien et l’autre pasteur adventiste suisse. En parlant des adventistes il cite les propos de sa grand mère qui dĂŠclarait que ÂŤ seuls les adventistes seront sauvĂŠs Âť. Cette exclusivitĂŠ n’a pourtant jamais ĂŠtĂŠ enseignĂŠ par les adventistes. Ils ne croient pas que le seul christianisme soit limitĂŠ Ă leur seule institution et refusent de se montrer exclusifs au point d’avoir fait plusieurs dĂŠclarations : En 1925 : ÂŤ Nous reconnaissons que toute organisation qui prĂŠsente le Christ aux hommes est un ĂŠlĂŠment du plan divin pour l’ÊvangĂŠlisation du monde, et nous avons un très profond respect pour les chrĂŠtiens des autres confessions religieuses qui sont engagĂŠs Ă gagner des âmes Ă Christ. Âť Working Policy, ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale des adventistes du septième jour. Depuis ÂŤ Nous reconnaissons que la vĂŠritable religion est fondĂŠe sur la conscience et la conviction. C’est la raison pour laquelle nous veillons Ă ce qu’aucun intĂŠrĂŞt ĂŠgoĂŻste ou avantage temporel ne pousse une personne Ă se joindre Ă notre communautĂŠ et qu’aucun lien ne retienne un membre dans notre Église, sauf la conviction qu’en y appartenant, il peut trouver la voie lui permettant d’entrer en relation ĂŠtroite avec le Christ. Si un changement de conviction conduit un membre de notre Église Ă ne plus se sentir en harmonie avec la foi adventiste, nous lui reconnaissons non seulement le droit mais aussi la responsabilitĂŠ de changer son affiliation religieuse en fonction de ses convictions, sans qu’il ait pour cela Ă subir l’opprobre. Nous attendons des autres organisations religieuses qu’elles manifestent le mĂŞme esprit en matière de libertĂŠ religieuse Âť. GC Working Policy 2004-2005 p.496

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Alberta, Canada – Un feu de forêt conduit à l’Êvacuation de 88 000 personnes dans la province d’Alberta au Canada

Les leaders de l’Église adventiste du septième jour au Canada ont surveillĂŠ de près l’Êvolution d’un feu de forĂŞt Ă Fort McMurray dans la province d’Alberta au Canada, qui a conduit le gouvernement local Ă dĂŠclarer l’Êtat d’urgence et a amenĂŠ plus de 80 000 personnes Ă abandonner leurs maisons. Un ordre d’Êvacuation a ĂŠtĂŠ dĂŠcrĂŠtĂŠ le 4 mai lorsque le feu s’est rĂŠpandu au delĂ des fleuves Athabasca et Hanginstone et a englouti plusieurs quartiers dans les flammes. Entre 18 000 et 22 000 rĂŠsidents ayant fui leurs maisons se sont rendu Ă Edmonton, la plus grande ville voisine situĂŠe au sud de Fort McMurray, alors que tous les autres ont dĂť se diriger vers le nord, beaucoup d’entre eux ont dĂť ĂŞtre hĂŠbergĂŠs dans des camps de travail. Le feu s’est propagĂŠ sur plus de 85 000 hectares, ou plus de 530 kilomètres, et a dĂŠtruit plus de 50 % de la ville. Le feu de forĂŞt, alimentĂŠ par le temps sec et par le vent, a doublĂŠ de volume et a changĂŠ de direction. D’après certains rapports, certaines communautĂŠs auraient perdu jusqu’à 80 % de leurs foyers. ÂŤ Nos pensĂŠes et nos prières vont vers tous ceux dont la vie est touchĂŠe par les incendies qui se sont dĂŠclarĂŠs ici Âť, a dĂŠclarĂŠ Mark Johnson, prĂŠsident de l’Église adventiste du septième jour au Canada. ÂŤ Nous continuons d’examiner les rapports pour savoir si nos familles adventistes dans la communautĂŠ se portent bien Âť. L’Église adventiste du septième jour du Sud d’Edmonton, et au moins 10 familles adventistes de la rĂŠgion, ont ouvert leurs portes aux familles dĂŠplacĂŠes. L’Agence adventiste de dĂŠveloppement et d’aide humanitaire au Canada (ADRA-Canada) et la FĂŠdĂŠration de l’Alberta ont ĂŠtabli un partenariat avec la Croix-Rouge pour venir en aide aux rĂŠsidents touchĂŠs par la catastrophe.

(DIA/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Miami, Floride – Un protocole d’accord Êtabli dans l’intÊrêt des hôpitaux adventistes

Un protocole d’accord signĂŠ rĂŠcemment entre les administrateurs de Health City Iles CaĂŻman et les Services de santĂŠ adventiste en Inter AmĂŠrique (AHS-IA) permettra d’offrir des actes de chirurgie cardiaque gratuits aux enfants et des chirurgies peu intrusives Ă des coĂťts abordables dans les hĂ´pitaux adventistes de la CaraĂŻbe. Healh City Iles CaĂŻman est un hĂ´pital très moderne accrĂŠditĂŠ offrant des soins tertiaires. Il se trouve Ă Grand CaĂŻman et propose des soins mĂŠdicaux de classe mondiale Ă des coĂťts abordables Ă travers des centres d’excellence oĂš ces soins sont effectuĂŠs. Le protocole d’accord aidera Ă ĂŠtablir une relation de travail dans les six hĂ´pitaux adventistes en Inter AmĂŠrique dans un premier temps, ce qui aidera Ă identifier et Ă retenir des jeunes patients touchĂŠs par des malformations cardiaques. Il offrira d’autres services mĂŠdicaux aux adultes. L’accord comprend ĂŠgalement la mise en place de laboratoires de cathĂŠtĂŠrisme cardiaque gĂŠrĂŠs par HCCI, ainsi que l’acquisition de nouveaux ĂŠquipe-


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 3

ments mĂŠdicaux, de produits pharmaceutiques et de consommables Ă moindre coĂťt. ÂŤ Nous sommes honorĂŠs de faire partie de ce projet, Âť a dĂŠclarĂŠ Chandy Abraham, PDG de Health City Iles CaĂŻman, en s’adressant aux leaders de la Division Inter AmĂŠricaine le 18 avril 2016. ÂŤ L’Église adventiste dispose d’hĂ´pitaux missionnaires dans bien des ĂŽles de la CaraĂŻbe qui sont en phase avec nos convictions Âť. Cette convention est signĂŠe pour 5 ans avec, en option, une reconduction ur 3 ans selon les termes du contrat. ÂŤ C’est un moment important pour la Division Inter AmĂŠricaine Âť, a affirmĂŠ le pasteur IsraĂŤl Leito, prĂŠsident de l’Église adventiste en Inter AmĂŠrique. ÂŤ Ce projet conjoint ĂŠtendra la mission de cette institution mondialement reconnue et de nos hĂ´pitaux adventistes auprès du grand public lĂ oĂš nous sommes implantĂŠs. Âť Selon les indications d’Élie HonorĂŠ, le prĂŠsident d’AHS-IA les hĂ´pitaux adventistes concernĂŠs par cet accord sont : - l’HĂ´pital Andrews en JamaĂŻque, - Community Hospital Ă Trinidad, - le Centre MĂŠdical Vista del Jardin en RĂŠpublique Dominicaine, - l’HĂ´pital adventiste d’HaĂŻti en HaĂŻti.

