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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 38e annÊe • n° 416 - Juillet-AoÝt 2017
Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste
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Nouvelles des Églises adventistes
Orlando, Floride, États-Unis - Deux hĂ´pitaux adventistes proposent le plus petit pacemaker du monde Mbarara, Ouganda - L’implication des membres s’Êtend sur plus de 3000 implantations en Ouganda Paris, France - Les protestants français et la laĂŻcitĂŠ
FĂŠdĂŠration protestante de France
Paris, France - Couloirs humanitaires : l’arrivÊe de rÊfugiÊs syriens et irakiens
Protestantisme internationale
Leiprig, Allemagne - Ordination des femmes et paritÊ : les protestants rÊformÊs s’engagent
(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - L’Êcole est finie pour l’instit qui voulait Êtudier la Bible en classe Turquie - L’Êtau se resserre sur la minoritÊ chrÊtienne Zßrich, Suisse - Nouveau coordinateur au bureau suisse pour les rÊfugiÊs fuyant la persÊcution religieuse
SociĂŠtĂŠ - Analyses
Lausanne, Suisse - Pourquoi les ĂŠvangĂŠliques soutiennent-ils Trump au sujet du rĂŠchauffement climatique ?
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 2
Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Orlando, Floride, États-Unis - Deux Hôpitaux adventistes proposent le plus petit pacemaker du monde
Le centre mÊdical hospitalier  Florida Memorial  et  Florida Hospital New Smyrna , deux hôpitaux adventistes situÊs en Floride, aux États-Unis, offrent dÊsormais le plus petit pacemaker du monde, aux patients atteints de bradycardie (rythme cardiaque trop lent), une maladie caractÊrisÊe par un ralentissement ou un battement de cœur irrÊgulier. NommÊ le MicraŽTranscatheter Pacing System (TPS), ce nouveau type d’appareil cardiaque, fournit aux patients la technologie la plus avancÊe, un dixième de la taille d’un pacemaker traditionnel. Les Êlectrophysiciens Hanscy Seide et Huijian James Wang ont procÊdÊ, le 2 mai dernier, à la première opÊration au centre mÊdical et hospitalier  Florida Memorial  à Daytona Beach. Le 23 juin, le cardiologue Surya Rao a fait la première opÊration au  Florida Hospital New Smyrna .  Des patients atteints de bradycardie ont un rythme cardiaque lent ou irrÊgulier, habituellement moins de 60 battements par minute. à ce rythme, le cœur ne peut pas pomper suffisamment de sang riche en oxygène pour le corps, durant des activitÊs normales ou des exercices physiques, causant des Êtourdissements, de la fatigue, de l’essoufflement ou des Êvanouissements  a dÊclarÊ Tim Farley, le chef du dÊpartement de cardiologie des hôpitaux de Floride, dans les comtÊs de Volusia et Flager.  Cet appareil restaure le rythme normal du cœur et soulage les symptômes, en envoyant des impulsions Êlectriques au cœur pour augmenter le rythme cardiaque tel qu’il devrait être . Ce nouveau pacemaker, d’environ la taille d’un gros cachet de vitamine, ne nÊcessite pas de sondes cardiaques (aussi appelÊes Êlectrodes) ou de  boitier  chirurgical sous la peau comme le nÊcessitent les stimulateurs cardiaques traditionnels. Au lieu de cela, l’appareil est assez petit pour être placÊ à travers un cathÊter et implantÊ directement dans le cœur.  Ce nouvel implant donne aux patients une alternative esthÊtiquement invisible et sÝre, par rapport aux pacemakers conventionnels, tout cela sans les complications associÊes aux branchements et aux fils  a ajoutÊ Farley.  De plus, ce stimulateur cardiaque est dÊsignÊ pour ajuster automatiquement le traitement nÊcessaire en fonction des activitÊs du patient.  Le Micra TPS est le premier et le seul système de stimulation cardiaque implantÊ par cathÊter, permis lors des imageries 1,5 et 3 Tesla (T) par rÊsonnance magnÊtique (IRM) dans le corps entier. Le Micra TPS a ÊtÊ approuvÊ par  Food and Drug Administration  en avril 2016 et est remboursÊ par l’assurance maladie, permettant à un grand nombre de patients de bÊnÊficier d’une nouvelle technologie pour la stimulation cardiaque. Membre du système de santÊ adventiste, la mission de  Florida Hospital  est d’Êtendre le ministère de guÊrison de Christ. Incluant sept hôpitaux de la Floride, dans les comtÊs de Flager, Lake et Volusia, la Division de la Floride
ÂŤ Florida Hospital Central-North Region Âť est le plus grand organisme hospitalier de la rĂŠgion, avec 1 226 lits et plus de 7 800 employĂŠs.
(DACE/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Mbarara, Ouganda - L’implication des membres s’Êtend sur plus de 3000 implantations en Ouganda
Une campagne nationale visant à apporter la guÊrison physique et spirituelle a ÊtÊ l’occasion pour des membres de l’Église adventiste du septième jour en Ouganda de toucher plus de 3000 sites au cours des deux dernières semaines. Des activitÊs sponsorisÊes par les adventistes ont permis de proposer des Êtudes bibliques et des camps mÊdicaux gratuits, et ont suscitÊ les fÊlicitations et le soutien des autoritÊs locales dans cette nation africaine.
Les camps mÊdicaux en Ouganda suivent les principes de l’implication totale des membres (TMI), un programme mis en place par l’Église adventiste mondiale qui encourage chaque membre d’Êglise à jouer un rôle actif en exerçant un ministère auprès des autres et en proclamant la bonne nouvelle de JÊsus.
Par exemple, dans le district de Mbarara, dans la rÊgion sud-ouest de l’Ouganda, chaque jour, plus de 800 personnes reçoivent des traitements mÊdicaux gratuits dans l’un des camps mÊdicaux sponsorisÊs par les adventistes. Les reprÊsentants des autoritÊs locales ont ÊtÊ satisfaites en visitant les camps et en voyant les milliers de personnes obtenir un meilleure vision de leur Êtat de santÊ dans les centres mobiles de traitement mÊdical.
Le Commissaire de Police du District, Geoffrey Magyezi a affirmÊ que l’Église adventiste contribuait à l’Êradication du crime à travers leur action.  Avant l’ouverture du camp mÊdical, nous avons arrêtÊ une mère qui avait volÊ de l’argent,  a-t-il indiquÊ. Lors de son interrogatoire, elle a dÊclarÊ avoir volÊ afin de se procurer de l’argent pour emmener son enfant à l’hôpital. Donc l’Église est arrivÊe au bon moment pour sauver des vies dans la rÊgion. 
