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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 38e annÊe • n° 412 - Mars 2017
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Nouvelles des Églises adventistes
Sylver Spring, États-Unis - Des milliers de personnes crÊent un impact dans leurs communautÊs Riverside, Californie, États-Unis - Projet archÊologique pour une universitÊ adventiste
Protestantisme international
Genève, Suisse - Les protestants et les catholiques allemands cÊlèbrent un service de rÊconciliation Kaiserslautern, Allemagne - Luther, un bon support publicitaire
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - Enseigner les faits religieux à l’Êcole : un projet laïque ! Genève, Suisse - Les camps chrÊtiens exclus de Jeunesse et Sport Kuala Lumpur, Malaisie - Les minoritÊs religieuses marginalisÊes Paris, France - Observatoire de la laïcitÊ sur les arrêts de
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
la Cour de justice de l’Union europĂŠenne du 14 mars
QuÊbec, Canada - Jours fÊriÊs religieux : au QuÊbec, c’est à la carte (ou presque)
SociĂŠtĂŠ - Analyses
États-Unis - Les synagogues conservatrices acceptent officiellement des membres non-juifs États-Unis - Des projets de loi pour enseigner le crÊationnisme au lycÊe
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Olivier Maire Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
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Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Silver Spring, Maryland, États-Unis – Des milliers de personnes crÊent un impact dans leurs communautÊs
Le samedi 18 mars, des milliers d’adventistes ont crÊÊ un impact dans leurs communautÊs dans plus de 100 pays, à l’occasion du programme de la JournÊe mondiale de la Jeunesse. Alors que des photos et des vidÊos Êtaient partagÊes sur les rÊseaux sociaux avec le hashtag #GYD17, la campagne a gÊnÊrÊ un impact de plus de 137 millions d’impressions sur Facebook, Twitter, Instagram. Cela Êtablit un nouveau record des adventistes sur les rÊseaux sociaux. Sam Neves, directeur adjoint des Communications au sein de la ConfÊrence gÊnÊrale des adventistes et coordinateur pour la JournÊe mondiale de la Jeunesse de la stratÊgie sur les rÊseaux sociaux, a dÊclarÊ :  Nous sommes une Église mondiale : 20 millions de membres, 924 langues, 150 000 congrÊgations locales dans 208 pays et territoires. La journÊe mondiale de la Jeunesse est la plus grande opportunitÊ que nous ayons de faire l’expÊrience de l’unitÊ alors que nous nous rassemblons dans le cadre de la même mission en Êtant les mains et les pieds de JÊsus dans nos communautÊs.  Sam Gungaloo, pasteur dans le sud de l’Angleterre et Kehrys Sterling de Vancouver au Canada, ont prÊsentÊ les 24 heures de retransmission depuis le plateau de la JournÊe mondiale de la Jeunesse – un avion appelÊe avec à propos  AirGYD . Partant de l’Allemagne, AirGYD a virtuellement  volÊ  autour du monde en prÊsentant les actions missionnaires de #GYD17 lors de la diffusion vidÊo en ligne en direct. Le programme de 24 heures Êtait diffusÊ sur Hope Channel et YouTube Live. Le thème du service proposÊ pour cette annÊe Êtait le don du sang. Il a ÊtÊ rappelÊ à chacun que pour chaque demi-litre de sang, trois vies peuvent être sauvÊes. Cependant, les jeunes à travers le monde ont trouvÊ d’autres moyens  d’être le sermon  dans leurs communautÊs. Les jeunes en Australie ont tondu la pelouse pour leurs voisins. Les jeunes taiwanais ont encouragÊ leurs nouveaux amis dans les maisons de retraite. En Espagne, les jeunes de Madrid ont organisÊ une  Love-Expo  (expo-amour) au cours de laquelle les passants pouvaient dÊcouvrir comment exprimer l’amour envers les autres à travers leur propre  langage de l’amour . Les prÊsentateurs au PÊrou ont mis en lumière les interventions lors des inondations Êclair et une prière spÊciale proposÊe par l’Êquipage en faveur de ceux qui ont tant perdu dans des catastrophes naturelles. Une retransmission depuis l’intÊrieur d’une prison kenyane pour #GYD17 a gÊnÊrÊ beaucoup de discussion sur la manière d’aider les prisonniers. Un panel de jeunes situÊ à Silver Spring dans le Maryland a rÊflÊchi sur le fait que de nombreux hÊros bibliques ont ÊtÊ emprisonnÊs à cause de leur foi.
Les  Sofas du Sabbat  ont Êgalement ÊtÊ un grand succès lors de #GYD17. Dans plusieurs endroits de Grande-Bretagne, des jeunes adventistes ont placÊ des sofas dans des lieux de grande frÊquentation piÊtonne. Les Êquipes de Sofas du Sabbat font la promotion du repos du septième jour en invitant des passants à s’asseoir pour prendre une pause et discuter. Alors que le marathon de 24 heures touchait à sa fin, le Commandant de Air GYD, le vice-prÊsident de l’Église adventiste du septième jour au niveau mondial, Abner De Los Santos, a rappelÊ à tous ceux qui regardaient le programme en direct qu’à travers #GYD17, il s’agissait de beaucoup plus que l’action d’une journÊe. Il a encouragÊ la jeunesse adventiste à faire de ce type de service un style de vie. Le prÊsident de la ConfÊrence gÊnÊrale, Ted N.C. Wilson a participÊ à la JournÊe mondiale de la Jeunesse en AmÊrique du Nord.  C’est quelque chose de puissant dans ces temps de la fin avant le retour de JÊsus, d’être en mesure de partager les messages des Trois anges de manière pratique et aussi à travers la prÊdication. Les gens auront pour vous beaucoup de respect s’ils voient que ce que vous dites correspond aussi à ce que vous faites,  a dit Ted Wilson. Ted Wilson a appelÊ cette action missionnaire :  Implication totale de la Jeunesse, tout le monde fait quelque chose pour JÊsus. 
