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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Mensuel • 38 annÊe • n° 418 - Octobre 2017
Sommaire
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Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste
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Nouvelles des Églises adventistes
Friedensau, Allemagne - Bibliothèque universitaire adventiste dans la plus grande base de donnÊes Silver Spring, Maryland, États-Unis - UnitÊ dans la mission de l’Église adventiste
Protestantisme international
Genève, Suisse - Les protestants de Suisse remettent une version originale de la Bible de Zurich à Wittenberg Genève, Suisse - La thÊologie à la portÊe de tous Genève, Suisse - Des clÊs pour matriser les conflits religieux Texas, États-Unis - Le Texas trop religieux pour être touchÊ par une  punition divine 
(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - Les prÊsidents français et les chrÊtiens d’Orient Marrakech, Maroc - Une dÊclaration historique en faveur du pluralisme religieux en terre d’islam Los Angeles, États-Unis - Bahreïn : le Roi proclame la libertÊ de religion Le Caire, Égypte - DÊclaration de coexistence mutuelle islam-chrÊtienne
SociĂŠtĂŠ - Analyses
Paris, France - Messagers de l’Apocalypse Êcologique ? Les religions et le dÊbat environnemental
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
BIA - N° 418 - Octobre 2017 - 2
Nouvelles des Églises adventistes
Le 6 octobre dernier, au soir, la nouvelle recommandation intitulÊe  UnitÊ dans la mission : procÊdures de rÊconciliation dans l'Église  fut approuvÊe par le ComitÊ des administrateurs de la ConfÊrence gÊnÊrale (BIA) - Dammarie-les-Lys, France et des divisions de 78 membres au siège mondial de Friedensau, Magdebourg, Allemagne – l’Église adventiste de Silver Spring, Maryland. Bibliothèque universitaire adventiste Si elle est adoptÊe, l'action abordera le problème de La bibliothèque de l'UniversitÊ adventiste de thÊologie non-conformitÊ dans un processus en deux Êtapes qui de Friedensau, en Allemagne est maintenant reprÊsentÊe commence par des consultations multiples à diffÊrents dans la plus grande base de donnÊes bibliographiques niveaux des structures ecclÊsiales, suivies par des au monde, WorldCat. Ainsi, les livres, magazines et diffÊ- lettres pastorales demandant le respect des actions ecrentes autres production peuvent Êgalement être trouvÊs clÊsiastiques votÊes et beaucoup de prières. Si la quessur Google et Amazon. tion n'est pas rÊsolue et concerne les Croyances Le catalogue WorldCat rÊpertorie les collections de mil- fondamentales ou les actions et politiques votÊes de liers de bibliothèques membres du Centre des biblio- l'Êglise mondiale, alors la phase deux, qui sera dÊvethèques informatiques (OCLC). Selon Raimar Oestreich, loppÊe par la ConfÊrence gÊnÊrale pour être prÊsentÊe directeur de la bibliothèque universitaire de Friedensau, au Conseil annuel 2017, sera ensuite mise en œuvre, OCLC est la plus grande organisation de bibliothèques au sous rÊserve de son vote. monde. WorldCat possède un catalogue commun qui Le prÊambule de la recommandation souligne l'imcontient plus de 10 000 bibliothèques avec des donnÊes portance de l'unitÊ pour la Mission.  Quand une entitÊ bibliographiques. Plus de 390 millions de mÊdias peuvent dÊcide de faire cavalier seul, tout le corps de l'Église être trouvÊs dans le catalogue. souffre et est diminuÊ , dit-il.  S'ils ne sont pas aborLa bibliothèque de l'UniversitÊ Friedensau a donc une dÊs, ces actions peuvent mener à des accusations d'inprÊsence mondiale - et pas seulement sur www.world- justice, et peuvent miner la mission unie de l'Église.  cat.org. Les personnes intÊressÊes peuvent dÊsormais Le but du processus est d'être rÊdempteur, a dÊclarÊ accÊder à la bibliothèque en un clic via Google Livres. le pasteur Ted N.C. Wilson, prÊsident de l'Église advenLa bibliothèque de l'UniversitÊ Friedensau comprend tiste.  Notre fervent espoir est que toutes les entitÊs de aussi une bibliothèque musicale ainsi que la bibliothèque l'Église reconnaissent l'importance sacrÊe d'être unies de l'Église adventiste, association pour la recherche de dans la mission ainsi que les politiques qui nous guident l'Église libre (VFF), avec plus de 150 000 productions de vers cet objectif , a-t-il ajoutÊ.  Nous devrions toujours être engagÊs dans un processus rÊdempteur, cherchant mÊdias. Le collÊge thÊologique de Friedensau est une univer- l'unitÊ que Christ recherchait dans Jean 17.21 . Le Conseil annuel de cette annÊe examinera ÊgalesitÊ reconnue par l'État. Huit programmes de bachelier et de master - certains d'entre eux extra-professionnels - ment les finances de l'Église, considÊrera les tendances peuvent être suivis sur place depuis diffÊrents dÊparte- d'adhÊsion d'Église, et entendra des rapports sur le traments et services. Les Êtudiants en thÊologie reprÊsen- vail de l'Église dans chacune de ses 13 Divisions administratives du monde et la rÊgion du Moyen-Orient tent plus de 30 nationalitÊs. et de l'Afrique du Nord. (ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Une confÊrence importante de trois jours sur l'ÊduSilver Spring, Maryland, États-Unis - UnitÊ cation adventiste s’est tenue avant le Conseil annuel. Le Conseil annuel du 7 au 12 octobre n'est pas seudans la mission de l’Église adventiste lement rÊservÊ au traitements de points administratifs. Un comitÊ composÊ d’administrateurs mondiaux et rÊgionaux de l'Église adventiste du septième jour a L'Église publiera un film illustrant son histoire. Dans votÊ, le 6 octobre un document dÊtaillant les mesures l'après-midi du 8 octobre, Ted Wilson et d'autres dirià prendre en rÊponse à certaines entitÊs de l'Église geants de l'Église ont prÊvu de visiter les maisons autour du siège de la ConfÊrence gÊnÊrale pour prier avec mondiale. les rÊsidents et distribuer de la littÊrature religieuse. Ted En effet, ce document vise le non respect d’une Wilson a dÊclarÊ que les dirigeants de l'Église donaction votÊe en 2015 par plus de 2 000 dÊlÊguÊs, naient ainsi l'exemple à leurs membres.  Nous aspireprÊsentants la dÊnomination de 19,5 millions de rons à ce que tout le monde soit impliquÊ dans la membres lors de sa dernière session de la ConfÊrence mission de Dieu d'atteindre le monde pour lui , a-t-il gÊnÊrale tenue à San Antonio, au Texas, du 2 au 11 dit. juillet 2015. Les dÊlÊguÊs de plus de 200 pays et terriL'Église adventiste du septième jour est prÊsente toires avaient rejetÊ par 1 381 voix pour et 977 contre, dans 215 pays et territoires dans le monde et gère plus une proposition qui aurait permis la procÊdure de la consÊcration (ordination) des femmes au ministère pas- de 8 200 Êcoles, collèges et universitÊs, ainsi que des torale. Si les femmes et les hommes peuvent aisÊment centaines d'hôpitaux, de cliniques et d'autres ÊtablisseaccÊder aux Êtudes de thÊologie dans les universitÊs ments de soins de santÊ. adventistes et peuvent être employÊs par une FÊdÊration d’Êglises dans n’importe quelle rÊgion du monde oÚ l’Eglise adventiste est Êtablie, seuls les hommes peuvent recevoir l’imposition des mains au ministère pastoral (cf BIA n° 394, juillet-aout 2015, p.4 à 6). Toutefois, dans certaines rÊgions du monde, plusieurs entitÊs ecclÊsiastiques sont allÊes à l'encontre de la mesure du vote en ordonnant des femmes pasteurs en execice.
