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Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 39e annĂŠe • n° 421 - Janvier 2018

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste 2 2 2 4

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Nouvelles des Églises adventistes

Paris, France - Comprendre la vocation pastorale des pasteurs adventistes Paris, France - Ouverture de Hope Channel-France Silver Spring, États-Unis - Pourquoi les adventistes ne sont pas des fondamentalistes ?

Protestantisme mondial

Dßsseldorf, Allemagne - Le dialogue avec les musulmans ne doit pas viser à les convertir Genève, Suisse - Calvin pour la première foi en langue arabe Genève, Suisse - La foi ÊvangÊlique se vit en tension entre  objectivitÊ et subjectivitÊ 

LibertĂŠ religieuse

(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

Paris, France - Climat de confiance entre Macron et les reprÊsentants religieux Paris, France - Emmanuel Macron veut relancer l’enseignement du fait religieux à l’Êcole

Paris, France - Associations cultuelles : le gouvernement veut retoucher discrètement la loi 1905

Paris, France - La condamnation de Christine Boutin pour ses propos sur l’homosexualitÊ a ÊtÊ annulÊe Hambourg, Allemagne - L’universitÊ de Hambourg encadre les pratiques religieuses de ses Êtudiants

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert


BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 2

Les vĹ“ux de la rĂŠdaction Le service de presse adventiste vous prĂŠsente ses vĹ“ux les plus chaleureux pour cette nouvelle annĂŠe 2018 en espĂŠrant des jours exceptionnels : santĂŠ, bonheur et prospĂŠritĂŠ. Comme l’aďŹƒrmait Jacques BĂŠnigne BOSSUET : ÂŤ Il faut laisser le passĂŠ dans l'oubli et l'avenir Ă la providence Âť.

Nouvelles des Églises adventistes

L’athĂŠe convaincue, c’est la personne qui ne croit pas en Dieu, qui pense mĂŞme que la religion est une mauvaise chose et, par consĂŠquent, qu’il faut s’en dĂŠbarrasser. Certains sont allĂŠs jusqu’à copier les rites religieux (BIA) - Dammarie-les-Lys, France pour crĂŠer des formes de religions sans Dieu : c’est le Paris, France – Comprendre la vocation cas des ÂŤ Sunday Assembly Âť, nĂŠe Ă Londres, et qui existent dans un certain nombre de grandes villes, y pastorale des pasteurs adventistes compris Ă Paris, et rassemblent pour certaines plusieurs Depuis quatre ans, les ĂŠglises adventistes des FĂŠdĂŠrations de France et de Belgique vivent une fois par an, au centaines de personne le dimanche : on chante, on se mois de janvier, un service liturgique avec une prĂŠdication retrouve, on lit des textes philosophies. L’athĂŠisme desur grand ĂŠcran. Une vidĂŠo est donc rĂŠalisĂŠe par le dĂŠpar- vient alors une forme de religion. Dans certains pays, il tement des communications de l’Union des FĂŠdĂŠrations est reconnu au mĂŞme titre que les religions : en Belgique, par exemple, oĂš, comme les religions sont subventionadventistes de France et de Belgique (UFB). nĂŠes par l’État, l’athĂŠisme organisĂŠe bĂŠnĂŠficie aussi de Le 13 janvier, les ĂŠglises ont pu mesurer l’ampleur de la l’aide de l’État et d’un statut. vocation pastorale, thème proposĂŠ aux ĂŠglises. GĂŠnĂŠraleEn France, l’athĂŠisme ne progresse pas particulièrement, on ne sait pas toujours comment s’articule la vocation pastorale d’un pasteur alors que l’on entend chaque ment mais c’est l’indiffĂŠrence religieuse qui prend dasemaine leurs prĂŠdications dans les diffĂŠrentes ĂŠglises. La vantage d’ampleur. Cette ĂŠvolution ne condamne pas rĂŠalisation technique a ĂŠtĂŠ prĂŠparĂŠ par l’Êquipe de Hope systĂŠmatiquement la religion qui peut resurgir Ă un moChannel-France (service de programmes tĂŠlĂŠvisĂŠs et ment de la vie pour redisparaitre par la suite. vidĂŠos). En France on distingue deux groupes minoritaires, les athĂŠs (15%) les croyants pratiquants (10%), et entre (BIA) - Dammarie-les-Lys, France Paris, France - Ouverture de Hope Channel les deux, il y a un espace indĂŠterminĂŠ de plus en plus mouvant selon les experts.

France

Le samedi 13 janvier s’est mis en place, en français, Hope Channel France (HCF).

HCF est une des 43 antennes de Hope Channel, (service de programmes tĂŠlĂŠvisĂŠs et vidĂŠos) dont les ĂŠmissions sont ĂŠmises dans le monde en 39 langues. HCF diffuse en français sous la responsabilitĂŠ de Jethro Camille. La mission est de partager la bonne nouvelle de l’Évangile et de comprendre les diffĂŠrents messages bibliques. Les programmes touchent la foi chrĂŠtienne, l’homme face Ă la spiritualitĂŠ et la religion, la santĂŠ, la famille, l’Église et le interrogations que l’on se pose au sein du christianisme.

Les programmes des 43 antennes dans le monde sont adaptÊs à la culture locale et diffusÊs dans de nombreuses langues, dont l'espagnol, le portugais, l'allemand, le roumain, le mandarin, le russe, le tamoul, l'hindi, l'ukrainien, l'arabe, le farsi et le tÊlougou. Il y a de multiples façons de regarder les Êmissions de Hope Channel !

Dans l’occident francophone, la sociĂŠtĂŠ n’est pas une sociĂŠtĂŠ religieuse puisqu’en dehors des croyants des religions traditionnelles, il existe une montĂŠe très forte de l’indiffĂŠrence religieuse. Les programmes de Hope Channel-France ne sont pas des chrĂŠtiens qui s’adressent Ă d’autres chrĂŠtiens. Mais des adventistes qui exposent foi et tĂŠmoignage, convictions et croyances, confiance en Dieu et raison biblique, etc.

Si, en France 20 % de la population se dit athÊe, c’est de loin, en Europe à l’exception de la TchÊquie et de l’ancienne Allemagne de l’Est.

C’est pour ces indiffĂŠrents Ă la religion que certaines ĂŠmissions de Hope Channel-France sont prĂŠparĂŠes selon Jean-Paul Barquon responsable du dĂŠpartement des communications de l’Union franco-belge.  Hope channel France c’est sur : http://hopechannel.fr

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Silver Spring, Maryland, États-Unis - Pourquoi les adventistes du septième jour ne sont pas des fondamentalistes ?

ÂŤ Les adventistes du septième jour ne sont pas des fondamentalistes, Âť a dĂŠclarĂŠ Nicholas Miller, professeur d’Histoire de l’Église Ă l’UniversitĂŠ Andrews, lors de l’ouverture de la session plĂŠnière de la confĂŠrence ÂŤ Situer l’histoire adventiste Âť le 8 janvier sur le campus de l’UniversitĂŠ adventiste de Washington Ă Takoma Park, dans le Maryland. Le programme de l’Association des historiens adventistes, sponsorisĂŠ par le Bureau des Archives, des statistiques et de la recherche et par l’UniversitĂŠ adventiste de Washington, a rĂŠuni des dizaines d’historiens adventistes, des chercheurs et des professeurs pour deux jours de prĂŠsentations, et de dĂŠbat.