Jolly Kagira, reprÊsentante du Commissaire du District, a dÊclarÊ que les camps mÊdicaux mis en place dans le cadre du programme TMI ne constituent pas une fin mais un commencement.  Ces camps devraient être le dÊbut d’un partenariat entre le gouvernement et l’Église adventiste pour l’Êradication de la pauvretÊ et de l’addiction aux drogues,  a-t-elle dÊclarÊ.  Avec la Parole de Dieu, l’Église peut freiner le mal mieux que la police ne le peut avec l’ÊpÊe de la loi. 
D’après Kakuru Bernard, prÊsident de l’Église adventiste dans le champ Sud-Ouest de l’Ouganda basÊ à Mbarara, le succès du camp mÊdical est le rÊsultat direct de l’implication des membres d’Êglise.  Nos membres comprennent vraiment bien ce qu’implique l’initiative du programme TMI,  a-t-il dÊclarÊ.
Kakuru Bernard a indiquÊ que les camps ont permis d’offrir des mÊdicaments, des lunettes, des soins dentaires et bien plus encore. Les autoritÊs locales ont Êgalement participÊ au programme. Elles ont fourni le matÊriel pour les tests sanguins, des mÊdicaments pour la malaria et ont envoyÊ du personnel mÊdical de l’Hôpital de rÊfÊrence de Mbarara pour travailler conjointement avec les professionnels adventistes de santÊ.
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 3
Fred Mwesije a 42 ans et frÊquente une Êglise chrÊtienne. Il a visitÊ le camp mÊdical après avoir eu quelques problèmes de santÊ, et il a dÊclarÊ qu’il avait une grande considÊration pour le ministère de l’Église adventiste.  Notre communautÊ chrÊtienne sait que l’Église adventiste se soucie des autres,  a-t-il dit.
FĂŠdĂŠration protestante de France
(RĂŠforme/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Couloirs humanitaires : Le missionnaire adventiste corÊen, Ham Youngsik l’arrivÊe de rÊfugiÊs syriens et irakiens
sert dans l’Église adventiste en Ouganda. En tant que coordinateur du programme TMI à Mbarara, il a prÊcisÊ être heureux de voir des membres d’Êglise partager l’amour chrÊtien.  Dieu nous accorde de l’argent et des capacitÊs afin que nous accomplissions son œuvre,  a-t-il soulignÊ.
Ham Youngsik a partagÊ l’expÊrience de quelques personnes qui avaient des problèmes de mobilitÊ.  Quelques patients ne pouvaient pas voyager sur de longues distances,  a-t-il dit,  mais ils ont ÊtÊ visitÊs dans leurs maisons et ont ÊtÊ soignÊs gratuitement. 
Ham Youngsik a Êgalement indiquÊ avoir ÊtÊ touchÊ en voyant comment le ministère sanitaire de l’Église adventiste offrait non seulement la guÊrison physique mais Êgalement la guÊrison spirituelle.  J’ai ÊtÊ touchÊ en voyant que 35 personnes parmi celles qui avaient ÊtÊ traitÊes dans le camp mÊdical de Mbarara avaient dÊcidÊ de se faire baptiser  a-t-il prÊcisÊ.
(BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Les protestants français et la laïcitÊ
AWA est un groupe de travail scientifique adventiste fondĂŠ en 1972 en Allemagne par des universitaires et des ĂŠtudiants adventistes.
Cette association est nÊe du besoin de partager une expÊrience de foi chrÊtienne en favorisant le partage sur la valeur des sciences humaines et naturelles. Cet espace de discussion dÊveloppe les idÊes orientÊe vers l'avenir pour la comprÊhension personnelle des individus et des adventistes du septième jour.
AWA est un forum ouvert aux questions thĂŠologiques et d'actualitĂŠ lors de confĂŠrences et dans des publications interdisciplinaires en rapport avec leurs recherches. L’acadĂŠmie d’ÊtĂŠ de AWA 2017 s’est tenue Ă Paris au mois de juillet sur le thème ÂŤ Les protestants : droits de l'homme et la libertĂŠ de religion Âť.
Les matins furent consacrÊs à des confÊrences, exposÊs et dÊbats. Les organisateurs avaient programmÊ diffÊrentes visites les après-midi.
Les organisateurs avaient invitÊ le secrÊtaire gÊnÊral de l’Union des FÊdÊrations adventistes de France, Jean-Paul Barquon. Il a dÊveloppÊ diffÊrents sujets : L’origine de l’Église adventiste en France, l’adhÊsion de l’UFA à la FÊdÊration protestante de France, le rÊgime juridique de la laïcitÊ et la valeur de la laïcitÊ au sein de la RÊpublique.
La prÊsidente du Conseil de l’Église luthÊrienne de Paris, Elisabeth Langlais a accueilli les membres allemands de AWA pour un exposÊ sur l’Église luthÊrienne allemande.
Mercredi 5 juillet, les premières familles de rÊfugiÊs syriens et irakiens ont dÊbarquÊ à Roissy, accueillies par les reprÊsentants des institutions chrÊtiennes qui se sont mobilisÊes pour elles. Nord-Liban. Une poignÊe de baraques de bois et de bâches, implantÊes à 5 kilomètres de la frontière syrienne, au milieu des champs agricoles. Ahmad Bakkar, 27 ans, a passÊ trois annÊes avec sa famille dans l’espace confinÊ d’une de ces masures improvisÊes, situÊes en pÊriphÊrie du village chrÊtien de Tal Abbas, après avoir fui les bombardements qui ont dÊtruit leur maison à Kfar Aaya, dans la province de Homs. Trois ans de privations et d’humiliations, qu’Ahmad a dÝ accepter tête baissÊe :  Au dÊbut, j’ai travaillÊ plusieurs mois dans le bâtiment, mais je n’ai jamais touchÊ mon salaire. Puis j’ai voulu renouveler mon permis de rÊsidence et on me l’a refusÊ, ce qui m’empêchait de circuler à cause des barrages de l’armÊe. Alors voilà un an et demi que je n’ai pas travaillÊ, ni quittÊ le camp de Tal Abbas. Je ne vis que de l’aide de l’ONU.  Un long tunnel au bout duquel a jailli une source de lumière inespÊrÊe : mercredi 5 juillet, la famille Bakkar a embarquÊ dans un vol Air France à destination de Paris, oÚ des membres de la communautÊ Sant’Egidio et de la FÊdÊration de l’Entraide protestante (FEP) les ont accueillis pour les accompagner dans leur nouvelle vie de demandeurs d’asile en France. À leurs côtÊs, trois autres familles de rÊfugiÊs syriens et irakiens, ainsi qu’un adulte seul. Tous Êtaient dans l’avion, dans le cadre du projet de couloir humanitaire, organisÊ par la FÊdÊration de l’Entraide protestante, la FÊdÊration protestante de France, la communautÊ Sant’Egidio, le Secours catholique et la ConfÊrence des Êvêques de France.
