2017-07/08 BIA

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Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 38e annĂŠe • n° 416 - Juillet-AoĂťt 2017

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste

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Nouvelles des Églises adventistes

Orlando, Floride, États-Unis - Deux hĂ´pitaux adventistes proposent le plus petit pacemaker du monde Mbarara, Ouganda - L’implication des membres s’Êtend sur plus de 3000 implantations en Ouganda Paris, France - Les protestants français et la laĂŻcitĂŠ

FĂŠdĂŠration protestante de France

Paris, France - Couloirs humanitaires : l’arrivÊe de rÊfugiÊs syriens et irakiens

Protestantisme internationale

Leiprig, Allemagne - Ordination des femmes et paritÊ : les protestants rÊformÊs s’engagent

(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

LibertĂŠ religieuse

Paris, France - L’Êcole est finie pour l’instit qui voulait Êtudier la Bible en classe Turquie - L’Êtau se resserre sur la minoritÊ chrÊtienne Zßrich, Suisse - Nouveau coordinateur au bureau suisse pour les rÊfugiÊs fuyant la persÊcution religieuse

SociĂŠtĂŠ - Analyses

Lausanne, Suisse - Pourquoi les ĂŠvangĂŠliques soutiennent-ils Trump au sujet du rĂŠchauffement climatique ?

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert


BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 2

Nouvelles des Églises adventistes

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Orlando, Floride, États-Unis - Deux Hôpitaux adventistes proposent le plus petit pacemaker du monde

Le centre mĂŠdical hospitalier ÂŤ Florida Memorial Âť et ÂŤ Florida Hospital New Smyrna Âť, deux hĂ´pitaux adventistes situĂŠs en Floride, aux États-Unis, offrent dĂŠsormais le plus petit pacemaker du monde, aux patients atteints de bradycardie (rythme cardiaque trop lent), une maladie caractĂŠrisĂŠe par un ralentissement ou un battement de cĹ“ur irrĂŠgulier. NommĂŠ le MicraÂŽTranscatheter Pacing System (TPS), ce nouveau type d’appareil cardiaque, fournit aux patients la technologie la plus avancĂŠe, un dixième de la taille d’un pacemaker traditionnel. Les ĂŠlectrophysiciens Hanscy Seide et Huijian James Wang ont procĂŠdĂŠ, le 2 mai dernier, Ă la première opĂŠration au centre mĂŠdical et hospitalier ÂŤ Florida Memorial Âť Ă Daytona Beach. Le 23 juin, le cardiologue Surya Rao a fait la première opĂŠration au ÂŤ Florida Hospital New Smyrna Âť. ÂŤ Des patients atteints de bradycardie ont un rythme cardiaque lent ou irrĂŠgulier, habituellement moins de 60 battements par minute. Ă ce rythme, le cĹ“ur ne peut pas pomper suffisamment de sang riche en oxygène pour le corps, durant des activitĂŠs normales ou des exercices physiques, causant des ĂŠtourdissements, de la fatigue, de l’essoufflement ou des ĂŠvanouissements Âť a dĂŠclarĂŠ Tim Farley, le chef du dĂŠpartement de cardiologie des hĂ´pitaux de Floride, dans les comtĂŠs de Volusia et Flager. ÂŤ Cet appareil restaure le rythme normal du cĹ“ur et soulage les symptĂ´mes, en envoyant des impulsions ĂŠlectriques au cĹ“ur pour augmenter le rythme cardiaque tel qu’il devrait ĂŞtre Âť. Ce nouveau pacemaker, d’environ la taille d’un gros cachet de vitamine, ne nĂŠcessite pas de sondes cardiaques (aussi appelĂŠes ĂŠlectrodes) ou de ÂŤ boitier Âť chirurgical sous la peau comme le nĂŠcessitent les stimulateurs cardiaques traditionnels. Au lieu de cela, l’appareil est assez petit pour ĂŞtre placĂŠ Ă travers un cathĂŠter et implantĂŠ directement dans le cĹ“ur. ÂŤ Ce nouvel implant donne aux patients une alternative esthĂŠtiquement invisible et sĂťre, par rapport aux pacemakers conventionnels, tout cela sans les complications associĂŠes aux branchements et aux fils Âť a ajoutĂŠ Farley. ÂŤ De plus, ce stimulateur cardiaque est dĂŠsignĂŠ pour ajuster automatiquement le traitement nĂŠcessaire en fonction des activitĂŠs du patient. Âť Le Micra TPS est le premier et le seul système de stimulation cardiaque implantĂŠ par cathĂŠter, permis lors des imageries 1,5 et 3 Tesla (T) par rĂŠsonnance magnĂŠtique (IRM) dans le corps entier. Le Micra TPS a ĂŠtĂŠ approuvĂŠ par ÂŤ Food and Drug Administration Âť en avril 2016 et est remboursĂŠ par l’assurance maladie, permettant Ă un grand nombre de patients de bĂŠnĂŠficier d’une nouvelle technologie pour la stimulation cardiaque. Membre du système de santĂŠ adventiste, la mission de ÂŤ Florida Hospital Âť est d’Êtendre le ministère de guĂŠrison de Christ. Incluant sept hĂ´pitaux de la Floride, dans les comtĂŠs de Flager, Lake et Volusia, la Division de la Floride

ÂŤ Florida Hospital Central-North Region Âť est le plus grand organisme hospitalier de la rĂŠgion, avec 1 226 lits et plus de 7 800 employĂŠs.

(DACE/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Mbarara, Ouganda - L’implication des membres s’Êtend sur plus de 3000 implantations en Ouganda

Une campagne nationale visant Ă apporter la guĂŠrison physique et spirituelle a ĂŠtĂŠ l’occasion pour des membres de l’Église adventiste du septième jour en Ouganda de toucher plus de 3000 sites au cours des deux dernières semaines. Des activitĂŠs sponsorisĂŠes par les adventistes ont permis de proposer des ĂŠtudes bibliques et des camps mĂŠdicaux gratuits, et ont suscitĂŠ les fĂŠlicitations et le soutien des autoritĂŠs locales dans cette nation africaine.

Les camps mĂŠdicaux en Ouganda suivent les principes de l’implication totale des membres (TMI), un programme mis en place par l’Église adventiste mondiale qui encourage chaque membre d’Êglise Ă jouer un rĂ´le actif en exerçant un ministère auprès des autres et en proclamant la bonne nouvelle de JĂŠsus.

Par exemple, dans le district de Mbarara, dans la rĂŠgion sud-ouest de l’Ouganda, chaque jour, plus de 800 personnes reçoivent des traitements mĂŠdicaux gratuits dans l’un des camps mĂŠdicaux sponsorisĂŠs par les adventistes. Les reprĂŠsentants des autoritĂŠs locales ont ĂŠtĂŠ satisfaites en visitant les camps et en voyant les milliers de personnes obtenir un meilleure vision de leur ĂŠtat de santĂŠ dans les centres mobiles de traitement mĂŠdical.