Protestantisme international
(Cath.ch/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Les protestants de Suisse remettent une version originale de la Bible de Zurich à Wittenberg
Pendant l’exposition mondiale de la RÊforme à Wittenberg, le Nouveau Testament de la Bible de Zurich a ÊtÊ imprimÊ sur une reproduction de la version historique de la presse de Gutenberg, dans le pavillon suisse. Cette pièce unique a ÊtÊ remise le 9 septembre 2017 à la ville allemande de Wittenberg, la citÊ de Luther, et à la maison de Luther. La prÊsence suisse à Wittenberg, intitulÊe  Prophezey , a visÊ à faire mieux connaÎtre les spÊcificitÊs de la RÊforme suisse aux visiteurs, rapporte la FÊdÊration des Églises protestantes de Suisse (FEPS), dans un communiquÊ. Mgr Charles Morerod, Êvêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) avait participÊ à l’inauguration du pavillon. L’impression du Nouveau Testament de la Bible de Zurich, Êtait au cœur de l’ÊvÊnement. Trois exemplaires dÊcorÊs de 21 illustrations de Hans Holbein le Jeune ont ÊtÊ fabriquÊs à la main en papier artisanal et reliÊs en seulement 96 jours, comme au temps de la RÊforme. C’est en 1531, à Zurich – trois ans avant Martin Luther – que l’imprimeur Froschauer a imprimÊ la première Bible intÊgrale. Depuis, cette dernière est devenue texte de rÊfÊrence dans la tradition rÊformÊe germanophone.
Un rĂ´le prĂŠpondĂŠrant dans la RĂŠforme
Selon Michel Mßller, prÊsident du Conseil de l’Église rÊformÊe de Zurich,  la Bible de Zurich a jouÊ un rôle prÊpondÊrant dans l’expansion de la RÊforme. Grâce aux traductions, l’Êducation de la sociÊtÊ est allÊe de pair avec sa rÊforme. Cela correspondait à la vision humaniste des rÊformateurs zurichois. Cet esprit a sans aucun doute ÊtÊ notre produit d’exportation le plus durable à travers les siècles. Nous sommes heureux de pouvoir remettre cette Bible de Zurich imprimÊe ici à Wittenberg, ville de Luther. C’est très emblÊmatique . Au mois de septembre, dans le château de Wittenberg, Peter Schmid, vice-prÊsident du Conseil de la FEPS, a remis à la ville de Wittenberg et à la maison de Luther l’une des trois reproductions de l’original. Le pavillon suisse  Prophezey , à l’exposition de la RÊforme, s’est inspirÊ du forum de traduction du même nom mis en place à Zurich par Zwingli entre 1524 et 1530. La prÊsence à Wittenberg est assurÊe par la FEPS, la ConfÊrence des Êvêques suisses (CES), la ConfÊrence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), ainsi que par les Églises rÊformÊes des cantons de Zurich et de Saint-Gall. (cath.ch/com/rz) (ProtestInfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - La thÊologie à la portÊe de tous
DiffÊrentes offres de formations sont proposÊes par les Églises. Croyant ou non, pourquoi pas suivre une formation thÊologique ? Les Églises rÊformÊes proposent diffÊrents parcours à choisir selon les objectifs et l’engagement des personnes souhaitant suivre ses cours.
