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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 38e annÊe • n° 419 - Novembre 2017
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Nouvelles des Églises adventistes
Silver Spring, États-Unis - Les avocats adventistes admis au Barreau de la Cour Suprême des États-Unis Paris, France - Après le passage des ouragans Irma et Maria, l’Église coordonne les services de relation d’aide
FĂŠdĂŠration protestante de France
Strasbourg, France - Pour GÊrard Collomb,  le protestantisme coule dans les veines de l’Europe  Paris, France - Macron devant les protestants,  vigies  de la RÊpublique Strasbourg, France - Remous entre ÊvangÊliques à  Protestants en fête 
Protestantisme international
Sutherlan Spring, États-Unis - Au Texas, l’Église oÚ a eu lieu un massacre sera dÊtruite, comme les autres sites de telles tueries
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - Prières de rue : la polÊmique ravivÊe PloÍrmel, France - Une pÊtition contre le retrait de la croix à PloÍrmel
SociĂŠtĂŠ - Analyses
Paris, France - Au Liban, des journalistes se forment au pluralisme religieux Paris, France - Le Vatican plaide Ă l’ONU pour la dĂŠfense des minoritĂŠs religieuses Paris, France - 40 pays favorisent officieusement une religion, selon une ĂŠtude
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
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Nouvelles des Églises adventistes
Une Êquipe du Centre Êducatif et comportemental CW basÊ à Atlanta, en GÊorgie, aux États-Unis, a visitÊ plusieurs Êglises et communautÊs à Ste-Croix et a offert du 22 au 29 octobre 2017, des services de relation (BIA) - Dammarie-les-Lys, France d’aide afin d’aider les individus à gÊrer leur vie après Silver Spring, Maryland, États-Unis – Les des Êvènements traumatisants. avocats adventistes admis au Barreau de la  Vivre une catastrophe est quelque chose de traumatisant et nous avons tous connu un certain niveau Cour Suprême des États-Unis Le 1er novembre, un groupe de huit avocats adventistes d’angoisse depuis le passage d’Irma et de Maria,  a du septième jour venus de tous les États-Unis ont ÊtÊ affirmÊ le pasteur James Desmond, prÊsident de la admis comme membres du barreau de la Cour FÊdÊration du Nord de la Caraïbe.  Les Îles ont ÊtÊ complètement secouÊes et nous Suprême des États-Unis. L’ÊvÊnement Êtait organisÊ par le Bureau du Conseiller juridique gÊnÊral au siège de avons des centaines de membres d’Êglise dont les maisons ont ÊtÊ inondÊes et des membres du personnel l’Eglise adventiste mondiale. qui ont vÊcu des expÊriences traumatisantes,  a ajoutÊ Le Conseiller Juridique GÊnÊral, Karnik Doukmetzian, James Desmond. a sponsorisÊ leur admission et a officiellement dÊplacÊ Le plan est d’exposer l’ensemble du territoire de la les noms pendant la cÊrÊmonie et le Juge en Chef, John Roberts, a admis les avocats. Les avocats admis sont : FÊdÊration à cette opportunitÊ afin de l’amener à prendre Harold Cleveland Jr., Allison Dichoso, ThÊodore Flo, Me- soin de lui-même, a ajoutÊ pasteur James. redith Jobe, Maria McPhaull, JosuÊ Pierre, Leesa ThoDepuis le passage de l’ouragan, les rÊsidents ont mas, et JÊsus Uriarte. ÊprouvÊ un mÊlange d’Êmotions comme la tristesse, la culL’admission au barreau de la Cour Suprême des États- pabilitÊ, l’anxiÊtÊ, la solitude, la sensation d’être vide, la faUnis est importante pour plusieurs raisons. C’est une re- tigue, l’impuissance, l’incrÊdulitÊ, l’engourdissement et la connaissance du fait que ces avocats ont acquis la colère, a dÊclarÊ Dr Vincentia Paul-Constantin, directrice compÊtence et l’expÊrience nÊcessaires leur permettant du Centre Êducatif et comportemental CW. d’exercer (de dÊfendre des affaires) devant la Cour su Notre philosophie est holistique,  a dÊclarÊ Jessica prême. Les règles de la Cour suprême stipulent qu’au Whyte, directrice adjointe du centre.  Nous considÊrons moins un membre d’une Êquipe juridique dÊfendant une comme un de nos plus grands privilèges d’aider le peuple cause devant la Cour suprême doit être membre de son de Dieu à comprendre qui il est et l’histoire que Dieu Êcrit barreau. dans leur vie.  Vincentia Constantin et Jessica Whyte En plus de la possibilitÊ de plaider des affaires devant sont toutes les deux originaires des Iles Vierges. AffiliÊes la Cour suprême, l’admission au barreau de cette cour à l’Église adventiste, elles ont donc proposÊ leurs services permet aux avocats qui sont admis devant le tribunal gratuitement. d’avoir accès à des places, en nombre limitÊ, rÊservÊes V. Constantin a aidÊ les membres à identifier des signes à ceux qui souhaitent assister personnellement à une au- d’une souffrance malsaine tels que le fait d’Êviter ou d’exdience de la Cour suprême. Alors que le public attend re- clure des amis et des membres de la famille ou encore lativement longtemps pour se voir attribuer des places d’avoir de manière prolongÊe le sentiment que la vie n’en lorsqu’elles sont disponibles, les membres du barreau vaut pas la peine. Elle a invitÊ les membres à trouver des peuvent s’asseoir dans une zone rÊservÊe, directement occasions de dÊmontrer l’amour de Dieu aux personnes derrière les avocats plaidant le cas. Les membres du Bar- dont la vie a ÊtÊ touchÊe par cette tragÊdie. reau de la Cour suprême ont Êgalement accès à la biblio AssurÊment Dieu ne vous a pas abandonnÊs,  a thèque du tribunal pour des recherches et des Êtudes. dÊclarÊ Jessica Whyte. Elle a invitÊ les membres de la Après la cÊrÊmonie du 1er novembre, les avocats ad- communautÊ à  chercher ceux qui ont besoin d’encouventistes ont pu rester dans la salle d’audience du tribunal ragement, d’une prière sincère, ou une personne prête pour assister à une affaire qui passait ce matin-là devant à vraiment Êcouter afin de leur faire savoir qu’il y a enla Cour suprême. Au programme de la journÊe, il y avait core des personnes qui se soucient des autres,  a-t-elle Êgalement un petit dÊjeuner lÊger et une prÊsentation sur ajoutÊ. Jessica Whyte a expliquÊ que si les expÊriences la Cour et son histoire. ne sont pas gÊrÊes, elles pourraient au fil du temps s’ex Ce moment reprÊsentait une excellente opportunitÊ primer à travers des maladies mentales chroniques, la pour les avocats adventistes de tous les États-Unis de se dÊpression, l’anxiÊtÊ et les troubles du comportement. mettre en contact les uns avec les autres tout en se reLe pasteur Vashni Cuvalay, qui a visitÊ de nombreuses trouvant ensemble autour du jalon historique de leur ad- Îles touchÊes, a dÊclarÊ que c’Êtait dÊchirant de voir la simission comme membres de la fraternitÊ juridique de la tuation de nombreux membres d’Êglise et ce qu’ils ont plus haute cour de justice du pays,  a conclu Karnik vÊcu à Saint-Martin.  