AW French - January 2019

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Ils quittent toujours

Les enfants en dĂŠplacement

Regarder en haut

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Une place pour l’Enfant BILL KNOTT

L INDE

Couverture Philip Sargunam et Rita Chand sont un modèle de l’engagement intergénérationnel au sein de l’Église adventiste de Hosur, dans le Tamil Nadu, en Inde. Philip est père de deux enfants. Il consacre une bonne partie de son temps libre à témoigner de sa foi auprès des membres de sa collectivité. Rita, elle, est en 11e année. Elle fréquente l’école adventiste locale et fait partie du club des Explorateurs. Elle espère un jour marcher sur les traces du grand Médecin. Photo de couverture : Eric Johnston

Sous les projecteurs 10 Les enfants en déplacement 12 Les réfugiés en Europe 14 Emprunter le chemin le moins fréquenté 24 La détresse des réfugiés au Liban La Parole 26 La Bible répond Mon Église 16 Perspective mondiale 19 Place aux jeunes 20 Ce que nous croyons 23 Esprit de prophétie Foi vivante 27 Santé & bien-être 28 « Je vais vous raconter… »

orsque la plupart des chrétiens célèbrent la naissance de Jésus, ils n’ont en tête qu’un aspect de l’histoire. Peut-être le temps est-il venu d’en voir l’autre aspect – de raconter l’histoire qui succède à toutes les scènes chaleureuses et sympathiques de la nativité. Dans mon imaginaire, je vois une image d’un vieux livre d’histoire biblique. On y aperçoit Joseph, Marie et l’Enfant qui partent de leur maison par la porte arrière, au moment même où les soldats du roi commencent à marteler la porte avant. Mais peut-être ne s’esquivent-ils pas tant de justesse que ça. Peut-être que ces trois personnes spéciales, qui viennent à peine de composer une famille, ont déjà quelques kilomètres de franchis avant qu’une effroyable clameur ne déchire le silence de la nuit. Bien qu’ils aient échappé à la tragédie dans Bethléhem, le chagrin les rattrape tout de même, car quels parents parmi nous n’éprouveraient pas une peur terrible s’ils étaient contraints, à un moment donné, de prendre leurs petits et de s’enfuir pour sauver leur vie ? Quoique nous nous plaisions à dire que tout le monde aime un bébé, souvenons-nous qu’avant même que ce bébé soit âgé de plusieurs jours ou de plusieurs mois, il était déjà un enfant méprisé et rejeté – un enfant de douleur, un enfant ô combien habitué à la souffrance… Jean ne manque pas de nous le rappeler : « Il est venu chez les siens ; et les siens ne l’ont point reçu. » (Jn 1.11, OST) Il n’y avait pas de place pour sa mère dans l’auberge, pas place pour lui dans tout le pays. Ce précieux enfant fut donc contraint de fuir dans un pays étranger, dans un pays païen, pour sauver sa vie. C’est là l’autre aspect – plus sombre – de l’histoire de Noël. Et c’est peutêtre l’antidote biblique à toutes ces notions floues d’une paix et d’une harmonie mondiales que nous entretenons à la fin de chaque année. Tout le mal pouvant être fait pour rendre sa naissance et sa vie misérables a été fait. Toute circonstance pouvant être orchestrée pour rendre son origine scandaleuse a été orchestrée. Tout instrument de terreur pouvant être inventé pour menacer cet enfant a été inventé. En vérité, compte tenu de tout ce que ce mal a déployé contre lui, il est absolument remarquable que notre Seigneur nous ait enseigné un Évangile de liberté, de confiance, et de paix ! Par-dessus tout, cet enfant était certainement à risque. Et nous savons qu’il n’a pas été le dernier enfant à l’être, que des centaines – non, des centaines de milliers – de tout-petits font aujourd’hui partie d’une grande et effrayante fuite devant la peur, la douleur, la guerre, et la famine. Tandis que dans ce numéro de Adventist World vous lisez la série d’articles spéciaux qui se focalisent sur le sort des réfugiés, priez pour voir sur le visage de ceux que Christ appelle « ses tout-petits » celui de Jésus, lequel aspire encore à notre amour, à notre consolation, et à une place dans notre cœur.

30 Foi en herbe – le coin des enfants Nous croyons en la puissance de la prière ! À Adventist World, nous nous réunissons tous les mercredis matins pour le culte hebdomadaire, au cours duquel nous prions pour les requêtes de prière qui nous ont été envoyées. Faites-nous parvenir les vôtres à prayer@adventistworld.org, et priez pour nous tandis qu’ensemble, nous travaillons à l’avancement du royaume de Dieu.

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Sur le vif

À Palu, en Indonésie, des bâtiments auparavant imposants sont méconnaissables après avoir été secoués par un séisme de magnitude 7,5, lequel a engendré un tsunami de 5,49 mètres. Des équipes de secours et des agences de secours d’urgence comme l’Agence de développement et de secours adventiste sont venues en aide aux survivants. Photo : Ralfie Maringka/ADRA Indonésie

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En bref

« Si la société mondiale désire sérieusement atteindre les buts du développement durable avant 2030, alors les dirigeants religieux sont parmi ceux qui apporteront le changement désiré. » – Jonathan Duffy, président de l’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA), alors qu’il confrontait les 25 dirigeants d’ADRA Europe lors de leur rencontre annuelle à la réalité que plus de 85 pour cent de la population mondiale est affiliée avec quelque forme d’organisation religieuse. Jonathan Duffy a parlé de la théologie de la compassion, y compris des tendances mondiales récentes, et du rôle des organisations confessionnelles dans le développement et l’aide humanitaire.

2 000 Le nombre de jeunes adventistes chiliens qui ont participé au Congrès de la jeunesse adventiste, lequel s’est tenu simultanément dans sept villes de ce pays. Entre autres activités de ce congrès, les participants sont sortis dans les collectivités locales à travers le pays pour distribuer des boîtes-repas, donner des accolades, organiser des programmes pour les enfants des familles défavorisées, nettoyer des terrains de jeux, et distribuer des livres.

Possibilités d’évangélisation mondiale : nombre de gens non affiliés sur le plan religieux dans le monde

En Hongrie, la réconciliation entraîne un important service de consécration Deux importants services récents de consécration franchiront une étape supplémentaire dans la réunification de deux branches de l’Église adventiste en Hongrie. Les deux groupes étaient divisés depuis plus de 40 ans, principalement à cause de questions du contrôle gouvernemental pendant le régime communiste d’alors. Au cours des dernières années, ces deux groupes – l’Église adventiste officielle et le groupe KERAK – ont consacré un temps considérable à une écoute active mutuelle pour chercher le pardon des fautes passées, et pour développer la compréhension mutuelle. En 2015, ils ont signé une déclaration conjointe suite à une série de consultations qui ont commencé en 2011.

« La vision du monde est le logiciel qui dirige notre vie, une carte qui oriente notre vie dans le monde. »

Source : Centre de recherche Pew, paysage religieux mondial

Amérique du Nord 59 040 000

Europe 134 820 000

Moyen-Orient/Afrique du Nord 2 100 000 Asie-Pacifique 858 580 000 Amérique latine-Caraïbes 45 390 000 Afrique au sud du Sahara 26 580 000

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– Kevin J. Vanhoozer, professeur de recherche de théologie systématique à la faculté de théologie Trinity Evangelical, alors qu’il s’adressait aux participants du symposium « Transformer les visions du monde : fidélité biblique dans une époque pluraliste », lequel s’est tenu à l’Université Andrews. Organisé par le Séminaire adventiste de théologie, l’événement visait à considérer et à proposer des réponses solides aux questions traitant de la relation entre les visions du monde actuelles et le christianisme, spécifiquement en ce qui concerne la mission.


En bref

« Au début, je pensais qu’il s’agissait d’une radio étrangère, parce que je n’avais jamais entendu ces chants auparavant et que le message était très bon. » – Nicolas Gomes, originaire de la Guinée-Bissau, lorsqu’il est tombé pour la première fois sur une station de radio Novo Tempo dirigée par l’Église adventiste dans la nation ouest-africaine. Nicolas a écouté une série d’émissions évangéliques sur cette station et est devenu la première personne baptisée en Guinée-Bissau grâce à l’évangélisation par la radio.

55 000 Le nombre de personnes suivies par les chercheurs de l’Étude sur la santé des adventistes-2 à l’Université de Loma Linda, quant au diabète. Les sujets ont été suivis pendant une moyenne de 5,3 ans. Aucun d’entre eux n’avait le diabète quand cette étude a commencé. L’étude a révélé que la consommation d’œufs n’est pas associée à un risque accru de développer le diabète de type 2, mais la viande, si. Selon l’étude, pour les participants qui mangeaient de la viande et des œufs, l’obésité et la consommation de viande constituaient les grands facteurs de risque associés au développement du diabète de type 2.

Treize Le nombre d’étudiants de l’Institut d’enseignement supérieur d’Avondale qui ont participé à un symposium sur le leadership des érudits universitaires, organisé par les Nations Unies (ONU), en Thaïlande. Plus de 1 000 délégués venant de 300 universités dans près de 90 pays se sont réunis à Bangkok. Ce symposium a aidé les étudiants à développer du leadership et des compétences qui seront bénéfiques au monde environnant. Il leur fournit des occasions d’apprendre de leurs formateurs professionnels, de coachs de vie, et de travailleurs humanitaires, d’établir un réseau avec d’autres étudiants, et de servir la collectivité. Photo : Adventist Record AdventistWorld.org Janvier 2019

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Actualités

Un congrès mondial sur les soins de santé traite d’éducation en matière de leadership et de gouvernance

Des centaines de dirigeants du domaine de la santé participent à l’événement

Larry Becker, Service des nouvelles de l’Université de Loma Linda/volet santé

Plus de 300 dirigeants dans le domaine des soins de santé, venus de 44 pays, ont assisté au huitième Congrès mondial des soins de santé – l’une des initiatives internationales en cours du Département de la santé de l’Université de Loma Linda soutenant le développement des institutions de soins de santé de l’Église dans les pays en développement dans le monde. Ce congrès, qui s’est tenu du 18 au 21 octobre 2018 à Loma Linda, en Californie (États-Unis), avait pour thème les questions de leadership, de gouvernance, et de gestion auxquelles les organisations de soins de santé de par le monde sont confrontées. Les dirigeants ont participé à une variété de sessions plénières interactives et d’ateliers destinés à augmenter leur connaissance des différents rôles et responsabilités des dirigeants d’institutions de soins de santé. Le week-end a également favorisé le réseautage et une collaboration parmi les dirigeants d’instituts, et encouragé les conversations focalisées sur les défis pratiques auxquels ils font face, ont dit les organisateurs. « Dans le partage de l’Évangile de Christ avec ce monde, de quelles façons ces organisations augmentent-

elles leur efficacité et leur détermination ? » a demandé Richard H. Hart, président du Département de la santé de l’Université de Loma Linda, dans son allocution d’ouverture. « Trop souvent, nous nous laissons prendre dans la lutte pour la survie au lieu d’atteindre l’objectif divin pour ces hôpitaux et ces cliniques. Notre but consiste donc à aider toutes ces institutions à grandir et à devenir plus solides. » Les ateliers du congrès ont mis en valeur nombre des meilleures équipes de leadership de la faculté de santé de l’Université de Loma Linda partageant l’information à partir de leurs champs d’expertise. L’Église adventiste dirige 175 hôpitaux et 450 cliniques à l’échelle mondiale. Richard H. Hart : « On me demande souvent pourquoi le Département de la santé de l’Université de Loma Linda s’efforce de contribuer au soutien de ces institutions internationales. Voici une réponse : le grand nombre de mères, d’enfants et de familles dont les vies sont sauvées et rendues meilleures chaque jour à ces hôpitaux. Ces institutions procurent aussi de l’emploi, forment des professionnels de la santé, et donne à l’Église

Richard Hart, président de LLUH, souhaite la bienvenue aux délégués du Congrès mondial des soins de santé de 2018. Plus de 300 dirigeants en soins de santé, venus de nombreux pays, ont participé à l’événement. Photo : Service des nouvelles de l’Université de Loma Linda/volet santé 6

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adventiste de la visibilité dans de nombreux endroits dans le monde. » « Il y a aussi un impact significatif sur la communauté des soins de santé de l’Université de Loma Linda, a-t-il ajouté. Si nous ne profitons pas de ces occasions pour réaliser nos rêves de compassion et de sollicitude envers autrui, les plus désavantagés, ce sera nous. Ces occasions de service façonnent la culture de Loma Linda et en font un endroit meilleur. » Le premier Congrès mondial sur les soins de santé s’est tenu en 2010 au Honduras, et s’est principalement focalisé sur les besoins spécifiques des dirigeants des soins de santé en Amérique latine. Depuis 2012, le congrès se tient tous les ans, et toutes les années paires, il se déroule à Loma Linda. Des congrès régionaux se tiennent toutes les années impaires ; les précédents se sont tenus en République dominicaine, en Côte d’Ivoire, et en Zambie. Le congrès de 2016 s’est focalisé sur les questions des ressources humaines et sur les défis que pose la pénurie de personnel dans les institutions internationales aux prises avec des ressources financières et sociales limitées. Les dirigeants des hôpitaux de l’Inde et du Bélize ont rapporté que les efforts des ressources humaines dans leur institution ont entraîné des avancées significatives grâce à l’information reçue deux ans auparavant. Quant au congrès de cette année, mentionnons au nombre des organisations collaboratrices Adventist Health International, le Consortium des dirigeants de l’éducation médicale adventiste, le Département du Ministère de la santé et celui de l’éducation de la Conférence générale, ainsi que l’Institut de santé globale de l’Université de Loma Linda.