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Il suffit d’être prêts à consacrer deux heures, dix fois par an. Le cours biblique par correspondance de l’Office protestant de la formation permet à diffÊrentes personnes de s’inscrire à cette formation pour la somme de 45 FS, de recevoir dix fascicules de douze pages A5 chacun, entre octobre et avril.  L’objectif de ce cours est de proposer une vulgarisation de ce qui se fait en recherche biblique universitaire , explique Didier Halter, directeur de l’Office protestant de la formation.  Cette formation n’est pas liÊe à un système de validation . Les Êtudes peuvent être suivies seul ou en groupe. Chaque annÊe, le thème est diffÊrent, ce qui permet de rester abonnÊ plusieurs annÊes. Entre 300 et 350 personnes profitent de cette offre parmi lesquels des pasteurs et des prisonniers. La 70e Êdition des Êtudes bibliques par correspondance sera proposÊe l’an prochain. À cette occasion, des nouveautÊs seront introduites. L’atelier œcumÊnique de Genève (AOT) propose une formation sur place. Un entretien prÊalable est requis avant de dÊbuter cette formation. L’atelier est ouvert à tous, le respect des opinions diverses est d’ailleurs exigÊ. (...) Ce cours est programmÊ une fois tous les deux ans, et sa pÊdagogie insiste sur l’Êchange constructif entre les participants. Outre la participation rÊgulière, un petit travail de deux pages est demandÊ. La première annÊe est consacrÊe aux sciences bibliques et la seconde propose un panorama des autres branches de la thÊologie : Êthique, histoire, systÊmatique.  L’aspect œcumÊnique de l’atelier est primordial , souligne la codirectrice protestante Georgette Gribi.  Tous les cours sont donnÊs à deux, un protestant et un catholique. Rien que ça, cela donne le ton. Nous n’avons pas la même vision. Plusieurs interprÊtations sont possibles . La formation de l’AOT coÝte 270 FS et peut être suivie plusieurs fois.  Nous demandons toutefois aux Êtudiants d’attendre avant de se rÊinscrire. Notre but est que les gens retournent dans les Églises avec leur bagage , souligne Georgette Gribi. Le sÊminaire de culture thÊologique de Cèdres formation à Lausanne, ainsi que les Explorations thÊologiques du centre de Sornetan (BE) offrent une formation pouvant être Êtendues sur trois ans ou en voie  attestation  c’est-à -dire sans rendre de travaux ce qui permet de rÊduire l’engagement nÊcessaire. Les certificats de l’une de ces deux formations sont l’un des prÊrequis pour envisager une formation diaconale à l’OPF. Mais toutes deux s’ouvrent à un public plus large.  L’exigence est plutôt une exigence d’ouverture , explique Alain Wimmer, intervenant des Explorations thÊologiques. ParticularitÊ de cette formation : elle est rÊsidentielle. Environ huit rencontres par annÊe, du vendredi soir au samedi soir.  Une vie de groupe s’installe et elle fait partie de la formation , explique Carmen Burkhalter, Êgalement intervenante.  On parle de vie, de mort et il y a des rÊsonances fortes entre ce qui se vit en cours et dans la vie du groupe . Cèdres formation, travaille, pour sa part, en relation avec des professeurs d’universitÊ.  Nous leur demandons d’excellentes capacitÊs de vulgarisation , explique le directeur Jean-Christophe Emery.  Le certificat d’Êtudes brosse un large panorama de la thÊologie .
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La formation accueille des publics variÊs, futurs diacres, croyants ou personnes confrontÊes à des questions de foi dans leur profession. Etre croyant n’est pas un prÊrequis. Les croyants vont peut-être même être un peu bousculÊs par les disciplines de la thÊologie, reconnaÎt Jean-Christophe Emery. Les croyances un peu dogmatiques que les Êtudiants peuvent avoir sont dÊconstruites. L’idÊe c’est de trouver un juste milieu entre empathie et distanciation avec le sujet, pour permettre l’autonomisation. Aucun prÊrequis n’est nÊcessaire pour suivre cette formation, un accompagnement pÊdagogique est proposÊ pour les candidats moins habituÊs à la rÊdaction de mÊmoires.
(ProtestInfo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Des clÊs pour maÎtriser les conflits religieux
Comment faire face au terrorisme et aux conflits politico-religieux ? Les historiens et anthropologues de l’UniversitÊ de Genève rÊpondent par une offre de formation continue.  Il fallait faire bouger les choses et offrir des approches alternatives , explique le professeur Dominique Jaillard, historien des religions et codirecteur du programme.  Nous devons donner des moyens et rÊpondre à une inquiÊtude montante de professionnels en contact avec des acteurs religieux qui ne sont pas prÊparÊs à faire face à ces situations inÊdites . À l’initiative d’un rÊseau de chercheurs, une nouvelle formation Êmerge à l’UniversitÊ de Genève. Son premier objectif ? RÊpondre aux besoins du terrain en donnant des outils pragmatiques et conceptuels. Cette formation s’adresse aux dÊcideurs politiques, responsables de projets internationaux, policiers, travailleurs sociaux, professionnels de santÊ, dirigeants d’entreprise et responsables de communautÊs religieuses. Ce CAS (Certificate of Advanced Studies),  Religions et gouvernance globale : comprendre, nÊgocier et gÊrer la diversitÊ culturelle et religieuse , relève le dÊfi d’offrir une formation pragmatique tout en donnant des outils thÊoriques critiques qui poussent à la rÊflexion.  L’UniversitÊ doit offrir un regard dÊpolitisÊ et ÊloignÊ des dÊbats polÊmiques biaisÊs. Nous avons le privilège de la distance de l’historien ou de l’anthropologue , tÊmoigne le spÊcialiste,  et nous devons rÊpondre de façon concrète au processus de sÊcularisation qui ralentit la transmission des connaissances relatives au religieux .
Une tradition rĂŠflexive universitaire ouverte Ă tous et en ligne
RÊpartie sur cinq modules, la formation vise à Êtablir des liens pour permettre de comprendre les principales lignes de tensions entre les religions et leurs implications en matière de gouvernance. En se servant des cas concrets pour analyser la dimension religieuse des conflits, les initiateurs espèrent donner aux diffÊrents participants des clÊs de rÊsolutions afin de pouvoir intÊgrer les facteurs religieux dans les prises de leurs dÊcisions.  Ces cinq modules peuvent être suivis sÊparÊment , explique Aurore Schwab, codirectrice du programme et intervenante :  Nous allons redonner le premier module et la plupart des cours seront en ligne. Les gens peuvent aussi cibler certains cours selon leurs besoins, et peuvent encore s’inscrire .
