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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 37e annÊe • n° 405 - Juillet-aoÝt 2016
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Nouvelles des Églises adventistes
Sydney, Australie - Franc succès, en Chine, des cÊrÊales pour petit-dÊjeuner fabriquÊes par les adventistes Paris, France - Hope MÊdia France, nouveau portail internet Londres, Angleterre - La Division Trans-europÊenne rÊagit au vote du Brexit
FĂŠdĂŠration protestante de France
Paris, France - Concours de composition de chants pour
 Protestants en fête 2017  Genève, Suisse - Augmentation du nombre de luthÊriens
Protestantisme international
Lausanne, Suisse - Dernière demeure entre peur et fascination
LibertĂŠ religieuse
Russie - LĂŠgislation restrictive sur la transmission des croyances
Ĺ’cumĂŠnisme
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Paris, France - Une Êtude du Conseil ŒcumÊnique des Églises sur une vision commune de l’Église suscite le dÊbat
SociĂŠtĂŠ - Analyses
Bruxelles, Belgique - Ă€ Molenbeek et Ă MontrĂŠal, des iftars interrigieux Ă lâ€™Ăˆglise
Bruxelles, Belgique - Quand l’Europe demande aux religions de devenir  libÊrales 
Genève, Suisse - Les États-Unis ne sont pas un pays chrÊtien
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre
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Nouvelles des Églises adventistes
(Adventist Review/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
de voir davantage de chinois choisir les cĂŠrĂŠales les plus apprĂŠciĂŠes, les cĂŠrĂŠales dans lesquelles les gens ont le plus confiance en Australie, pour leur petitdĂŠjeuner quotidien Âť.
Sydney, Australie - Franc succès, en Chine, (BIA) - Dammarie-les-Lys, France des cÊrÊales pour petit-dÊjeuner fabriquÊes Paris, France - Hope Media France, nouveau portail internet par les adventistes
Weet-Bix, les cÊrÊales pour petit-dÊjeuner fabriquÊes par les adventistes, est devenu un produit très côtÊ en Chine après avoir ÊtÊ prÊsentÊ dans un programme tÊlÊvisÊ chinois. Des personnes vont même jusqu’à payer 39 dollars US pour une boite de cÊrÊales vendue habituellement 4 dollars. Des personnes très entreprenantes remplissent leurs caddies de boites de Weet-Bix dans les supermarchÊs en Australie, oÚ ces biscuits riches en fibres et ayant une faible teneur en sucre sont fabriquÊs par les sociÊtÊs adventistes Sanitarium Health et Wellbeing Company, avant de les revendre sur des sites web commerciaux chinois, indiquent les bulletins d’information.  Sur le site web Yoycart, qui a un fonctionnement similaire à celui de eBay, des boites de 1,4 kilos de cÊrÊales coÝtent jusqu’à 39 dollars, alors que les paquets de 1 kilo Êtaient vendus à 28 dollars,  indique le journal The Daily Telegraph. Les deux boites dans le format famille sont vendues 3 et 4 dollars dans les magasins australiens. Selon le journal de Sidney, le site Yoycart faisait l’Êloge des cÊrÊales Weet-Bix. Cette montÊe en popularitÊ intervient après qu’une femme intervenant dans le programme tÊlÊvisÊ chinois  Ode à la Joie  ait mangÊ un bol de ces cÊrÊales lors d’un rÊcent Êpisode. [...] L’augmentation de la demande chinoise a provoquÊ une certaine inquiÊtude chez les clients australiens qui craignent que les Êtalages ne soient bientôt vides comme ce fut le cas lorsque les consommateurs chinois se sont prÊcipitÊs sur le lait pour bÊbÊ à la fin de l’annÊe dernière. Mais le manager gÊnÊral des produits Sanitarium, Todd Saunders, a dit qu’il n’y avait aucune raison de paniquer en imaginant une potentielle pÊnurie de Weet-Bix, un produit qui a ÊtÊ inventÊ en 1926 ; ce sont les cÊrÊales pour petit-dÊjeuner les plus populaires d’Australie.  Nous voulons assurer nos clients qu’en dÊpit de l’augmentation de la demande de Weet-Bix, la sociÊtÊ Sanitarium a la capacitÊ de continuer à fournir nos distributeurs partenaires,  a dit Tod Saunders journal South Pacific Adventist Record. Il a indiquÊ que Sanitarium a constatÊ une augmentation de la demande depuis 2008, annÊe oÚ la sociÊtÊ a commencÊ à exporter ce produit vers la Chine, le plus important marchÊ mondial pour les aliments et les boissons.  Sur les 42 pays vers lesquels nous exportons WeetBix, la Chine est notre plus important marchÊ d’exportation,  a dit Todd Saunders, sans pour autant donner des chiffres prÊcis.  Nous sommes heureux
Hope Media France est un nouveau portail dÊdiÊ à la radio. Depuis de nombreuses annÊes, l’Union franco-belge des FÊdrations adventistes s’attache à la production radiophonique pour ses radios partenaires.
Aujourd’hui, le studio du Lys situÊ en Seine-etMarne vient de produire sur le net Hope Media France.
Ce nouvel outil numÊrique propose l’Êcoute en direct des radios locales de France et d’outre-mer qui diffusent les productions adventistes dans une variÊtÊ de domaines, depuis la rÊflexion spirituelle et biblique en passant par la santÊ, la prÊvention sanitaire, l’Êducation et la famille, sans oublier la vie sociale avec sa dimension humanitaire.
À travers ce portail, le dÊpartement des communications de l’UFB dÊveloppe Êgalement une plateforme qui permet d’accÊder au contenu audio proposÊ à partir des tÊlÊchargements de  podcasts .
Ce portail est la première Êtape d’un processus plus Êtendu qui devrait, à terme, devenir vÊritablement inter-actif.
Hope Media France : www.hopemediafrance.org
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Londres, Angleterre - La Division Trans-EuropĂŠenne rĂŠagit au vote du Brexit
Le jeudi 23 juin, le peuple britannique a votÊ avec un Êcart de 3,8 % de quitter l’Union EuropÊenne. Avec une participation de 72 %, 51,9 % de l’Êlectorat a pris cette dÊcision historique, changeant 43 annÊes d’histoire europÊenne depuis que le Royaume-Uni a rejoint la CommunautÊ EuropÊenne en 1973.