La prĂŠsentation de Nicholas Miller, intitulĂŠe a apportĂŠ des preuves historiques qui montrent comment l’adventisme, tout en ĂŠtant un mouvement conservateur, a en grande partie pu ĂŠviter certains pièges fondamentalistes, adoptant une approche plus ĂŠquilibrĂŠe pour diverses questions, y compris l’inspiration des Saintes Écritures. C’est quelque chose, a dit Nicholas Miller, qui est enra-


BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 3 cinĂŠ dans les idĂŠes qui ont influencĂŠ les dĂŠbuts de l’histoire de la dĂŠnomination, quelque chose qui souligne l’importance de la recherche sur l’histoire adventiste.

Conservateur et pragmatique

Loin du fondamentalisme

aux races et aux femmes, par exemple, qui jusqu’à prÊsent avait ÊtÊ pragmatiquement progressiste. 

Nicholas Miller a discutĂŠ des tensions adventistes historiques au sujet de l’idĂŠe d’inspiration, un ĂŠlĂŠment Pourquoi les adventistes devraient-ils se sous-jacent de ce dĂŠveloppement dynamique de la comprĂŠhension adventiste. Alors que les fondamentasoucier de l’histoire ? listes ont gĂŠnĂŠralement dĂŠfendu l’inerrance verbale des C’est aussi l’avis de David Trim, le directeur des Saintes Écritures, c’est-Ă -dire le fait que la Bible ne Archives, des Statistiques et de la Recherche pour comporte aucune erreur quel que soit le domaine et l’Église adventiste au niveau mondial. Dans ses re- quel que soit l’aspect considĂŠrĂŠ, les adventistes du sepmarques d’ouverture, il a dĂŠclarĂŠ que bien que les re- tième jour, dans l’ensemble, n’ont pas souscrit Ă cette cherches dans le domaine de l’histoire de l’Église aient vision. ÂŤ Les adventistes du septième jour ont adoptĂŠ explosĂŠ au cours des dernières dĂŠcennies, il est essen- une vision ĂŠlevĂŠe des Écritures, mais ne croient pas en tiel d’Êtablir un contexte pour beaucoup de ces ĂŠtudes. l’inerrance verbale de la Bible, Âť a-t-il dit. La mĂŞme ÂŤ L’histoire adventiste est en pleine transformation, Âť a- chose s’applique aux ĂŠcrits d’Ellen White. Elle-mĂŞme t-il indiquĂŠ, ÂŤ mais il nous faut contextualiser, placer les n’a pas soutenu cette thĂŠorie, a dĂŠclarĂŠ Nicholas Milchoses dans une situation plus large, Âť a-t-il ajoutĂŠ. ler. Pourquoi ? Dans une interview donnĂŠe en marge de Après la mort d’Ellen G. White en 1915, son fils la confĂŠrence, David Trim a expliquĂŠ que pour se com- William White a essayĂŠ de maintenir en vie la vision prendre, il est essentiel que les adventistes soient qu’avait sa mère de l’inspiration, en s’opposant aux conscients des forces qui ont fait d’eux ce qu’ils sont mouvements soutenant l’inerrance verbale, a dĂŠclarĂŠ aujourd’hui, et comment certaines de ces forces influen- Nicholas Miller. Mais le dĂŠveloppement de la pensĂŠe cent encore leur façon d’agir et les dĂŠcisions qu’ils pren- chrĂŠtienne libĂŠrale a encouragĂŠ les dirigeants advennent. ÂŤ Les adventistes n’existent pas dans le vide, Âť tistes Ă se ranger du cĂ´tĂŠ des fondamentalistes sur de a-t-il dit. ÂŤ Ils font partie d’un ensemble spĂŠcifique de nombreux sujets au cours des deux dĂŠcennies qui ont circonstances gĂŠographiques et historiques qui affec- suivi, et l’idĂŠe d’inerrance verbale s’est infiltrĂŠe dans tent leurs plans et projets, mĂŞme la façon dont ils voient l’Église. ÂŤ C’est quelque chose qui a fini par changer leur mission. Âť l’approche de l’Église Ă propos des questions relatives Ă€ cet ĂŠgard, la prĂŠsentation de Nicholas Miller a mentionnĂŠ certaines idĂŠes qui apportent des ĂŠlĂŠments de contexte et qui ont influencĂŠ l’adventisme dès ses origines. Il a spĂŠcifiquement fait rĂŠfĂŠrence Ă trois notions qui, selon lui, ont façonnĂŠ la pensĂŠe des pionniers adventistes. ÂŤ Les pionniers ne croyaient pas que des preuves absolues ĂŠtaient nĂŠcessaires pour comprendre la vĂŠritĂŠ. Ils croyaient dans le rĂ´le jouĂŠ par leur jugement pour comprendre la vĂŠritĂŠ, Âť a-t-il dit dans un premier point.

Nicholas Miller a ĂŠgalement expliquĂŠ que contrairement aux fondamentalistes, les pionniers adventistes, y compris la co-fondatrice de l’Église, Ellen G. White, pensaient que la comprĂŠhension de la vĂŠritĂŠ ĂŠtait fondĂŠe sur la Parole de Dieu, mais qu’il ĂŠtait ĂŠgalement possible d’obtenir d’importantes connaissances Ă partir du ÂŤ livre de la nature et aussi en voyant Dieu Ă l’œuvre dans la vie des humains. Âť C’est quelque chose, a-t-il dit, qui a permis aux pionniers adventistes d’arriver Ă des conclusions diffĂŠrentes de celles d’autres fondamentalistes chrĂŠtiens sur des sujets tels que le châtiment ĂŠternel, la possibilitĂŠ pour les femmes de parler Ă l’Église et la libĂŠration des esclaves, pour ne citer que ces exemples.

Enfin, les premiers adventistes ont ĂŠtĂŠ influencĂŠs par la notion du gouvernement moral de Dieu en tant que prĂŠsupposition en matière d’interprĂŠtation, ce qui, selon Nicholas Miller, amène Ă considĂŠrer les versets bibliques problĂŠmatiques Ă travers la lentille de la bontĂŠ de Dieu. ÂŤ Ainsi, par exemple, lorsque la Bible parle du feu ĂŠternel, Âť a dit le professeur Miller, ÂŤ les premiers adventistes ont cherchĂŠ des explications alternatives, puisque pour eux un Dieu bon ne punirait jamais ses enfants pour l’ÊternitĂŠ. Âť

 Tout cela fait de l’adventisme un courant religieux diffÊrent du fondamentalisme,  a-t-il dit.

Actuellement, nous vivons à une Êpoque d’internationalisme croissant dans l’adventisme, a dÊclarÊ le professeur Miller.  Dans ce contexte, nous avons une Église conservatrice, mais à maintes reprises, elle a prouvÊ qu’elle n’Êtait pas fondamentaliste,  a-t-il conclu.

