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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 38e annÊe • n° 415 - Juin 2017
Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste
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Nouvelles des Églises adventistes
Vittel, France - AssemblÊe gÊnÊrale de la FÊdÊration des Églises adventistes du Nord de la France Vittel, France - Nouveau prÊsident et nouvelle Êquipe de la FÊdÊration du Nord
Protestantisme international
Paris, France - Des femmes responsables d’Église
LibertĂŠ religieuse
Cayenne, Guyane française - La Guyane doit continuer à salarier ses prêtres, tranche le Conseil constitutionnel Russie - Le point sur les persÊcutions des TÊmoins de Jehovah Russie - Les persÊcutions des enfants des TÊmoins de Jehovah
(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
SociĂŠtĂŠ - Analyses
Paris, France - La religion, sujet Êpineux au sein des familles Washington, États-Unis - Donald Trump : Il est temps de mettre un terme aux attaques contre la religion Genève, Suisse - L’Ancien Testament est-il une langue morte ?
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 2
Nouvelles des Églises adventistes
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Vittel, France - AssemblÊe gÊnÊrale de la FÊdÊration des Églises adventistes du Nord de la France
La FÊdÊration des Églises adventistes du Nord de la France s’est retrouvÊe au Palais des Congrès de Vittel du mercredi 24 au samedi 27 mai pour son AssemblÊe gÊnÊrale ordinaire quadriennale. Les administrateurs ont prÊsentÊ leurs rapports d’activitÊs dès l’ouverture. Les responsables des dÊpartements et des diffÊrents services ont montrÊ les actions entreprises à leurs niveaux au cours de ce mandat. La partie administrative Êtait agrÊmentÊe de chants en laissant la place à des moments d’Êdification et de rÊflexions bibliques. Les adventistes sont en effet très attachÊs à la Bible en mettant toujours en valeur la pensÊe des Êcrivains bibliques dans le plan du salut dÊveloppÊ pour l’humanitÊ depuis ses origines. Le thème de cette assemblÊe  Grandir ensemble  fut le fil conducteur de ces quatre jours. Il a ÊtÊ dÊveloppÊ par deux invitÊs exceptionnels : le pasteur John Graz, ancien responsable du dÊpartement des Affaires publiques et de la LibertÊ de la ConfÊrence gÊnÊrale et le pasteur Daniel Lassonnier, prÊsident de l’Union des Antilles et de la Guyane française (UAGF). Les dÊlÊgations des communautÊs locales comprenaient prÊcisÊment 346 dÊlÊguÊs des 82 Êglises de cette FÊdÊration, 47 pasteurs en exercice avec le personnel salariÊ, les bÊnÊvoles des services et dÊpartements et les vÊrificateurs aux comptes, cela faisait un total de 430 dÊlÊguÊs. Au 31 dÊcembre 2016, la FÊdÊration du Nord comprenaient 10 049 membres. Le pasteur Gabriel GolÊa et son Êquipe avaient très bien prÊparÊ l’organisation de cette assemblÊe gÊnÊrale ordinaire.
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Vittel, France - Un nouveau prĂŠsident et une nouvelle ĂŠquipe Ă la FĂŠdĂŠration du Nord de la France
Après la mise en place des diffÊrentes commissions de travail et sous la conduite des administrateurs de l’Union des FÊdÊrations adventistes (UFA), les dÊlÊguÊs de l’AssemblÊe gÊnÊrale ordinaire de la FÊdÊration des Églises adventistes du Nord de la France ont nommÊ un nouveau prÊsident en la personne de JeanJack Chafograck.
Le pasteur Jean-Jack Chafograck, âgÊ de 52 ans Êtait responsable de l’Association pastorale au sein de cette FÊdÊration du Nord de la France. Universitaire, attachÊ à la pensÊe biblique et à l’exÊgèse, il a aussi exercÊ rÊcemment comme prÊsident de l’Alliance biblique française. Il est titulaire d'un doctorat en thÊologie de l'UniversitÊ de Strasbourg et d'un DEA en linguistique de l'UniversitÊ de Paris V (Sorbonne).
Son parcours du ministère pastoral l’a conduit dans diffÊrentes Êglises adventistes de France : CrÊteil, Savigny, Strasbourg, Paris-Est, Reims, Neuilly-sur-Seine, etc. Riche de cette expÊrience, il Êtait naturel qu'il exerce la fonction de secrÊtaire gÊnÊral de cette fÊdÊration sous la prÊsidence du pasteur Gilles Georges,
voici quelques annĂŠes, puis celui de responsable de l'Association pastorale dans l'ĂŠquipe du pasteur Gabriel GolĂŠa.
MariÊ à Nadiège, le couple a trois enfants. Tout en Êtant discrète, son Êpouse lui a toujours ÊtÊ d'une aide prÊcieuse dans son ministère.
Les dĂŠlĂŠguĂŠs ont votĂŠ une nouvelle ĂŠquipe pour un mandat de quatre nouvelles annĂŠes selon la rĂŠpartition suivante :
SecrĂŠtaire gĂŠnĂŠral : Olivier Maire, pasteur TrĂŠsorier : Jarvis Doom, pasteur PĂ´le ĂŠvangĂŠlisation et DĂŠpartement de l’ÊvangĂŠlisation : Sean Dowding, pasteur Ministère auprès des malentendants et des sourds : Helder Pereira, pasteur Ministère de la prière : Karine Eloidin, pasteure PĂ´le ĂŠducation et DĂŠpartement ĂŠducation : Matthieu Fury, pasteur DĂŠpartement de la famille : Matthieu Fury, pasteur et Smarandita Fury DĂŠpartement Jeunesse adventiste : StĂŠphane Eucharis, pasteur CatĂŠchèse des enfants et ministère auprès des enfants : Françoise Toniolo CatĂŠchèse des adultes : Christiane Louis (bĂŠnĂŠvole) Association pastorale : Elioenay Rajaonah, pasteur Coordination des ĂŠpouses et ĂŠpoux de pasteur : Smarandita Fury (bĂŠnĂŠvole) Ministère auprès des femmes : Enide Cadasse (bĂŠnĂŠvole) DĂŠpartement de la Gestion chrĂŠtienne de la vie (GCV) : JĂŠrĂŠmie Debord (bĂŠnĂŠvole) Le nouveau conseil d’administration a ĂŠtĂŠ nommĂŠ avec l’Êquipe des trois administrateurs, les responsables des pĂ´les et les reprĂŠsentants des rĂŠgions (RĂŠgion Ouest, RĂŠgion Nord, RĂŠgion Est, RĂŠgion Centre, RĂŠgion Ilede-France, soit un total de 15 membres + les deux reprĂŠsentants de l’UFA. La FĂŠdĂŠration des ĂŠglises adventistes compte plus de 10 000 membres rĂŠpartis dans 104 lieux de culte. De plus amples informations (Composition des commissions, interviews, etc.) paraitront dans la Revue adventiste de cet ĂŠtĂŠ.
