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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 39e annÊe • n° 421 - Janvier 2018
Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste 2 2 2 4
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Nouvelles des Églises adventistes
Paris, France - Comprendre la vocation pastorale des pasteurs adventistes Paris, France - Ouverture de Hope Channel-France Silver Spring, États-Unis - Pourquoi les adventistes ne sont pas des fondamentalistes ?
Protestantisme mondial
Dßsseldorf, Allemagne - Le dialogue avec les musulmans ne doit pas viser à les convertir Genève, Suisse - Calvin pour la première foi en langue arabe Genève, Suisse - La foi ÊvangÊlique se vit en tension entre  objectivitÊ et subjectivitÊ 
LibertĂŠ religieuse
(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Paris, France - Climat de confiance entre Macron et les reprÊsentants religieux Paris, France - Emmanuel Macron veut relancer l’enseignement du fait religieux à l’Êcole
Paris, France - Associations cultuelles : le gouvernement veut retoucher discrètement la loi 1905
Paris, France - La condamnation de Christine Boutin pour ses propos sur l’homosexualitÊ a ÊtÊ annulÊe Hambourg, Allemagne - L’universitÊ de Hambourg encadre les pratiques religieuses de ses Êtudiants
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 2
Les vĹ“ux de la rĂŠdaction Le service de presse adventiste vous prĂŠsente ses vĹ“ux les plus chaleureux pour cette nouvelle annĂŠe 2018 en espĂŠrant des jours exceptionnels : santĂŠ, bonheur et prospĂŠritĂŠ. Comme l’aďŹƒrmait Jacques BĂŠnigne BOSSUET : ÂŤ Il faut laisser le passĂŠ dans l'oubli et l'avenir Ă la providence Âť.
Nouvelles des Églises adventistes
L’athÊe convaincue, c’est la personne qui ne croit pas en Dieu, qui pense même que la religion est une mauvaise chose et, par consÊquent, qu’il faut s’en dÊbarrasser. Certains sont allÊs jusqu’à copier les rites religieux (BIA) - Dammarie-les-Lys, France pour crÊer des formes de religions sans Dieu : c’est le Paris, France – Comprendre la vocation cas des  Sunday Assembly , nÊe à Londres, et qui existent dans un certain nombre de grandes villes, y pastorale des pasteurs adventistes compris à Paris, et rassemblent pour certaines plusieurs Depuis quatre ans, les Êglises adventistes des FÊdÊrations de France et de Belgique vivent une fois par an, au centaines de personne le dimanche : on chante, on se mois de janvier, un service liturgique avec une prÊdication retrouve, on lit des textes philosophies. L’athÊisme desur grand Êcran. Une vidÊo est donc rÊalisÊe par le dÊpar- vient alors une forme de religion. Dans certains pays, il tement des communications de l’Union des FÊdÊrations est reconnu au même titre que les religions : en Belgique, par exemple, oÚ, comme les religions sont subventionadventistes de France et de Belgique (UFB). nÊes par l’État, l’athÊisme organisÊe bÊnÊficie aussi de Le 13 janvier, les Êglises ont pu mesurer l’ampleur de la l’aide de l’État et d’un statut. vocation pastorale, thème proposÊ aux Êglises. GÊnÊraleEn France, l’athÊisme ne progresse pas particulièrement, on ne sait pas toujours comment s’articule la vocation pastorale d’un pasteur alors que l’on entend chaque ment mais c’est l’indiffÊrence religieuse qui prend dasemaine leurs prÊdications dans les diffÊrentes Êglises. La vantage d’ampleur. Cette Êvolution ne condamne pas rÊalisation technique a ÊtÊ prÊparÊ par l’Êquipe de Hope systÊmatiquement la religion qui peut resurgir à un moChannel-France (service de programmes tÊlÊvisÊs et ment de la vie pour redisparaitre par la suite. vidÊos). En France on distingue deux groupes minoritaires, les athÊs (15%) les croyants pratiquants (10%), et entre (BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France - Ouverture de Hope Channel les deux, il y a un espace indÊterminÊ de plus en plus mouvant selon les experts.
France
Le samedi 13 janvier s’est mis en place, en français, Hope Channel France (HCF).
HCF est une des 43 antennes de Hope Channel, (service de programmes tÊlÊvisÊs et vidÊos) dont les Êmissions sont Êmises dans le monde en 39 langues. HCF diffuse en français sous la responsabilitÊ de Jethro Camille. La mission est de partager la bonne nouvelle de l’Évangile et de comprendre les diffÊrents messages bibliques. Les programmes touchent la foi chrÊtienne, l’homme face à la spiritualitÊ et la religion, la santÊ, la famille, l’Église et le interrogations que l’on se pose au sein du christianisme.
Les programmes des 43 antennes dans le monde sont adaptÊs à la culture locale et diffusÊs dans de nombreuses langues, dont l'espagnol, le portugais, l'allemand, le roumain, le mandarin, le russe, le tamoul, l'hindi, l'ukrainien, l'arabe, le farsi et le tÊlougou. Il y a de multiples façons de regarder les Êmissions de Hope Channel !
Dans l’occident francophone, la sociÊtÊ n’est pas une sociÊtÊ religieuse puisqu’en dehors des croyants des religions traditionnelles, il existe une montÊe très forte de l’indiffÊrence religieuse. Les programmes de Hope Channel-France ne sont pas des chrÊtiens qui s’adressent à d’autres chrÊtiens. Mais des adventistes qui exposent foi et tÊmoignage, convictions et croyances, confiance en Dieu et raison biblique, etc.
Si, en France 20 % de la population se dit athÊe, c’est de loin, en Europe à l’exception de la TchÊquie et de l’ancienne Allemagne de l’Est.
C’est pour ces indiffĂŠrents Ă la religion que certaines ĂŠmissions de Hope Channel-France sont prĂŠparĂŠes selon Jean-Paul Barquon responsable du dĂŠpartement des communications de l’Union franco-belge.  Hope channel France c’est sur : http://hopechannel.fr
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Silver Spring, Maryland, États-Unis - Pourquoi les adventistes du septième jour ne sont pas des fondamentalistes ?