Alec Ryrie, professeur et auteur Ă l’UniversitĂŠ de Durham, en Angleterre, semblait ĂŞtre d’accord avec la thèse de Nicholas Miller. En discutant de la place de l’adventisme dans l’histoire Protestante, il a indiquĂŠ que l’adventisme avait ĂŠvitĂŠ les pièges qui ont coulĂŠ d’autres mouvements.

ÂŤ Historiquement, les mouvements Protestants se mĂŠfiaient des gouvernements, ils ont refusĂŠ de s’impliquer dans la politique, ou alors ont tout simplement ignorĂŠ le gouvernement, Âť a dit Alec Ryrie. ÂŤ Mais les adventistes du septième jour ont choisi une autre voie. Ils parlaient de voter et de participer Ă la vie dĂŠmocratique. Et dans la Guerre civile amĂŠricaine, tout en s’opposant Ă l’esclavage, ils ont exprimĂŠ leur opposition contre les deux cĂ´tĂŠs de la confrontation. Âť

La mĂŞme chose s’applique lorsqu’il est question de pensĂŠe apocalyptique. Après que JĂŠsus ne soit pas revenu sur Terre en 1844, les adventistes ont ĂŠvitĂŠ de choisir d’autres dates ou de s’Êloigner de la pensĂŠe apocalyptique. ÂŤ Les adventistes du septième jour ont choisi une troisième option, Âť a dĂŠclarĂŠ Alec Ryrie, qui n’est pas membre de l’Eglise adventiste lui-mĂŞme. ÂŤ Ils ont expliquĂŠ que la date ĂŠtait correcte, mais pas l’ÊvĂŠnement. Âť

Alec Ryrie croit que contrairement Ă d’autres dĂŠnominations, une partie du succès de l’Adventisme est qu’il a rĂŠussi Ă s’accrocher Ă la pensĂŠe apocalyptique sans devenir dĂŠsĂŠquilibrĂŠ. ÂŤ L’adventisme est essentiellement pragmatique, Âť a-t-il dit.


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Protestantisme mondial

(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

DĂźsseldorf, Allemagne - Le dialogue avec les musulmans ne doit pas viser Ă les convertir

D’après Barbara Rudolph, membre du secrĂŠtariat administratif de l’Église rĂŠgionale de RhĂŠnanie, les chrĂŠtiens ne doivent pas aborder systĂŠmatiquement le dialogue avec les musulmans avec l’objectif de les convertir Ă leur foi. ÂŤ Une telle dĂŠmarche peut mener Ă une conversion, mais en règle gĂŠnĂŠrale, le dialogue avec les musulmans ne doit pas obligatoirement mener Ă cela Âť, a dĂŠclarĂŠ la thĂŠologienne au Service de presse protestant (EPD) Ă DĂźsseldorf. Le synode rĂŠgional de l’Église protestante de RhĂŠnanie prĂŠvoit une prise de position thĂŠologique sur les ĂŠchanges entre les deux religions. Une première proposition sur ce thème dĂŠfend l’idĂŠe d’une attitude de respect et d’estime envers ÂŤ l’altĂŠritĂŠ dans la foi, et les croyances qui l’accompagnent Âť. Barbara Rudolph a dĂŠfendu ce document contre les critiques qui y voyaient une posture trop tiède. ÂŤ Nous la considĂŠrons, au contraire, comme tout Ă fait offensive Âť, a dĂŠclarĂŠ cette directrice du dĂŠpartement ÂŤ ThĂŠologie et Ĺ’cumĂŠnisme Âť du secrĂŠtariat administratif de l’Église rĂŠgionale : ÂŤ Nous nous lançons un dĂŠfi : celui de prendre vraiment au sĂŠrieux la diversitĂŠ et le pluralisme religieux de notre sociĂŠtĂŠ Âť. Les ĂŠchanges avec les reprĂŠsentants des communautĂŠs musulmanes pour la prĂŠparation de fĂŞtes de quartier n’ont pas pour objectif la conversion de ces personnes, a poursuivi Barbara Rudolph. Ils visent cependant Ă expliquer et Ă clarifier ÂŤ pourquoi nous nous engageons dans ces espaces, en notre qualitĂŠ de chrĂŠtiens, et avec quelles intentions Âť. Cela implique ÂŤ certainement la transmission du message du Christ Âť, a affirmĂŠ la thĂŠologienne.

Le reflet thÊologique de l’expÊrience

Le dĂŠbat Ă l’ordre du jour au synode doit ÂŤ se faire le reflet thĂŠologique de l’expĂŠrience accumulĂŠe depuis 30 ans par nos fidèles dans leurs rencontres avec des musulmans Âť. Il s’agit d’offrir une orientation d’ordre thĂŠologique aux presque 700 paroisses rhĂŠnanes. Avec près de 2,6 millions de fidèles, l’Église de RhĂŠnanie est la deuxième des 20 Églises rĂŠgionales protestantes allemandes en terme de population. ÂŤ Certaines communautĂŠs n’ont quasiment aucun contact avec l’islam Âť, a prĂŠcisĂŠ Barbara Rudolph. Cellesci restent le plus souvent particulièrement sur la rĂŠserve. ÂŤ Et d’autres, comme celles de Duisbourg, de Cologne, de Solingen ou d’Essen, entretiennent depuis longtemps des relations fructueuses avec cette religion. Âť Dans ces cas-lĂ , on peut, par exemple, se demander comment impliquer des musulmans dans un culte Ĺ“cumĂŠnique organisĂŠ en ouverture d’une fĂŞte de quartier. D’autres interrogations très concrètes seront ĂŠgalement abordĂŠes : ÂŤ Comment gĂŠrer la cĂŠlĂŠbration d’un culte de NoĂŤl dans les ĂŠcoles primaires ? Et le mariage entre une chrĂŠtienne et un musulman ? Âť (ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Genève, Suisse - Calvin pour la première fois en langue arabe

ÂŤ L’Institution de la religion chrĂŠtienne Âť, l’une des Ĺ“uvres majeures du rĂŠformateur Jean Calvin a ĂŠtĂŠ traduite en arabe, selon le site Riforma.it qui qualifie cette publication de ÂŤ contribution majeure pour les protestants au Moyen-Orient Âť, ĂŠtant donnĂŠ que ÂŤ la plupart des ĂŠcrits thĂŠologiques qui ont façonnĂŠ la sociĂŠtĂŠ occidentale au