Actualités

Une division en quête de dirigeants responsables, motivés, et productifs

La Division Pacifique Sud se focalise sur le développement de dirigeants intentionnels

Adventist Record et Adventist Review

Plus de 50 dirigeants de l’Église adventiste d’un bout à l’autre du Pacifique Sud se sont rencontrés récemment pour discuter d’une stratégie de développement du leadership au sein de la Division Pacifique Sud (SDP) de l’Église adventiste du septième jour. Des dirigeants provenant d’institutions de la région – dont l’Institut d’enseignement supérieur d’Avondale, l’Université adventiste du Pacifique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Sanatorium santé et bien-être, et l’Église adventiste en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et le Trans-Pacifique – ont participé à cette réunion, laquelle s’est tenue le 11 septembre 2018 au siège de la SPD à Wahroonga, en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Selon les organisateurs, elle a constitué une étape intégrale en créant des systèmes à travers la main d’œuvre de l’Église qui soutient, développe, et encourage les dirigeants à achever la vision et la mission de l’Église adventiste. « Il est essentiel de veiller à ce que l’Église demeure pertinente dans la société en nous assurant que nos dirigeants ont la compétence, la connaissance, l’expérience, et la souplesse pour diriger dans un contexte de changement et d’environnements divers », a dit Dean Banks, gérant du leadership et du développement personnel de la SPD. « Alors que des postes se libèrent, nous devons nous assurer de nous focaliser aussi sur l’identification d’un groupe important de futurs dirigeants qui soient équipés pour diriger. » Les participants ont pris connaissance des résultats d’un sondage effectué auprès de plus de 200 dirigeants partout dans la SPD. Ce sondage portait sur les systèmes

Glenn Townend, président de la Division Pacifique Sud (SPD), s’adresse aux dirigeants en un jour spécial de formation sur le développement du leadership au siège de la division, à Wahroonga, en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Photo : Adventist Record

de soutien actuels pour le développement. Plusieurs secteurs clés de focalisation ont été identifiés à partir de ces résultats, dont la construction d’un système pour identifier et développer de futurs dirigeants, « un mentorat efficace », et des conversations régulières avec le personnel au sujet de ses plans et des besoins de développement. D’après le sondage, les dirigeants sont confiants dans la promotion de la mission et de la vision de l’Église ; par contre, ils ont besoin davantage de soutien systématique autour des nombreuses fonctions de la gestion de personnel. « Il a été extrêmement et particulièrement valable de passer du temps avec Glenn Townend – président du comité [et président de la SPD] – et de passer notre stratégie de leadership au peigne fin », a dit Jeanette Conley, directrice d’Adventist HealthCare Medical and Clinical Governance. « Il a été aussi très enrichissant d’entendre d’autres groupes au sujet des défis et des possibilités. » « Nous devons formuler ce à quoi un leadership exceptionnel ressemble pour l’Église adventiste, comment nos dirigeants doivent réfléchir, se comporter, et diriger par

l’exemple », a dit Glenn Townend. La SPD a également lancé une campagne mensuelle de développement du leadership professionnel. Cette campagne, qui a commencé le 1er novembre 2018, se déroulera pendant 12 mois. Tous les dirigeants des entités de la SPD pourront assister aux ateliers soit en personne, soit par retransmission directe, soit par des enregistrements vidéo destinés aux dirigeants de l’île du Pacifique qui travaillent dans des zones reculées. Dans les ateliers, on abordera des secteurs de focalisation clés, dont la communication dans le leadership, la gestion des occasions de croissance, et le développement d’une culture de mentorat efficace. Dean Banks : « Nous comprenons que nos dirigeants manquent de temps et portent d’importantes responsabilités. Nous leur disons que s’ils sont prêts à apprendre, nous leur en fournirons les occasions. Reconnaître notre personnel et lui donner les moyens pour qu’il soit responsable, motivé, et productif fait partie du message que nous leur adressons. »

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Coup d’œil sur la Division Asie-Pacifique Sud (SSD)

Des adventistes renforcent les liens avec les musulmans dans le sud des Philippines Des dirigeants de la Mission de la péninsule Zamboanga (ZPM), la région administrative de l’Église adventiste dans le sud-ouest de Mindanao, aux Philippines, et des îles à prédominance musulmane dans la région, se sont réunis pour le tout premier repas communautaire du Centre des relations adventistes-musulmanes au siège de la ZPM, à Ipil, le 20 septembre 2018. Les dirigeants de l’Église ont cherché à travers l’événement à augmenter la compréhension entre les deux confessions dans la région et à fournir des occasions de communion fraternelle et d’échanges respectueux.

1 482 143 Effectif de la SSD au 1er novembre 2018

125 Le nombre d’administrateurs, de professeurs, d’enseignants, d’étudiants, et de membres laïques qui ont assisté au récent Forum de la Société asiatique de théologie (AATS) d’AIIAS, venant de différentes institutions du territoire de la SSD. AATS est là pour favoriser un dialogue équilibré parmi les membres sur des questions pertinentes pour les études bibliques, théologiques, historiques et missiologiques dans le contexte asiatique. Cette année, les participants ont discuté des défis du pluralisme religieux en Asie.

« Nous avons besoin de la puissance de Dieu pour vaincre l’amertume et les meurtrissures que nous traînons parfois pendant toute la vie. Sans la puissance transformatrice de Dieu, nous ne sommes que des êtres humains. Mais avec sa puissance, nous pouvons constituer une différence pour le monde. » – Saw Samuel, président de la Division Asie-Pacifique Sud. Il a fait ce commentaire au sujet de sa relation avec son père, avec lequel il avait eu une relation brisée. Saw Samuel a récemment touché le cœur de son père, ce qui a entraîné une relation renouvelée et le baptême de son père à l’âge de 76 ans.

« En tant qu’Église, nous devons tous faire ce que nous pouvons pour susciter une prise de conscience afin d’encourager l’acceptation, la compréhension, et l’amour pour ces enfants spéciaux. » – Mahuya Roy, coordinatrice du ministère des besoins spéciaux de l’Union des missions adventistes du Bangladesh. Les dirigeants et les membres de l’Église adventiste dans ce pays ont organisé une campagne à l’échelle régionale pour célébrer la Journée mondiale de l’autisme. Les étudiants et le personnel des écoles adventistes de tout le pays, de même que les dirigeants de l’Union des missions adventistes du Bangladesh, ont participé à un défilé, organisé des discussions communautaires, et visité des familles d’enfants autistes. (^-)

1969 L’année où les SULADS ont commencé à œuvrer parmi la tribu Manobo de Mindanao, aux Philippines. Sulad est le mot manobo pour frère ou sœur, et est aussi un acronyme pour les Services de développement socioéconomique, d’alphabétisation, d’anthropologie, et de développement. SULADS International est une organisation communautaire non gouvernementale (ONG) associée à l’Église adventiste, impliquée dans des projets de développement pour les tribus autochtones dans des zones reculées, où elles peuvent ne pas avoir accès à l’éducation et à des soins de santé. L’organisation, laquelle sert actuellement des tribus aux Philippines, en Thaïlande, au Canada, et aux ÉtatsUnis, a récemment célébré son 50e anniversaire.

Photo : Division Asie-Pacifique Sud 8

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Point de vue

Gerald A. Klingbeil, rédacteur adjoint, Adventist Review/Adventist World

Photo : Andrew Seaman

Ils quittent toujours Et nous semblons accepter ces chiffres sans sourciller

Lors du récent Concile annuel du comité exécutif de la Conférence générale, lequel s’est tenu à Battle Creek, au Michigan, David Trim, directeur du Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche (ASTR), a présenté le rapport statistique annuel1. Parmi les nombreux chiffres décrivant la réalité d’une Église en pleine croissance, un chiffre m’a – encore une fois – frappé. Quarante-deux pour cent, a dit David Trim, quittent l’Église (et apparemment, ce chiffre n’inclut pas les membres décédés)2. Dans le feu des discussions passionnées, nous pouvons oublier ce chiffre surprenant. Nous ne le devrions pas ! Imaginez en cet instant même votre propre congrégation, petite ou grande. Vous pouvez appartenir à une petite église dans le nord de l’Allemagne avec 50 membres. Eh bien, statistiquement parlant, 20 de ces 50 membres quitteront votre église au cours des prochaines années. Ou peut-être appartenez-vous à une grande congrégation dynamique et fière de ses 2 000 membres, à São Paulo, au Brésil, ou à Nairobi, au Kenya. Eh bien, 800 d’entre eux disparaîtront. Essayez maintenant d’imaginer 20 chaises vides. Puis, le vaste espace de 800 chaises vides. Dès que je me mets à envisager un tel scénario dans ma propre congré-

gation, mon cœur saigne. Au-delà des statistiques mesurables, ces chiffres représentent des âmes qui, pour une raison ou une autre, ont décidé que l’adventisme n’est plus pour elles. Comprenez-moi bien : je ne pense pas que l’effectif de l’Église adventiste constitue un sentier menant directement au ciel. Dieu parle encore au cœur de ceux qui partent – et heureusement, beaucoup reviendront. Ce qui m’affecte, toutefois, c’est le fait que nous semblions accepter ces chiffres sans sourciller. Nous nous réjouissons, certes, des 1 352 931 nouveaux membres qui se sont joints à l’Église adventiste en 2017. Mais pleurons-nous les 563 205 que nous ne voyons plus ? Les raisons de leur départ sont sans doute variées. Certains ont été baptisés mais pas vraiment discipulés – et ils tendent à disparaître rapidement, à moins d’être consciencieusement intégrés dans une communauté d’église. D’autres sont blessés par nous, membres de longue date. Des conflits interpersonnels les chassent par la porte arrière de l’église. En tant que père d’ados et d’un jeune adulte, je m’inquiète particulièrement des jeunes adultes que nous perdons après la cérémonie de remise de diplôme universitaire. Pourquoi luttons-nous pour les aider à trouver un foyer spirituel ? Des chercheurs adventistes effectuent des recherches toujours meilleures sur ces douloureuses réalités. De telles recherches sont nécessaires si nous voulons penser de façon stratégique. Mais au-delà de la recherche,

il nous faut la passion pour nous attaquer personnellement à ces défis. Si vous voulez faire partie de la solution, voici quatre suggestions pratiques pouvant aider à endiguer le flux. Premièrement, connaissez personnellement vos membres d’église, surtout les nouveaux. Intéressez-vous sincèrement à eux. Deuxièmement, aidez l’équipe de leadership de votre église à discipuler les nouveaux membres. Faire des disciples n’est pas uniquement le travail d’un pasteur ou d’un ancien. L’église locale est le point où le discipulat commence. Troisièmement, faites particulièrement attention aux ados et aux jeunes adultes dans votre congrégation. Connaissez-les par leur nom. Parlez-leur. Écoutez leurs inquiétudes et leurs préoccupations au sujet de l’Église. Servez-leur de mentor. Finalement, commencez un journal de prière qui se focalise spécifiquement sur ceux qui sont partis. L’intercession est le moyen divin de nous brancher sur le monde qui nous entoure. Tandis que vous priez, écoutez la douce voix de l’Esprit murmurer à votre cœur des façons créatives de renouer avec ceux qui se sont égarés pour les ramener à la maison. Nous avons présenté un rapport sur cette question. Voir « Rapport du secrétaire : pleins feux sur la mission » de Desiree Calixte, dans Adventist World, décembre 2018, p. 8, 9. 2 Vous pouvez lire personnellement le rapport en consultant le lien suivant : documents.adventistarchives. org/ ArchivesPublications/2018%20Annual%20Council%20-%20 Statistical%20Report,%20David%20Trim.pdf. 1

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Sous les projecteurs

Les enfants en déplacement Une crise croissante

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incent n’a que 3 ans lorsque son père, en quête d’une vie nouvelle pour sa famille, quitte leur demeure au Ghana et se rend en Italie. Deux ans plus tard, sa mère rejoint son père, laissant le petit garçon et son frère plus jeune chez leur tante. Vincent sait que ses parents travaillent dur pour leur procurer un avenir meilleur. Même si sa tante prend bien soin de lui et de son frère, le jeune garçon se sent très seul. « Tous mes amis avaient leurs parents, mais pas moi », explique-t-il. Chaque semaine, la tante amène ses deux neveux aux services à l’église – mais pas à l’église adventiste qu’ils fréquentaient avec leurs parents. « Je ne m’y sentais pas chez moi », a-t-il dit en racontant combien sa communauté de foi adventiste lui manquait. Des années plus tard, son père revient au Ghana et l’amène finalement à Palerme, en Sicile – une île italienne. Vincent, alors âgé de 13 ans, trouve ses premiers mois en Italie excitants, certes, mais aussi déstabilisants. Il ne parle pas italien. En dehors des membres de sa famille, il ne connaît personne. À son école, un seul autre enfant a, comme lui, la peau foncée. C’est là un temps de transition pour le moins difficile. UN SUR DES MILLIONS

Vincent est l’un des 30 millions d’enfants qui habitent actuellement à l’extérieur de leur pays d’origine1. Dix-sept autres millions sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays (principalement à cause de la violence et des conflits)2. L’expression « Les enfants en déplacement » décrit ces enfants qui, tous en dessous de 18 ans, ont émigré ou été contraints de partir de chez eux. En termes moins techniques, disons que nombre des enfants en déplacement sont des migrants comme Vincent ; d’autres, des réfu-


Vincent, un réfugié du Ghana habitant aujourd’hui en Italie, est l’un des 30 millions d’enfants et de jeunes qui habitent actuellement à l’extérieur de leur pays d’origine.

giés, des survivants de catastrophes, des victimes de crises humanitaires, pour ne mentionner que cela. Mais ce qui importe le plus, c’est qu’ils ne sont que des enfants. LA PÉRIODE DE TRANSITION : UN DÉFI