L’affiliation avec HCCI positionnera les institutions sur un mĂŞme niveau et elles auront un accès direct aux autres ressources techniques professionnelles d’après Élie HonorĂŠ. ÂŤ C’est une bonne opportunitĂŠ de servir notre communautĂŠ Ă un excellent niveau lĂ oĂš nous n’aurions pu aider autrement. L’objectif est de retenir 100 patients âgĂŠs de 0 Ă 18 ans chaque annĂŠe pour qu’ils bĂŠnĂŠficient d’opĂŠrations chirurgicales gratuites Âť, a t-il complĂŠtĂŠ.

ÂŤ Nos hĂ´pitaux joueront un rĂ´le crucial dans l’examen des patients qui peuvent bĂŠnĂŠficier de ce merveilleux ministère missionnaire dans nos institutions mĂŠdicales Âť a expliquĂŠ Élie HonorĂŠ.

Le document signÊ comprend un accord selon lequel AHS-IA soumettrait à HCCI les patients ayant besoin de services pour adultes et des services pÊdiatriques tels que la chirurgie cardiothoracique et vasculaire, la cardiologie, l’orthopÊdie, la mÊdecine du sport, l’oncologie, les sciences neurologiques, la pulmonologie, la chirurgie gastro-intestinale et bariatrique, ainsi que d’autres spÊcialitÊs.

FĂŠdĂŠration protestante de France

(Cath.ch/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Les protestants historiques dÊnoncent  l’accueil trop parcimonieux des rÊfugiÊs 

Les protestants de France dĂŠnoncent le manque de gĂŠnĂŠrositĂŠ de la France dans l’accueil des rĂŠfugiĂŠs. RĂŠunis en Synode national Ă Nancy la semaine de l’Ascension 2016, les 200 dĂŠlĂŠguĂŠs de l’Église protestante unie de France (EPUDF), qui regroupe depuis 2013 l’Église rĂŠformĂŠe et l’Église ĂŠvangĂŠlique luthĂŠrienne, ont notamment rĂŠclamĂŠ une politique de solidaritĂŠ envers les exilĂŠs arrivant de Syrie et d’Irak. Dans son message d’ouverture intitulĂŠ ÂŤ De la peur Ă

l’encouragement Âť, le pasteur Laurent Schlumberger, prĂŠsident du Conseil national de l’EPUDF, a appelĂŠ l’assemblĂŠe Ă choisir la confiance comme antidote Ă la peur qui ronge les rapports sociaux. Il a exhortĂŠ les membres de son Église Ă vivre cette confiance comme un puissant levier pour mieux assumer leur responsabilitĂŠ sociale. Cet appel a ĂŠtĂŠ particulièrement entendu.

Pour une politique Ă la fois gĂŠnĂŠreuse et rĂŠaliste des exilĂŠs

Les dĂŠlĂŠguĂŠs protestants ont ainsi votĂŠ ÂŤ Ă la quasiunanimitĂŠ deux rĂŠsolutions demandant, d’une part, l’organisation d’une protestation publique contre l’accueil trop parcimonieux des rĂŠfugiĂŠs en France et, d’autre part, l’interpellation du gouvernement français afin qu’il propose une politique Ă la fois gĂŠnĂŠreuse et rĂŠaliste des exilĂŠs syro-irakiens Âť. Le Synode a transmis des recommandations pour la vie de l’Église, en vue de dĂŠvelopper son engagement pour ĂŞtre ÂŤ une Église de tĂŠmoins Âť. Dans son message au Synode, le pasteur Schlumberger a soulignĂŠ que ÂŤ la peur est une ressource prĂŠcieuse pour tout gouvernement, qui dispose ainsi d’un dĂŠrivatif par rapport Ă son impuissance dans d’autres domaines Âť. Et de dĂŠplorer que depuis un an, ÂŤ nous avons assistĂŠ Ă l’irruption de peurs sociales violentes et porteuses d’effets potentiellement ravageurs. La peur issue des attentats, jointe Ă la dĂŠsignation de l’Êtranger du Sud comme ĂŠtant une menace, et Ă une frilositĂŠ politique pas très ĂŠloignĂŠe de la paralysie, prĂŠpare des lendemains qui pourraient ĂŞtre très pĂŠrilleux Âť. ÂŤ C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, brandir la peur, l’entretenir, fait courir un grand pĂŠril Ă notre vie dĂŠmocratique et mĂŞme aux ressorts profonds de notre culture Âť.

Injonction populiste

Le prĂŠsident du Conseil national de l’EPUDF relève la tentation – ÂŤ explicitement chez quelques-uns, insidieusement chez beaucoup Âť – de faire un amalgame dramatique avec la question des rĂŠfugiĂŠs du Proche et du Moyen-Orient et d’une partie de l’Afrique. ÂŤ Sous les doubles effets de la peur et de l’injonction populiste, bien des gouvernements europĂŠens mettent des restrictions radicales Ă l’accueil non pas seulement de migrants mais aussi de rĂŠfugiĂŠs Âť. Le pasteur Schlumberger regrette ainsi que le gouvernement français soit l’un des plus limitatifs ÂŤ au regard des valeurs et des capacitĂŠs de notre pays Âť. Il s’est engagĂŠ, en septembre dernier, Ă accueillir 30 000 rĂŠfugiĂŠs du Proche-Orient sur deux ans, Ă comparer par exemple aux 25 000 rĂŠfugiĂŠs accueillis ces trois derniers mois dans un Canada presque deux fois moins peuplĂŠ que la France et qui vient de s’engager Ă en accueillir 10 000 de plus. ÂŤ Et encore l’engagement français n’est-il Ă ce jour rĂŠalisĂŠ qu’à hauteur de quelques centaines de familles. La moitiĂŠ des quelques 500 places d’accueil rendues disponibles sous la houlette de la FĂŠdĂŠration de l’entraide protestante restent vides ! Âť

Gratitude envers les ĂŠpiscopats francophones

En outre, le Synode national a pris acte  avec reconnaissance du fait que les Êpiscopats francophones ont dÝment interrogÊ le protestantisme français sur une modification dans la forme liturgique de la prière du Notre-Père .