cours des 500 dernières annĂŠes sont absents des ĂŠtagères des bibliothèques Âť de cette rĂŠgion du monde. Le manque de textes religieux chrĂŠtiens traduits dans la quatrième langue la plus parlĂŠe au monde concerne principalement le protestantisme. C’est pour combler ce vide que George Sabra, prĂŠsident de l’École de thĂŠologie du Proche-Orient (NEST) Ă Beyrouth au Liban, a dĂŠcidĂŠ, il y a quelques annĂŠes, de traduire en arabe ce qu’il considère comme l’un des traitĂŠs le plus important de la thĂŠologie protestante au XVIe siècle. ÂŤ C’est une Ĺ“uvre majeure de la RĂŠforme qui a façonnĂŠ le protestantisme europĂŠen et amĂŠricain et plus largement la sociĂŠtĂŠ occidentale depuis des siècles. En ce sens, il est toujours d’actualitĂŠ Âť, dĂŠclare le chercheur Ă propos du traitĂŠ de thĂŠologie systĂŠmatique du rĂŠformateur. Le volume a ĂŠtĂŠ prĂŠsentĂŠ rĂŠcemment au NEST Ă Beyrouth. La traduction Ă partir de l’Êdition anglaise a ĂŠtĂŠ assurĂŠe par les pasteurs Adib Awad, Walid Harmoush et Victor Makari. La rĂŠvision de la langue arabe a ĂŠtĂŠ faite par Souhel Sleiman et l’Êdition par George Sabra. Ce travail a ĂŠtĂŠ financĂŠ par la Fondation pour l’aide au protestantisme rĂŠformĂŠ, en France et l’organisation missionnaire GZB des Pays-Bas. La difficultĂŠ de publication de cet ouvrage de 1500 pages a ĂŠgalement ĂŠtĂŠ liĂŠe Ă la difficultĂŠ de trouver un ĂŠditeur. Les ĂŠditeurs musulmans n’ont que peu d’intĂŠrĂŞt pour la thĂŠologie chrĂŠtienne et les ĂŠditeurs catholiques sont refroidis par les propos très vifs de Calvin qui parle de la messe comme d’une abomination, souligne Christianity Today. (Protest/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Genève, Suisse - La foi ÊvangÊlique se vit en tension entre  objectivitÊ et subjectivitÊ 

ÂŤ Le mot ÂŤ ĂŠvangĂŠlique Âť attire l’attention aujourd’hui comme il ne le faisait pas quand j’Êtais jeune, grâce Ă la progression de ce mouvement et grâce Ă l’essoufflement d’autres confessions. La question de son identitĂŠ se pose donc avec davantage d’identitĂŠ Âť, a rappelĂŠ le thĂŠologien ĂŠvangĂŠlique Henri Blocher, en dĂŠbut de la confĂŠrence publique qu’il a donnĂŠe Ă la haute ĂŠcole de thĂŠologie, HETpro, Ă St-LĂŠgier (VD). ÂŤ La question de l’identitĂŠ du mouvement ĂŠvangĂŠlique se pose avec davantage d’insistance Âť, a rappelĂŠ l’ancien professeur de thĂŠologie systĂŠmatique de la facultĂŠ libre de thĂŠologie ĂŠvangĂŠlique de Vaux-sur-Seine (78). Mais au vu de la variĂŠtĂŠ des courants se reconnaissant comme ÂŤ ĂŠvangĂŠliques Âť, rĂŠpondre Ă cette question est difficile : du moins, il n’est pas possible d’en dĂŠfinir exactement les ÂŤ zones frontières Âť, raison pour laquelle le thĂŠologien s’est proposĂŠ de plutĂ´t prĂŠsenter les axes centraux de la thĂŠologie de ce mouvement. Henri Blocher n’est pas le premier Ă se livrer Ă cet exercice, il a notamment rappelĂŠ les travaux de l’anglais John Stott qui a dĂŠfini le mouvement ĂŠvangĂŠlique comme ÂŤ conversionistes Âť, ÂŤ biblicistes Âť, ÂŤ crucicentristes Âť et ÂŤ activistes Âť ou dit en d’autres mots, ils accordent une importance primordiale Ă la conversion individuelle, Ă la Bible, Ă la croix, et Ă l’engagement individuel. Mais Henri Blocher propose plutĂ´t une structure binaire. ÂŤ Le mouvement ĂŠvangĂŠlique se caractĂŠrise par un accent sur l’objectivitĂŠ, le souci de la subjectivitĂŠ et il y a un lien entre les deux. Âť


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ObjectivitĂŠ dans le rapport Ă la Bible

ObjectivitĂŠ parce que les ĂŠvangĂŠliques ÂŤ recherchent l’entier respect de l’Écriture Âť. Et le thĂŠologien de prĂŠciser ÂŤ cela s’oppose au traitement historico-critique Ă partir du moment ou l’interprète se considère comme capable de trier ce qui convient et ce qui ne convient pas dans le texte biblique. Le mouvement ĂŠvangĂŠlique s’oppose Ă l’usage abusif de l’historico-critique et de l’hermĂŠneutique. On observe qu’aujourd’hui, c’est au nom de l’hermĂŠneutique que l’on s’autorise des comportements opposĂŠs Ă ce qui est prescrit dans les Écritures Âť, dĂŠnonce le thĂŠologien. Le mouvement ĂŠvangĂŠlique dĂŠfend, notamment une morale sexuelle très stricte au nom d’une lecture littĂŠraliste de la Bible. ÂŤ Il y a des thĂŠologiens non ĂŠvangĂŠliques qui ont des positions ambiguĂŤs sur l’historicitĂŠ de la rĂŠsurrection de JĂŠsus Âť, ajoute le chercheur. ÂŤ Et d’autres ĂŠlĂŠments du crĂŠdo sont touchĂŠs! Il n’y a pratiquement que les ĂŠvangĂŠliques qui dĂŠfendent l’historicitĂŠ de la naissance virginale de JĂŠsus. Et en dehors des ĂŠvangĂŠliques ils sont encore moins nombreux Ă croire en l’historicitĂŠ de la chute. (NDLR le pĂŠchĂŠ ayant entrainĂŠ une rupture avec Dieu et l’expulsion du Jardin d’Eden.) Chez certains ĂŠvangĂŠliques on trouvera un Adam collectif, mais dans tous les cas l’historicitĂŠ de la rupture. Âť

SubjectivitĂŠ

Henri Blocher entend par subjectivitÊ essentiellement l’engagement individuel, dans la lignÊe des piÊtistes allemands ou des puritains anglais, par exemple. Les formes peuvent toutefois être variÊes, notamment sur l’usage du corps : retenue ou expressivitÊ durant le culte.  Pour l’appartenance à l’Église visible, d’autres Églises n’exigent pas un engagement marquÊ , rappelle le thÊologien.  Ces deux insistances, objective et subjective, sont polairement opposÊes, mais pour aller dans l’axe du mouvement ÊvangÊlique, il faut aller dans ces deux sens , conclut-il. InterrogÊ par un auditeur sur la question de la diffÊrence entre fondamentalisme et ÊvangÊlisme, Henri Blocher rÊpond :  Je ne me dÊfinis pas comme fondamentaliste, mais lorsque l’on me colle cette Êtiquette, je l’assume ! Mais je dÊfinis ce que j’entends par fondamentaliste !  PrÊsentant une Êtymologie de ce terme faisant rÊfÊrence à une publication amÊricaine des annÊes 1910-1920 prÊsentant les fondamentaux de la foi. Un texte qu’il peut assumer.