Chacune des étapes que les enfants en déplacement franchissent au cours de leur voyage peut être éprouvante et déchirante. Il est facile d’oublier que l’arrivée à destination est loin de marquer la fin du voyage. Pour eux, c’est un nouveau commencement de A à Z. C’est une étape où, au mieux, ils sont en butte à l’incertitude, et au pire, ils font face au trauma ou au conflit dans cette nouvelle période de transition. Soyons clairs : l’acceptation de migrants ou d’individus qui ont été déplacés pour toutes sortes de raison peut être difficile pour des collectivités – même pour celles qui sont animées des meilleures intentions. Dans des endroits où les ressources telles que la nourriture et l’eau potable sont déjà utilisées au maximum, les nouveaux arrivants constituent un fardeau supplémentaire. La tension peut aussi augmenter lorsque de nouvelles cultures et de nouvelles religions – que les populations locales connaissent mal, ou envers lesquelles elles éprouvent même de la suspicion – sont soudainement visibles dans leur localité. Dag Pontvik, de l’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA) en Italie, dit que dans cette étape critique, tout le monde a un rôle à jouer auprès des enfants en déplacement. « L’intégration est une clé très importante, dit Dag. Nous devons aller au-delà du soutien physique. Nous devons faire davantage que d’offrir le gîte et le couvert. Nous devons écouter les enfants, les aider à trouver une appartenance, leur offrir un soutien psychosocial, et donner de la valeur à leur cheminement spirituel. » Quand Vincent est venu en Italie, il ne parlait pas italien. Heureusement, il parlait anglais. Il a trouvé du réconfort auprès des profs qui s’entretenaient avec lui dans cette langue. Sa connaissance de l’anglais lui a permis de se sentir accepté de ses camarades de classe qui lui demandaient de le leur apprendre. Par contre, ce n’est que lorsqu’il a rejoint son Église par le biais de la communauté adventiste à Palerme qu’il a trouvé de nouveau une appartenance, un « foyer ». « La voix de Dieu me disait d’aller de l’avant, raconte Vincent. Dieu m’a dit : “Va à l’église – il y a là quelque chose de bon pour toi. » En plus des services du sabbat tenus dans un bâtiment où les congrégations italienne et ghanéenne se réunissaient, Vincent a effectivement trouvé à l’église quelque chose de précieux : un programme parascolaire pour les migrants comme lui et pour d’autres enfants de la collectivité. Organisé par ADRA en partenariat avec l’église adventiste locale, ce programme les aide à s’intégrer grâce aux cours de langue. Il les soutient dans leurs études, et les Photos : ADRA International

encourage à jouir de leur nouvelle patrie par le biais d’activités telles que les Explorateurs. Bref, il a complètement changé la vie de Vincent ! Un programme parascolaire semble être une solution simple, et ça l’est. Mais c’est aussi un environnement propice et sûr où les enfants peuvent se faire des amis, partager leur histoire avec d’autres enfants qui vivent la même chose qu’eux, gagner de l’assurance, et trouver le soutien social et spirituel que, bien souvent, on ne retrouve pas dans d’autres programmes pour les migrants et les réfugiés. UNE FAMILLE QUI VA DE L’AVANT

Lorsque le frère plus jeune de Vincent a terminé l’école au Ghana, il a rejoint le reste de la famille agrandie d’un petit frère, à Palerme. Désormais réunie, cette famille prospère dans sa nouvelle vie. Vincent a maintenant 16 ans. Sa timidité est chose du passé. Sa voix était forte, et son sourire, confiant, tandis qu’à côté de Dag Pontvik, il racontait son histoire à un groupe d’humanitaires confessionnels et de dirigeants religieux lors du Forum sur la foi en action pour les enfants en déplacement. Son histoire est devenue un exemple de réussite ! En ce chaud matin d’octobre à Rome, il a dit à ceux qui y participaient qu’il espère pouvoir aider d’autres enfants en déplacement à écrire leur propre histoire couronnée de succès. Où trouve-t-il sa force ? Il répond sans hésitation : « En Dieu ». Et que dirait-il à d’autres enfants en déplacement ? « Vous pouvez y arriver. Allez simplement de l’avant. » Dag Pontvik a dit au groupe combien il est important de donner à des jeunes tels que Vincent la capacité d’agir lorsqu’ils sont dans nos collectivités. « Même ceux qui, parmi nous, travaillent dans cette région, peuvent stéréotyper, ou simplement catégoriser – ils peuvent, à première vue, se dire d’abord : En voilà un qui vient de l’Afrique ou du Moyen-Orient, et s’arrêter aux différences, alors que notre première pensée devrait plutôt être : « Tu es un enfant de Dieu ». Pour en découvrir davantage, consultez le site adra.org. UNICEF, IOM, UNHCR, EUROSTAT, et OECD, « A Call to Action: Protecting Children on the Move Starts with Better Data », février 2018, data.unicef.org/resources/call-action-protecting-children-move-starts-better-data/. 2 UNICEF, « Uprooted: The Growing Crisis for Refugee and Migrant Children », 2017, www.unicef.org/ publications/index_92710.html. 1

Ashley Eisele est directeur adjoint des communications pour ADRA International.

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Sous les projecteurs

Les réfugiés en Europe L’approche chrétienne

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’il vous plaît ! Ne nous laissez pas être victimes d’un autre génocide. Sortez-nous d’ici ! » C’est par ces paroles que le cheik Munir – dirigeant de la communauté yézidie au camp de réfugiés à Petra Olympou, près du pied du mont Olympe, en Grèce – a supplié les fonctionnaires locaux de leur venir en aide. L’hiver approchait. Le site qui servait de camp de réfugiés depuis le printemps ne fournissait que des tentes fragiles, incapables de protéger les résidants du froid et de la neige qui, déjà, coiffait les montagnes. Environ 1 200 personnes, incluant 500 enfants, attendaient depuis huit mois de trouver un moyen de rejoindre leurs familles en Allemagne. « Mon peuple a subi plus de 70 génocides, a poursuivi le cheik. L’année dernière, nous en avons subi un autre en Irak. C’était horrible ! Aussi horrible que notre voyage en mer. Ne nous laissez pas mourir ici ! » À cause de l’instabilité politique et militaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de la sécheresse et de la famine dans la région africaine du Sahel, approximativement 1,5 million d’individus en quête de sûreté et de stabilité ont risqué leur vie en 2015 et en 2016 dans leur fuite vers l’Europe. Forcés de tout laisser en arrière, ils ont tenté de se relocaliser dans des milieux non familiers, lesquels leur étaient souvent hostiles. Les Européens sont maintenant attentifs à la question des réfugiés. Certains, simplement par sympathie. D’autres, cependant, craignent que leur culture et leur mode de vie soient menacés.

LA RÉALITÉ DES CHIFFRES

Les statistiques du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)1 indiquent que le nombre de personnes forcées de fuir leurs foyers en raison de la persécution, des conflits, de la violence, ou de la violation des droits de l’homme, a grimpé de façon spectaculaire depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2017, 68,5 millions de gens à l’échelle mondiale ont dû prendre la fuite. C’est plus que la population entière de la France. De ce nombre, 25,4 millions sont des réfugiés, dont plus de la moitié n’ont pas encore 18 ans. Quarante millions – la tranche la plus large – sont des personnes déplacées internes (PDI), soit des personnes qui ont dû se déplacer dans une région différente de leur propre pays. La communauté internationale n’arrive qu’à faire peu pour défendre ce groupe, lequel est souvent privé de la plupart des droits des réfugiés habitant dans d’autres pays, puisqu’ils habitent encore dans leur pays.


Des ouvriers d’ADRA Serbie enseignent aux enfants réfugiés comment semer des graines de légumes lors d’une école d’été au centre communautaire d’ADRA, à Belgrade. ADRA fournit de l’assistance indispensable tant pour les enfants que pour les adultes qui ont été forcés de fuir leur pays d’origine.

Trois pays d’origine contribuent pour près de la moitié du nombre total de réfugiés : la Syrie – 6,3 millions ; l’Afghanistan – 2,6 millions ; et le Soudan du Sud – 2,4 millions. Environ 85 pour cent des réfugiés habitent dans des pays développés, la Turquie en tête avec 3,5 millions d’individus. En examinant le nombre de réfugiés proportionnellement au nombre d’habitants du pays d’accueil, on constate que le Liban remporte la palme de la nation la plus généreuse. Ce pays, qui compte 6 millions d’habitants, accueille 1 million de réfugiés ! Comparativement, toute l’Europe, excluant la Turquie, mais incluant tous les pays à l’extérieur de l’Union européenne, a une population totale de 741 millions d’habitants et accueille 2,4 millions de réfugiés. LA PERSÉCUTION RELIGIEUSE

Selon les Nations Unies, le terme réfugié s’applique à « toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité, et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays »2. La persécution religieuse est l’une des raisons les plus courantes pour lesquelles les gens fuient leur pays d’origine. La religion, cependant, est souvent présentée comme un facteur déstabilisant pour les communautés d’accueil plutôt qu’une cause du statut de réfugié. La plupart des réfugiés sont forcés de partir en raison de conflits armés. Ces conflits, toutefois, procèdent souvent de raisons religieuses et du manque de liberté de conscience. Les conflits en Syrie, en AfghanisPhotos : ADRA Serbie

tan, et au Soudan du Sud – et plus récemment la crise des Rohingyas au Myanmar – sont à la base profondément religieux. Le cas des Yézidis cité plus haut en est un excellent exemple. Pendant des siècles, ils ont été persécutés et victimes de génocides parce qu’ils ont des principes religieux différents. Malheureusement, la religion est souvent utilisée pour justifier la persécution et l’existence des réfugiés. UNE EUROPE MENACÉE ?

Au lieu d’être considérée comme une cause de persécution, la religion d’un réfugié a longtemps été perçue par beaucoup d’Européens comme une menace à la matrice judéo-chrétienne traditionnelle. On craint une invasion des différentes religions, des coutumes, et des cultures. Le mode de vie religieux de certains réfugiés entre très souvent en conflit avec les traditions et les habitudes des pays d’accueil. Par conséquent, des défis surgissent. DES PACIFICATEURS

Quel est donc le rôle des disciples du Christ lorsqu’ils sont confrontés à de telles circonstances ? Dans Matthieu 5.9, Jésus nous appelle à être des pacificateurs. Les chrétiens doivent exercer ce trait de caractère lorsqu’ils sont confrontés à l’arrivée de réfugiés à leurs frontières, même si ces derniers professent une foi différente de la leur. Mais au lieu de nous contenter de tolérer la foi de quelqu’un d’autre, développons plutôt un esprit de solidarité qui soutient et défend les groupes minoritaires ayant peu ou aucun soutien social. La Parole de Dieu est claire : « Ouvre ta bouche pour le muet, pour la cause de tous les délaissés3. » (Pr 31.8) Les collectivités accueillant des réfugiés devraient jeter des ponts

qui encouragent l’apprentissage des langues et des coutumes locales. L’intégration efficace favorise la paix et la tolérance, et peut permettre d’avoir accès au marché du travail. L’ordre donné aux Israélites lorsqu’ils établirent leur nation s’adresse également à nous aujourd’hui : « Vous aimerez l’étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. » (Dt 10.19) Présentement, l’Europe a une occasion unique de faire preuve de tolérance, de solidarité et de respect pour la dignité humaine. En tant que chrétiens, nous avons une responsabilité supplémentaire : manifester l’amour de Dieu par des actes de bonté et de respect envers ceux qui, en quête de paix, de sécurité, et de réconfort pour eux-mêmes et pour leurs familles, ont été obligés de laisser derrière tous leurs biens. Le cheik Munir et son peuple n’ont pas passé l’hiver au pied du mont Olympe. La Grèce dispose de nombreuses chambres d’hôtel vides pendant la basse saison, et dans un esprit de collaboration, ADRA, les Nations Unies, et le gouvernement grec ont relocalisé les réfugiés. Avec le temps, ces migrants ont trouvé asile dans d’autres pays européens, et ont finalement rejoint leurs familles en Allemagne, où ils ont enfin trouvé, en tant que peuple, la paix et la sécurité. Heureusement pour cette communauté, l’Europe a su comment être à la hauteur de ses fondements chrétiens. Pour regarder une vidéo de l’œuvre d’ADRA envers les réfugiés à Belgrade, consultez le site https://adra.org. rs/?lang=en. www.unhcr.org/figures-at-a-glance.html. https://www.unhcr.org/fr/pages/4aae621d42e.html. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910. 1 2 3

João Martins est directeur exécutif d’ADRA Europe.

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Michael von Hörsten, un médecin missionnaire médical, pose avec des enfants réfugiés en Ouganda.

Courtoisie de AdventHelp/ADRA

Sous les projecteurs

Emprunter le chemin le moins fréquenté Des médecins consacrent leur carrière au service des réfugiés

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u’est-ce que la Grèce, l’Irak et l’Ouganda ont en commun ? Au cours des dernières années, ces pays, entre autres, ont fait l’expérience d’un afflux de réfugiés – ce qui a entraîné un besoin considérable de services de base pour les personnes déplacées. AdventistHelp1 – un ministère de soutien – et l’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA)2 ont établi un partenariat dans ces trois régions pour y dispenser des soins médicaux essentiels. Le ministère envers les réfugiés devient, à l’échelle mondiale, une occasion missionnaire et change le paysage pour les missionnaires d’aujourd’hui. Michael von Hörsten et Friedrich3, son frère plus âgé, sont tous deux médecins. En collaboration avec Hildebrando et Leah Camacho, un couple missionnaire médical, ils ont choisi de dispenser des services médicaux dans des camps de réfugiés des trois pays susmentionnés – un chemin que peu empruntent dans la carrière médicale. Penny Brink habite en Afrique du Sud. Écrivaine et rédactrice pigiste pour Adventist World, elle s’est entretenue avec Michael au sujet de ses expériences. Parlez-nous un peu des projets en faveur des réfugiés dans lesquels vous avez été impliqué.