(UniversitĂŠ de la Sierra/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Riverside, Californie, États-Unis - Projet archÊologique avec des implications bibliques pour une universitÊ adventiste
Le centre archÊologique d’une universitÊ adventiste sera directement impliquÊ dans le dÊveloppement d’un musÊe dernier cri, planifiÊ de longue date dans une ancienne ville ayant une importance biblique. Douglas Clark, directeur du Centre pour l’ArchÊologie au Proche Orient à l’UniversitÊ de La Sierra, une Êcole adventiste qui se trouve à Riverside en Californie aux États-Unis, a rÊcemment signÊ pour recevoir une subvention qui permettra de lancer le projet dans la ville jordanienne de Madaba.
Douglas Clark conduira une Êquipe multinationale d’archÊologues et de responsables des antiquitÊs venus des États-Unis, d’Italie et de Jordanie dont l’objectif est de prÊserver encore davantage le riche passÊ culturel de la Jordanie avec la crÊation du MusÊe ArchÊologique RÊgional de Madaba et du Parc ArchÊologique Ouest de Madaba. Le musÊe permettra de voir les monuments de la rÊgion datant de toutes les pÊriodes, en particulier les pÊriodes Romaines-Ottomanes entre les IIe et XIXe siècles.
Le musÊe hÊbergera Êgalement des pièces provenant de nombreuses excavations dans la rÊgion y compris celles menÊes par l’UniversitÊ de La Sierra. Au moins 13 sites de fouilles oÚ ont travaillÊ les archÊologues de La Sierra pendant des dÊcennies ont permis de dÊcouvrir des dizaines de milliers d’objets et de vestiges datant de l’Age de Fer.
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Ces objets anciens ont ĂŠtĂŠ gardĂŠs dans un musĂŠe vieillissant situĂŠ loin du centre ville.
La subvention de 117 232 dollars est accordÊe par le Projet d’HÊritage Culturel Durable à Travers l’Engagement de CommunautÊs Locales (SCHEP), un programme de l’Agence AmÊricaine pour le DÊveloppement International (USAID). La subvention du SCHEP couvrira les coÝts des activitÊs qui se dÊrouleront entre janvier 2017 et mars 2018, y compris le dÊblaiement et le nettoyage d’une sÊrie de vieilles maisons Ottomanes, l’enlèvement d’arbres et de feuillages du site du musÊe, la crÊation et la maintenance d’une base de donnÊes des collections, la conception d’un site web et d’un logo, l’embauche et la formation d’un personnel, et la finalisation des plans architecturaux.
 Les maisons Ottomanes formeront le rez-dechaussÊe du nouveau musÊe qui sera construit sur des piliers au dessus de ces vestiges,  a dÊclarÊ Douglas Clark.  L’Êtage au dessus hÊbergera des pièces des pÊriodes prÊcÊdentes dans la rÊgion de Madaba.  Ces pièces dirigÊes par Douglas Clark incluront plusieurs objets provenant des fouilles saisonnières rÊalisÊes à Umayri, l’ÊtÊ dernier, par l’UniversitÊ de la Sierra.
Le projet du nouveau musĂŠe reprĂŠsente ĂŠgalement une opportunitĂŠ pour les ĂŠtudiants de La Sierra et ceux qui ont rĂŠcemment ĂŠtĂŠ diplĂ´mĂŠs, et qui, en mai prochain aideront Ă dĂŠblayer les maisons Ottomanes et Ă prĂŠparer le site pour les restaurateurs et les architectes professionnels.
La rÊgion est bien connue de Douglas Clark et de son Êquipe. Douglas Clark qui est titulaire d’un diplôme en Bible HÊbraïque et en Ancien Testament de l’UniversitÊ de Vanderbilt, est engagÊ dans les fouilles archÊologiques en Jordanie depuis 1973 lorsqu’il a dÊbutÊ en tant que bÊnÊvole à Tall Hisban. En 1984 il a rejoint l’archÊologue de La Sierra, Larry Geraty, sur le site de Tall al-Umayri.
Au fil des annĂŠes, Douglas Clark a rencontrĂŠ Ă plusieurs reprises des archĂŠologues, des artistes et des ĂŠrudits, y compris des reprĂŠsentants du DĂŠpartement d’ArchĂŠologie de la Jordanie et du Ministère du Tourisme. Ces rencontres visaient Ă considĂŠrer les façons de mieux prĂŠserver la longue histoire et le riche hĂŠritage culturel du pays.
La rÊgion de Madaba est riche en histoire biblique.  Madaba est mentionnÊe plusieurs fois dans l’Ancien Testament, à commencer par l’entrÊe d’IsraÍl dans la rÊgion après l’Exode,  a dit Douglas Clark.  Parfois elle est listÊe comme faisant partie du territoire Moabite et quelquefois Ammonite. 
Douglas Clark a expliquÊ qu’il s’agissait d’une riche rÊgion agricole, et au fil des siècles, de nombreuses personnes ont cherchÊ à s’y Êtablir.  Tout le monde voulait un morceau de ce riche gâteau . Il a expliquÊ que la ville est souvent mentionnÊe en rapport avec Heshbon (Hisban), et apparaÎt à plusieurs reprises dans l’histoire et dans les livres prophÊtiques de l’Ancien Testament.
Douglas Clark a indiquÊ que l’archÊologie biblique contribue à la recrÊation des temps et de la
culture bibliques.  L’archÊologie biblique Êclaire notre lecture de la Bible,  a-t-il ajoutÊ.  Elle permet Êgalement d’obtenir une composante essentielle dans l’Êtude de la Bible, si nous voulons comprendre et apprÊcier la Bible dans son contexte d’origine. 