LibertĂŠ religieuse

(Le Monde des Religions/LibĂŠration/BIA) Dammarie-lesLys, France

Paris, France - Climat de confiance entre Macron et les reprĂŠsentants religieux

Les reprĂŠsentants des six principaux cultes en France (catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif, bouddhiste) ont ĂŠtĂŠ reçus, le jeudi 21 dĂŠcembre, par le prĂŠsident de la RĂŠpublique, en prĂŠsence du ministre de l’intĂŠrieur, GĂŠrard Collomb, et du ministre de l’Êducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Ils sont sortis enchantĂŠs de leur rĂŠunion de deux heures avec Emmanuel Macron. ÂŤ Le prĂŠsident de la RĂŠpublique envisage clairement les religions comme des partenaires Âť, s’est enthousiasmĂŠ Ă la sortie de la rencontre le pasteur François Clavairoly, prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante de France (FPF).

Les participants ont soulignĂŠ que c’Êtait la première fois qu’une rĂŠunion de ce type, entre le chef de l’État et les reprĂŠsentants des cultes, avait lieu en l’absence d’une crise ou d’un attentat. Celle-ci est vraisemblablement appelĂŠe Ă se reproduire. ÂŤ On s’est dit : â€œĂ€ très bientĂ´t.â€? Ce qu’on a vĂŠcu ĂŠtait une sorte de prologue Ă l’instance de dialogue annoncĂŠe par GĂŠrard Collomb, a estimĂŠ François Clavairoly, le prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante de France (FPF), interrogĂŠ Ă l’issue de cette rencontre. Olivier Ribadeau Dumas, le secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de la ConfĂŠrence des ĂŠvĂŞques de France, a vantĂŠ de son cĂ´tĂŠ ÂŤ la qualitĂŠ d’Êcoute et la volontĂŠ constructive Âť de leur interlocuteur qui, selon HaĂŻm Korsia, le grand rabbin de France, ĂŠtait lĂ ÂŤ pour [les] entendre Âť. ÂŤ Les religions font partie de la vie de la nation Âť, a affirmĂŠ M. Macron, selon un participant.

Les cultes consultĂŠs sur la bioĂŠthique

Cette rĂŠunion n’avait pas d’ordre du jour prĂŠcis mais elle prĂŠcède de peu le discours d’Emmanuel Macron sur la laĂŻcitĂŠ, dont il a confirmĂŠ Ă ses hĂ´tes qu’il interviendrait ÂŤ dĂŠbut 2018 Âť. Le prĂŠsident de la RĂŠpublique les a comblĂŠs en rappelant dans son propos liminaire que, selon la philosophie de la loi de 1905, ÂŤ c’est la RĂŠpublique qui est laĂŻque, pas la sociĂŠtĂŠ Âť. Le format libre de la rencontre a ensuite permis aux reprĂŠsentants des cultes d’Êvoquer les principaux thèmes sur lesquels ils s’Êtaient mis d’accord. Ils souhaitaient savoir s’ils auraient voix au chapitre Ă l’occasion du processus de rĂŠvision des lois bioĂŠthiques, qui doit dĂŠmarrer en 2018. Ils sont aujourd’hui handicapĂŠs par une rĂŠforme du Conseil consultatif national d’Êthique qui, en septembre 2013, en avait ĂŠvincĂŠ les membres qui leur ĂŠtaient les plus proches. ÂŤ Il a confirmĂŠ que les cultes seraient consultĂŠs Âť, a rapportĂŠ M. Clavairoly. ÂŤ Sur les grandes questions, il associera aussi les religions Âť, a confirmĂŠ M. Korsia.

Divergence sur les migrants

Les douze hommes de religion ont aussi apprĂŠciĂŠ d’entendre Jean-Michel Blanquer leur dire que les ÂŤ esprits sont mĂťrs Âť pour que soit dĂŠveloppĂŠ l’enseignement du fait religieux dans l’Êducation nationale. Ils ont demandĂŠ si les cultes seraient associĂŠs Ă la construction de ces programmes et ont compris que la porte n’Êtait pas fermĂŠe. Il a aussi ĂŠtĂŠ question des moyens accordĂŠs aux aumĂ´neries, notamment dans les prisons, et de la formation des aumĂ´niers que l’exĂŠcutif veut soumettre Ă l’obtention d’un diplĂ´me universitaire sur la laĂŻcitĂŠ. Ce dossier concerne tout spĂŠcialement l’aumĂ´nerie musulmane, qui manque encore de moyens, et donc le Conseil français du culte musulman, prĂŠsidĂŠ par Ahmet Ogras. GĂŠrard Collomb avait dĂŠjĂ dĂť partir pour une autre rĂŠunion, sur ce mĂŞme sujet, Ă Matignon, lorsqu’a ĂŠtĂŠ abordĂŠe la question de l’accueil des rĂŠfugiĂŠs, qui a ĂŠtĂŠ moins consensuelle que les autres. ÂŤ LĂ , j’ai rĂŠussi Ă agacer [Emmanuel Macron] Âť, rĂŠsume François Clavairoly. Le prĂŠsident de la FPF a notamment demandĂŠ que ÂŤ les valeurs humanistes ne soient pas trahies par la rĂŠglementation Âť. RĂŠcemment, de nombreuses associations qui viennent en aide aux migrants ont saisi le DĂŠfenseur des droits du projet du gouvernement visant Ă recenser les migrants dans les centres d’hĂŠbergement d’urgence. ÂŤ Il y a une divergence d’approche, confirme Olivier Ribadeau Dumas, mais du respect. Âť


BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 6 (La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Emmanuel Macron veut relancer l’enseignement du fait religieux à l’Êcole

Lors de deux rencontres Ă l’ÉlysĂŠe avec les responsables des cultes, la nĂŠcessitĂŠ de dĂŠvelopper l’enseignement du fait religieux Ă l’Êcole a ĂŠtĂŠ abordĂŠe. Un groupe de travail planche sur le sujet au ministère de l’Êducation nationale. Renforcer l’enseignement de la laĂŻcitĂŠ et du fait religieux. Ă€ deux reprises ces dernières semaines, le prĂŠsident de la RĂŠpublique a eu l’occasion de redire sa conviction : non seulement l’enseignement de la laĂŻcitĂŠ et celui du fait religieux ne s’opposent pas mais ils sont mĂŞme liĂŠs et indispensables dans la sociĂŠtĂŠ. Le 21 dĂŠcembre, d’abord, lors de la rĂŠunion des responsables religieux Ă l’ÉlysĂŠe, le ministre de l’Êducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a affirmĂŠ que les ÂŤ esprits sont mĂťrs Âť pour cette nouvelle ĂŠtape. Le 4 janvier, c’est Emmanuel Macron lui-mĂŞme qui a enfoncĂŠ le clou, soulignant que son ministre de l’Êducation nationale avait ÂŤ pris des engagements très clairs Âť.