 Les adventistes du septième jour ne sont pas des fondamentalistes,  a dÊclarÊ Nicholas Miller, professeur d’Histoire de l’Église à l’UniversitÊ Andrews, lors de l’ouverture de la session plÊnière de la confÊrence  Situer l’histoire adventiste  le 8 janvier sur le campus de l’UniversitÊ adventiste de Washington à Takoma Park, dans le Maryland. Le programme de l’Association des historiens adventistes, sponsorisÊ par le Bureau des Archives, des statistiques et de la recherche et par l’UniversitÊ adventiste de Washington, a rÊuni des dizaines d’historiens adventistes, des chercheurs et des professeurs pour deux jours de prÊsentations, et de dÊbat.
La prÊsentation de Nicholas Miller, intitulÊe a apportÊ des preuves historiques qui montrent comment l’adventisme, tout en Êtant un mouvement conservateur, a en grande partie pu Êviter certains pièges fondamentalistes, adoptant une approche plus ÊquilibrÊe pour diverses questions, y compris l’inspiration des Saintes Écritures. C’est quelque chose, a dit Nicholas Miller, qui est enra-
BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 3 cinÊ dans les idÊes qui ont influencÊ les dÊbuts de l’histoire de la dÊnomination, quelque chose qui souligne l’importance de la recherche sur l’histoire adventiste.
Conservateur et pragmatique
Loin du fondamentalisme
aux races et aux femmes, par exemple, qui jusqu’à prÊsent avait ÊtÊ pragmatiquement progressiste. 
Nicholas Miller a discutÊ des tensions adventistes historiques au sujet de l’idÊe d’inspiration, un ÊlÊment Pourquoi les adventistes devraient-ils se sous-jacent de ce dÊveloppement dynamique de la comprÊhension adventiste. Alors que les fondamentasoucier de l’histoire ? listes ont gÊnÊralement dÊfendu l’inerrance verbale des C’est aussi l’avis de David Trim, le directeur des Saintes Écritures, c’est-à -dire le fait que la Bible ne Archives, des Statistiques et de la Recherche pour comporte aucune erreur quel que soit le domaine et l’Église adventiste au niveau mondial. Dans ses re- quel que soit l’aspect considÊrÊ, les adventistes du sepmarques d’ouverture, il a dÊclarÊ que bien que les re- tième jour, dans l’ensemble, n’ont pas souscrit à cette cherches dans le domaine de l’histoire de l’Église aient vision.  Les adventistes du septième jour ont adoptÊ explosÊ au cours des dernières dÊcennies, il est essen- une vision ÊlevÊe des Écritures, mais ne croient pas en tiel d’Êtablir un contexte pour beaucoup de ces Êtudes. l’inerrance verbale de la Bible,  a-t-il dit. La même  L’histoire adventiste est en pleine transformation,  a- chose s’applique aux Êcrits d’Ellen White. Elle-même t-il indiquÊ,  mais il nous faut contextualiser, placer les n’a pas soutenu cette thÊorie, a dÊclarÊ Nicholas Milchoses dans une situation plus large,  a-t-il ajoutÊ. ler. Pourquoi ? Dans une interview donnÊe en marge de Après la mort d’Ellen G. White en 1915, son fils la confÊrence, David Trim a expliquÊ que pour se com- William White a essayÊ de maintenir en vie la vision prendre, il est essentiel que les adventistes soient qu’avait sa mère de l’inspiration, en s’opposant aux conscients des forces qui ont fait d’eux ce qu’ils sont mouvements soutenant l’inerrance verbale, a dÊclarÊ aujourd’hui, et comment certaines de ces forces influen- Nicholas Miller. Mais le dÊveloppement de la pensÊe cent encore leur façon d’agir et les dÊcisions qu’ils pren- chrÊtienne libÊrale a encouragÊ les dirigeants advennent.  Les adventistes n’existent pas dans le vide,  tistes à se ranger du côtÊ des fondamentalistes sur de a-t-il dit.  Ils font partie d’un ensemble spÊcifique de nombreux sujets au cours des deux dÊcennies qui ont circonstances gÊographiques et historiques qui affec- suivi, et l’idÊe d’inerrance verbale s’est infiltrÊe dans tent leurs plans et projets, même la façon dont ils voient l’Église.  C’est quelque chose qui a fini par changer leur mission.  l’approche de l’Église à propos des questions relatives À cet Êgard, la prÊsentation de Nicholas Miller a mentionnÊ certaines idÊes qui apportent des ÊlÊments de contexte et qui ont influencÊ l’adventisme dès ses origines. Il a spÊcifiquement fait rÊfÊrence à trois notions qui, selon lui, ont façonnÊ la pensÊe des pionniers adventistes.  Les pionniers ne croyaient pas que des preuves absolues Êtaient nÊcessaires pour comprendre la vÊritÊ. Ils croyaient dans le rôle jouÊ par leur jugement pour comprendre la vÊritÊ,  a-t-il dit dans un premier point.
Nicholas Miller a Êgalement expliquÊ que contrairement aux fondamentalistes, les pionniers adventistes, y compris la co-fondatrice de l’Église, Ellen G. White, pensaient que la comprÊhension de la vÊritÊ Êtait fondÊe sur la Parole de Dieu, mais qu’il Êtait Êgalement possible d’obtenir d’importantes connaissances à partir du  livre de la nature et aussi en voyant Dieu à l’œuvre dans la vie des humains.  C’est quelque chose, a-t-il dit, qui a permis aux pionniers adventistes d’arriver à des conclusions diffÊrentes de celles d’autres fondamentalistes chrÊtiens sur des sujets tels que le châtiment Êternel, la possibilitÊ pour les femmes de parler à l’Église et la libÊration des esclaves, pour ne citer que ces exemples.
Enfin, les premiers adventistes ont ÊtÊ influencÊs par la notion du gouvernement moral de Dieu en tant que prÊsupposition en matière d’interprÊtation, ce qui, selon Nicholas Miller, amène à considÊrer les versets bibliques problÊmatiques à travers la lentille de la bontÊ de Dieu.  Ainsi, par exemple, lorsque la Bible parle du feu Êternel,  a dit le professeur Miller,  les premiers adventistes ont cherchÊ des explications alternatives, puisque pour eux un Dieu bon ne punirait jamais ses enfants pour l’ÊternitÊ. 