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 4

Il a donc recommandĂŠ Ă l’ensemble des paroisses de l’EPUDF d’adopter la nouvelle traduction, proposĂŠe par l’Église catholique, d’une des phrases du Notre-Père, prière fondamentale pour tous les chrĂŠtiens. Les arguments exĂŠgĂŠtiques peuvent justifier plusieurs traductions, sur cette phrase comme sur d’autres demandes du Notre-Père. Le Synode national recommande par consĂŠquent aux paroisses et Églises locales d’utiliser pour la sixième demande, la version ÂŤ ne nous laisse pas entrer en tentation Âť retenue pour les Églises catholiques francophones ÂŤ Le Synode, sensible Ă la dĂŠmarche de concertation catholique, a ainsi choisi de donner la prioritĂŠ Ă l’argument Ĺ“cumĂŠnique, veillant Ă ce que les chrĂŠtiens francophones puissent continuer Ă dire ensemble le Notre-Père, comme ils le font dĂŠjĂ depuis 50 ans Âť. Ă€ la veille de l’annĂŠe 2017, qui verra la commĂŠmoration des 500 ans de la RĂŠforme, le Synode de l’EPUDF dit sa ÂŤ volontĂŠ renouvelĂŠe de tĂŠmoigner de sa foi et de son engagement dans la sociĂŠtĂŠ pour partager la confiance que Dieu offre Ă chacun Âť.

(RĂŠforme/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Les baptistes, entre modernitÊ et orthodoxie

JoĂŤlle Sutter-Razanajohary, 54 ans, est pasteure de l’Église baptiste d’Annecy et vient d’être ĂŠlue par ses pairs prĂŠsidente de la rĂŠgion RhĂ´ne-Alpes-Auvergne de la FĂŠdĂŠration des Églises ĂŠvangĂŠliques baptistes de France (FEEBF). Comme ses collègues, elle participe au congrès de la FEEBF (ĂŠquivalent du synode), rĂŠuni Ă Pontoise, en rĂŠgion parisienne, les 5 et 6 mai, puis Ă la convention qui s’en est suivi avec pour ambition de rassembler le ÂŤ peuple baptiste français Âť. Certes, toutes les communautĂŠs baptistes ne sont pas membres de la FEEBF, mais cette dernière est nĂŠanmoins reprĂŠsentative. Les deux temps forts de l’Ascension sont l’occasion pour les baptistes de rĂŠflĂŠchir Ă leur identitĂŠ. ÂŤ ĂŠtre baptiste pour moi, aujourd’hui, tĂŠmoigne JoĂŤlle Sutter-Razanajohary, c’est ĂŞtre Ă la fois protestant et ĂŠvangĂŠlique, sans ĂŞtre exclusivement l’un ou l’autre. Je suis profondĂŠment attachĂŠe Ă l’histoire, j’apprĂŠcie l’univers intellectuel protestant, la lecture critique des textes. Mais j’aime ĂŠgalement la culture professante des ĂŠvangĂŠliques, la spontanĂŠitĂŠ dans la prière. Les ĂŠvangĂŠliques nous traitent de libĂŠraux, et les protestants nous considèrent comme piĂŠtistes. J’aime cette mise en tension des deux. Âť

Entre le spirituel et le social

En 2006, JoĂŤlle Sutter-Razanajohary, alors enseignante de français et ĂŠtudiante en thĂŠologie Ă la facultĂŠ Jean-Calvin d’Aix-en-Provence, accompagne son pasteur pour la prĂŠparation du congrès baptiste qui adopte le ministère fĂŠminin. Aujourd’hui, elle est l’une des rares femmes pasteurs ĂŠvangĂŠliques. Nombreux sont les baptistes qui la rejoignent dans sa dĂŠfinition du baptisme comme un entre-deux, un milieu, un pont entre les Églises luthĂŠro-rĂŠformĂŠes, rĂŠputĂŠes libĂŠrales, et les communautĂŠs ĂŠvangĂŠliques plus orthodoxes. ÂŤ Ce n’est pas forcĂŠment un juste milieu, mais c’est un milieu dans lequel je me sens bien, sourit le pasteur Louis Schweitzer, ancien secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de la FĂŠdĂŠration protestante de France et ancien reprĂŠsentant des protestants au sein du ComitĂŠ consultatif national

