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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 37e annÊe • n° 403 - Mai 2016
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Nouvelles des Églises adventistes Paris, France - L’exclusivitÊ adventiste ?
Alberta, Canada - Un feu de forĂŞt conduit Ă l’Êvacuation de 88 000 personnes Miami, Floride - BaptĂŞmes de plus de 4000 personnes
FĂŠdĂŠration protestante de France
Paris, France - Les protestants historiques dĂŠnoncent
 l’accueil trop parcimonieux des rÊfugiÊs  Paris, France - Les baptistes, entre modernitÊ et orthodoxie
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - Rapport du DÊpartement d’État amÊricain
États-Unis - John Kerry et le rôle de la religion en politique Êtrangère Paris, France - Les actes antisÊmites et antimusulmans en au baisse de 80 % au premier trimestre
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Paris, France - Une lycÊenne et sa mère portent plainte contre un lycÊe pour discrimination religieuse
SociĂŠtĂŠ
Genève, Suisse - La moitiÊ des Suisses croient en un Dieu unique
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre
BIA - N° 403 - Mai 2016 - 2
Nouvelles des Églises adventistes
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – L’exclusivitÊ adventiste ?
Le dimanche soir 24 avril, la tÊlÊvision TV5 a diffusÊ, dans le cadre de son exploration des composantes de la sociÊtÊ française, le film documentaire  Protestants de France  intitulÊ  Une blessure française . Au cours de cet excellent film de 52 minutes, deux sommitÊs du monde protestant ont apportÊ leurs connaissances et leur aval pour la rÊalisation de ce documentaire : SÊbastien Fath, historien spÊcialisÊ dans l’Êtude du protestantisme ÊvangÊlique, chercheur au CNRS depuis 1999, membre du laboratoire Groupe SociÊtÊs, Religions, et Patrick Cabanel, historien, directeur d’Êtudes à l’École Pratique des Hautes Études, titulaire de deux chaires : Histoire et sociologie du protestantisme et Histoire et sociologie de la laïcitÊ. Dans l’un des tÊmoignages, celui d’Eric Ruf, acteur et administrateur de la ComÊdie française, en parmant de son expÊrience comme enfant, en Suisse, il cite l’expÊrience de ses grands parents, dont l’un Êtait pasteur protestant norvÊgien et l’autre pasteur adventiste suisse. En parlant des adventistes il cite les propos de sa grand mère qui dÊclarait que  seuls les adventistes seront sauvÊs . Cette exclusivitÊ n’a pourtant jamais ÊtÊ enseignÊ par les adventistes. Ils ne croient pas que le seul christianisme soit limitÊ à leur seule institution et refusent de se montrer exclusifs au point d’avoir fait plusieurs dÊclarations : En 1925 :  Nous reconnaissons que toute organisation qui prÊsente le Christ aux hommes est un ÊlÊment du plan divin pour l’ÊvangÊlisation du monde, et nous avons un très profond respect pour les chrÊtiens des autres confessions religieuses qui sont engagÊs à gagner des âmes à Christ.  Working Policy, ConfÊrence gÊnÊrale des adventistes du septième jour. Depuis  Nous reconnaissons que la vÊritable religion est fondÊe sur la conscience et la conviction. C’est la raison pour laquelle nous veillons à ce qu’aucun intÊrêt Êgoïste ou avantage temporel ne pousse une personne à se joindre à notre communautÊ et qu’aucun lien ne retienne un membre dans notre Église, sauf la conviction qu’en y appartenant, il peut trouver la voie lui permettant d’entrer en relation Êtroite avec le Christ. Si un changement de conviction conduit un membre de notre Église à ne plus se sentir en harmonie avec la foi adventiste, nous lui reconnaissons non seulement le droit mais aussi la responsabilitÊ de changer son affiliation religieuse en fonction de ses convictions, sans qu’il ait pour cela à subir l’opprobre. Nous attendons des autres organisations religieuses qu’elles manifestent le même esprit en matière de libertÊ religieuse . GC Working Policy 2004-2005 p.496
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Alberta, Canada – Un feu de forêt conduit à l’Êvacuation de 88 000 personnes dans la province d’Alberta au Canada
Les leaders de l’Église adventiste du septième jour au Canada ont surveillÊ de près l’Êvolution d’un feu de forêt à Fort McMurray dans la province d’Alberta au Canada, qui a conduit le gouvernement local à dÊclarer l’Êtat d’urgence et a amenÊ plus de 80 000 personnes à abandonner leurs maisons. Un ordre d’Êvacuation a ÊtÊ dÊcrÊtÊ le 4 mai lorsque le feu s’est rÊpandu au delà des fleuves Athabasca et Hanginstone et a englouti plusieurs quartiers dans les flammes. Entre 18 000 et 22 000 rÊsidents ayant fui leurs maisons se sont rendu à Edmonton, la plus grande ville voisine situÊe au sud de Fort McMurray, alors que tous les autres ont dÝ se diriger vers le nord, beaucoup d’entre eux ont dÝ être hÊbergÊs dans des camps de travail. Le feu s’est propagÊ sur plus de 85 000 hectares, ou plus de 530 kilomètres, et a dÊtruit plus de 50 % de la ville. Le feu de forêt, alimentÊ par le temps sec et par le vent, a doublÊ de volume et a changÊ de direction. D’après certains rapports, certaines communautÊs auraient perdu jusqu’à 80 % de leurs foyers.  Nos pensÊes et nos prières vont vers tous ceux dont la vie est touchÊe par les incendies qui se sont dÊclarÊs ici , a dÊclarÊ Mark Johnson, prÊsident de l’Église adventiste du septième jour au Canada.  Nous continuons d’examiner les rapports pour savoir si nos familles adventistes dans la communautÊ se portent bien . L’Église adventiste du septième jour du Sud d’Edmonton, et au moins 10 familles adventistes de la rÊgion, ont ouvert leurs portes aux familles dÊplacÊes. L’Agence adventiste de dÊveloppement et d’aide humanitaire au Canada (ADRA-Canada) et la FÊdÊration de l’Alberta ont Êtabli un partenariat avec la Croix-Rouge pour venir en aide aux rÊsidents touchÊs par la catastrophe.