La pratique française tâtonne

ÂŤ Nous avons commencĂŠ Ă mettre en place ce sur quoi nous nous sommes engagĂŠs en termes d’enseignement, de formation des enseignants, indispensable pour le bon exercice de la laĂŻcitĂŠ, (pour qu’elle) permette Ă des enseignants placĂŠs dans des situations d’extrĂŞme difficultĂŠ d’être armĂŠs, pour expliquer l’histoire de notre pays, mais aussi le fait religieux dans sa plĂŠnitude Âť, at-il affirmĂŠ. La France, aux yeux de ce disciple de Paul RicĹ“ur, doit devenir ÂŤ ce lieu oĂš nous ne cachons rien des religions et du fait religieux, oĂš le pluralisme des religions est pleinement reconnu et peut s’Êpanouir et oĂš nous savons dans le mĂŞme temps traiter de cette grande fracture du monde Âť. L’avancĂŠe est considĂŠrable‌ tout comme le travail Ă fournir pour y parvenir. Depuis le fameux rapport de 2002 du philosophe RĂŠgis Debray, la pratique française tâtonne, Ă coups de timides avancĂŠes et de soudains reculs.

Quelle formation pour les enseignants ?

L’idĂŠe d’aller plus loin dans cet enseignement du fait religieux avait dĂŠjĂ ĂŠtĂŠ relancĂŠe sous le prĂŠcĂŠdent gouvernement ÂŤ après les attentats de 2015 Âť, rappelle Isabelle Saint-Martin, directrice de l’Institut europĂŠen en sciences des religions (IESR). Mais sans succès. ÂŤ Le Conseil supĂŠrieur des programmes n’avait pas suivi. La rĂŠforme du collège n’a pas permis de dĂŠgager un projet cohĂŠrent pour l’enseignement du fait religieux comme pour l’histoire des arts : quelques petites avancĂŠes ont ĂŠtĂŠ obtenues en histoire, mais en français c’est plutĂ´t un recul. Âť La directrice de l’IESR voit dans la pĂŠriode actuelle ÂŤ un moment favorable Âť. Elle espère que les discours seront suivis par des mesures concrètes en termes de formation des enseignants. Selon un proche du dossier, un groupe de travail s’est dĂŠjĂ attelĂŠ Ă la tâche au sein du ministère de l’Êducation nationale. ÂŤ On semble renouer avec le rapport Debray, c’est-Ă dire avec un enseignement du fait religieux qui n’est pas Ă part mais prĂŠsent dans toutes les matières Âť, indique un autre bon connaisseur, pour qui ÂŤ Macron est manifestement sur la mĂŞme ligne, mĂŞme si le propos n’est

pas clair .  Des choses se prÊparent, des rÊunions sont enclenchÊes, confirme la directrice de l’IESR, convaincue de la nÊcessitÊ d’agir. Nos formations affichent complet. Les enseignants veulent du contenu, pas seulement gÊrer des situations difficiles. (LibÊration/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Associations cultuelles : le gouvernement veut retoucher discrètement la loi 1905

Drôle d’endroit pour modifier la loi 1905. Entre une  mesure de simplification des modalitÊs d’Êvaluation des anciens plans dÊpartementaux des dÊchets  et la retouche du code minier pour faciliter  l’exploration et l’exploitation de l’Ênergie gÊothermique haute et basse tempÊrature , le gouvernement, dans le projet de loi  pour un État au service d’une sociÊtÊ de confiance  - dit  droit à l’erreur  - entreprend d’amender la loi de sÊparation des Églises et de l’État. Avec un objectif : permettre aux associations cultuelles de  possÊder et administrer tout immeuble acquis à titre gratuit . Disons-le tout de suite : l’exÊcutif ne compte pas, à priori, revenir sur l’interdiction faite aux communes de subventionner des lieux de cultes.  Il ne faut pas fantasmer sur cet article , calme le rapporteur du texte, Stanislas Guerini, dÊputÊ LREM de Paris. Le Conseil d’État n’a d’ailleurs Êmis aucune rÊserve. Pour l’exÊcutif, il s’agit tout simplement de  renforcer les ressources propres des associations cultuelles , c’est-à -dire leur financement privÊ, en leur permettant, outre le fait de bÊnÊficier de dons par SMS via un autre article de ce même projet de loi, de  tirer des revenus locatifs d’immeubles acquis à titre gratuit , à condition que ces revenus soient exclusivement affectÊs aux activitÊs cultuelles.

Patate chaude

Depuis 2014 et la loi sur l’Êconomie sociale et solidaire (ESS), les associations reconnues d’utilitĂŠ publique peuvent possĂŠder et exploiter, notamment en les louant, des bâtiments obtenus via des dons ou legs, alors qu’auparavant elles avaient pour obligation de les vendre dans les trois ans. Mais les associations cultuelles avaient ĂŠtĂŠ exclues du champ de cette mĂŞme loi. Autrement dit, une paroisse protestante qui ÂŤ hĂŠritait Âť d’un bien immobilier ne pouvait le conserver qu’à la condition de le transformer, par exemple, en presbytère, c’est-Ă -dire en l’affectant Ă ses activitĂŠs cultuelles. Si cette rĂŠvision a bien lieu, elle pourrait dĂŠsormais le louer. Pour le nouveau gouvernement, cet article 38 du projet de loi ÂŤ droit Ă l’erreur Âť permettrait ainsi de rĂŠtablir une ĂŠgalitĂŠ entre associations. ÂŤ Cette diffĂŠrence de traitement n’apparaĂŽt pas justifiĂŠe dans la mesure oĂš l’ensemble de ces structures bĂŠnĂŠficient de la mĂŞme capacitĂŠ juridique et ont un mĂŞme intĂŠrĂŞt [‌] Ă pouvoir disposer de facilitĂŠs identiques Âť en matière immobilière, estime le Conseil d’État dans sa dĂŠcision. Simple question d’ÊgalitĂŠ ? Compte tenu du caractère sensible entourant la loi de 1905, le sujet inquiète tout de mĂŞme dans les rangs de la majoritĂŠ. Lors de l’audition du ministre de l’Action et des Comptes publics, GĂŠrald Darmanin,le dĂŠputĂŠ LREM Laurent Pietraszewski a fait part de son ÂŤ questionnement Âť sur une mesure qui ÂŤ modifie l’Êquilibre fragile rĂŠgissant les rapports entre les Églises et l’État Âť : ÂŤ Peut-ĂŞtre que


BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 7 cette loi de 1905 mĂŠriterait d’être regardĂŠe Ă nouveau, mais c’est un dĂŠbat en soi Âť, juge l’Êlu du Nord. Des rĂŠserves partagĂŠes par Darmanin lui-mĂŞme : ÂŤ Je comprends la demande d’un tel système, pour [permettre aux cultes] de vivre indĂŠpendamment de l’État. Mais je crois qu’il faut d’abord que nous rĂŠglions une question très compliquĂŠe : comment gĂŠrer un lieu de culte en France ? Âť Et le ministre chargĂŠ de dĂŠfendre ce projet de loi au Parlement de renvoyer la patate chaude, en recommandant aux parlementaires d’interroger le ministère de l’IntĂŠrieur, responsable des cultes. ÂŤ C’est eux qui ont profitĂŠ d’un texte large pour faire passer un engagement du Premier ministre Âť, accuse un ĂŠlu.