De nombreux Êtudiants de la prophÊtie biblique considèrent le Brexit comme un accomplissement de la prophÊtie de Daniel 2.43, qui prÊdit que les diffÊrentes nations d’Europe  ne seront point unies  l’une à l’autre.
Bien que la prophÊtie annonce que l’Europe sera en partie forte et en partie faible, et malgrÊ diffÊrentes tentatives d’amener l’unitÊ comme à l’Êpoque de l’empire Romain, les tentatives ne seront jamais couronnÊes de succès, Ian Sweeney, prÊsident de l’Église adventiste dans le Royaume-Uni et en Irlande, a dÊclarÊ que  ceci ne nous exonère pas de notre responsabilitÊ de promouvoir l’unitÊ, l’amour, et la communautÊ entre tous les peuples .
 La prophÊtie de Daniel 2 ne signifie pas que nous ne devrions plus lutter contre les divisions qui naissent du racisme, des prÊjugÊs, des intÊrêts personnels et d’autres raisons,  a dit Ian Sweeney.  JÊsus a dÊclarÊ une fois que les pauvres seront
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toujours parmi nous (Jean 12.8). Cependant, cela ne voulait pas dire que nous devrions simplement accepter la pauvretĂŠ sans chercher Ă la combattre Âť.
Suite au vote de sortie du Royaume-Uni de l’Europe, David Neal, directeur du Ministère de la Gestion ChrÊtienne pour la Division Trans-EuropÊenne (TED), a dÊclarÊ :  L’Adventiste honnête qui croit dans la Bible est partagÊ. Bien sÝr, la parole prophÊtique demeure. Mais le membre adventiste n’est pas prêt ou dÊsireux d’être du côtÊ de ceux qui ont peur de  l’autre,  dont les actions ou les paroles sont à la limite de la xÊnophobie. Aussi valide que soit Daniel 2, il ne fait aucun doute que la parabole du Bon Samaritain doit être considÊrÊe avec autant de valeur. La campagne politique du Brexit a complètement ignorÊ cette valeur .
Dans son intervention, Ian Sweeney, dont les parents Êtaient eux mêmes des migrants dans les annÊes 1970, a dÊclarÊ :  L’Europe sera toujours divisÊe d’une façon ou d’une autre. Cependant, nous avons une responsabilitÊ chrÊtienne de dÊmontrer notre amour à toutes ces personnes qui dans les dÊbats politiques sont dÊpersonnalisÊes et dÊsignÊes sous l’Êtiquette migrants ou rÊfugiÊs Êconomiques, etc. Nous n’avons peut-être pas la même langue, la même culture, la même ethnicitÊ, mais, tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants sont nos frères et sœurs que Christ aime et pour qui Il est mort afin qu’ils aient le salut .
Le prĂŠsident de la Division Trans-EuropĂŠenne, Raafat Kamal, a indiquĂŠ que les responsables de la Division ĂŠtaient en train de ÂŤ considĂŠrer les implications que ce vote aura sur le fonctionnement du bureau de la TED au niveau de la rĂŠalisation de notre mission en Europe Âť.
 Il y aura, c’est clair, des implications financières et fonctionnelles que nous devrons considÊrer,  a t-il dit.
Il a Êgalement fait remarquer que la Division TransEuropÊenne n’est pas seulement multilingues mais qu’elle est Êgalement multi-devises.
 La composition de l’Europe a changÊ au fil des annÊes à la fois à l’intÊrieur et à l’extÊrieur de l’Église,  a dÊclarÊ Raafat Kamal.  Les deux divisions europÊennes ont aussi changÊ en termes de dimension et de structure au cours de leur histoire. Le changement en soi n’est pas un problème. Il nous faut simplement trouver la meilleure façon de rÊagir au changement .
En Europe, l’Église adventiste est reprÊsentÊe par la Division Trans-EuropÊenne et par la Division Inter-EuropÊenne.
 Il se pourrait même qu’à une Êpoque marquÊe par autant d’incertitude, les gens recherchent davantage des solutions religieuses – une sÊcuritÊ que nous en tant qu’adventistes, nous pouvons proposer  a dit Raafat Kamal.
L’incertitude sur les diffÊrents marchÊs financiers peut poser quelques problèmes au niveau de la mission de l’Êglise, a dit Nenad Jepuranovic, trÊsorier de la Division Trans-EuropÊenne. Il a considÊrÊ que le plus important risque financier se situait
au niveau de la fluctuation du taux de change entre les 12 devises utilisĂŠes dans les 22 pays qui composent la Division Trans-EuropĂŠenne.
 Au cours de ces dernières annÊes, nos revenus en dÎmes dans les devises locales ont augmentÊ rÊgulièrement , a dit Nenad Jepuranovic.  Cependant, les turbulences Êconomiques sur les marchÊs europÊens au cours des deux dernières annÊes ont fait que nous avons subi de plein fouet les taux de change dÊfavorables qui ont rÊduit nos revenus en dimes en livres sterling de 9,6 % .
Cela a ÊtÊ ÊquilibrÊ en partie par le taux de change entre les États-Unis et la Grande Bretagne, a t-il dit. Qu’en est-il pour l’avenir ?
Les dernières prÊdictions pour les marchÊs europÊens sont au mieux incertaines, mais au cours de ces dernières annÊes, la TED a constituÊ suffisamment de rÊserves pour faire face aux pÊriodes Êconomiquement instables comme celles auxquelles nous pourrions faire face au cours des prochains mois, a prÊcisÊ Nenad Jepuranovic.
Cependant, Nenad Jepuranovic cherche des moyens  d’amÊliorer notre efficacitÊ afin de rÊpondre au mieux aux besoins de notre territoire .
Victor Pilmoor, qui prendra bientôt sa retraite en tant que trÊsorier de l’Église adventiste en Grande Bretagne et en Irlande, a Êcrit dans son blog mensuel qu’il Êtait prÊoccupÊ par les problèmes de fraternitÊ.