Le Commissaire de Police du District, Geoffrey Magyezi a affirmĂŠ que l’Église adventiste contribuait Ă l’Êradication du crime Ă travers leur action. ÂŤ Avant l’ouverture du camp mĂŠdical, nous avons arrĂŞtĂŠ une mère qui avait volĂŠ de l’argent, Âť a-t-il indiquĂŠ. Lors de son interrogatoire, elle a dĂŠclarĂŠ avoir volĂŠ afin de se procurer de l’argent pour emmener son enfant Ă l’hĂ´pital. Donc l’Église est arrivĂŠe au bon moment pour sauver des vies dans la rĂŠgion. Âť

Jolly Kagira, reprÊsentante du Commissaire du District, a dÊclarÊ que les camps mÊdicaux mis en place dans le cadre du programme TMI ne constituent pas une fin mais un commencement.  Ces camps devraient être le dÊbut d’un partenariat entre le gouvernement et l’Église adventiste pour l’Êradication de la pauvretÊ et de l’addiction aux drogues,  a-t-elle dÊclarÊ.  Avec la Parole de Dieu, l’Église peut freiner le mal mieux que la police ne le peut avec l’ÊpÊe de la loi. 

D’après Kakuru Bernard, prĂŠsident de l’Église adventiste dans le champ Sud-Ouest de l’Ouganda basĂŠ Ă Mbarara, le succès du camp mĂŠdical est le rĂŠsultat direct de l’implication des membres d’Êglise. ÂŤ Nos membres comprennent vraiment bien ce qu’implique l’initiative du programme TMI, Âť a-t-il dĂŠclarĂŠ.

Kakuru Bernard a indiquÊ que les camps ont permis d’offrir des mÊdicaments, des lunettes, des soins dentaires et bien plus encore. Les autoritÊs locales ont Êgalement participÊ au programme. Elles ont fourni le matÊriel pour les tests sanguins, des mÊdicaments pour la malaria et ont envoyÊ du personnel mÊdical de l’Hôpital de rÊfÊrence de Mbarara pour travailler conjointement avec les professionnels adventistes de santÊ.


BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 3

Fred Mwesije a 42 ans et frĂŠquente une ĂŠglise chrĂŠtienne. Il a visitĂŠ le camp mĂŠdical après avoir eu quelques problèmes de santĂŠ, et il a dĂŠclarĂŠ qu’il avait une grande considĂŠration pour le ministère de l’Église adventiste. ÂŤ Notre communautĂŠ chrĂŠtienne sait que l’Église adventiste se soucie des autres, Âť a-t-il dit.

FĂŠdĂŠration protestante de France

(RĂŠforme/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Couloirs humanitaires : Le missionnaire adventiste corÊen, Ham Youngsik l’arrivÊe de rÊfugiÊs syriens et irakiens

sert dans l’Église adventiste en Ouganda. En tant que coordinateur du programme TMI à Mbarara, il a prÊcisÊ être heureux de voir des membres d’Êglise partager l’amour chrÊtien.  Dieu nous accorde de l’argent et des capacitÊs afin que nous accomplissions son œuvre,  a-t-il soulignÊ.

Ham Youngsik a partagĂŠ l’expĂŠrience de quelques personnes qui avaient des problèmes de mobilitĂŠ. ÂŤ Quelques patients ne pouvaient pas voyager sur de longues distances, Âť a-t-il dit, ÂŤ mais ils ont ĂŠtĂŠ visitĂŠs dans leurs maisons et ont ĂŠtĂŠ soignĂŠs gratuitement. Âť

Ham Youngsik a ĂŠgalement indiquĂŠ avoir ĂŠtĂŠ touchĂŠ en voyant comment le ministère sanitaire de l’Église adventiste offrait non seulement la guĂŠrison physique mais ĂŠgalement la guĂŠrison spirituelle. ÂŤ J’ai ĂŠtĂŠ touchĂŠ en voyant que 35 personnes parmi celles qui avaient ĂŠtĂŠ traitĂŠes dans le camp mĂŠdical de Mbarara avaient dĂŠcidĂŠ de se faire baptiser Âť a-t-il prĂŠcisĂŠ.

(BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Les protestants français et la laïcitÊ

AWA est un groupe de travail scientifique adventiste fondĂŠ en 1972 en Allemagne par des universitaires et des ĂŠtudiants adventistes.

Cette association est nÊe du besoin de partager une expÊrience de foi chrÊtienne en favorisant le partage sur la valeur des sciences humaines et naturelles. Cet espace de discussion dÊveloppe les idÊes orientÊe vers l'avenir pour la comprÊhension personnelle des individus et des adventistes du septième jour.

AWA est un forum ouvert aux questions thĂŠologiques et d'actualitĂŠ lors de confĂŠrences et dans des publications interdisciplinaires en rapport avec leurs recherches. L’acadĂŠmie d’ÊtĂŠ de AWA 2017 s’est tenue Ă Paris au mois de juillet sur le thème ÂŤ Les protestants : droits de l'homme et la libertĂŠ de religion Âť.

Les matins furent consacrÊs à des confÊrences, exposÊs et dÊbats. Les organisateurs avaient programmÊ diffÊrentes visites les après-midi.

Les organisateurs avaient invitÊ le secrÊtaire gÊnÊral de l’Union des FÊdÊrations adventistes de France, Jean-Paul Barquon. Il a dÊveloppÊ diffÊrents sujets : L’origine de l’Église adventiste en France, l’adhÊsion de l’UFA à la FÊdÊration protestante de France, le rÊgime juridique de la laïcitÊ et la valeur de la laïcitÊ au sein de la RÊpublique.

La prÊsidente du Conseil de l’Église luthÊrienne de Paris, Elisabeth Langlais a accueilli les membres allemands de AWA pour un exposÊ sur l’Église luthÊrienne allemande.

Mercredi 5 juillet, les premières familles de rĂŠfugiĂŠs syriens et irakiens ont dĂŠbarquĂŠ Ă Roissy, accueillies par les reprĂŠsentants des institutions chrĂŠtiennes qui se sont mobilisĂŠes pour elles. Nord-Liban. Une poignĂŠe de baraques de bois et de bâches, implantĂŠes Ă 5 kilomètres de la frontière syrienne, au milieu des champs agricoles. Ahmad Bakkar, 27 ans, a passĂŠ trois annĂŠes avec sa famille dans l’espace confinĂŠ d’une de ces masures improvisĂŠes, situĂŠes en pĂŠriphĂŠrie du village chrĂŠtien de Tal Abbas, après avoir fui les bombardements qui ont dĂŠtruit leur maison Ă Kfar Aaya, dans la province de Homs. Trois ans de privations et d’humiliations, qu’Ahmad a dĂť accepter tĂŞte baissĂŠe : ÂŤ Au dĂŠbut, j’ai travaillĂŠ plusieurs mois dans le bâtiment, mais je n’ai jamais touchĂŠ mon salaire. Puis j’ai voulu renouveler mon permis de rĂŠsidence et on me l’a refusĂŠ, ce qui m’empĂŞchait de circuler Ă cause des barrages de l’armĂŠe. Alors voilĂ un an et demi que je n’ai pas travaillĂŠ, ni quittĂŠ le camp de Tal Abbas. Je ne vis que de l’aide de l’ONU. Âť Un long tunnel au bout duquel a jailli une source de lumière inespĂŠrĂŠe : mercredi 5 juillet, la famille Bakkar a embarquĂŠ dans un vol Air France Ă destination de Paris, oĂš des membres de la communautĂŠ Sant’Egidio et de la FĂŠdĂŠration de l’Entraide protestante (FEP) les ont accueillis pour les accompagner dans leur nouvelle vie de demandeurs d’asile en France. Ă€ leurs cĂ´tĂŠs, trois autres familles de rĂŠfugiĂŠs syriens et irakiens, ainsi qu’un adulte seul. Tous ĂŠtaient dans l’avion, dans le cadre du projet de couloir humanitaire, organisĂŠ par la FĂŠdĂŠration de l’Entraide protestante, la FĂŠdĂŠration protestante de France, la communautĂŠ Sant’Egidio, le Secours catholique et la ConfĂŠrence des ĂŠvĂŞques de France.