(DIA/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Miami, Floride – Un protocole d’accord Êtabli dans l’intÊrêt des hôpitaux adventistes
Un protocole d’accord signÊ rÊcemment entre les administrateurs de Health City Iles Caïman et les Services de santÊ adventiste en Inter AmÊrique (AHS-IA) permettra d’offrir des actes de chirurgie cardiaque gratuits aux enfants et des chirurgies peu intrusives à des coÝts abordables dans les hôpitaux adventistes de la Caraïbe. Healh City Iles Caïman est un hôpital très moderne accrÊditÊ offrant des soins tertiaires. Il se trouve à Grand Caïman et propose des soins mÊdicaux de classe mondiale à des coÝts abordables à travers des centres d’excellence oÚ ces soins sont effectuÊs. Le protocole d’accord aidera à Êtablir une relation de travail dans les six hôpitaux adventistes en Inter AmÊrique dans un premier temps, ce qui aidera à identifier et à retenir des jeunes patients touchÊs par des malformations cardiaques. Il offrira d’autres services mÊdicaux aux adultes. L’accord comprend Êgalement la mise en place de laboratoires de cathÊtÊrisme cardiaque gÊrÊs par HCCI, ainsi que l’acquisition de nouveaux Êquipe-
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ments mÊdicaux, de produits pharmaceutiques et de consommables à moindre coÝt.  Nous sommes honorÊs de faire partie de ce projet,  a dÊclarÊ Chandy Abraham, PDG de Health City Iles Caïman, en s’adressant aux leaders de la Division Inter AmÊricaine le 18 avril 2016.  L’Église adventiste dispose d’hôpitaux missionnaires dans bien des Îles de la Caraïbe qui sont en phase avec nos convictions . Cette convention est signÊe pour 5 ans avec, en option, une reconduction ur 3 ans selon les termes du contrat.  C’est un moment important pour la Division Inter AmÊricaine , a affirmÊ le pasteur IsraÍl Leito, prÊsident de l’Église adventiste en Inter AmÊrique.  Ce projet conjoint Êtendra la mission de cette institution mondialement reconnue et de nos hôpitaux adventistes auprès du grand public là oÚ nous sommes implantÊs.  Selon les indications d’Élie HonorÊ, le prÊsident d’AHS-IA les hôpitaux adventistes concernÊs par cet accord sont : - l’Hôpital Andrews en Jamaïque, - Community Hospital à Trinidad, - le Centre MÊdical Vista del Jardin en RÊpublique Dominicaine, - l’Hôpital adventiste d’Haïti en Haïti.
L’affiliation avec HCCI positionnera les institutions sur un même niveau et elles auront un accès direct aux autres ressources techniques professionnelles d’après Élie HonorÊ.  C’est une bonne opportunitÊ de servir notre communautÊ à un excellent niveau là oÚ nous n’aurions pu aider autrement. L’objectif est de retenir 100 patients âgÊs de 0 à 18 ans chaque annÊe pour qu’ils bÊnÊficient d’opÊrations chirurgicales gratuites , a t-il complÊtÊ.
 Nos hôpitaux joueront un rôle crucial dans l’examen des patients qui peuvent bÊnÊficier de ce merveilleux ministère missionnaire dans nos institutions mÊdicales  a expliquÊ Élie HonorÊ.
Le document signÊ comprend un accord selon lequel AHS-IA soumettrait à HCCI les patients ayant besoin de services pour adultes et des services pÊdiatriques tels que la chirurgie cardiothoracique et vasculaire, la cardiologie, l’orthopÊdie, la mÊdecine du sport, l’oncologie, les sciences neurologiques, la pulmonologie, la chirurgie gastro-intestinale et bariatrique, ainsi que d’autres spÊcialitÊs.
FĂŠdĂŠration protestante de France
(Cath.ch/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Les protestants historiques dÊnoncent  l’accueil trop parcimonieux des rÊfugiÊs 
Les protestants de France dĂŠnoncent le manque de gĂŠnĂŠrositĂŠ de la France dans l’accueil des rĂŠfugiĂŠs. RĂŠunis en Synode national Ă Nancy la semaine de l’Ascension 2016, les 200 dĂŠlĂŠguĂŠs de l’Église protestante unie de France (EPUDF), qui regroupe depuis 2013 l’Église rĂŠformĂŠe et l’Église ĂŠvangĂŠlique luthĂŠrienne, ont notamment rĂŠclamĂŠ une politique de solidaritĂŠ envers les exilĂŠs arrivant de Syrie et d’Irak. Dans son message d’ouverture intitulĂŠ ÂŤ De la peur Ă
l’encouragement , le pasteur Laurent Schlumberger, prÊsident du Conseil national de l’EPUDF, a appelÊ l’assemblÊe à choisir la confiance comme antidote à la peur qui ronge les rapports sociaux. Il a exhortÊ les membres de son Église à vivre cette confiance comme un puissant levier pour mieux assumer leur responsabilitÊ sociale. Cet appel a ÊtÊ particulièrement entendu.
Pour une politique Ă la fois gĂŠnĂŠreuse et rĂŠaliste des exilĂŠs
Les dÊlÊguÊs protestants ont ainsi votÊ  à la quasiunanimitÊ deux rÊsolutions demandant, d’une part, l’organisation d’une protestation publique contre l’accueil trop parcimonieux des rÊfugiÊs en France et, d’autre part, l’interpellation du gouvernement français afin qu’il propose une politique à la fois gÊnÊreuse et rÊaliste des exilÊs syro-irakiens . Le Synode a transmis des recommandations pour la vie de l’Église, en vue de dÊvelopper son engagement pour être  une Église de tÊmoins . Dans son message au Synode, le pasteur Schlumberger a soulignÊ que  la peur est une ressource prÊcieuse pour tout gouvernement, qui dispose ainsi d’un dÊrivatif par rapport à son impuissance dans d’autres domaines . Et de dÊplorer que depuis un an,  nous avons assistÊ à l’irruption de peurs sociales violentes et porteuses d’effets potentiellement ravageurs. La peur issue des attentats, jointe à la dÊsignation de l’Êtranger du Sud comme Êtant une menace, et à une frilositÊ politique pas très ÊloignÊe de la paralysie, prÊpare des lendemains qui pourraient être très pÊrilleux .  C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, brandir la peur, l’entretenir, fait courir un grand pÊril à notre vie dÊmocratique et même aux ressorts profonds de notre culture .