d’Êthique. Les baptistes ont un cĂ´tĂŠ modĂŠrĂŠ, assez ouvert et dĂŠtendu. Âť Il fait remarquer que la FEEBF est l’une des rares instances ĂŠvangĂŠliques Ă ĂŞtre institutionnellement impliquĂŠe dans le dialogue Ĺ“cumĂŠnique avec les catholiques. De plus, ÂŤ le lien que nous ĂŠtablissons entre l’ÊvangĂŠlisation et l’action sociale fait partie de notre ĂŠquilibre, contrairement Ă certains ĂŠvangĂŠliques qui ne jurent que par le spirituel ou d’autres protestants pour qui seul compte le social Âť. Les baptistes ont Ă la fois une mission intĂŠrieure consacrĂŠe Ă l’ÊvangĂŠlisation qui conduit actuellement dix projets d’implantation de nouvelles Églises, enrichie d’un programme de formation spĂŠcifique sur le sujet, et une action sociale historiquement bien ancrĂŠe, Ă travers l’ABEJ (Association des baptistes pour l’entraide et la jeunesse). Cette dernière emploie un millier de salariĂŠs Ă travers toute la France et accueille 5 000 usagers. Christian de la Roque est pasteur Ă Lille, il a ĂŠtĂŠ un temps prĂŠsident de l’ABEJ nationale, et prĂŠsident de la FEEBF. Au niveau local, il s’est fortement impliquĂŠ dans l’accueil des mineurs isolĂŠs. Il a impulsĂŠ un mouvement, rejoint par une trentaine d’Églises et associations locales, y compris l’Église catholique, pour accueillir jeunes filles et garçons dans des locaux paroissiaux ou en famille d’accueil. InterrogĂŠ sur l’identitĂŠ baptiste, il hĂŠsite : ÂŤ C’est toujours compliquĂŠ de dire qui on est, les autres peuvent le dire plus facilement que nous. On voudrait pouvoir affirmer que notre engagement au niveau de l’annonce de l’Évangile se traduit par un engagement dans la sociĂŠtĂŠ. Pour nous, Ă Lille, ça se dĂŠcline au niveau social. Mais ça peut aussi se vivre autrement : l’ancien vice-prĂŠsident amĂŠricain Al Gore, un baptiste, dĂŠfend l’environnement, l’ancien prĂŠsident Jimmy Carter est engagĂŠ pour rĂŠsoudre les conflits par des processus de paix Âť. Le baptiste le plus connu au niveau mondial est Martin Luther King. En amont de leur engagement dans la citĂŠ, les baptistes se dĂŠfinissent avant tout par une foi confessante personnelle. Pour Marc Deroeux, secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de la FEEBF, ÂŤ quand on parle de baptisme, tout de suite, on pense au baptĂŞme, c’est notre marque de fabrique. On ne naĂŽt pas baptiste, on le devient, Ă travers une dĂŠmarche personnelle. C’est pourquoi nous ne baptisons que les croyants, et par immersion. Âť Pour Marc Deroeux, ÂŤ ĂŞtre baptiste, c’est avoir des convictions personnelles et savoir les dĂŠcliner dans une communautĂŠ ouverte sur le monde et les autres chrĂŠtiens Âť. Une dĂŠmarche qui semble sĂŠduire dans la sociĂŠtĂŠ actuelle, puisqu’en 50 ans la FEEBF a quasiment doublĂŠ le nombre de ses communautĂŠs locales. Elles sont au nombre de 125 aujourd’hui, reprĂŠsentant 8 000 membres baptisĂŠs et entre 15 000 et 20 000 participants au culte tous les dimanches. Modernes, donc, les communautĂŠs baptistes n’en sont pas moins fortement ancrĂŠes historiquement : le baptisme a fĂŞtĂŠ ses 400 ans en 2009, le premier temple baptiste en France date de 1826. L’hĂŠritage historique du baptisme est important pour le pasteur Pierre de Mareuil, issu de l’Église rĂŠformĂŠe de France, diplĂ´mĂŠ de l’Institut protestant de thĂŠologie, qui a nĂŠanmoins choisi d’exercer son ministère au sein de la FEEBF. Il a un temps ĂŠtĂŠ prĂŠsident de l’ABEJ nationale ; aujourd’hui, il est aumĂ´nier des aĂŠroports Ă Roissy. Il est fier des ÂŤ grands personnages baptistes du dĂŠbut du XXe siècle Âť, rappelant que l’un des premiers penseurs du Christianisme social, Walter Rauschenbusch, ĂŠtait baptiste


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 5

et a fortement influencÊ Martin Luther King. Aujourd’hui, Pierre de Mareuil se dÊfinit comme un  ÊvangÊlique libÊral , estimant que  l’on est toujours le fondamentaliste ou le libÊral d’un autre . À titre personnel, il  apprÊcie la liturgie rÊformÊe , mais souhaite y  mettre des piques de spontanÊitÊ et de libertÊ. Mon culte idÊal serait pentecôtiste sur une structure rÊformÊe, pour avoir le squelette et la chair de quelque chose de bien pensÊ et en même temps la libertÊ de l’effusion spirituelle . Il a notamment ÊtÊ attirÊ par la FEEBF car elle sait  tenir ensemble des tendances charismatiques et plus classiques .

La vÊritÊ et le mystère

Les milieux pentecĂ´tisants de la FEBBF sont surtout implantĂŠs dans le nord de la France, oĂš exerce Christian de la Roque. Selon lui, l’identitĂŠ baptiste se trouve aussi dans le congrĂŠgationalisme, qu’il appelle ÂŤ la dĂŠlibĂŠration dĂŠmocratique au sein des diffĂŠrentes assemblĂŠes Âť. Le principe veut que toute dĂŠcision importe soit prise en assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale, et non pas par le conseil des anciens (ĂŠquivalent du conseil presbytĂŠral). Revers de la mĂŠdaille : ÂŤ Pour notre nouveau lieu de culte, nous avons mis dix ans Ă aboutir, lĂ oĂš d’autres mettent deux ou trois ans. Des fois, on peut les envier, car les choses vont plus vite, mais en fin de compte, nous sommes contents de ce que nous faisons et aussi de la manière de faire. Âť Erwan Cloarec est un jeune pasteur Ă Lyon, membre du Conseil local de la FPF et dĂŠlĂŠguĂŠ dĂŠpartemental du CNEF 69. Issu des milieux pentecĂ´tistes, il a choisi d’exercer son ministère chez les baptistes pour leur ouverture : ÂŤ Je me suis rattachĂŠ Ă la FĂŠdĂŠration baptiste pour sa culture du dialogue et sa capacitĂŠ Ă intĂŠgrer des sensibilitĂŠs et spiritualitĂŠs diverses, charismatiques comme expressions de la foi plus classiques. En tant que baptiste, on se trouve Ă la croisĂŠe de plusieurs rĂŠseaux, capables de faire dialoguer ensemble des conservateurs, des charismatiques, des luthĂŠriens, des rĂŠformĂŠs, des catholiques. Nous avons appris Ă ĂŞtre polyglottes. Âť Pour autant, il revendique la notion de ÂŤ vĂŠritĂŠ Âť, sans doute plus lointaine dans la culture luthĂŠro-rĂŠformĂŠe. ÂŤ Pour nous, le salut se trouve en JĂŠsusChrist seul, ce qui fonde notre dynamique missionnaire. Nous sommes orthodoxes en ce sens oĂš nous croyons aux catĂŠgories classiques du pĂŠchĂŠ et de la rĂŠdemption, mais encore Ă la prĂŠsence dans l’Évangile de repères ĂŠthiques communs Ă tous. S’il accueille le pĂŠcheur, Dieu ne valide ni ne bĂŠnit tous nos choix de vie. Âť D’oĂš les tensions qui sont apparues en interne Ă la FEEBF après le vote du synode de l’Église unie concernant la bĂŠnĂŠdiction des couples de mĂŞme sexe. Pour autant, Erwan Cloarec assume une part de mystère dans la foi. ÂŤ Ă€ la diffĂŠrence du pĂ´le piĂŠtisteorthodoxe de l’ÊvangĂŠlisme, ce n’est pas ultimement la passion de l’orthodoxie qui nous fonde. Comme il y a dans notre spiritualitĂŠ baptiste l’importance conjointe de la Parole et du geste, il y a aussi l’alliage de la vĂŠritĂŠ et du mystère. Âť Tout un programme, qui rend les rencontres de l’Ascension aussi riches que complexes.