Protestantisme international
(TĂŠmoignageChrĂŠtien/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Des femmes responsables d’Église ?
Le 27 mai dernier, l’Église protestante unie de France (EPUdF) a Êlu prÊsidente de son conseil national la pasteure Emmanuelle Seyboldt. C’est une première. L’EPUdF accepte les femmes au rôle de pasteur depuis une soixantaine d’annÊes, et plus d’un tiers des pasteurs sont des femmes. Depuis environ quinze ans, des femmes sont prÊsidentes de rÊgion ou inspecteurs ecclÊsiastiques (ce qui hiÊrarchiquement correspond à l’Êvêque catholique), donc l’Êlection d’une femme comme prÊsidente s’inscrit dans cette dynamique. Cela ne heurte personne, certains en sont même fiers. Cette Êlection l’annÊe oÚ les protestants cÊlèbrent les cinq cents ans de la RÊforme a une portÊe symbolique que l’on ne peut ignorer. Pourtant, dans le paysage religieux français, c’est une exception.
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 3 On peut lĂŠgitimement se demander pourquoi les religions confinent le plus souvent les femmes Ă des tâches certes indispensables, mais subalternes ? Pourquoi n’exercent-elles pas les responsabilitĂŠs Ă ĂŠgalitĂŠ avec les hommes ? Dans le christianisme, cela pourrait pourtant ĂŞtre diffĂŠrent car, si la tradition a très rapidement exclu les femmes de la plupart des ministères, une lecture attentive et respectueuse de la Bible nous fait dĂŠcouvrir de nombreuses figures fĂŠminines dont le caractère et la destinĂŠe nous permettent d’aller bien au-delĂ de l’opposition entre Ăˆve et Marie ou entre la vierge et la prostituĂŠe. Des figures parfois nĂŠgatives comme celles de JĂŠzabel ou HĂŠrodiade, parfois ambiguĂŤs comme celle de Sarah cĂ´toient des combattantes, des croyantes exemplaires, des femmes qui se battent pour la vie, pour leur foi, tout au long de la longue histoire biblique. Et si, finalement, la mise Ă l’Êcart des femmes dans le christianisme primitif ĂŠtait avant tout un problème de pouvoir, et non le rĂŠsultat d’un enracinement ĂŠvangĂŠlique. Dans une civilisation patriarcale, les Églises ont reproduit le mode d’exercice du pouvoir de la culture dans laquelle elles prospĂŠraient. Il faut bien admettre qu’alors, la voix des femmes n’aurait probablement pas ĂŠtĂŠ entendue. Mais, aujourd’hui, alors que les femmes peuvent ĂŞtre chefs d’entreprise, cosmonautes ou ministres, au lieu de nous focaliser sur un ou deux versets, nous pouvons entendre le message de l’Évangile. En effet, la Bible a pris Ă brasle-corps la question des femmes, et ce dans les deux Testaments. Dès l’ouverture des Évangiles, la gĂŠnĂŠalogie de JĂŠsus nous rappelle combien les femmes sont essentielles. Quatre y sont prĂŠsentes, Tamar, Rahab, Ruth et BethsabĂŠe. Elles sont parfois loin d’être exemplaires, mais elles ont toutes en commun leur combat pour que la vie puisse advenir. Ruth, arrière-grand-mère de David, Ă la fois femme et ĂŠtrangère, devient le modèle de la croyante. Tout au long de sa vie, JĂŠsus sera accompagnĂŠ de femmes, parfois plus fidèles que les douze disciples. Et Ă la fin de l’Évangile de Jean, c’est Ă Marie Madeleine que JĂŠsus ressuscitĂŠ apparaĂŽt en premier. Il lui donne la parole et l’envoie annoncer la bonne nouvelle, faisant d’elle le premier apĂ´tre. Il aura donc fallu presque vingt siècles pour que l’Église entende la voix de ces femmes, pour que leurs descendantes puissent exercer les responsabilitĂŠs Ă ĂŠgalitĂŠ avec les hommes, pour qu’il y ait des femmes enseignantes, ministres du culte, chefs d’Église, malheureusement de manière très minoritaire au regard du nombre d’Églises. Alors, oui, cette ĂŠlection est une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle d’abord pour l’EPUdF, parce qu’Emmanuelle a ĂŠtĂŠ ĂŠlue pour ses qualitĂŠs. Le fait qu’elle soit une femme n’est pas intervenu dans ce choix, mais il n’a ĂŠtĂŠ en rien un obstacle. L’Église se rappelle que l’Évangile appelle Ă combattre les flĂŠaux sociaux, et la mise au ban des femmes en fait partie, comme la lutte contre toutes les exclusions, lutte qui est loin d’être terminĂŠe. Une bonne nouvelle pour les religions, qui peuvent ainsi s’opposer Ă la vision nĂŠgative qu’elles vĂŠhiculent, et Ă tous les radicalismes. Il existe une manière ouverte, inclusive, accueillante de vivre et de dire sa foi. Une manière qui, loin de nous diviser, nous relie. Une bonne nouvelle pour la sociĂŠtĂŠ, car il existe un lien fort entre le rĂ´le des femmes dans la sociĂŠtĂŠ et l’Êtat de cette dernière. Lorsque l’on attaque le droit des femmes, c’est le reflet d’un monde dans lequel tous les droits de l’homme sont bafouĂŠs. Alors, qu’il y ait des femmes responsables au plus haut niveau, y compris dans l’Église,
nous invite à poursuivre sur la voie de la construction d’un monde plus juste.
LibertĂŠ religieuse
(Marianne/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Cayenne, Guyane française - La Guyane doit continuer à salarier ses prêtres, tranche le Conseil constitutionnel
Il n'y a pas qu'en Alsace-Moselle que le culte catholique est financÊ sur fonds publics. La CollectivitÊ territoriale de Guyane doit aussi rÊmunÊrer son Êvêque et ses curÊs comme des fonctionnaires. Et cet hÊritage colonial vient d'être jugÊ conforme par le Conseil constitutionnel. LaïcitÊ à plusieurs vitesses, nouvelle illustration. Saisi par une question prioritaire de constitutionnalitÊ (QPC) à l'initiative de la CollectivitÊ territoriale de Guyane (CTG), le Conseil constitutionnel a dÊcidÊ vendredi 2 juin de confirmer l'obligation de financement du culte catholique par ce territoire d'outre-mer. Car il n'y a pas que l'Alsace-Moselle qui fasse exception à l'application de la loi de 1905 de sÊparation des Églises et de l'État. Si l'Est de la France est toujours rÊgi par le Concordat napolÊonien, c'est une ordonnance royale de Charles X datant de 1828 qui oblige la CTG à salarier les prêtres ainsi que l'Êvêque du dÊpartement. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce texte considère la Guyane comme une  terre de mission à ÊvangÊliser , dans le plus pur esprit du colonialisme français du XIXe siècle. Autre diffÊrence : contrairement à l'Alsace-Moselle qui salarie aussi les cultes juif et protestant, seul le catholique est pris en charge en Guyane.