Injonction populiste
Le prÊsident du Conseil national de l’EPUDF relève la tentation –  explicitement chez quelques-uns, insidieusement chez beaucoup  – de faire un amalgame dramatique avec la question des rÊfugiÊs du Proche et du Moyen-Orient et d’une partie de l’Afrique.  Sous les doubles effets de la peur et de l’injonction populiste, bien des gouvernements europÊens mettent des restrictions radicales à l’accueil non pas seulement de migrants mais aussi de rÊfugiÊs . Le pasteur Schlumberger regrette ainsi que le gouvernement français soit l’un des plus limitatifs  au regard des valeurs et des capacitÊs de notre pays . Il s’est engagÊ, en septembre dernier, à accueillir 30 000 rÊfugiÊs du Proche-Orient sur deux ans, à comparer par exemple aux 25 000 rÊfugiÊs accueillis ces trois derniers mois dans un Canada presque deux fois moins peuplÊ que la France et qui vient de s’engager à en accueillir 10 000 de plus.  Et encore l’engagement français n’est-il à ce jour rÊalisÊ qu’à hauteur de quelques centaines de familles. La moitiÊ des quelques 500 places d’accueil rendues disponibles sous la houlette de la FÊdÊration de l’entraide protestante restent vides ! 
Gratitude envers les ĂŠpiscopats francophones
En outre, le Synode national a pris acte  avec reconnaissance du fait que les Êpiscopats francophones ont dÝment interrogÊ le protestantisme français sur une modification dans la forme liturgique de la prière du Notre-Père .
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Il a donc recommandÊ à l’ensemble des paroisses de l’EPUDF d’adopter la nouvelle traduction, proposÊe par l’Église catholique, d’une des phrases du Notre-Père, prière fondamentale pour tous les chrÊtiens. Les arguments exÊgÊtiques peuvent justifier plusieurs traductions, sur cette phrase comme sur d’autres demandes du Notre-Père. Le Synode national recommande par consÊquent aux paroisses et Églises locales d’utiliser pour la sixième demande, la version  ne nous laisse pas entrer en tentation  retenue pour les Églises catholiques francophones  Le Synode, sensible à la dÊmarche de concertation catholique, a ainsi choisi de donner la prioritÊ à l’argument œcumÊnique, veillant à ce que les chrÊtiens francophones puissent continuer à dire ensemble le Notre-Père, comme ils le font dÊjà depuis 50 ans . À la veille de l’annÊe 2017, qui verra la commÊmoration des 500 ans de la RÊforme, le Synode de l’EPUDF dit sa  volontÊ renouvelÊe de tÊmoigner de sa foi et de son engagement dans la sociÊtÊ pour partager la confiance que Dieu offre à chacun .
(RĂŠforme/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Les baptistes, entre modernitÊ et orthodoxie
JoÍlle Sutter-Razanajohary, 54 ans, est pasteure de l’Église baptiste d’Annecy et vient d’être Êlue par ses pairs prÊsidente de la rÊgion Rhône-Alpes-Auvergne de la FÊdÊration des Églises ÊvangÊliques baptistes de France (FEEBF). Comme ses collègues, elle participe au congrès de la FEEBF (Êquivalent du synode), rÊuni à Pontoise, en rÊgion parisienne, les 5 et 6 mai, puis à la convention qui s’en est suivi avec pour ambition de rassembler le  peuple baptiste français . Certes, toutes les communautÊs baptistes ne sont pas membres de la FEEBF, mais cette dernière est nÊanmoins reprÊsentative. Les deux temps forts de l’Ascension sont l’occasion pour les baptistes de rÊflÊchir à leur identitÊ.  Être baptiste pour moi, aujourd’hui, tÊmoigne JoÍlle Sutter-Razanajohary, c’est être à la fois protestant et ÊvangÊlique, sans être exclusivement l’un ou l’autre. Je suis profondÊment attachÊe à l’histoire, j’apprÊcie l’univers intellectuel protestant, la lecture critique des textes. Mais j’aime Êgalement la culture professante des ÊvangÊliques, la spontanÊitÊ dans la prière. Les ÊvangÊliques nous traitent de libÊraux, et les protestants nous considèrent comme piÊtistes. J’aime cette mise en tension des deux. 