CrĂŠer un rĂŠseau de chercheurs dans une perspective novatrice
Si le professeur Jaillard rêve d’une formule Êlargie à un master, il se sait aussi dans une pÊriode expÊrimentale, et imagine de nouvelles combinaisons entre les chercheurs, les spÊcialistes du terrain et les universitaires relevant de toutes les disciplines. L’ambition de l’Êrudit se veut sur le terrain par la crÊation d’outils pragmatiques articulÊs pour une rÊflexion thÊorique et mÊthodologique. On ne peut pas prendre des dispositions sur des ÊlÊments symboliques a rappelÊ Martine Brunschwig-Graf, lors de la confÊrence inaugurale PrÊsidente de la Commission fÊdÊrale contre le racisme, Martine Brunschwig-Graf a parfaitement illustrÊ les besoins d’une telle formation. Donnant l’exemple du prochain rÊfÊrendum visant l’interdiction du port de la Burqa, l’ancienne conseillère nationale a dÊnoncÊ le fait qu’on ne peut pas prendre des dispositions sur des ÊlÊments symboliques pour, dans le fond, vouloir envoyer d’autres messages. Pour la politicienne, le respect des droits fondamentaux doit primer sur des dÊcisions particulières prises sous le coup de la peur ou de l’Êmotionnel. L’interdiction du port de la Burqa, qu’elle n’affectionne pas à titre personnel, stigmatise un signe religieux manifestÊ dans l’espace public. À ce compte, pourquoi ne pas interdire les kippas et croix autour du cou ? PrÊfÊrant la sagesse du dialogue et rappelant la nÊcessitÊ du vivre ensemble selon des amÊnagements raisonnables, Martine Brunschwig Graf a tÊmoignÊ de l’importance de cette nouvelle formation afin d’offrir des outils de comprÊhensions pour faire face aux dÊfis auxquels les sociÊtÊs sont confrontÊes. (RNS/Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Texas, États-Unis - Le Texas, trop religieux pour être touchÊ par une  punition divine 
Si un ouragan s’abat sur La Nouvelle-OrlÊans ou si un tremblement de terre touche San Francisco, il se trouvera toujours des chrÊtiens conservateurs pour y voir le signe d’une punition divine. Mais quand Harvey touche le très religieux Texas, les donneurs de leçons appellent à une lecture prÊcautionneuse des ÊvÊnements. Un changement de posture durable ou de circonstance ? Quand l’ouragan Sandy a atteint la rÊgion mÊtropolitaine de New York en 2012, il n’a pas fallu attendre que les crues atteignent leur plus haut niveau à Manhattan pour que certains pasteurs dÊnoncent ce qui leur paraissait être une Êvidence :  Dieu dÊtruit l’AmÊrique de façon systÊmatique . C’est ce qu’avait Êcrit dans un article de son blogue, retirÊ depuis, le rÊvÊrend John McTernan, un chrÊtien conservateur à la tête d’un ministère appelÊ  USA Prophecy . La raison de l’Ênervement divin Êtait selon lui le programme politique autour de l’homosexualitÊ. John McTernan appartient à une sous-catÊgorie de conservateurs religieux qui voient les catastrophes naturelles comme des signes de la colère divine et des punitions. GÊnÊralement, leur logique tourne autour de la question des droits accordÊs aux personnes LGBT. Buster Wilson d’American Family avait dÊclarÊ que Dieu avait envoyÊ la tempête Isaac pour empêcher un festival LGBT. Le rÊvÊrend Franklin Graham avait tenu les  orgies  de La Nouvelle-OrlÊans comme responsable de l’ouragan Katrina et le prêtre catholique Gerhard Wagner avait qualifiÊ la même tempête de  rÊtribution divine  pour la tolÊrance de la ville envers l’homosexualitÊ. Lors de prÊcÊdentes catastrophes, le mariage gay, le droit à l’avortement ou la politique Êtrangère jugÊe hostile à IsraÍl Êtaient dÊsignÊs comme bouc Êmissaire.
Les groupes religieux s’activent
La vaste majoritÊ des responsables et groupes religieux de toutes sortes rÊpondent aux catastrophes naturelles avec des prières et des encouragements. Les reporters sur les zones inondÊes tÊmoignent des Êglises qui s’ouvrent pour servir de refuges et des pasteurs qui viennent en aide aux personnes sinistrÊes. ChrÊtiens, musulmans, juifs, tous ont participÊ à l’effort mis en place au Texas. L’idÊe d’un Dieu vengeur n’a rien de nouveau. Elle est arrivÊe avec les puritains et a ÊtÊ ancrÊe aux États-Unis par un sermon de 1741 du rÊvÊrend Jonathan Edwards intitulÊ  les pÊcheurs dans la main de Dieu  qui est toujours ÊtudiÊ tant par les Êtudiants en sÊminaire que par les Êtudiants en histoire ou en anglais. Et l’idÊe n’est en rien limitÊe au christianisme. Des imams Êgyptiens ont dÊclarÊ que Sandy Êtait une punition pour un film anti-islamique et au moins un rabbin a dÊclarÊ que Katrina Êtait la rÊponse au soutien des États-Unis au retrait d’IsraÍl de Gaza. Mais alors que les chrÊtiens conservateurs ont parfois blâmÊ le comportement des États-Unis comme responsable de certaines catastrophes, aujourd’hui ils prennent publiquement position contre cette pratique.  Si nous vivions aux temps bibliques, nous aurions sans hÊsitation reconnu un ouragan comme un signe du jugement divin. Nous nous serions repentis de nos pÊchÊs et aurions implorÊ le pardon de Dieu , Êcrit Michael Brown, un tÊlÊvangÊliste membre du comitÊ consultatif ÊvangÊlique du prÊsident Trump, deux jours après que Harvey ait touchÊ la côte texane.  Nous devons être prudents avant de faire des liens entre Dieu et les catastrophes naturelles, comme s’il y avait des rÊponses divines spÊcifiques à certaines catÊgories de pÊchÊs.  Stephen T. Davis, professeur de philosophie au collège Claremont McKenna, a Êcrit au sujet de la thÊodicÊe chrÊtienne – le problème c’est de savoir pourquoi de mauvaises choses arrivent aux bonnes personnes. Il considère que la notion de punition divine ait très peu acceptÊ en dehors des cercles conservateurs religieux. Dans un e-mail, il considère que  l’explication selon laquelle Dieu souhaite punir Houston apparaÎt comme ridicule pour le monde sÊculier . Pour Peter Montgomery, chercheur à The Marican Way, qui monitore les droits religieux, la rÊaction des habituels donneurs de leçons est diffÊrente cette fois.  Nous nous y sommes penchÊs et avons ÊlaborÊ un certain nombre de thÊories .