Cela les affecte maintenant mentaDoukmetzian. lement, donc le service de relation d’aide peut leur apporter une certaine aide.  (NCC/DIA/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Les dirigeants de la FÊdÊration envisagent de coorParis, France - À Ste-Croix, l’Église adventiste donner les services de relation d’aide suite aux situations coordonne les services de relation d’aide de crise à St. Thomas et St. Maarten. Le besoin de bienaprès le passage des ouragans Irma et Maria être mental et Êmotionnel est grand et les membres qui L’Église adventiste du septième jour dans le territoire sont des conseillers formÊs et qualifiÊs ont offert leurs de la FÊdÊration du Nord de la Caraïbe propose des services bÊnÊvolement, ont indiquÊ les dirigeants des services de relation d’aide aux membres d’Êglise et de Êglise locales. la communautÊ alors qu’ils continuent de se remettre Le pasteur Danny Philip fait partie de ceux qui offrent de la dÊvastation causÊe par les ouragans Irma et aux familles des services de relation d’aide pour qu’elles Maria. gèrent cette pÊriode difficile.  Le ministère exercÊ par
les conseillers de passage, bien que court, a ÊtÊ gÊnÊralement bien apprÊciÊ vu le besoin Ênorme,  a dit Danny Philip. Il s’agit d’aider ceux qui ont ÊtÊ touchÊes à trouver un langage appropriÊ pour exprimer leurs sentiments après avoir vÊcu de telles catastrophes qui ont perturbÊ leur vie, a dÊclarÊ pasteur James. Les dirigeants de la FÊdÊration sont en discussion avec l’Equipe Internationale de Traumatologie de la SantÊ comportementale de l’UniversitÊ de Loma Linda pour apporter de l’aide au territoire, a affirmÊ le pasteur James.
FĂŠdĂŠration protestante de France
(LA CROIX/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
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les nombreux engagements sociaux du protestantisme. Pour GÊrard Collomb, la RÊforme a Êgalement instaurÊ un  nouveau rapport à la raison .  Dans le but d’interprÊter le texte sacrÊ, bien sÝr. Mais plus largement de se construire en tant qu’individu , a-t-il poursuivi. Dans un contexte de  montÊe sur notre continent des populismes , les protestants ont menÊ une  action exemplaire  pour  Êduquer  et  Êlever le plus grand nombre , a soulignÊ le ministre, pour qui face au repli identitaire, l’expÊrience de minoritÊ et de diversitÊ du protestantisme est là aussi un  message essentiel  en faveur du dialogue. Le protestantisme peut servir  sinon de boussole, du moins de source d’inspiration  a-t-il insistÊ. Enfin, GÊrard Collomb a mentionnÊ, s’appuyant sur la Bible (la Genève et le LÊvitique), les efforts des protestants de France en faveur de l’environnement.
Strasbourg, France - Pour GÊrard Collomb,  le protestantisme coule dans les veines (PoinThÊo/BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France - Macron devant les protesde l’Europe  Lors de l’inauguration au Conseil de l’Europe à Stras- tants,  vigies  de la RÊpublique bourg de  Protestants en fête 2017 , point d’orgue du jubilÊ de RÊforme, le ministre de l’IntÊrieur, GÊrard Collomb, a rendu vendredi 27 octobre un hommage appuyÊ au protestantisme, acteur de la construction europÊenne. GÊrard Collomb avait visiblement bien travaillÊ le dossier. Dans le très solennel hÊmicycle du Conseil de l’Europe à Strasbourg, le ministre de l’intÊrieur, en charge des cultes, a livrÊ un discours dÊtaillÊ et Êlogieux à l’Êgard des hÊritiers de la RÊforme, vendredi 27 octobre, au premier jour du rassemblement  Protestants en fête 2017 , organisÊ par la FÊdÊration protestante de France (FPF). Donnant un ton rÊsolument europÊen pour cette rencontre, le ministre a choisi d’insister sur  les liens singuliers unissant la RÊforme et l’Europe .  Le protestantisme coule dans les veines de l’Europe , a-til lancÊ, rappelant la formule qu’avait utilisÊ Emmanuel Macron en septembre devant la FPF. Pour l’occasion, outre François Clavairoly, prÊsident de la FPF, et Christian Albecker, prÊsident de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), l’homme politique allemand de premier plan Wolfgang Schäuble, qui vient d’être Êlu prÊsident du Bundestag Êtait venu en voisin. Ce protestant, qui se dit très influencÊ par le thÊologien Dietrich Bonhoeffer, tuÊ en 1945 par les nazis, est Êlu dans la circonscription d’Offenbourg, de l’autre côtÊ du Rhin.
 Le cours de l’histoire a changÊ 
 La publication des 95 thèses de Luther sur les murs de l’Êglise de Wittenberg le 31 octobre 1517, est un de ces rares moments ayant profondÊment changÊ le cours de l’histoire de notre continent,  a dÊclarÊ GÊrard Collomb. Et, en l’espèce, le rôle du protestantisme dans la construction de la civilisation europÊenne est tout à fait majeur . À grand renfort de citations, notamment de thÊologiens protestants, GÊrard Collomb a saluÊ la naissance de  la conception moderne de la libertÊ individuelle  en même temps que la RÊforme.
ÂŤ LibertĂŠ Âť, ÂŤ ĂŠgalitĂŠ Âť et ÂŤ fraternitĂŠ Âť
Et  si la RÊforme fit l’homme absolument libre, elle dÊfinit aussi l’absolue ÊgalitÊ entre les êtres humains , a soulignÊ le ministre. Après la  libertÊ  et l’ ÊgalitÊ , le ministre n’a pas manquÊ de citer la  fraternitÊ , Êvoquant
À l’occasion du colloque organisÊ les 22 et 23 septembre 2017 à la mairie de Paris pour cÊlÊbrer l’anniversaire des 500 ans de la RÊforme, le prÊsident de la RÊpublique Emmanuel Macron a livrÊ un discours respectueux et honnête. Devant des reprÊsentants et membres des diffÊrentes Églises, œuvres et mouvements du protestantisme, il a soulignÊ le rôle important des protestants dans les dÊbats d’aujourd’hui.