L'État n'a jamais souhaitÊ revenir sur ce financement
C'est cette règle d'un autre temps qui a poussÊ le Conseil gÊnÊral à tenter d'appliquer la loi 1905 en Guyane. En 1911, lorsque les dÊcrets d'application de cette loi pour les territoires ultramarins sont discutÊs, notables et politiques locaux poussent les dÊputÊs français à n'en publier aucun pour le territoire situÊ en AmÊrique du Sud. En 1946, avec la dÊpartementalisation, l'État manque encore une fois l'occasion d'en finir avec cette entorse à la laïcitÊ : des dÊcrets devaient Êgalement être pris en Guyane pour mettre fin au financement du culte mais finalement, la rÊmunÊration publique devient au contraire une dÊpense obligatoire du dÊpartement. Une anomalie de l'Histoire restÊe en l'Êtat durant la seconde moitiÊ du XXe siècle, jusqu'à ce que le parti d'extrême gauche indÊpendantiste MDES - Mouvement de dÊcolonisation et d'Êmancipation sociale - dÊcide de s'en dÊbarrasser une fois à la tête du dÊpartement. Le 30 avril 2014, Alain Tien-Liong, alors prÊsident du conseil gÊnÊral de Guyane, prend ainsi 26 arrêtÊs supprimant la rÊtribution d'une trentaine de prêtre payÊs comme des fonctionnaires de catÊgorie C, et de l'Êvêque considÊrÊ comme un fonctionnaire de catÊgorie A. Alain Tien-Liong Êvalue à environ un million d'euros par an leur charge salariale pour la CTG.
ProtĂŠger le Concordat en Alsace-Moselle ?
Mais la justice administrative dÊcide d'invalider les arrêtÊs après un recours dÊposÊ par la mission catholique guyanaise, jugeant que le conseil gÊnÊral n’avait pas  compÊtence  pour mettre fin  unilatÊralement  à ces
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 4 rÊmunÊrations. S'il dÊnonce une dÊcision prise à la vavite, l'Êvêque de Cayenne, Emmanuel Lafont estime tout de même dans une interview au journal La Croix  qu'il serait bon que l'Église renonce d'elle-même à un privilège plutôt que d'attendre qu'il lui soit enlevÊ , reconnaissant une "situation qui ne correspond plus à la sociÊtÊ multiculturelle dans laquelle nous vivons". Pourtant, le 2 juin, le Conseil constitutionnel a confirmÊ la position prise par le tribunal administratif.  C'est la volontÊ de ne pas ouvrir le dÊbat sur la situation particulière de l'Alsace-Moselle qui fonde ce rappel , analyse le professeur d'Êconomie Michel AbhervÊ, qui chronique le rÊgime spÊcifique de la Guyane sur son blog hÊbergÊ par Alternatives Economiques. Selon lui,  le Conseil constitutionnel botte en touche  et renvoie à l'AssemblÊe nationale  la responsabilitÊ d'appliquer, enfin, la loi de 1905 en Guyane . Une conclusion proche de la jurisprudence sur le rÊgime concordataire alsacien. En 2013, le Conseil constitutionnel avait confirmÊ que  les territoires d'Alsace et de Lorraine continuent, jusqu'à ce qu'il ait ÊtÊ procÊdÊ à l'introduction des lois françaises à être rÊgis par les dispositions lÊgislatives et rÊglementaires qui y sont actuellement en vigueur . En clair, puisque la loi 1905 n'a ÊtÊ introduite par aucun gouvernement ou assemblÊe dans cette rÊgion, toute modification doit revenir aux politiques. Justement, Antoine Karam, sÊnateur de Guyane, avait dÊposÊ en mars 2015 une proposition de loi pour supprimer le rÊgime spÊcial guyanais. Cette dernière n'a toujours pas ÊtÊ inscrite à l'ordre du jour du SÊnat.
(Mouvements religieux AEIMR/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Russie, Le point sur les persĂŠcutions des TĂŠmoins de JĂŠhovah
PrÊsents dans l’Empire russe en 1891 sous la forme des Êtudiants de la Bible, les TÊmoins de JÊhovah ont longtemps ÊtÊ l’objet de rÊpression à l’Êpoque du communisme et ont profitÊ de la libÊralisation à partir des effondrements de l’URSS en 1991.
Le  Centre administratif des TÊmoins de JÊhovah de Russie  a ÊtÊ enregistrÊ officiellement le 27 mars de cette annÊe-là . Le 1er janvier 2017, les autoritÊs reconnaissaient 398 organisations jÊhovistes, 175 000 fidèles frÊquentant le culte dans 2 300 assemblÊes locales. Pourtant la rÊpression a repris depuis une dÊcennie.
(En Russie comme ailleurs, les TĂŠmoins de JĂŠhovah ne votent pas. Ils refusent le service militaire et les transfusions sanguines et ne saluent pas le drapeau. Leurs dĂŠnonciations des Églises heurtent la puissante Église orthodoxe en plein renouveau depuis la chute du communisme. Autant de raisons pour susciter l’hostilitĂŠ du pouvoir politique qui, depuis Poutine, s’oriente vers le nationalisme et multuplie les entorses aux droits de l’homme. On connait aussi leur tendance Ă s’isoler de la sociĂŠtĂŠ lorsqu’ils voient de l’impiĂŠtĂŠ comme par exemple dans la cĂŠlĂŠbration de NoĂŤl et des anniversaires).