Une bonne ĂŠducation
D’ici à la fin 2018, 500 rÊfugiÊs syriens et irakiens du Liban seront installÊs en France. À la veille du dÊpart, les yeux d’Ahmad brillaient d’anticipation :  En Syrie, notre maison a ÊtÊ dÊtruite. Ici, je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille. Moi, j’ai dÊjà tout perdu, mais je veux tout faire pour que mes enfants aient une vie meilleure. La France, c’est notre chance de leur offrir une bonne Êducation , dit-il devant Moatassim, 5 ans, et Nassim, nÊe l’an dernier dans le camp de rÊfugiÊs, au Liban. La famille Bakkar n’a pas ÊtÊ choisie au hasard. ValÊrie Regnier, responsable France de la communautÊ Sant’Egidio, rappelle que les bÊnÊficiaires du couloir humanitaire, qu’elle qualifie d’ œcumÊnisme solidaire , et qui est venue chercher les candidats au dÊpart, sont sÊlectionnÊs selon deux conditions :  Nous nous conformons au critère de vulnÊrabilitÊ, dÊfini par le droit europÊen de l’asile, ciblant les personnes âgÊes, handicapÊes, les femmes enceintes, les parents isolÊs, les victimes de traite, de torture ou de violence physique ou psychologique. À partir de cette base, il y a un ÊlÊment plus subjectif. Car nous sÊlectionnons les personnes qui ont un vrai dÊsir de venir en France et d’y construire une nouvelle vie , dit-elle.
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 4 Le Liban accueille plus d’un million de rÊfugiÊs syriens et plus de 40 000 rÊfugiÊs irakiens, pour une population de 4 millions d’habitants. La plupart d’entre eux sont pris en charge par l’Agence des Nations unies pour les rÊfugiÊs (UNHCR), qui s’occupe de rÊinstaller les plus vulnÊrables dans des pays tiers. À la date du 28 fÊvrier 2017, 16 497 rÊfugiÊs syriens ont ÊtÊ relogÊs en France par cette voie, dont 4 122 avec des visas humanitaires. Mais là oÚ l’UNHCR se contente de recouper des variables pour sÊlectionner les cas humanitaires les plus urgents, les partisans de l’ œcumÊnisme solidaire  prÊfèrent Êtablir une relation de confiance à mesure d’homme avec les rÊfugiÊs. Depuis trois ans, Alessandro Ciquera mange, dort, sue et grelotte dans l’un des gourbis mal isolÊs du camp de Tal Abbas, aux côtÊs d’Ahmad, de son frère Qassem et des autres Syriens venus de Homs ou d’Alep. À 27 ans, le membre de l’organisation italienne Operazione Colomba a l’expÊrience d’un vieux sage avec les familles dÊplacÊes par la guerre :  En partageant leur quotidien, nous connaissons leurs souffrances, leurs traumatismes, mais aussi les qualitÊs et les dÊfauts de chacun. Et peu à peu, nous constatons que certains sont plus dÊcidÊs à modifier leur mode de vie et à s’adapter à un nouvel environnement que d’autres , dit-il depuis le camp informel inondÊ de soleil.
Mode de vie communautaire
En fÊvrier 2016, lorsqu’un projet de couloirs humanitaires entre le Liban et l’Italie a vu le jour, Alessandro et les autres bÊnÊvoles de Tal Abbas ont jouÊ un rôle essentiel pour identifier les rÊfugiÊs dÊsireux de s’installer en Italie.  C’est un travail difficile que je ne souhaite à personne, livre-t-il. C’est frustrant de devoir sÊlectionner un nombre rÊduit de bÊnÊficiaires parmi tant de personnes dans le besoin, et on subit la pression de ceux qui ne sont pas choisis.  Plusieurs dizaines de rÊfugiÊs de Tal Abbas ont dÊjà rejoint l’Italie, dont le frère d’Ahmad, amputÊ d’un bras à cause du conflit. Son frère cadet, Qassem, reste pour l’instant à Tal Abbas, dans l’espoir de rejoindre au plus vite Ahmad en France. Parfois, ce sont les rÊfugiÊs eux-mêmes qui refusent de partir. Maria Quinto, responsable du couloir humanitaire pour Sant’Egidio au Liban, le souligne :  Beaucoup de rÊfugiÊs dans la vallÊe de la Bekaa font partie de grandes familles. Pour eux, pas question de se sÊparer. Il faudrait alors prendre d’un coup plusieurs centaines de personnes de la même famille, et leur mode de vie communautaire serait impossible à maintenir en Europe , dit-elle. À l’inverse, le projet de couloir humanitaire vise à favoriser le regroupement familial pour des familles à taille plus modeste, comme l’explique ValÊrie Regnier :  Nous envisageons le regroupement familial au sens large, c’est-à dire même pour des liens de seconde gÊnÊration, afin de permettre à des familles ÊclatÊes de vivre ensemble.  Dans l’avion en partance pour l’aÊroport Roissy-Charlesde-Gaulles le 5 juillet dernier, Ahmad Bakkar s’est assis aux côtÊs de Nasr Al-Zahouri, sa femme Rabiaa et leurs trois enfants. Ils s’apprêtent à retrouver leurs deux autres enfants dÊjà installÊs en France après avoir obtenu une bourse universitaire. Pour Nasr, ex-vÊtÊrinaire renommÊ à Homs, l’Êducation est fondamentale :  J’aimerais que mon fils Al Motassem Billah devienne mÊdecin comme moi, alors qu’ici il doit travailler dans un restaurant de 11 h à 3 h du matin pour payer notre loyer , dit-il dans la maison qu’ils louent à deux pas de Tal Abbas. Un rêve qu’il espère voir se concrÊtiser en France, loin de la guerre qui a emportÊ son autre fils Mhamma, tuÊ par une balle de sniper sur le chemin de l’universitÊ.