Protestantisme international
(EPD/ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Les protestants et les catholiques allemands cÊlèbrent un service de rÊconciliation
Dans le cadre d’un processus de guĂŠrison des mĂŠmoires, catholiques et protestants allemands se sont rĂŠunis pour un processus commun. C’est par un service commun que les protestants et les catholiques allemands ont poursuivi leur rĂŠconciliation, samedi 11 mars Ă l’occasion du 500e JubilĂŠ de la RĂŠforme. Sous l’intitulĂŠ ÂŤ guĂŠrir la mĂŠmoire, tĂŠmoigner de JĂŠsus-Christ Âť, les confessions chrĂŠtiennes souhaitent rappeler ce qu’elles ont entrepris au cours du siècle dernier pour demander pardon et ÂŤ nous engager devant Dieu Ă poursuivre l’approfondissement de nos ĂŠchanges Âť, peut-on lire dans la ÂŤ parole commune pour l’annĂŠe 2017 Âť publiĂŠe en avant-propos. Le service de pĂŠnitence et de rĂŠconciliation organisĂŠ Ă l’Êglise Saint-Michel de Hildesheim a ĂŠtĂŠ retransmis en direct par l’ARD le 11 mars Ă partir de 17 heures. Il fait partie du processus ÂŤ Healing of Memories Âť (guĂŠrison des mĂŠmoires), qui a fait l’objet d’un accord entre protestants et catholiques. Par cette dĂŠmarche, les confessions souhaitent pour la première fois faire d’un JubilĂŠ de la RĂŠforme une occasion non pas de sĂŠparation, mais de rapprochement. Parmi les invitĂŠs du service de Hildesheim figuraient notamment la chancelière Angela Merkel (CDU), le PrĂŠsident de la RĂŠpublique sortant Joachim Gauck, le prĂŠsident du Parlement Norbert Lammert (CDU) et le prĂŠsident de la Cour constitutionnelle fĂŠdĂŠrale Andreas VoĂ&#x;kuhle. Si les diffĂŠrentes confessions parvenaient Ă l’avenir Ă ne plus laisser parler leurs idĂŠes prĂŠconçues les unes vis-Ă -vis des autres, mais plutĂ´t Ă considĂŠrer l’autre comme un don, ÂŤ alors nous aurions dĂŠjĂ gagnĂŠ beaucoup Âť, a dĂŠclarĂŠ Thies Gundlach, thĂŠologien et viceprĂŠsident de l’Église protestante d’Allemagne (EKD), avant le service Ă l’agence de presse protestante allemande EPD. Des diffĂŠrences thĂŠologiques demeurent malgrĂŠ tout, par exemple, dans la vision des fonctions religieuses et de la Cène. Ainsi, pendant le service de Hildesheim retransmis Ă la tĂŠlĂŠvision, la Cène n’a pas ĂŠtĂŠ cĂŠlĂŠbrĂŠe. Pour Thomas Sternberg, prĂŠsident du ComitĂŠ central des catholiques allemands, ÂŤ l’eucharistie commune Âť reprĂŠsente ÂŤ le sujet dĂŠcisif Âť de l’œcumĂŠnisme. Bien que la rĂŠponse Ă cette question tarde Ă venir, ÂŤ on attend depuis trop longtemps une grande dĂŠclaration commune et officielle, qui devrait s’appliquer Ă tous les croyants Âť, a critiquĂŠ ce reprĂŠsentant des comitĂŠs laĂŻques catholiques lors d’un entretien avec l’EPD. Le service a ĂŠtĂŠ menĂŠ par Heinrich Bedford-Strohm, prĂŠsident du Conseil de l’EKD, et Reinhard Marx, prĂŠsident de la ConfĂŠrence des ĂŠvĂŞques catholiques allemands.
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L’Êvêque mÊthodiste Rosemarie Wenner et l’archiprêtre grec orthodoxe Constantin Miron, tous deux reprÊsentants de la CommunautÊ de travail des Églises chrÊtiennes, y ont Êgalement participÊ. L’Église protestante cÊlèbre jusqu’au mois d’octobre les 500 ans de la rÊforme. Le 31 octobre 1517, Martin Luther (1483-1546) a publiÊ ses 95 thèses contre les abus de l’Église de son temps. Le lÊgendaire affichage des thèses est considÊrÊ comme le point de dÊpart d’un mouvement de rÊforme mondial, lequel a entraÎnÊ la sÊparation des Églises protestante et catholique.
(EPD/ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Kaiserslautern, Allemagne - Luther, un bon support publicitaire
Une bonne histoire et un bon personnage. Ce n’est pas par hasard que Luther prend tant de place dans la commÊmoration de la RÊforme, selon une spÊcialiste en gestion culturelle. La marque  Martin Luther  est un cadeau pour les professionnels du marketing, selon Astrid Mßhlmann, directrice gÊnÊrale de l’Office d’État allemand  Luther 2017 . Le JubilÊ de la RÊforme se vivra donc dans un rapport de tension entre la culture et le commerce, a-telle annoncÊ lors de la soirÊe de prÊsentation du contenu et de la mise en scène de la commÊmoration à Kaiserslautern en Allemagne. Même si le boom Luther conduit parfois à d’Êtranges dÊrives, il reste une opportunitÊ pour faire connaÎtre la RÊforme. Bien sÝr, la RÊforme ne se rÊsume pas à Luther, souligne la spÊcialiste en gestion culturelle. Mais il reprÊsente tout ce qui rend un support publicitaire captivant. L’affichage des thèses est une image inoubliable. L’ÊvÊnement fait de Luther une figure dÊchirÊe et rend l’histoire de la RÊforme palpitante. D’ailleurs, le battage autour de Luther n’est pas un phÊnomène nouveau. DÊjà lors des jubilÊs de 1817 et 1917, le rÊformateur avait ÊtÊ massivement promu. Mais le mercantilisme n’aura pas la place centrale durant l’ÊvÊnement, prÊvient Astrid Mßhlmann. Ce sont les influences de la RÊforme sur la musique, l’art et l’Êducation qui seront mis en avant. Ce n’est pas un hasard si, dans les länder allemands, la supervision du jubilÊ a ÊtÊ assurÊe par les ministères de la Culture ou de l’Éducation et non par les responsables du tourisme.
LibertĂŠ religieuse
(Slate/Isabelle St Martin/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – Enseigner les faits religieux à l’Êcole : un projet laïque !
Pour dÊvelopper à l’Êcole la laïcitÊ et le respect mutuel, parions que le progrès des connaissances est le meilleur rempart contre les peurs et les prÊjugÊs. Enseigner les faits religieux n’est pas une entorse à la laïcitÊ mais la pleine application de son principe. Il faudrait complÊter une approche historique pour ouvrir au monde contemporain et prÊsenter les systèmes de reprÊsentation du monde en situant Êgalement la place de l’athÊisme et de l’agnosticisme. Enseigner les faits religieux à l’Êcole, la proposition n’est pas neuve ! Pourtant elle revient rÊgulièrement dans les discours des politiques ou de personnalitÊs de la sociÊtÊ civile, comme si rien n’avait ÊtÊ fait, ou comme s'il y avait là une solution miracle pour amÊliorer  le vivre ensemble  face aux attentats, ou aux tensions
suscitÊs par les rÊaffirmations religieuses. D’autres au contraire s’inquiètent d’un projet qui remettrait  Dieu  à l’Êcole sous couvert de dÊcouverte des religions ou de prise en compte du spirituel. Clarifier les attentes, prÊciser ce qui est vraiment fait ou reste à faire doit permettre de passer d’une formule incantatoire à une mise en œuvre dans le cadre de l’Êcole laïque.