AdventistHelp a démarré en Grèce, sur l’île de Lesbos, en 2015, dans une clinique d’urgence mobile, près du 14

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rivage où les réfugiés débarquaient de leurs bateaux, et plus tard, à Athènes. Sa mission ? Dispenser des soins médicaux aux communautés de réfugiés vulnérables. En 2017, nous avons établi un partenariat avec ADRA Irak pour mettre sur pied un hôpital de campagne à l’est de Mosul, une ville déchirée par la guerre. Nous y avons dispensé des soins médicaux dans les camps de réfugiés qui ont fui ISIS. L’installation a traité plus de 50 000 patients au cours de l’année dernière. Maintenant, nous nous rendons en Ouganda. Bien que l’environnement de ce pays soit différent, les besoins des réfugiés restent très semblables. Victimes de certaines des violations des droits de l’homme et de certains des conflits les plus horribles, ils vivent maintenant dans des circonstances désespérées, au sein de communautés de réfugiés vulnérables. Des nombreux endroits ont besoin d’aide ! Pourquoi avoir choisi l’Ouganda ?

En 2017, Charles Aguilar, directeur d’ADRA Ouganda, nous a invités en Ouganda pour que nous examinions la possibilité d’établir un hôpital de campagne semblable à celui en Irak. L’Ouganda, avec ses 1,5 million de réfugiés, occupe le troisième rang quant au nombre de réfugiés à l’échelle mondiale. Dans ce pays, les soins de santé constituent l’un

des plus grands manques en matière d’intervention envers les réfugiés. Pourquoi les gens en fuite cherchent-ils spécifiquement refuge en Ouganda ?

L’Ouganda est un pays stable, paisible. Il est entouré entre autres par le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo [RDC] – deux régions comptant certains des taux les plus élevés de violence ethnique au monde. Les violences en RDC ayant repris depuis décembre 2017 – en plus d’une crise alimentaire, du fardeau supplémentaire des maladies infectieuses telles que la malaria et Ébola, ainsi que d’un accès minimal aux soins médicaux – des milliers de civils en quête d’un refuge sûr ont dû fuir en Ouganda. Quelles sont les conditions de vie des réfugiés ?

Le camp de réfugiés Kyaka 2 est l’un des secteurs d’accueil principaux de l’Ouganda pour les nouveaux arrivants provenant de l’est de la RDC. Au cours des derniers mois, des milliers y sont arrivés. De leur nombre, beaucoup n’ont que les vêtements qu’ils portent. Ce camp compte actuellement environ 80 000 réfugiés. On s’attend à ce que ce chiffre grimpe à 100 000 au cours des prochains mois. Chaque famille – composée principalement de femmes et d’enfants – se fait allouer un bout de terrain par le gouvernement, sur lequel elle construit une simple hutte en terre. Les infrastructures et le financement sont extrêmement limités, ce qui ne facilite pas les choses. Les hôpitaux les plus près sont à des heures de route, et l’on n’y accède qu’à grand peine. Par conséquent, si un enfant fait une crise de malaria grave, les chances qu’il meure dans sa hutte sont extrêmement élevées ; lors d’un accouchement difficile, le risque de succomber est aussi extrêmement élevé. Sur le camp même, les services de santé sont minimes et totalement débordés. Comme il n’y a que fort peu


Selon vous, pourquoi est-ce le moment opportun de choisir ce projet particulier ?

ADRA a travaillé à fond avec les réfugiés dans cette région. Actuellement, elle travaille dans de nombreuses installations de réfugiés pour répondre à leurs besoins et à ceux des collectivités qui les accueillent. En raison de la pression que l’arrivée de réfugiés exerce sur un système de santé déjà limité, le besoin est de taille, et l’impact potentiel énorme pour une telle intervention. Dans ce contexte d’urgence, nous essayons de combler l’un des besoins les plus importants et les plus vitaux. L’hôpital d’ADRA, en cours de construction par étapes, disposera de 100 lits, d’une unité ambulatoire, d’une salle des urgences, et d’un bloc opératoire. Pourquoi consacrez-vous votre carrière aux réfugiés ? Parce que c’est pour nous un privilège de pouvoir atteindre cette population vulnérable, de lui dispenser des soins de santé de qualité, et de l’aider à guérir. Pour en découvrir davantage, consultez le site www.adventist help. org, ou facebook.com/AdventistHelp/. www.adventisthelp.org. adra.org. Pour en découvrir davantage sur les frères von Hörsten, consultez le site www.adventistreview.org/ church-news/ story3402-adventist-doctor-describes-tears-andhope-at-epicenter-of-europe’s-migrant-crisis.

Courtoisie d’ARIM

de nourriture, un grand nombre d’enfants souffrent de malnutrition. Cette semaine, alors que nous nivelions le sol du site de l’hôpital, nous avons vu avec tristesse des mères et des enfants marchant derrière la niveleuse, creusant dans la terre avec leurs mains en quête de racines comestibles… Un garçon âgé de 13 ans m’a dit que chez lui, il a vu toute sa famille se faire tuer à coups de machette. Chaque réfugié a une histoire comme celle-ci. Leur espoir de rentrer chez eux un jour est mince.

Le Ministère envers les réfugiés et les immigrants en Amérique du Nord Prendre soin de l’étranger à nos portes

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ans son désir d’apporter l’Évangile de l’amour de Dieu aux réfugiés, aux immigrants, aux demandeurs d’asile, et à d’autres populations vulnérables nées à l’étranger qui sont actuellement sur son territoire, la Division nord-américaine (NAD) a lancé en 2009 le Ministère adventiste envers les réfugiés et les immigrants (ARIM). Ce ministère qui grandit rapidement fait partie du Département des ministères multilingues de la division. La mission d’ARIM consiste à coordonner, à faciliter, et à étendre les ministères adventistes aux 3 millions de réfugiés et autres groupes linguistiques parmi les moins atteints et les moins établis dans la NAD. Pour ce faire, ARIM se focalise principalement sur 1) l’implantation d’églises, 2) la sensibilisation et l’autonomie, 3) l’engagement communautaire par les bénévoles, 4) le développement des ressources, et 5) l’éducation adventiste. Ce ministère compte désormais 156 congrégations parmi 17 groupes linguistiques de réfugiés dans l’ensemble de la division. Avec une sensibilisation accrue des réfugiés et l’occasion qui s’offre à nous de les atteindre avec l’amour de Jésus, de nombreuses églises locales et de nombreux centres adventistes de services à la communauté de fédérations, d’unions de fédérations, et de ministères à tous les paliers de l’Église ont pris des mesures créatives pour atteindre les réfugiés. En entrant en contact avec des réfugiés musulmans, ARIM collabore étroitement avec le Centre des relations adventistes-musulmanes de la NAD, dirigé par Gabriela Phillips. Daniel R. Jackson, président de la NAD : « Les familles qui cherchent un refuge loin des pays déchirés par la guerre – quelle que soit leur religion ou leur nation d’origine – sont des enfants de Dieu créés à son image. Ils sont nos frères et nos sœurs ! Nous devons leur fournir un refuge. En tant qu’Église, nous devrions les accueillir au sein de la Division nord-américaine, leur témoigner du respect, et leur procurer les soins et l’aide dont ils ont besoin. » Des bénévoles d’un bout à l’autre de la NAD sont sortis de leurs zones de confort et ont atteint des réfugiés fuyant les conflits et la persécution dans leur pays d’origine. Et ils ont été bénis par les amitiés ainsi forgées ! Des centaines d’enfants réfugiés reçoivent une éducation adventiste, et des centaines d’autres ont besoin de cette éducation transformatrice. Les consultants en implantation d’églises constituent le personnel clé d’ARIM. Il s’agit de locuteurs natifs des langues des réfugiés. Ces consultants trouvent des membres qui sont venus en Amérique du Nord à titre de réfugiés et les organisent en groupe, où ils peuvent être spirituellement nourris et servir la communauté. Les consultants développent aussi des ressources, créent des réseaux, et planifient des événements qui forment et autonomisent les dirigeants et les pasteurs de ces congrégations. En outre, ils les mettent en relation avec d’autres croyants de foi et de langue semblables à travers la division, pour qu’ils s’encouragent mutuellement, jouissent de la communion fraternelle, et reçoivent de la formation.

De nombreuses familles de réfugiés de différents groupes linguistiques célèbrent un culte d’actions de grâces à Greensboro, en Caroline du Nord, en janvier 2018.

Pour en découvrir davantage, consultez le site www.refugeeministries.org, ou facebook.com/RefugeeImmigrantMinistries.

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Terri Saelee est coordinatrice du Ministère adventiste envers les réfugiés et les immigrants, au sein de la Division nord-américaine.

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Perspective mondiale

Perceptions erronées au sujet du document de la Conférence générale sur la conformité MARK A. FINLEY

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vez-vous déjà remarqué que parfois, d’honnêtes individus peuvent percevoir le même événement de façon complètement différente ? Leurs perceptions sur ce qui s’est passé varient beaucoup. Il est aussi possible que des perceptions erronées, à force d’être répétées, soient devenues une réalité dans notre esprit. Ceci peut également se produire au sein de l’Église, car nous sommes tous humains. Des perceptions erronées prennent actuellement des proportions endémiques sur les médias sociaux au sujet du document intitulé Respect des votes de la session de la Conférence générale et du comité exécutif et leur mise en pratique, voté récemment lors du Concile annuel de 2018. Certains sont même allés jusqu’à déclarer que la Conférence générale (GC) désire contrôler ce qui se passe au palier de l’église locale, et que personne n’est à l’abri de ses tentacules dominatrices – une déclaration pour le moins exagérée. Ce document a été qualifié de « pontifical », d’« antiprotestant », et de « non biblique ». Ceci, bien entendu, est aussi faux que désolant. Considérons ensemble sept perceptions erronées courantes au sujet de la discussion actuelle sur le document voté par le comité exécutif de la Conférence générale lors du Concile annuel de 2018, et comparons-les aux faits du document. FAUSSE PERCEPTION 1 – Le document est une tentative abusive de la Conférence générale de centraliser le pouvoir. FAIT – Le document, en réalité, déclare : « Dans un premier temps, la planification pour la conformité et la garantie de conformité doivent être confiées à l’entité la plus proche de la question » (p. 1, ligne 25).

Le document a pour intention de permettre à l’entité la plus proche de la question de non-conformité de traiter de cette dernière. Il encourage ainsi à résoudre au palier local 16

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toutes les questions de non-conformité aux règlements, et de ce fait, est exactement l’opposé de la centralisation du pouvoir. Si ce n’est pas possible, le palier supérieur suivant de l’organisation de l’Église peut devenir impliqué. Par exemple, si une église locale se retrouve avec une question de non-conformité avec un règlement voté, la fédération locale a la responsabilité de travailler avec l’église concernée pour résoudre le problème. Si une fédération ne peut ou ne résoudra pas cette question de non-conformité, l’union de fédération/de mission peut alors entrer en scène pour trouver une solution. Ce processus s’applique à chaque palier de l’organisation de l’Église. Si une question de non-conformité demeure non résolue au sujet d’une mesure votée par la Conférence générale en session ou par le comité exécutif, des représentants de la GC peuvent alors s’impliquer dans des discussions avec l’entité concernée pour résoudre le problème. FAUSSE PERCEPTION 2 – Le document utilise une méthode coercitive. Une telle méthode est non biblique. FAIT – Le document fait exactement le contraire ! Voici ce qu’il déclare : « Les administrateurs traitant toute question de non-conformité devront exercer la procédure chrétienne établie, laquelle inclura la prière et le dialogue en abondance » (p. 2, ligne 35).

Le document est conçu dans un but rédempteur, et non dans un but punitif. Il prévoit un processus de dialogue, de prière, et de conseil pour déterminer la meilleure façon de résoudre la question de non-conformité. Il ne s’agit donc pas de punir les entités qui ne se conforment pas, mais plutôt d’établir un processus selon lequel les questions de non-conformité peuvent être résolues. Le document suit le modèle scripturaire de réconciliation et de résolution tel que souligné dans Matthieu 18. FAUSSE PERCEPTION 3 – Le document est une approche


Les règlements ne dictent pas ce qu’un individu croit ; par contre, ils devraient gouverner les actes des dirigeants. Les dirigeants de l’Église ont la responsabilité éthique de respecter les décisions prises conjointement par les représentants de l’Église mondiale lors d’une session de la Conférence générale.

restrictive et autoritaire à la résolution de problème. FAIT – Le document prescrit la tolérance. Il alloue aux administrateurs de l’entité perçue comme ne se conformant pas une période de 60 jours pour approfondir le dialogue, et pour offrir des solutions à la situation difficile (p. 2, ligne 14).

Les provisions de la procédure officielle dans le document encouragent la discussion ainsi qu’une considération, dans un esprit de prière, sur la façon de résoudre les questions de non-conformité. Plutôt qu’un mandat restrictif à saveur de dictature, le document garantit un processus de collaboration et cherche à trouver des solutions aux problèmes de non-conformité. Pour certains, cette période de 60 jours peut sembler bien courte pour résoudre des questions complexes. En réalité, elle fournit de la spécificité pour que la non-conformité ne s’étire pas indéfiniment sans résolution. Une date butoir spécifique favorise le dialogue et facilite la résolution de problème. Les « avertissements » et les « réprimandes » proposés sont conçus pour permettre aux entités de réfléchir à la gravité de la non-conformité aux mesures votées de l’Église mondiale, et pour les encourager à se remettre au diapason de l’Église mondiale. Tout avertissement, toute réprimande, ou toute autre conséquence doivent être votés par le comité exécutif de la Conférence générale avec une représentation mondiale. FAUSSE PERCEPTION 4 – Le vote final de l’autorité concernant les conséquences repose à Silver Spring, au Maryland, avec le comité administratif de la GC. FAIT – Le document déclare clairement : « Dans le cas où l’organisation la plus proche de la question n’a pu résoudre une question de non-conformité et qu’ensuite, le comité de révision de conformité de la Conférence générale recommande des conséquences, seul le comité de la Conférence générale en session a l’autorité d’exécuter la recommandation » (p. 3, lignes 27-30). FAUSSE PERCEPTION 5 – Ce document change la culture de l’Église adventiste et enraye la liberté de conscience. FAIT – Lorsqu’un individu choisit d’aller à l’encontre des règlements votés de l’entité corporative, il y a typiquement des conséquences. Les règlements ne dictent pas ce qu’un individu croit ; par contre, ils devraient gouverner les actes des dirigeants.