Une bonne ĂŠducation

D’ici Ă la fin 2018, 500 rĂŠfugiĂŠs syriens et irakiens du Liban seront installĂŠs en France. Ă€ la veille du dĂŠpart, les yeux d’Ahmad brillaient d’anticipation : ÂŤ En Syrie, notre maison a ĂŠtĂŠ dĂŠtruite. Ici, je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille. Moi, j’ai dĂŠjĂ tout perdu, mais je veux tout faire pour que mes enfants aient une vie meilleure. La France, c’est notre chance de leur offrir une bonne ĂŠducation Âť, dit-il devant Moatassim, 5 ans, et Nassim, nĂŠe l’an dernier dans le camp de rĂŠfugiĂŠs, au Liban. La famille Bakkar n’a pas ĂŠtĂŠ choisie au hasard. ValĂŠrie Regnier, responsable France de la communautĂŠ Sant’Egidio, rappelle que les bĂŠnĂŠficiaires du couloir humanitaire, qu’elle qualifie d’ Ĺ“cumĂŠnisme solidaire Âť, et qui est venue chercher les candidats au dĂŠpart, sont sĂŠlectionnĂŠs selon deux conditions : ÂŤ Nous nous conformons au critère de vulnĂŠrabilitĂŠ, dĂŠfini par le droit europĂŠen de l’asile, ciblant les personnes âgĂŠes, handicapĂŠes, les femmes enceintes, les parents isolĂŠs, les victimes de traite, de torture ou de violence physique ou psychologique. Ă€ partir de cette base, il y a un ĂŠlĂŠment plus subjectif. Car nous sĂŠlectionnons les personnes qui ont un vrai dĂŠsir de venir en France et d’y construire une nouvelle vie Âť, dit-elle.


BIA - N° 416 - Juillet-AoĂťt 2017 - 4 Le Liban accueille plus d’un million de rĂŠfugiĂŠs syriens et plus de 40 000 rĂŠfugiĂŠs irakiens, pour une population de 4 millions d’habitants. La plupart d’entre eux sont pris en charge par l’Agence des Nations unies pour les rĂŠfugiĂŠs (UNHCR), qui s’occupe de rĂŠinstaller les plus vulnĂŠrables dans des pays tiers. Ă€ la date du 28 fĂŠvrier 2017, 16 497 rĂŠfugiĂŠs syriens ont ĂŠtĂŠ relogĂŠs en France par cette voie, dont 4 122 avec des visas humanitaires. Mais lĂ oĂš l’UNHCR se contente de recouper des variables pour sĂŠlectionner les cas humanitaires les plus urgents, les partisans de l’ Ĺ“cumĂŠnisme solidaire Âť prĂŠfèrent ĂŠtablir une relation de confiance Ă mesure d’homme avec les rĂŠfugiĂŠs. Depuis trois ans, Alessandro Ciquera mange, dort, sue et grelotte dans l’un des gourbis mal isolĂŠs du camp de Tal Abbas, aux cĂ´tĂŠs d’Ahmad, de son frère Qassem et des autres Syriens venus de Homs ou d’Alep. Ă€ 27 ans, le membre de l’organisation italienne Operazione Colomba a l’expĂŠrience d’un vieux sage avec les familles dĂŠplacĂŠes par la guerre : ÂŤ En partageant leur quotidien, nous connaissons leurs souffrances, leurs traumatismes, mais aussi les qualitĂŠs et les dĂŠfauts de chacun. Et peu Ă peu, nous constatons que certains sont plus dĂŠcidĂŠs Ă modifier leur mode de vie et Ă s’adapter Ă un nouvel environnement que d’autres Âť, dit-il depuis le camp informel inondĂŠ de soleil.

Mode de vie communautaire

En fĂŠvrier 2016, lorsqu’un projet de couloirs humanitaires entre le Liban et l’Italie a vu le jour, Alessandro et les autres bĂŠnĂŠvoles de Tal Abbas ont jouĂŠ un rĂ´le essentiel pour identifier les rĂŠfugiĂŠs dĂŠsireux de s’installer en Italie. ÂŤ C’est un travail difficile que je ne souhaite Ă personne, livre-t-il. C’est frustrant de devoir sĂŠlectionner un nombre rĂŠduit de bĂŠnĂŠficiaires parmi tant de personnes dans le besoin, et on subit la pression de ceux qui ne sont pas choisis. Âť Plusieurs dizaines de rĂŠfugiĂŠs de Tal Abbas ont dĂŠjĂ rejoint l’Italie, dont le frère d’Ahmad, amputĂŠ d’un bras Ă cause du conflit. Son frère cadet, Qassem, reste pour l’instant Ă Tal Abbas, dans l’espoir de rejoindre au plus vite Ahmad en France. Parfois, ce sont les rĂŠfugiĂŠs eux-mĂŞmes qui refusent de partir. Maria Quinto, responsable du couloir humanitaire pour Sant’Egidio au Liban, le souligne : ÂŤ Beaucoup de rĂŠfugiĂŠs dans la vallĂŠe de la Bekaa font partie de grandes familles. Pour eux, pas question de se sĂŠparer. Il faudrait alors prendre d’un coup plusieurs centaines de personnes de la mĂŞme famille, et leur mode de vie communautaire serait impossible Ă maintenir en Europe Âť, dit-elle. Ă€ l’inverse, le projet de couloir humanitaire vise Ă favoriser le regroupement familial pour des familles Ă taille plus modeste, comme l’explique ValĂŠrie Regnier : ÂŤ Nous envisageons le regroupement familial au sens large, c’est-Ă dire mĂŞme pour des liens de seconde gĂŠnĂŠration, afin de permettre Ă des familles ĂŠclatĂŠes de vivre ensemble. Âť Dans l’avion en partance pour l’aĂŠroport Roissy-Charlesde-Gaulles le 5 juillet dernier, Ahmad Bakkar s’est assis aux cĂ´tĂŠs de Nasr Al-Zahouri, sa femme Rabiaa et leurs trois enfants. Ils s’apprĂŞtent Ă retrouver leurs deux autres enfants dĂŠjĂ installĂŠs en France après avoir obtenu une bourse universitaire. Pour Nasr, ex-vĂŠtĂŠrinaire renommĂŠ Ă Homs, l’Êducation est fondamentale : ÂŤ J’aimerais que mon fils Al Motassem Billah devienne mĂŠdecin comme moi, alors qu’ici il doit travailler dans un restaurant de 11 h Ă 3 h du matin pour payer notre loyer Âť, dit-il dans la maison qu’ils louent Ă deux pas de Tal Abbas. Un rĂŞve qu’il espère voir se concrĂŠtiser en France, loin de la guerre qui a emportĂŠ son autre fils Mhamma, tuĂŠ par une balle de sniper sur le chemin de l’universitĂŠ.

Emmanuel Haddad, correspondance de Beyrouth.

AĂŠroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. L’Êmotion est palpable, tant du cĂ´tĂŠ des accueillis que des accueillants. Quelques dizaines de personnes qui ne se connaissaient pas se regardent dans les yeux, touchĂŠes, mĂŞlant parfois une larme Ă un sourire. Les 15 personnes embarquĂŠes Ă Beyrouth ont posĂŠ le pied en France, accueillies dans le cadre du couloir humanitaire mis en place avec le Liban. Pour leur souhaiter la bienvenue dès la descente de l’avion, les aumĂ´niers de l’aĂŠroport, dont le pasteur Pierre de Mareuil, se sont mobilisĂŠs, ainsi que des bĂŠnĂŠvoles des institutions chrĂŠtiennes parties prenantes de ce programme humanitaire. Plusieurs jeunes avaient ĂŠgalement ĂŠtĂŠ choisis pour aller Ă la rencontre des nouveaux arrivants. Valentina et Axoum en faisaient partie. Difficile de savoir exactement quoi dire et quel geste faire, mais les deux jeunes filles ont eu le sentiment d’être utiles et ont vĂŠcu ce moment avec intensitĂŠ. Un concert d’applaudissements a accueilli le petit cortège lorsqu’il est parvenu jusqu’au grand salon feutrĂŠ de l’aĂŠroport, rĂŠservĂŠ pour l’occasion.

Énergie du cœur

ValĂŠrie RĂŠgnier, qui a accompagnĂŠ les rĂŠfugiĂŠs dans l’avion depuis Beyrouth, a ĂŠtĂŠ la première Ă prendre la parole : ÂŤ Nous faisons ce soir la dĂŠmonstration qu’une rĂŠponse Ă la pression migratoire est possible. Une rĂŠponse humaine, humaniste. Âť La prĂŠsidente de la communautĂŠ Sant’Egidio France a alors exprimĂŠ sa joie de voir une ÂŤ nouvelle forme de solidaritĂŠ Âť se mettre en place ÂŤ reproductible grâce Ă l’Ênergie du cĹ“ur et de l’amitiĂŠ, qui est inĂŠpuisable Âť. Ce soir-lĂ , après un passage des contrĂ´les de sĂŠcuritĂŠ qui a pris du temps pour ces personnes ĂŠligibles au statut de rĂŠfugiĂŠ, les discours se voulaient courts. Et leur tonalitĂŠ moins officielle qu’humaine. Comme l’a rappelĂŠ François Clavairoly, prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante de France, l’histoire a commencĂŠ il y a des mois, alors que les personnes ici prĂŠsentes ne s’Êtaient jamais rencontrĂŠes. Cette histoire, c’est celle de la fraternitĂŠ, ÂŤ la seule qui vaille la peine dans ce monde Âť. ÂŤ La journĂŠe a ĂŠtĂŠ longue mais magnifique. C’est l’aboutissement de plusieurs mois de nĂŠgociations Âť, confie-t-il. L’État français, reprĂŠsentĂŠ en la personne de RaphaĂŤl Sodini, directeur de l’asile au ministère de l’IntĂŠrieur, s’est rĂŠjoui d’avoir ĂŠtĂŠ ÂŤ un facilitateur Âť dans cette opĂŠration et ÂŤ espère permettre Ă l’opĂŠration d’aller jusqu’à son but Âť. ÂŤ Les chrĂŠtiens peuvent donner du souffle Ă la RĂŠpublique quand ils s’y mettent ! Âť, souligne François Clavairoly. Jean Fontanieu, secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de la FEP, et d’autres reprĂŠsentants des institutions catholiques partenaires ĂŠtaient ĂŠgalement prĂŠsents aux cĂ´tĂŠs de quelques familles d’accueil. Tous ont su trouver des mots de bienvenue et d’encouragement Ă l’attention de ces hommes et de ces femmes qui, avec leurs enfants, frères ou sĹ“urs, ont souscrit Ă l’exil. Parmi eux, Micheline est venue avec son frère jumeau, handicapĂŠ, ainsi que leurs parents. SoulagĂŠe autant que bouleversĂŠe, un peu anxieuse sans doute, elle peine Ă dire sa joie d’être lĂ . Un peu plus loin, Al Motassem, casquette retournĂŠe et ĂŠcouteurs autour du cou, semble absorber le choc culturel sans trembler. On devine pourtant qu’il faudra laisser du temps au temps‌


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Visages heureux mais fatiguĂŠs

ÂŤ L’intĂŠgration n’est pas chose facile. Nous avons souvent Ă faire Ă des personnes traumatisĂŠes, qui ont besoin de soins psychologiques et/ou mĂŠdicaux. Nous avons d’ailleurs choisi de les aider parce qu’elles en ont particulièrement besoin Âť, prĂŠcise sans faux-semblant Luca Negro. Le prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante d’Italie (FCEI), qui s’exprime avec un an et demi de recul par rapport Ă l’accueil de 850 rĂŠfugiĂŠs dans son pays, estime nĂŠanmoins que le dispositif fonctionne bien. De plus, le fait qu’un couloir humanitaire soit ĂŠtabli avec un deuxième pays europĂŠen renforce l’espoir que les pourparlers dĂŠbouchent bientĂ´t en Belgique, en Allemagne et en Pologne. Il est tard. Les visages sont heureux, ĂŠmus mais fatiguĂŠs. Il est l’heure de sceller cette nouvelle vie ensemble par un verre de l’amitiĂŠ. Dès le lendemain, les familles reprendront la route pour gagner leurs lieux d’hĂŠbergement respectifs, qui au Mans, qui au Havre, Ă Pau, Ă NĂŽmes, Ă Fontainebleau‌ Il faut retrouver quelques forces. ÂŤ Pour la première fois depuis sept ans, je vais passer une bonne nuit. Je suis heureux qu’un peuple ait un cĹ“ur si grand et nous accueille dans son pays Âť, a tĂŠmoignĂŠ Nasar Alzahouri, le père d’une des familles arrivĂŠes. Pour autant, personne n’oublie ceux qui restent, Ă l’image d’une seizième personne qui aurait dĂť se joindre au groupe dĂŠjĂ arrivĂŠ. Difficile d’expliquer un tel retard, d’autant que le jeune homme a obtenu son visa. Ce sont vraisemblablement les vĂŠrifications de la sĂťretĂŠ libanaise qui, prenant beaucoup de temps, ont compromis un dĂŠpart le 5 juillet. Mais celui-ci ne devrait pas ĂŞtre repoussĂŠ de plus d’une semaine, voire dix jours. Ce premier accueil est ÂŤ un signal, une lueur d’espĂŠrance Âť, selon les termes de VĂŠronique Fayet, prĂŠsidente du Secours catholique-Caritas France, pour ceux qui sont encore dans la souffrance au Liban, en Syrie, en Irak ou en pleine mer, prĂŞts Ă tout pour une vie ÂŤ meilleure Âť, autrement dit en paix. Juste en paix. Claire Bernole Ă Roissy-Charles-de-Gaulle

Protestantisme international

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Leipzig, Allemagne - Ordination des femmes et paritÊ : les protestants rÊformÊs s’engagent