Le religieux Texas
L’une de ces thĂŠories est que le Texas, mis Ă part quelques exceptions telles que la libĂŠrale Austin, est un bastion des droits inspirĂŠs religieusement. Le gouverneur Greg Abbott est très populaire au sein des milieux conservateurs chrĂŠtiens. Ces milieux se sont donc probablement retenus de dĂŠclarer que Dieu est en colère contre cet Etat. Greg Abbott soutient une rĂŠglementation plus stricte de l’accès Ă l’avortement et a signĂŠ ÂŤ l’acte de protection des pasteurs Âť, une loi qui permet aux ministres du culte de refuser des cĂŠlĂŠbrer des mariages pour des couples de mĂŞme sexe. Une autre thĂŠorie est que les conservateurs chrĂŠtiens ne veulent pas suggĂŠrer que Houston mĂŠrite une punition divine. En 2015, les votants de la ville ont sĂŠvèrement refusĂŠ une loi contre la discrimination envers les personnes transgenres dans les toilettes publiques avec le soutien de nombreux groupes chrĂŠtiens conservateurs. Ils avaient un slogan simple ÂŤ pas d’hommes dans les toilettes femmes Âť. ÂŤ Je pense que cela rend difficile de justifier une forme de pĂŠchĂŠ collectif que Dieu voudrait punir Ă
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Houston , explique Peter Montgomery.  Mais si Harvey avait touchÊ La Nouvelle-OrlÊans, vous auriez à nouveau trouvÊ des personnes prêtes à pointer la dÊcadence de la ville, tout comme si un tremblement de terre touchait San Francisco, il se trouverait des personnes qui dÊclareraient que c’est à cause de l’homosexualitÊ . Michael Brown l’a bien notÊ dans son appel à prendre des prÊcautions.  Houston est l’une des rares villes qui s’est courageusement interposÊe à la montÊe de l’activisme LGBT, pourquoi Dieu voudrait-il isoler cette citÊ dans son jugement ? . Enfin, une autre thÊorie est que la droite religieuse a votÊ massivement pour Trump. Le Texas, traditionnellement rÊpublicain a votÊ pour l’actuel prÊsident des ÉtatsUnis. Et même si le ComtÊ de Harris, dont fait partie Houston a votÊ dÊmocrate, tous les comtÊs avoisinants sauf un ont ÊtÊ majoritairement rÊpublicains. À part Houston, l’essentiel de la zone inondÊe a votÊ rÊpublicain.  Les conservateurs chrÊtiens pensent que l’Êlection de Donald Trump est l’une de leurs grandes rÊussites et que cela a remis le pays sur la voix de la grâce divine , analyse Peter Montgomery.  Si Obama Êtait toujours prÊsident, probablement que Harvey serait considÊrÊ comme une punition justifiÊe pour l’avoir Êlu . James Dobson semble d’ailleurs faire allusion dans sa prise de position sur Harvey :  Finalement ma prière est que nous, en tant que nation, ne politisions pas cette crise d’aucune façon que ce soit. Cela n’aiderait aucunement ceux qui souffrent. L’unitÊ est notre plus grande force lorsque nous affrontons des Êpreuves. Alors, soyons unis pour soutenir et aider le peuple texan. 
LibertĂŠ religieuse
(La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Les prÊsidents français et les chrÊtiens d’Orient
Lors de l’inauguration, lundi 25 septembre à Paris, de l’exposition qui leur est consacrÊe à l’Institut du monde arabe, Emmanuel Macron a rappelÊ la vocation protectrice de la France à l’Êgard des chrÊtiens d’Orient. Une vocation prônÊe par les diffÊrents prÊsidents de la Ve RÊpublique, mais parfois plus comme une posture qu’un vÊritable engagement.  La France, protectrice des chrÊtiens d’Orient . Ce vieux leitmotiv de la diplomatie française prend racine dans l’alliance de la France et l’Empire ottoman en 1535. Au fil des siècles, la France a reçu, comme un bÊnÊfice de cette alliance, la protection des catholiques au Moyen-Orient – en particulier ceux du Mont Liban –, ainsi que de certains lieux saints. NapolÊon III organisa une expÊdition française au Liban, en 1860, pour mettre fin aux massacres des chrÊtiens par les Druzes. Cette entente avec l’empire ottoman se poursuivit jusqu’à la chute de celui-ci en 1920.
 Ce peuple qui a surmontÊ les Êpreuves à travers les siècles 
Dans la deuxième moitiÊ du XXe siècle, le soutien de la France aux chrÊtiens d’Orient a peu à peu pris une dimension plus symbolique, nÊanmoins marquÊe par quelque temps forts. On pense notamment à l’hommage appuyÊ de Jacques Chirac aux chrÊtiens de Terre sainte, en octobre 1996, à l’Êglise Sainte-Anne de JÊrusalem.  Je veux saluer le courage de ce peuple qui a surmontÊ les Êpreuves à travers les siècles. Il est toujours là , certes moins nombreux mais jouant toujours un rôle essentiel d’ouverture et de dialogue, de paix. Au moment
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oÚ s’Êlaborent de nouvelles institutions, dans des conditions difficiles, je me tourne vers vous et je vous dis courage, dÊclarait-il alors. Aujourd’hui comme hier, votre rôle demeure. Vous êtes indispensables. Ne dÊsespÊrez pas. Ne quittez pas cette terre. Vous demeurez aujourd’hui, comme hier, une garantie de respect de l’autre et de tolÊrance pour la sociÊtÊ qui se crÊe. En cela, vous êtes nÊcessaires à la paix .
Le rôle historique de la France à l’Êgard des chrÊtiens d’Orient
Particulièrement proche du Liban, Jacques Chirac voyait dans ce pays dotÊ d’une forte minoritÊ chrÊtienne une porte d’entrÊe naturelle de la France dans le monde arabe. Quelques jours après son discours de JÊrusalem, il s’Êtait adressÊ en ces termes à la jeunesse libanaise :  Vous les jeunes, et notamment les jeunes chrÊtiens, votre place est ici, a-t-il lancÊ. Si vous n’assumez pas vos responsabilitÊs, vous ne pourrez plus vous regarder vraiment dans la glace .  Peu à peu, le rôle politique de la France à l’Êgard des chrÊtiens d’Orient est devenu purement culturel, sauf durant la prÊsidence du gÊnÊral de Gaulle en raison de sa politique arabe , expliquait l’historien GÊrard Khoury au journal La Croix en 2014.  Aujourd’hui, il n’y a plus aucun fondement ni politique, ni Êconomique qui anime la politique de la France pour soutenir les chrÊtiens d’Orient.  Pour ce spÊcialiste,  le rôle historique de la France à l’Êgard des chrÊtiens d’Orient n’est plus qu’un souvenir .