Entre le spirituel et le social
En 2006, JoÍlle Sutter-Razanajohary, alors enseignante de français et Êtudiante en thÊologie à la facultÊ Jean-Calvin d’Aix-en-Provence, accompagne son pasteur pour la prÊparation du congrès baptiste qui adopte le ministère fÊminin. Aujourd’hui, elle est l’une des rares femmes pasteurs ÊvangÊliques. Nombreux sont les baptistes qui la rejoignent dans sa dÊfinition du baptisme comme un entre-deux, un milieu, un pont entre les Églises luthÊro-rÊformÊes, rÊputÊes libÊrales, et les communautÊs ÊvangÊliques plus orthodoxes.  Ce n’est pas forcÊment un juste milieu, mais c’est un milieu dans lequel je me sens bien, sourit le pasteur Louis Schweitzer, ancien secrÊtaire gÊnÊral de la FÊdÊration protestante de France et ancien reprÊsentant des protestants au sein du ComitÊ consultatif national
d’Êthique. Les baptistes ont un côtÊ modÊrÊ, assez ouvert et dÊtendu.  Il fait remarquer que la FEEBF est l’une des rares instances ÊvangÊliques à être institutionnellement impliquÊe dans le dialogue œcumÊnique avec les catholiques. De plus,  le lien que nous Êtablissons entre l’ÊvangÊlisation et l’action sociale fait partie de notre Êquilibre, contrairement à certains ÊvangÊliques qui ne jurent que par le spirituel ou d’autres protestants pour qui seul compte le social . Les baptistes ont à la fois une mission intÊrieure consacrÊe à l’ÊvangÊlisation qui conduit actuellement dix projets d’implantation de nouvelles Églises, enrichie d’un programme de formation spÊcifique sur le sujet, et une action sociale historiquement bien ancrÊe, à travers l’ABEJ (Association des baptistes pour l’entraide et la jeunesse). Cette dernière emploie un millier de salariÊs à travers toute la France et accueille 5 000 usagers. Christian de la Roque est pasteur à Lille, il a ÊtÊ un temps prÊsident de l’ABEJ nationale, et prÊsident de la FEEBF. Au niveau local, il s’est fortement impliquÊ dans l’accueil des mineurs isolÊs. Il a impulsÊ un mouvement, rejoint par une trentaine d’Églises et associations locales, y compris l’Église catholique, pour accueillir jeunes filles et garçons dans des locaux paroissiaux ou en famille d’accueil. InterrogÊ sur l’identitÊ baptiste, il hÊsite :  C’est toujours compliquÊ de dire qui on est, les autres peuvent le dire plus facilement que nous. On voudrait pouvoir affirmer que notre engagement au niveau de l’annonce de l’Évangile se traduit par un engagement dans la sociÊtÊ. Pour nous, à Lille, ça se dÊcline au niveau social. Mais ça peut aussi se vivre autrement : l’ancien vice-prÊsident amÊricain Al Gore, un baptiste, dÊfend l’environnement, l’ancien prÊsident Jimmy Carter est engagÊ pour rÊsoudre les conflits par des processus de paix . Le baptiste le plus connu au niveau mondial est Martin Luther King. En amont de leur engagement dans la citÊ, les baptistes se dÊfinissent avant tout par une foi confessante personnelle. Pour Marc Deroeux, secrÊtaire gÊnÊral de la FEEBF,  quand on parle de baptisme, tout de suite, on pense au baptême, c’est notre marque de fabrique. On ne naÎt pas baptiste, on le devient, à travers une dÊmarche personnelle. C’est pourquoi nous ne baptisons que les croyants, et par immersion.  Pour Marc Deroeux,  être baptiste, c’est avoir des convictions personnelles et savoir les dÊcliner dans une communautÊ ouverte sur le monde et les autres chrÊtiens . Une dÊmarche qui semble sÊduire dans la sociÊtÊ actuelle, puisqu’en 50 ans la FEEBF a quasiment doublÊ le nombre de ses communautÊs locales. Elles sont au nombre de 125 aujourd’hui, reprÊsentant 8 000 membres baptisÊs et entre 15 000 et 20 000 participants au culte tous les dimanches. Modernes, donc, les communautÊs baptistes n’en sont pas moins fortement ancrÊes historiquement : le baptisme a fêtÊ ses 400 ans en 2009, le premier temple baptiste en France date de 1826. L’hÊritage historique du baptisme est important pour le pasteur Pierre de Mareuil, issu de l’Église rÊformÊe de France, diplômÊ de l’Institut protestant de thÊologie, qui a nÊanmoins choisi d’exercer son ministère au sein de la FEEBF. Il a un temps ÊtÊ prÊsident de l’ABEJ nationale ; aujourd’hui, il est aumônier des aÊroports à Roissy. Il est fier des  grands personnages baptistes du dÊbut du XXe siècle , rappelant que l’un des premiers penseurs du Christianisme social, Walter Rauschenbusch, Êtait baptiste
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et a fortement influencÊ Martin Luther King. Aujourd’hui, Pierre de Mareuil se dÊfinit comme un  ÊvangÊlique libÊral , estimant que  l’on est toujours le fondamentaliste ou le libÊral d’un autre . À titre personnel, il  apprÊcie la liturgie rÊformÊe , mais souhaite y  mettre des piques de spontanÊitÊ et de libertÊ. Mon culte idÊal serait pentecôtiste sur une structure rÊformÊe, pour avoir le squelette et la chair de quelque chose de bien pensÊ et en même temps la libertÊ de l’effusion spirituelle . Il a notamment ÊtÊ attirÊ par la FEEBF car elle sait  tenir ensemble des tendances charismatiques et plus classiques .