 Que l’on considère l’objectif d’intÊgration parmi les nations d’Europe, la libertÊ des gens qui s’amusent à Orlando, ou la bienveillance dans la ville de Batley dans le Yorkshire (oÚ un membre du Parlement faisant campagne pour le maintien dans l’UE a ÊtÊ assassinÊ de sang-froid), nos sociÊtÊs sont clairement fragmentÊes,  a Êcrit Victor Pilmoor.  Les arguments qui divisent, s’appuient sur la peur et les forces de l’intÊrêt personnel .
Ceci, a t-il dit, a conduit à  une perte de la fraternitÊ, un refus de plusieurs dans la sociÊtÊ d’adopter la position d’abondance selon laquelle il y a de la place pour nous tous, que la vie n’est pas un jeu de gagnants et de perdants .
 Un fondamentalisme motivÊ par la peur et ne faisant aucun compromis a rempli le cœur de plusieurs au point oÚ la prÊservation de soi devient l’objet d’influence nationale et religieuse, a-t-il dit.
Sa conclusion est un mantra positif pour la mission.  En contraste, nous pouvons proposer une vision du monde qui reconnaisse la gÊnÊrositÊ de Dieu qui offre grâce et subsistance à tous , a t-il dit. Une perspective qui veut que nos vies doivent honorer ce que Dieu nous donne, et que nous gÊrions les talents et possibilitÊs que Dieu nous a accordÊs pour des objectifs qui sont plus grands que nous mêmes .
Peut-être qu’un prophète de l’Ancien Testament sera celui qui nous montrera enfin la voie à suivre pour avancer.  On t’a fait connaÎtre, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Éternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la misÊricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu  (MichÊe 6 :8).
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FĂŠdĂŠration protestante de France
(FPF/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Concours de composition de chants pour ÂŤ Protestants en fĂŞte 2017 Âť
La FĂŠdĂŠration protestante de France organise le grand rassemblement ÂŤ Protestants en FĂŞte Âť qui aura lieu Ă Strasbourg les 27, 28 et 29 octobre 2017. Ce moment fort rĂŠunira les diverses composantes du Protestantisme français rĂŠunis au sein de la FĂŠdĂŠĚ ration protestante de France pour un temps de rencontre, de partage, de fĂŞte et de cĂŠlĂŠbration. ÂŤ Protestants en FĂŞte Âť se dĂŠclinera sur le thème : ÂŤ Protestants 2017 - 500 ans de RĂŠformes - Vivre la FraternitĂŠ Âť. ÂŤ Qu’as-tu fait de ton frère ? Âť, verset tirĂŠ de la Genèse (Gen. 4.10), servira de fil conducteur Ă ces journĂŠes. La FĂŠdĂŠration protestante de France lance un concours pour retenir le chant ÂŤ officiel Âť et emblĂŠmatique de ÂŤ Protestants en FĂŞte Âť, une composition entraĂŽnante et chantable par le plus grand nombre. Ce concours s’adresse Ă tous les auteurs et compositeurs qui souhaitent apporter leur talent crĂŠatif, musical et poĂŠtique Ă ce moment exceptionnel. Le chant qui sera retenu sera chantĂŠ Ă diffĂŠrentes occasions : en amont pour prĂŠparer l’ÊvĂŠnement dans les nombreuses paroisses et autres lieux d’Église, partout en France, et bien sĂťr lors de ÂŤ Protestants en FĂŞte Âť Ă Strasbourg. Le chant occupera une place particulière dans le culte qui sera cĂŠlĂŠbrĂŠ le 29 octobre au Zenith et tĂŠlĂŠdiffusĂŠ en direct. Il sera harmonisĂŠ pour les chĹ“urs (1000 choristes attendus) avec un accompagnement instrumental. Renseignements Service musique : UEPAL, 1 bis quai St Thomas - BP 80022 - 67081 Strasbourg cedex musique@uepal.fr - 03 88 25 90 37.
(EPD/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève - Augmentation du nombre de luthÊriens
D’après la FÊdÊration luthÊrienne mondiale, le nombre de luthÊriens a augmentÊ de deux millions depuis 2013. Les 145 Églises membres rassemblent aujourd’hui environ 73 millions de fidèles, a communiquÊ Martin Junge, secrÊtaire gÊnÊral de la FÊdÊration, la semaine passÊe à Wittenberg. C’est là que s’est tenu, jusqu’à mardi le Conseil de la FÊdÊration luthÊrienne mondiale (FLM). En 2013, les luthÊriens n’Êtaient encore que 71 millions. La croissance la plus importante s’est faite dans les Églises du Sud, a dÊclarÊ le secrÊtaire gÊnÊral Martin Junge dans son rapport. Pour la première fois, les membres les plus importants de la FLM sont des Églises du Sud : celles d’Éthiopie et de Tanzanie. Les Églises du Nord, a contrario, enregistreraient un recul. D’après Martin Junge, la confÊdÊration prend en charge environ 2,3 millions de rÊfugiÊs dans divers pays. C’est la toute première fois que le service d’aide internationale de la FLM assiste un nombre aussi important de fugitifs. L’Êvêque Munib Younan, prÊsident
de la FLM, a saluÊ la gÊnÊrositÊ de la RÊpublique fÊdÊrale dans l’accueil des rÊfugiÊs. L’Allemagne peut servir d’exemple au monde entier sur la question des rÊfugiÊs, a affirmÊ Younan. La sociÊtÊ allemande a dÊmontrÊ ce que cela veut dire que d’être une communautÊ d’amour. Dans le même temps, Younan a rÊclamÊ de l’Allemagne un combat rÊsolu contre la discrimination antimusulmans. Au vu du nombre important de rÊfugiÊs issus de pays musulmans, l’Allemagne doit endosser sur la scène internationale le rôle de pionnier contre l’islamophobie, a dÊclarÊ l’Êvêque palestinien.