Depuis trois ans, une France plus engagĂŠe
Pourtant, les gestes des prÊsidents français à l’encontre de ces minoritÊs semblent s’être multipliÊs ces trois dernières annÊes, à la faveur du sort tragique qu’ils connaissent notamment en Irak et en Syrie, aux côtÊs de populations musulmanes. Pour certains observateurs, le contexte international actuel aura ÊtÊ l’occasion, pour la France, de  renouer  avec une tradition sÊculaire de protection de ces chrÊtiens orientaux. Deux dates auront ainsi marquÊ, à cet Êgard, le quinquennat de François Hollande : le 27 mars 2015, la France suscitait la tenue d’une rÊunion spÊciale du Conseil de sÊcuritÊ de l’ONU sur ce sujet. Et le 8 septembre suivant, le Quai d’Orsay organisait une confÊrence internationale pour alerter les puissances sur le sort des minoritÊs persÊcutÊes, notamment chrÊtiennes et yÊzidies. François Hollande a Êgalement assistÊ à des cÊrÊmonies d’accueil de chrÊtiens rÊfugiÊs d’Irak. Mais pour Jean-Jacques PÊrennès, directeur de l’École biblique de JÊrusalem, les dimensions caritative et financière de cet engagement demeurent insuffisantes.  Offrir des visas ne suffit pas, estime-t-il. Ce dont ces chrÊtiens d’Orient ont besoin, c’est d’un vrai projet d’inscription dans un devenir durable. Il ne s’agit pas seulement de les aider à survivre, mais plutôt à être des citoyens et à se former sur place, aux côtÊs des musulmans, pour prÊparer un avenir commun. 
 Je ne veux pas jouer une communautÊ contre l’autre 
À l’heure oÚ la dÊfense des chrÊtiens d’Orient est parfois perçue, en France, comme un marqueur identitaire, et oÚ ces minoritÊs peuvent être vues dans leurs propres pays comme des  ennemis de l’intÊrieur  en raison de leurs liens avec les puissances occidentales, le prÊsident Emmanuel Macron semble dÊsireux de rester prudent sur ce sujet. C’est, du moins, ce qu’il avait exprimÊ lors de sa visite au Liban les 23 et 24 janvier dernier, alors qu’il n’Êtait
que candidat à la prÊsidentielle et que le sujet des chrÊtiens d’Orient avait jusqu’alors ÊtÊ plutôt prÊemptÊ par François Fillon. Rencontrant le patriarche maronite Bechara Raï dans sa rÊsidence d’hiver de BkerkÊ, le futur prÊsident avait dÊclarÊ :  Les chrÊtiens sont une composante fondamentale de la rÊgion. Mais ils s’inscrivent dans le modèle pluraliste libanais. Je ne veux pas jouer une communautÊ contre l’autre .
(SaphirNews/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Marrakech, Maroc - Une dĂŠclaration historique en faveur du pluralisme religieux en terre d'islam
L’initiative est historique. Plus de 300 personnalitÊs venues du monde entier composÊes de savants musulmans (oulÊmas), d’intellectuels, de responsables politiques, de dignitaires religieux et de reprÊsentants de divers cultes se sont donnÊs rendez-vous à Marrakech du 25 au 27 janvier pour un colloque portant sur les droits des minoritÊs religieuses dans le monde musulman. À l’issue de ce sommet organisÊ à Marrakech par le ministère marocain des Affaires islamiques et le Forum pour la promotion de la paix dans les sociÊtÊs musulmanes basÊ aux Émirats Arabes Unis, une dÊclaration de très haute importance a ÊtÊ adoptÊe pour rÊaffirmer haut et fort la nÊcessitÊ pour les communautÊs religieuses de vivre en paix dans les pays à majoritÊ musulmane, sans aucune diminution de leurs droits tels que la libertÊ de culte et l’ÊgalitÊ devant la loi.
Une rÊponse aux horreurs commises  au nom de l’islam 
Pour les organisateurs, ce sommet international est une rÊponse à  la dÊtÊrioration de la situation qui sÊvit dans diffÊrentes rÊgions du monde islamique  et qui implique de graves consÊquences pour les minoritÊs,  qui subissent massacres, asservissements, dÊracinements et autres horreurs et humiliations, alors qu’elles avaient vÊcu, des siècles durant, au sein des musulmans et sous leur protection . Il rÊpond aussi à un devoir des musulmans que de se lever contre leurs exactions dans la mesure oÚ  ces forfaits sont perpÊtrÊs au nom de l’islam (‌) calomniant plus d’un milliard d’êtres humains, dont la religion et la rÊputation ont ÊtÊ stigmatisÊes et perverties, et qui suscitent dÊsormais la rÊpulsion et la haine, alors qu’ils subissent eux-mêmes les affres de ces crimes .
La Charte de MÊdine, un exemple qui traverse les siècles
Largement inspirÊe de la Charte de MÊdine Êtablie du temps du Prophète Muhammad pour rÊgir les relations, les droits et les devoirs des communautÊs religieuses en terre d’islam, la DÊclaration de Marrakech martèle qu’ il n’est pas autorisÊ d’instrumentaliser la religion aux fins de priver les minoritÊs religieuses de leurs droits dans les pays musulmans . Cette charte, prÊsentÊe comme  une base de rÊfÊrence pour garantir les droits des minoritÊs religieuses en terre d’islam , promeut une  vision universelle de l’Homme  qui  n’Êvoque ni minoritÊ ni majoritÊ, mais renvoie à l’idÊe de l’existence de diverses composantes au sein d’une seule nation (en d’autres termes citoyens) , lit-on. Quatorze siècles plus tard, elle reste  qualifiÊe pour fournir aux musulmans une base de rÊfÊrence fondatrice de la citoyennetÊ  et jeter les bases d’une sociÊtÊ  dotÊe d’un pluralisme ethnique, religieux et linguistique, solidaire, et dont les membres jouissent des mêmes droits, accomplissent les mêmes
devoirs et appartiennent Ă une mĂŞme nation, indĂŠpendamment de leurs diffĂŠrences Âť.