Le document voté lors du Concile annuel ne change pas la culture de l’Église adventiste. Il préserve l’intégrité de la structure organisationnelle et les mesures votées de l’entité mondiale. Ce qui changera la culture de l’Église adventiste, c’est le non-respect des votes de la Conférence générale en session et de son comité exécutif. Si chaque entité – de l’église locale aux fédérations, aux unions de fédérations, et aux divisions – fait fi de l’Église corporative, l’Église se dirigera vers le chaos organisationnel, la fragmentation, la désunion, et le congrégationalisme. La question dont est saisie l’Église reste donc la suivante : désire-t-elle demeurer une entité mondiale unie qui respecte les décisions collectives de la Conférence générale en session et de son comité exécutif, ou devenir un corps d’entités organisationnelles aux liens distendus ? FAUSSE PERCEPTION 6 – La Conférence générale ne dispose d’aucune entité pour superviser ses activités et ses actes. FAIT – La Conférence générale a des comptes à rendre au comité exécutif de la GC. C’est pour cette raison que l’on présente régulièrement des rapports pendant la réunion administrative du printemps et lors du Concile annuel. De plus, la Conférence générale fait l’objet d’audits réguliers pour la conformité financière par une firme indépendante réputée – Maner & Costerisan.

Pendant la réunion du printemps de 2018, des représentants de Maner & Costerisan ont rapporté que la Conférence générale était en conformité avec les Règlements de travail de la Conférence générale en ce qui concerne les questions d’ordre financier. Également lors de la réunion du printemps de 2018, la trésorerie de la GC a présenté le rapport intitulé « Responsabilité de l’utilisation de la dîme » dans le cadre des rapports financiers. Ce rapport, et celui de Maner & Costerisan, peuvent être lus dans le Bulletin du comité exécutif de la GC de mai 2018. FAUSSE PERCEPTION 7 – Le document est non biblique. Il met les règlements au-dessus des Écritures et de ce fait, s’oppose à la Réforme protestante en ce qu’il viole la liberté de conscience. FAIT – L’organisation de l’Église est un principe fondamental de l’enseignement du Nouveau Testament. L’Église est unie par le Saint-Esprit grâce à un engagement commun

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à Christ, à une croyance partagée des enseignements bibliques, à une passion pour la mission, et à une organisation mondiale de l’Église. Si l’une ou l’autre de ces choses est subtilement sapée, l’Église tout entière sera en danger.

Sans organisation de l’Église, le congrégationalisme prendra de l’ampleur. Comme à l’époque des juges, « chacun [fera] ce qui lui [semble] bon » (voir Jg 17.6 ; 21.25). Les règlements de l’Église ne dictent ou ne remplacent jamais la conscience d’un individu. Les croyants sont libres de suivre la voix de leur conscience. Il arrivera parfois que des croyants honnêtes voient les choses différemment. En ce qui me concerne, j’ai des amis des deux côtés du débat actuel. Bien que les règlements ne modèlent pas notre conscience, ils gouvernent nos actes en tant que dirigeants de l’Église de Dieu. Les règlements sont des ententes sur la façon dont l’Église va fonctionner. Ils déterminent comment une famille internationale, mondiale, fonctionnera. Les dirigeants de l’Église ont la responsabilité éthique de respecter les décisions prises conjointement par les représentants de l’Église mondiale lors d’une session de la Conférence générale. Si les mesures de la Conférence générale en session ou du comité exécutif influent peu, alors, c’est notre système de gouvernance de l’Église tout entier qui est remis en question. Les règlements ne sont pas des enseignements bibliques immuables. Par conséquent, ils ne devraient jamais être élevés au-dessus de la vérité biblique. Ils sont des principes de fonctionnement que les délégués à une session de la

Conférence générale ou les membres du comité exécutif peuvent changer, et parfois, ils ont été effectivement changés. Si un changement de n’importe quel règlement voté par la Conférence générale en session ou de mesures votées par le comité exécutif doit se faire, il devrait l’être par la même entité qui l’a voté. Si un groupe représentatif de dirigeants désire qu’un règlement soit réexaminé, il peut faire appel au comité exécutif de la Conférence générale. UNE FAUSSE BATAILLE

Les perceptions erronées ne nous servent jamais bien. Elles nous conduisent à fonctionner dans un esprit de crainte dans un monde illusoire. Pire encore, elles nous découragent dans notre mission, à savoir vivre et prêcher l’Évangile pour accomplir le mandat évangélique. Croire à des perceptions erronées nous amène à livrer une fausse bataille, alors que nos énergies et notre attention spirituelles devraient plutôt servir à atteindre les âmes perdues, à préparer hommes et femmes au retour de notre Seigneur. Oh, puisse le Christ vivant remplir notre cœur et guider notre pensée à un point tel que nous nous focaliserons sur ce qui compte vraiment : sauver des âmes éternellement pour le royaume de Dieu !

Mark A. Finley, maintenant à la retraite, est bien connu en tant qu’évangéliste, auteur, et vice-président de la Conférence générale.

« Christ change

les cœurs

qu’il possède »

La grâce… Nous remarquons, après qu’elle ait agi en nous pendant un certain temps, combien nous avons changé, combien toutes choses sont différentes. Nous manifestons une gentillesse surprenante envers ceux qui se moquent de nous ou nous irritent. Nous écoutons attentivement ceux qui ne semblent jamais dignes de l’être. Nous constatons que notre cœur s’est élargi, qu’il a de la place pour ceux qu’auparavant, nous craignions ou méprisions. C’est là le signe évident que Jésus vit en nous. Et cette transformation s’est passée entièrement à notre insu !

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Christ change les cœurs qu’il possède. Il remplace la dureté par l’amour. Nous obtenons la double bénédiction de l’éternité et du présent : voir la vie renouvelée en nous et la croissance de tout ce qui y a été planté. Et la semence divine qui croît en secret produit un fruit sucré à souhait. Restez donc dans la grâce ! – Bill Knott

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Photo : Jakob Owens


Place aux jeunes

Merci, Andy ! L

es spectateurs, fascinés, ne quittent pas des yeux les musiciens. Tandis que le pianiste et la chanteuse épanchent leur âme dans la musique, que les voix et les harmonies se mêlent de façon sublime, ils ont le souffle littéralement coupé. Ce concert ne se tient pas dans une salle, mais exceptionnellement dans un simple salon. Mon amoureux et moi y avons été invités par Andy. Même si la chanteuse de ce soir est passée plusieurs fois à la télé et a donné plusieurs concerts, nous ne la connaissions pas. Mais comme nous connaissons Andy et lui faisons confiance, nous avons décidé d’y assister. Mus par leur amour de la musique, des gens de tout âge et de différents contextes ont pris place dans le modeste salon. Derrière les pièces musicales, il y a une histoire. Certaines, nous expliquent les artistes, ont été écrites pour une campagne contre l’intimidation. D’autres ont été inspirées par la nièce autiste de la chanteuse, car elle souhaite que les gens l’écoutent sincèrement. À l’ouïe de ces témoignages, nous rions ou soupirons tous. Quand l’artiste chante des chants que nous connaissons bien, nous joignons joyeusement nos voix qui détonnent à la sienne ! Même si nous ne nous connaissons pas, nous formons au cours de la soirée des liens autour de notre appréciation des musiciens. Sur le chemin du retour, mon amoureux et moi discutons de cette magnifique soirée. Ce qui me frappe, c’est de voir à quel point elle est un symbole de la communauté de l’Église. Des individus de tous les parcours de vie se sont réunis, attirés mutuellement par leur amour pour Jésus, et focalisés sur quelque chose d’absolument magnifique. Si nous sommes des étrangers, en revanche, nous pouvons nouer des liens autour de notre amour mutuel pour Dieu.

« Dans un premier temps, pourquoi sommes-nous tous allés à ce concert ? » me demande mon amoureux tandis que nous discutons de l’analogie. « Certainement pas parce que nous connaissions la chanteuse ! Nous y sommes allés simplement à cause d’Andy. C’est parce que connaissions Andy que nous avons été introduits à une activité qui a touché notre cœur. » N’en est-il pas souvent ainsi de notre rencontre avec Dieu ? Je connais des gens qui sont venus dans la communauté de l’Église parce qu’ils avaient pour ami quelqu’un qui connaissait déjà Jésus. De jeunes parents se sont fait des amis chrétiens à cause d’une activité pour les bambins dirigée par l’église. Ils se sont mis à participer à l’École du sabbat ou à « L’église en pagaille ». Les membres d’une famille sont devenus adventistes grâce à leurs conversations avec leurs voisins, là, au-dessus de la clôture. Et ces conversations se sont transformées en études bibliques ! Une ado a amené ses parents à l’église qui ouvre ses locaux à son école de musique. Au café, des jeunes adultes se sont intéressés au christianisme grâce à leurs conversations et au bon temps passé avec des amis qui connaissent Jésus. Je songe à l’histoire biblique de Nathanaël et de Philippe. Lorsque Philippe dit à son ami qu’il avait trouvé le Messie, « Jésus de Nazareth, fils de Joseph », Nathanaël s’exclama : « Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » Et j’imagine Philippe sourire. « Viens, et vois. » (Jn 1. 45,46) C’est parce qu’il connaissait Philippe que Nathanaël rencontra Jésus. Cette histoire et notre expérience du concert chez Andy alimentent ma réflexion… Et je me dis : Je veux devenir le genre de personne qui attire les autres au Créateur de la musique, de l’amour, et de la vie même. Cette année, les gens rencontreront-ils Jésus parce qu’ils vous connaissent ?

Lynette Allcock, diplômée de l’Université adventiste Southern, habite à Watford, au Royaume-Uni, où elle produit et anime des émissions pour la Radio adventiste de Londres.

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Ce que nous croyons

Comprendre la prophétie des 1 260 années Une solution juridique N I C H O L A S P. M I L L E R

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a période prophétique « un temps, des temps, et la moitié d’un temps » (Dn 7.25) a été comprise historiquement par les adventistes comme englobant une période de 1 260 années durant le Moyen Âge. Avant la Révolution française, les penseurs chrétiens exprimaient divers points de vue relatifs au début et à la fin de cette période. Mais avec l’accession au pouvoir de Napoléon et l’envoi du pape en captivité par le général français Berthier, il y eut un rare moment de quasi-unanimité prophétique chez les commentateurs protestants, lesquels déclarèrent que cette période se terminait en 1798 apr. J.-C. Il s’agissait alors de revenir en arrière pour trouver le point de départ, qui serait 538 apr. J.-C.1. Cependant, après que le choc et la netteté des événements des années 1790 se fussent estompés, certains érudits n’arrivaient pas à voir un événement décisif en 538 apr. J.-C. correspondant au fait qu’un pape ait été exilé et meure en prison. Certains pensèrent que l’extraction de la troisième corne de Daniel 7, soit la défaite des Ostrogoths en 538 par Bélisaire, général de Justinien, signalait le début de cette prophétie. Le problème, c’est que cette « défaite » décisive apparaissait quelque peu décevante, car elle impliquait la rupture du siège ostrogothique de Rome par Bélisaire. En réalité, cet événement n’était qu’une phase d’un conflit en cours


qui se prolongea pendant au moins deux autres décennies. Les Ostrogoths reprirent Rome dans les années 540, et durent être à nouveau délogés. Les Ostrogoths ne furent définitivement vaincus que vers 553 apr. J.-C. Alors, sur le plan prophétique, qu’est-ce qui rendit la bataille beaucoup plus significative et décisive que des victoires semblables dans les années 540 et que la bataille finale en 5532 ? L’absence d’une réponse claire a amené certains commentateurs à déclarer que l’an 538 n’a aucune signification inhérente, et qu’on l’a choisi simplement en raison de sa relation pratique avec la fin décisive en 1798. Ceci a amené certains érudits, dont certains adventistes, à s’éloigner d’une interprétation littérale, historique, de la vision des 1 260 années, et à dire qu’il s’agit davantage d’un nombre symbolique. Cette approche a aussi gagné du terrain par rapport à certaines autres périodes de temps prophétiques, telles que celles que l’on trouve dans les cinquième et sixième trompettes de l’Apocalypse. Dans cet article, je soutiens que nous devrions considérer la création ou la dissolution de structures juridiques plutôt que des événements militaires. À mon avis, cette approche juridique fournit un fondement plus solide pour cette période, et peut-être, pour d’autres périodes de temps prophétiques. LES APPROCHES ADVENTISTES TRADITIONNELLES

Alors que les premiers adventistes adoptaient la prophétie comme faisant partie de l’héritage historiciste, la plupart des commentateurs de la prophétie reliaient le début des 1 260 années avec les victoires militaires de Rome à l’arrachage final des trois cornes par la petite corne de Daniel 7.8,20,24. Ceci apparaît dans plusieurs ouvrages, y

