Adventist World June 2023 French

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06/2023 Guérir les blessures Page 12 La prière pour les malades Page 14 Anticiper la résurrection Page 26

L’espoir au cœur du chagrin


10 Qui est à blâmer ? Gaspar Colón

12 Guérir les blessures Tamara Conway

14 La prière pour les malades Frank Hasel

16 La véritable fin de la souffrance Thabo Mlotshwa Couverture : Ian Chen

17 Place aux jeunes L’outre de Dieu Frederick Kimani 18 Perspective mondiale 8 millions d’arbres Sam Neves 21 Rétrospective Le quart du matin Edward Allen 24 Méditation Affronter l’inconnu avec Dieu Charles Evans

26 La Bible répond Anticiper la résurrection 27 Santé & bien-être La santé de la bouche et des dents 28 « Je vais vous raconter… » « Il leur faut un foyer ! » 30 Foi en herbe La destinée de Josie

Le secret du silence JUSTIN KIM

Deux patriarches, vivant à peu près à la même époque, étaient aimés de Dieu. Les deux, riches en récoltes et en bétail, habitaient plus ou moins dans la même région. Les deux jouissaient d’une relation profonde avec Dieu. Et les deux entendaient sa voix. L’un était père de nombreux enfants, mais finit par se retrouver seul. L’autre était père d’un seul enfant, et finit par devenir un peuple nombreux. Le premier a un livre tout entier qui lui est attribué ; le second est mentionné assez brièvement, alors que ses descendants, eux, deviendront les personnages principaux de la Bible. L’un a été cité en exemple devant l’univers, l’autre a été en bénédiction à toutes les nations. Mais en fin de compte, il leur a été demandé à tous les deux de se sacrifier et de souffrir. Job était un homme intègre et droit, un homme craignant Dieu et se détournant du mal. Cependant, lorsque ses enfants, sa maison, ses biens et sa santé lui furent enlevés, il s’affligea et pleura toutes les larmes de son corps, soupirant après sa propre mort. Trois amis vinrent discuter avec lui, dans une série de trois débats, jusqu’à ce que, après une trentaine de chapitres, Dieu explique finalement que l’humanité ne peut pas tout comprendre. La réponse de Job a été l’obéissance. Abraham était, lui aussi, un homme craignant Dieu – un homme appelé l’ami de Dieu. Il devait être le père du peuple de Dieu, protégeant et gardant la loi sacrée. Dieu lui promit une descendance plus nombreuse que les étoiles et le sable de la mer. Mais dans Genèse 22 (S21), il lui demanda d’offrir son fils en sacrifice ! Ce qui est si troublant dans ce chapitre 22, c’est qu’il n’y a pas de série de trois débats – en fait, il n’y a pas de débat du tout. Pas de questions, pas de plaintes, pas de discussions. On assiste plutôt à un voyage douloureusement silencieux, qui l’amène étape par étape jusqu’au sommet du mont Morija. De cette étrange randonnée en montagne, on n’entend… que le silence. La Genèse ne rapporte aucune rationalisation, aucune imprécation contre Dieu, aucun soupçon d’amertume, aucune recherche d’alternatives, aucun effort pour chercher à comprendre, aucun malentendu. On n’entend qu’une obéissance silencieuse. Peu importe qu’on se lamente pendant plus de trente chapitres ou qu’on gravisse une montagne en silence, le résultat en est le même : nous aussi en tant que chrétiens, nous devons faire confiance et obéir. L’obéissance n’a pas besoin d’être comprise, mais simplement d’être manifestée par la grâce et la puissance de Dieu. Comme l’obéissance ne présente, bien souvent, aucun avantage immédiat, reconnaissable ou apparemment valable, le monde la qualifie de folie. Même le raisonnement peut ne pas être compris, car la raison et le raisonnement humains ont leurs limites. Dans le monde de la foi, l’obéissance ne semble pas toujours raisonnable et logique. Là, sur le mont Morija, elle ne semblait pas raisonnable pour Abraham non plus. Ainsi, même si nous ne comprenons pas, continuons de marcher et de dire : « Je te suivrai, mon sauveur ». C’est ce que Jésus a fait à chaque heure de sa vie. C’est le secret que tout disciple du Christ connaît : Dieu, sa puissance, sa bonté. Quand on connaît Dieu, on l’aime. Et quand on l’aime, on ne se demande pas s’il faut vraiment lui obéir... c’est ce qu’on fait tout simplement.

Nous croyons en la puissance de la prière ! À Adventist World, nous nous réunissons tous les mercredis matin pour le culte hebdomadaire, au cours duquel nous prions pour les requêtes de prière qui nous ont été envoyées. Faites-nous parvenir les vôtres à prayer@adventistworld.org, et priez pour nous tandis qu’ensemble, nous travaillons à l’avancement du royaume de Dieu. 2

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Sur le vif

La Radio adventiste mondiale de la Division Afrique australe/Océan Indien (SID) a produit plusieurs heures d’émissions en ligne live, directement de l’hôtel de Johannesburg, là où Hope Channel a tenu son Congrès pour les dirigeants au sein de son réseau à la fin du mois d’avril. Environ 120 représentants des stations de Hope Channel du monde entier se sont réunis pour être formés sous le thème « Construire des ponts pour la mission ». Noluthando Nkwali, présentatrice d’AWR à SIDmedia, une entité de la SID, était l’une des animatrices du programme. Photo : Tor Tjeransen/Adventist Media Exchange (CC BY 4.0)

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En bref

On a demandé aux membres de l’Église s’ils se sentaient profondément responsables concernant l’atténuation de la douleur et de la souffrance dans le monde. N=56,730

Source : Sondage 2017-18 auprès des membres de l’Église mondiale

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Correction Dans le numéro d’avril de AW, les couleurs du graphique intitulé « Engagement dans le service missionnaire » ont été inversées par rapport à celles du grand livre.