Les rÊfugiÊs devraient être mis en situation de pouvoir un jour retourner dans leurs pays d’origine, a soulignÊ l’Êvêque de l’Église ÊvangÊlique luthÊrienne de Jordanie et de Terre sainte. Ils devraient ensuite rebâtir leurs États, comme l’ont fait les Allemands après la Seconde Guerre mondiale. Les 49 membres du Conseil de la FLM ont siÊgÊ à Wittenberg jusqu’à mardi prochain. Ils ont discutÊ des cÊlÊbrations du 500e JubilÊ de la RÊforme et de la prochaine assemblÊe plÊnière de la FLM, prÊvue en 2017 en Namibie. L’annÊe prochaine sera cÊlÊbrÊ, dans le monde entier, le 500e JubilÊ de la RÊforme, hommage à la publication des 95 thèses de Martin Luther en 1517 à Wittenberg.
Protestantisme international
(Protestinfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Lausanne, Suisse – Dernière demeure entre peur et fascination
 On a remplacÊ le tabou du sexe, par celui de la mort , dÊclare Alain Besse, membre du comitÊ de la SociÊtÊ d'Êtudes thanatologiques de Suisse romande.  La mort faisait partie de la vie , poursuit-il. Mais aujourd’hui, elle a presque disparu de nos horizons visuels.  Depuis le XIXe siècle, on a sorti les cimetières pour les mettre en dehors de nos villes , explique le Valaisan. D’autres ont ÊtÊ rÊaffectÊs en parc, oÚ les gens peuvent pique-niquer.  Ça a ÊtÊ le cas avec le parc des Roses à Territet (dans le canton de Vaud), oÚ la seule tombe qui reste est celle d’Henri NestlÊ , commente-t-il. Mais comment expliquer qu’en Angleterre les vieilles pierres tombales, recouvertes de mousses, fleurissent de manière dÊsordonnÊe autour des Êglises alors que dans d’autres endroits elles sont posÊes en rang d’oignons ?
Des pratiques diffĂŠrentes
 La diffÊrence de pratique entre les cimetières europÊens est d’abord une question culturelle et cultuelle , dÊclare Alain Besse. On peut constater aussi ces diffÊrences en Suisse, globalement selon les confessions historiques dominantes.  Même dans un canton, comme le Valais, les dissemblances à l’intÊrieur des cimetières sont flagrantes entre le Haut et le Bas , confie le thanatologue.  Dans la partie germanophone, on retrouve de simples croix en bois ou en mÊtal au lieu d’une pierre tombale , poursuit Alain Besse. Du côtÊ de l’amÊnagement des nÊcropoles helvÊtiques, RaphaÍl Saive, directeur associÊ au bureau Gilbert Henchoz architectes-paysagistes SA, ex-
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plique que  le cimetière doit s’intÊgrer dans leur environnement. Il est un composant du paysage communal, qui tend à Êvoluer avec son temps . Les architectespaysagistes doivent Êgalement tenir compte de la loi fÊdÊrale sur l'amÊnagement du territoire (LAT). En effet, comme affirme RaphaÍl Saive,  selon oÚ se trouve le cimetière, il est difficile voire impossible de l’agrandir selon la classification des parcelles voisines .  En rÊsumÊ, c’est une question de lois, de coutumes et de pratiques , confirme Alain Besse.
L’amÊnagement des cimetières
Pour RaphaÍl Saive, si une Êvolution des pratiques des cimetières est visible de nos jours, c’est le choix des communes.  Nous les accompagnons pour qu’elles proposent une diversitÊ d’inhumations aux rÊsidents par l’amÊnagement de columbariums, de cavurnes, d’ossuaires, de jardins du souvenir, de tombeau familial, ainsi que des inhumations traditionnelles en pleine terre , explique-t-il. L’amÊnagement du cimetière demande une certaine attention et observation.  On rÊflÊchit aujourd’hui aux fleurissements par une diversitÊ vÊgÊtale, aux coÝts des entretiens, à la mise en pratique de la cÊlÊbration lors du sens de la procession, le recueillement et les condolÊances , explique RaphaÍl Saive. L’architecte-paysagiste joue sur les structures du cimetière par la composition minÊrale et vÊgÊtale, les œuvres d’art que sur la symbolique pour que chaque cimetière soit diffÊrent.  On peut proposer des fontaines en miroir d’eau, qui sont comme des reflets entre la communion du ciel et la terre , explique RaphaÍl Saive. Le but est justement de crÊer un lieu de recueillement.  Le cimetière austère et minÊral est en train de changer, par une composition plus paysagère propice aux recueillements et à la gestion des coÝts d’entretien , confie l’architecte-paysagiste.
Penser à sa dernière demeure
À Lyon, pour conserver les monuments et le riche patrimoine bâti funÊraires, la Ville propose une solution Êtonnante.  Elle vend des chapelles-tombeaux pour 1 euro symbolique. En Êchange, l’acheteur consent à l’entretenir ou à le retaper , explique Alain Besse. Tant l’architecte-paysagiste que le thanatologue s’aperçoivent que nos contemporains sont de plus en plus prÊvoyants.  Souvent, les gens se projettent dÊjà dans les diffÊrents emplacements et font savoir leurs volontÊs , constate RaphaÍl Saive. Ce que confirme Alain Besse :  maintenant certains prÊvoient la cÊrÊmonie, le cercueil ou l’endroit oÚ ils seront enterrÊs .
LibertĂŠ religieuse
(APD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Russie - LĂŠgislation restrictive sur la transmission des croyances
Le prÊsident Poutine a signÊ une lÊgislation restrictive dans la transmission des croyances. Les modifications lÊgislatives à la loi dite sur  l'activitÊ missionnaire  ont ÊtÊ signÊes le 6 Juillet, ce qui limite le partage des croyances a rapportÊ le norvÊgien Christian de Forum 18 news. Cette restriction publiÊe sur le site web du prÊsident Poutine entrera en vigeur le 20 juillet. Les peines ont ÊtÊ augmentÊes à l’encontre de  l’extrÊmisme religieux . Les avocats des droits de l'homme prÊparent dÊjà des plaintes de recours contre la loi devant la Cour constitutionnelle.