Photo : William Krause

compris le livre Daniel and the Revelation d’Uriah Smith, ainsi que The Seventh-day Adventist Bible Commentary sur le livre de Daniel, entre autres. Ellen White constitue une importante exception à cette tendance. Dans son livre La tragédie des siècles, elle a écrit simplement qu’au 6e siècle, « la papauté était solidement établie. Le siège de son empire avait été fixé dans la ville impériale, et l’évêque de Rome était reconnu chef de toute la chrétienté. Le paganisme avait fait place à la papauté. Le dragon avait cédé à la bête “sa puissance, et son trône, et une grande autorité” (Ap 13.2). C’est alors que commencent les mille deux cent soixante années d’oppression papale […] (Dn 7.25)3. » Ici, elle se focalise sur le moment où l’autorité juridique conféra à la papauté la puissance d’agir. Cependant, certains érudits adventistes commencent à considérer les 1 260 années en termes de périodes de temps générales ou même symboliques, et à s’éloigner de l’importance d’un début et d’une fin spécifiques de cette période. Ce virage vers une position idéaliste ou symbolique quant aux périodes de temps de l’Apocalypse commence à déconnecter l’Apocalypse de l’histoire concrète. Cette méthode serait certainement une approche aux prophéties de Daniel et de l’Apocalypse très différente de celle exprimée par nos pionniers, ou exposée par Ellen White dans La tragédie des siècles. UN CADRE JURIDIQUE POUR LES 1 260 ANNÉES

Une étude attentive de Daniel 7.24-26 et de certains passages prophétiques connexes révèle que les événements décisifs des moments finaux des 1 260 années devraient être principalement compris de

façon juridique plutôt que militaire. Une fois que ce cadre juridique est compris et reçoit le crédit qu’il mérite, la façon dont l’événement de 538 se rapporte à l’événement de 1798 devient plus claire. En résumé, le Code justinien, complété en 534, « promulgua la loi du christianisme orthodoxe », établit le pape en tant que chef officiel de la chrétienté, « ordonna à tous les groupes chrétiens de se soumettre à [son] autorité », et lui conféra le droit civil de vie et de mort sur les hérétiques4. Ce code, cependant, ne fut juridiquement promulgué et adopté sur le terrain que lorsque le siège de Rome fut levé en 538. Bélisaire, général de Justinien, était entré à Rome sans opposition à la fin de 536, mais peu après, les Ostrogoths vinrent et assiégèrent la ville. Après un an environ, Bélisaire brisa le siège et prit le contrôle de Rome et de ses alentours5. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il mit en œuvre les provisions du code élevant la papauté au-delà des frontières de Rome. Les guerres gothiques se poursuivirent, et les Ostrogoths furent finalement chassés en 5536. Mais ces sièges et ces batailles qui eurent lieu plus tard n’annulèrent en rien le système juridique centré sur la papauté instauré en 538. Même lorsque Rome tomba aux mains des Goths, ceux-ci ne contrôlèrent pas la papauté puisque à cette époque, elle fonctionnait à l’extérieur de Rome. « Après 538, a observé l’érudit adventiste Jean Zukowski, la papauté ne revint jamais sous le contrôle des rois ostrogoths7. » Le système papal, placé à la tête de la chrétienté et ayant reçu le pouvoir de vie et de mort sur les hérétiques par le Code justinien, dura plus de 1 000 ans en Occident, recevant une grande impulsion dans les révolutions juridiques du 11e et du 12e siècles. Il forma ainsi l’écha-

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faudage juridique de nombreux États modernes8 – c’est-à-dire jusqu’aux révolutions séculières des 18e et 19e siècles, où le code et son caractère religieux furent explicitement rejetés. Ces révolutions séculières commencèrent avec la Révolution française, laquelle mena bientôt à la capture et à l’exil du pape par le général Berthier en 1798. Mais de nouveau, le remplacement du Code justinien centré sur la religion par le code napoléonien séculier était plus significatif que l’événement militaire/ politique de la capture et de l’exil du pape. Le code séculier fut mis en œuvre par la fameuse loi n° 8 du 15 février 1798, où le général Berthier déclara Rome en tant que république indépendante, et « en conséquence, toute autre autorité temporelle émanant de l’ancien gouvernement du pape est supprimée, et n’exercera plus aucune fonction »9. Je crois que cette focalisation sur l’aspect juridique plutôt que sur l’aspect militaire est justifiée, et même exigée par les passages bibliques entourant la période des 1 260 années. Tandis que l’arrachage des trois cornes est certainement pertinent et relatif à la montée de la petite corne, le texte biblique n’insiste aucunement sur l’aspect militaire comme étant décisif dans le timing de la prophétie des 1 260 années. Le verset clé, c’est plutôt Daniel 7.25 qui dit que les saints « seront livrés entre ses mains pendant un temps, des temps, et la moitié d’un temps ». Le moment clé lié à cette période de temps n’est pas quelque chose que la petite corne fait pour conquérir ou pour s’affirmer ; la focalisation est plutôt sur le temps où la petite corne « reçoit » une autorité et une domination certaines. Ceci serait mieux accompli par un acte juridique de la part d’une autre autorité, ce qu’a fait précisément le Code justinien. Ainsi, l’autorité fut conférée à l’Église romaine par une combinaison d’événements juridiques, ecclésiastiques, et militaires. Les Goths avaient 22

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tenu Rome et l’Italie avant 536 et l’arrivée de Bélisaire. Silvère, le pape, avait été choisi par Théodat, le roi gothique. Justinien choisit personnellement un diacre romain du nom de Vigile pour être pape. En 537, Bélisaire envoya le pape Silvère en exil, lequel y finit ses jours, et le remplaça par Vigile. Le pape Vigile est le premier pape à faire preuve d’une loyauté inconditionnelle envers Justinien et son nouveau code, lequel prit concrètement effet pour la première fois en 53810. C’est là une symétrie claire et parallèle dans la période des 1 260 années commençant avec un pape condamné à l’exil et remplacé par un autre pape choisi personnellement par l’empereur sous les auspices d’un nouveau code juridique (le Code justinien – code qui élève l’Église romaine au rang d’Église à la prééminence juridique officielle), et se terminant avec un pape condamné à l’exil par un empereur et un code religieux remplacés par un régime séculier (le Code napoléonien – un système séculier qui rejette l’idée d’une place spéciale pour l’Église). CONCLUSION : UNE FOCALISATION JURIDIQUE

L’histoire de l’Église et des relations avec l’État est extrêmement utile pour comprendre la prophétie. L’arrachage des trois cornes est un processus historique sur une période de temps, soit des années 470 aux années 550. Mais les textes législatifs peuvent fournir une limite temporelle plus précise quant à l’évolution historique. C’est à mon avis pour cette raison que la Bible se focalise souvent sur les décrets législatifs lorsqu’elle traite des périodes de temps historiques dans la prophétie. Vu à travers le prisme juridique, l’événement de 538 sert aujourd’hui de véritable appui à l’événement de 1798. Envisager un cadre juridique d’interprétation prophétique ne revient pas

à suggérer que la vision traditionnelle des événements et des batailles militaires n’est pas pertinente, mais plutôt que la pertinence de ces événements est principalement de nature à aider à commencer ou à terminer des régimes juridiques et gouvernementaux. Un tel cadre offre une interprétation de la prophétie plus unifiée, plus enracinée sur le plan historique, plus réaliste quant à la réalité. Et n’est-ce pas là un principe et une focalisation appropriés pour un livre et un Dieu qui s’intéressent moins à la force et à la coercition et davantage aux manifestations entre des formes de gouvernance fondées sur les principes contrastés de l’amour et du pouvoir ?

Nicholas P. Miller, titulaire d’un doctorat, est professeur d’histoire de l’Église au Séminaire adventiste de théologie, à l’Université Andrews, à Berrien Springs, au Michigan (États-Unis). Ernest R. Sandeen, The Roots of Fundamentalism, Grand Rapids, Baker, 1978. 2 Voir Will Durant, The Age of Faith, New York, Simon et Schuster, 1950, p. 108-110. 3 Ellen G. White, La tragédie des siècles, p. 54. 4 Durant, p. 112. 5 Ibid., p. 109. 6 Ibid., p. 111. 7 Jean Carlos Zukowski, « The Role and Status of the Catholic Church in the Church-State Relationship Within the Roman Empire from A.D. 306 to 814 », diss. de doctorant, Université Andrews, 2009, p. 160. 8 Ibid., p. 114. 9 Constitution of the Roman Republic, traduit de Authentic Italian Edition (1798), est une « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », avec une compilation d’articles de 1) Droits et de 2) Devoirs, suivie du texte de la constitution romaine. (Titre original : Constituzione della Repubblica Italiana, adottata per acclamazione nei comizj nazionali in Lione, Anno I., 26 Gennajo 1802.) 10 La première année de règne de Vigile sous le Code justinien aurait été en 538. Sa souveraineté, en pratique, n’entra en vigueur qu’après le bris du siège en 538. Voir Zukowski, p. 160. 1

Pour en découvrir davantage sur Ce que nous croyons, consultez le site https://www. adventist.org/en/beliefs/


Esprit de prophétie

Regarder en haut Un mot d’encouragement pour la nouvelle année

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ais maintenant ils en désirent une meilleure [patrie], c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. » (He 11.16) Je vous souhaite une bonne année. L’année qui vient de s’achever, avec le poids de ses actes, est passée à jamais. Maintenant, que chaque pensée, chaque émotion nous rappelle l’amour de Dieu. Accumulons les souvenirs les uns après les autres. […] L’ESPOIR D’UNE MEILLEURE DEMEURE

Les leçons que le Christ donna à ses disciples d’après les choses de la nature sont la preuve de l’attention et de l’amour de Dieu envers nous. […] Notre regard ne doit pas s’attacher à ce qui est déformé, à ce qui est maudit, mais aux richesses abondantes de la grâce du Christ, afin que nous puissions vivre dans ce monde et jouer notre rôle au sein de l’humanité, tout en n’étant pas du monde. Lorsque, pèlerins et étrangers en quête des précieux dons de Dieu et de la joie qui nous attend, nous recherchons la cité dont le Seigneur est l’architecte et le constructeur, et que nous contemplons ce qui nous attend – les demeures que Jésus est allé nous préparer – et que nous anticipons ces foyers bénis, nous oublions les difficultés et les tracas de cette vie. Nous avons l’impression de respirer une atmosphère meilleure, celle du ciel même. Nous sommes apaisés, nous somme réconfortés ; plus que cela, nous nous réjouissons en Dieu. C’est grâce aux promesses de Dieu que nous connaissons ses plans miséricordieux à notre égard, car c’est uniquement par elles que nous savons ce qu’il a préparé pour ceux qui l’aiment. Il en sera pour nous comme pour les fleurs qui, selon la sagesse de Dieu, tirent constamment de la terre et de l’air ce dont elles ont besoin pour se transformer en boutons et en magnifiques corolles pures, afin d’exhaler les parfums qui ravissent nos sens. UN APERÇU SUBLIME

Nous retirons des promesses de Dieu tout le calme, le réconfort et l’espérance qui font mûrir en nous les fruits de la paix, de la joie et de la foi. Et en nous imprégnant de ces promesses, nous les faisons également pénétrer dans la vie des autres. Que ces promesses soient nôtres. […] Elles sont semblables aux fleurs précieuses du jardin de Dieu. Puissent-elles éveiller notre espérance et répondre à notre attente, en affermissant notre foi et notre confiance en Dieu ! Puissent-elles nous fortifier en cas de difficulté et nous enseigner les précieuses leçons de confiance en Dieu ! Par ces incomparables promesses, le Seigneur nous laisse entrevoir l’éternité et nous permet d’anticiper un poids éternel de gloire, au-delà de toute mesure. Ayons donc la paix en Dieu. Confions-nous en lui avec sérénité, et remercions-le de nous avoir révélé sa volonté et ses plans afin que nous ne mettions pas notre espérance en cette vie, mais que nous levions les yeux vers l’héritage de la lumière, que nous voyions et ressentions l’immense amour de Jésus. – Lettre 27, 1er janvier 1886, au Dr et à Mme J. H. Kellogg.