Enseigner les faits religieux : de quoi parle-t-on ?
Le rapport de RÊgis Debray sur l’enseignement du fait religieux à l’Êcole laïque est portÊ par le contexte des attentats du 11 septembre 2001 mais ne propose pas une rÊvolution! Il s’inscrit dans une sÊrie de rÊflexions qui depuis les annÊes quatre-vingt soulignent l’inculture croissante des Êlèves en ce domaine. La perte de sens d’une partie du patrimoine culturel, la difficultÊ à comprendre les soubresauts d’un monde contemporain oÚ les religions sont partie prenante de conflits, comme la capacitÊ à prendre en compte la pluralitÊ religieuse de la sociÊtÊ française, sont en jeu. Il s’agit alors de promouvoir une connaissance des religions comme faits de civilisation. Hors d’une approche confessionnelle, c’est au sein des disciplines scolaires existantes que le choix français veut saisir les rÊfÊrences au religieux dans une approche distanciÊe et critique.
Des craintes qui font obstacle
Si l’expression  fait religieux  s’est imposÊe, elle suscite une double crainte. Certains y voient une essentialisation du religieux, vu comme une norme dans laquelle chacun aurait à s’inscrire. Or, il n’existe pas de  fait religieux  à l’Êtat pur – indÊpendant d’un contexte historique, sociologique, anthropologique toujours complexe. PrivilÊgier l’emploi du pluriel, comme l’a fait l’IESR, voudrait souligner la pluralitÊ de ces manifestations et la nÊcessitÊ d’une approche interdisciplinaire et contextualisÊe. D’autres redoutent par cet aspect  factuel  une approche très rÊductrice. Il ne s’agit certes pas de se contenter de statistiques mais bien de donner sens à l’examen des mythes, rites, expressions symboliques et artistiques des religions sans considÊrer qu’il y a là un domaine rÊservÊ ou tabou. Cet enseignement ne relève pas du tÊmoignage mais de l’analyse. Il n’est pas une entorse à la laïcitÊ, mais la pleine application de son principe dans un esprit de connaissance.
Le choix français reste peu lisible : une portÊe rÊelle mais limitÊe
Les faits religieux sont abordÊs essentiellement en histoire avec une rÊelle prÊsentation des trois monothÊismes au collège mais dans une approche ponctuelle qui reste très centrÊe sur les origines. CantonnÊes à un passÊ lointain, les religions risquent d’apparaÎtre toute constituÊes de rites et pratiques qui Êvoluent peu dans l’histoire et disparaissent quasiment après la RÊvolution. Ceci n’aide guère à comprendre le prÊsent et tend à renforcer les discours identitaires. Tout en assumant le refus d’une discipline spÊcifique, cet enseignement serait plus lisible et mieux ÊtayÊ scientifiquement en s’inscrivant dans une dimension curriculaire avec un programme pluridisciplinaire ÊchelonnÊ selon les niveaux à l’instar de ce qui a ÊtÊ proposÊ en histoire des arts.
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Il pourrait ainsi : - DÊvelopper l’approche historique pour souligner les Êvolutions et la pluralitÊ interne à chaque tradition afin de lutter contre les lectures fondamentalistes et ouvrir la perspective sur le monde contemporain. - Associer davantage la littÊrature et l’histoire des arts qui permettent de saisir, par la mÊdiation des œuvres, diffÊrents univers symboliques et de distinguer mythe et histoire. - Prendre en compte une dimension anthropologique prÊsentant les rites, pratiques et croyances dans une approche comparÊe des systèmes de reprÊsentation du monde qui gagnerait à aborder la place des religions d’Asie et doit intÊgrer les convictions humanistes par l’histoire et l’actualitÊ de l’agnosticisme et de l’athÊisme
Pourquoi l’aborder à l’Êcole ?
Alors que la France est l’un des pays les plus sÊcularisÊs du monde, il est tentant de penser que la question du religieux disparaÎtra d’elle-même avec la baisse continue de la pratique et de suspecter d’arrière-pensÊe prosÊlyte ceux qui veulent renforcer l’enseignement des faits religieux. Pourtant l’actualitÊ ne cesse de le rappeler, la rÊfÊrence au religieux n’a pas disparu du champ social, politique ou culturel au sens large. Pour en comprendre la place, il faut faire le pari que le progrès des connaissances est toujours la meilleure rÊponse contre les peurs et les prÊjugÊs afin de faire advenir une sociÊtÊ oÚ, selon l’espoir de Gabriel SÊailles, à la veille de la loi de 1905, on puisse  être athÊe sans être traitÊ de scÊlÊrat et croire en Dieu sans être traitÊ d’imbÊcile .
(RĂŠseau ĂŠvangĂŠlique Suisse/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse – Les camps chrÊtiens exclus de Jeunesse et Sport
Cette semaine, l’OFSPO s’est adressÊe par courrier à une dizaine d’associations de jeunesse chrÊtiennes1 pour leur retirer leur autorisation à rÊaliser des activitÊs dans le cadre de Jeunesse et Sport et à obtenir des subventions pour celles-ci, à compter de 2018. Cette dÊcision a choquÊ et profondÊment dÊçu les associations concernÊes, qui Êtaient pourtant, depuis plusieurs dÊcennies, des partenaires apprÊciÊs et fiables dans la branche  Sport de camp / trekking . Plusieurs d’entre elles (notamment BESJ) ont même activement participÊ à la crÊation des contenus des formations de Jeunesse et Sport. La dÊcision de l’OFSPO fait suite à une dÊcision similaire de l’Office fÊdÊral des assurances sociales (OFAS) de ne plus octroyer de subventions à plusieurs associations chrÊtiennes, une dÊcision confirmÊe par le Tribunal administratif fÊdÊral. L’OSFPO a emboÎtÊ le pas, en affirmant que les associations qui poursuivent  des buts essentiellement religieux, centrÊs sur la transmission de la foi  et pour qui  le sport est uniquement un outil qu’elles mettent au service d’autres fins (de nature religieuse , ne s’inscrivent pas dans le cadre des objectifs inscrits dans la Constitution fÊdÊrale et la loi sur l’encouragement des jeunes.