Emmanuel Haddad, correspondance de Beyrouth.
AÊroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. L’Êmotion est palpable, tant du côtÊ des accueillis que des accueillants. Quelques dizaines de personnes qui ne se connaissaient pas se regardent dans les yeux, touchÊes, mêlant parfois une larme à un sourire. Les 15 personnes embarquÊes à Beyrouth ont posÊ le pied en France, accueillies dans le cadre du couloir humanitaire mis en place avec le Liban. Pour leur souhaiter la bienvenue dès la descente de l’avion, les aumôniers de l’aÊroport, dont le pasteur Pierre de Mareuil, se sont mobilisÊs, ainsi que des bÊnÊvoles des institutions chrÊtiennes parties prenantes de ce programme humanitaire. Plusieurs jeunes avaient Êgalement ÊtÊ choisis pour aller à la rencontre des nouveaux arrivants. Valentina et Axoum en faisaient partie. Difficile de savoir exactement quoi dire et quel geste faire, mais les deux jeunes filles ont eu le sentiment d’être utiles et ont vÊcu ce moment avec intensitÊ. Un concert d’applaudissements a accueilli le petit cortège lorsqu’il est parvenu jusqu’au grand salon feutrÊ de l’aÊroport, rÊservÊ pour l’occasion.
Énergie du cœur
ValÊrie RÊgnier, qui a accompagnÊ les rÊfugiÊs dans l’avion depuis Beyrouth, a ÊtÊ la première à prendre la parole :  Nous faisons ce soir la dÊmonstration qu’une rÊponse à la pression migratoire est possible. Une rÊponse humaine, humaniste.  La prÊsidente de la communautÊ Sant’Egidio France a alors exprimÊ sa joie de voir une  nouvelle forme de solidaritÊ  se mettre en place  reproductible grâce à l’Ênergie du cœur et de l’amitiÊ, qui est inÊpuisable . Ce soir-là , après un passage des contrôles de sÊcuritÊ qui a pris du temps pour ces personnes Êligibles au statut de rÊfugiÊ, les discours se voulaient courts. Et leur tonalitÊ moins officielle qu’humaine. Comme l’a rappelÊ François Clavairoly, prÊsident de la FÊdÊration protestante de France, l’histoire a commencÊ il y a des mois, alors que les personnes ici prÊsentes ne s’Êtaient jamais rencontrÊes. Cette histoire, c’est celle de la fraternitÊ,  la seule qui vaille la peine dans ce monde .  La journÊe a ÊtÊ longue mais magnifique. C’est l’aboutissement de plusieurs mois de nÊgociations , confie-t-il. L’État français, reprÊsentÊ en la personne de RaphaÍl Sodini, directeur de l’asile au ministère de l’IntÊrieur, s’est rÊjoui d’avoir ÊtÊ  un facilitateur  dans cette opÊration et  espère permettre à l’opÊration d’aller jusqu’à son but .  Les chrÊtiens peuvent donner du souffle à la RÊpublique quand ils s’y mettent ! , souligne François Clavairoly. Jean Fontanieu, secrÊtaire gÊnÊral de la FEP, et d’autres reprÊsentants des institutions catholiques partenaires Êtaient Êgalement prÊsents aux côtÊs de quelques familles d’accueil. Tous ont su trouver des mots de bienvenue et d’encouragement à l’attention de ces hommes et de ces femmes qui, avec leurs enfants, frères ou sœurs, ont souscrit à l’exil. Parmi eux, Micheline est venue avec son frère jumeau, handicapÊ, ainsi que leurs parents. SoulagÊe autant que bouleversÊe, un peu anxieuse sans doute, elle peine à dire sa joie d’être là . Un peu plus loin, Al Motassem, casquette retournÊe et Êcouteurs autour du cou, semble absorber le choc culturel sans trembler. On devine pourtant qu’il faudra laisser du temps au temps‌
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 5
Visages heureux mais fatiguĂŠs
 L’intÊgration n’est pas chose facile. Nous avons souvent à faire à des personnes traumatisÊes, qui ont besoin de soins psychologiques et/ou mÊdicaux. Nous avons d’ailleurs choisi de les aider parce qu’elles en ont particulièrement besoin , prÊcise sans faux-semblant Luca Negro. Le prÊsident de la FÊdÊration protestante d’Italie (FCEI), qui s’exprime avec un an et demi de recul par rapport à l’accueil de 850 rÊfugiÊs dans son pays, estime nÊanmoins que le dispositif fonctionne bien. De plus, le fait qu’un couloir humanitaire soit Êtabli avec un deuxième pays europÊen renforce l’espoir que les pourparlers dÊbouchent bientôt en Belgique, en Allemagne et en Pologne. Il est tard. Les visages sont heureux, Êmus mais fatiguÊs. Il est l’heure de sceller cette nouvelle vie ensemble par un verre de l’amitiÊ. Dès le lendemain, les familles reprendront la route pour gagner leurs lieux d’hÊbergement respectifs, qui au Mans, qui au Havre, à Pau, à NÎmes, à Fontainebleau‌ Il faut retrouver quelques forces.  Pour la première fois depuis sept ans, je vais passer une bonne nuit. Je suis heureux qu’un peuple ait un cœur si grand et nous accueille dans son pays , a tÊmoignÊ Nasar Alzahouri, le père d’une des familles arrivÊes. Pour autant, personne n’oublie ceux qui restent, à l’image d’une seizième personne qui aurait dÝ se joindre au groupe dÊjà arrivÊ. Difficile d’expliquer un tel retard, d’autant que le jeune homme a obtenu son visa. Ce sont vraisemblablement les vÊrifications de la sÝretÊ libanaise qui, prenant beaucoup de temps, ont compromis un dÊpart le 5 juillet. Mais celui-ci ne devrait pas être repoussÊ de plus d’une semaine, voire dix jours. Ce premier accueil est  un signal, une lueur d’espÊrance , selon les termes de VÊronique Fayet, prÊsidente du Secours catholique-Caritas France, pour ceux qui sont encore dans la souffrance au Liban, en Syrie, en Irak ou en pleine mer, prêts à tout pour une vie  meilleure , autrement dit en paix. Juste en paix. Claire Bernole à Roissy-Charles-de-Gaulle
Protestantisme international
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Leipzig, Allemagne - Ordination des femmes et paritÊ : les protestants rÊformÊs s’engagent
L’AssemblÊe gÊnÊrale de la Communion mondiale d’Églises rÊformÊes (CMER) a adoptÊ, lundi 3 juillet à Leipzig, une dÊclaration de foi sur l’ordination des femmes. Car une quarantaine d’Églises de la Communion, sur 233, ne l’autorisent pas encore. Vendredi 7 juillet, l’AssemblÊe gÊnÊrale s’est achevÊe par l’installation d’un nouveau comitÊ exÊcutif composÊ de plus de 50 % de femmes.  Dieu, par l’Esprit Saint, appelle femmes et hommes à pleinement participer à tous les ministères de l’Église.  Ce sont les mots de la  dÊclaration de foi à propos de l’ordination des femmes  que l’AssemblÊe gÊnÊrale de la CMER a adoptÊe lundi 3 juillet 2017. Le texte de la dÊclaration engageant la Communion mondiale d’Églises rÊformÊes prÊcise ensuite :  Les Églises de la CMER s’engagent maintenant sur le fait que notre pratique commune consistera à recevoir au ministère ordonnÊ des femmes ayant reçu cet appel et ayant dÊmontrÊ qu’elles disposaient des dons nÊcessaires à la direction et au ser-
vice dans les ministères de l’Église. Leur emploi et les indemnisations affÊrentes seront dÊterminÊs sur les mêmes bases que ceux des hommes. 