Le moyen de rĂŠpression en Russie est une loi fĂŠdĂŠrale de 2002 rĂŠprimant les activitĂŠs extrĂŠmistes, de laquelle un amendement de 2006 a supprimĂŠ toute rĂŠfĂŠrence Ă la violence et aux appels Ă la violence pour les caractĂŠriser. Dès 2012, le Conseil de l’Europe a appelĂŠ les autoritĂŠs russes Ă ne pas utiliser cette loi contre les communautĂŠs religieuses et citait Ă cette occasion les TĂŠmoins de JĂŠhovah. En juin 2012 la Commission europĂŠenne pour la dĂŠmocratie par le droit (Commission
de Venise, un organe consultatif du Conseil de l’Europe) a rĂŠdigĂŠ un rapport selon lequel la formulation nouvelle de la loi ĂŠtait trop imprĂŠcise, ce qui ouvrait la voie Ă l’arbitraire et ce qui permettait de l’utiliser abusivement contre certaines religions dont les TĂŠmoins de JĂŠhovah. Connaissant la stratĂŠgie de ceux-ci qui s’appuient sur toutes les possibilitĂŠs du droit international pour dĂŠfendre leur libertĂŠ religieuse, on ne doute pas qu’ils aient ĂŠtĂŠ actifs pour aboutir Ă la rĂŠdaction de ce document. Effectivement, ils sont dans le collimateur.
Dix ans de rĂŠpression
L’offensive a ĂŠtĂŠ lancĂŠe le 15 mars 2007 lorsque le ministre russe de la Justice a dĂŠposĂŠ une plainte auprès de la Cour suprĂŞme pour que le Centre administratif des tĂŠmoins de Jehovah soit classĂŠ extrĂŠmiste et donc dissous. Dix ans plus tard, 37 associations cultuelles ont reçu des mises en garde et 10 ont ĂŠtĂŠ mises en liquidation. Une centaine d’ouvrages ont ĂŠtĂŠ interdits. Ă€ partir de 2015, des mesures concrètes ont ĂŠtĂŠ prises contre les institutions nationales jĂŠhovistes.
2015 : l’interdiction du site internet jw.org
Le 7 aoÝt 2013, le site internet avait ÊtÊ dÊclarÊ  extrÊmiste  par un tribunal de district, ce qui avait ÊtÊ suivi d’une bataille judiciaire : le 22 janvier 2014 cette sentence a ÊtÊ annulÊe par un tribunal rÊgional mais le procureur gÊnÊral adjoint de Russie a introduit un recours auprès de la Cour suprême qui a finalement qualifiÊ le site d’ extrÊmiste  le 21 dÊcembre 2014. Le 21 juillet 2015, le ministre de la justice a ajoutÊ le site à la liste fÊdÊrale des documents extrÊmistes et l’a interdit. Le faire connaÎtre malgrÊ tout entraÎne des poursuites au pÊnal.
2016-2017 : l’offensive contre le Centre administratif
Le 2 mars 2016 le Procureur gĂŠnĂŠral de Russie a adressĂŠ un avertissement au Centre administratif des tĂŠmoins de JĂŠhovah de Russie : il serait dissous si dans les deux mois les mesures pour mettre fin aux violations de la loi sur l’extrĂŠmisme n’Êtaient pas prises. D’oĂš une nouvelle bataille judiciaire : 12 dĂŠcembre 2016 : le tribunal du district de Tverskoy, Ă Moscou, rejeta un recours du Centre administratif. 16 janvier 2017 : en appel, le Tribunal de Moscou jugea non recevables les arguments mettant en cause la lĂŠgalitĂŠ de l’avertissement du 2/3/2016 qui devenait ainsi exĂŠcutoire. 2 fĂŠvrier 2017 : le ministère de la Justice informa le Centre administratif d’une inspection imminente et demanda la remise de ses documents administratifs, juridiques et financiers. 15 mars 2017 : sous la signatre du vice-ministre Sergei Gerasimov, le ministère de la Justice dĂŠcida la suspension des activitĂŠs des organisations rĂŠgionales jĂŠhovistes : elles ne sont pas autorisĂŠes Ă utiliser les mĂŠdias officiels pour organiser ni tenir des rĂŠunions, rassemblements, manifestations, marches et piquets de grève. Il leur est interdit d’utiliser l’argent des dĂŠpĂ´ts bancaires pour couvrir leurs pertes et payer les amendes qui leur sont infligĂŠes. Les TĂŠmoins de JĂŠhovah ont ripostĂŠ de deux façons : le 8 fĂŠvrier 2017 ils ont introduit une requĂŞte auprès de la Cour europĂŠenne des droits de l’homme, et d’autre part, ils ont lancĂŠ sur le site internet jw.org un appel Ă adresser des courriers aux autoritĂŠs russes pour faire
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 5 pression. Fin avril, les autoritÊs ont reçu 48 millions venus du monde entier.
Ils ont pu obtenir des soutiens officiels :
Le 28 mars 2017, la Commission d’Helsinki de l’Organisation pour la SĂŠcuritĂŠ et la CoopĂŠration en Europe (OSCE) a publiĂŠ une condamnation de la politique russe contre les TĂŠmoins de JĂŠhovah : rappelant que la Russie est signataire de l’acte final de la confĂŠrence d’Helsinki de 1975 qui reconnait la libertĂŠ de tous de pratiquer leur religion, le texte affirme qu’utiliser la lĂŠgislation contre le terrorisme est une erreur qui dĂŠtourne de rĂŠels efforts pour lutter contre le terrorisme. Le gouvernement russe est accusĂŠ d’utiliser la crainte du terrorisme pour limiter la libertĂŠ religieuse alors que l’affiliation Ă une religion n’est jamais une justification pour une persĂŠcution. Il faut cesser immĂŠdiatement. Deux jours plus tard, fut publiĂŠ un texte de l’Union EuropĂŠenne et de l’Organisation pour la sĂŠcuritĂŠ et la coopĂŠration en Europe (OSCE) allant dans le mĂŞme sens. (...)
20 avril 2017 : l’interdiction
Les efforts auront ĂŠtĂŠ inutiles : le 20 avril 2017, la Cour suprĂŞme a jugĂŠ que le siège central et les groupes locaux de TĂŠmoins de JĂŠhovah sont extrĂŠmistes. Les activitĂŠs son interdites, les biens confisquĂŠs, les transactions financières sont bloquĂŠes. La dĂŠcision ne concerne pas que le siège central, mais aussi l’ensemble des organisations locales. On peut s’attendre Ă de la rĂŠpression pour ceux qui refuseraient le service militaire.