Un jour sombre
La signature de la modification de cette lĂŠgislation par le prĂŠsident Poutine a suscitĂŠ des rĂŠactions. ÂŤ Aujourd'hui est un jour sombre Âť, a dĂŠclarĂŠ l'avocat Vladimir Ryakhovsky du Centre slave pour le droit et la justice. ÂŤ La loi contredit tout Ă fait le devoir du chrĂŠtien allez et faites des disciples et viole ĂŠgalement le droit constitutionnel des citoyens Âť, a dĂŠclarĂŠ l'avocat. Selon Forum 18, V. Ryakhovsky dĂŠnonce cet amendement rĂŠdigĂŠ par des gens ÂŤ qui ne sont pas des professionnels et ne comprennent absolument pas la pratique religieuse Âť.
Conseils aux particuliers et aux communautĂŠs religieuses
Les experts des droits humains se prÊparent à conseiller les particuliers et les communautÊs religieuses, sur la manière de se comporter pour ne pas violer les nouvelles conditions. Les dirigeants du protestantisme ont notÊ qu’un bon chrÊtien ne peut pas remplir certaines des restrictions. Contrairement au droit international sur les droits de l'homme, les modifications apportÊes à la libertÊ religieuse limitent les actions des croyants qui sont susceptibles de transmettre leur foi, les communautÊs et les organisations religieuses enregistrÊes par l’État sont soumises à des restrictions. Les groupes religieux qui fonctionneraient sans l’autorisation de l’État seraient dissous, comme certaines communautÊs baptistes. Une autre partie de la nouvelle loi interdit expressÊment de changer l'utilisation des biens rÊsidentiels à usage religieux
Restrictions injustes et excessives de la libertĂŠ de conscience
Mikhail Fedotov, prÊsident du Conseil des prÊsidents pour le dÊveloppement de la sociÊtÊ civile et les droits de l'homme, avait protestÊ dès le 1er Juillet directement auprès de Vladimir Poutine et a notÊ que les recommandations du Conseil des droits de l'homme ne sont pas acceptÊes pour certaines parties de l'amendement. Les changements  crÊent des restrictions injustifiÊes et excessives de la libertÊ de conscience des fidèles de toutes les religions et constituent une violation substantielle du principe constitutionnel de la non-ingÊrence dans les affaires internes des organisations religieuses , a dÊclarÊ M. Fedotov . Diffusion des croyances dans le paquet lÊgislatif anti-terrorisme
L'amendement concernant la divulgation des croyances avait ÊtÊ intÊgrÊe dans une loi pour lutter contre le terrorisme et d'assurer la sÊcuritÊ publique. Pour Forum 18, Ce ne fut pas Êvident pour la  sÊcuritÊ nationale , selon le droit international des droits humains ne sont pas une raison lÊgitime de restreindre la libertÊ de pensÊe et de religion. Selon Forum 18, le changement actuel conduit à restreindre la communication des croyances un tout nouveau chapitre dans la loi religieuse et a ÊtÊ constituÊe en vertu de la loi proposÊe à la sÊcuritÊ publique et de  lois anti- terroristes . Un paquet lÊgislatif anti-terrorisme serait adoptÊ très probablement a commentÊ Aleksander Verkhovsky,
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directeur du centre SOVA, organisation russe de dĂŠfense des droits.
Ĺ’cumĂŠnisme
(COE/FEPS/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse – Une Êtude du Conseil œcumÊnique des Églises (COE) sur une vision commune de l’Église suscite le dÊbat
L’Êtude  L’Église : vers une vision commune  du Conseil œcumÊnique des Églises (COE) a fait rÊagir les dÊlÊguÊs de la FÊdÊration des Églises protestantes de Suisse, lors de l’AssemblÊe gÊnÊrale qui a eu lieu du 19 au 21 juin, en Thurgovie. Fruit de 20 ans de rÊflexion et de travail, le document de foi  L’Église : vers une vision commune  rÊalisÊe par la Commission de foi et constitution du Conseil œcumÊnique des Églises (COE) et publiÊe en 2013 est un texte de convergence, une recherche de vision commune. Ce document a ÊtÊ transmis par le ComitÊ du COE à ses Églises membres, dont fait partie la FÊdÊration des Églises protestantes de Suisse (FEPS), les encourageant à rÊflÊchir à cette dÊclaration.  Ce document n’est pas de lecture facile. Il s’agit d’un texte mondial dont il faut souligner certaines particularitÊs : l’Êtude dÊcrit un dÊveloppement, d’oÚ un manque de prÊcisions. De plus, le document est construit dans le respect des diffÊrentes religions et tient compte des sociÊtÊs fortement sÊcularisÊes. Ce texte n’est pas appropriÊ pour des discussions en paroisses, il a ÊtÊ Êcrit par des thÊologiens pour des thÊologiens , explique Peter Schmid, vice-prÊsident du Conseil de la FEPS. Ce document a ÊtÊ ÊtudiÊ par un groupe de travail qui a rÊdigÊ une prise de position de la FEPS. Cette dernière a ÊtÊ prÊsentÊe aux dÊlÊguÊs lors de l’AssemblÊe gÊnÊrale, qui s’est dÊroulÊe du 19 au 21 juin, à la Chartreuse d’Ittingen, dans le canton de Thurgovie. Si les dÊlÊguÊs ont trouvÊ que la prise de position de la FEPS offrait une plusvalue à l’Êtude, mettant en Êvidence des questions sur le protestantisme et l’œcumÊnisme, ils se sont ÊtonnÊs que la FEPS n’ait pas ÊtÊ plus critique face à ce rapport et ont longuement exprimÊ leurs dÊsaccords par rapport à certains points de l’Êtude du COE.