Un certain consensus
L’ancien prÊsident de la CMER, Jerry Pillay, s’est rÊjoui que les protestants rÊformÊs soient arrivÊs à  un certain consensus . L’expression fait Êcho aux rÊticences manifestÊes par certains membres de l’assistance en levant leur carton de couleur bleue. La raison en est moins thÊologique que culturelle, comme le prÊcise le texte de la dÊclaration :  Certaines [Églises] vivent dans des milieux oÚ la sociÊtÊ n’admet pas le leadership fÊminin. D’autres sont en situation minoritaire dans des pays en majoritÊ catholiques romains ou orthodoxes, elles ressentent une pression œcumÊnique qui les empêche de faire des choses que leurs voisins pourraient considÊrer comme choquantes.  L’adoption de cette dÊclaration de foi fait suite à une dÊcision de la prÊcÊdente assemblÊe, il y a sept ans, comme le prÊcise Stephen Kendall, dÊlÊguÊ de l’Église presbytÊrienne du Canada :  J’Êtais dÊjà prÊsent lors de l’assemblÊe de l’unitÊ à Grands Rapids en 2010 et c’est à cette occasion que nous avons dÊcidÊ de rÊellement promouvoir l’ordination des femmes . L’assemblÊe s’Êtait alors appuyÊe sur les rÊsultats d’une enquête rÊalisÊe en 2009. Celle-ci montrait que, parmi les Églises membres de la CMER (actuellement 233 dans 100 pays), une majoritÊ approuvait l’ordination des femmes et une quarantaine ne l’autorisait pas, selon la rÊpartition gÊographique suivante : Europe (7), Afrique (18), Moyen-Orient (3), AmÊrique latine (5) et Asie (9). Pour fonder leur position en faveur de l’ordination des femmes, les rÊformÊs s’appuient en particulier sur deux passages bibliques citÊs dans la dÊclaration. Ils mentionnent Genèse 1.27-28, un passage interprÊtÊ comme une  dÊclaration d’ÊgalitÊ et de solidaritÊ  :  Dieu crÊa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le crÊa ; mâle et femelle il les crÊa. Dieu les bÊnit et Dieu leur dit : Soyez fÊconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre. . Sur la nouvelle crÊation, c’est Paul qui est citÊ (Galates 3.27-28) :  Oui, vous tous qui avez ÊtÊ baptisÊs en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en JÊsus-Christ. 
ParitĂŠ plus que respectĂŠe
À Leipzig, la volontÊ de la Communion mondiale d’Églises rÊformÊes de favoriser l’ÊgalitÊ hommes-femmes s’est aussi traduite dans la paritÊ du comitÊ exÊcutif Êlu. Vendredi 7 juillet, son AssemblÊe gÊnÊrale a installÊ à la tête de la CMER 10 hommes et 12 femmes. Et c’est parmi elles qu’a ÊtÊ choisie la nouvelle prÊsidente, la pasteure libanaise Najla Kassab. L’AssemblÊe gÊnÊrale a donc respectÊ sa dÊcision de la veille qui demandait  que le comitÊ exÊcutif de la CMER soit composÊ d’au moins 50 % de femmes . Lors de l’AssemblÊe gÊnÊrale, les dÊlÊguÊs ont Êgalement donnÊ leur accord pour  que le conseil exÊcutif de la CMER et son secrÊtaire gÊnÊral Êtablissent une politique de justice de genre qui dÊfinisse les questions de violence basÊe sur le genre dans l’Église et la sociÊtÊ d’ici à 2019 . Une façon pour les rÊformÊs de concrÊtiser l’ÊgalitÊ hommes-femmes.
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 6
LibertĂŠ religieuse
(La Vie/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - L'ĂŠcole est finie pour l'instit qui voulait ĂŠtudier la Bible en classe
L'affaire a fait grand bruit et ne s'est pas Êteinte avec la fin de l'annÊe scolaire : à Malicornay (Indre), un instituteur d’Êcole publique a ÊtÊ suspendu puis sanctionnÊ par l’Éducation nationale parce qu'il avait fait Êtudier des extraits de la Bible dans le cadre de ses cours de CM1CM2. Le dÊpart du maÎtre suscite l’incomprÊhension et le dÊsarroi des parents, qui se battent pour le faire revenir. Retour sur un emballement  laïque .
Au mois de juin, Malicornay, petit village de 200 habitants du sud de l’Indre, est ÊcrasÊ par la canicule qui s’est abattue sur toute la France. Sur la place centrale, l’Êglise catholique – qui accueille tout au plus trois messes par an – fait face au monument aux morts. Quelques mètres plus loin, l’Êcole communale en pierre de taille indique encore  École de filles  sur son fronton. Membre d’un  Regroupement pÊdagogique intercommunal  (RPI) avec trois villages voisins, elle ne compte plus aujourd’hui qu’une classe de CM1-CM2. Au bout de la rue, une modeste mairie, une sortie de ferme et quelques habitations. Le calme règne.