InterpellÊ par François Clavairoly
Pour ce colloque  Protestantismes, convictions et engagements  organisÊ par la FÊdÊration Protestante de France (FPF) et dirigÊ par l’historien Patrick Cabanel, tout a commencÊ le samedi après-midi, avec une sÊrie de trois confÊrences. Parmi elles, nous soulignerons l’intervention de l’historien Neal Blough sur les anabaptistes dans la confÊrence intitulÊe  DiversitÊ des RÊformes . Le soir, la maire de Paris, Madame Anne Hidalgo a prÊsentÊ le colloque comme  un ÊvÊnement prestigieux, qui a du sens à l’occasion de ce 500e anniversaire de la RÊforme . En citant Martin Luther King et en plaçant quelques formules bien senties ( Toute RÊforme est chez elle à Paris ), la maire a chaleureusement accueilli les protestants. Devant elle, plus de 600 personnes rÊunies, dont le PrÊsident de la RÊpublique, Emmanuel Macron, ainsi que le Ministre de l’IntÊrieur, GÊrard Collomb, et le PrÊsident de la FPF, François Clavairoly. Celui-ci a ensuite prit la parole en rappelant l’attachement des protestants de France à la laïcitÊ. Le pasteur protestant a profitÊ de cet instant pour rappeler au prÊsident Macron et aux responsables politiques qu’ils  tiennent la promesse rÊpublicaine (‌) sur la question des Êtrangers .
 J’attends beaucoup de vous 
InterpellÊ, le PrÊsident s’est exprimÊ par la suite en insistant sur le fait que  le sang du protestantisme coule dans les veines de la France . Mais aussi en affirmant le rôle des protestants,  la vigie de la RÊpublique (‌) son avant-garde dans les dÊbats philosophiques, moraux et politiques . RÊpondant directement au PrÊsident de la FPF, Emmanuel Macron a successivement ÊvoquÊ des grands thèmes tels que la laïcitÊ, l’Europe, le climat, la bioÊthique et, donc, l’accueil des migrants. Sur la laïcitÊ, il a dÊmontrÊ son respect du principe de la loi de 1905 :  La laïcitÊ n’est pas la nÊgation des reli-
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gions. C’est la capacitÊ à les faire coexister dans un dialogue permanent.  La notion de dialogue, de dÊbat et de confrontation est chère au PrÊsident car  la RÊpublique se nourrit de ces confrontations utiles . Il s’est montrÊ rassurant sur un sujet de plus en plus Êpineux :  La RÊpublique ne vous demande pas de nier votre foi ou de l’oublier. Elle la reconnaÎt dans sa plÊnitude.  Le quotidien RÊforme a d’ailleurs soulignÊ l’adaptation du PrÊsident  qui a parlÊ durant quarante-cinq minutes au lieu des quinze prÊvues (‌). Sortant de son discours, il a rÊpondu aux diffÊrentes interpellations de François Clavairoly sur le sort de la Centrafrique, celui du Tchad et aussi sur l’Êpineuse question du rÊfÊrendum en NouvelleCalÊdonie.  Mais pas seulement. Sur la bioÊthique et le sujet sensible de la ProcrÊation MÊdicalement AssistÊe, notamment en ce qui concerne son ouverture à toutes les femmes, cÊlibataires ou en couple, le PrÊsident a temporisÊ en voulant  rassurer les responsables religieux sur la tenue d’un vrai dÊbat  comme l’a indiquÊ le journal La Croix. Le quotidien Le Monde a d’ailleurs prÊcisÊ :  Emmanuel Macron a exposÊ le cadre du dÊbat : des Êtats gÊnÊraux prÊcÊdant la rÊvision programmÊe des lois de bioÊthique se tiendront l’annÊe prochaine . Tout en insistant sur le rôle des protestants à jouer dans ce dÊbat, le PrÊsident a apportÊ une prÊcision :  La manière que j’aurai d’aborder ces dÊbats ne sera en rien de vous dire que le politique a une prÊÊminence sur vous et qu’une loi pourrait trancher ou fermer un dÊbat qui n’est pas mÝr . Pour finalement mettre la balle dans le camp des protestants :  J’attends beaucoup de vous (‌), pour Êclairer ce dÊbat, pour le faire vivre  et  construire par ces controverses des consensus fÊconds .
RĂŠaliste
Sur la question de l’accueil des migrants, le PrÊsident a tenu à faire comprendre son devoir d’être rÊaliste. En saluant  le travail de la Cimade, sans complaisance avec l’action du gouvernement mais essentiel  il a aussi dÊcrit sa situation et son rôle de reprÊsentant de l’État.  Je n’oublie pas dans quelles conditions j’ai ÊtÊ Êlu par le peuple français. Je n’oublie pas le souffle chaud des extrêmes (‌) et je sais que si je portais d’un bloc la totalitÊ de ce que la Cimade propose, je serais rapidement balayÊ par le rÊalisme ou l’intolÊrance de certains.  MalgrÊ cela, le PrÊsident de la RÊpublique a promis de faire des efforts, notamment dans le temps pour instruire les demandes, avec comme objectif de  faire comme l’Allemagne .  L’accompagnement premier est inconditionnel, mais on doit instruire les demandes et accueillir pleinement et dans les meilleures conditions celles et ceux qui en ont le droit et raccompagner dignement celles et ceux qui n’en ont pas le droit  a-t-il conclu sur cette question.