 Tout cela fait de l’adventisme un courant religieux diffÊrent du fondamentalisme,  a-t-il dit.
Actuellement, nous vivons à une Êpoque d’internationalisme croissant dans l’adventisme, a dÊclarÊ le professeur Miller.  Dans ce contexte, nous avons une Église conservatrice, mais à maintes reprises, elle a prouvÊ qu’elle n’Êtait pas fondamentaliste,  a-t-il conclu.
Alec Ryrie, professeur et auteur à l’UniversitÊ de Durham, en Angleterre, semblait être d’accord avec la thèse de Nicholas Miller. En discutant de la place de l’adventisme dans l’histoire Protestante, il a indiquÊ que l’adventisme avait ÊvitÊ les pièges qui ont coulÊ d’autres mouvements.
 Historiquement, les mouvements Protestants se mÊfiaient des gouvernements, ils ont refusÊ de s’impliquer dans la politique, ou alors ont tout simplement ignorÊ le gouvernement,  a dit Alec Ryrie.  Mais les adventistes du septième jour ont choisi une autre voie. Ils parlaient de voter et de participer à la vie dÊmocratique. Et dans la Guerre civile amÊricaine, tout en s’opposant à l’esclavage, ils ont exprimÊ leur opposition contre les deux côtÊs de la confrontation. 
La même chose s’applique lorsqu’il est question de pensÊe apocalyptique. Après que JÊsus ne soit pas revenu sur Terre en 1844, les adventistes ont ÊvitÊ de choisir d’autres dates ou de s’Êloigner de la pensÊe apocalyptique.  Les adventistes du septième jour ont choisi une troisième option,  a dÊclarÊ Alec Ryrie, qui n’est pas membre de l’Eglise adventiste lui-même.  Ils ont expliquÊ que la date Êtait correcte, mais pas l’ÊvÊnement. 
Alec Ryrie croit que contrairement à d’autres dÊnominations, une partie du succès de l’Adventisme est qu’il a rÊussi à s’accrocher à la pensÊe apocalyptique sans devenir dÊsÊquilibrÊ.  L’adventisme est essentiellement pragmatique,  a-t-il dit.
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Protestantisme mondial
(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
DĂźsseldorf, Allemagne - Le dialogue avec les musulmans ne doit pas viser Ă les convertir
D’après Barbara Rudolph, membre du secrÊtariat administratif de l’Église rÊgionale de RhÊnanie, les chrÊtiens ne doivent pas aborder systÊmatiquement le dialogue avec les musulmans avec l’objectif de les convertir à leur foi.  Une telle dÊmarche peut mener à une conversion, mais en règle gÊnÊrale, le dialogue avec les musulmans ne doit pas obligatoirement mener à cela , a dÊclarÊ la thÊologienne au Service de presse protestant (EPD) à Dßsseldorf. Le synode rÊgional de l’Église protestante de RhÊnanie prÊvoit une prise de position thÊologique sur les Êchanges entre les deux religions. Une première proposition sur ce thème dÊfend l’idÊe d’une attitude de respect et d’estime envers  l’altÊritÊ dans la foi, et les croyances qui l’accompagnent . Barbara Rudolph a dÊfendu ce document contre les critiques qui y voyaient une posture trop tiède.  Nous la considÊrons, au contraire, comme tout à fait offensive , a dÊclarÊ cette directrice du dÊpartement  ThÊologie et ŒcumÊnisme  du secrÊtariat administratif de l’Église rÊgionale :  Nous nous lançons un dÊfi : celui de prendre vraiment au sÊrieux la diversitÊ et le pluralisme religieux de notre sociÊtÊ . Les Êchanges avec les reprÊsentants des communautÊs musulmanes pour la prÊparation de fêtes de quartier n’ont pas pour objectif la conversion de ces personnes, a poursuivi Barbara Rudolph. Ils visent cependant à expliquer et à clarifier  pourquoi nous nous engageons dans ces espaces, en notre qualitÊ de chrÊtiens, et avec quelles intentions . Cela implique  certainement la transmission du message du Christ , a affirmÊ la thÊologienne.
Le reflet thÊologique de l’expÊrience
Le dÊbat à l’ordre du jour au synode doit  se faire le reflet thÊologique de l’expÊrience accumulÊe depuis 30 ans par nos fidèles dans leurs rencontres avec des musulmans . Il s’agit d’offrir une orientation d’ordre thÊologique aux presque 700 paroisses rhÊnanes. Avec près de 2,6 millions de fidèles, l’Église de RhÊnanie est la deuxième des 20 Églises rÊgionales protestantes allemandes en terme de population.  Certaines communautÊs n’ont quasiment aucun contact avec l’islam , a prÊcisÊ Barbara Rudolph. Cellesci restent le plus souvent particulièrement sur la rÊserve.  Et d’autres, comme celles de Duisbourg, de Cologne, de Solingen ou d’Essen, entretiennent depuis longtemps des relations fructueuses avec cette religion.  Dans ces cas-là , on peut, par exemple, se demander comment impliquer des musulmans dans un culte œcumÊnique organisÊ en ouverture d’une fête de quartier. D’autres interrogations très concrètes seront Êgalement abordÊes :  Comment gÊrer la cÊlÊbration d’un culte de NoÍl dans les Êcoles primaires ? Et le mariage entre une chrÊtienne et un musulman ?  (ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Calvin pour la première fois en langue arabe
 L’Institution de la religion chrÊtienne , l’une des œuvres majeures du rÊformateur Jean Calvin a ÊtÊ traduite en arabe, selon le site Riforma.it qui qualifie cette publication de  contribution majeure pour les protestants au Moyen-Orient , Êtant donnÊ que  la plupart des Êcrits thÊologiques qui ont façonnÊ la sociÊtÊ occidentale au