L’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de la Communion mondiale d’Églises rĂŠformĂŠes (CMER) a adoptĂŠ, lundi 3 juillet Ă Leipzig, une dĂŠclaration de foi sur l’ordination des femmes. Car une quarantaine d’Églises de la Communion, sur 233, ne l’autorisent pas encore. Vendredi 7 juillet, l’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale s’est achevĂŠe par l’installation d’un nouveau comitĂŠ exĂŠcutif composĂŠ de plus de 50 % de femmes. ÂŤ Dieu, par l’Esprit Saint, appelle femmes et hommes Ă pleinement participer Ă tous les ministères de l’Église. Âť Ce sont les mots de la ÂŤ dĂŠclaration de foi Ă propos de l’ordination des femmes Âť que l’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale de la CMER a adoptĂŠe lundi 3 juillet 2017. Le texte de la dĂŠclaration engageant la Communion mondiale d’Églises rĂŠformĂŠes prĂŠcise ensuite : ÂŤ Les Églises de la CMER s’engagent maintenant sur le fait que notre pratique commune consistera Ă recevoir au ministère ordonnĂŠ des femmes ayant reçu cet appel et ayant dĂŠmontrĂŠ qu’elles disposaient des dons nĂŠcessaires Ă la direction et au ser-

vice dans les ministères de l’Église. Leur emploi et les indemnisations affĂŠrentes seront dĂŠterminĂŠs sur les mĂŞmes bases que ceux des hommes. Âť

Un certain consensus

L’ancien prĂŠsident de la CMER, Jerry Pillay, s’est rĂŠjoui que les protestants rĂŠformĂŠs soient arrivĂŠs Ă ÂŤ un certain consensus Âť. L’expression fait ĂŠcho aux rĂŠticences manifestĂŠes par certains membres de l’assistance en levant leur carton de couleur bleue. La raison en est moins thĂŠologique que culturelle, comme le prĂŠcise le texte de la dĂŠclaration : ÂŤ Certaines [Églises] vivent dans des milieux oĂš la sociĂŠtĂŠ n’admet pas le leadership fĂŠminin. D’autres sont en situation minoritaire dans des pays en majoritĂŠ catholiques romains ou orthodoxes, elles ressentent une pression Ĺ“cumĂŠnique qui les empĂŞche de faire des choses que leurs voisins pourraient considĂŠrer comme choquantes. Âť L’adoption de cette dĂŠclaration de foi fait suite Ă une dĂŠcision de la prĂŠcĂŠdente assemblĂŠe, il y a sept ans, comme le prĂŠcise Stephen Kendall, dĂŠlĂŠguĂŠ de l’Église presbytĂŠrienne du Canada : ÂŤ J’Êtais dĂŠjĂ prĂŠsent lors de l’assemblĂŠe de l’unitĂŠ Ă Grands Rapids en 2010 et c’est Ă cette occasion que nous avons dĂŠcidĂŠ de rĂŠellement promouvoir l’ordination des femmes Âť. L’assemblĂŠe s’Êtait alors appuyĂŠe sur les rĂŠsultats d’une enquĂŞte rĂŠalisĂŠe en 2009. Celle-ci montrait que, parmi les Églises membres de la CMER (actuellement 233 dans 100 pays), une majoritĂŠ approuvait l’ordination des femmes et une quarantaine ne l’autorisait pas, selon la rĂŠpartition gĂŠographique suivante : Europe (7), Afrique (18), Moyen-Orient (3), AmĂŠrique latine (5) et Asie (9). Pour fonder leur position en faveur de l’ordination des femmes, les rĂŠformĂŠs s’appuient en particulier sur deux passages bibliques citĂŠs dans la dĂŠclaration. Ils mentionnent Genèse 1.27-28, un passage interprĂŠtĂŠ comme une ÂŤ dĂŠclaration d’ÊgalitĂŠ et de solidaritĂŠ Âť : ÂŤ Dieu crĂŠa l’homme Ă son image, Ă l’image de Dieu il le crĂŠa ; mâle et femelle il les crĂŠa. Dieu les bĂŠnit et Dieu leur dit : Soyez fĂŠconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bĂŞte qui remue sur la terre. Âť. Sur la nouvelle crĂŠation, c’est Paul qui est citĂŠ (Galates 3.27-28) : ÂŤ Oui, vous tous qui avez ĂŠtĂŠ baptisĂŠs en Christ, vous avez revĂŞtu Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en JĂŠsus-Christ. Âť

ParitĂŠ plus que respectĂŠe

Ă€ Leipzig, la volontĂŠ de la Communion mondiale d’Églises rĂŠformĂŠes de favoriser l’ÊgalitĂŠ hommes-femmes s’est aussi traduite dans la paritĂŠ du comitĂŠ exĂŠcutif ĂŠlu. Vendredi 7 juillet, son AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale a installĂŠ Ă la tĂŞte de la CMER 10 hommes et 12 femmes. Et c’est parmi elles qu’a ĂŠtĂŠ choisie la nouvelle prĂŠsidente, la pasteure libanaise Najla Kassab. L’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale a donc respectĂŠ sa dĂŠcision de la veille qui demandait ÂŤ que le comitĂŠ exĂŠcutif de la CMER soit composĂŠ d’au moins 50 % de femmes Âť. Lors de l’AssemblĂŠe gĂŠnĂŠrale, les dĂŠlĂŠguĂŠs ont ĂŠgalement donnĂŠ leur accord pour ÂŤ que le conseil exĂŠcutif de la CMER et son secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral ĂŠtablissent une politique de justice de genre qui dĂŠfinisse les questions de violence basĂŠe sur le genre dans l’Église et la sociĂŠtĂŠ d’ici Ă 2019 Âť. Une façon pour les rĂŠformĂŠs de concrĂŠtiser l’ÊgalitĂŠ hommes-femmes.


BIA - N° 416 - Juillet-AoÝt 2017 - 6

LibertĂŠ religieuse

(La Vie/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - L'ĂŠcole est finie pour l'instit qui voulait ĂŠtudier la Bible en classe

L'affaire a fait grand bruit et ne s'est pas Êteinte avec la fin de l'annÊe scolaire : à Malicornay (Indre), un instituteur d’Êcole publique a ÊtÊ suspendu puis sanctionnÊ par l’Éducation nationale parce qu'il avait fait Êtudier des extraits de la Bible dans le cadre de ses cours de CM1CM2. Le dÊpart du maÎtre suscite l’incomprÊhension et le dÊsarroi des parents, qui se battent pour le faire revenir. Retour sur un emballement  laïque .

Au mois de juin, Malicornay, petit village de 200 habitants du sud de l’Indre, est ĂŠcrasĂŠ par la canicule qui s’est abattue sur toute la France. Sur la place centrale, l’Êglise catholique – qui accueille tout au plus trois messes par an – fait face au monument aux morts. Quelques mètres plus loin, l’Êcole communale en pierre de taille indique encore ÂŤ École de filles Âť sur son fronton. Membre d’un ÂŤ Regroupement pĂŠdagogique intercommunal Âť (RPI) avec trois villages voisins, elle ne compte plus aujourd’hui qu’une classe de CM1-CM2. Au bout de la rue, une modeste mairie, une sortie de ferme et quelques habitations. Le calme règne.