ÂŤ ImpensĂŠ Âť

Juste avant NoĂŤl, GĂŠrard Collomb avait d’ailleurs pris son tĂŠlĂŠphone pour annoncer la nouvelle au pasteur François Clavairoly, prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante de France (FPF). ÂŤ Cela a ĂŠtĂŠ une grande satisfaction Âť, commente ce dernier auprès de LibĂŠration. Depuis trois ans, son institution mène la bataille pour que les associations cultuelles bĂŠnĂŠficient des changements accordĂŠs par la loi de 2014. Et les protestants sont les premiers concernĂŠs : selon un pointage du responsable des questions juridiques Ă la FPF, Jean-Daniel Roque, sur les 4 000 associations cultuelles en exercice, entre 2 500 et 3 000 sont protestantes. L’Église catholique n’en compte, elle, qu’une petite centaine (une seule par diocèse), avec un statut spĂŠcifique nĂŠgociĂŠ Ă la fin des annĂŠes 20. Pour le moment, les organisations musulmanes ont, elles, privilĂŠgiĂŠ les associations type 1901. Prudent et diplomate, le pasteur Clavairoly estime qu’il y avait un ÂŤ impensĂŠ Âť dans la loi sur l’Êconomie sociale et solidaire. D’autres responsables emploient un vocabulaire plus fort que lui, et parlent de ÂŤ discrimination Âť. ÂŤ MalgrĂŠ nos demandes rĂŠpĂŠtĂŠes, nous n’avons jamais eu de motivations prĂŠcises sur le fait que les associations cultuelles avaient, ĂŠtĂŠ exclues Âť, abonde Jean-Daniel Roque. ÂŤ Pour aboutir, ajoute François Clavairoly, il a fallu le changement de gouvernement. Âť Ou pas‌

Coulisses

Si l’article a passĂŠ la barre du Conseil des ministres, le chemin vers l’adoption sera long. Certains dĂŠputĂŠs pointent dĂŠjĂ le caractère ÂŤ cavalier Âť et potentiellement anticonstitutionnel d’une mesure insĂŠrĂŠe dans un texte visant avant tout Ă favoriser les relations entre l’État et ses contribuables. D’autres s’inquiètent de voir ce sujet ÂŤ polluer Âť les dĂŠbats sur le ÂŤ droit Ă l’erreur Âť, promesse symbolique du candidat Macron. ÂŤ Est-ce qu’on veut que des associations cultuelles rentrent dans un système de propriĂŠtĂŠ immobilière dont elles tireraient des revenus ? interroge Laurent Pietraszewski auprès du journal LibĂŠration. Je ne sais pas si c’est l’objectif premier de notre RĂŠpublique laĂŻque.Âť Des responsables de la majoritĂŠ incitent ainsi le gouvernement, en coulisses, Ă laisser tomber cet article dès son examen en commission spĂŠciale la semaine prochaine : ÂŤ La discussion existe, il faut atterrir Âť, assure l’un d’eux. ContactĂŠ, Matignon exclut cependant de retirer, avant son examen par les parlementaires, une mesure jugĂŠe ÂŤ conforme Ă la laĂŻcitĂŠ Âť et qu’il fallait ÂŤ bien mettre quelque part Âť. Un maintien qui, prĂŠcise-t-on tout de mĂŞme dans l’entourage d’Édouard Philippe, ÂŤ ne prĂŠjuge pas de ce qui se passera ensuite au Parlement Âť.

(La Croix/AFP/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - La condamnation de Christine Boutin pour ses propos sur l’homosexualitÊ a ÊtÊ annulÊe

La Cour de cassation a annulĂŠ le mardi 9 janvier la condamnation pour ÂŤ provocation Ă la haine ou Ă la violence Âť de l’ancienne ministre Christine Boutin, qui avait affirmĂŠ que ÂŤ l’homosexualitĂŠ est une abomination Âť. Après deux ans de bataille judiciaire, Christine Boutin, ancienne ministre du logement et prĂŠsidente du Parti chrĂŠtien-dĂŠmocrate (PCD) a ĂŠtĂŠ blanchie par la Cour de cassation le mardi 9 janvier pour ses propos dans une interview accordĂŠe Ă la revue Charles oĂš elle qualifiait l’homosexualitĂŠ d’ abomination Âť. Celle-ci a dĂŠclarĂŠ sur Twitter sa satisfaction ÂŤ de constater que la Cour de cassation a confirmĂŠ que la libertĂŠ d’expression et la libertĂŠ de conscience existaient toujours dans notre pays Âť.

Absence d’appel à la haine à l’Êgard des personnes homosexuelles

La Cour de cassation a annulĂŠ la condamnation de Christine Boutin Ă 5 000 â‚Ź d’amende sans ordonner de nouveau procès, jugeant que ces propos ne relèvent pas du dĂŠlit de ÂŤ provocation publique Ă la haine ou Ă la violence Âť pour lequel elle ĂŠtait poursuivie. Dans sa dĂŠcision, la haute juridiction a estimĂŠ que ÂŤ le propos incriminĂŠ, s’il est outrageant, ne contient nĂŠanmoins pas, mĂŞme sous une forme implicite, d’appel ou d’exhortation Ă la haine ou Ă la violence Ă l’Êgard des personnes homosexuelles Âť. De son cĂ´tĂŠ, MaĂŽtre Étienne Deshoulières, qui dĂŠfend l’association Mousse, l’une des parties civiles au procès, a ÂŤ regrettĂŠ Âť cette dĂŠcision tout en estimant, au vu du terme ÂŤ outrageant Âť employĂŠ par la Cour de cassation, que ÂŤ si les associations LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans) avaient agi sur le fondement de l’injure et non de l’incitation Ă la haine, Christine Boutin aurait ĂŠtĂŠ condamnĂŠe Âť.ÂŤ C’est prescrit. Mais si demain quelqu’un redit cela, les associations auront entendu l’enseignement de la Cour de cassation et poursuivront pour injure Âť, a-t-il ajoutĂŠ.

 Mon opinion s’inscrit dans la tradition chrÊtienne 

Tout a commencĂŠ dans un entretien Ă la revue Charles, paru en avril 2014 sous le titre ÂŤ Je suis une pĂŠcheresse Âť, oĂš Christine Boutin affirmait : ÂŤ L’homosexualitĂŠ est une abomination. Mais pas la personne. Le pĂŠchĂŠ n’est jamais acceptable, mais le pĂŠcheur est toujours pardonnĂŠ Âť. De lĂ , elle avait ĂŠtĂŠ condamnĂŠe le 18 dĂŠcembre 2015 par le tribunal correctionnel de Paris, puis en appel le 2 novembre 2016. Outre l’amende, elle avait ĂŠtĂŠ condamnĂŠe Ă verser 2 000 â‚Ź de dommages et intĂŠrĂŞts aux associations Mousse, Le Refuge et InterLGBT. ÂŤ Ce que l’on entend dans vos propos, c’est que les homosexuels sont une abomination Âť, avait rĂŠsumĂŠ le procureur lors du premier procès. ÂŤ Mon opinion s’inscrit dans la tradition chrĂŠtienne Âť, avait justifiĂŠ Christine Boutin, tout en prĂŠcisant qu’elle avait regrettĂŠ ses propos par la suite. L’avocat de l’exministre avait plaidĂŠ sa relaxe en estimant que sa cliente ĂŠtait jugĂŠe pour ÂŤ une opinion Âť. ÂŤ Si vous suivez les rĂŠquisitions du procureur, alors il faut saisir la Bible ! Âť, avait-il lancĂŠ.