(Lauren Markoe RNS/Protestinter/BIA) - Dammarieles-Lys, France
Russie - les persĂŠcutions contre les enfants des TĂŠmoins de JĂŠhovah
Des enseignants ont humiliÊ des enfants de TÊmoins de JÊhovah devant leurs camarades de classe. Des incendiaires ont boutÊ le feu des maisons appartenant à leurs membres. Des forces de sÊcuritÊ ont attaquÊ leurs salles de rÊunions. Depuis que la Cour suprême russe a dÊclarÊ que les TÊmoins de JÊhovah sont un groupe extrÊmiste, le 20 avril dernier, les membres de ce mouvement font face au harcèlement à la fois des autoritÊs et de leur voisinage. Au dÊbut du mois de juin, un premier tÊmoin de JÊhovah a ÊtÊ non seulement dÊtenu par la police, mais emprisonnÊ par un juge.  Il lisait la Bible. C’est la raison de son arrestation , dÊclare Yaroslav Sivulskiy, un porteparole des TÊmoins de JÊhovah à Saint-PÊtersbourg. Durant environ un mois, les tÊmoins n’ont pas ressenti l’effet de la dÊcision de justice, qui prÊcise que l’organisation  TÊmoins de JÊhovah  doit être liquidÊe. Et la dÊcision ne s’applique pas qu’au quartier gÊnÊral russe du mouvement à Saint-PÊtersbourg, mais aussi aux quelques 400  salles du Royaume  à travers le pays oÚ près de 100 000 fidèles se retrouvent. En fait, les cÊlÊbrations se poursuivent dans la plupart de ces lieux.
Mesures visant les enfants
Mais depuis quelques semaines, l’intensification des persÊcutions a poussÊ la plupart des congÊrgations à se retrouver pour leur culte dans des domiciles privÊs, explique Yaroslav Sivulskiy. Mais ce qui inquiète le plus
de nombreux TÊmoins de JÊhovah, c’est les cas rÊcents de pressions sur les enfants de la part d’enseignants, de directeurs d’Êcoles et de policiers.  Les autoritÊs qui avaient dÊjà en tête de prendre des mesures contre les TÊmoins de JÊhovah sont dÊsormais encouragÊes à le faire. Et les personnes ordinaires qui dÊtestent les TÊmoins de JÊhovah depuis longtemps sont Êgalement encouragÊes , constate Felix Corley, activiste pour la libertÊ religieuse, basÊ à Oslo. Il est l’Êditeur du fil d’articles  Forum 18 , qui recense les abus en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviÊtique. Depuis Saint-PÊtersbourg, Yaroslav Sivulskiy, raconte l’histoire d’une fillette de huit ans, qui a ÊtÊ forcÊe par le directeur de son Êcole de chanter un chant patriotique devant ses camarades. Les TÊmoins de JÊhovah se voient comme les reprÊsentants du Royaume de Dieu et se soumettent à une neutralitÊ politique stricte. Les adeptes de ce mouvement nÊ à Pittsburgh à la fin du XIXe siècle payent leurs impôts, mais ils ne rÊcitent pas de serments patriotiques, ne chantent pas d’hymnes nationaux, et refusent le service militaire. Les TÊmoins relatent aussi la mÊsaventure d’une autre fillette de huit ans, près de Moscou, qui a parlÊ de Dieu à ses camarades de classe et chantÊ des chants de TÊmoins de JÊhovah. Ses parents ont ÊtÊ convoquÊs et en prÊsence du psychologue de l’Êcole et du responsable de la sÊcuritÊ, le directeur leur a remis un document les informant que si ce comportement se poursuivait, l’Êcole n’accepterait plus la fillette. À Bezvodnoye, au nord-est de Moscou, deux Êcolières de onze-douze ans ont ÊtÊ humiliÊes par une professeure de musique qui a justifiÊ ses actes par le fait que les TÊmoins sont dÊsormais  interdits . Elle aurait dÊclarÊ à la mère des fillettes :  DÊsormais vous êtes des extrÊmistes. Il n’y aura pas de pitiÊ. 
Un rapport accablant
Cette histoire est l’une des cinquante dÊtaillÊes dans un rapport sur le harcèlement à l’encontre des TÊmoins de JÊhovah, publiÊ le 25 mai, par le quartier gÊnÊral international du mouvement près de New-York. Le rapport dÊcrit aussi : - des attaques physiques, dont une à Belgorod, juste au nord le la frontière ukrainienne oÚ un assaillant a criÊ  Vous avez ÊtÊ bannis  avant de frapper plusieurs fois un TÊmoin de JÊhovah au visage, sur la tête et dans le haut du corps. - des incendies volontaires, dont un cas à Zheshart, au nord-ouest du pays, oÚ un bâtiment utilisÊ pour les services religieux a ÊtÊ dÊtruit et oÚ l’on a retrouvÊ les traces d’un cocktail Molotov. Un autre incendie a eu lieu à Lustino, près de Moscou oÚ le domicile d’une famille TÊmoin de JÊhovah a ÊtÊ rÊduit en cendres. - des interruptions de services religieux, comme celle qui s’est dÊroulÊe dans un domicile privÊ à Pavlovskiy Possad à 70 km de Moscou. Des officiers de police en civil sont venus dire aux TÊmoins de JÊhovah qu’en raison de la dÊcision de justice, ils n’avaient plus le droit de se rÊunir et de prier.
Arrestation d’un TÊmoin de JÊhovah danois
Le 25 mai dernier, Dennis Christensen participait à une rencontre de louange dans un domicile privÊ de la ville d’Orel à environ 300 km de Moscou, quand 15 agents armÊs du FSB, le service qui a succÊdÊ au KGB,
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 6 ont envahi la maison et ont arrêtÊ tous les hommes. Ces derniers ont passÊ la nuit en cellule et n’ont ÊtÊ libÊrÊs que le lendemain ; à l’exception de Dennis Christensen, selon le rÊcit des TÊmoins de JÊhovah. Toujours selon eux, ce dernier en raison de sa nationalitÊ danoise est accusÊ d’appartenance à un groupe extrÊmiste. Il risque six à dix ans de prison. Les TÊmoins de JÊhovah, avec environ 8 millions de membres dans le monde, sont loin d’être la seule minoritÊ religieuse harcelÊe en Russie, oÚ le prÊsident Vladimir Poutine a mis le gouvernement au pas de la religion principale de l’ancien pays communiste : l’orthodoxie russe.
Sur la même liste qu’Al-Qaïda
Hare Krishna, musulmans, membres de Falun Gong, athÊes et protestants ÊvangÊliques ont Êgalement souffert. Mais les TÊmoins de JÊhovah sont les seuls à avoir ÊtÊ qualifiÊs d’extrÊmistes. Ils figurent dans la même liste que l’État islamique ou Al-Qaïda. Un groupe  extrÊmiste  en Russie peut être dÊfini comme une comme une communautÊ qui dÊfend que le chemin qu’elle propose est le seul qui conduit au salut. Seules l’Église orthodoxe russe et quelques rares autres ont lÊgalement le droit de proclamer cela. Selon Felix Corley, les TÊmoins de JÊhovah ne vont pas renoncer à leur foi face aux persÊcutions croissantes. Ils vont continuer à se rÊunir pour louer le Seigneur, discuter des Écritures et enseigner leurs croyances à leurs enfants.  Cela va devenir une confrontation face à face entre le gouvernement et les membres de la communautÊ pour savoir qui tiendra le plus longtemps . Le 17 juillet prochain, la Cour suprême de Russie tiendra une audience en appel.