La vÊritÊ et le mystère
Les milieux pentecôtisants de la FEBBF sont surtout implantÊs dans le nord de la France, oÚ exerce Christian de la Roque. Selon lui, l’identitÊ baptiste se trouve aussi dans le congrÊgationalisme, qu’il appelle  la dÊlibÊration dÊmocratique au sein des diffÊrentes assemblÊes . Le principe veut que toute dÊcision importe soit prise en assemblÊe gÊnÊrale, et non pas par le conseil des anciens (Êquivalent du conseil presbytÊral). Revers de la mÊdaille :  Pour notre nouveau lieu de culte, nous avons mis dix ans à aboutir, là oÚ d’autres mettent deux ou trois ans. Des fois, on peut les envier, car les choses vont plus vite, mais en fin de compte, nous sommes contents de ce que nous faisons et aussi de la manière de faire.  Erwan Cloarec est un jeune pasteur à Lyon, membre du Conseil local de la FPF et dÊlÊguÊ dÊpartemental du CNEF 69. Issu des milieux pentecôtistes, il a choisi d’exercer son ministère chez les baptistes pour leur ouverture :  Je me suis rattachÊ à la FÊdÊration baptiste pour sa culture du dialogue et sa capacitÊ à intÊgrer des sensibilitÊs et spiritualitÊs diverses, charismatiques comme expressions de la foi plus classiques. En tant que baptiste, on se trouve à la croisÊe de plusieurs rÊseaux, capables de faire dialoguer ensemble des conservateurs, des charismatiques, des luthÊriens, des rÊformÊs, des catholiques. Nous avons appris à être polyglottes.  Pour autant, il revendique la notion de  vÊritÊ , sans doute plus lointaine dans la culture luthÊro-rÊformÊe.  Pour nous, le salut se trouve en JÊsusChrist seul, ce qui fonde notre dynamique missionnaire. Nous sommes orthodoxes en ce sens oÚ nous croyons aux catÊgories classiques du pÊchÊ et de la rÊdemption, mais encore à la prÊsence dans l’Évangile de repères Êthiques communs à tous. S’il accueille le pÊcheur, Dieu ne valide ni ne bÊnit tous nos choix de vie.  D’oÚ les tensions qui sont apparues en interne à la FEEBF après le vote du synode de l’Église unie concernant la bÊnÊdiction des couples de même sexe. Pour autant, Erwan Cloarec assume une part de mystère dans la foi.  À la diffÊrence du pôle piÊtisteorthodoxe de l’ÊvangÊlisme, ce n’est pas ultimement la passion de l’orthodoxie qui nous fonde. Comme il y a dans notre spiritualitÊ baptiste l’importance conjointe de la Parole et du geste, il y a aussi l’alliage de la vÊritÊ et du mystère.  Tout un programme, qui rend les rencontres de l’Ascension aussi riches que complexes.
LibertĂŠ religieuse
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Rapport du dÊpartement d’État amÊricain
La Commission amÊricaine sur la libertÊ religieuse internationale (USCIRF) au sein du DÊpartement d’État amÊricain, a publiÊ son rapport annuel 2016. La Birmanie, la Chine, l’ÉrythrÊe, l’Iran, la CorÊe du Nord, l’Arabie saoudite, le Soudan, mais aussi le TurkmÊnistan et l’OuzbÊkistan font partie des pays qui rÊpriment le plus les croyants.  De diverses manières, la libertÊ religieuse à l’Êtranger a subi des assauts sÊrieux et soutenus depuis la publication du dernier rapport annuel de notre commission en 2015. De la situation des prisonniers d’opinion, à l’augmentation spectaculaire du nombre de rÊfugiÊs et de personnes dÊplacÊes, en passant par la poursuite des actes de fanatisme contre les juifs et les musulmans en Europe ou d’autres violations, les victimes ne manquent pas.  La Commission amÊricaine sur la libertÊ religieuse internationale (USCIRF) a publiÊ lundi 2 mai son rapport annuel 2016. Cette 17e Êdition – depuis la crÊation de la Commission en 1998 – documente les violations de la libertÊ religieuse dans plus de 30 pays, fait des recommandations spÊcifiques à chacun, et Êvalue la mise en œuvre par le gouvernement amÊricain de la loi de 1998 sur la libertÊ religieuse dans le monde.
Pays particulièrement prÊoccupants
Cette annÊe, l’USCIRF propose au DÊpartement d’État amÊricain de maintenir neuf pays dans la liste noire des pays  particulièrement prÊoccupants  oÚ la rÊpression est la plus forte : Birmanie, Chine, ÉrythrÊe, Iran, CorÊe du Nord, Arabie saoudite, Soudan, TurkmÊnistan et OuzbÊkistan. Mais cet organe consultatif du gouvernement fÊdÊral amÊricain suggère d’y ajouter huit autres pays : la RÊpublique centrafricaine, l’Égypte, l’Irak, le Nigeria, le Pakistan, la Syrie, le Tadjikistan et le Vietnam. Une autre liste de dix pays pratiquant ou tolÊrant des violations d’un niveau moindre est Êgalement proposÊe, parmi lesquels l’Afghanistan, Cuba, l’Inde, l’IndonÊsie, la Russie ou la Turquie. Enfin, le rapport note des violations de la libertÊ religieuse dans d’autres pays ou grandes rÊgions, dont  la Corne de l’Afrique  et l’ Europe de l’Ouest . Grâce aux progrès accomplis, Chypre et le Sri Lanka quittent en revanche cette catÊgorie cette annÊe.
Personnes emprisonnĂŠes
Dès l’introduction, le rapport relate une longue liste d’atteintes à la libertÊ religieuse en Chine (arrestation de pasteurs, campagne de destruction de croix‌), en ÉrythrÊe  oÚ 1 200 à 3 000 personnes sont emprisonnÊes pour des motifs religieux , en CorÊe du Nord  oÚ la libertÊ religieuse est inexistante , mais aussi en Arabie saoudite qui  interdit tout culte public non-musulman et continue de poursuivre et d’emprisonner des individus pour la dissidence, l’apostasie, le blasphème ou la sorcellerie . Outre le  nombre important de personnes emprisonnÊes sur la base de la religion , l’USCIRF s’alarme aussi de  la crise des rÊfugiÊs  et voit la
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religion comme  un facteur dans les crises humanitaires mondiales . Le rapport cite notamment les Rohingyas musulmans  contraints de fuir leurs foyers en Birmanie  mais aussi les YÊzidis, chrÊtiens, musulmans chiites et sunnites musulmans  qui ne souscrivent pas à l’interprÊtation barbare de l’islam du groupe terroriste Daech  en Irak ou en Syrie.
Haine et violence contre les musulmans et les juifs en Europe
Cet afflux massif de migrants  a alimentÊ une marÊe dÊjà haute de haine et de violence ciblant les musulmans et les juifs, en particulier en Europe occidentale , indique le rapport au terme de cette introduction. Les actes  anti-musulmans  – allant du  harcèlement verbal au vandalisme ou à des agressions violentes  – ont augmentÊ dans plusieurs pays d’Europe occidentale, s’inquiète l’USCIRF, pointant la responsabilitÊ des  partis xÊnophobes nationalistes  et les groupes  notamment nÊonazis . Les juifs ont ÊtÊ de plus en plus ciblÊs eux aussi, par ces groupes  ainsi que par des extrÊmistes islamistes qui cherchent leurs recrues parmi les membres mÊcontents des communautÊs musulmanes  : attentats de Paris de janvier 2015, attaque contre le musÊe juif à Bruxelles en 2014, contre une synagogue à Copenhague‌ Des attaques terroristes qui produisent à leur tour  des contrecoups contre les musulmans  eux-mêmes,  accusÊs collectivement  de cette violence.