cours des 500 dernières annÊes sont absents des Êtagères des bibliothèques  de cette rÊgion du monde. Le manque de textes religieux chrÊtiens traduits dans la quatrième langue la plus parlÊe au monde concerne principalement le protestantisme. C’est pour combler ce vide que George Sabra, prÊsident de l’École de thÊologie du Proche-Orient (NEST) à Beyrouth au Liban, a dÊcidÊ, il y a quelques annÊes, de traduire en arabe ce qu’il considère comme l’un des traitÊs le plus important de la thÊologie protestante au XVIe siècle.  C’est une œuvre majeure de la RÊforme qui a façonnÊ le protestantisme europÊen et amÊricain et plus largement la sociÊtÊ occidentale depuis des siècles. En ce sens, il est toujours d’actualitÊ , dÊclare le chercheur à propos du traitÊ de thÊologie systÊmatique du rÊformateur. Le volume a ÊtÊ prÊsentÊ rÊcemment au NEST à Beyrouth. La traduction à partir de l’Êdition anglaise a ÊtÊ assurÊe par les pasteurs Adib Awad, Walid Harmoush et Victor Makari. La rÊvision de la langue arabe a ÊtÊ faite par Souhel Sleiman et l’Êdition par George Sabra. Ce travail a ÊtÊ financÊ par la Fondation pour l’aide au protestantisme rÊformÊ, en France et l’organisation missionnaire GZB des Pays-Bas. La difficultÊ de publication de cet ouvrage de 1500 pages a Êgalement ÊtÊ liÊe à la difficultÊ de trouver un Êditeur. Les Êditeurs musulmans n’ont que peu d’intÊrêt pour la thÊologie chrÊtienne et les Êditeurs catholiques sont refroidis par les propos très vifs de Calvin qui parle de la messe comme d’une abomination, souligne Christianity Today. (Protest/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - La foi ÊvangÊlique se vit en tension entre  objectivitÊ et subjectivitÊ 
 Le mot  ÊvangÊlique  attire l’attention aujourd’hui comme il ne le faisait pas quand j’Êtais jeune, grâce à la progression de ce mouvement et grâce à l’essoufflement d’autres confessions. La question de son identitÊ se pose donc avec davantage d’identitÊ , a rappelÊ le thÊologien ÊvangÊlique Henri Blocher, en dÊbut de la confÊrence publique qu’il a donnÊe à la haute Êcole de thÊologie, HETpro, à St-LÊgier (VD).  La question de l’identitÊ du mouvement ÊvangÊlique se pose avec davantage d’insistance , a rappelÊ l’ancien professeur de thÊologie systÊmatique de la facultÊ libre de thÊologie ÊvangÊlique de Vaux-sur-Seine (78). Mais au vu de la variÊtÊ des courants se reconnaissant comme  ÊvangÊliques , rÊpondre à cette question est difficile : du moins, il n’est pas possible d’en dÊfinir exactement les  zones frontières , raison pour laquelle le thÊologien s’est proposÊ de plutôt prÊsenter les axes centraux de la thÊologie de ce mouvement. Henri Blocher n’est pas le premier à se livrer à cet exercice, il a notamment rappelÊ les travaux de l’anglais John Stott qui a dÊfini le mouvement ÊvangÊlique comme  conversionistes ,  biblicistes ,  crucicentristes  et  activistes  ou dit en d’autres mots, ils accordent une importance primordiale à la conversion individuelle, à la Bible, à la croix, et à l’engagement individuel. Mais Henri Blocher propose plutôt une structure binaire.  Le mouvement ÊvangÊlique se caractÊrise par un accent sur l’objectivitÊ, le souci de la subjectivitÊ et il y a un lien entre les deux. 
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ObjectivitĂŠ dans le rapport Ă la Bible
ObjectivitÊ parce que les ÊvangÊliques  recherchent l’entier respect de l’Écriture . Et le thÊologien de prÊciser  cela s’oppose au traitement historico-critique à partir du moment ou l’interprète se considère comme capable de trier ce qui convient et ce qui ne convient pas dans le texte biblique. Le mouvement ÊvangÊlique s’oppose à l’usage abusif de l’historico-critique et de l’hermÊneutique. On observe qu’aujourd’hui, c’est au nom de l’hermÊneutique que l’on s’autorise des comportements opposÊs à ce qui est prescrit dans les Écritures , dÊnonce le thÊologien. Le mouvement ÊvangÊlique dÊfend, notamment une morale sexuelle très stricte au nom d’une lecture littÊraliste de la Bible.  Il y a des thÊologiens non ÊvangÊliques qui ont des positions ambiguÍs sur l’historicitÊ de la rÊsurrection de JÊsus , ajoute le chercheur.  Et d’autres ÊlÊments du crÊdo sont touchÊs! Il n’y a pratiquement que les ÊvangÊliques qui dÊfendent l’historicitÊ de la naissance virginale de JÊsus. Et en dehors des ÊvangÊliques ils sont encore moins nombreux à croire en l’historicitÊ de la chute. (NDLR le pÊchÊ ayant entrainÊ une rupture avec Dieu et l’expulsion du Jardin d’Eden.) Chez certains ÊvangÊliques on trouvera un Adam collectif, mais dans tous les cas l’historicitÊ de la rupture. 
SubjectivitĂŠ
Henri Blocher entend par subjectivitÊ essentiellement l’engagement individuel, dans la lignÊe des piÊtistes allemands ou des puritains anglais, par exemple. Les formes peuvent toutefois être variÊes, notamment sur l’usage du corps : retenue ou expressivitÊ durant le culte.  Pour l’appartenance à l’Église visible, d’autres Églises n’exigent pas un engagement marquÊ , rappelle le thÊologien.  Ces deux insistances, objective et subjective, sont polairement opposÊes, mais pour aller dans l’axe du mouvement ÊvangÊlique, il faut aller dans ces deux sens , conclut-il. InterrogÊ par un auditeur sur la question de la diffÊrence entre fondamentalisme et ÊvangÊlisme, Henri Blocher rÊpond :  Je ne me dÊfinis pas comme fondamentaliste, mais lorsque l’on me colle cette Êtiquette, je l’assume ! Mais je dÊfinis ce que j’entends par fondamentaliste !  PrÊsentant une Êtymologie de ce terme faisant rÊfÊrence à une publication amÊricaine des annÊes 1910-1920 prÊsentant les fondamentaux de la foi. Un texte qu’il peut assumer.