ÂŤ Respectueux Âť
Le PrÊsident de la RÊpublique a fini son discours par un appel pressant :  Ne cÊdez rien, restez tels que vous êtes . Cette phrase tÊmoigne d’un discours marquÊ par un respect envers le mouvement protestant, dont il a soulignÊ  la libertÊ, l’esprit critique, l’indÊpendance religieuse (‌) au nom d’une certaine idÊe de la foi, de la relation de l’homme à Dieu, de celui qui croit au texte .  Vous êtes prÊsents dans tous les dÊbats qui font notre vie en sociÊtÊ, a rappelÊ le PrÊsident. Et votre avis compte.  Matthieu Richelle, professeur d’Ancien Testament à la FacultÊ Libre de ThÊologie ÉvangÊlique et prÊsent pour l’occasion, a d’ailleurs apprÊciÊ l’aspect  respectueux 
du discours du PrÊsident,  bien adaptÊ au public . Le professeur a remarquÊ sa  connaissance du milieu, il a citÊ le CNEF, la Cimade et le foisonnement intellectuel de l’hebdomadaire RÊforme . Et malgrÊ  des ambiguïtÊs sur la question de la bioÊthique (‌) il a fait un effort .  Il a rajoutÊ des parties, notamment en parlant des rÊfugiÊs, souligne Matthieu Richelle. C’Êtait impressionnant.  En deux mots,  Il a ÊtÊ honnête et franc . D’une manière gÊnÊrale, le chef de l’État a tenu à faire bonne impression, crÊant un pont avec son auditoire en citant à plusieurs reprises son maÎtre, le philosophe protestant Paul Ricoeur. S’inspirant de sa relation avec le philosophe, le PrÊsident de la RÊpublique a appelÊ à la confiance, rÊciproque, mais qui possède un dÊsÊquilibre :  Il faut d’abord donner, en sachant qu’on va recevoir . (LA CROIX/RÊforme/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Strasbourg, France - Remous entre ĂŠvangĂŠlique Ă ÂŤ Protestants en fĂŞte Âť
Le Conseil national des ÊvangÊliques de France (CNEF) s’est retirÊ du grand rassemblement  Protestants en fête , qui a lieu du vendredi 27 au dimanche 29 octobre. À l’origine de cette dÊcision, la prÊsence d’associations LGBT avec deux stands de l’antenne inclusive de la paroisse Saint Guillaume (LuthÊrienne) et la tenue d’un culte  inclusif  organisÊ par cette Êglise de Strabourg. Inclusif se veut un terme tirÊ de la langue anglaise, signifiant aussi que la cÊlÊbration de la paroisse ne souhaite discriminer personnes : homosexuels, handicapÊs, migrants, etc... Les ÊvangÊliques alsaciens ont cependant participÊ à cet ÊvÊnement majeur du protestantisme français, point d’orgue des 500 ans de la RÊforme. La nouvelle du CNEF a fait l’effet d’une petite bombe dans le monde protestant, rÊuni pendant trois jours à Strasbourg pour un rassemblement festif, en conclusion de l’annÊe jubilaire de la RÊforme. Vendredi 27 octobre dans la matinÊe, au premier jour de  Protestants en fête , les diffÊrents organisateurs ont appris par la presse ÊvangÊlique que le Conseil national des ÊvangÊliques de France (CNEF) avait dÊcidÊ de se retirer de l’ÊvÊnement.
Annulation du stand du Cnef
Pour manifester sa  dÊsapprobation , le prÊsident, Étienne Lhermenault, qui devait se rendre à la soirÊe d’inauguration au Conseil de l’Europe, a annulÊ sa prÊsence, et le stand que devait tenir le CNEF au  village des fraternitÊs , censÊ reprÊsenter toute la diversitÊ protestante, a ÊtÊ supprimÊ. C’est ce qu’il explique dans une note envoyÊe aux responsables d’Églises et d’œuvres du Conseil, qui regroupe 70 % des ÊvangÊliques en France.
ÂŤ Banalisation du pĂŠchĂŠ Âť
Afin de ne pas  rompre  le dialogue, ClÊment Diedrichs a, quant à lui, participÊ à la cÊrÊmonie. Et les responsables nationaux n’ont pas demandÊ au CNEF local, très investi dans l’organisation de  Protestants en fête , de se retirer. Certains de ses membres Êtaient donc bien prÊsents tout le week-end, sur diffÊrents ateliers et confÊrences.
ÂŤ Querelle institutionnelle Âť
De nombreuses Églises appartiennent à la fois à la FPF et au CNEF. De très nombreux ÊvangÊliques de toutes tendances ont d’ailleurs participÊ aux rencontres, indÊpendamment de la dÊcision nationale du Conseil.
 C’est vraiment une querelle institutionnelle, et c’est dommage , estime Jacques Poujol, membre de la FÊdÊration des Églises ÊvangÊliques baptistes, qui fait justement partie des deux instances. La FPF ne s’est jamais considÊrÊe comme une Êglise mais comme un rassemblement de la diversitÊ protestante dans le dialogue et le respect des diffÊrentes composantes des Êglises issues de la RÊforme. Le CNEF de son côtÊ n’a pas de principe fÊdÊratif et se veut exclusif dans diffÊrents domaines tant au niveau hermÊneutique qu’au niveau de l’Êthique. Cet Êpisode vient raviver un sujet de discorde rÊcurrent depuis les dÊbats puis l’approbation par l’Église protestante unie de France (luthÊro-rÊformÊe) en 2015 lors du Synode de Sète des bÊnÊdictions pour les couples de même sexe. Une dÊcision qui avait suscitÊ des tensions au sein du protestantisme français, entre des luthÊro-rÊformÊs plus enclins à suivre les Êvolutions sociÊtales et des ÊvangÊliques attachÊs aux injonctions bibliques. Sur son compte Twitter, le prÊsident de la FÊdÊration des Églises ÊvangÊliques baptistes, Thierry Auguste, a d’ailleur indiquÊ :  Pour le moment, Protestants en fête. Mais bientôt, protestants en profondes discussions . Pour Jean-Marc Potenti, responsable de coordination ÊvangÊlique de la FPF et membre du Conseil FPF  En terme de stratÊgie, se retirer ainsi en terme de stratÊgie pour le CNEF aura des consÊquences sur l’avenir dans le dialogue. Si sur le fond, l’ensemble des ÊvangÊliques de la FPF partage les vues thÊologiques du CNEF, Jean-Marc Potenti prÊfÊre faire entendre sa voix de l’intÊrieur plutôt que de se dÊsolidariser de la FPF. Surpris par le retrait du CNEF, Jean-Paul Barquon, secrÊtaire gÊnÊral de l’UFA (Union des fÊdÊrations adventistes) affirme :  Lorsque des croyants se tournent vers Dieu pour lui rendre un culte, nous n’avons pas le droit de faire des croche-pieds ou de porter un jugement de valeur sur les personnes dont l’Êthique nous apparait dÊfectueuse. L’esprit du Christ ne se grave pas seulement sur une profession de foi rÊcitÊe chaque semaine mais se porte dans les coeurs et la conscience de ses disciples. Il est plus facile de se dire  ÊvangÊlique  que de vivre de l’Évangile dans le dialogue et dans l’accueil.  Très mÊcontents du retrait du CNEF, les responsables de la FPF souhaitent toutefois que l’ambiance reste à la fête. Et du côtÊ des participants, ces difficultÊs institutionnelles semblent loin de ce qui se vit.  Viendra le temps des dÊbats, indique Monique, ÊvangÊlique venue de rÊgion parisienne. Mais pour l’heure, nous profitons de la belle occasion d’être tous rÊunis autour d’une foi et de valeurs communes .