SociĂŠtĂŠ, Analyses
(LA VIE/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France - La religion, sujet ĂŠpineux au sein des familles Selon un sondage Vivavoice pour l’organisme de prĂŠvoyance Ocirp, publiĂŠ en exclusivitĂŠ par le journal La Croix, le fait religieux est perçu comme un sujet qui ÂŤ ĂŠloigne Âť au sein des familles Pour près d’un tiers des Français, la religion est un sujet de discorde qu’il vaut mieux ĂŠviter d’aborder en famille. C’est l’un des enseignements d’une enquĂŞte d’opinion publiĂŠe en exclusivitĂŠ par La Croix ce 15 juin menĂŠe par l’institut Vivavoice auprès de 1 003 personnes pour l’organisme de prĂŠvoyance Ocirp. Selon les rĂŠsultats de cette enquĂŞte intitulĂŠe ÂŤ La famille en 2017 : ĂŠtat des lieux et vision prospective Âť, si l’attachement Ă la famille reste très fort, les fondements de cet attachement ont changĂŠ.
Ciment de la famille
En effet, alors qu’il Êtait admis, dans la famille traditionnelle, que les valeurs partagÊes et transmises par les aÎnÊs formaient le ciment de la famille, cela serait beaucoup moins le cas aujourd’hui. Au contraire, les valeurs au sens large, qu’elles soient politiques (49 %) ou religieuses donc (32 %) sont perçues comme des sujets qui Êloignent les membres de la famille les uns des autres.
Ces thĂŠmatiques rejoignent mĂŞme, au titre des sujets
Êpineux, les discussions autour de l’hÊritage ou des dÊcisions liÊes à la prise en charge d’un parent âgÊ (42 %).
Fait religieux
Pour autant, note Arnaud Zegierman, sociologue et directeur associÊ de Vivavoice,  ce n’est pas la foi ou la pratique personnelle qui sont perçues comme Êpineuses à aborder, mais le fait religieux, et notamment les questions liÊes à la radicalisation .
Les choix personnels et, donc la pratique religieuse, seraient à l’inverse laissÊs à une plus grande libertÊ individuelle.  Les Français sont de plus en plus attachÊs à la famille mais ils se montrent pragmatiques et tolÊrants afin de la prÊserver. Ils reconnaissent que l’on peut avoir des valeurs diffÊrentes et prÊfèrent laisser de côtÊ des sujets qui peuvent fâcher. Aujourd’hui, on n’est plus ensemble parce qu’on se ressemble : on est diffÊrent et on se rassemble autour d’activitÊs du quotidien, ou de centres d’intÊrêt culturels , conclut Arnaud Zegierman.
(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Washington, États-Unis - Donald Trump :  Il est temps de mettre un terme aux attaques contre la religion  Le prÊsident Donald Trump soutient largement les idÊes des ÊvangÊliques conservateurs qui l’ont Êlu à plus de 80% Le prÊsident Donald Trump a dÊclarÊ à sa base politique constituÊe de chrÊtiens ÊvangÊliques qu'il continuerait à restaurer la libertÊ religieuse dont beaucoup d'entre eux se sentent dÊpourvus.  Il est temps de mettre un terme aux attaques contre la religion , a lâchÊ Donald Trump, lors d'un discours jeudi 8 juin à la rencontre de la Coalition pour foi et la libertÊ qui a commencÊ peu de temps après que l'ancien directeur du FBI, James Comey, a remis en question l'intÊgritÊ du prÊsident lors d'une audience à Capitol Hill.  Nous allons mettre fin à la discrimination contre les personnes qui ont la foi. Notre gouvernement cÊlÊbrera et protÊgera de nouveau la libertÊ religieuse , a dÊclarÊ le Donald Trump – un presbytÊrien pas particulièrement connu pour son engagement religieux – devant plus de 1000 personnes. Il a affirmÊ que lui-même et son public Êtaient  en Êtat de siège . Ses propos ont fait Êcho à ceux des ÊvangÊliques qui accusent souvent la politique et la culture amÊricaines de les rejeter. D’un autre côtÊ, d'autres groupes de l'Êlectorat accusent les chrÊtiens conservateurs d'utiliser le gouvernement pour imposer leurs valeurs. Jusqu'à prÊsent, les partisans les plus fidèles de Trump semblaient s'occuper davantage de ses positions sur leurs problèmes fondamentaux que sur sa qualitÊ de dirigeant pointÊe par le tÊmoignage de James Comey. Dans son discours, le prÊsident n’a pas fait de rÊfÊrences directes au tÊmoignage de James Comey, qui avait captivÊ une grande partie de la nation le matin même. Mais il a dÊnoncÊ - après avoir lu un verset du livre d'Esaïe - ses ennemis politiques les traitant de menteurs obstructionnistes.  Apprenez à faire le bien, cherchez la justice, dÊfendez les opprimÊs. Soutenez la cause de l'orphelin, plaidez le cas de la veuve , a-t-il soulignÊ.
La victimisation de Trump
Ensuite, il a ajoutÊ :  Les intÊrêts Êtablis et les voix amères de Washington feront tout pour essayer de nous
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 7 dÊtourner de cette cause juste, de nous arrêter. Ils vont mentir, ils vont faire barrage, ils rÊpandront leur haine et leurs prÊjugÊs, mais nous ne reculerons pas devant ce qui est juste. Parce que, comme nous l'indique la Bible, nous savons que la vÊritÊ prÊvaudra . Pour faire durer les applaudissements, Trump a ensuite ÊnumÊrÊ ce qu'il avait fait ces quatre derniers mois pour soutenir les chrÊtiens conservateurs : • Il a nommÊ un juge à la Cour suprême, Neil Gorsuch, qu'il dÊcrit comme un digne successeur du hÊros conservateur Antonin Scalia. • Il a bloquÊ les fonds fÊdÊraux pour les organismes à but non lucratif qui effectuent des avortements à l'Êtranger. • Le mois passÊ, il a Êmis un dÊcret prÊsidentiel demandant à l’Internal Revenue Service (IRS), le service des impôts amÊricains, d’être souple dans l’application de la loi qui interdit aux pasteurs de faire de la politique en chaire sous peine de voir leurs exemptions fiscales supprimÊes.  Les gens que vous respectez le plus peuvent dÊsormais exprimer librement leurs positions , a dÊclarÊ Trump.  C'Êtait une grosse affaire. Et c'Êtait très important pour moi de le faire pour vous, mais nous n'avons pas encore fini, croyez-moi. Tant que je serai prÊsident, personne ne vous empêchera de pratiquer votre foi ou de prêcher ce qui est dans votre cœur , a-t-il ajoutÊ. La restriction juridique en question, connue sous le nom de l'Amendement de Johnson, n'avait guère ÊtÊ appliquÊe, et de nombreux pasteurs - y compris les ÊvangÊliques – ont dit qu'ils ne trouvaient pas sage de soutenir des candidats depuis la chaire. Mais certains dirigeants ÊvangÊliques ont dit à Trump que l'abolition de l'amendement - seul le Congrès peut effectivement s'en dÊbarrasser - Êtait une prioritÊ pour eux.