Les associations chrÊtiennes visent un dÊveloppement holistique de l’enfant et du jeune
Le RES et les associations concernĂŠes contestent fermement ces arguments. Selon eux, les activitĂŠs chrĂŠtiennes ne sont pas incompatibles avec le dĂŠveloppe-
ment des enfants et des jeunes prĂŠvus dans la loi et les activitĂŠs sportives ne sont pas instrumentalisĂŠes Ă des fins religieuses. Au contraire, la foi chrĂŠtienne les motive Ă contribuer Ă un dĂŠveloppement holistique des jeunes et des enfants, en encourageant Ă la fois le dĂŠveloppement physique et social, mais aussi spirituel de la personne, et ceci, dans le plein respect de la libertĂŠ de conviction de chacun. Ces principes sont dĂŠtaillĂŠs dans la Charte pour le service chrĂŠtien parmi les jeunes et les enfants (www.ccej.ch).
La ConfÊdÊration tourne le dos à une offre d’intÊrêt gÊnÊral
Des milliers d’enfants et de jeunes bÊnÊficient chaque annÊe de la multitude d’activitÊs et de camps proposÊs par ces associations. Le RES dÊplore d’autant plus ce changement de cap de la ConfÊdÊration que ces associations prÊsentent une offre de très grande qualitÊ à des prix imbattables, et qui remportent un franc succès auprès d’un large public, issu de diffÊrents contextes sociaux ou religieux. La grande majoritÊ de ces activitÊs est accomplie par des bÊnÊvoles. Elles constituent ainsi une importante contribution à la promotion de la santÊ des jeunes et des enfants, et ceci à moindre coÝt.
Pas d’Êpisodes nÊgatifs à signaler dans la pratique
Le RES relève aussi que cette dÊcision ne se fonde sur aucun Êpisode nÊgatif dans la pratique. Tant les enfants et les jeunes participants à ces activitÊs que leurs parents ont toujours montrÊ une grande satisfaction envers les offres de Jeunesse et Sport de ces associations, et ceci, quel que soit leur arrière-plan confessionnel. De même, Jeunesse et Sport s’est jusqu’à prÊsent toujours montrÊ satisfait de la collaboration et les associations concernÊes ont toujours veillÊ scrupuleusement à respecter les directives et les valeurs de Jeunesse et Sport dans leurs activitÊs. Le RES n’a pas connaissance de plaintes concernant une Êventuelle instrumentalisation des activitÊs sportives proposÊes, à des fins religieuses.
Les associations concernĂŠes se concertent actuellement pour dĂŠcider de la suite Ă donner Ă cette dĂŠcision. Elles continueront Ă offrir aux enfants et aux jeunes des activitĂŠs visant Ă favoriser leur dĂŠveloppement intĂŠgral.
1. Le RÊseau ÊvangÊlique suisse (SEA-RES) a eu connaissance de 10 associations concernÊes au minimum à ce jour, dont 5 sont Êtablies en Suisse romande : Association Repère, Cycle formation jeunesse (Cyfoje), Grain de BlÊ, Jeunesse Adventiste, Ligue pour la Lecture Biblique (LLB), Jungscharen der Evangelisch-methodistischen Kirche EMK und vom Bund Evangelischer Schweizer Jungscharen BESJ, Youthnet der Schweizerischen Pfingstmission, Youthplus der BewegungPlus, Adventjugend.
(Slate/Isabelle St Martin/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Kuala Lumpur, Malaisie – Les minoritÊs religieuses marginalisÊes
La prÊsence de l’islam sunnite s’accentue dans tous les aspects de la vie quotidienne malaisienne. Introduction de la charia ou tension autour de l’usage du mot  Allah  par des non-musulmans pour dÊsigner Dieu, inquiètent les fidèles des confessions minoritaires.
L’islam en tant que religion de l’Êtat se positionne de plus en plus dans la sphère politique. Ce changement touche l’Êquilibre entre les religions, constate avec d’autres Hermen Shastri. Ce pasteur mÊthodiste et se-
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crÊtaire gÊnÊral du Conseil des Églises de Malaisie est très familier avec la culture occidentale puisqu’il a obtenu son doctorat en 1989 à Heidelberg. Il s’engage beaucoup dans le dialogue interreligieux et dans les relations entre l’État malaisien et les religions. Avec une jeune femme engagÊe, Victoria Cheng, il Êtait invitÊ à participer à un Êchange informel à Kuala Lumpur, lors du sÊminaire interreligieux de l’Association internationale des femmes religieuses libÊrales (IALRW), prÊsidÊe pour la première fois par une musulmane, Kamar Oniah Kamaruzaman.
Hermen Shastri s’est interrogÊ sur le  libÊral  figurant dans le nom de l’association. La fondation de IALRW date de 1910 lors du  congrès mondial pour un christianisme libÊral et un progrès religieux  à Berlin, organisÊ par des thÊologiens libÊraux. Leur organisation, fondÊe en 1900 à Boston comme  conseil des penseurs unitariens et autres penseurs et travailleurs libÊraux , correspond à l’association internationale pour la libertÊ religieuse (IARF) actuelle avec laquelle l’IALRW est toujours très nouÊe.
 Être libÊral est une lutte continuelle, mais c’est la beautÊ de la diversitÊ , a soulignÊ Hermen Shastri. Pour lui, les libÊraux sont les plus engagÊs pour les Droits de l’homme. Ils soutiennent un Êchange libre, un  œcumÊnisme  aussi entre les chiites et les sunnites. Une rÊflexion qui ne se fait guère en Malaisie, les chiites ne reprÊsentant qu’un faible pourcentage de la population.  La Malaisie est-elle un Êtat religieux ou laïque ? , se demande Hermen Shastri. Pour esquisser une rÊponse, il prÊsente plusieurs controverses actuelles qui secouent le pays.
le cas en Arabie Saudite ou en Iran. Le juriste musulman, Chandra Muzaffar, professeur à l’Institut international de pensÊe et civilisation islamiques à l’UniversitÊ islamique de Kuala Lumpur et prÊsident de l’ONG Mouvement international pour un monde juste (JUST) explique la problÊmatique sous-jacente des religions minoritaires en Malaisie. Il a pris position officielle comme musulman en commun avec d’autres reprÊsentants de religions non-musulmanes contre l’introduction de cette loi. Dans une Êtude publiÊe en 2014, le Conseil consultatif du bouddhisme, christianisme, hindouisme, sikhisme et taoïsme constate clairement que la charia contredit aux prescriptions du Coran et qu’elle n’est pas compatible avec la Constitution malaisienne et son droit pÊnal.