LibertĂŠ religieuse
(Le Monde des Religions/LibĂŠration/BIA) Dammarie-lesLys, France
Paris, France - Climat de confiance entre Macron et les reprĂŠsentants religieux
Les reprÊsentants des six principaux cultes en France (catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif, bouddhiste) ont ÊtÊ reçus, le jeudi 21 dÊcembre, par le prÊsident de la RÊpublique, en prÊsence du ministre de l’intÊrieur, GÊrard Collomb, et du ministre de l’Êducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Ils sont sortis enchantÊs de leur rÊunion de deux heures avec Emmanuel Macron.  Le prÊsident de la RÊpublique envisage clairement les religions comme des partenaires , s’est enthousiasmÊ à la sortie de la rencontre le pasteur François Clavairoly, prÊsident de la FÊdÊration protestante de France (FPF).
Les participants ont soulignĂŠ que c’Êtait la première fois qu’une rĂŠunion de ce type, entre le chef de l’État et les reprĂŠsentants des cultes, avait lieu en l’absence d’une crise ou d’un attentat. Celle-ci est vraisemblablement appelĂŠe Ă se reproduire. ÂŤ On s’est dit : â€œĂ€ très bientĂ´t.â€? Ce qu’on a vĂŠcu ĂŠtait une sorte de prologue Ă l’instance de dialogue annoncĂŠe par GĂŠrard Collomb, a estimĂŠ François Clavairoly, le prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante de France (FPF), interrogĂŠ Ă l’issue de cette rencontre. Olivier Ribadeau Dumas, le secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de la ConfĂŠrence des ĂŠvĂŞques de France, a vantĂŠ de son cĂ´tĂŠ ÂŤ la qualitĂŠ d’Êcoute et la volontĂŠ constructive Âť de leur interlocuteur qui, selon HaĂŻm Korsia, le grand rabbin de France, ĂŠtait lĂ ÂŤ pour [les] entendre Âť. ÂŤ Les religions font partie de la vie de la nation Âť, a affirmĂŠ M. Macron, selon un participant.
Les cultes consultĂŠs sur la bioĂŠthique
Cette rÊunion n’avait pas d’ordre du jour prÊcis mais elle prÊcède de peu le discours d’Emmanuel Macron sur la laïcitÊ, dont il a confirmÊ à ses hôtes qu’il interviendrait  dÊbut 2018 . Le prÊsident de la RÊpublique les a comblÊs en rappelant dans son propos liminaire que, selon la philosophie de la loi de 1905,  c’est la RÊpublique qui est laïque, pas la sociÊtÊ . Le format libre de la rencontre a ensuite permis aux reprÊsentants des cultes d’Êvoquer les principaux thèmes sur lesquels ils s’Êtaient mis d’accord. Ils souhaitaient savoir s’ils auraient voix au chapitre à l’occasion du processus de rÊvision des lois bioÊthiques, qui doit dÊmarrer en 2018. Ils sont aujourd’hui handicapÊs par une rÊforme du Conseil consultatif national d’Êthique qui, en septembre 2013, en avait ÊvincÊ les membres qui leur Êtaient les plus proches.  Il a confirmÊ que les cultes seraient consultÊs , a rapportÊ M. Clavairoly.  Sur les grandes questions, il associera aussi les religions , a confirmÊ M. Korsia.
Divergence sur les migrants
Les douze hommes de religion ont aussi apprÊciÊ d’entendre Jean-Michel Blanquer leur dire que les  esprits sont mÝrs  pour que soit dÊveloppÊ l’enseignement du fait religieux dans l’Êducation nationale. Ils ont demandÊ si les cultes seraient associÊs à la construction de ces programmes et ont compris que la porte n’Êtait pas fermÊe. Il a aussi ÊtÊ question des moyens accordÊs aux aumôneries, notamment dans les prisons, et de la formation des aumôniers que l’exÊcutif veut soumettre à l’obtention d’un diplôme universitaire sur la laïcitÊ. Ce dossier concerne tout spÊcialement l’aumônerie musulmane, qui manque encore de moyens, et donc le Conseil français du culte musulman, prÊsidÊ par Ahmet Ogras. GÊrard Collomb avait dÊjà dÝ partir pour une autre rÊunion, sur ce même sujet, à Matignon, lorsqu’a ÊtÊ abordÊe la question de l’accueil des rÊfugiÊs, qui a ÊtÊ moins consensuelle que les autres.  Là , j’ai rÊussi à agacer [Emmanuel Macron] , rÊsume François Clavairoly. Le prÊsident de la FPF a notamment demandÊ que  les valeurs humanistes ne soient pas trahies par la rÊglementation . RÊcemment, de nombreuses associations qui viennent en aide aux migrants ont saisi le DÊfenseur des droits du projet du gouvernement visant à recenser les migrants dans les centres d’hÊbergement d’urgence.  Il y a une divergence d’approche, confirme Olivier Ribadeau Dumas, mais du respect. 
BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 6 (La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Emmanuel Macron veut relancer l’enseignement du fait religieux à l’Êcole
Lors de deux rencontres à l’ÉlysÊe avec les responsables des cultes, la nÊcessitÊ de dÊvelopper l’enseignement du fait religieux à l’Êcole a ÊtÊ abordÊe. Un groupe de travail planche sur le sujet au ministère de l’Êducation nationale. Renforcer l’enseignement de la laïcitÊ et du fait religieux. À deux reprises ces dernières semaines, le prÊsident de la RÊpublique a eu l’occasion de redire sa conviction : non seulement l’enseignement de la laïcitÊ et celui du fait religieux ne s’opposent pas mais ils sont même liÊs et indispensables dans la sociÊtÊ. Le 21 dÊcembre, d’abord, lors de la rÊunion des responsables religieux à l’ÉlysÊe, le ministre de l’Êducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a affirmÊ que les  esprits sont mÝrs  pour cette nouvelle Êtape. Le 4 janvier, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a enfoncÊ le clou, soulignant que son ministre de l’Êducation nationale avait  pris des engagements très clairs .