Une action continue et efficace
Pour l’USCIRF, toutes ces violations  appellent une action continue de la part de la communautÊ internationale, y compris des États-Unis .
 Pour être efficace, une telle action doit reconnaÎtre le fait indÊniable que la libertÊ religieuse est un point commun à chacun de ces dÊfis, et mÊrite d’être traitÊe lorsque les nations discutent d’humanitaire, de sÊcuritÊ ou d’autres questions urgentes , conclut le rapport, qui invite les États-Unis et les autres pays à accorder à ce droit  le respect qu’il mÊrite .
(VOA (Voice of america)/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
États-Unis - John Kerry et le rôle de la religion en politique Êtrangère
Le rôle de la religion dans la politique Êtrangère des États-Unis est d’importance vitale, mais il n’est pas toujours très bien compris. C’est ce qu’a affirmÊ le secrÊtaire d’État amÊricain John Kerry, lors d’un discours prononcÊ dans le Texas. John Kerry a notÊ que la religion, à travers l'histoire , a jouÊ un rôle majeur dans la dÊtermination des frontières politiques et Êconomiques dans le monde, et que c’est encore vrai aujourd’hui :  La religion reste profondÊment correlative, affectant les valeurs, actions, choix et visions du monde de chaque couche sociale sur tous les continents, et aussi ici-même chez nous. Elle fait partie de ce qui pousse certains à initier une guerre, et d’autres à rechercher la paix ; certains à s’organiser pour le changement, et d’autres à se cramponner dÊsespÊrÊment aux vieilles mÊthodes, à rÊsister au modernisme ; certains à tendre avec enthousiasme la
main au-dessus des frontières et des croyances ; et d’autres à construire des murs toujours plus ÊlevÊs pour sÊparer un groupe d’un autre . Peu après être devenu le chef de la diplomatie amÊricaine en 2013, M. Kerry a crÊÊ, au DÊpartement d’État, le Bureau des religions et affaires mondiales dans le cadre de l’Initiative de l’administration Obama pour encourager la coopÊration interconfessionnelle dans la rÊsolution de nombre de questions importantes :  L’annÊe dernière, par exemple, nous avons co-parrainÊ des ateliers pour les leaders religieux au Nigeria. Le thème Êtait à la fois moral et pratique : la corruption. Les leaders religieux Êtaient profondÊment prÊoccupÊs par l’impact de la corruption sur leur pays et leurs communautÊs. Mais ils ont reconnu que relever un tel grand dÊfi ne serait pas chose aisÊe. Pour citer un des participants, quand vous combattez la corruption, la corruption riposte . Ils ont ainsi adoptÊ un plan d’action pour des rÊformes à tous les niveaux, et pour enseigner aux citoyens comment devenir des lanceurs d’alerte et prêcher devant leurs fidèles que la corruption n’est pas une sorte de partie inÊvitable de l’existence humaine, mais plutôt des abus que l’on peut et doit arrêter. Un autre objectif de l’Initiative interconfessionnelle de l’administration Obama, a dit le chef de la diplomatie amÊricaine, c’est la protection des minoritÊs religieuses et ethniques qui font face à la persÊcution à travers le monde. Pour John Kerry, il s’agit-là d’un test fondamental de la civilisation ellemême :  Nous pensons que les gens doivent être libres de choisir leur foi, de changer de foi, de parler de leur foi et d’enseigner leur foi sans peur, ni intimidation. Et cette libertÊ d’identitÊ religieuse et ethnique ne dÊpend pas du nombre. Les minoritÊs religieuses doivent avoir les mêmes droits que les majoritÊs . Le secrÊtaire d’État amÊricain a ajoutÊ que des groupes extrÊmistes comme l’organisation État islamique se cachent derrière la religion pour commettre des atrocitÊs, y compris le gÊnocide de minoritÊs religieuses.
(Le Monde/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Les actes antisĂŠmites et antimusulmans en baisse de 80 % au premier trimestre
Le ministre de l’intÊrieur, Bernard Cazeneuve, a annoncÊ le lundi 9 mai que les actes antisÊmites et antimusulmans avaient baissÊ de 80 % au premier trimestre 2016, par rapport à la même pÊriode, l’an dernier.  À chaque fois qu’il y a un acte antisÊmite, raciste, antimusulman, antichrÊtien, les prÊfets dÊposent plainte auprès des procureurs de la RÊpublique, il y a donc une fermetÊ absolue , a soulignÊ le ministre lors d’une confÊrence des Amis du CRIF (Conseil reprÊsentatif des institutions juives de France) à Paris.
La vigilance mutuelle commence Ă porter ses fruits
M. Cazeneuve a tenu cependant à nuancer ces chiffres satisfaisants :  On pourrait dire ça y est, la
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bataille est gagnÊe : je ne le crois pas car, quand il y a eu autant de violence et autant de haine, la diminution des actes ne signifie pas que la sociÊtÊ a surmontÊ [la violence], cela signifie que la vigilance mutuelle que nous avons mise sur le mÊtier commence à porter ses fruits.   Cela ne doit pas altÊrer notre mobilisation, mais au contraire la renforcer , a-t-il estimÊ, tout en reconnaissant que cette baisse signifie qu’ il y a dans ce pays, malgrÊ l’ardeur de ceux qui ont la haine au cœur (‌), des volontÊs de fraternitÊ et de solidaritÊ, qui, comme souvent dans l’histoire de notre pays, l’emportent sur le pire . Les chiffres des actes antimusulmans au premier trimestre Êtaient dÊjà connus, l’Observatoire national contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) les ayant constatÊs en baisse de 82 % par rapport à la même pÊriode de 2015, sur la base des plaintes et mains courantes recensÊes par le ministère de l’intÊrieur. Mais aucun chiffre sur l’antisÊmitisme n’Êtait jusqu’à prÊsent disponible pour l’annÊe 2016.
(Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Une lycÊenne et sa mère portent plainte contre un lycÊe pour discrimination religieuse
Pour Marie-Christine De Sousa, cela ne fait aucun doute : sa fille s'est vu refuser l'entrÊe à son lycÊe en raison de sa tenue. Mardi dernier, cette Êlève de 16 ans vêtue d'une robe longue noire n'avait pas pu passer le portail de son lycÊe Flora Tristan à Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne. Convertie à l'Islam en 2015, elle avait fait l'objet d'un suivi par son Êtablissement scolaire. Mardi, sa mère a dÊcidÊ de porter plainte auprès du commissariat de la commune contre le lycÊe pour discrimination en raison de la religion. Lors de sa dÊposition, la jeune fille accompagnÊe de sa mère affirme que le corps enseignant lui aurait indiquÊ que sa tenue Êtait inadÊquate et s'apparentait à  un signe ostentatoire religieux , incompatible avec la loi de 2004 sur la laïcitÊ à l'Êcole qui  interdit les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse . Mais d'après l'acadÊmie de CrÊteil dont dÊpend le lycÊe, le refus serait dÝ aux Êchanges conflictuels entre la jeune fille convertie à l'islam en 2015 et l'Êquipe Êducative qui tentait de comprendre les raisons de son changement de tenue. Lorsque l'Êquipe Êducative remarque le changement de style vestimentaire de cette lycÊenne en classe de première, à savoir une longue robe noire, elle dÊcide de discuter avec elle afin d'en connaÎtre la raison.  Il faut savoir que sa mère avait signalÊ des soupçons de radicalisation et demandÊ un suivi, ce qui a accru la vigilance du corps enseignant , prÊcise l'acadÊmie de CrÊteil au Figaro. Le lundi 9 mai, la CPE la convoque afin d’en discuter. Un Êchange houleux auquel la jeune fille a mis fin prÊmaturÊment d'après la proviseure adjointe, tÊmoin de la scène. La proviseure la convoque alors à son tour mais là aussi, l'Êchange est difficile. Le lendemain, aux alentours de 13 heures, elle serait arrivÊe vêtue d'un gilet arrivant aux genoux, de baskets et à nouveau de sa longue robe noire. Sa mère, Marie-Christine de Sousa, affirme au journal que c'est la proviseure qui l'a accueillie à l'entrÊe :
ÂŤ Elle lui a signifiĂŠ qu'elle ĂŠtait interdite d'entrĂŠe dans l'ĂŠtablissement avec cette tenue, sans lui expliquer pourquoi Âť. La jeune fille enregistre l'ĂŠchange, tendu, avec la proviseure.
Ă€ aucun moment il n'a ĂŠtĂŠ question d'exclusion
 Ce n'est pas la tenue mais l'attitude qui a poussÊ le corps enseignant à lui refuser l'accès à l'Êtablissement, nous affirme l'acadÊmie de CrÊteil. Le dialogue n'Êtait pas serein et la pression s'est accrue. Une forme de dÊfiance a ÊtÊ ressentie, notamment en raison du fait qu'elle a enregistrÊ l'Êchange avec la proviseure et l'a ensuite fait Êcouter autour d'elle. À aucun moment il n'a ÊtÊ question d'exclusion et le dialogue avec la mère n'a ÊtÊ interrompu. Nous l'avons contactÊe à deux reprises mardi matin et en fin d'après-midi . Et pour cause : depuis le mercredi 11 mai, la jeune fille suit normalement ses cours mais  dans une tenue diffÊrente  d'après une information du commissariat.  Notre prioritÊ est que les Êlèves suivent normalement leur cursus scolaire, poursuit l'acadÊmie. Une robe longue et noire n'est bien entendu par un motif d'exclusion et n'est pas interdite . L'affaire avait ÊtÊ dÊvoilÊe au grand jour mardi 3 mai lorsque le Collectif contre l'Islamophobie en France affirmait dans un communiquÊ que celle qu'ils surnomment  Fannie  avait ÊtÊ expulsÊe de l'Êtablissement.  Ce mercredi 3 mai, Fannie a eu de son côtÊ un entretien avec la directrice qui lui a confirmÊ son exclusion, est-il prÊcisÊ. En 2015, une collÊgienne de troisième d'un lycÊe dans les Ardennes avait ÊtÊ exclue à deux reprises en raison de sa jupe noire jugÊe  trop longue . Sur Twitter, le hashtag #JePorteMaJupeCommeJeVeux avait ÊmergÊ après la mobilisation de la communautÊ en ligne. InterrogÊ dans Le Figaro, le principal du collège Rameau de Versailles et membre du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN) Michel Richard expliquait à cette occasion que la pÊdagogie prime dans ce genre de situation. Selon lui, il faut  convaincre plutôt que contraindre  :  Si les parents en sont à l'origine, le dialogue est plus difficile ; s'il s'agit d'initiatives individuelles, les choses sont plus faciles .
SociĂŠtĂŠ
(Cath.ch/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
GÊnève, Suisse – La moitiÊ des Suisses croient en un Dieu unique
En Suisse, près d’une personne sur deux affirme croire en un Dieu unique, et une sur quatre en une puissance supÊrieure. 22% de la population se disent sans religion, mais seuls 12% se dÊclarent athÊes. Même si les lieux de culte traditionnels ont tendance à se vider, les pratiques et les croyances religieuses et spirituelles se maintiennent et se diversifient. C’est ce que dÊmontre l’enquête sur la langue, la religion et la culture rÊalisÊe par l’Office fÊdÊral de la statistique (OFS) en 2014 et publiÊ le 22 avril 2016. Les participants à l’enquête se dÊclarant catholiques ou protestants sont respectivement 59% et 46% à affirmer croire en un Dieu unique. Un cinquième (20%) des premiers et près d’un tiers (30%) des seconds s’identifient plutôt à la croyance en une puissance supÊrieure. Les membres des autres communautÊs ÊvangÊliques (92%)
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et les musulmans (90%) affirment beaucoup plus largement croire en un Dieu unique.