Pourtant, depuis plusieurs mois, l’ambiance est Êlectrique sur le territoire du RPI de Malicornay. DÊbut fÊvrier, le maÎtre d’Êcole, très apprÊciÊ des parents et des Êlèves, a dÝ quitter sa classe brutalement en raison d’un manquement à la laïcitÊ, dÊnoncÊ par une lettre anonyme adressÊe à l’inspecteur de l’Éducation nationale (IEN) de La Châtre, la sous-prÊfecture dont dÊpend Malicornay. Après quatre mois de suspension, l’enseignant (qui souhaite garder l’anonymat) a ÊtÊ mutÊ d’office dans une Êcole à l’autre bout du dÊpartement par les instances locales de l’Éducation nationale pour  faute professionnelle . En cause ? Son  Êtude du christianisme par les textes  prÊvue sur 10 sÊances et qui prÊsentait une partie du livre de l’Exode et des Évangiles. Impuissance, injustice, sidÊration‌ La mobilisation d’une bonne vingtaine de familles (sur 27 Êlèves) – sans compter les parents des anciens Êlèves et plusieurs Êlus locaux – a pris les couleurs d’un vÊritable combat contre les abus d’une administration opaque et nÊanmoins puissante.
DĂŠnonciation
Reprenons les faits. Le 30 janvier 2017, l’IEN de La Châtre, Jean-Éric Rouyer, reçoit une lettre anonyme venant de  parents et de grands-parents d’Êlèves d’enfants scolarisÊs à l’Êcole de Malicornay . La lettre dactylographiÊe, dÊposÊe directement dans la boÎte aux lettres de l’Inspection, fait trois pages. Elle est titrÊe :  Cas de prosÊlithysme religieux (ces deux derniers mots sont Êcrits en gras) à l’Êcole de Malicornay . Son contenu :  Ne voulant pas mettre nos enfants dans une position très inconfortable en allant nous adresser à leur maÎtre, nous prÊfÊrons solliciter votre aide pour indiquer son grand Êgarement à ce professeur vis-à -vis des principes de l’Êcole laïque et rÊpublicaine , explique-t-on. Le ou les auteurs dÊtaillent ensuite prÊcisÊment le contenu des cours menÊs par l’enseignant  entre le lundi 16 janvier et le vendredi 27 janvier  en dressant une liste des Êpisodes les plus connus de la vie de JÊsus (une petite vingtaine), assortis ici ou là de commentaires outrÊs.
Par exemple :  la lapidation de la femme adultère (avec explication de la lapidation comme mort très dure !!!) . Ils relèvent aussi que l’enseignant a fait visiter l’Êglise du village aux enfants et qu’il a – moins choquant pour les auteurs, semble-t-il –  l’habitude d’emmener les enfants faire chorale à l’Êglise  en raison de l’acoustique du lieu. Le directeur acadÊmique des services de l’Éducation nationale de l’Indre (plus connu sous l'acronyme  Dasen ), Pierre-François Gachet, est immÊdiatement alertÊ. Un inspecteur est dÊpêchÊ par le directeur acadÊmique à Malicornay le lendemain même. Trois jours plus tard, l’enseignant est convoquÊ devant M. Gachet.  Après deux heures de remontrances musclÊes , selon le tÊmoignage de l’enseignant, on lui signifie sa suspension  à titre conservatoire , le temps de l’enquête administrative. Pourquoi une telle suspension ? Le directeur Êvoque une mesure de protection pour l’enseignant et les Êlèves. L'instituteur serait en effet menacÊ par des parents en colère. Un motif totalement fallacieux, selon lui : il ne s’est jamais senti menacÊ. À partir de ce jour, il ne reverra plus sa classe. La diligence des services acadÊmiques peut Êtonner.  Il y a toujours rapiditÊ sur ce type de sujet : la laïcitÊ, les valeurs de la RÊpublique, ou encore, toute proportions gardÊes, la sÊcuritÊ des enfants , avait alors rÊpondu M. Gachet au journal La Vie.  Il a fait quoi ? rÊtorque une maman abasourdie. Il n’a pas enterrÊ un enfant sous la cour ! 
(Free.ch/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Turquie - l’Êtau se resserre sur la minoritÊ chrÊtienne
Alors que la directrice d’Amnesty International en Turquie a ÊtÊ arrêtÊe le mercredi 5 juillet, l’Êtau se resserre dans ce pays sur les minoritÊs, notamment sur les chrÊtiens. Fin juin, le prÊsident Erdogan s’est appropriÊ judiciairement une cinquantaine d’Êglises et de monastères dans le sud-est du pays.Cette mainmise concerne notamment l’un des plus anciens monastères chrÊtiens du monde, le monastère syriaque Mor Gabriel, dans la rÊgion de Tur Abdin, appelÊe aussi  la montagne des serviteurs de Dieu  en rÊfÊrence à ce haut-lieu du christianisme oriental. La rÊgion comprend aussi une cinquantaine d’autres monastères et Êglises qui viennent de passer sous le joug de la Dyanet, le bureau des affaires religieuses. Le procÊdÊ ravive et rÊveille la mÊmoire douloureuse des chrÊtiens, pris en Êtau entre les Kurdes et le rÊgime politique. Il faut souligner que la Turquie abritait au dÊbut du siècle dernier la plus importante population chrÊtienne du Proche-Orient, qui constituait alors le 20% de la population. Aujourd’hui, elle ne reprÊsente plus que 0,1%.
Durcissement
Cette baisse est hallucinante. Le gÊnocide de 1915 des ArmÊniens et syriaques, et l’exode forcÊ des grecs orthodoxes au dÊbut des annÊes 1920 expliquent en grande partie cet effondrement. Maintenant, il faut savoir que la politique du prÊsident islamo-conservateur Erdogan et de son parti l’AKP, au pouvoir depuis 2002, ne cesse de se durcir. Et les communautÊs chrÊtiennes, rÊduites à peau de chagrin, subissent de toutes parts, et comme à nouveau, les pressions d’un appareil d’État en voie de rÊislamisation.
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 7 Autre signe de cette rÊislamisation : pour la deuxième annÊe consÊcutive, des prières et rÊcitations du Coran sont intervenues Êgalement fin juin à Sainte-Sophie, la basilique d’Istanbul devenue mosquÊe après la conquête ottomane de 1453, puis dÊclarÊe musÊe au dÊbut du XXe siècle sous Mustafa Kemal Atatßrk, le fondateur de la Turquie moderne. En rÊaction, la ConfÊrence des Églises europÊennes, organisation œcumÊnique rassemblant 125 Églises d’Europe, a regrettÊ que  l’un des plus grands lieux de culture et de religion de l’humanitÊ soit utilisÊ à des fins politiques . Les signes se multiplient et indiquent aujourd’hui que la pluralitÊ religieuse est particulièrement mise à mal en Turquie.