La pratique française tâtonne
 Nous avons commencÊ à mettre en place ce sur quoi nous nous sommes engagÊs en termes d’enseignement, de formation des enseignants, indispensable pour le bon exercice de la laïcitÊ, (pour qu’elle) permette à des enseignants placÊs dans des situations d’extrême difficultÊ d’être armÊs, pour expliquer l’histoire de notre pays, mais aussi le fait religieux dans sa plÊnitude , at-il affirmÊ. La France, aux yeux de ce disciple de Paul Ricœur, doit devenir  ce lieu oÚ nous ne cachons rien des religions et du fait religieux, oÚ le pluralisme des religions est pleinement reconnu et peut s’Êpanouir et oÚ nous savons dans le même temps traiter de cette grande fracture du monde . L’avancÊe est considÊrable‌ tout comme le travail à fournir pour y parvenir. Depuis le fameux rapport de 2002 du philosophe RÊgis Debray, la pratique française tâtonne, à coups de timides avancÊes et de soudains reculs.
Quelle formation pour les enseignants ?
L’idÊe d’aller plus loin dans cet enseignement du fait religieux avait dÊjà ÊtÊ relancÊe sous le prÊcÊdent gouvernement  après les attentats de 2015 , rappelle Isabelle Saint-Martin, directrice de l’Institut europÊen en sciences des religions (IESR). Mais sans succès.  Le Conseil supÊrieur des programmes n’avait pas suivi. La rÊforme du collège n’a pas permis de dÊgager un projet cohÊrent pour l’enseignement du fait religieux comme pour l’histoire des arts : quelques petites avancÊes ont ÊtÊ obtenues en histoire, mais en français c’est plutôt un recul.  La directrice de l’IESR voit dans la pÊriode actuelle  un moment favorable . Elle espère que les discours seront suivis par des mesures concrètes en termes de formation des enseignants. Selon un proche du dossier, un groupe de travail s’est dÊjà attelÊ à la tâche au sein du ministère de l’Êducation nationale.  On semble renouer avec le rapport Debray, c’est-à dire avec un enseignement du fait religieux qui n’est pas à part mais prÊsent dans toutes les matières , indique un autre bon connaisseur, pour qui  Macron est manifestement sur la même ligne, même si le propos n’est
pas clair .  Des choses se prÊparent, des rÊunions sont enclenchÊes, confirme la directrice de l’IESR, convaincue de la nÊcessitÊ d’agir. Nos formations affichent complet. Les enseignants veulent du contenu, pas seulement gÊrer des situations difficiles. (LibÊration/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Associations cultuelles : le gouvernement veut retoucher discrètement la loi 1905
Drôle d’endroit pour modifier la loi 1905. Entre une  mesure de simplification des modalitÊs d’Êvaluation des anciens plans dÊpartementaux des dÊchets  et la retouche du code minier pour faciliter  l’exploration et l’exploitation de l’Ênergie gÊothermique haute et basse tempÊrature , le gouvernement, dans le projet de loi  pour un État au service d’une sociÊtÊ de confiance  - dit  droit à l’erreur  - entreprend d’amender la loi de sÊparation des Églises et de l’État. Avec un objectif : permettre aux associations cultuelles de  possÊder et administrer tout immeuble acquis à titre gratuit . Disons-le tout de suite : l’exÊcutif ne compte pas, à priori, revenir sur l’interdiction faite aux communes de subventionner des lieux de cultes.  Il ne faut pas fantasmer sur cet article , calme le rapporteur du texte, Stanislas Guerini, dÊputÊ LREM de Paris. Le Conseil d’État n’a d’ailleurs Êmis aucune rÊserve. Pour l’exÊcutif, il s’agit tout simplement de  renforcer les ressources propres des associations cultuelles , c’est-à -dire leur financement privÊ, en leur permettant, outre le fait de bÊnÊficier de dons par SMS via un autre article de ce même projet de loi, de  tirer des revenus locatifs d’immeubles acquis à titre gratuit , à condition que ces revenus soient exclusivement affectÊs aux activitÊs cultuelles.
Patate chaude
Depuis 2014 et la loi sur l’Êconomie sociale et solidaire (ESS), les associations reconnues d’utilitÊ publique peuvent possÊder et exploiter, notamment en les louant, des bâtiments obtenus via des dons ou legs, alors qu’auparavant elles avaient pour obligation de les vendre dans les trois ans. Mais les associations cultuelles avaient ÊtÊ exclues du champ de cette même loi. Autrement dit, une paroisse protestante qui  hÊritait  d’un bien immobilier ne pouvait le conserver qu’à la condition de le transformer, par exemple, en presbytère, c’est-à -dire en l’affectant à ses activitÊs cultuelles. Si cette rÊvision a bien lieu, elle pourrait dÊsormais le louer. Pour le nouveau gouvernement, cet article 38 du projet de loi  droit à l’erreur  permettrait ainsi de rÊtablir une ÊgalitÊ entre associations.  Cette diffÊrence de traitement n’apparaÎt pas justifiÊe dans la mesure oÚ l’ensemble de ces structures bÊnÊficient de la même capacitÊ juridique et ont un même intÊrêt [‌] à pouvoir disposer de facilitÊs identiques  en matière immobilière, estime le Conseil d’État dans sa dÊcision. Simple question d’ÊgalitÊ ? Compte tenu du caractère sensible entourant la loi de 1905, le sujet inquiète tout de même dans les rangs de la majoritÊ. Lors de l’audition du ministre de l’Action et des Comptes publics, GÊrald Darmanin,le dÊputÊ LREM Laurent Pietraszewski a fait part de son  questionnement  sur une mesure qui  modifie l’Êquilibre fragile rÊgissant les rapports entre les Églises et l’État  :  Peut-être que
BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 7 cette loi de 1905 mÊriterait d’être regardÊe à nouveau, mais c’est un dÊbat en soi , juge l’Êlu du Nord. Des rÊserves partagÊes par Darmanin lui-même :  Je comprends la demande d’un tel système, pour [permettre aux cultes] de vivre indÊpendamment de l’État. Mais je crois qu’il faut d’abord que nous rÊglions une question très compliquÊe : comment gÊrer un lieu de culte en France ?  Et le ministre chargÊ de dÊfendre ce projet de loi au Parlement de renvoyer la patate chaude, en recommandant aux parlementaires d’interroger le ministère de l’IntÊrieur, responsable des cultes.  C’est eux qui ont profitÊ d’un texte large pour faire passer un engagement du Premier ministre , accuse un Êlu.