Pourtant, depuis plusieurs mois, l’ambiance est ĂŠlectrique sur le territoire du RPI de Malicornay. DĂŠbut fĂŠvrier, le maĂŽtre d’Êcole, très apprĂŠciĂŠ des parents et des ĂŠlèves, a dĂť quitter sa classe brutalement en raison d’un manquement Ă la laĂŻcitĂŠ, dĂŠnoncĂŠ par une lettre anonyme adressĂŠe Ă l’inspecteur de l’Éducation nationale (IEN) de La Châtre, la sous-prĂŠfecture dont dĂŠpend Malicornay. Après quatre mois de suspension, l’enseignant (qui souhaite garder l’anonymat) a ĂŠtĂŠ mutĂŠ d’office dans une ĂŠcole Ă l’autre bout du dĂŠpartement par les instances locales de l’Éducation nationale pour ÂŤ faute professionnelle Âť. En cause ? Son ÂŤ ĂŠtude du christianisme par les textes Âť prĂŠvue sur 10 sĂŠances et qui prĂŠsentait une partie du livre de l’Exode et des Évangiles. Impuissance, injustice, sidĂŠration‌ La mobilisation d’une bonne vingtaine de familles (sur 27 ĂŠlèves) – sans compter les parents des anciens ĂŠlèves et plusieurs ĂŠlus locaux – a pris les couleurs d’un vĂŠritable combat contre les abus d’une administration opaque et nĂŠanmoins puissante.

DĂŠnonciation

Reprenons les faits. Le 30 janvier 2017, l’IEN de La Châtre, Jean-Éric Rouyer, reçoit une lettre anonyme venant de ÂŤ parents et de grands-parents d’Êlèves d’enfants scolarisĂŠs Ă l’Êcole de Malicornay Âť. La lettre dactylographiĂŠe, dĂŠposĂŠe directement dans la boĂŽte aux lettres de l’Inspection, fait trois pages. Elle est titrĂŠe : ÂŤ Cas de prosĂŠlithysme religieux (ces deux derniers mots sont ĂŠcrits en gras) Ă l’Êcole de Malicornay Âť. Son contenu : ÂŤ Ne voulant pas mettre nos enfants dans une position très inconfortable en allant nous adresser Ă leur maĂŽtre, nous prĂŠfĂŠrons solliciter votre aide pour indiquer son grand ĂŠgarement Ă ce professeur vis-Ă -vis des principes de l’Êcole laĂŻque et rĂŠpublicaine Âť, explique-t-on. Le ou les auteurs dĂŠtaillent ensuite prĂŠcisĂŠment le contenu des cours menĂŠs par l’enseignant ÂŤ entre le lundi 16 janvier et le vendredi 27 janvier Âť en dressant une liste des ĂŠpisodes les plus connus de la vie de JĂŠsus (une petite vingtaine), assortis ici ou lĂ de commentaires outrĂŠs.

Par exemple : ÂŤ la lapidation de la femme adultère (avec explication de la lapidation comme mort très dure !!!) Âť. Ils relèvent aussi que l’enseignant a fait visiter l’Êglise du village aux enfants et qu’il a – moins choquant pour les auteurs, semble-t-il – ÂŤ l’habitude d’emmener les enfants faire chorale Ă l’Êglise Âť en raison de l’acoustique du lieu. Le directeur acadĂŠmique des services de l’Éducation nationale de l’Indre (plus connu sous l'acronyme ÂŤ Dasen Âť), Pierre-François Gachet, est immĂŠdiatement alertĂŠ. Un inspecteur est dĂŠpĂŞchĂŠ par le directeur acadĂŠmique Ă Malicornay le lendemain mĂŞme. Trois jours plus tard, l’enseignant est convoquĂŠ devant M. Gachet. ÂŤ Après deux heures de remontrances musclĂŠes Âť, selon le tĂŠmoignage de l’enseignant, on lui signifie sa suspension ÂŤ Ă titre conservatoire Âť, le temps de l’enquĂŞte administrative. Pourquoi une telle suspension ? Le directeur ĂŠvoque une mesure de protection pour l’enseignant et les ĂŠlèves. L'instituteur serait en effet menacĂŠ par des parents en colère. Un motif totalement fallacieux, selon lui : il ne s’est jamais senti menacĂŠ. Ă€ partir de ce jour, il ne reverra plus sa classe. La diligence des services acadĂŠmiques peut ĂŠtonner. ÂŤ Il y a toujours rapiditĂŠ sur ce type de sujet : la laĂŻcitĂŠ, les valeurs de la RĂŠpublique, ou encore, toute proportions gardĂŠes, la sĂŠcuritĂŠ des enfants Âť, avait alors rĂŠpondu M. Gachet au journal La Vie. ÂŤ Il a fait quoi ? rĂŠtorque une maman abasourdie. Il n’a pas enterrĂŠ un enfant sous la cour ! Âť

(Free.ch/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Turquie - l’Êtau se resserre sur la minoritÊ chrÊtienne

Alors que la directrice d’Amnesty International en Turquie a ĂŠtĂŠ arrĂŞtĂŠe le mercredi 5 juillet, l’Êtau se resserre dans ce pays sur les minoritĂŠs, notamment sur les chrĂŠtiens. Fin juin, le prĂŠsident Erdogan s’est appropriĂŠ judiciairement une cinquantaine d’Êglises et de monastères dans le sud-est du pays.Cette mainmise concerne notamment l’un des plus anciens monastères chrĂŠtiens du monde, le monastère syriaque Mor Gabriel, dans la rĂŠgion de Tur Abdin, appelĂŠe aussi ÂŤ la montagne des serviteurs de Dieu Âť en rĂŠfĂŠrence Ă ce haut-lieu du christianisme oriental. La rĂŠgion comprend aussi une cinquantaine d’autres monastères et ĂŠglises qui viennent de passer sous le joug de la Dyanet, le bureau des affaires religieuses. Le procĂŠdĂŠ ravive et rĂŠveille la mĂŠmoire douloureuse des chrĂŠtiens, pris en ĂŠtau entre les Kurdes et le rĂŠgime politique. Il faut souligner que la Turquie abritait au dĂŠbut du siècle dernier la plus importante population chrĂŠtienne du Proche-Orient, qui constituait alors le 20% de la population. Aujourd’hui, elle ne reprĂŠsente plus que 0,1%.

Durcissement

Cette baisse est hallucinante. Le gÊnocide de 1915 des ArmÊniens et syriaques, et l’exode forcÊ des grecs orthodoxes au dÊbut des annÊes 1920 expliquent en grande partie cet effondrement. Maintenant, il faut savoir que la politique du prÊsident islamo-conservateur Erdogan et de son parti l’AKP, au pouvoir depuis 2002, ne cesse de se durcir. Et les communautÊs chrÊtiennes, rÊduites à peau de chagrin, subissent de toutes parts, et comme à nouveau, les pressions d’un appareil d’État en voie de rÊislamisation.


BIA - N° 416 - Juillet-AoĂťt 2017 - 7 Autre signe de cette rĂŠislamisation : pour la deuxième annĂŠe consĂŠcutive, des prières et rĂŠcitations du Coran sont intervenues ĂŠgalement fin juin Ă Sainte-Sophie, la basilique d’Istanbul devenue mosquĂŠe après la conquĂŞte ottomane de 1453, puis dĂŠclarĂŠe musĂŠe au dĂŠbut du XXe siècle sous Mustafa Kemal AtatĂźrk, le fondateur de la Turquie moderne. En rĂŠaction, la ConfĂŠrence des Églises europĂŠennes, organisation Ĺ“cumĂŠnique rassemblant 125 Églises d’Europe, a regrettĂŠ que ÂŤ l’un des plus grands lieux de culture et de religion de l’humanitĂŠ soit utilisĂŠ Ă des fins politiques Âť. Les signes se multiplient et indiquent aujourd’hui que la pluralitĂŠ religieuse est particulièrement mise Ă mal en Turquie.