LibertĂŠ religieuse

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Rapport du dÊpartement d’État amÊricain

La Commission amĂŠricaine sur la libertĂŠ religieuse internationale (USCIRF) au sein du DĂŠpartement d’État amĂŠricain, a publiĂŠ son rapport annuel 2016. La Birmanie, la Chine, l’ÉrythrĂŠe, l’Iran, la CorĂŠe du Nord, l’Arabie saoudite, le Soudan, mais aussi le TurkmĂŠnistan et l’OuzbĂŠkistan font partie des pays qui rĂŠpriment le plus les croyants. ÂŤ De diverses manières, la libertĂŠ religieuse Ă l’Êtranger a subi des assauts sĂŠrieux et soutenus depuis la publication du dernier rapport annuel de notre commission en 2015. De la situation des prisonniers d’opinion, Ă l’augmentation spectaculaire du nombre de rĂŠfugiĂŠs et de personnes dĂŠplacĂŠes, en passant par la poursuite des actes de fanatisme contre les juifs et les musulmans en Europe ou d’autres violations, les victimes ne manquent pas. Âť La Commission amĂŠricaine sur la libertĂŠ religieuse internationale (USCIRF) a publiĂŠ lundi 2 mai son rapport annuel 2016. Cette 17e ĂŠdition – depuis la crĂŠation de la Commission en 1998 – documente les violations de la libertĂŠ religieuse dans plus de 30 pays, fait des recommandations spĂŠcifiques Ă chacun, et ĂŠvalue la mise en Ĺ“uvre par le gouvernement amĂŠricain de la loi de 1998 sur la libertĂŠ religieuse dans le monde.

Pays particulièrement prÊoccupants

Cette annĂŠe, l’USCIRF propose au DĂŠpartement d’État amĂŠricain de maintenir neuf pays dans la liste noire des pays ÂŤ particulièrement prĂŠoccupants Âť oĂš la rĂŠpression est la plus forte : Birmanie, Chine, ÉrythrĂŠe, Iran, CorĂŠe du Nord, Arabie saoudite, Soudan, TurkmĂŠnistan et OuzbĂŠkistan. Mais cet organe consultatif du gouvernement fĂŠdĂŠral amĂŠricain suggère d’y ajouter huit autres pays : la RĂŠpublique centrafricaine, l’Égypte, l’Irak, le Nigeria, le Pakistan, la Syrie, le Tadjikistan et le Vietnam. Une autre liste de dix pays pratiquant ou tolĂŠrant des violations d’un niveau moindre est ĂŠgalement proposĂŠe, parmi lesquels l’Afghanistan, Cuba, l’Inde, l’IndonĂŠsie, la Russie ou la Turquie. Enfin, le rapport note des violations de la libertĂŠ religieuse dans d’autres pays ou grandes rĂŠgions, dont ÂŤ la Corne de l’Afrique Âť et l’ Europe de l’Ouest Âť. Grâce aux progrès accomplis, Chypre et le Sri Lanka quittent en revanche cette catĂŠgorie cette annĂŠe.

Personnes emprisonnĂŠes

Dès l’introduction, le rapport relate une longue liste d’atteintes Ă la libertĂŠ religieuse en Chine (arrestation de pasteurs, campagne de destruction de croix‌), en ÉrythrĂŠe ÂŤ oĂš 1 200 Ă 3 000 personnes sont emprisonnĂŠes pour des motifs religieux Âť, en CorĂŠe du Nord ÂŤ oĂš la libertĂŠ religieuse est inexistante Âť, mais aussi en Arabie saoudite qui ÂŤ interdit tout culte public non-musulman et continue de poursuivre et d’emprisonner des individus pour la dissidence, l’apostasie, le blasphème ou la sorcellerie Âť. Outre le ÂŤ nombre important de personnes emprisonnĂŠes sur la base de la religion Âť, l’USCIRF s’alarme aussi de ÂŤ la crise des rĂŠfugiĂŠs Âť et voit la


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 6

religion comme  un facteur dans les crises humanitaires mondiales . Le rapport cite notamment les Rohingyas musulmans  contraints de fuir leurs foyers en Birmanie  mais aussi les YÊzidis, chrÊtiens, musulmans chiites et sunnites musulmans  qui ne souscrivent pas à l’interprÊtation barbare de l’islam du groupe terroriste Daech  en Irak ou en Syrie.

Haine et violence contre les musulmans et les juifs en Europe

Cet afflux massif de migrants ÂŤ a alimentĂŠ une marĂŠe dĂŠjĂ haute de haine et de violence ciblant les musulmans et les juifs, en particulier en Europe occidentale Âť, indique le rapport au terme de cette introduction. Les actes ÂŤ anti-musulmans Âť – allant du ÂŤ harcèlement verbal au vandalisme ou Ă des agressions violentes Âť – ont augmentĂŠ dans plusieurs pays d’Europe occidentale, s’inquiète l’USCIRF, pointant la responsabilitĂŠ des ÂŤ partis xĂŠnophobes nationalistes Âť et les groupes ÂŤ notamment nĂŠonazis Âť. Les juifs ont ĂŠtĂŠ de plus en plus ciblĂŠs eux aussi, par ces groupes ÂŤ ainsi que par des extrĂŠmistes islamistes qui cherchent leurs recrues parmi les membres mĂŠcontents des communautĂŠs musulmanes  : attentats de Paris de janvier 2015, attaque contre le musĂŠe juif Ă Bruxelles en 2014, contre une synagogue Ă Copenhague‌ Des attaques terroristes qui produisent Ă leur tour ÂŤ des contrecoups contre les musulmans Âť eux-mĂŞmes, ÂŤ accusĂŠs collectivement Âť de cette violence.

Une action continue et efficace

Pour l’USCIRF, toutes ces violations  appellent une action continue de la part de la communautÊ internationale, y compris des États-Unis .

 Pour être efficace, une telle action doit reconnaÎtre le fait indÊniable que la libertÊ religieuse est un point commun à chacun de ces dÊfis, et mÊrite d’être traitÊe lorsque les nations discutent d’humanitaire, de sÊcuritÊ ou d’autres questions urgentes , conclut le rapport, qui invite les États-Unis et les autres pays à accorder à ce droit  le respect qu’il mÊrite .