Protestantisme international
(Protestinter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Sutherlan Spring, États-Unis - Au Texas, l’Êglise oÚ a eu lieu un massacre sera dÊtruite, comme les autres sites de telles tueries
Les funÊrailles n’avaient pas encore eu lieu. Les hommages n’avaient pas encore ÊtÊ rendus. Les corps n’avaient pas encore ÊtÊ enterrÊs. Mais quelques jours après une des pires tueries en masse dans une Êglise amÊricaine, une chose Êtait sÝre dans cette toute petite
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ville de 600 habitants au Texas : la First Baptist Church de Sutherland Springs sera rasÊe. Le site oÚ, le 5 novembre, un tireur solitaire a tuÊ 25 personnes en tirant des centaines de balles, va faire place à une Êglise neuve, a annoncÊ un reprÊsentant de la dÊnomination. Devenu dÊsormais un rituel amÊricain macabre, les sites de tueries en masse comme Sandy Hook ou Columbine ont ÊtÊ dÊtruits et ensuite rebâtis. Mais certaines Êglises qui ont subi des tueries atroces ont cherchÊ à se rÊapproprier ces espaces sacrÊs dÊjà existants. Ce n’est pas le cas pour la First Baptist. Frank Page, prÊsident et directeur du comitÊ exÊcutif de la Southern Baptist Convention, et Steve Gaines, prÊsident de la SBC, ont confirmÊ la dÊcision de dÊmolir l’Êglise après s’être rÊunis à Sutherland Springs le 7 novembre, avec le pasteur endeuillÊ, Frank Pomeroy.  Nous ne pouvons plus y retourner  relate Frank Page, relayant des propos de membres restants de cette Êglise.  Cela va toujours nous rappeler cette violence atroce contre des innocents . Frank Pomeroy et sa femme Sherri n’Êtaient pas à l’Êglise ce dimanche-là , quand Devin Patrick Kelley, 26 ans, a ouvert le feu. Mais leur fille de 14 ans, Annabelle, a ÊtÊ tuÊe. Frank Page annonce que c’est un donateur anonyme qui va financer la construction d’une nouvelle Êglise. Et la convention du Cadre missionnaire nord-amÊricain s’est proposÊ pour payer tous les enterrements, même si le programme de Compensation des victimes du crime du Texas l’aurait fait.  Nous allons prendre soin des nôtres , explique Frank Page. La structure de l’Êglise pourrait être compromise à cause des centaines de balles qui ont grêlÊ les murs, ajoute le shÊrif Joe Tackitt Jr. de Wilson County. Il dÊcrit une vision macabre de  sang partout  à l’intÊrieur de l’Êglise.  Sans doute que personne ne voudrait revivre cela , note Andy Wyatt, rÊsident de Sutherland Springs qui a crÊÊ des sÊries d’Êtudes bibliques ludiques destinÊes aux enfants de la First Baptist Church, malgrÊ qu’il n’en Êtait pas membre.  Ils mÊritent quelque chose de plus grand et de mieux. On veut reprendre à neuf, quelque chose de nouveau. 
Lieux de tueries souvent dĂŠtruits
Ce genre de renouveau suite à une atrocitÊ de masse a ses prÊcÊdents. L’Êcole secondaire de Columbine, oÚ 13 personnes ont ÊtÊ tuÊes et 21 blessÊes lors d’une tuerie de masse en 1999, a ÊtÊ partiellement reconstruite, notamment la bibliothèque oÚ beaucoup des victimes sont mortes. Le site des tours du World Trade Center, dÊtruits le 11 septembre 2001, est aujourd’hui un complexe rebâti avec des gratte-ciel, un mÊmorial et un musÊe. L’Êcole de Nickel Mines en Pennsylvanie oÚ ont ÊtÊ tuÊes cinq Êcolières amish en 2006, a ÊtÊ rasÊe et reconstruite. À Utoya en Norvège, oÚ 69 personnes— pour la plupart mineures— ont ÊtÊ tuÊes lors d’un camp de jeunes chrÊtien en 2011, on a prÊservÊ un des bâtiments oÚ les victimes sont mortes en l’incorporant dans un bâtiment plus grand avec mÊmorial et centre d’interprÊtation. L’Êcole primaire de Sandy Hook à Newtown, au Connecticut, site d’une fusillade en 2012 qui a tuÊ 20 enfants et 6 adultes, a ÊtÊ dÊtruite et rebâtie. Elle a ÊtÊ inaugurÊe l’annÊe dernière. Aucun de ces endroits n’Êtait des lieux de culte considÊrÊs comme des endroits sacrÊs oÚ les gens viennent pour se tourner vers le divin et retrouver la paix, le calme et la transcendance. Mais ce sont des endroits oÚ les
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gens sont censĂŠs trouver confort, soutien ou guĂŠrison, et non pas pour ĂŞtre terrorisĂŠs et assassinĂŠs.
Se rĂŠapproprier un espace sacrĂŠ
Puisque dans certaines confessions, les lieux de culte sont considÊrÊs comme sanctifiÊs, les fidèles peuvent ressentir le besoin de se rÊapproprier leur espace sacrÊ. Mais on peut le faire de diffÊrentes manières. Michelle Walsh, ministre universaliste unitaire, qui donne des cours à l’UniversitÊ de Boston sur le traumatisme et la thÊologie, a ÊtudiÊ une Êglise universaliste unitaire de Knoxville durant sa pÊriode de rÊcupÊration après qu’un tireur solitaire a tuÊ deux personnes et blessÊ sept autres lors d’un spectacle pour enfants en 2008. Les bancs ont ÊtÊ rÊalignÊs, les murs repeints, un rideau criblÊ de trous de balle a ÊtÊ enlevÊ, mais conservÊ. Une semaine après la tuerie, l’Êglise a reconsacrÊ le sanctuaire lors d’un service durant lequel on a bÊni les endroits oÚ sont tombÊs les morts et accrochÊ une plaque. L’office s’est conclu avec un hymne :  Que le mal ne puisse franchir ce seuil .  J’ai parfois constatÊ qu’il y a une fÊrocitÊ chez les survivants qui disent : Nous avons survÊcu à ceci et nous avons une foi qui survit, même face à un tel ÊvÊnement , explique Michelle Walsh.  Il s’agit de se rÊapproprier le lieu et de le marquer, non pas comme un lieu de mort ou un lieu de perte, mais un lieu de vie . D’autres lieux de culte ont trouvÊ des manières de reprendre le lieu sans le rebâtir. Après que neuf personnes, dont le pasteur, ont ÊtÊ tuÊes lors d’une Êtude biblique dans la cave de l’Église AME Emanuel à Charleston (Caroline du Sud) en 2015, les membres de l’Église ont accrochÊ des tableaux des victimes sur les murs et ont continuÊ à se rÊunir les mercredis soir avec leurs Bibles ouvertes devant eux. Leur sanctuaire historique n’a pas ÊtÊ touchÊ lors de la fusillade. Et encore, quand six personnes ont ÊtÊ tuÊes et quatre blessÊes dans un temple sikh à Oak Creek (Wisconsin) en 2012, les croyants n’ont pas abandonnÊ le sanctuaire. Ils ont même conservÊ certains des trous de balle.  C’est un encadrement pour la blessure , dit Pardeep Kaleka, fils de l’ancien prÊsident de temple, Satwant Singh Kaleka, mort dans le massacre, dans son entretien avec The Associated Press.  C’est la blessure de notre communautÊ, la blessure de notre famille, la blessure de notre sociÊtÊ .