Ted Cruz, sÊnateur du Texas, qui a ÊtÊ candidat à l’investiture rÊpublicaine a pris la parole avant Donald Trump. Il a dit aux participants de se rappeler qu'ils apprÊciaient les majoritÊs rÊpublicaines à la Chambre et au SÊnat ainsi qu’à la Maison-Blanche. Ted Cruz parlait alors que les AmÊricains à travers tout le pays venaient d’entendre le tÊmoignage de James Comey, qui a dÊcrit Trump comme peu fiable et irrespectueux de l'indÊpendance du FBI.  Il y a beaucoup de bruits. Et beaucoup de personnes s’excitent sur les chaines de tÊlÊvision , a-t-il dÊclarÊ.  Ignorez le cirque politique et concentrons nos efforts sur les rÊsultats .
(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Genève, Suisse - L’Ancien Testament est-il une langue morte ? Alors qu’il donnait un enseignement à l’Église mÊthodiste d’Atlanta, Brent Strawn a demandÊ à ses Êlèves d’identifier l’origine du cri bien connu de JÊsus sur la croix :  Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnÊ ?  Sa question a laissÊ sa classe silencieuse. Le professeur d’Ancien Testament à l’UniversitÊ Emory a ÊtÊ surpris. Comment se faisait-il que cette audience composÊe principalement d’adultes relativement âgÊs qui ont frÊquentÊ toute leur vie une Église avec assiduitÊ ne sache pas que JÊsus a prononcÊ des mots tirÊs directement du Psaume 22 ? C’est là qu’il en a eu la rÊvÊlation: l’Ancien Testament se meurt. Cette dÊcouverte est dÊsormais le titre d’un livre (The Old Testament is dying), dans lequel l’auteur explique que les chrÊtiens contemporains parlent plus couramment la Bible. Ils ne maÎtrisent plus assez cette langue pour comprendre plus de la moitiÊ des Êcritures sacrÊes. Dans le milieu acadÊmique, il n’est pas rare de parler de la Bible comme d’une langue, mais Brent Strawn est probablement le premier à la classer parmi les langues mourantes.  Si l’Ancien Testament est Largement soutenu par les ÊvangÊliques comme une langue, alors comme toute autre langue, il Les chrÊtiens ÊvangÊliques blancs ont votÊ pour peut-être appris, parlÊ ou au contraire peut-être oubliÊ Trump à 81 %, c’est son plus grand soutien.  Je veux et mourir , Êcrit-il. savoir qui sont les 19 % restants , a-t-il plaisantÊ en se Brent Strawn dÊmontre comment les langues mourÊfÊrant à ces ÊvangÊliques qui n’ont pas votÊ pour lui. rantes prennent une forme de pidgin. C’est ainsi que les  D'oÚ viennent-ils ? Vous ne m'avez pas laissÊ tomber linguistes dÊsignent les langues vÊhiculaires dÊrivÊes et je ne vous laisserai jamais tomber, vous le savez , a- d’autres langues. Leur vocabulaire est limitÊ et leur t-il promis.  Nous soutiendrons toujours notre commu- structure de phrase est encore plus rÊduite. Les adeptes nautÊ ÊvangÊlique . Donald Trump est prÊsident, dans du nÊo-athÊisme, tels que Richard Dawkins, parlent gÊune large mesure, parce qu'il  s'est concentrÊ comme nÊralement cette langue pervertie, explique Brent un rayon laser pour gagner le soutien des Êlecteurs Strawn.  Ils choisissent les passages les plus extrêmes ÊvangÊliques et des personnes de foi , a soulignÊ Ralph de l’Ancien Testament pour appuyer leur thèse selon laReed, le fondateur de la Coalition pour la foi et la libertÊ. quelle la Bible est immorale ou pleine de contradictions, La coalition n'est pas exclusivement ÊvangÊlique. sans se soucier d’essayer de comprendre le sens du Certains catholiques, des chrÊtiens orthodoxes et des message dans son ensemble , compare le chercheur. Juifs orthodoxes ont Êgalement participÊ à la rencontre.  Éventuellement, un pidgin peut devenir une langue Mais la Coalition pour la Foi et la LibertÊ, qui cherche à entièrement nouvelle formÊe par le contact entre une faire Êlire ceux qui partagent leurs valeurs au pouvoir, ancienne langue et une contemporaine , continue le est dirigÊe par des ÊvangÊliques. James Dobson, le fon- bibliste. Ainsi pour lui, les pourvoyeurs de la thÊologie dateur de Focus on the Family ; Le rÊvÊrend John de la prospÊritÊ, tels que Joel Osteen, Creflo Dollar ou Hagee, le fondateur de l'Êglise Cornerstone de San An- l’auteur de  la prière de Jaebets , Bruce Wilkinson, ont tonio ; et Penny Young Nance, la prÊsidente de Concer- reformulÊ les histoires de l’Ancien Testament d’une telle ned Women for America, a rejoint Trump lors de façon que le texte original n’est presque pas reconnaisl'ÊvÊnement. sable; en fait, c’est une nouvelle langue. Bien que la foule ait massivement acclamÊ le prÊsi- Des textes jamais prêchÊs dent, un Êlecteur en voulait plus.  Tout ce qu'il a dit Êtait Mais l’Ancien Testament se meurt-il vraiment, et y a-tfantastique, mais son discours semblait très scÊnarisÊ. il plus que quelques anecdotes pour prouver cette disJ’aurais espÊrÊ entendre davantage de choses qui ne se trouvent pas dans la presse , a relevÊ Melanie Har- parition ? Oui, rÊpond Brent Strawn qui, dans son livre, ris, qui travaille pour un sÊnateur de l'État du Maryland. examine le texte de chants et de prÊdications prononcÊs
BIA - N° 415 - Juin 2017 - 8 dans des Églises protestantes historiques ainsi que catholiques. Dans une collection intitulÊe  Meilleurs sermons , le chercheur a dÊnombrÊ que sur 879 prÊdications analysÊes, seulement 21% tiraient des enseignements d’un texte vÊtÊrotestamentaire. Les lectionnaires, ces listes de textes bibliques formant un parcours dans le corpus et utilisÊs pour dÊfinir le texte lu pour le service dominical dans de nombreuses communautÊs ont aussi ÊtÊ ÊtudiÊs. L’un des plus utilisÊs aux États-Unis ne propose aucun texte des sept livres de l’Ancien Testament alors que 13 autres sont sous-reprÊsentÊs, Êcrit Brent Strawn. Et les chants de louange contemporains ne sont pas meilleurs pour inculquer des connaissances bibliques. Sa conclusion ? Le patient agonise et les leaders religieux en sont largement responsables. Pour d’autres chercheurs, il est important de souligner certaines exceptions. Certains groupes, tels que les Afro-amÊricains et les Mormons s’identifienst largement avec des histoires de l’Ancien Testament. La libÊration d’Égypte, dans l’Exode, et la conquête dans la terre promise, dans le livre de JosuÊ sont des textes fondamentaux pour chacun de ces groupes. Et il y a quelques ÊlÊments qui laissent penser que les jeunes catholiques connaissent mieux l’Ancien Testament que leurs ainÊs qui ont grandi avant le concile Vatican II, quand la messe Êtait cÊlÊbrÊe en latin et que la Bible Êtait rarement ÊtudiÊe par
les laĂŻcs.