(VOA (Voice of america)/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

États-Unis - John Kerry et le rĂ´le de la religion en politique ĂŠtrangère

Le rĂ´le de la religion dans la politique ĂŠtrangère des États-Unis est d’importance vitale, mais il n’est pas toujours très bien compris. C’est ce qu’a affirmĂŠ le secrĂŠtaire d’État amĂŠricain John Kerry, lors d’un discours prononcĂŠ dans le Texas. John Kerry a notĂŠ que la religion, Ă travers l'histoire , a jouĂŠ un rĂ´le majeur dans la dĂŠtermination des frontières politiques et ĂŠconomiques dans le monde, et que c’est encore vrai aujourd’hui : ÂŤ La religion reste profondĂŠment correlative, affectant les valeurs, actions, choix et visions du monde de chaque couche sociale sur tous les continents, et aussi ici-mĂŞme chez nous. Elle fait partie de ce qui pousse certains Ă initier une guerre, et d’autres Ă rechercher la paix ; certains Ă s’organiser pour le changement, et d’autres Ă se cramponner dĂŠsespĂŠrĂŠment aux vieilles mĂŠthodes, Ă rĂŠsister au modernisme ; certains Ă tendre avec enthousiasme la

main au-dessus des frontières et des croyances ; et d’autres Ă construire des murs toujours plus ĂŠlevĂŠs pour sĂŠparer un groupe d’un autre Âť. Peu après ĂŞtre devenu le chef de la diplomatie amĂŠricaine en 2013, M. Kerry a crĂŠĂŠ, au DĂŠpartement d’État, le Bureau des religions et affaires mondiales dans le cadre de l’Initiative de l’administration Obama pour encourager la coopĂŠration interconfessionnelle dans la rĂŠsolution de nombre de questions importantes : ÂŤ L’annĂŠe dernière, par exemple, nous avons co-parrainĂŠ des ateliers pour les leaders religieux au Nigeria. Le thème ĂŠtait Ă la fois moral et pratique : la corruption. Les leaders religieux ĂŠtaient profondĂŠment prĂŠoccupĂŠs par l’impact de la corruption sur leur pays et leurs communautĂŠs. Mais ils ont reconnu que relever un tel grand dĂŠfi ne serait pas chose aisĂŠe. Pour citer un des participants, quand vous combattez la corruption, la corruption riposte Âť. Ils ont ainsi adoptĂŠ un plan d’action pour des rĂŠformes Ă tous les niveaux, et pour enseigner aux citoyens comment devenir des lanceurs d’alerte et prĂŞcher devant leurs fidèles que la corruption n’est pas une sorte de partie inĂŠvitable de l’existence humaine, mais plutĂ´t des abus que l’on peut et doit arrĂŞter. Un autre objectif de l’Initiative interconfessionnelle de l’administration Obama, a dit le chef de la diplomatie amĂŠricaine, c’est la protection des minoritĂŠs religieuses et ethniques qui font face Ă la persĂŠcution Ă travers le monde. Pour John Kerry, il s’agit-lĂ d’un test fondamental de la civilisation ellemĂŞme : ÂŤ Nous pensons que les gens doivent ĂŞtre libres de choisir leur foi, de changer de foi, de parler de leur foi et d’enseigner leur foi sans peur, ni intimidation. Et cette libertĂŠ d’identitĂŠ religieuse et ethnique ne dĂŠpend pas du nombre. Les minoritĂŠs religieuses doivent avoir les mĂŞmes droits que les majoritĂŠs Âť. Le secrĂŠtaire d’État amĂŠricain a ajoutĂŠ que des groupes extrĂŠmistes comme l’organisation État islamique se cachent derrière la religion pour commettre des atrocitĂŠs, y compris le gĂŠnocide de minoritĂŠs religieuses.

(Le Monde/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Les actes antisĂŠmites et antimusulmans en baisse de 80 % au premier trimestre

Le ministre de l’intĂŠrieur, Bernard Cazeneuve, a annoncĂŠ le lundi 9 mai que les actes antisĂŠmites et antimusulmans avaient baissĂŠ de 80 % au premier trimestre 2016, par rapport Ă la mĂŞme pĂŠriode, l’an dernier. ÂŤ Ă€ chaque fois qu’il y a un acte antisĂŠmite, raciste, antimusulman, antichrĂŠtien, les prĂŠfets dĂŠposent plainte auprès des procureurs de la RĂŠpublique, il y a donc une fermetĂŠ absolue Âť, a soulignĂŠ le ministre lors d’une confĂŠrence des Amis du CRIF (Conseil reprĂŠsentatif des institutions juives de France) Ă Paris.

La vigilance mutuelle commence Ă porter ses fruits

M. Cazeneuve a tenu cependant à nuancer ces chiffres satisfaisants :  On pourrait dire ça y est, la


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 7

bataille est gagnĂŠe : je ne le crois pas car, quand il y a eu autant de violence et autant de haine, la diminution des actes ne signifie pas que la sociĂŠtĂŠ a surmontĂŠ [la violence], cela signifie que la vigilance mutuelle que nous avons mise sur le mĂŠtier commence Ă porter ses fruits. Âť ÂŤ Cela ne doit pas altĂŠrer notre mobilisation, mais au contraire la renforcer Âť, a-t-il estimĂŠ, tout en reconnaissant que cette baisse signifie qu’ il y a dans ce pays, malgrĂŠ l’ardeur de ceux qui ont la haine au cĹ“ur (‌), des volontĂŠs de fraternitĂŠ et de solidaritĂŠ, qui, comme souvent dans l’histoire de notre pays, l’emportent sur le pire Âť. Les chiffres des actes antimusulmans au premier trimestre ĂŠtaient dĂŠjĂ connus, l’Observatoire national contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) les ayant constatĂŠs en baisse de 82 % par rapport Ă la mĂŞme pĂŠriode de 2015, sur la base des plaintes et mains courantes recensĂŠes par le ministère de l’intĂŠrieur. Mais aucun chiffre sur l’antisĂŠmitisme n’Êtait jusqu’à prĂŠsent disponible pour l’annĂŠe 2016.

(Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – Une lycĂŠenne et sa mère portent plainte contre un lycĂŠe pour discrimination religieuse

Pour Marie-Christine De Sousa, cela ne fait aucun doute : sa fille s'est vu refuser l'entrĂŠe Ă son lycĂŠe en raison de sa tenue. Mardi dernier, cette ĂŠlève de 16 ans vĂŞtue d'une robe longue noire n'avait pas pu passer le portail de son lycĂŠe Flora Tristan Ă Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne. Convertie Ă l'Islam en 2015, elle avait fait l'objet d'un suivi par son ĂŠtablissement scolaire. Mardi, sa mère a dĂŠcidĂŠ de porter plainte auprès du commissariat de la commune contre le lycĂŠe pour discrimination en raison de la religion. Lors de sa dĂŠposition, la jeune fille accompagnĂŠe de sa mère affirme que le corps enseignant lui aurait indiquĂŠ que sa tenue ĂŠtait inadĂŠquate et s'apparentait Ă ÂŤ un signe ostentatoire religieux Âť, incompatible avec la loi de 2004 sur la laĂŻcitĂŠ Ă l'ĂŠcole qui ÂŤ interdit les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse Âť. Mais d'après l'acadĂŠmie de CrĂŠteil dont dĂŠpend le lycĂŠe, le refus serait dĂť aux ĂŠchanges conflictuels entre la jeune fille convertie Ă l'islam en 2015 et l'ĂŠquipe ĂŠducative qui tentait de comprendre les raisons de son changement de tenue. Lorsque l'ĂŠquipe ĂŠducative remarque le changement de style vestimentaire de cette lycĂŠenne en classe de première, Ă savoir une longue robe noire, elle dĂŠcide de discuter avec elle afin d'en connaĂŽtre la raison. ÂŤ Il faut savoir que sa mère avait signalĂŠ des soupçons de radicalisation et demandĂŠ un suivi, ce qui a accru la vigilance du corps enseignant Âť, prĂŠcise l'acadĂŠmie de CrĂŠteil au Figaro. Le lundi 9 mai, la CPE la convoque afin d’en discuter. Un ĂŠchange houleux auquel la jeune fille a mis fin prĂŠmaturĂŠment d'après la proviseure adjointe, tĂŠmoin de la scène. La proviseure la convoque alors Ă son tour mais lĂ aussi, l'ĂŠchange est difficile. Le lendemain, aux alentours de 13 heures, elle serait arrivĂŠe vĂŞtue d'un gilet arrivant aux genoux, de baskets et Ă nouveau de sa longue robe noire. Sa mère, Marie-Christine de Sousa, affirme au journal que c'est la proviseure qui l'a accueillie Ă l'entrĂŠe :

ÂŤ Elle lui a signifiĂŠ qu'elle ĂŠtait interdite d'entrĂŠe dans l'ĂŠtablissement avec cette tenue, sans lui expliquer pourquoi Âť. La jeune fille enregistre l'ĂŠchange, tendu, avec la proviseure.

Ă€ aucun moment il n'a ĂŠtĂŠ question d'exclusion

ÂŤ Ce n'est pas la tenue mais l'attitude qui a poussĂŠ le corps enseignant Ă lui refuser l'accès Ă l'ĂŠtablissement, nous affirme l'acadĂŠmie de CrĂŠteil. Le dialogue n'ĂŠtait pas serein et la pression s'est accrue. Une forme de dĂŠfiance a ĂŠtĂŠ ressentie, notamment en raison du fait qu'elle a enregistrĂŠ l'ĂŠchange avec la proviseure et l'a ensuite fait ĂŠcouter autour d'elle. Ă€ aucun moment il n'a ĂŠtĂŠ question d'exclusion et le dialogue avec la mère n'a ĂŠtĂŠ interrompu. Nous l'avons contactĂŠe Ă deux reprises mardi matin et en fin d'après-midi Âť. Et pour cause : depuis le mercredi 11 mai, la jeune fille suit normalement ses cours mais ÂŤ dans une tenue diffĂŠrente Âť d'après une information du commissariat. ÂŤ Notre prioritĂŠ est que les ĂŠlèves suivent normalement leur cursus scolaire, poursuit l'acadĂŠmie. Une robe longue et noire n'est bien entendu par un motif d'exclusion et n'est pas interdite Âť. L'affaire avait ĂŠtĂŠ dĂŠvoilĂŠe au grand jour mardi 3 mai lorsque le Collectif contre l'Islamophobie en France affirmait dans un communiquĂŠ que celle qu'ils surnomment ÂŤ Fannie Âť avait ĂŠtĂŠ expulsĂŠe de l'ĂŠtablissement. ÂŤ Ce mercredi 3 mai, Fannie a eu de son cĂ´tĂŠ un entretien avec la directrice qui lui a confirmĂŠ son exclusionÂť, est-il prĂŠcisĂŠ. En 2015, une collĂŠgienne de troisième d'un lycĂŠe dans les Ardennes avait ĂŠtĂŠ exclue Ă deux reprises en raison de sa jupe noire jugĂŠe ÂŤ trop longue Âť. Sur Twitter, le hashtag #JePorteMaJupeCommeJeVeux avait ĂŠmergĂŠ après la mobilisation de la communautĂŠ en ligne. InterrogĂŠ dans Le Figaro, le principal du collège Rameau de Versailles et membre du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN) Michel Richard expliquait Ă cette occasion que la pĂŠdagogie prime dans ce genre de situation. Selon lui, il faut ÂŤ convaincre plutĂ´t que contraindre Âť : ÂŤ Si les parents en sont Ă l'origine, le dialogue est plus difficile ; s'il s'agit d'initiatives individuelles, les choses sont plus faciles Âť.

SociĂŠtĂŠ

(Cath.ch/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

GĂŠnève, Suisse – La moitiĂŠ des Suisses croient en un Dieu unique

En Suisse, près d’une personne sur deux affirme croire en un Dieu unique, et une sur quatre en une puissance supĂŠrieure. 22% de la population se disent sans religion, mais seuls 12% se dĂŠclarent athĂŠes. MĂŞme si les lieux de culte traditionnels ont tendance Ă se vider, les pratiques et les croyances religieuses et spirituelles se maintiennent et se diversifient. C’est ce que dĂŠmontre l’enquĂŞte sur la langue, la religion et la culture rĂŠalisĂŠe par l’Office fĂŠdĂŠral de la statistique (OFS) en 2014 et publiĂŠ le 22 avril 2016. Les participants Ă l’enquĂŞte se dĂŠclarant catholiques ou protestants sont respectivement 59% et 46% Ă affirmer croire en un Dieu unique. Un cinquième (20%) des premiers et près d’un tiers (30%) des seconds s’identifient plutĂ´t Ă la croyance en une puissance supĂŠrieure. Les membres des autres communautĂŠs ĂŠvangĂŠliques (92%)


BIA - N° 403 - Mai 2016 - 8

et les musulmans (90%) affirment beaucoup plus largement croire en un Dieu unique.