BIA - N° 421 - Janvier 2018 - 8 En effet, les textes bibliques affirment clairement, par exemple dans le livre du LĂŠvitique : ÂŤ Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. Tu n’auras de rapports sexuels avec aucune bĂŞte. Tu te rendrais impur avec elle. Une femme ne s’approcheras pas d’une bĂŞte pour s’accoupler Ă elle. C’est une pervertion.Âť (LĂŠvitique 18.22,23). L’abomination concerne l’acte sexuel et non pas les personnes comme le savent bien les croyants attachĂŠs Ă la culture biblique de diffĂŠrentes obĂŠdiences religieuses. (FigaroEtudiants/La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Hambourg, Allemagne - L’universitÊ de Hambourg encadre les pratiques religieuses de ses Êtudiants

Les incidents se multiplient sur le campus de la ville du nord de l’Allemagne, forçant le prĂŠsident de l’universitĂŠ Ă publier une charte de bonne conduite sur les pratiques religieuses. L’universitĂŠ de Hambourg a ĂŠditĂŠ une charte pour encadrer les pratiques religieuses de ses ĂŠtudiants. ÂŤ L’universitĂŠ est un ĂŠtablissement de recherche, d’enseignement et de formation Âť, peut-on lire en prĂŠambule de ce code de bonne conduite. ÂŤ C’est une institution laĂŻque contrainte Ă la pluralitĂŠ face aux questions idĂŠologiques et vouĂŠe Ă l’enseignement et Ă la recherche sur la base de critères et de mĂŠthodes scientifiques. Âť Pour la direction, ÂŤ la libertĂŠ de la pratique religieuse s’arrĂŞte lĂ oĂš elle porte atteinte ou met en danger la mission scientifique de l’universitĂŠ Âť. Après la multiplication d’anicroches ayant trait Ă la religion, le prĂŠsident de l’universitĂŠ s’est retrouvĂŠ dans l’obligation d’agir, comme le dĂŠcrit le journal La Croix. Le quotidien français ĂŠvoque par exemple cet ĂŠtudiant qui appelle JĂŠsus Ă l’aide dans un couloir, ou les pressions exercĂŠes sur des jeunes femmes musulmanes non voilĂŠes, dans un ĂŠtablissement qui accueille plus de 43.000 ĂŠtudiants. Si les incidents sont ÂŤ isolĂŠs Âť, ils se font de plus en plus frĂŠquents selon le prĂŠsident Dieter Lenzen. C’est pourquoi il a convoquĂŠ une commission composĂŠe de juristes, psychologues et spĂŠcialistes des religions pour rĂŠflĂŠchir Ă une charte qui encadrerait les pratiques religieuses sur le campus. Par le passĂŠ, certains ĂŠtudiants se sont plaints d’être dĂŠrangĂŠs par des prières faites Ă voix haute dans la bibliothèque. Aucune forme de discrimination ne sera tolĂŠrĂŠe dans cette salle de silence, prĂŠcise-t-on aussi dans le code de conduite. Cela signifie notamment l’interdiction d’y sĂŠparer hommes et femmes, comme le font les musulmans. Quant aux ĂŠtudiants refusant de parti-

Commission paritaire DĂŠpĂ´t lĂŠgal

: renouvellement en cours N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne

ciper Ă des cours dispensĂŠs par des femmes, ils pourront ĂŞtre sanctionnĂŠs. La direction refuse par ailleurs de modifier les horaires des cours en fonction des heures de prière mais confirme suivre les jours fĂŠriĂŠs prĂŠvus par la loi. Dans la ville-État de Hambourg, certaines fĂŞtes musulmanes, juives et alĂŠvies sont officiellement reconnues. La charte comprend des mesures très pratiques. Les symboles religieux - croix, ĂŠtoile de David ou le foulard islamique - restent admis, comme la burqa, autorisĂŠe hors expĂŠrience de laboratoire et examens, pour des raisons de sĂŠcuritĂŠ et de lutte contre la fraude. La ÂŤ salle de silence Âť instaurĂŠe par l’universitĂŠ de Hambourg en 2005, qui permet aux ĂŠtudiants pratiquants de toutes religions de venir se recueillir, restera ouverte Ă tous, sans sĂŠparation entre les femmes et les hommes. Elle devient l’unique lieu de prière du campus, car ÂŤ il n’est pas possible que le campus dans sa totalitĂŠ devienne un lieu de prière Âť indique Dieter Lenzen au journal La Croix.

Un dĂŠbat qui pourrait avoir lieu en France

Cet exemple germanique tombe Ă propos, alors que la ministre de l’Enseignement supĂŠrieur FrĂŠdĂŠrique Vidal s’est embrouillĂŠe dimanche sur les questions de laĂŻcitĂŠ Ă l’universitĂŠ. InterrogĂŠe sur le port du voile islamique, la ministre a rappelĂŠ son opposition Ă une loi qui l’interdirait Ă l’universitĂŠ. Mais elle a ensuite donnĂŠ une dĂŠfinition erronĂŠe de la laĂŻcitĂŠ : ÂŤ C’est la libertĂŠ de conscience, et c’est mettre dans la sphère privĂŠe - et uniquement la sphère privĂŠe - les convictions philosophiques, religieuses... des individus Âť. Or, la libertĂŠ d’exprimer sa religion en public est justement garantie par la laĂŻcitĂŠ, tant que cette manifestation ne trouble pas l’ordre public. La sortie mĂŠdiatique de FrĂŠdĂŠrique Vidal a d’ailleurs entraĂŽnĂŠ un dĂŠchaĂŽnement de critiques. La ministre a rectifiĂŠ ses propos par la suite, indiquant que ÂŤ la laĂŻcitĂŠ, c’est la libertĂŠ de croire ou de ne pas croire et de l’exprimer dans le respect de l’ordre public Âť Fallait-il rĂŠglementer plutĂ´t que dĂŠbattre comme le reprochent certains ? Le dĂŠbat est ouvert dans un pays de plus en plus multiculturel, qui compte 4,7 millions de musulmans et attire de nombreux ĂŠtudiants ĂŠtrangers. Pour Dieter Lenzen, Ă la tĂŞte d’une universitĂŠ de 43 000 ĂŠtudiants, le dĂŠfi ne vient pas seulement des musulmans mais aussi de certains ĂŠtudiants chrĂŠtiens radicaux. La communautĂŠ des ĂŠtudiants ĂŠvangĂŠliques (ESG) regrette de son cĂ´tĂŠ que de plus en plus d’Êtablissements universitaires allemands interprètent la libertĂŠ religieuse ÂŤ comme une libertĂŠ contre la religion plutĂ´t que pour la religion Âť. Pour ĂŠviter les conflits, certains reviennent en effet au principe de neutralitĂŠ, en fermant leur salle de prière, comme Ă l’UniversitĂŠ technique de Berlin, ou en interdisant toute fĂŞte religieuse, notamment chrĂŠtienne, sur leur campus.

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