Amnesty dans le collimateur

Comme pour confirmer ce durcissement, la directrice d'Amnesty International en Turquie, Idil Eser, a ĂŠtĂŠ arrĂŞtĂŠe mercredi 5 juillet en compagnie de onze autres personnes, lors d'une rĂŠunion de formation organisĂŠe dans un hĂ´tel de Buyukada, une ĂŽle situĂŠe au sud d'Istanbul.

(RĂŠseau ĂŠvangĂŠlique Suisse/BIA) - Dammarie-lesLys, France

ZĂźrich, Suisse - Nouveau coordinateur au bureau suisse pour les rĂŠfugiĂŠs fuyant la persĂŠcution religieuse

La Bernoise Kathrin Anliker a mis un terme à son engagement au Bureau aux affaires d'intÊgration et de religion (BIR) après exactement 4 ans à ce poste. Elle rÊoriente sa carrière autour d'un nouveau dÊfi et passe le tÊmoin à François Pinaton. Après un apprentissage d'agent de transport, il est aujourd'hui coach indÊpendant et assume diffÊrentes fonctions de conseil. Ses mandats lui ont permis d'acquÊrir une large expÊrience dans la direction de projets et le coaching. Ces compÊtences seront dÊsormais aussi mises au service du BIR, fondÊ dans le cadre du Groupe de travail pour la libertÊ religieuses (GLR) du RES et qui conseille et soutient les rÊfugiÊs qui ont dÝ fuir leur pays pour des motifs religieux.

Bilan positif

C'est en 2013 que Kathrin Anliker a dÊbutÊ au BIR, alors que ce nouveau bureau venait d'être crÊÊ :  Pendant 4 ans, mon travail m'a donnÊ un aperçu dans la vie de nombreuses personnes. J'ai appris à les connaÎtre et me suis investie pour eux. Certains ont ensuite ÊtÊ renvoyÊs de Suisse. D'autres ont pu faire venir leur famille. Certaines situations ont ÊtÊ très difficiles et d'autres m'ont donnÊ beaucoup de joie. Soutenir des personnes parmi les plus vulnÊrables dans notre pays Êtait particulièrement important pour elle. C'est maintenant en tant que gestionnaire de l'Hôtel Alpina à Kandersteg qu'elle poursuivra son engagement. Son fiancÊ et elle ont aussi à coeur d'utiliser cet hôtel comme un lieu d'intÊgration pour des travailleurs rÊfugiÊs. Kathrin Anliker occupera encore un petit temps partiel au BIR jusqu'à fin aoÝt.

DĂŠfendre la cause des plus faibles

C'est avec beaucoup d'Êlan et de motivation que François Pinaton est entrÊ dans ses nouvelles fonctions.  Je dÊsire soutenir ces personnes qui ont beaucoup perdu et qui sont forcÊes de prendre un nouveau dÊpart , affirme François Pinaton.  Le travail du BIR permet de venir en aide à des personnes qui sont dans la dÊtresse et qui n'ont souvent personne pour dÊfendre leur cause. C'est un privilège pour moi, ajoute-t-il, de

pouvoir investir une partie de mon temps de travail pour celles et ceux qui souffrent et sont persĂŠcutĂŠs Âť.

Dans le bain dès ses premières heures

Dès sa première semaine de travail, François Pinaton a ÊtÊ confrontÊ à son premier cas. Une famille entière, convertie au christianisme, Êtait sur le point d'être renvoyÊe vers un pays oÚ la libertÊ de croyance n'est pas respectÊe. Les contacts avec les avocats, autoritÊs et experts ont dÝ être activÊs en quelques heures, plongeant immÊdiatement le nouveau collaborateur dans le quotidien qui l'attend au BIR. Il n'est en effet pas rare que ce travail doive être menÊ dans l'urgence, avec des temps de rÊactions très courts et des enjeux vitaux. Le coordinateur est entourÊ d'une Êquipe interculturelle qu'il peut impliquer de cas en cas, pour s'orienter dans la complexitÊ interculturelle des situations à dÊcoder.

SociĂŠtĂŠ, Analyses

(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France - Pourquoi les ĂŠvangĂŠliques soutiennent-ils Trump au sujet du rĂŠchauffement climatique ? En se retirant de l’accord de Paris sur le climat, Donald Trump divise les chrĂŠtiens. Si la majoritĂŠ des protestants et les catholiques condamnent son acte, les ĂŠvangĂŠliques l’applaudissent. La dĂŠcision de Donald Trump de se retirer de l’Accord de Paris a crĂŠĂŠ un tollĂŠ international et a ravivĂŠ la profonde division politique aux États-Unis sur le changement climatique. La droite amĂŠricaine s’est plutĂ´t alignĂŠe avec le prĂŠsident, tandis que la gauche s’est mobilisĂŠe contre une mesure manifestement dangereuse pour la planète. Mais cette dĂŠcision controversĂŠe a aussi mis en avant le contraste aigu entre les chrĂŠtiens conservateurs et le reste de la scène religieuse amĂŠricaine. Tandis que ce sont majoritairement les protestants ĂŠvangĂŠliques blancs qui ont applaudi le geste du prĂŠsident, les catholiques, protestants traditionnels et autres dirigeants religieux l’ont dĂŠcriĂŠ. ÂŤ Le changement climatique est rĂŠel. Si nous ne protĂŠgeons pas la planète, l’Êchec ne sera pas seulement pour les dirigeants, mais l’Êchec sera d’ordre moral Âť, a ĂŠcrit le cardinal de Chicago, Blase Cupich, sur Twitter dans une dĂŠferlante de critiques, partagĂŠes par les officiels catholiques Ă Washington comme au Vatican, oĂš le Pape François a fait de la protection de l’environnement une prioritĂŠ.

[...]

D’abord une motivation politique

Cependant, la raison pour laquelle les ÊvangÊliques blancs dÊdaignent tellement cette thÊmatique suscite des questions. L’explication la plus simple et la plus usuelle est que, comme la plupart des gens, les chrÊtiens conservateurs font passer en premier leurs prÊfÊrences politiques. Des Êtudes montrent que les ÊvangÊliques blancs continuent à soutenir fermement Donald Trump, ainsi que des positions favorables à l’Êconomie et d’autres positions politiques rÊpublicaines.

Position ÊvangÊlique façonnÊe par la thÊologie

Mais la politique n’explique pas à elle seule la position des ÊvangÊliques blancs. Selon de rÊcentes Êtudes sur les questions environnementales du moins, la thÊologie


BIA - N° 416 - Juillet-AoĂťt 2017 - 8 chrĂŠtienne conservatrice pourrait ĂŠgalement expliquer les fortes divergences au sein mĂŞme de la communautĂŠ protestante. Selon une analyse des sociologues Phlip Schwadel du Nebraska et Erik Johnson de l’UniversitĂŠ de l’État de Washington, publiĂŠe dans l’Êdition d’avril du ÂŤ Journal pour l’Êtude scientifique de la religion Âť, les opinions des ĂŠvangĂŠliques conservateurs par rapport aux politiques de l’environnement sont façonnĂŠes par la thĂŠologie plutĂ´t que l’idĂŠologie. Ils affirment cela en compilant presque 30 ans d’enquĂŞtes rĂŠcurrentes.