Les lieux de culte riment avec mariages, baptĂŞmes et enterrements

La grande majoritĂŠ des personnes âgĂŠes de 15 ans ou plus (71%) s’est rendue au maximum 5 fois dans l’annĂŠe dans un lieu de culte pour y suivre un service religieux collectif. 30% n’y sont jamais allĂŠes et 41% entre une et cinq fois. Ces visiteurs occasionnels sont 87% Ă l’avoir fait lors d’un ĂŠvĂŠnement social, tels qu’un mariage ou un enterrement.

Des musulmans pas plus pratiquants que les chrĂŠtiens

14% des catholiques indiquent participer Ă la messe au moins une fois par semaine. Les protestants ne sont que 7% Ă se rendre au culte tous les dimanches. 12% des musulmans frĂŠquentent la prière collective chaque semaine. Mais 46% d’entre eux n’ont participĂŠ Ă aucun service religieux au cours des douze derniers mois. La prière personnelle reflète la mĂŞme tendance. Près d’un tiers des catholiques (30%) et un sixième (17%) des musulmans dĂŠclarent prier tous les jours ou presque. Mais les musulmans sont proportionnellement plus nombreux (40%) Ă n’avoir jamais priĂŠ au cours des douze derniers mois que les protestants (34%) et les catholiques (26%). Les membres des communautĂŠs ĂŠvangĂŠliques se distinguent quant Ă eux par une pratique beaucoup plus intense. Ils sont en effet 72% Ă suivre un office religieux au moins une fois par semaine, 34% Ă prier plusieurs fois par jour et 51% tous les jours ou presque.

Sans confession mais pas sans spiritualitĂŠ

Plus d’une personne sur cinq (22%) dĂŠclare ne pas avoir de religion, mais seul un tiers de celles-ci se dit athĂŠe et un quart agnostique, c’est-Ă -dire ne sachant pas si un ou des dieux existent. Une personne sans confession sur dix affirme croire en un Dieu unique et 31% en une puissance supĂŠrieure. Sans surprise les personnes sans confession ont une pratique religieuse faible : Ă peine 3% se sont rendues au moins une fois par mois dans un lieu de culte pour y suivre un service religieux, 12% l’ont fait via un mĂŠdia, c’est-Ă -dire Ă la tĂŠlĂŠvision, Ă la radio ou sur Internet. Toujours parmi les personnes sans confession, 31% croient qu’une force supĂŠrieure guide leur destinĂŠe et 41% que des personnes possèdent un don de guĂŠrison ou de voyance. L’existence d’une vie après la mort est une croyance partagĂŠe par 29% d’entre elles et 12% dĂŠclarent lire rĂŠgulièrement un livre ou un magazine traitant d’ÊsotĂŠrisme ou de spiritualitĂŠ.

Les femmes plus croyantes et plus spirituelles

Les femmes prient plus que les hommes ; 35% d’entre

Commission paritaire 1111 G 88583 DĂŠpĂ´t lĂŠgal N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

elles ont dĂŠclarĂŠ le faire au moins tous les jours ou presque contre 20% des hommes. Elles sont ĂŠgalement plus enclines Ă adhĂŠrer Ă diverses croyances. Par exemple 58% de la gent fĂŠminine croient que des anges ou des ĂŞtres surnaturels veillent sur nous, contre 37% des hommes. Par ailleurs, plus d’une femme sur deux (56%) croit que des personnes possèdent un don de guĂŠrison ou de voyance, alors que c’est le cas de 42% des hommes. Les diverses pratiques spirituelles sont ĂŠgalement plus rĂŠpandues parmi les femmes. Ainsi, elles sont 27% Ă pratiquer, de façon spirituelle, une technique basĂŠe sur le mouvement ou la respiration alors que les hommes sont 11% Ă le faire.

Religion et spiritualitĂŠ importantes dans les moments difficiles de la vie

Plus d’une personne sur deux (56%) considère que la religion ou la spiritualitĂŠ joue un rĂ´le plutĂ´t ou très important dans les moments difficiles de la vie, et 47% en cas de maladie. Dans leur attitude envers l’environnement, 43% de la population, âgĂŠe de 15 ans ou plus, accorde de l’importance Ă la religion ou Ă la spiritualitĂŠ, et c’est le cas de 47% dans l’Êducation des enfants. La vie professionnelle (23%), le choix lors d’Êlections ou l’orientation politique (16%) ou la vie sexuelle (16%) ou encore les habitudes alimentaires (13%) sont des domaines de la vie quotidienne pour lesquels la dimension religieuse ou spirituelle est moins importante.

Des pratiques spirituelles rĂŠgionales

Le recours à un guÊrisseur est plus populaire en Suisse romande (13% l’ont fait au cours des douze derniers mois) qu’en Suisse alÊmanique (4%) et en Suisse italienne (5%). L’utilisation d’objets apportant chance, protection ou guÊrison concerne cette fois un peu plus les Suisses alÊmaniques : 23% contre 20% des Suisses italiens et 19% des Suisses romands. Enfin, la Suisse italienne se distingue par une part plus faible de personnes ayant entrepris des dÊmarches allant dans le sens du dÊveloppement personnel (12% contre 22% en Suisse alÊmanique et 21% en Suisse romande).

38% de catholiques, 28% de protestants

Selon l’Êtude de l’OFS, rÊalisÊe par sondage, 38% des habitants de la suisse se disent catholiques, 26% membres d’une Église nationale protestante, 1,7% se rattache à une communautÊ ÊvangÊlique, 5,7% sont liÊs à d’autres Églises chrÊtiennes, orthodoxes, luthÊrienne et anglicane notamment. Les musulmans forment 5% de la population suisse, ce chiffre rassemble les sunnites et les chiites, mais aussi les alÊvis et les autres communautÊs soufies. Enfin les autres religions, juifs, hindouistes, bouddhistes sont 1,5% de la population. Les sans religions sont 22%.

Abonnement France 18 â‚Ź d’un an Outre Mer 19 â‚Ź CEE et Suisse 20 â‚Ź Autres pays et abonnement en cours d’annĂŠe : nous consulter. Au nom du ÂŤ BIA Âť Règlement CCP – La Source 46 727 83 C


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.