Dans les États oÚ la charia est appliquÊe, les femmes et les non-musulmans sont marginalisÊs. Elle discrimine les musulmans aussi bien que les non-musulmans, car le poids du tÊmoignage dans beaucoup de dÊlits pèse du côtÊ des victimes surtout dans le cas de viol. Les femmes et les non-musulmans n’ont pas le droit de tÊmoigner. Ainsi trois quarts de la population seront disqualifiÊs comme tÊmoins.
Chandra Muzaffar continue :  Nous avions une harmonie relative ; seuls les musulmans avaient une libertÊ restreinte, car ils n’ont pas le droit de questionner la pratique de l’islam. Mais peu à peu, l’influence de l’islam a grandi. Il s’en est suivi l’apparition d’une bureaucratie et de règles de la vie quotidienne que même des musulmans considèrent parfois comme imposÊes. 
Le mot Allah rĂŠservĂŠ aux musulmans
Une autre controverse survenait avec l’usage du mot  Allah  par des non-musulmans. Chandra Muzaffar Un traitement inÊgal pour les minoritÊs cite la revue catholique  Herald qui insiste sur l’usage La prÊsence de l’islam s’accentue dans tous les as- du mot  Allah  qui est utilisÊ surtout par des chrÊtiens pects de la vie quotidienne. Officiellement, un dialogue de la Malaisie de l’Est. Ils lisent la bible en malais, ou interreligieux est maintenu avec le bouddhisme, le  Allah  est utilisÊ pour Dieu. Le Coran ne parle pas taoïsme, le sikhisme, le christianisme et l’hindouisme, d’une exclusivitÊ dans l’usage de ce mot, explique Mumais cela n’est pas satisfaisant. D’un point de vue cri- zaffar, et ne le dÊfend pas aux autres croyants. Des tique, les minoritÊs religieuses ne sont pas traitÊes à chrÊtiens du Proche Orient l’utilisaient bien avant l’arril’Êgal de l’islam majoritaire. Par ailleurs, l’islam peut être vÊe de l’islam. Même les sikhs l’utilisent dans leurs Êcritrès conservateur et les progressifs ne sont pas recon- tures sacrÊes ; dans des hymnes hindous, le mot nus comme partenaire dans le dialogue interreligieux.  Allah  existe Êgalement. En IndonÊsie depuis le miActuellement, toutefois, la formation de mouvements lieu du XVIIe siècle des bibles sont en usage avec le mot affiliÊs à Daesh dans le pays inquiète le gouvernement.  Allah . Mais dÊsormais, cela pose problème.  Les Pour Hermen Shastri, il faut revenir à la reconnais- reprÊsentants d’autres religions peuvent prendre posisance et à la comprÊhension de l’Êtat sÊculier tel que tion. Mais le mieux serait que le changement vienne du prÊvu dans la Constitution de 1957. L’islam comme re- côtÊ musulman , estime Chandra Muzaffar. ligion. Les Malais comme ethnie. Pour illustrer la perte (Observatoire de la laïcitÊ/BIA) - Dammarie-les-Lys, de cet idÊal, il montre sa carte d’identitÊ qui contient un France espace. Pour les musulmans il y figure  islam , chez lui, il y a un vide. C’est  deux poids, deux mesures , Paris, France – Observatoire de la laïcitÊ sur explique-t-il. Bien que l’influence de l’Islam augmente, les arrêts de la Cour de justice de l’Union euils devraient garder et promouvoir une vue libÊrale. Un ropÊenne du 14 mars 2017 (affaire C-157/15 exemple actuel pour l’influence de l’islam est l’usage de et affaire C-188/15). la dÊsignation  halal  comme signe de bontÊ, de puL’Observatoire de la laïcitÊ salue les arrêts de la retÊ. Les mÊdias critiques en donnent un exemple : la vente de pinceaux : jusqu’alors, ils n’avaient pas besoin Cour de justice de l’Union europÊenne (CJUE) qui, d’attestation prouvant qu’ils Êtaient halal, c’est à dire sans modifier le droit positif français, permettent de qu’ils ne contenaient pas de soies de porc. Ils doivent prÊciser l’application des restrictions à la manifestation des convictions individuelles dans le cadre de l’entredès maintenant être bien dÊclarÊs. prise privÊe lorsqu’elle n’exerce aucune mission de service public. La charia en Malaisie La Cour rappelle que l’interdiction du port d’un signe Ces dernières annÊes, des tensions et controverses convictionnel (quel qu’il soit : religieux, politique ou phisont survenues entre les religions à la suite de la proposition d’introduire la charia en Malaisie, comme c’est losophique) ne constitue pas une discrimination et est
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possible dans une entreprise privÊe à la condition que celle-ci soit  objectivement justifiÊe ,  appropriÊe et nÊcessaire . Par ailleurs, la Cour prÊcise qu’une telle interdiction ne doit pas instaurer de diffÊrence de traitement directement fondÊe sur une conviction. Concernant la relation avec la clientèle, la CJUE rappelle qu’elle ne saurait constituer un motif à lui seul suffisant pour justifier une interdiction du port de signes convictionnels. Plus largement, l’Observatoire de la laïcitÊ rappelle que les dÊcisions des juridictions nationales peuvent être diffÊrentes entre la Belgique et la France. En effet, la Belgique connaÎt un système de  laïcitÊ organisÊe  qui considère la laïcitÊ comme une  conviction  (librepenseur, athÊe ou agnostique) et comporte la reconnaissance de la notion d’ entreprises de tendance , notamment  laïques , synonymes de  neutres . Or, en France, la laïcitÊ n’est pas rÊductible à une  tendance  ou une  conviction  mais est un cadre commun à tous, que l’on soit croyant ou pas. La laïcitÊ n’y est absolument pas synonyme de  neutralitÊ gÊnÊralisÊe  (seules les personnes qui exercent une mission de service public sont soumises à un strict devoir de neutralitÊ convictionnelle). En droit français, la notion  de tendance  n’est admise que lorsqu’elle constitue l’objet même de la structure (à savoir les partis politiques, les syndicats, les organisations religieuses et les obÊdiences maçonniques). (Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