ÂŤ MĂŞme au XXIe siècle, alors que la politique semble avoir une grande importance, les diffĂŠrences entre les divers groupes religieux dans leur soutien aux dĂŠpenses environnementales n’ont pas de rapport avec les points de vue politiques Âť, explique Philip Schwadel. ÂŤ Les points de vue thĂŠologiques semblent ĂŞtre le plus grand facteur pour expliquer les diffĂŠrences entre ĂŠvangĂŠliques et autres AmĂŠricains. Âť InterrogĂŠ par RNS, le chercheur explique que lorsque l’on analyse les valeurs des AmĂŠricains sur les questions environnementales, le lien avec l’affiliation politique est aussi fort que le lien avec les croyances. Ces deux facteurs devancent largement toutes les autres variables, telles que l’Êducation, le sexe, le revenu, la race et la gĂŠographie. Mais quand il s’agit de comparer les divers groupes religieux, les donnĂŠes montrent que les idĂŠes religieuses ont une bien plus grande importance pour les ĂŠvangĂŠliques que pour d’autres chrĂŠtiens.

Dans le cas des ĂŠvangĂŠliques conservateurs, ce contexte a ĂŠtĂŠ fortement imprĂŠgnĂŠ par leurs suspicions profondes et de longue date envers la science et envers les spĂŠcialistes accusĂŠs de promouvoir un programme anti-religion. Cette attitude a pris de l’ampleur pendant le XIXe siècle avec le dĂŠveloppement des approches scientifiques dans l’interprĂŠtation biblique et la rĂŠaction contre la thĂŠorie de l’Êvolution de Darwin. L’impression d’avoir ĂŠtĂŠ ridiculisĂŠs lors du procès Scopes en 1925 dans le Tennessee, oĂš un enseignant a ĂŠtĂŠ condamnĂŠ pour avoir enseignĂŠ l’Êvolution, a conduit les conservateurs chrĂŠtiens Ă toujours davantage de ressenti envers les ĂŠlites et les intellectuels.

Selon Molly Worthen, les ĂŠvangĂŠliques ont ĂŠtĂŠ formĂŠs ÂŤ Ă voir la Bible comme un livre codĂŠ qui, correctement interprĂŠtĂŠ, rĂŠvèle la vĂŠritable signification des ĂŠvĂŠnements actuels, quoi qu’en disent les beaux scientifiques et ĂŠlites politiques. Âť Dans les faits, cela a servi de point d’ancrage Ă un penchant pour les thĂŠories conspiratrices et un appĂŠtit pour les ÂŤ fausses informations Âť, et cela encourage beaucoup d’ÊvangĂŠliques Ă voir les experts, tels que les scientifiques climatiques qui ont un consensus large et profond sur le rĂŠchauffement planĂŠtaire, et le rĂ´le inhĂŠrent de l’humanitĂŠ ÂŤ soit comme des dupes voire comme des serviteurs de la cause du Diable. Âť

La culture de la rĂŠfutation des experts

Les chrĂŠtiens conservateurs ont ĂŠgalement dĂŠve-

L’attente de l’apocalypse et la politique du loppĂŠ un rĂŠseau d’instituts pour produire des thĂŠories court terme alternatives qui semblent rĂŠfuter les experts ÂŤ sĂŠcuLe marqueur thĂŠologique principal de leur foi, explique le sociologue, est que les ĂŠvangĂŠliques ont tendance Ă avoir une comprĂŠhension littĂŠrale de la Bible. Ils croient, suivant la Genèse, que ÂŤ la terre leur a ĂŠtĂŠ donnĂŠe pour faire ce que les hommes sont appelĂŠs Ă faire Âť, et que la prophĂŠtie Ă la fin du Nouveau Testament que JĂŠsus reviendra dans la gloire pour reprendre ses fidèles sera bientĂ´t accomplie. En somme, si vous croyez que Dieu a crĂŠĂŠ la terre en six jours littĂŠralement, et que le monde sera dĂŠtruit en un clin d’œil, vous aurez plutĂ´t tendance Ă avoir une vue Ă plus court terme par rapport Ă l’environnement. En mĂŞme temps, d’autres chercheurs avertissent que cela ne s’arrĂŞte pas lĂ .Molly Worthen, professeure assistante d’histoire Ă l’UniversitĂŠ de la Caroline du Nord, Chapel Hill, et auteure de l’ouvrage ÂŤ ApĂ´tres de la raison : la crise d’autoritĂŠ dans le monde ĂŠvangĂŠlique amĂŠricain Âť, s’accorde pour dire qu’il est important de dĂŠpasser ÂŤ cette tendance parmi les experts et scientifiques politiques, plutĂ´t que de simplement ĂŠtudier la thĂŠologie comme un vernis pieux sur leurs opinions politiques. Âť

Suspicion à l’encontre de la science

La chercheuse argumente que mĂŞme les personnes ayant un rapport purement littĂŠraliste avec le texte incluent un contexte culturel dans leurs opinions bibliques. Commission paritaire : renouvellement en cours DĂŠpĂ´t lĂŠgal N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne

liers  en se servant de leurs propres outils scientifiques et leur raison contre eux. Ce qui fut autrefois une thÊologie est devenu une culture qui s’affirme elle-même, dÊdiÊe à fournir une rÊponse alternative aux  faits  quelconques prÊsentÊs par le monde sÊculier.

Il n’est pas certain que les effets de changement climatique fassent changer les esprits ĂŠvangĂŠliques dans les annĂŠes Ă venir. Les ĂŠtudes montrent que le reste du pays se sent de plus en plus impliquĂŠ, et que six personnes sur dix ont dĂŠsapprouvĂŠ la dĂŠcision de Donald Trump de se retirer de l’Accord de Paris. Pourtant, les chrĂŠtiens conservateurs comme Erick Erickson redoublent d’efforts pour dĂŠfendre leurs points de vue bibliques. ÂŤ En vĂŠritĂŠ, nous allons tous mourir. Mais ce ne sera pas Ă cause du rĂŠchauffement planĂŠtaire Âť, ĂŠcrit le blogueur dans le cadre d’une rĂŠponse monumentale qui rĂŠpond aux libĂŠraux et aux scientifiques par l’Apocalypse. ÂŤ J’ai lu la fin du livre. Il y aura la famine. Il y aura la sĂŠcheresse. Il y aura des inondations. Et il y aura la guerre. Ensuite, il y aura le jour dernier oĂš nous nous tiendrons devant notre CrĂŠateur et serons appelĂŠs Ă rendre des comptes. Âť Il continue en disant : ÂŤ s’inquiĂŠter du rĂŠchauffement planĂŠtaire et de la justice sociale ne vous ouvrira pas les portes du paradis. Ce sera en sauvant des âmes. Mais c’est difficile de sauver des âmes si vous ne croyez pas au Dieu de la CrĂŠation et que vous ĂŞtes trop prĂŠoccupĂŠs par l’adoration de cette CrĂŠation. Âť

18 â‚Ź Abonnement France Outre Mer 19 â‚Ź d’un an CEE et Suisse 20 â‚Ź Autres pays et abonnement en cours d’annĂŠe : nous consulter. Au nom du ÂŤ BIA Âť Règlement CCP – La Source 46 727 83 C


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