Un miracle cachĂŠ
Mais dans le cas de la tuerie de l’Êglise au Texas, il se peut que face à la gravitÊ du crime il soit nÊcessaire de rebâtir, dit Steven Sewell, un conseiller chrÊtien spÊcialisÊ dans la question du deuil, suite aux traumatismes que vivent les Êglises.  Ce qui arrive parfois dans les Églises (qui vivent un drame) est qu’elles restent dans le même endroit physiquement et spirituellement, alors qu’on est dans une situation impossible , raconte-t-il.  Personne ne veut que son Êglise soit celle oÚ il y a eu cette horreur. Leur manière de reconstruire devient donc ce que j’appelle une grandeur cachÊe. C’est-à -dire que même au sein de toute cette tragÊdie, il y a un miracle cachÊ qui va se rÊvÊler . Dans tous les cas, la First Baptist Church de Sutherland Springs va devoir reconstruire bien plus que son sanctuaire. Environ la moitiÊ de l’assemblÊe, y compris tous les enseignants de l’Êcole de dimanche et plusieurs des responsables de musique, comptent parmi les victimes, affirme Frank Page, le reprÊsentant de la SBC, d’après ce que le pasteur lui a relatÊ.
LibertĂŠ religieuse
(FranceInfo/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Prières de rue : la polÊmique ravivÊe
Depuis huit mois, des fidèles musulmans prient devant la mairie de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) tous les vendredis, faute de salles qui leur conviennent. Le vendredi 10 novembre, des Êlus ont manifestÊ pour interpeller le gouvernement.  Stop aux prières de rue illÊgales , c'est le message de ces dizaines d'Êlus rassemblÊs le vendredi 10 novembre au matin devant la mairie de Clichy (Hauts-deSeine). Ils sont venus à l'appel du maire de la ville, oÚ chaque semaine, des centaines de fidèles musulmans viennent prier. Ils demandent un lieu pour exercer leur culte. Tout commence le 22 mars dernier lorsque la police Êvacue une salle de prière. La mairie, propriÊtaire du bâtiment, veut en faire une mÊdiathèque. En compensation, les Êlus mettent à la disposition des fidèles des anciens bureaux transformÊs en salle de prières. Trop loin, trop exiguÍ selon les associations musulmanes, qui dÊcident alors de prier en pleine rue.
 Ce sont des prières sauvages 
Depuis huit mois, chaque semaine, c'est la même scène pour la prière du vendredi : des centaines, parfois des milliers de fidèles à même la chaussÊe. Pour eux, ces prières ne troublent en rien l'ordre public. Pour le maire de la ville en revanche, la situation est devenue intenable :  C'est un trouble à l'ordre public. Les commerçants qui travaillent autour ne travaillent plus. L'image de ma ville est nÊgative. Ce sont des prières sauvages. Alors que le maire a fait ce qu'il fallait, ici dans cette ville , explique RÊmi Muzeau, maire LR de Clichyla-Garenne. Aujourd'hui, le maire se dit dÊmuni : il en appelle à l'État pour faire cesser ces prières de rue. (La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France
PloĂŤrmel, France - Une pĂŠtition contre le retrait de la croix Ă PloĂŤrmel
Plus de 70 000 personnes ont signÊ une pÊtition en ligne lancÊe par une plateforme conservatrice pour protester contre une dÊcision du conseil d’État de faire retirer une croix surplombant une statue de Jean-Paul II à PloÍrmel (Morbihan). La polÊmique sur la croix de PloÍrmel continue d’agiter. Une pÊtition en ligne a ÊtÊ lancÊe le 30 octobre dernier sur la plateforme CitizenGo, spÊcialiste des mobilisations controversÊes autour des questions de genre notamment, pour s’opposer à son retrait ordonnÊ par le conseil d’État. Depuis, plus de 70 000 personnes l’ont signÊe, sans doute heurtÊes par cette dÊcision qui concerne un monument reprÊsentant le seul pape polonais de l’histoire de l’Église.
Des Polonais veulent dÊfendre les  racines chrÊtiennes de l’Europe 
Le texte, dans sa version polonaise, est adressÊ aux responsables des principaux groupes du Parlement europÊen et à la Cour europÊenne des droits de l’Homme (CEDH), et s’oppose vivement à l’injonction de retrait de la croix considÊrÊe comme une atteinte portÊe  aux racines chrÊtiennes de l’Europe . Le 25 octobre dernier, le symbole religieux a ÊtÊ jugÊ  contraire  à la loi de sÊparation des Églises et de l’État.  Dès lors que la croix constitue un signe ou un emblème religieux au sens de l’article 28 de la loi du 9
dÊcembre 1905 et que son installation par la commune n’entre dans aucune des exceptions mÊnagÊes par cet article, sa prÊsence dans un emplacement public est contraire à cette loi , a expliquÊ le conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française, dans un communiquÊ.
La première ministre polonaise s’indigne
La commune bretonne doit procÊder au retrait de la croix qui surplombe l’imposante statue offerte en 2006 par l’artiste Zourab Tsereteli, dans un dÊlai de six mois. Cette dÊcision a suscitÊ de nombreuses rÊactions sur les rÊseaux sociaux, rÊunies sous le hashtag #MontreTaCroix. Et la polÊmique a traversÊ les frontières. La première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo a annoncÊ que son pays tenterait de  sauver de la censure  la statue de Jean-Paul II.  Notre grand compatriote, un grand EuropÊen, est un symbole de l’Europe chrÊtienne unie , a-t-elle dÊclarÊ, proposant le transfert du monument en Pologne.