Les lieux de culte riment avec mariages, baptĂŞmes et enterrements
La grande majoritÊ des personnes âgÊes de 15 ans ou plus (71%) s’est rendue au maximum 5 fois dans l’annÊe dans un lieu de culte pour y suivre un service religieux collectif. 30% n’y sont jamais allÊes et 41% entre une et cinq fois. Ces visiteurs occasionnels sont 87% à l’avoir fait lors d’un ÊvÊnement social, tels qu’un mariage ou un enterrement.
Des musulmans pas plus pratiquants que les chrĂŠtiens
14% des catholiques indiquent participer à la messe au moins une fois par semaine. Les protestants ne sont que 7% à se rendre au culte tous les dimanches. 12% des musulmans frÊquentent la prière collective chaque semaine. Mais 46% d’entre eux n’ont participÊ à aucun service religieux au cours des douze derniers mois. La prière personnelle reflète la même tendance. Près d’un tiers des catholiques (30%) et un sixième (17%) des musulmans dÊclarent prier tous les jours ou presque. Mais les musulmans sont proportionnellement plus nombreux (40%) à n’avoir jamais priÊ au cours des douze derniers mois que les protestants (34%) et les catholiques (26%). Les membres des communautÊs ÊvangÊliques se distinguent quant à eux par une pratique beaucoup plus intense. Ils sont en effet 72% à suivre un office religieux au moins une fois par semaine, 34% à prier plusieurs fois par jour et 51% tous les jours ou presque.
Sans confession mais pas sans spiritualitĂŠ
Plus d’une personne sur cinq (22%) dÊclare ne pas avoir de religion, mais seul un tiers de celles-ci se dit athÊe et un quart agnostique, c’est-à -dire ne sachant pas si un ou des dieux existent. Une personne sans confession sur dix affirme croire en un Dieu unique et 31% en une puissance supÊrieure. Sans surprise les personnes sans confession ont une pratique religieuse faible : à peine 3% se sont rendues au moins une fois par mois dans un lieu de culte pour y suivre un service religieux, 12% l’ont fait via un mÊdia, c’est-à -dire à la tÊlÊvision, à la radio ou sur Internet. Toujours parmi les personnes sans confession, 31% croient qu’une force supÊrieure guide leur destinÊe et 41% que des personnes possèdent un don de guÊrison ou de voyance. L’existence d’une vie après la mort est une croyance partagÊe par 29% d’entre elles et 12% dÊclarent lire rÊgulièrement un livre ou un magazine traitant d’ÊsotÊrisme ou de spiritualitÊ.
Les femmes plus croyantes et plus spirituelles
Les femmes prient plus que les hommes ; 35% d’entre
Commission paritaire 1111 G 88583 DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
elles ont dÊclarÊ le faire au moins tous les jours ou presque contre 20% des hommes. Elles sont Êgalement plus enclines à adhÊrer à diverses croyances. Par exemple 58% de la gent fÊminine croient que des anges ou des êtres surnaturels veillent sur nous, contre 37% des hommes. Par ailleurs, plus d’une femme sur deux (56%) croit que des personnes possèdent un don de guÊrison ou de voyance, alors que c’est le cas de 42% des hommes. Les diverses pratiques spirituelles sont Êgalement plus rÊpandues parmi les femmes. Ainsi, elles sont 27% à pratiquer, de façon spirituelle, une technique basÊe sur le mouvement ou la respiration alors que les hommes sont 11% à le faire.
Religion et spiritualitĂŠ importantes dans les moments difficiles de la vie
Plus d’une personne sur deux (56%) considère que la religion ou la spiritualitÊ joue un rôle plutôt ou très important dans les moments difficiles de la vie, et 47% en cas de maladie. Dans leur attitude envers l’environnement, 43% de la population, âgÊe de 15 ans ou plus, accorde de l’importance à la religion ou à la spiritualitÊ, et c’est le cas de 47% dans l’Êducation des enfants. La vie professionnelle (23%), le choix lors d’Êlections ou l’orientation politique (16%) ou la vie sexuelle (16%) ou encore les habitudes alimentaires (13%) sont des domaines de la vie quotidienne pour lesquels la dimension religieuse ou spirituelle est moins importante.
Des pratiques spirituelles rĂŠgionales
Le recours à un guÊrisseur est plus populaire en Suisse romande (13% l’ont fait au cours des douze derniers mois) qu’en Suisse alÊmanique (4%) et en Suisse italienne (5%). L’utilisation d’objets apportant chance, protection ou guÊrison concerne cette fois un peu plus les Suisses alÊmaniques : 23% contre 20% des Suisses italiens et 19% des Suisses romands. Enfin, la Suisse italienne se distingue par une part plus faible de personnes ayant entrepris des dÊmarches allant dans le sens du dÊveloppement personnel (12% contre 22% en Suisse alÊmanique et 21% en Suisse romande).
38% de catholiques, 28% de protestants
Selon l’Êtude de l’OFS, rÊalisÊe par sondage, 38% des habitants de la suisse se disent catholiques, 26% membres d’une Église nationale protestante, 1,7% se rattache à une communautÊ ÊvangÊlique, 5,7% sont liÊs à d’autres Églises chrÊtiennes, orthodoxes, luthÊrienne et anglicane notamment. Les musulmans forment 5% de la population suisse, ce chiffre rassemble les sunnites et les chiites, mais aussi les alÊvis et les autres communautÊs soufies. Enfin les autres religions, juifs, hindouistes, bouddhistes sont 1,5% de la population. Les sans religions sont 22%.
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