Des notions thĂŠologiques peu protestantes
 Le langage sur l’œcumÊnisme est compliquÊ et certaines notions thÊologiques ne sont pas du tout protestantes. L’utilisation du terme primautÊ, les rÊfÊrences à Marie comme mère de Dieu, et à l’eucharistie très souvent mentionnÊe‌ La FEPS n’a-t-elle rien à dire à ce sujet ? , a demandÊ Tobias Ulbrich, dÊlÊguÊ pour l’Église ÊvangÊlique rÊformÊe du Tessin.  Un plus grand travail sur le langage aurait dÝ être fait, notamment par rapport à l’utilisation de notions anciennes et traditionnelles , a ajoutÊ Thomas Grossenbacher de l’Église ÊvangÊlique rÊformÊe du canton de Zurich.  La consÊcration des femmes mÊrite à nos yeux bien plus que quelques phrases comme c’est le cas dans l’Êtude. Nous ne devons accepter aucun compromis sur ce sujet , a soulignÊ Monika Hirt Behler de la Conference Femmes. MalgrÊ ces critiques, les dÊlÊguÊs ont soulignÊ le côtÊ stimulant de l’Êtude du COE et du travail de la FEPS.  J’encourage la FEPS à faire des documents pÊdagogiques pour les paroisses, car ce travail mÊrite d’aller sur le terrain, mais sous une autre forme , a proposÊ
Pierre de Salis de l’Église rÊformÊe ÊvangÊlique du canton de Neuchâtel. À l’issue de la discussion, les dÊlÊguÊs ont acceptÊ, par 47 voix et 18 abstentions que les thèmes abordÊs dans la prise de position de la FEPS soient l’objet de discussions au sein des Églises cantonales.
SociĂŠtĂŠ
(SaphirNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Bruxelles, Belgique – À Molenbeek et à MontrÊal, des iftars interreligieux à l’Église
Un repas gÊant de rupture de jeÝne (iftar) a ÊtÊ organisÊ, vendredi 17 juin, à l'Église Saint-Jean Baptiste à Molenbeek, en Belgique. Initialement, l’ÊvÊnement public Êtait prÊvu à la place communale - comme en 2015 - mais le mauvais temps risquait de gâcher cet exceptionnel moment de partage initiÊ par l’Êlue municipale chargÊe du Dialogue interculturel Sarah Turine, avec l’aide des responsables religieux locaux. Le prêtre de l’Église catholique a alors acceptÊ d’ouvrir les portes de son lieu de culte pour y accueillir les centaines de personnes attendues au repas, prÊparÊ principalement par des bÊnÊvoles des mosquÊes et des associations musulmanes de la commune. Un geste fraternel qui n’est rien de plus que le signe des bonnes relations qui se sont nouÊes avec le temps entre chrÊtiens et musulmans. Les attentats du 22 mars à Bruxelles et la mauvaise publicitÊ faite à Molenbeek n’ont pas terni les relations entre les communautÊs locales. La bourgmestre Françoise Schepmans n’a pas manquÊ de faire le dÊplacement. Entre anasheed et gospel, l’ambiance Êtait festive pour les 600 personnes prÊsentes. Outre le prêtre et des responsables musulmans, le mari de Loubna Lafquiri, une Belgo-marocaine qui a perdu la vie dans les attentats en mars, a ÊtÊ invitÊ à prendre la parole, un moment qui  a fortement Êmu l’assemblÊe. Tout le monde a ÊtÊ conscient que le monde se construit ensemble malgrÊ nos diffÊrences. C’est grâce à ce type de collaboration que les habitants de cette commune multiculturelle deviennent encore plus soudÊs et proches les uns des autres , a fait savoir, samedi 18 juin, l’unitÊ pastorale en charge des Églises de Molenbeek. Dix jours plus tôt, la même scène s’Êtait reproduite à MontrÊal, au Canada, à ceci près que le repas n’a pas ÊtÊ organisÊ à l’intÊrieur d'une Êglise. L’iftar, ouvert à tous, Êtait nÊanmoins organisÊ par l’Église unie du Canada et par ladite Association musulmane du Canada mardi 7 juin. Les cloches de l'Église ont sonnÊ à l'heure de l’appel à la prière du crÊpuscule (maghreb) sonnant la fin du jeÝne, faite sous une tente installÊe devant l’Église Saint-James, elle-même situÊe au centre-ville.  Ensemble, musulmans, juifs et chrÊtiens, nous ferons une prière pour la paix et la prospÊritÊ à MontrÊal, au Canada, ainsi que partout dans le monde , annonçait-on sur les rÊseaux sociaux.  Cet Êvènement marque la richesse du Canada, sa diversitÊ et son dÊsir de bâtir ensemble une communautÊ qui sera à la hauteur de nos espÊrances .
(SaphirNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Bruxelles, Belgique – Quand l’Europe demande aux religions de devenir  libÊrales 
Le dÊbat en cours sur l’Islam dans l’Union europÊenne renvoie à la question plus vaste du rôle des religions dans une sociÊtÊ sÊculière.
BIA - N° 405 - Juillet-aoÝt 2016 - 7
Les dÊbats rÊcents en Europe et aux États-Unis autour des enjeux sociÊtaux majeurs – comme l’avortement ou les mariages entre personnes du même sexe – montrent qu’il n’existe plus dans les sociÊtÊs contemporaines occidentales de loi naturelle commune aux croyants et aux non-croyants. En d’autres termes, et quelle que soit la gÊnÊalogie du sÊcularisme contemporain, l’Êcart entre valeurs religieuses et valeurs sÊculières est devenu tel qu’il n’existe plus de bien commun, et encore moins de Dieu commun (a  common Go(o)d ). Dans ce contexte, on constate de plusieurs côtÊs une prÊoccupation partagÊe : comment conserver une certaine cohÊsion à l’intÊrieur de sociÊtÊs toujours plus diversifiÊes ? Loin d’être d’une simple rÊflexion thÊorÊtique, la question est rendue plus urgente par la prÊsence musulmane croissante en Europe. Mais le dÊbat en soi n’est pas limitÊ à l’Islam. Il concerne la signification de la religion (de toute religion) dans une Europe sÊcularisÊe.