Amnesty dans le collimateur
Comme pour confirmer ce durcissement, la directrice d'Amnesty International en Turquie, Idil Eser, a ĂŠtĂŠ arrĂŞtĂŠe mercredi 5 juillet en compagnie de onze autres personnes, lors d'une rĂŠunion de formation organisĂŠe dans un hĂ´tel de Buyukada, une ĂŽle situĂŠe au sud d'Istanbul.
(RĂŠseau ĂŠvangĂŠlique Suisse/BIA) - Dammarie-lesLys, France
ZĂźrich, Suisse - Nouveau coordinateur au bureau suisse pour les rĂŠfugiĂŠs fuyant la persĂŠcution religieuse
La Bernoise Kathrin Anliker a mis un terme à son engagement au Bureau aux affaires d'intÊgration et de religion (BIR) après exactement 4 ans à ce poste. Elle rÊoriente sa carrière autour d'un nouveau dÊfi et passe le tÊmoin à François Pinaton. Après un apprentissage d'agent de transport, il est aujourd'hui coach indÊpendant et assume diffÊrentes fonctions de conseil. Ses mandats lui ont permis d'acquÊrir une large expÊrience dans la direction de projets et le coaching. Ces compÊtences seront dÊsormais aussi mises au service du BIR, fondÊ dans le cadre du Groupe de travail pour la libertÊ religieuses (GLR) du RES et qui conseille et soutient les rÊfugiÊs qui ont dÝ fuir leur pays pour des motifs religieux.
Bilan positif
C'est en 2013 que Kathrin Anliker a dÊbutÊ au BIR, alors que ce nouveau bureau venait d'être crÊÊ :  Pendant 4 ans, mon travail m'a donnÊ un aperçu dans la vie de nombreuses personnes. J'ai appris à les connaÎtre et me suis investie pour eux. Certains ont ensuite ÊtÊ renvoyÊs de Suisse. D'autres ont pu faire venir leur famille. Certaines situations ont ÊtÊ très difficiles et d'autres m'ont donnÊ beaucoup de joie. Soutenir des personnes parmi les plus vulnÊrables dans notre pays Êtait particulièrement important pour elle. C'est maintenant en tant que gestionnaire de l'Hôtel Alpina à Kandersteg qu'elle poursuivra son engagement. Son fiancÊ et elle ont aussi à coeur d'utiliser cet hôtel comme un lieu d'intÊgration pour des travailleurs rÊfugiÊs. Kathrin Anliker occupera encore un petit temps partiel au BIR jusqu'à fin aoÝt.
DĂŠfendre la cause des plus faibles
C'est avec beaucoup d'Êlan et de motivation que François Pinaton est entrÊ dans ses nouvelles fonctions.  Je dÊsire soutenir ces personnes qui ont beaucoup perdu et qui sont forcÊes de prendre un nouveau dÊpart , affirme François Pinaton.  Le travail du BIR permet de venir en aide à des personnes qui sont dans la dÊtresse et qui n'ont souvent personne pour dÊfendre leur cause. C'est un privilège pour moi, ajoute-t-il, de
pouvoir investir une partie de mon temps de travail pour celles et ceux qui souffrent et sont persĂŠcutĂŠs Âť.
Dans le bain dès ses premières heures
Dès sa première semaine de travail, François Pinaton a ÊtÊ confrontÊ à son premier cas. Une famille entière, convertie au christianisme, Êtait sur le point d'être renvoyÊe vers un pays oÚ la libertÊ de croyance n'est pas respectÊe. Les contacts avec les avocats, autoritÊs et experts ont dÝ être activÊs en quelques heures, plongeant immÊdiatement le nouveau collaborateur dans le quotidien qui l'attend au BIR. Il n'est en effet pas rare que ce travail doive être menÊ dans l'urgence, avec des temps de rÊactions très courts et des enjeux vitaux. Le coordinateur est entourÊ d'une Êquipe interculturelle qu'il peut impliquer de cas en cas, pour s'orienter dans la complexitÊ interculturelle des situations à dÊcoder.
SociĂŠtĂŠ, Analyses
(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France - Pourquoi les ÊvangÊliques soutiennent-ils Trump au sujet du rÊchauffement climatique ? En se retirant de l’accord de Paris sur le climat, Donald Trump divise les chrÊtiens. Si la majoritÊ des protestants et les catholiques condamnent son acte, les ÊvangÊliques l’applaudissent. La dÊcision de Donald Trump de se retirer de l’Accord de Paris a crÊÊ un tollÊ international et a ravivÊ la profonde division politique aux États-Unis sur le changement climatique. La droite amÊricaine s’est plutôt alignÊe avec le prÊsident, tandis que la gauche s’est mobilisÊe contre une mesure manifestement dangereuse pour la planète. Mais cette dÊcision controversÊe a aussi mis en avant le contraste aigu entre les chrÊtiens conservateurs et le reste de la scène religieuse amÊricaine. Tandis que ce sont majoritairement les protestants ÊvangÊliques blancs qui ont applaudi le geste du prÊsident, les catholiques, protestants traditionnels et autres dirigeants religieux l’ont dÊcriÊ.  Le changement climatique est rÊel. Si nous ne protÊgeons pas la planète, l’Êchec ne sera pas seulement pour les dirigeants, mais l’Êchec sera d’ordre moral , a Êcrit le cardinal de Chicago, Blase Cupich, sur Twitter dans une dÊferlante de critiques, partagÊes par les officiels catholiques à Washington comme au Vatican, oÚ le Pape François a fait de la protection de l’environnement une prioritÊ.
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D’abord une motivation politique
Cependant, la raison pour laquelle les ÊvangÊliques blancs dÊdaignent tellement cette thÊmatique suscite des questions. L’explication la plus simple et la plus usuelle est que, comme la plupart des gens, les chrÊtiens conservateurs font passer en premier leurs prÊfÊrences politiques. Des Êtudes montrent que les ÊvangÊliques blancs continuent à soutenir fermement Donald Trump, ainsi que des positions favorables à l’Êconomie et d’autres positions politiques rÊpublicaines.