Ce qui précède est tiré de Levez vos yeux en haut, p. 7. Les adventistes du septième jour croient qu’Ellen G. White (1827-1915) a exercé le don de prophétie biblique pendant plus de 70 ans de ministère public. AdventistWorld.org Janvier 2019

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Foi en action

La détresse des réfugiés au Liban Mission globale est sur le terrain

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nfant, j’ai habité quelques années à Beyrouth, au Liban. Au cours des 35 années suivantes, je n’ai jamais eu l’occasion d’y retourner – pas même pour une visite. Mais tout ça a changé récemment. Je suis allé à Beyrouth dans le cadre des réunions de Mission globale, pour voir une partie de l’œuvre que l’Église adventiste a recommencée dans cette région, après une guerre interminable. À Beyrouth, j’ai constaté qu’il y a eu de nombreux changements positifs. On n’y voit plus de véhicules calcinés, de bâtiments criblés de balles, de trous béants imputables aux tirs de mortiers. Aucun sac de sable ne se trouve devant les fenêtres, lesquelles ont de nouveau des vitres. Les soirées sont paisibles. Je me suis endormi non au crépitement des mitrailleuses et de l’explosion des roquettes, mais aux

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bruits normaux de la circulation et des chantiers de construction. Par contre, l’œuvre de l’Église adventiste au Liban et au Moyen-Orient a, en général, encore du mal à redémarrer. En effet, la plupart des adventistes au Liban ont émigré dans d’autres parties du monde pendant la guerre. Il n’est resté qu’une poignée de membres pour poursuivre l’œuvre après la guerre. LA CRISE

Outre la guerre actuelle en Syrie, le Liban – pays frontalier de la Syrie – est en proie à une crise des réfugiés. Bien qu’aucune donnée du recensement pour Beyrouth n’ait été disponible depuis de nombreuses années, il est raisonnable de supposer que récemment, le nombre de réfugiés a doublé ou même triplé la population citadine. Quoiqu’il s’agisse certainement d’une crise pour les plus démunis – lesquels ont perdu leur foyer et ont été forcés

de s’enfuir pour sauver leur vie – c’est aussi une occasion pour les adventistes de manifester l’amour de Dieu à des individus qui ont vécu dans un pays totalement réfractaire à l’Évangile. Nous disposons donc d’un cadre de temps limité pour toucher autant d’individus que possible, de sorte qu’ils puissent ramener cette bonne nouvelle chez eux quand la guerre en Syrie sera chose du passé. Quelques personnes au Liban profitent de cette occasion. Lorsque je suis arrivé à Beyrouth, un chauffeur de taxi m’a amené au campus de l’Université du Moyen-Orient. Je suis entré dans le bâtiment administratif au moment où des dizaines de familles de réfugiés, sourire aux lèvres, en sortaient. Je suis ensuite entré dans le petit auditorium pour découvrir ce qui s’y passait. En quelques minutes, des adventistes de la place et des missionnaires d’autres pays se sont réunis dans le cadre d’un rapport sur le tout premier séminaire tenu pour des réfugiés. Ce séminaire a été organisé par des missionnaires et des pionniers de Mission globale. Pourquoi ? Parce qu’en travaillant avec les réfugiés, ils se sont vite rendu compte que beaucoup souffrent de dépression profonde en raison de leur situation éprouvante. Par conséquent, ils ont décidé d’offrir un séminaire sur ce sujet. Les réfugiés répondraient-ils à leur invitation ? Ils n’en avaient aucune idée. Mais à leur surprise, des familles entières sont venues et ont volontiers partagé leurs épreuves. Ayant raté le séminaire, j’ai dû


(Photo prise vers 1981) Un tir de roquette a détruit deux voitures juste à l’extérieur de l’enceinte de l’école d’outre-mer de Beyrouth et du bureau de l’Union des missions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui, alors, ont dû fermer et s’établir à Nairobi.

Photo : Howard Scoggins

me contenter d’écouter les missionnaires raconter avec enthousiasme la façon dont le Saint-Esprit a conduit les choses. ET APRÈS ?

En plus du travail individuel auprès des familles de réfugiés, plusieurs adventistes ont un impact sur le quartier Bourj Hammoud de Beyrouth par le biais du Centre adventiste d’apprentissage. Ce centre d’influence urbain – une école pour les enfants réfugiés – offre gratuitement des cours d’anglais et d’arabe. Un matin, j’ai visité le centre situé au dernier étage d’un immeuble résidentiel. Le personnel du centre s’est réuni pour le culte. Peu après, des voix d’enfants résonnaient tandis qu’ils grimpaient joyeusement l’escalier pour aller sur le toit plat du bâtiment. Les professeurs, qui se tenaient à la porte menant au toit, frappaient des mains pour les accueillir tandis qu’ils se mettaient en rang, selon leur classe, sous l’auvent. Avant de prier, ils ont chanté le refrain entraînant « Dieu est si bon ». Une fois ce petit culte terminé, ils se sont rendus à leur salle de classe. Ces enfants ont la chance de se trouver dans une école – et ils le savent. L’installation actuelle ne pouvant accueillir qu’environ 80 élèves, la liste d’attente pour l’inscription s’allonge. Comme ces enfants ne viennent pas d’un contexte chrétien, j’ai demandé si l’école a quelque difficulté à enseigner les croyances adventistes. Voici ce qu’un prof m’a répondu : « Nous sommes très clairs quant à notre enseignement. Si

quelqu’un n’aime pas ça, il n’est pas obligé de venir. Bien d’autres sont prêts à prendre sa place ! » Les cours ont la Bible pour fondement. Par exemple, les élèves de première année apprennent les nombres – un à sept – au moyen de l’histoire de la création. Pour les réfugiés, une éducation en anglais est considérée comme un grand privilège, parce que la connaissance de cette langue constitue, pensent-ils, la clé d’une vie meilleure. Mais comme de nombreuses familles sont analphabètes, l’école enseigne aussi aux enfants à lire et à écrire en arabe – leur langue maternelle – ce qui améliore davantage leur vie au foyer. BESOIN D’AIDE SUPPLÉMENTAIRE

Si le Centre adventiste d’apprentissage est une réussite, c’est grâce à des dirigeants consacrés tels qu’Alexis Hurd-Shires, laquelle a bâti le programme de A à Z et continue de le gérer au quotidien. On fait des plans pour réaliser ce projet ailleurs. Cependant, cette première école doit elle-même déménager, car le bâtiment sera démoli dans environ un an pour faire place à de nouveaux bâtiments. Mais Beyrouth n’est pas une ville bon marché. Alexis estime qu’il en coûtera près de 100 000 $ seulement pour le déménagement – ce qu’ils ne pourront faire que lorsqu’ils auront recueilli la somme nécessaire. « Je ne m’en fais pas trop, dit-elle. Dieu

pourvoira, comme il l’a fait jusqu’ici. » Si l’argent est toujours un défi, en revanche, l’école et d’autres projets de la Mission du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont en butte à un plus gros problème : le manque de personnel désireux de servir. Dans cette région, les occasions ne manquent pas ; mais ceux qui en profitent sont rares. On a un besoin urgent d’adventistes consacrés parlant couramment l’anglais, d’adventistes prêts à enseigner, d’adventistes capables d’apprendre l’arabe, d’adventistes disposés à travailler avec les réfugiés et à implanter des églises de maison parmi différents groupes. Pour en découvrir davantage sur l’œuvre de Mission globale, consultez le site www.adventistmission.org/global-mission.

Jeff Scoggins est le directeur de planification de Mission globale, dont le siège se trouve à la Conférence générale des adventistes du septième jour, à Silver Spring, au Maryland (États-Unis).

Le matin, les élèves fréquentant le Centre adventiste d’apprentissage se réunissent d’abord sur le toit du bâtiment pour chanter et prier avant d’aller dans leurs classes respectives.

Photo : Jeff Scoggins AdventistWorld.org Janvier 2019

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La Bible répond

L’Évangile : un récit fiable Q

L’expression « au nom du Père, du Fils et du SaintEsprit » est-elle un ajout ultérieur à Matthieu 28.19 ?

R

Les antitrinitaires utilisent cet argument pour neutraliser une preuve biblique compromettante en raison de leur position. Voici la réponse succincte à votre question : cette expression fait partie du texte original grec de Matthieu. Comme l’argument des antitrinitaires n’est pas fiable sur le plan historique, il est difficile de comprendre pourquoi ces derniers l’utilisent encore. 1. PREUVE GRECQUE

Nous disposons de nombreux manuscrits grecs de l’Évangile de Matthieu. La preuve textuelle est incontestable : tous les manuscrits de Matthieu incluent l’expression que vous avez citée. En d’autres termes, elle fait partie du texte original de l’Évangile. En outre, toutes les traductions anciennes du Nouveau Testament préservent aussi la lecture grecque. Pour remettre en question cette preuve, certains ont avancé que les citations grecques de Matthieu 28.19 trouvées dans les Pères de l’Église, spécifiquement dans les écrits d’Eusèbe de Césarée (263-339 apr. J.-C.), n’incluent pas l’expression trinitaire. La vérité, c’est qu’Eusèbe cite Matthieu de différentes manières. Il a été montré que dans neuf cas, il écrit : « Allez, et faites de toutes les nations des disciples » ; dans 16 cas, « Allez, et faites de toutes les nations des disciples en mon nom » ; et dans cinq cas, le texte biblique tel que nous l’avons aujourd’hui dans Matthieu. La conclusion est évidente : Eusèbe connaissait le texte grec original de Matthieu en long, et occasionnellement, il omettait des parties de ce passage qu’il ne jugeait pas pertinentes pour le point qu’il désirait souligner. C’était là sa pratique courante lorsqu’il citait les Écritures. 2. LA PREUVE HÉBRAÏQUE

Pour soutenir que la formule trinitaire n’est pas originale, les antitrinitaires se réfèrent aussi à une traduction hébraïque de Matthieu qui l’omet. Ça va comme suit : « Jésus s’approcha d’eux et leur dit : Tout 26

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pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez et [enseignez-] leur à observer tout ce que je vous ai commandé éternellement. » Plusieurs choses devraient être dites au sujet de cette lecture. Premièrement, cette traduction est tirée d’une œuvre apologétique juive, et non d’une œuvre chrétienne pleine de commentaires anticatholiques. Deuxièmement, elle est appelée Eben Bohan (« La pierre de touche »), et a été écrite en 1380 par Shem-Tob benIsaac ben-Shaprut. Sa lecture de Matthieu 28.19 n’est soutenue par aucun manuscrit grec. Troisièmement, cette traduction omet de nombreuses autres sections de Matthieu. Enfin, remarquez qu’elle omet aussi le mandat évangélique. En d’autres termes, elle n’est pas un témoin fiable du texte original de Matthieu. 3. INTERPRÉTATION CRITIQUE

L’érudition critique soutient que la formule baptismale dans notre passage n’est pas originale dans le sens qu’elle n’est pas venue de Jésus lui-même. L’approche de la haute critique des Évangiles cherche à trouver dans le texte les paroles originales de Jésus, et les distinguent de celles que Matthieu a, prétend-elle, prêtées à Jésus. Puisque, selon les adeptes de cette méthode, Jésus n’aborde jamais la question du baptême et de l’évangélisation du monde dans Matthieu, et que l’Évangile en dit peu sur le Père et le Saint-Esprit, Jésus n’aurait pas dit ce que Matthieu déclare qu’il a dit. Ils en concluent que la formule baptismale n’était pas ce que Jésus a enseigné aux disciples de faire, mais plutôt ce que la communauté matthéenne pratiquait. Matthieu, croient-ils, a simplement légitimisé la pratique de l’Église en y plaçant les mots de Jésus. Cette interprétation, fondée sur la méthode historico-critique de l’interprétation biblique, est incompatible avec la déclaration explicite du texte biblique. Elle se fonde principalement sur des spéculations impossibles à prouver. La forme canonique de Matthieu 28.19 appartient au texte original de Matthieu, et par conséquent, est totalement fiable.

Ángel Manuel Rodríguez habite au Texas (États-Unis). Il a servi l’Église en tant que pasteur, professeur, et théologien.


Santé & bien-être

Au secours des réfugiés Quels services l’Église propose-t-elle ? Je suis un ado au sein d’une excellente famille, et je fréquente une bonne école. Je désire faire carrière dans le domaine de la santé. La terrible crise des réfugiés dans certaines parties du monde me bouleverse ! Je voudrais faire quelque chose. Dans un tel contexte, m’est-il possible de servir par le biais de mon Église ?

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a situation des réfugiés et des personnes déplacées a vraiment atteint un seuil critique. La crise des enfants réfugiés a atteint son pire niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On estime que près de 50 millions d’enfants ont été déplacés et déracinés à cause de la guerre, des conflits, et des conséquences de la pauvreté. Parmi les régions les plus affectées, mentionnons la Syrie, le Yémen, l’Irak, et le Soudan du Sud. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’approximativement toutes les deux secondes, une personne est contrainte à l’exil. À l’échelle mondiale, quelque 68,5 millions de personnes ont été forcées de se déplacer1, et plus d’un tiers de ce nombre sont des réfugiés. Les gens qui se déplacent d’un endroit à l’autre sont en butte à de nombreux défis, dont maints d’entre eux liés à la santé. En de telles circonstances, la maladie et la mort sont choses courantes. Nombre de ces décès résultent de causes évitables – nutrition déséquilibrée, maladies infectieuses telles que la rougeole, la pneumonie, la diarrhée, et la malaria. Les accidents et les traumas ajoutent aux difficultés de la vie de réfugié. En abordant ces défis, les priorités suivantes s’imposent : abri, aliments équilibrés et nutritifs, eau pure, installations sanitaires, programmes de vaccination, services généraux de santé. Ces services sont fournis par les pays d’accueil, le HCR, et d’autres organisations humanitaires – y compris les agences de secours et les organisations confessionnelles. L’Église adventiste œuvre dans ces situations difficiles et complexes en grande partie par le biais de l’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA)2, et par des organisations telles que AdventistHelp3. Dans le monde entier, ADRA a été très active dans le service envers les réfugiés et

Photo : ADRA International

les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Nous sommes reconnaissants d’avoir une telle présence qui change les choses – une personne à la fois. Donc oui, tu peux servir les réfugiés et les personnes déplacées par le biais de ton Église. Chez ADRA et dans l’Église adventiste, les occasions de servir ne manquent pas ! Elles ont besoin d’individus jeunes, énergiques et engagés comme toi pour étendre la guérison et le ministère de la bienfaisance du Seigneur à tous. Nous avons été personnellement témoins de la reconnaissance de ceux qui ont été secourus. L’argent ne peut acheter une telle expérience – ces regards et ces sourires exprimant une appréciation bien au-delà des mots. Lorsque ce qui brise le cœur de Jésus brise aussi le nôtre, nous savons alors que nous nous rapprochons du Sauveur dans notre marche quotidienne avec lui. Lorsque Jésus voyait les foules, il était ému de compassion (Mt 9.36). Tandis que tu consacres le temps nécessaire à ton éducation et à ta préparation pour le service, souviens-toi que tu as été sauvé pour servir. Par conséquent, saisis l’occasion de te donner personnellement – c’est-à-dire ton temps, tes prières, et même une partie de ton argent durement gagné – pour soutenir ces nobles efforts. Savais-tu que ceux qui servent sont bénis en retour ? Les gens qui font du bénévolat et qui servent les autres sont moins anxieux, moins enclins à la dépression, et jouissent d’une santé meilleure dans son ensemble. Servir et faire du bénévolat stimule même le système immunitaire ! Quelles récompenses merveilleuses alors qu’on fait tout simplement ce qui s’impose ! 1 2 3

www.unhcr.org/en-us/figures-at-a-glance.html. adra.org. www.adventisthelp.org.