IdentitĂŠ chrĂŠtienne contre valeurs europĂŠennes
On avance habituellement deux rÊponses au sein d’un dÊbat transnational qui va de la philosophie (Habermas, Gauchet, Taylor, Walzer, Manent, Brague‌) au droit et à la politique. La première insiste sur l’identitÊ europÊenne  chrÊtienne  ou – mieux –  judÊo-chrÊtienne , que l’on oppose de façon plus ou moins explicite à l’Islam. Dans ce genre de discours, la rÊfÊrence à une  identitÊ chrÊtienne  au lieu du christianisme reprÊsente en rÊalitÊ une manière de sÊculariser ce dernier. Cette tendance souligne la notion de  culture dominante , dÊ-universalisant le concept de droits de l’homme. La manière dont le dÊbat sur les racines chrÊtiennes de l’Europe a ÊtÊ conduit est très instructive à cet Êgard. Les pères fondateurs de l’Union EuropÊenne (Robert Schuman, Jean Monnet, Alcide De Gasperi et d’autres encore), tout en Êtant en majoritÊ des chrÊtiens pratiquants, n’affrontèrent pas la question des  racines chrÊtiennes de l’Europe  probablement parce que, sur des aspects importants de l’organisation sociÊtale, on enregistrait à l’Êpoque une dissonance minimale entre une vision inspirÊe à la religion et une vision laïque et sÊculière. Si, cinquante ans plus tard, l’identitÊ chrÊtienne est devenue objet de discussion, c’est prÊcisÊment parce que le christianisme comme foi et pratique est allÊ s’affaiblissant, devenant souvent un marqueur culturel, et à prÊsent toujours davantage un marqueur nÊo-ethnique ( vrais  EuropÊens contre  migrants ). La deuxième option consiste au contraire à souligner les  valeurs europÊennes  et  l’identitÊ (sÊculière) europÊenne . Initialement ces valeurs furent conçues comme un mixte de libÊralisme politique, de droits de l’homme et d’État social, mais comme cette dernière dimension a ÊtÊ significativement oblitÊrÊe, et que la première souffre d’une dÊsaffection croissante, il ne reste dÊsormais, comme marque de fabrication de l’Occident, que les droits de l’homme. Les respecter est une condition sine qua non pour accÊder à l’Union. Ils constituent l’ identitÊ europÊenne  et peut-être aussi l’idÊologie europÊenne. Les droits de l’homme furent à l’origine une rÊponse aux idÊologies totalitaires, mais à partir des annÊes 1980 ils ont ÊtÊ invoquÊs pour  apprivoiser  des normes religieuses perçues comme contraires à ces droits (condition fÊminine, libertÊ de parole contre blasphème, etc.).
C’est au sein de ce courant que s’inscrit l’appel lancÊ aux traditions religieuses pour qu’elles se rÊforment, et, soit dit en passant, une attitude de ce genre est implicite dans le soutien offert par les mÊdias sÊculiers au pape François ( Parviendra-t-il à rÊformer l’Église ? ). Elle devient tout à fait explicite quand il est question de l’Islam. Dans cet appel à la rÊforme, il y a presque une dimension autoritaire, au point que plus l’Europe demande aux religions de devenir  libÊrales , moins elle reste fidèle à son libÊralisme prÊsumÊ  congÊnital . La liste des droits de l’homme comprend aussi sans aucun doute la libertÊ religieuse. Mais celle-ci est dÊfinie à la fois comme un droit de l’homme et une menace potentielle contre les droits de l’homme. En consÊquence, on observe en Europe une tendance discutable à confÊrer des droits uniquement à ceux avec qui il y a accord sur les valeurs. On tend ainsi à exclure les communautÊs de foi, qui par dÊfinition ne peuvent accepter en bloc les valeurs sÊculières. Il ne semble pas exagÊrÊ d’affirmer que dans beaucoup de cas, la libertÊ religieuse est en danger, non parce qu’il y ait des limitations à son exercice (des limitations, il doit y en avoir), mais parce que le fait de pratiquer la religion dans l’espace public est considÊrÊ de plus en plus en Europe comme quelque chose d’ Êtrange  dans la meilleure des hypothèses et comme fanatisme dans la pire.
Une troisième option
Ce que ces deux approches n’arrivent pas à voir, c’est qu’aucune sociÊtÊ ne se fonde sur un consensus total des valeurs entre ses membres, ou, plus prÊcisÊment, que le refus du consensus n’exclut pas les individus de la sociÊtÊ. Dans l’Europe prÊsente, il existe un droit de refuser les mariages entre personnes du même sexe ou de contester les lois sur la bioÊthique, etc., et il n’est pas possible de rÊduire les normes religieuses à la sphère privÊe, parce que cela signifierait expulser la religion de la sphère publique et par consÊquent interdire les pratiques religieuses. Les normes religieuses ne sont pas nÊgociables pour les croyants, mais elles ne devraient pas être imposÊes aux non-croyants. Les  sÊcularisÊs  devraient accepter l’idÊe qu’il existe une  sphère religieuse  qui ne suit pas et peut contredire les valeurs nationales, voire la  culture nationale , mais dont les membres font partie de la communautÊ politique. L’Église catholique est un exemple typique de cette  sphère religieuse  qui ne suit pas les normes et les valeurs dominantes (par exemple, en fait de dÊmocratie ou de fÊminisme), mais elle ne devrait pas de ce fait être contrainte à nommer des femmes prêtres. Pour synthÊtiser, la condition pour une libertÊ religieuse authentique dans une sociÊtÊ vraiment dÊmocratique n’est pas d’Êriger les normes de cette sociÊtÊ en culture, mais en système de droits. Nous devrions  sÊculariser le sÊcularisme  (Étienne Balibar) pour ne pas le transformer en une religion, en une idÊologie ou une culture. Les droits de l’homme sont purement et simplement des droits. Ils ne sont pas une particularitÊ de la culture europÊenne, qui en rÊalitÊ a produit et continue à produire Êgalement beaucoup d’autres idÊologies politiques ; par ailleurs, le Printemps arabe a montrÊ que de nombreux musulmans sont prêts à les adopter sans difficultÊ. Ils sont une construction rÊcente, fragile, souvent contradictoire, difficile à rÊaliser de manière systÊmatique. Ils ne sont pas une rÊalitÊ du passÊ, mais plutôt un projet pour l’avenir. Une remarque finale, qui n’est pas dÊpourvue d’importance dans les circonstances actuelles. L’Europe devrait
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laisser tomber la requête permanente de rÊformes à l’intÊrieur des traditions religieuses, notamment de l’Islam. N’oublions pas que, contrairement à l’opinion commune, un rÊformateur n’est pas nÊcessairement un libÊral (quel a ÊtÊ le taux de libÊralisme, fÊminisme, pro-sÊmitisme et dÊmocratie chez Luther et Calvin ?). Une rÊforme thÊologique, si souhaitable soit-elle, ne peut surgir que de l’intÊrieur d’une tradition donnÊe, à travers l’interaction de ses membres avec la sociÊtÊ environnante. Ce n’est pas une condition prÊalable pour vivre dans une dÊmocratie sÊculière. (Cet article, traduit de l’anglais, est une synthèse des conclusions du projet de recherche  ReligioWest , rÊalisÊ auprès de l’Institut universitaire europÊen).