Un appel Ă la mobilisation gĂŠnĂŠrale
À l’issue du colloque, les savants et penseurs musulmans du monde entier sont appelÊs  à s’investir dans la dÊmarche visant à ancrer le principe de citoyennetÊ, qui englobe toutes les appartenances  tandis que les dÊcideurs politiques sont incitÊs  à prendre les mesures constitutionnelles, politiques et juridiques nÊcessaires pour donner corps à la citoyennetÊ contractuelle et appuyer les formules et les initiatives visant à raffermir les liens d’entente et de coexistence entre les communautÊs religieuses vivant en terre d’islam  ainsi qu’à  Êdicter des lois criminalisant les offenses aux religions, les atteintes aux valeurs sacrÊes et tous les discours d’incitation à la haine et au racisme . Sont aussi incitÊs  les institutions acadÊmiques et les magistères religieux à rÊaliser des rÊvisions courageuses et responsables des manuels scolaires, de sorte à corriger les distorsions induites par cette culture en crise qui, outre l’incitation à l’extrÊmisme et à l’agressivitÊ, alimente les guerres et les dissensions et sape l’unitÊ des sociÊtÊs . Le prÊsident de l'Union des mosquÊes de France (UMF) Mohammed Moussaoui, qui a participÊ à la rencontre, a saluÊ une dÊclaration rappelant  des principes universels et des valeurs fÊdÊratrices prônÊs par les textes fondateurs de l’islam tels que le respect de la dignitÊ humaine, le respect de la libertÊ de religion, le principe de justice et de non-discrimination, la prÊservation de la paix, la bienveillance envers autrui et le respect des engagements . Une initiative qu'il est urgent et salutaire de promouvoir face à l'extrÊmisme. (SaphirNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Los Angeles, États-Unis - Bahreïn : le Roi proclame la libertÊ de religion
 Nous rejetons catÊgoriquement l’imposition d’une religion par la force. Chacun est libre de pratiquer sa religion, sans nuire à autrui , a affirmÊ le prince Nasser bin Hamad al-Khalifa lors de la cÊrÊmonie de lancement de la DÊclaration du Bahreïn. Celle-ci s’est tenue le 13 septembre à Los Angeles, aux États-Unis, en partenariat avec le Centre Simon Wiesenthal devant 400 dignitaires religieux chrÊtiens, musulmans, juifs, bouddhistes et sikhs. La dÊclaration, qui rappelle celle de Marrakech en 2016, condamne  l’incitation à la violence au nom de Dieu, les attentats suicides, les abus sexuels envers les femmes et les enfants . Citant la dÊclaration, le prince a ajoutÊ que  tout acte rÊprouvÊ par la majoritÊ de l’humanitÊ insulte notre morale collective et ne peut faire partie de la volontÊ de Dieu. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la foi religieuse soit une bÊnÊdiction pour l’humanitÊ tout entière et un fondement pour la paix dans le monde . L’ONG Portes ouvertes, qui milite contre les persÊcutions des chrÊtiens à travers le monde, rappelle qu’au Bahreïn,  les chrÊtiens ne sont pas situÊs sur le même pied d’ÊgalitÊ : si les chrÊtiens expatriÊs (Asiatiques et Occidentaux pour la plupart) bÊnÊficient d’une certaine libertÊ pour se rÊunir dans des lieux de culte privÊs, il en va tout autrement des chrÊtiens locaux d’arrière-plan musulmans qui subissent une sÊvère persÊcution de leur entourage comme des autoritÊs .
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L’ONG souligne nÊanmoins que la DÊclaration de Bahreïn ne dit pas expressÊment si un musulman est en droit de changer de religion. Un dÊtail qui  reste sensible pour les chrÊtiens d’arrière-plan musulman comme pour les extrÊmistes islamiques . (SaphirNews/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Le Caire, Égypte - DÊclaration de coexistence mutuelle islamo-chrÊtienne
La prestigieuse universitÊ Êgyptienne Al-Azhar avait adoptÊ, le mercredi 1er mars, au Caire, une  DÊclaration de coexistence mutuelle islamo-chrÊtienne . Ahmed alTayyeb, grand imam d’Al-Azhar, a dÊclarÊ que ce texte, signÊ par le Conseil des Sages Musulmans,  condamne tous les crimes commis au nom des religions  et appelle les personnes de confessions diverses à vivre ensemble dans l’harmonie et le respect mutuel à travers le respect de l'ÊgalitÊ et de l'État de droit pour tous. Cette dÊclaration est faite au terme de deux journÊes de confÊrence portant sur  la libertÊ, la citoyennetÊ, la diversitÊ et l'intÊgration  auxquelles ont participÊ des dignitaires religieux issus de plus de 50 pays.  Les chrÊtiens sont ciblÊs dans leurs propres patries , a dÊplorÊ le grand imam, faisant ainsi rÊfÊrence, entre autres, aux diverses attaques subies par les coptes en Égypte.  Nous allons renforcer les liens de coopÊration entre les religions afin de promouvoir l’Êducation morale et religieuse ainsi que les principes de la citoyennetÊ , explique-t-il, ajoutant que  cela va permettre une vie meilleure pour les gÊnÊrations futures . Parmi les invitÊs, figurait le rÊvÊrend Jim Winkler, secrÊtaire gÊnÊral du Conseil national des Églises des États-Unis. Connu dans son pays pour s’être opposÊ à la guerre d’Irak, il a affirmÊ que les États-Unis ont une part de responsabilitÊ dans les conflits religieux du Moyen-Orient. Il a dÊclarÊ au Khaleej Times que les AmÊricains chrÊtiens ont  la responsabilitÊ de faire ce qu’ils peuvent pour construire la paix au Moyen-Orient et favoriser l’entente avec les musulmans .  Dans l’idÊe de faire avancer la paix, l’entente et la coopÊration interreligieuse, j’ai l’espoir que le grand imam pourra venir aux États-Unis , a ajoutÊ Jim Winkler. (Le Figaro/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France – La Chine renforce son contrôle sur les religions La Chine a publiÊ de nouvelles règles encadrant la libertÊ religieuse et prÊsentÊes comme visant à renforcer la sÊcuritÊ nationale, restreindre les pratiques non reconnues par l'État et  faire barrage à l'extrÊmisme . Le Parti communiste (PCC) au pouvoir combat l'Êmergence de tout mouvement organisÊ qui Êchappe à son contrôle. Les religions - notamment l'islam et le christianisme - en font partie et sont dÊjà Êtroitement surveillÊes par les autoritÊs. Les nouvelles règles publiÊes par le gouvernement interdisent notamment d'accepter des dons venant de l'Êtranger, et prÊvoient des amendes allant jusqu'à 300.000 yuans (39.000 euros) en cas d'organisation d'un ÊvÊnement non autorisÊ. L'ouverture d'Êcoles confessionnelles sera Êgalement soumise à des conditions plus strictes. Ces mesures entreront en vigueur le 1er fÊvrier 2018. Elles visent à  faire barrage à l'extrÊmisme  et à  contrer les infiltrations , selon une copie des nouvelles règles publiÊes sur le site internet officiel du gouvernement.