Peter N. Landless est cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, et directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale. Zeno L. Charles-Marcel, M.D., est directeur adjoint du Ministère de la santé de la Conférence générale.

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Une voix comme celle de Dieu

L « Je vais vous raconter… » DICK DUERKSEN

« Heureux êtesvous lorsque vous êtes au bout du rouleau, car c’est alors qu’il y a davantage de place pour Dieu et pour son royaume. »

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a route à destination de Bodie est une mince ligne grise zigzaguant à l’est du Lac Tahoe, dans le nord de la Californie, aux États-Unis. Bodie, située à 2 554 mètres d’altitude, existe parce qu’en 1859, des miniers ambulants découvrirent de l’or sous de l’artémise. Ils partagèrent la nouvelle et rapidement, le désert se transforma en une ville temporaire de près de 7 000 habitants, dotée de deux églises et de 65 saloons. Aujourd’hui, Bodie est une « ville fantôme » – un ensemble de bâtiments au « délabrement arrêté » – qui a été désignée monument d’État de la Californie. Bodie est un endroit idéal pour se perdre. En été, vous et 200 000 autres visiteurs trébuchez sur des touffes d’artémise et des familles de crotales (serpents à sonnette), histoire de voir des bâtiments qui donnent l’impression que les propriétaires seront de retour d’une minute à l’autre. Mais en hiver, Bodie est vide, ensevelie sous des tonnes de neige chassée par le vent. Seuls deux gardiens de parcs d’État armés s’y trouvent. *** Suivant aveuglément le conseil de Don Hemphill, mon ami et prof de biologie, j’effectue ma première visite à Bodie par un jour gris de février. Il m’a dit : « Dick, il faut que tu ailles à Body. Tu vas en raffoler ! » Son père y a dirigé une compagnie de transport. Me disant alors que je peux me fier à son conseil, j’oublie à quoi ressemble l’hiver. Don ne m’a pas parlé de l’hiver à Bodie. Dans notre voiture, nous sommes quatre – Bert, moi, Donna et Brenda, nos femmes. En ce dimanche, nous venons d’assister à une conférence biblique et sommes heureux de rentrer chez nous. Nous empruntons une route serpentant non loin de Bodie. Lorsque nous apercevons le panneau de signalisation « Bodie, 10 milles » [16 km], nous décidons de suivre le conseil de Don et de visiter la ville fantôme. Notre carte indique une route étroite sillonnant les collines vers Bodie.

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La carte a raison, mais nous, nous avons oublié l’hiver ! Huit kilomètres plus tard, notre voiture dérape, défonce une glace épaisse, et s’arrête net dans un ruisseau gelé qui traverse la route vers Bodie, à la base d’un plateau escarpé. Nous sommes trop loin pour revenir à la route principale à pied sans être frigorifiés, et il y a encore 8 kilomètres de plus pour nous rendre sur le plateau redoutable de Bodie. La neige commence à tomber, et soudain, nous nous souvenons de l’hiver. Nous prions. Nous prions très fort. Nos femmes choisissent de rester dans la voiture. Le moteur tourne. Brenda exerce son espagnol, Donna tricote une couverture, et le chauffage de la voiture les garde toutes deux bien au chaud. Bert et moi bouclons notre veste en duvet, nouons les lacets de nos bottes de randonnée, enfilons des gants bien chauds, et commençons à escalader la colline, dans l’espoir qu’à Bodie, nous y trouverons un gardien et un téléphone. Avant de nous séparer, nous prions ensemble. En sûreté dans la voiture, Brenda et Donna nous encouragent de la main tandis que nous promettons de revenir « rapidement » pour les « sauver ». Il est 10 h 40. Peu après 15 heures, Bert et moi nous rendons compte que nous sommes perdus – nous marchons en rond dans une neige qui, rapidement, nous arrive aux genoux. Le blizzard nous aveugle au point où nous ne voyons même pas nos mains. Nous avançons lentement – et nulle part. Nos orteils sont gelés comme des blocs de bois. Nos cils se suturent avec des fermetures éclair de glace. Nos gants, notre veste, nos jeans et nos bottes ne passent pas le test du blizzard de Bodie. Nous sommes en train de mourir de froid. *** « Je ne peux plus avancer », dis-je dans un murmure, et je m’effondre dans la neige. Bert a entendu. Il se laisse tomber à côté de moi. Nous prions pour nos femmes, remercions Dieu de nous avoir donné une belle vie, nous Photo : Dick Duerksen


serrons la main, et « mourons ». Mourir de froid est une façon plutôt indolore de s’éteindre. Mais Dieu se souvient de l’hiver et de sa résurrection promise. « Dick ! Lève-toi ! » crie Bert dans mon oreille. Je m’asseye, écartant la neige dans toutes les directions, et plonge mon regard directement dans celui de Bert. « Merci de m’avoir réveillé », dit-il. « Je n’ai rien fait, moi dis-je. Je me suis réveillé quand tu m’as crié de me lever ! » « Non. Tu viens juste de me crier de me lever ! » « Non, c’est toi ! » « Mais non, c’est toi ! » L’étonnement met un terme à notre argumentation. Nous nous asseyons tous deux dans le silence. Dieu nous a réveillés tous les deux en même temps ! Et alors, je me dis que je sais désormais à quoi la voix de Dieu ressemble. Elle ressemble à celle de Bert ! Et Bert ? Il pense que la voix Dieu ressemble à la mienne ! Nous nous levons côte à côte dans le blizzard, prononçons des prières d’actions de grâces, et supplions Dieu de nous mener à bon port. Après notre « Amen », nous nous accrochons l’un à l’autre et avançons péniblement derrière une équipe d’anges. Nous arrivons enfin à la rue principale déserte de Bodie. À l’intérieur du café de cette ville, il y a un poêle vieux de 150 ans, du papier journal, et un bidon de kérosène. Je brise une fenêtre pour pouvoir faire un feu. *** Vingt minutes plus tard, tandis que nos orteils commencent à dégeler, un jeune gardien arrive et nous amène à pied au « quartier général ». « Attendez un peu que le chef des gardiens vous voie, marmonne-t-il. Vous avez cassé une fenêtre. Le vieil homme ne sera pas content du tout ! » Le vieil homme vient rapidement, furieux effectivement de notre présence, et prêt à nous livrer au pouvoir des autorités californiennes. Nous nous asseyons sur le plancher, aussi près du radiateur que possible, prêts à accepter notre punition. « Ne savez-vous pas que c’est un

crime que de casser des fenêtres sur une propriété de l’État ? Mais que diable faites-vous ici ? Ne savez-vous pas que Bodie est fermée l’hiver ? » « Nous le savons maintenant, dis-je. C’est que Don Hemphill, notre ami, nous a dit que nous devrions visiter Bodie. Nous n’avons pas pensé un instant à l’hiver. » Le vieil homme se détend et s’asseye à côté de nous, sur le plancher. « Vous connaissez Don Hemphill ? s’exclame-t-il. C’est l’un de mes grands amis. Saviez-vous que… ? » Et l’homme oublie soudain la fenêtre brisée tandis qu’il nous raconte une histoire après l’autre au sujet de notre ami mutuel. Lorsque finalement il s’arrête pour reprendre son souffle, nous lui disons que nos femmes sont en bas de la route, en train de tricoter et de réviser l’espagnol. Deux coups de fil plus tard, une dépanneuse se met en route pour secourir les femmes. Le vieux gardien leur a trouvé un motel pour passer la nuit. Comme il fait nuit maintenant, Bert et moi devons rester dans la ville fantôme jusqu’au matin. Le vieil homme nous ramènera en bas de la colline dans son énorme déneigeuse. « Je pense que Dieu nous aide même quand on fait des choses stupides », dit le vieil homme. Nous remercions Dieu au cours du dîner. En fait, nous le remercions presque toute la soirée. Et le lendemain matin, nous faisons monter haut et fort des actions de grâces lorsque nous retrouvons nos femmes ! « Heureux êtes-vous lorsque vous êtes au bout du rouleau », a enseigné Jésus au flanc de la montagne de Galilée, « car plus vous vous videz de vous-mêmes, plus il y a de place pour Dieu et son royaume » (traduction libre de Mt 5.3, The Message*). *The Message. Copyright ©1993, 1994, 1995, 1996, 2000, 2001, 2002. Utilisé avec la permission de NavPress Publishing Group.

Éditeur Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur. Éditeur exécutif/Directeur de Adventist Review Ministries Bill Knott Directeur international de la publication Chun, Pyung Duk Comité de coordination de Adventist World Si Young Kim, président ; Yukata Inada ; German Lust ; Chun, Pyung Duk ; Han, Suk Hee ; Lyu, Dong Jin Rédacteurs en chef adjoints/Directeurs, Adventist Review Ministries Lael Caesar, Gerald Klingbeil, Greg Scott Rédacteurs basés à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) Sandra Blackmer, Stephen Chavez, Costin Jordache, Wilona Karimabadi Rédacteurs basés à Séoul, en Corée Chun, Pyung Duk ; Park, Jae Man ; Kim, Hyo-Jun Gestionnaire des opérations Merle Poirier Rédacteurs extraordinaires/Conseillers Mark A. Finley, John M. Fowler, E. Edward Zinke Directrice financière Kimberly Brown Conseil d’administration Si Young Kim, président ; Bill Knott, secrétaire ; Chun, Pyung Duk ; Karnik Doukmetzian ; Han, Suk Hee ; Yutaka Inada ; Gerald A. Klingbeil ; Joel Tompkins ; Ray Wahlen ; membres d’office : Juan PrestolPuesán ; G. T. Ng ; Ted N. C. Wilson Direction artistique et design Types & Symbols Aux auteurs : Nous acceptons les manuscrits non sollicités. Adressez toute correspondance rédactionnelle au 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring MD 20904-6600, U.S.A. Numéro de fax de la rédaction : (301) 680-6638 Courriel : worldeditor@gc.adventist.org Site Web : www.adventistworld.org Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910 (LSG). Avec Num. Strongs pour Grec et Hébreu. Texte libre de droits sauf pour les Strong. © Timnathserah Inc., - Canada Sauf mention contraire, toutes les photos importantes portent le © Getty Images 2018. Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique Vol. 15, n° 1

Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis. Il est connu dans le monde entier en tant que « pollinisateur itinérant de la grâce ».

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Foi en herbe

Pages amusantes pour les plus jeunes

De quoi as-tu peur ? KIM PECKHAM

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’autre jour, j’ai eu peur d’un sac d’épicerie. Sans blague ! Le vent le poussait sur la pelouse de telle sorte qu’en le voyant venir dans ma direction, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un petit animal sur le point de m’attaquer ! Voilà qui était embarrassant – surtout lorsque j’ai pensé à mon ami Sam. Sam est un nouvel adventiste. On dirait qu’il n’a jamais peur, même s’il a vécu des situations horribles. Mais moi, n’importe quoi peut me faire peur, même si je crois en Jésus ! La Bible dit : « Même si je traverse la sombre vallée de la mort, 30

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je n’ai peur de rien » (Ps 23.4, PDV). Je ne peux même pas me rendre à la voiture sans avoir peur ! Un jour, nous sommes allés visiter des amis à une cabane nichée dans les montagnes. Nous avons passé un moment formidable ensemble. Nos amis nous ont montré l’endroit où ils avaient aperçu un ours. Quand nous avons pris congé, la nuit était déjà tombée. Le sentier menant à notre voiture longeait la sombre forêt. Alors, nous avons décidé de parler très fort en marchant. Nous avons ensuite décidé de chanter. Par crainte des ours, nous avons chanté comme si notre vie même

en dépendait. Nous espérions que le bruit les effraierait avant même qu’ils sentent combien nous étions bons à manger ! Les chrétiens n’ont rien à craindre. Mais ce que nous savons et ressentons sont deux choses différentes. Par exemple, si un garçon voit soudain un serpent venimeux, il s’en éloigne, parce qu’il sait que c’est dangereux. Mais s’il sait qu’il s’agit d’un serpent non venimeux, il peut l’attraper pour jouer avec lui. Son niveau de peur dépend de ce qu’il sait. Mais si sa mère découvre le serpent dans la baignoire, sa réaction peut être différente !

Illustration : Xuan Le


Nous pouvons apprendre à ne plus avoir peur. Du moins de ce que nous savons. Et ceci se produit lorsque nous découvrons que Dieu peut nous protéger. Ceci dit, croire en Jésus ne chasse pas toujours toutes les peurs. La peur fait partie du problème du péché – ce qui me ramène à mon ami Sam. L’année dernière, Laura, sa femme, a dû aller à l’hôpital. Le médecin lui a annoncé une mauvaise nouvelle. Sam a regardé sa tendre épouse endormie sur son lit, et il a eu peur comme jamais auparavant. Sam s’est assis à côté de Laura et a tenu sa main. Avant, il n’au-

rait pas su comment gérer cette peur. Mais sa foi l’a guidé. Tandis qu’il tenait la main de Laura, il a prié, prié, et encore prié. Jusqu’au jour où Laura a été suffisamment bien pour rentrer chez elle. Les chrétiens ont un avantage particulier sur la peur. Nous vivons des moments de grâce qui réduisent nos peurs. Nous avons la prière. Nous avons aussi une espérance qui nous aide à voir au-delà de notre peur. Mais nous attendons tous – même les braves comme Sam – le jour où plus rien ne nous fera peur.

Perle biblique

– Une adaptation de KidsView, avril 2017

(Psaumes 23.4, PDV).

« Même si je traverse la sombre vallée de la mort, je n’ai peur de rien »

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Let those who have ears, listen!

ARAudio.org Audio on Demand


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