(RNS/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Les États-Unis ne sont pas un pays chrÊtien
Selon un sondage, la majoritÊ des ÊvangÊliques blancs, ne perçoivent plus les États-Unis d’AmÊrique comme une nation chrÊtienne. Pour 59% des protestants ÊvangÊliques blancs interrogÊs par le Public Religion Research Institute (Institut public de recherche en religion - PRRI) en collaboration avec la Brookings Institution, les États-Unis ne sont plus un pays chrÊtien. Cette rÊponse a progressÊ de 11% en seulement quatre ans, depuis 48% en 2012. La conviction croissante que les États-Unis perdent leur christianitÊ et que le pays est dÊsormais dirigÊ dans la mauvaise direction apparaÎt alors que le monde politique dÊbat largement de l’immigration et des changements culturels durant la campagne Êlectorale. Dans ce rÊcent sondage, des questions sur l’immigration ont Êgalement ÊtÊ posÊes. Les amÊricains apparaissent comme inquiets à cause des influences Êtrangères sur le mode de vie amÊricain. La plupart considèrent que les États-Unis suivent le mauvais chemin, mais leurs opinions diffèrent sur comment revenir sur le bon. Le sondage a ÊtÊ publiÊ le 23 juin. 2600 adultes amÊricains ont ÊtÊ interrogÊs entre le 4 avril et le 2 mai.  Quand on prend du recul pour regarder le panorama que cette recherche nous dÊvoile, on s’aperçoit que les anxiÊtÊs augmentent pour les amÊricains , a dÊclarÊ Robert P. Jones directeur du PRRI, à Washington lors de la confÊrence de presse de prÊsentation des rÊsultats. Alors qu’une forte majoritÊ des amÊricains protestants ÊvangÊliques considèrent que les États-Unis ont perdu leur identitÊ chrÊtienne, les amÊricains dans leur ensemble divergent sur cette question. 41% pensent que le pays est chrÊtien et le reste et 42% pense que le pays a ÊtÊ chrÊtien dans le passÊ, mais ne l’est plus. Une minoritÊ des personnes interrogÊes (15%) pense que le
Commission paritaire 1111 G 88583 DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
pays n’a jamais ÊtÊ une nation chrÊtienne.  La communautÊ blanche protestante ÊvangÊlique sent que sa domination culturelle aux États-Unis est perdue , explique Henry Olsen, chercheur associÊ au Ethics & Public Policy Center (Centre d’Êthique et de politique publique), qui participait à la confÊrence de presse.  Durant les quatre dernières annÊes, un nombre croissant d’entre eux estiment que cette domination est perdue irrÊmÊdiablement , ajoute-t-il.  Cela a des implications majeures pour le monde politique . Les amÊricains sont Êgalement partagÊs quant à savoir si la culture et le mode de vie de leur pays s’est amÊliorÊ (49%) ou s’est dÊtÊriorÊ (50%) depuis les annÊes 1950. Et selon le sondage PRRI/Brookings,  aucun autre groupe social amÊricain n’est plus nostalgique des annÊes 1950 que les blancs protestants ÊvangÊliques , avec 70% dÊclarant que la situation s’est dÊgradÊes. Sur cette question, les sondÊs rÊagissent aussi politiquement avec 68% des rÊpublicains qui considèrent que les choses se sont dÊgradÊes, alors que presque la même proportion (66%) des dÊmocrates pensent qu’elles se sont amÊliorÊes. Mais les amÊricains pensent que le pays va dans la mauvaise direction. Une conviction qui traverse les divisions politiques est a lÊgèrement augmentÊ de 65% en 2011 à 72% aujourd’hui. Et la plupart (57%) croient qu’ils devraient se battre pour leurs valeurs, même si elles sont en contradiction avec les lois et les changements culturels.
D’autres ÊlÊments clÊs de ce sondage
Près de 6 amÊricains sur 10 (57%) pensent que les valeurs de l’islam sont en contradiction avec les valeurs et le mode de vie amÊricain. Parmi les principaux groupes religieux, les blancs protestants ÊvangÊliques sont les plus sceptiques (74%). Une majoritÊ (55%) des amÊricains pensent que le mode de vie amÊricain doit être protÊgÊ contre les influences Êtrangères. Parmi les principaux groupes religieux, les chrÊtiens blancs, incluant les protestants ÊvangÊliques (76%), les catholiques (68%) et les protestants historiques (63%), pensent que leur mode de vie devrait être protÊgÊ. Les amÊricains divergent quant à savoir si la discrimination à l’encontre des chrÊtiens est devenue un problème en AmÊrique, comme l’est la discrimination à l’encontre d’autres groupes. De nombreux chrÊtiens, dont 77% des ÊvangÊliques blancs, 54% des protestants historiques, 53% des catholiques blancs et des protestants noirs, et 50% des Hispaniques catholiques, ressentent que la discrimination anti-chrÊtienne est un problème. Près de 8 amÊricains sans appartenance religieuse sur 10 (78%) ou appartenant à une autre communautÊ religieuse (77%) ne partagent pas ce point de vue.
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