ÂŤ ImpensĂŠ Âť
Juste avant NoÍl, GÊrard Collomb avait d’ailleurs pris son tÊlÊphone pour annoncer la nouvelle au pasteur François Clavairoly, prÊsident de la FÊdÊration protestante de France (FPF).  Cela a ÊtÊ une grande satisfaction , commente ce dernier auprès de LibÊration. Depuis trois ans, son institution mène la bataille pour que les associations cultuelles bÊnÊficient des changements accordÊs par la loi de 2014. Et les protestants sont les premiers concernÊs : selon un pointage du responsable des questions juridiques à la FPF, Jean-Daniel Roque, sur les 4 000 associations cultuelles en exercice, entre 2 500 et 3 000 sont protestantes. L’Église catholique n’en compte, elle, qu’une petite centaine (une seule par diocèse), avec un statut spÊcifique nÊgociÊ à la fin des annÊes 20. Pour le moment, les organisations musulmanes ont, elles, privilÊgiÊ les associations type 1901. Prudent et diplomate, le pasteur Clavairoly estime qu’il y avait un  impensÊ  dans la loi sur l’Êconomie sociale et solidaire. D’autres responsables emploient un vocabulaire plus fort que lui, et parlent de  discrimination .  MalgrÊ nos demandes rÊpÊtÊes, nous n’avons jamais eu de motivations prÊcises sur le fait que les associations cultuelles avaient, ÊtÊ exclues , abonde Jean-Daniel Roque.  Pour aboutir, ajoute François Clavairoly, il a fallu le changement de gouvernement.  Ou pas‌
Coulisses
Si l’article a passÊ la barre du Conseil des ministres, le chemin vers l’adoption sera long. Certains dÊputÊs pointent dÊjà le caractère  cavalier  et potentiellement anticonstitutionnel d’une mesure insÊrÊe dans un texte visant avant tout à favoriser les relations entre l’État et ses contribuables. D’autres s’inquiètent de voir ce sujet  polluer  les dÊbats sur le  droit à l’erreur , promesse symbolique du candidat Macron.  Est-ce qu’on veut que des associations cultuelles rentrent dans un système de propriÊtÊ immobilière dont elles tireraient des revenus ? interroge Laurent Pietraszewski auprès du journal LibÊration. Je ne sais pas si c’est l’objectif premier de notre RÊpublique laïque. Des responsables de la majoritÊ incitent ainsi le gouvernement, en coulisses, à laisser tomber cet article dès son examen en commission spÊciale la semaine prochaine :  La discussion existe, il faut atterrir , assure l’un d’eux. ContactÊ, Matignon exclut cependant de retirer, avant son examen par les parlementaires, une mesure jugÊe  conforme à la laïcitÊ  et qu’il fallait  bien mettre quelque part . Un maintien qui, prÊcise-t-on tout de même dans l’entourage d’Édouard Philippe,  ne prÊjuge pas de ce qui se passera ensuite au Parlement .
(La Croix/AFP/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - La condamnation de Christine Boutin pour ses propos sur l’homosexualitÊ a ÊtÊ annulÊe
La Cour de cassation a annulÊ le mardi 9 janvier la condamnation pour  provocation à la haine ou à la violence  de l’ancienne ministre Christine Boutin, qui avait affirmÊ que  l’homosexualitÊ est une abomination . Après deux ans de bataille judiciaire, Christine Boutin, ancienne ministre du logement et prÊsidente du Parti chrÊtien-dÊmocrate (PCD) a ÊtÊ blanchie par la Cour de cassation le mardi 9 janvier pour ses propos dans une interview accordÊe à la revue Charles oÚ elle qualifiait l’homosexualitÊ d’ abomination . Celle-ci a dÊclarÊ sur Twitter sa satisfaction  de constater que la Cour de cassation a confirmÊ que la libertÊ d’expression et la libertÊ de conscience existaient toujours dans notre pays .
Absence d’appel à la haine à l’Êgard des personnes homosexuelles
La Cour de cassation a annulÊ la condamnation de Christine Boutin à 5 000 ₏ d’amende sans ordonner de nouveau procès, jugeant que ces propos ne relèvent pas du dÊlit de  provocation publique à la haine ou à la violence  pour lequel elle Êtait poursuivie. Dans sa dÊcision, la haute juridiction a estimÊ que  le propos incriminÊ, s’il est outrageant, ne contient nÊanmoins pas, même sous une forme implicite, d’appel ou d’exhortation à la haine ou à la violence à l’Êgard des personnes homosexuelles . De son côtÊ, MaÎtre Étienne Deshoulières, qui dÊfend l’association Mousse, l’une des parties civiles au procès, a  regrettÊ  cette dÊcision tout en estimant, au vu du terme  outrageant  employÊ par la Cour de cassation, que  si les associations LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans) avaient agi sur le fondement de l’injure et non de l’incitation à la haine, Christine Boutin aurait ÊtÊ condamnÊe . C’est prescrit. Mais si demain quelqu’un redit cela, les associations auront entendu l’enseignement de la Cour de cassation et poursuivront pour injure , a-t-il ajoutÊ.
 Mon opinion s’inscrit dans la tradition chrÊtienne 
Tout a commencÊ dans un entretien à la revue Charles, paru en avril 2014 sous le titre  Je suis une pÊcheresse , oÚ Christine Boutin affirmait :  L’homosexualitÊ est une abomination. Mais pas la personne. Le pÊchÊ n’est jamais acceptable, mais le pÊcheur est toujours pardonnÊ . De là , elle avait ÊtÊ condamnÊe le 18 dÊcembre 2015 par le tribunal correctionnel de Paris, puis en appel le 2 novembre 2016. Outre l’amende, elle avait ÊtÊ condamnÊe à verser 2 000 ₏ de dommages et intÊrêts aux associations Mousse, Le Refuge et InterLGBT.  Ce que l’on entend dans vos propos, c’est que les homosexuels sont une abomination , avait rÊsumÊ le procureur lors du premier procès.  Mon opinion s’inscrit dans la tradition chrÊtienne , avait justifiÊ Christine Boutin, tout en prÊcisant qu’elle avait regrettÊ ses propos par la suite. L’avocat de l’exministre avait plaidÊ sa relaxe en estimant que sa cliente Êtait jugÊe pour  une opinion .  Si vous suivez les rÊquisitions du procureur, alors il faut saisir la Bible ! , avait-il lancÊ.
BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 8 En effet, les textes bibliques affirment clairement, par exemple dans le livre du LĂŠvitique : ÂŤ Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. Tu n’auras de rapports sexuels avec aucune bĂŞte. Tu te rendrais impur avec elle. Une femme ne s’approcheras pas d’une bĂŞte pour s’accoupler Ă elle. C’est une pervertion.Âť (LĂŠvitique 18.22,23). L’abomination concerne l’acte sexuel et non pas les personnes comme le savent bien les croyants attachĂŠs Ă la culture biblique de diffĂŠrentes obĂŠdiences religieuses. (FigaroEtudiants/La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Hambourg, Allemagne - L’universitÊ de Hambourg encadre les pratiques religieuses de ses Êtudiants
Les incidents se multiplient sur le campus de la ville du nord de l’Allemagne, forçant le prÊsident de l’universitÊ à publier une charte de bonne conduite sur les pratiques religieuses. L’universitÊ de Hambourg a ÊditÊ une charte pour encadrer les pratiques religieuses de ses Êtudiants.  L’universitÊ est un Êtablissement de recherche, d’enseignement et de formation , peut-on lire en prÊambule de ce code de bonne conduite.  C’est une institution laïque contrainte à la pluralitÊ face aux questions idÊologiques et vouÊe à l’enseignement et à la recherche sur la base de critères et de mÊthodes scientifiques.  Pour la direction,  la libertÊ de la pratique religieuse s’arrête là oÚ elle porte atteinte ou met en danger la mission scientifique de l’universitÊ . Après la multiplication d’anicroches ayant trait à la religion, le prÊsident de l’universitÊ s’est retrouvÊ dans l’obligation d’agir, comme le dÊcrit le journal La Croix. Le quotidien français Êvoque par exemple cet Êtudiant qui appelle JÊsus à l’aide dans un couloir, ou les pressions exercÊes sur des jeunes femmes musulmanes non voilÊes, dans un Êtablissement qui accueille plus de 43.000 Êtudiants. Si les incidents sont  isolÊs , ils se font de plus en plus frÊquents selon le prÊsident Dieter Lenzen. C’est pourquoi il a convoquÊ une commission composÊe de juristes, psychologues et spÊcialistes des religions pour rÊflÊchir à une charte qui encadrerait les pratiques religieuses sur le campus. Par le passÊ, certains Êtudiants se sont plaints d’être dÊrangÊs par des prières faites à voix haute dans la bibliothèque. Aucune forme de discrimination ne sera tolÊrÊe dans cette salle de silence, prÊcise-t-on aussi dans le code de conduite. Cela signifie notamment l’interdiction d’y sÊparer hommes et femmes, comme le font les musulmans. Quant aux Êtudiants refusant de parti-
Commission paritaire DĂŠpĂ´t lĂŠgal
: renouvellement en cours N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne
ciper à des cours dispensÊs par des femmes, ils pourront être sanctionnÊs. La direction refuse par ailleurs de modifier les horaires des cours en fonction des heures de prière mais confirme suivre les jours fÊriÊs prÊvus par la loi. Dans la ville-État de Hambourg, certaines fêtes musulmanes, juives et alÊvies sont officiellement reconnues. La charte comprend des mesures très pratiques. Les symboles religieux - croix, Êtoile de David ou le foulard islamique - restent admis, comme la burqa, autorisÊe hors expÊrience de laboratoire et examens, pour des raisons de sÊcuritÊ et de lutte contre la fraude. La  salle de silence  instaurÊe par l’universitÊ de Hambourg en 2005, qui permet aux Êtudiants pratiquants de toutes religions de venir se recueillir, restera ouverte à tous, sans sÊparation entre les femmes et les hommes. Elle devient l’unique lieu de prière du campus, car  il n’est pas possible que le campus dans sa totalitÊ devienne un lieu de prière  indique Dieter Lenzen au journal La Croix.
Un dĂŠbat qui pourrait avoir lieu en France
Cet exemple germanique tombe à propos, alors que la ministre de l’Enseignement supÊrieur FrÊdÊrique Vidal s’est embrouillÊe dimanche sur les questions de laïcitÊ à l’universitÊ. InterrogÊe sur le port du voile islamique, la ministre a rappelÊ son opposition à une loi qui l’interdirait à l’universitÊ. Mais elle a ensuite donnÊ une dÊfinition erronÊe de la laïcitÊ :  C’est la libertÊ de conscience, et c’est mettre dans la sphère privÊe - et uniquement la sphère privÊe - les convictions philosophiques, religieuses... des individus . Or, la libertÊ d’exprimer sa religion en public est justement garantie par la laïcitÊ, tant que cette manifestation ne trouble pas l’ordre public. La sortie mÊdiatique de FrÊdÊrique Vidal a d’ailleurs entraÎnÊ un dÊchaÎnement de critiques. La ministre a rectifiÊ ses propos par la suite, indiquant que  la laïcitÊ, c’est la libertÊ de croire ou de ne pas croire et de l’exprimer dans le respect de l’ordre public  Fallait-il rÊglementer plutôt que dÊbattre comme le reprochent certains ? Le dÊbat est ouvert dans un pays de plus en plus multiculturel, qui compte 4,7 millions de musulmans et attire de nombreux Êtudiants Êtrangers. Pour Dieter Lenzen, à la tête d’une universitÊ de 43 000 Êtudiants, le dÊfi ne vient pas seulement des musulmans mais aussi de certains Êtudiants chrÊtiens radicaux. La communautÊ des Êtudiants ÊvangÊliques (ESG) regrette de son côtÊ que de plus en plus d’Êtablissements universitaires allemands interprètent la libertÊ religieuse  comme une libertÊ contre la religion plutôt que pour la religion . Pour Êviter les conflits, certains reviennent en effet au principe de neutralitÊ, en fermant leur salle de prière, comme à l’UniversitÊ technique de Berlin, ou en interdisant toute fête religieuse, notamment chrÊtienne, sur leur campus.
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