La polĂŠmique prend un tour politique
En France, la polÊmique a aussi pris un tour politique, agitant particulièrement la droite et l’extrême droite. La dÊputÊe europÊenne Nadine Morano, qui a proposÊ d’inscrire les racines chrÊtiennes dans la constitution et la dÊputÊe ValÊrie Boyer, auteure d’une tribune dans Valeurs actuelles, figurent parmi les plus mobilisÊes chez les RÊpublicains. (...) Pour clore la polÊmique et plutôt que de retirer la croix du monument, Patrick Le Diffon, le maire de la petite ville bretonne, pourrait faire sortir la  place Saint-Jean-Paul-II  du domaine public, ou bien accepter de dÊplacer l’espace en privÊ.
SociĂŠtĂŠ, Analyses
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Au Liban, des journalistes se forment au pluralisme religieux
Il y a un an, dix-sept jeunes journalistes du monde arabe ont reconnu qu’ils avaient  une mission essentielle pour prÊvenir la spirale de la violence et de la guerre civile , dans un contexte de  montÊe de l’extrÊmisme et de conflits aux contours religieux . Du 18 au 22 octobre 2016, ils ont participÊ à un atelier appelÊ  Journalistes pour une citoyennetÊ inclusive de la diversitÊ et de la libertÊ de religion et de conscience . À l’issue de ce stage, ces professionnels venus d’Irak, de Jordanie et du Liban ont dÊcidÊ de rÊdiger un code de conduite destinÊ aux mÊdias. Chacun s’est notamment engagÊ à s’abstenir de  prendre parti selon sa propre appartenance religieuse  ou celle de son mÊdia ; à  utiliser les expressions adoptÊes par chaque communautÊ religieuse  pour se dÊfinir ; ou encore à ne pas  gÊnÊraliser à tout le groupe le comportement d’un de ses membres ‌
S’employer à  faire tâche d’huile 
Cette formation Êtait une première pour la fondation libanaise Adyan qui, depuis dix ans, travaille à la construction d’une citoyennetÊ ouverte aux diffÊrences. Jusqu’alors, elle avait dÊjà dÊveloppÊ des programmes d’enseignement à l’Êcole, des rencontres interreligieuses, ou la crÊation d’un site Internet consacrÊ au  pluralisme  (taadudyia en arabe)‌  Vu l’influence des journalistes sur l’opinion publique du monde arabe, nous avons dÊcidÊ de bâtir un programme pour eux , explique Dalia Al Mokdad, respon-
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sable du dÊpartement mÊdia. Depuis, les 17 ex-stagiaires s’emploient à faire tache d’huile. Le Libanais Mohammad Al Arab a prÊsentÊ le code de conduite à l’Union africaine arabe des mÊdias numÊriques. Plusieurs articles ont dÊjà ÊtÊ repris dans le règlement intÊrieur de cet organisme et son comitÊ juridique envisage de  l’adopter officiellement , indique Dalia Al Mokdad. En Irak, le texte a ÊtÊ prÊsentÊ au conseil d’administration de la Commission de la communication et des mÊdias à Bagdad, qui s’est engagÊ à le diffuser. Surtout, lors de la bataille de Mossoul au dÊbut de l’annÊe, un des anciens stagiaires, Mohammad Al Moemen, a tenu à interviewer des personnalitÊs religieuses et politiques  sur la rÊconciliation entre les diffÊrentes communautÊs .
(Observatoire Pharos/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Le Vatican plaide à l’ONU pour la dÊfense des minoritÊs religieuses
Le secrÊtaire du Saint-Siège pour les relations avec les États a lancÊ un appel en marge de la 72e session de l’AssemblÊe gÊnÊrale des Nations Unies pour protÊger les minoritÊs religieuses dans le monde. Le mÊdia catholique Zenit, qui couvre l’actualitÊ de l’Église et du monde depuis Rome, propose une traduction de ce discours.
Un discours d’intention dÊsincarnÊ
Mgr Paul Richard Gallagher, prÊlat britannique qui a pris la tête des services diplomatiques du Vatican en 2014, a prononcÊ un discours fort sur la nÊcessaire  sauvegarde des minoritÊs religieuses dans les situations de guerre et de conflits . Il appelÊ non seulement à prÊvenir les risques de gÊnocide, mais aussi à un  examen des causes profondes de leur discrimination et leur persÊcution . S’appuyant sur trois rapports publiÊs en 2016 – celui de la Commission des États-Unis sur la libertÊ religieuse internationale, celui de l’organisation catholique Aide à l’Église en DÊtresse et celui du rapporteur spÊcial des Nations Unies sur la libertÊ de religion et de conviction – il a ÊnoncÊ toutes les persÊcutions que peuvent subir les minoritÊs dans le monde, des condamnations pour blasphème au nettoyage ethnique. Tout en mentionnant la  recrudescence d’actes antisÊmites  et les  sÊrieuses persÊcutions  dont sont victimes nombre de musulmans, il a soulignÊ que  les chrÊtiens restent les plus persÊcutÊs . Rappelons que les chrÊtiens (toutes Églises confondues) reprÊsentent la plus importante communautÊ de croyants au niveau international. Il est à noter que Mgr Gallagher n’a citÊ aucune minoritÊ, ni fait rÊfÊrence à aucun territoire, si ce n’est une rÊfÊrence à l’État islamique. Cela traduit la volontÊ d’un discours gÊnÊraliste, Ênonciateur de principes fondamentaux mais ne permettant pas de mobiliser largement et rapidement en faveur, par exemple, des Rohingyas persÊcutÊs en Birmanie. Sept leviers pour protÊger les minoritÊs  Que faut-il pour protÊger les minoritÊs religieuses ?  s’est interrogÊ le prÊlat. Sept ÊlÊments ont ÊmaillÊ son discours, comme autant de pistes à explorer par les États membres des Nations Unies. 1. Agir, dans l’urgence, là oÚ les minoritÊs sont menacÊes. Cela appelle non seulement à une mobilisation massive face à l’urgence humanitaire, notamment au Moyen-Orient, mais Êgalement à penser le retour et la