Position ÊvangÊlique façonnÊe par la thÊologie
Mais la politique n’explique pas à elle seule la position des ÊvangÊliques blancs. Selon de rÊcentes Êtudes sur les questions environnementales du moins, la thÊologie
BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 8 chrÊtienne conservatrice pourrait Êgalement expliquer les fortes divergences au sein même de la communautÊ protestante. Selon une analyse des sociologues Phlip Schwadel du Nebraska et Erik Johnson de l’UniversitÊ de l’État de Washington, publiÊe dans l’Êdition d’avril du  Journal pour l’Êtude scientifique de la religion , les opinions des ÊvangÊliques conservateurs par rapport aux politiques de l’environnement sont façonnÊes par la thÊologie plutôt que l’idÊologie. Ils affirment cela en compilant presque 30 ans d’enquêtes rÊcurrentes.
 Même au XXIe siècle, alors que la politique semble avoir une grande importance, les diffÊrences entre les divers groupes religieux dans leur soutien aux dÊpenses environnementales n’ont pas de rapport avec les points de vue politiques , explique Philip Schwadel.  Les points de vue thÊologiques semblent être le plus grand facteur pour expliquer les diffÊrences entre ÊvangÊliques et autres AmÊricains.  InterrogÊ par RNS, le chercheur explique que lorsque l’on analyse les valeurs des AmÊricains sur les questions environnementales, le lien avec l’affiliation politique est aussi fort que le lien avec les croyances. Ces deux facteurs devancent largement toutes les autres variables, telles que l’Êducation, le sexe, le revenu, la race et la gÊographie. Mais quand il s’agit de comparer les divers groupes religieux, les donnÊes montrent que les idÊes religieuses ont une bien plus grande importance pour les ÊvangÊliques que pour d’autres chrÊtiens.
Dans le cas des ÊvangÊliques conservateurs, ce contexte a ÊtÊ fortement imprÊgnÊ par leurs suspicions profondes et de longue date envers la science et envers les spÊcialistes accusÊs de promouvoir un programme anti-religion. Cette attitude a pris de l’ampleur pendant le XIXe siècle avec le dÊveloppement des approches scientifiques dans l’interprÊtation biblique et la rÊaction contre la thÊorie de l’Êvolution de Darwin. L’impression d’avoir ÊtÊ ridiculisÊs lors du procès Scopes en 1925 dans le Tennessee, oÚ un enseignant a ÊtÊ condamnÊ pour avoir enseignÊ l’Êvolution, a conduit les conservateurs chrÊtiens à toujours davantage de ressenti envers les Êlites et les intellectuels.
Selon Molly Worthen, les ÊvangÊliques ont ÊtÊ formÊs  à voir la Bible comme un livre codÊ qui, correctement interprÊtÊ, rÊvèle la vÊritable signification des ÊvÊnements actuels, quoi qu’en disent les beaux scientifiques et Êlites politiques.  Dans les faits, cela a servi de point d’ancrage à un penchant pour les thÊories conspiratrices et un appÊtit pour les  fausses informations , et cela encourage beaucoup d’ÊvangÊliques à voir les experts, tels que les scientifiques climatiques qui ont un consensus large et profond sur le rÊchauffement planÊtaire, et le rôle inhÊrent de l’humanitÊ  soit comme des dupes voire comme des serviteurs de la cause du Diable. 
La culture de la rĂŠfutation des experts
Les chrĂŠtiens conservateurs ont ĂŠgalement dĂŠve-
L’attente de l’apocalypse et la politique du loppÊ un rÊseau d’instituts pour produire des thÊories court terme alternatives qui semblent rÊfuter les experts  sÊcuLe marqueur thÊologique principal de leur foi, explique le sociologue, est que les ÊvangÊliques ont tendance à avoir une comprÊhension littÊrale de la Bible. Ils croient, suivant la Genèse, que  la terre leur a ÊtÊ donnÊe pour faire ce que les hommes sont appelÊs à faire , et que la prophÊtie à la fin du Nouveau Testament que JÊsus reviendra dans la gloire pour reprendre ses fidèles sera bientôt accomplie. En somme, si vous croyez que Dieu a crÊÊ la terre en six jours littÊralement, et que le monde sera dÊtruit en un clin d’œil, vous aurez plutôt tendance à avoir une vue à plus court terme par rapport à l’environnement. En même temps, d’autres chercheurs avertissent que cela ne s’arrête pas là .Molly Worthen, professeure assistante d’histoire à l’UniversitÊ de la Caroline du Nord, Chapel Hill, et auteure de l’ouvrage  Apôtres de la raison : la crise d’autoritÊ dans le monde ÊvangÊlique amÊricain , s’accorde pour dire qu’il est important de dÊpasser  cette tendance parmi les experts et scientifiques politiques, plutôt que de simplement Êtudier la thÊologie comme un vernis pieux sur leurs opinions politiques. 
Suspicion à l’encontre de la science
La chercheuse argumente que même les personnes ayant un rapport purement littÊraliste avec le texte incluent un contexte culturel dans leurs opinions bibliques. Commission paritaire : renouvellement en cours DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
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liers  en se servant de leurs propres outils scientifiques et leur raison contre eux. Ce qui fut autrefois une thÊologie est devenu une culture qui s’affirme elle-même, dÊdiÊe à fournir une rÊponse alternative aux  faits  quelconques prÊsentÊs par le monde sÊculier.
Il n’est pas certain que les effets de changement climatique fassent changer les esprits ÊvangÊliques dans les annÊes à venir. Les Êtudes montrent que le reste du pays se sent de plus en plus impliquÊ, et que six personnes sur dix ont dÊsapprouvÊ la dÊcision de Donald Trump de se retirer de l’Accord de Paris. Pourtant, les chrÊtiens conservateurs comme Erick Erickson redoublent d’efforts pour dÊfendre leurs points de vue bibliques.  En vÊritÊ, nous allons tous mourir. Mais ce ne sera pas à cause du rÊchauffement planÊtaire , Êcrit le blogueur dans le cadre d’une rÊponse monumentale qui rÊpond aux libÊraux et aux scientifiques par l’Apocalypse.  J’ai lu la fin du livre. Il y aura la famine. Il y aura la sÊcheresse. Il y aura des inondations. Et il y aura la guerre. Ensuite, il y aura le jour dernier oÚ nous nous tiendrons devant notre CrÊateur et serons appelÊs à rendre des comptes.  Il continue en disant :  s’inquiÊter du rÊchauffement planÊtaire et de la justice sociale ne vous ouvrira pas les portes du paradis. Ce sera en sauvant des âmes. Mais c’est difficile de sauver des âmes si vous ne croyez pas au Dieu de la CrÊation et que vous êtes trop prÊoccupÊs par l’adoration de cette CrÊation. 
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