QuĂŠbec, Canada : Jours fĂŠriĂŠs religieux : au QuĂŠbec, c'est Ă la carte (ou presque)
En proposant l'instauration de nouveaux jours fÊriÊs pour des fêtes musulmane et juive, la Fondation Terra Nova relance un vieux dÊbat. Au QuÊbec, les employeurs doivent nÊgocier les demandes de congÊs pour une fête religieuse de leurs salariÊs dans le cadre des  accommodements raisonnables . Deux nouveaux jours fÊriÊs, pour Yom Kippour, le  jour du grand pardon  pour les juifs, et l'Aïd elKÊbir, qui marque la fin du ramadan pour les musulmans. La proposition formulÊe aujourd'hui par la Fondation Terra Nova revient de 2003, annÊe oÚ elle apparait dans le rapport Stasi sur l'application du principe de laïcitÊ, avant d'être à nouveau proposÊe par Eva Joly en 2012. En contrepartie,  pour que toutes les confessions soient traitÊes à ÊgalitÊ , Terra Nova propose que les lundis de Pâques et de Pentecôte soient supprimÊs, car ils  ne correspondent à aucune solennitÊ particulière . Le groupe de rÊflexion proche du PS passe cependant à côtÊ d'une autre suggestion de la commission Stasi :  permettre aux salariÊs de choisir un jour de fête religieuse sur leur crÊdit de jours fÊriÊs . Une idÊe importÊe du QuÊbec, oÚ les employeurs sont tenus de les accepter.
Une obligation pour les employeurs
Au QuĂŠbec, ÂŤ les employeurs sont obligĂŠs de rechercher activement une solution permettant Ă un employĂŠ d'exercer pleinement ses droits Âť, rĂŠsume un site du gouvernement quĂŠbĂŠcois. Parmi les obligations des employeurs, ÂŤ autoriser une journĂŠe de congĂŠ pour permettre la participation Ă une fĂŞte religieuse. Âť C'est le principe des ÂŤ accommodements raisonnables Âť, destinĂŠs Ă lutter contre les discrimi-
nations. Dans la pratique, il n'y a pas de texte de loi fixant prÊcisÊment les modalitÊs des jours de congÊs religieux. Certaines conventions collectives les encadrent, mais la majoritÊ se nÊgocient au cas par cas, directement entre employeurs et employÊs. CollectivitÊs comme entreprises le permettent. Il peut s'agir de congÊs sans salaire, ou de congÊs payÊs, mais que le salariÊ doit piocher dans sa banque de jours ou compenser en travaillant plus à un autre moment. Un système parfois compliquÊ à gÊrer qui attend encore d'être dÊbattu en France.
SociĂŠtĂŠ, Analyses
(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
États-Unis – Les synagogues conservatrices acceptent officiellement des membres nonjuifs
À 94 voix contre 8, le mouvement du judaïsme conservateur aux États-Unis a dÊcidÊ d’accueillir officiellement des membres qui ne sont pas juifs. Ce mouvement prône une plus grande ouverture envers les couples interreligieux. Bien que certaines synagogues conservatrices aient dÊjà accueilli des non-juifs comme membres, l’organe qui gouverne le deuxième plus grand courant de judaïsme aux États-Unis a approuvÊ officiellement cette pratique. L'assemblÊe gÊnÊrale des Synagogues unies du judaïsme conservateur (United synagogue of conservative judaism USCJ) - le groupe qui chapeaute les synagogues du mouvement – a acceptÊ à 94 voix contre 8 de permettre aux congrÊgations individuelles de dÊcider si elles Êtendraient l'adhÊsion aux non-juifs.  L'AssemblÊe rabbinique croit que la vie à la synagogue devrait être ouverte à ceux qui souhaitent faire partie de la communautÊ juive. Nous sommes enrichis par leur prÊsence , a dÊclarÊ le rabbin Stewart Vogel, trÊsorier de l'AssemblÊe rabbinique, l'association des rabbins conservateurs.
IntĂŠgrer les couples interreligieux
Stewart Vogel est Êgalement vice-prÊsident de la Commission pour la communautÊ et l’engagement de l'USCJ. Ce groupe s'est rÊuni, l'an dernier, pour Êtudier les moyens de collaborer avec des couples interreligieux.  Nous encourageons un esprit d'accueil qui peut renforcer les liens entre tous , a-t-il relevÊ. Le vote sur l’intÊgration de membres non-juifs arrive à un moment oÚ le taux de mariages interreligieux parmi les juifs aux États-Unis oscille autour de 60%. Si par le passÊ, le mouvement proposait l'adhÊsion officielle uniquement pour les juifs, les non-juifs Êtaient toutefois considÊrÊs comme des membres dans quelques synagogues conservatrices, s’ils faisaient partie de familles membres. Le mouvement conservateur se situe entre celui des rÊformÊs, le plus grand courant de judaïsme aux États-Unis avec son interprÊtation moins stricte de la loi juive, et diverses branches du judaïsme orthodoxe, le courant le plus petit et le plus traditionnel. MalgrÊ son nom, que de nombreuses personnes ne trouvent plus en phase avec la rÊalitÊ, le judaïsme conservateur consacre des femmes rabbins et sanctifie le mariage pour les couples homosexuels.
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Actuellement, il y a certaines pressions au sein de l'USCJ pour ĂŞtre encore plus accueillant envers les couples interreligieux et permettre au clergĂŠ de prĂŠsider des mariages interreligieux - une option maintenant ouverte dans le mouvement rĂŠformĂŠ. Une ĂŠtude du Pew Research Center, de 2013, a montrĂŠ que 18% des juifs amĂŠricains s'identifiaient au mouvement conservateur.