BIA - N° 419 - Novembre 2017 - 8 rĂŠintĂŠgration des minoritĂŠs ethniques et religieuses dans leurs lieux d’origine. 2. Promouvoir l’Êtat de droit et l’ÊgalitĂŠ de tous devant la loi, ÂŤ mĂŞme dans les endroits oĂš une religion bĂŠnĂŠficie d’un statut constitutionnel spĂŠcial Âť 3. Renforcer la ÂŤ collaboration religieuse entre les communautĂŠs et l’État Âť. Reprenant les mots du pape François en visite Ă l’UniversitĂŠ Al-Azhar en avril 2017, Mgr Gallagher a mis en garde contre ÂŤ le risque [pour la religion] d’être absorbĂŠe par l’administration des affaires temporelles et tentĂŠe par l’attrait des puissances terrestres qui l’exploitent Âť si les sphères religieuses et politiques, tout en entretenant des relations, ne sont pas autonomes l’une de l’autre. 4. Condamner l’appropriation d’un argumentaire religieux pour propager la violence. C’est une injonction faite aux responsables religieux pour couper court aux justifications du terrorisme ou de la violence sous toutes ses formes ÂŤ au nom de Dieu Âť. 5. Promouvoir un dialogue interreligieux ÂŤ efficace Âť face aux cyniques qui voient dans les affrontements entre croyants de diffĂŠrentes la marche normale du monde. 6. Encourager l’Êducation, y compris l’Êducation religieuse pour contrevenir aux risques de ÂŤ radicalisationÂť. 7. Sur la scène internationale, empĂŞcher les transferts financiers et d’armes Ă destination de groupes portant atteintes aux minoritĂŠs religieuses. Ces sept recommandations classiques reprennent une grande partie du discours du pape François Ă l’UniversitĂŠ Al-Azhar, au Caire, plus tĂ´t cette annĂŠe. Elles s’adressent, en premier lieu, aux dĂŠcideurs politiques et ne font qu’une faible place aux acteurs de la sociĂŠtĂŠ civile, pourtant particulièrement prĂŠsents dans les domaines de la protection des minoritĂŠs et du dialogue interreligieux. La position de l’Église catholique sur les minoritĂŠs religieuses Cette prise de parole – attendue et consensuelle – de la part d’un reprĂŠsentant du Vatican, est l’occasion de revenir sur les relations entretenues entre l’Eglise catholique romaine et les autres religions. Ces rapports, notamment avec les communautĂŠs non-chrĂŠtiennes, ont ĂŠtĂŠ renforcĂŠs depuis le Concile Vatican II. La dĂŠclaration Nostra Aetate, publiĂŠe par Paul VI en 1965, examine ÂŤ ce que les hommes ont en commun Âť et en premier lieu les questions existentielles qu’ils peuvent partager. Il s’agit d’un texte court et gĂŠnĂŠral, portant sur ÂŤ les diverses religions non-chrĂŠtiennes Âť puis sur l’islam et le judaĂŻsme. Tout en rappelant son attachement au Christ qui est ÂŤ la voie, la vĂŠritĂŠ et la vie Âť (Jn 14.6), l’Église y reconnaĂŽt que les autres traditions religieuses ÂŤ reflètent souvent un rayon de la vĂŠritĂŠ qui illumine tous les hommes Âť. Le texte ĂŠvoque donc davantage des lignes directrices selon lesquelles les fidèles catholiques doivent entretenir des relations avec d’autres croyants, mais ne mentionne que peu les minoritĂŠs religieuses. Il est nĂŠanmoins rappelĂŠ que ÂŤ L’Église rĂŠprouve toutes les persĂŠcutions contre tous les hommes Âť et ÂŤ toute disCommission paritaire DĂŠpĂ´t lĂŠgal
: renouvellement en cours N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne
crimination ou vexation dont sont victimes des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion Âť. (La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - 40 pays favorisent officieusement une religion, selon une ĂŠtude
L’institut amÊricain Pew Research Center a publiÊ une Êtude sur les relations entre États et religions. Outre les 43 pays dans le monde qui ont une religion d’État, l’Êtude en compte presque autant qui, bien qu’Êtant laïcs, favorisent dans les faits une religion. Quelle est l’attitude des États envers les religions ? C’est ce que propose de recenser une Êtude du Pew Research Center, institut amÊricain spÊcialisÊ sur l’observation des religions. PubliÊe le mardi 3 octobre, ce recensement Êtablit une classification en quatre catÊgories de 199 pays selon leur attitude vis-à -vis des religions. Ces quatre catÊgories sont  : les pays ayant une religion officielle, ou religion d’État, les pays ne reconnaissant aucune religion (qui reprÊsentent plus de la moitiÊ des pays ÊtudiÊs), les pays hostiles aux groupes religieux, et enfin, point original de cette Êtude, les pays qui favorisent officieusement une religion. Le Pew Research Center recense ainsi 43 pays ayant une religion d’État. La plupart d’entre eux sont des pays musulmans, d’Afrique du Nord et de la PÊninsule arabique, sans oublier l’État juif d’IsraÍl. Mais on compte aussi plusieurs pays chrÊtiens, dont bien-sÝr le Royaume-Uni anglican, mais aussi les catholiques Costa Rica et RÊpublique dominicaine, ainsi que deux pays officiellement bouddhistes, le Bhoutan et le Cambodge. Dans ces pays, la religion officielle figure gÊnÊralement dans la Constitution, et le chef de l’État est bien souvent tenu d’y appartenir. À noter que l’Êtude, basÊe sur des donnÊes de 2015, compte encore parmi ces pays la Norvège, oÚ l’État et l’Église sont sÊparÊs depuis le 1er janvier 2017. L’Êtude dresse Êgalement une liste de dix États hostiles à toutes les religions. Parmi eux, la Chine, Cuba, la CorÊe du Nord, et plusieurs anciennes rÊpubliques soviÊtiques d’Asie centrale. Enfin, l’institut amÊricain liste 40 pays qui, selon lui, favorisent une religion par rapport aux autres, bien que n’ayant pas de religion d’État officielle. Selon l’Êtude, qui se base sur l’analyse des constitutions, des lois fondamentales et de diffÊrentes institutions des pays concernÊs, ces pays  ont des politiques ou actions gouvernementales qui favorisent clairement une religion par rapport aux autres, typiquement, avec des avantages lÊgaux, financiers ou autres.  L’Êtude prend l’exemple du Laos, dont la constitution prÊcise que l’État  soutient et encourage  le clergÊ bouddhiste et les fidèles qui œuvrent  pour le bien, du pays . Ou encore le cas de la Russie, oÚ l’Église orthodoxe bÊnÊficie clairement d’une proximitÊ singulière avec le pouvoir politique.  La libertÊ religieuse figure dans la constitution de beaucoup de ces pays , conclut le Pew Research Center.  Bien que, dans les faits, ils ne traitent pas toutes les religions à ÊgalitÊ. 
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