Diminution de l’alphabÊtisation biblique
Cela dit, il est probable que la diminution globale de l’appartenance religieuse dans l’ensemble de l’Occident ait un impact sur les connaissances bibliques. Comme de plus en plus de chrÊtiens et de Juifs abandonnent les lieux de culte pour grossir les rangs des sans affiliation, aujourd’hui avec 23 % de la population des ÉtatsUnis, l’aisance avec la Bible pourrait bien diminuer. En 2010, le groupe de recherche Pew Forum a soumis un panel d’AmÊricains à un test avec des questions religieuses. Si l’alphabÊtisation biblique est de façon gÊnÊrale en dÊclin, la maÎtrise de l’Ancien Testament reste un problème très particulier pour les chrÊtiens, le public auquel Brent Strawn s’adresse.  L’Ancien Testament a souvent eu un lien plus tÊnu avec la tradition chrÊtienne , constate Stephen Chapman, professeur d’Ancien Testament au collège thÊologique Duke.  Même lorsque l’Ancien Testament est connu, ce qui en est connu en est une version simplifiÊe.  Beaucoup de chrÊtiens connaissent ÊnormÊment de choses sur JÊsus et peuvent donner les chapitres et versets de divers passages. Mais ils semblent considÊrer que le Nouveau a remplacÊ l’Ancien. L’idÊe selon laquelle le Dieu de l’Ancien Testament est un Dieu de colère alors que celui du Nouveau est un Dieu d’amour est un lieu commun parmi les chrÊtiens. Pourtant cette thèse qui est celle de Marcion au IIe siècle, a rapidement ÊtÊ dÊclarÊe hÊrÊtique. De fait, le point de vue de Marcion est aujourd’hui difficile à contrer, même parmi les sÊminaristes. Commission paritaire : renouvellement en cours DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne
 Il y a une rÊponse Êchappatoire qui consiste à dire que l’Ancien Testament est Êlitiste , constate William Brown qui enseigne l’Ancien Testament aux pasteurs en devenir au sÊminaire thÊologique Columbia en GÊorgie.  Cette rÊponse d’Êvitement leur a permis d’Êchapper à l’Ancien Testament durant toute leur vie d’Église. Mais arrivÊ à ce stade, il n’ont plus le choix, ils doivent s’y plonger . MalgrÊ cela, l’analyse de Brent Still essuie quelques critiques. On lui reproche notamment d’avoir choisi un champ d’analyse trop restreint. Certains pointent aussi le fait qu’il ne s’agit pas d’une Êtude comparative. Il n’existe aucun moyen de comparer ces chiffres avec ceux d’une Êtude sur le même thème qui aurait ÊtÊ menÊe une gÊnÊration plus tôt.
La Bible meurt sans cesse
 La Bible a toujours ÊtÊ mourante , estime quant lui Timothy Beal, professeur de religion à l’UniversitÊ Case Western Reserve à Cleveland dans l’Ohio.  La lecture que l’on en a faite n’a cessÊ d’atteindre ses limites et de se rÊinventer sous de nouvelles formes.  Timothy Beal a publiÊ un livre en 2016 dans lequel il s’est intÊressÊ à la Bible et à l’art. Pour lui, la Bible est passÊe par de nombreuses Êtapes.  Elle a d’abord ÊtÊ tradition orale, puis a ensuite ÊtÊ Êcrite sur des parchemins, regroupÊs en codex, imprimÊs en livre et maintenant elle se rÊpand sous forme digitale.  Plutôt que de dÊclarer que la Bible est une langue mourante, Timothy Beal se demande si le diagnostic observÊ par Brent Strawn ne s’expliquerait pas mieux en le considÊrant comme un requiem marquant la fin de la culture du livre imprimÊ. Les dessins animÊs reprenant des histoires de la Bible ou les films sur des personnages bibliques avec des acteurs reconnus sont peut-être la nouvelle façon d’apprendre et d’interprÊter visuellement l’Ancien Testament. Les Juifs qui prÊfèrent l’expression Bible hÊbraïque ou tanakh, puisqu’ils ne reconnaissent pas le Nouveau Testament, pourraient bien aussi faire face à ce problème de familiaritÊ avec le texte biblique. Mais pour Marc Brettler, professeur d’Êtudes juives à l’UniversitÊ Duke, il n’y a tout simplement pas assez de donnÊes fiables pour prÊtendre que la connaissance biblique s’amenuise. Cette dimension spÊculative lui rappelle une phrase cÊlèbre de Mark Twain :  Les annonces de ma mort ont ÊtÊ très exagÊrÊes . Il ajoute :  Il me semble que l’humain se complait à dÊclarer quelque chose comme mourant ou à dÊcrire la gÊnÊration actuelle comme bien pire que la prÊcÊdente. Pour le chercheur, plutôt que de se demander si l’Ancien Testament est mort, il serait plus intÊressant de chercher les membres du cadavre qui sont encore vivants.  Pour les chrÊtiens, ce sera probablement les prophètes et les psaumes, pour les Juifs il s’agira probablement de la Torah, soit les cinq premiers livres. Mais pour Marc Brettler, le livre de Brent Strawn a probablement aussi une autre fonction :  s’il augmente l’intÊrêt pour la lecture de la Bible, c’est une alarme qu’il dÊclenche, alors c’est gÊnial. 
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