(Documentation catholique/BIA) - Dammarie-lesLys, France
Aux États-Unis, des projets de loi pour enseigner le crÊationnisme au lycÊe
Depuis le dĂŠbut de l’annĂŠe, quatre États amĂŠricains ont ĂŠtudiĂŠ des lois visant Ă autoriser l’enseignement, lors des cours de sciences au lycĂŠe, des thèses crĂŠationnistes au mĂŞme titre que la thĂŠorie de l’Êvolution. Une actualitĂŠ qui met en lumière l’avancĂŠe dans les mentalitĂŠs amĂŠricaines d’un ultra-conservatisme religieux, qui compte dĂŠsormais des partisans au plus haut niveau de l’État. CrĂŠationnisme contre thĂŠorie de l’Êvolution. L’opposition n’est pas neuve aux États-Unis, oĂš partisans des thèses de Charles Darwin et religieux ultraconservateurs, dĂŠfenseurs d’une lecture littĂŠrale du rĂŠcit biblique de la Genèse, s’affrontent depuis près d’un siècle devant les tribunaux. Mais ces thèses, très rĂŠpandues aujourd’hui dans les milieux ĂŠvangĂŠliques, en particulier dans le sud du pays, semblent gagner du terrain dans l’opinion ameĚ ricaine. L’Êcole est au cĹ“ur de la controverse. Ces joursci encore, une loi est Ă l’Êtude au Parlement du Texas, visant Ă autoriser l’enseignement des thèses crĂŠationnistes au mĂŞme titre que la thĂŠorie de l’Êvolution lors des cours de sciences au lycĂŠe. Depuis le dĂŠbut de l’annĂŠe 2017, le Texas est le quatrième État Ă ĂŠtudier une loi similaire, après l’Oklahoma, le Dakota du Sud et l’Indiana. 42 % des AmĂŠricains croient que l’homme a ĂŠtĂŠ crĂŠĂŠ tel qu’il existe aujourd’hui. Les États-Unis sont habituĂŠs aux joutes judiciaires sur ces questions. Sur les treize dernières annĂŠes, pas moins de 70 projets de loi sur l’enseignement des thĂŠories de la crĂŠation auraient ĂŠtĂŠ prĂŠsentĂŠs Ă travers le pays, selon le Centre national pour l’enseignement des sciences. C’est que le crĂŠationnisme, presque inexistant en France, a de très nombreux partisans outre-Atlantique : selon une ĂŠtude de 2014 de l’institut amĂŠricain Gallup, 42 % des AmĂŠricains croient que l’homme a ĂŠtĂŠ crĂŠĂŠ tel qu’il existe aujourd’hui. ÂŤ La culture religieuse et la vision mythologique que les AmĂŠricains ont de leur pays, expliquent en grande partie cette particularitĂŠ Âť, expliquait l’historienne Blandine ChĂŠlini-Pont, professeur Ă l’univerCommission paritaire : renouvellement en cours DĂŠpĂ´t lĂŠgal N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne
siteĚ d’Aix-Marseille et spĂŠcialiste des religions aux États-Unis, dans un article de 2011. Loin d’être une curiositĂŠ folklorique, ÂŤ le dĂŠbat sur l’enseignement de la thĂŠorie scientifique de l’Êvolution a particulièrement contribuĂŠ Ă dĂŠgager la laiĚˆcitĂŠ scolaire amĂŠricaine Âť, ĂŠcrivait-elle ĂŠgalement.
Un discours moins ouvertement religieux
Depuis le fondateur ÂŤ procès du singe Âť en 1925 – qui vit un enseignant du Tennessee condamnĂŠ pour avoir enseignĂŠ la thĂŠorie de l’Êvolution Ă ses ĂŠlèves – le discours crĂŠationniste a changĂŠ de forme, mais pas de fond. Dans sa forme la plus extrĂŞme, ce dernier affirme que l’univers a ĂŠtĂŠ crĂŠĂŠ en six jours, il y a environ 10 000 ans. Mais depuis un arrĂŞt de la Cour suprĂŞme de 1987 affirmant que la ÂŤ science de la crĂŠation Âť ĂŠtait une conviction religieuse et non scientifique et que son enseignement ĂŠtait donc inconstitutionnel, ses dĂŠfenseurs ont tentĂŠ de rendre leur discours moins ouvertement religieux. Le ÂŤ nĂŠocrĂŠationnisme Âť prĂŠsente dĂŠsormais ses arguments comme des thĂŠories scientifiques. Depuis les annĂŠes 1990, le concept du ÂŤ dessein intelligent Âť a ainsi fait son apparition au centre du discours creĚ ationniste. ÂŤ Leurs positions sont dĂŠfendues par des pseudo-scientifiques, en se basant sur quelques fouilles archĂŠologiques, parfois inventĂŠes. Mais au fond, c’est le mĂŞme discours un peu maquillĂŠ Âť, rĂŠsume Mokhtar Ben Barka, chercheur Ă l’universitĂŠ de Valenciennes et spĂŠcialiste des ĂŠvangĂŠliques amĂŠricains.
Un effet Trump ?
 La progression du crÊationnisme dans les esprits n’est pas Êtonnante , selon lui.  Les ÊvangÊliques sont en progression aux États-Unis, tandis que les courants protestants libÊraux sont en net recul. Cette avancÊe d’un ultra-conservatisme religieux va de pair avec celle du conservatisme politique, dans un contexte de crispation face à la modernitÊ . Et la montÊe en puissance de cette mentalitÊ ne peut que se sentir encouragÊe par la prÊsence au gouvernement de plusieurs personnalitÊs ouvertement crÊationnistes. Ben Carson, secrÊtaire d’État au logement, de confession adventiste du septième jour, a par le passÊ qualifiÊ la thÊorie de l’Êvolution de  satanique  et le big bang de  conte de fÊes . Betsy DeVos, secrÊtaire d’État à l’Êducation et par ailleurs riche philanthrope, soutient financièment des groupes soutenant le  dessein intelligent . Le système lÊgislatif amÊricain, est fait de telle sorte que les ministres de Donald Trump ne pourront pas peser directement sur le dÊbat.  Mais leur prÊsence au plus haut niveau de l’État, par ricochet, va renforcer ce mouvement , assure Mokhtar Ben Barka.
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