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 Les organisations ou individus ne peuvent utiliser la religion pour mener des activitÊs illÊgales, mettant en danger la sÊcuritÊ nationale ou sapant la stabilitÊ sociale , souligne notamment le texte. La Chine dit rÊgulièrement faire face à une menace croissante des sectes et de l'islam radical.
SociĂŠtĂŠ, Analyses
(Centre Interdisciplinaire dÉtude des Religions et de la LaïcitÊ/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France – Messagers de l’apocalypse Êcologique? Les religions et le dÊbat environnemental La publication de l’encyclique Laudato Si du pape François a ÊtÊ un peu partout saluÊe comme un fait rÊvÊlateur : celui d’une volontÊ des organisations religieuses de s’impliquer plus avant et surtout de manière plus explicite et significative dans les dÊbats autour de l’Êcologie et, par extension, des questions relatives aux effets de la globalisation. Mais le catholicisme romain est loin d’être le premier ou le seul à s’être manifestÊ. Un peu partout sur la planète, les organisations religieuses ou  spirituelles  paraissent empressÊes de montrer qu’elles peuvent, elles aussi (au même titre que des acteurs Êconomiques, comme les grosses entreprises industrielles, ou politiques, comme les États), contribuer à limiter le prÊjudice environnemental de l’activitÊ humaine. Si toutes les traditions religieuses semblent s’exprimer d’une même voix pour dÊnoncer la destruction de l’environnement par l’Homme, toutes n’ont nÊanmoins pas le même  potentiel  de rÊponses à la crise environnementale, ni le même positionnement idÊologique et politique par rapport à elle. Et dans la course à la religion la plus  Êcologique , le christianisme accuse, avec les autres monothÊismes, un certain retard. D’autres traditions occupent en effet une place bien plus en vue et enviable dans les dÊbats autour des enjeux environnementaux du monde actuel. C’est prÊcisÊment l’objet de cet article que d’essayer de comprendre ces Êcarts. Toutes les traditions religieuses engagÊes dans le grand dÊbat Êcologique n’ont pas, loin s’en faut, de mêmes reprÊsentations de ce qu’on appelle la Nature, dont il faut rappeler que la notion – telle qu’on la pense actuellement comme cadre biotique et abiotique d’existence des populations humaines – a connu des changements significatifs depuis la Phusis grecque jusqu’aux thÊories Êcologiques modernes. La  Nature  au sens Êcologique du terme, c’est bien connu, est un concept d’apparition tardive et qui est aussi le fruit d’une sÊcularisation de la pensÊe. Pourtant, les voix religieuses (des grandes ou petites organisations) affirment que les ressources de sens et d’action que leurs philosophies offrent pourraient et même devraient participer à rÊduire l’impact humain sur l’environnement, en suscitant des comportements vertueux de prÊservation ou de conservation des espaces naturels, de rÊduction des volumes de production alimentaire et de biens de consommation, de diminution des polluants atmosphÊriques ou terrestres‌ Commission paritaire DÊpôt lÊgal
: renouvellement en cours N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne
Bref, être des modèles d’Êcologie. Comme si les religions, qui produisent essentiellement des choses symboliques, des croyances et des rites, et de manière dÊrivÊe seulement, des choses matÊrielles (art, architecture monumentaire, objets liturgiques, produits Êconomiques‌), pouvaient inflÊchir les problèmes environnementaux qui sont principalement liÊs à l’activitÊ Êconomique des grosses industries ou à la consommation des mÊnages des sociÊtÊs les plus dÊveloppÊes, qui sont aussi les plus sÊcularisÊes. Les dÊbats sur l’Êcologie, en France, mais aussi ailleurs, ont donnÊ lieu à un Êtonnant mouvement d’œcumÊnisme puisque les voix religieuses se sont exprimÊes en même temps et d’ailleurs sur invitation des politiques à la COP 21, en 2015. Étonnamment, les religions sont depuis invitÊes à s’exprimer sur des questions sÊculières alors qu’en retour, les instances sÊculières (États, organisations internationales, observatoires, groupes de recherche‌) rÊsonnent toujours plus d’accents eschatologiques, donc religieux, lorsqu’ils Êvoquent par exemple une  apocalypse  Êcologique‌ (...) En Europe, les grandes politiques climatiques intÊressent dÊsormais les religions, et le sociologue et politologue RaphaÍl Liogier (2013) Êvoque même le softpower des traditions religieuses qui montrent actuellement un activisme militant dans les lieux de dÊcision politique, alors que parallèlement  l’hypothèse Gaïa  (la terre comme être vivant) de Lovelock (1970) se dissÊmine toujours plus dans les pensÊes culturelles qui furent, un temps, alternatives, et qui sont dÊsormais largement acceptÊes. Les religions qui sont ainsi partie toujours plus prenante des dÊbats publics et politiques à Êchelle globale, ne parlent nÊanmoins pas toujours d’Êcologie avec une même voix, n’expriment pas les mêmes vues et n’entendent pas promouvoir les mêmes choses, et la notion de  nature  est dÊclinÊe sous des formes et à des Êchelles diffÊrentes, de l’univers jusqu’à l’environnement. En examinant de manière prÊcise les contenus philosophiques, les reprÊsentations cosmologiques et les prescriptions et proscriptions, il apparait que les monothÊismes dÊfendent, au-delà de leurs diffÊrences de thÊologies ou de liturgies, l’idÊe que l’ordre du monde est une donnÊe, inaliÊnable, ontologique, car issu d’une volontÊ divine : le sacrÊ est transcendant, dominÊ par une figure anthropomorphe et omnipotente, qui impose une relation verticale (des cieux à la Terre et rÊciproquement) fondÊe sur l’obÊissance : c’est Dieu qui dicte aux Hommes (et aux Femmes) les modalitÊs d’utilisation de leur environnement, et c’est donc lui, et pas les Hommes, qui a le pouvoir de dÊtruire ou de maintenir le monde en l’Êtat. L’observance des principes Êthiques et spirituels inhÊrents à ces traditions induit donc un respect des espaces naturels, de la faune et de la flore, une relation esthÊtique à la gÊographie, une certaine modÊration et même une frugalitÊ dans les consommations alimentaires ou ÊnergÊtiques - qui sont des idÊaux ascÊtiques poursuivis au sein de petites communautÊs mais bien difficiles à mettre en œuvre à l’Êchelle de sociÊtÊs entières‌ (...)
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