6 % – Jamais

Le nombre de personnes qui ont été baptisées au terme d’une campagne d’évangélisation, laquelle s’est déroulée pendant neuf jours sur plusieurs sites de la Fédération dominicaine du Sud-Est (SDC), en République dominicaine. Les cérémonies de baptême ont couronné un partenariat continu entre l’Union des fédérations atlantiques dans le nord-est des États-Unis, et l’Union des fédérations dominicaines. Vingt-cinq pasteurs se sont déployés sur le territoire de la SDC, et ont tenu la campagne dans différents lieux sous le thème « Un sauvetage d’amour ».

Le nombre de membres d’église ayant participé aux sommets sur l’École du sabbat de l’Église adventiste en Indonésie. L’Église adventiste de l’ouest de l’Indonésie a tenu son Sommet de l’École du sabbat du 5 au 9 avril à Siantar, dans le nord de Sumatra, tandis que dans l’est de l’Indonésie, le sommet s’est déroulé du 12 au 16 avril à Manado, dans le nord de Sulawesi. Chaque sommet comprenait un programme adapté à un public diversifié. Il comprenait des sermons inspirants et des discussions animées autour du thème « J’irai – Sois son témoin ».

« Je le vois en tant que projet où tous les membres peuvent s’impliquer, et en tant que moyen de les aider à entrer en contact avec de nouvelles personnes, à répondre à leurs besoins, à prier pour elles, à gagner leur confiance, et à trouver des occasions de leur présenter Jésus. »

7 % – Rarement

Plus de 600

18 % – Parfois

Données fournies par le Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche de la Conférence générale

22 % – Parfois-Souvent

— David Trim, du Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche, au sujet d’un nouveau balado intitulé Mission 150, lequel reflète l’histoire des 150 ans de la mission adventiste dans le monde. Animé par David Trim et par Sam Neves, directeur adjoint des communications de la Conférence générale, le balado Mission 150 explore le passé et le présent de l’entreprise missionnaire adventiste.

Douleur et Environ souffrance 3 100 47 % – Souvent

« Avant même l’établissement de l’Église adventiste du septième jour en 1863, les adventistes observant le sabbat du septième jour avaient commencé à se demander s’ils devaient développer la mission en dehors de l’Amérique du Nord. »

— Delmar Reis, président de la Mission en Albanie, à propos de la formation en évangélisation par le numérique, laquelle a eu lieu en Albanie les 20 et 21 mars. Cette formation portait sur l’appli d’évangélisation Digital Missionary de La radio adventiste mondiale (AWR). Il s’agit d’une appli de tchat pour l’évangélisation, actuellement utilisée dans plus de 20 pays. À partir de cette plateforme, les missionnaires du numérique peuvent discuter directement par texte et en audio avec des contacts sur d’autres plateformes de tchat, telles que WhatsApp, Telegram, Viber, Signal, et Facebook Messenger. En outre, les missionnaires du numérique peuvent facilement envoyer des études bibliques à leurs contacts, noter les réponses et fournir des commentaires utiles.


En bref

10 « [La médecine du mode de vie] est très répandue aux ÉtatsUnis et dans d’autres parties du monde. Elle arrive en Australie, et nous voulons être à son avant-garde. »

Le nombre d’années que Mission 360°, la revue missionnaire officielle de l’Église adventiste, célèbre. Cette publication trimestrielle a été établie en avril 2013 en tant que source d’informations sur une gamme complète d’initiatives missionnaires officielles de l’Église adventiste, y compris les missionnaires internationaux, les bénévoles à court terme, les pionniers de Mission globale, et les faiseurs de tentes. Mission 360° présente le large éventail d’initiatives missionnaires qui sont soutenues par les offrandes missionnaires.

Infolettre de Adventist Review Ministries

— Glenn Townend, président de la Division Pacifique Sud, à propos du quatrième Sommet sur le bien-être ELIA, lequel s’est tenu du 24 au 26 mars au Centre d’éducation clinique de l’Hôpital adventiste de Sydney, en Australie. Au programme, il y a eu des présentations édifiantes, des ateliers informatifs, et l’ouverture d’un centre médical du mode de vie. Ce nouveau centre d’ELIA vise à lutter contre les maladies chroniques, dont le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Pour rester au courant de ce qui se passe au sein de l’Église, procurezvous notre infolettre hebdomadaire remplie de nouvelles, d’histoires inspirantes, et de vidéos. Inscrivez-vous dès aujourd’hui ! www.adventistreview.org/ newsletter-signup

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Le nombre de personnes qui ont bénéficié d’un effort d’évangélisation de l’Église adventiste à la prison d’État de Vila Velha II, à Vitória, dans l’État d’Espírito Santo, au Brésil. Cet événement était destiné aux personnes qui rendaient visite à leurs proches en prison. La Foire de l’amour, comme elle a été nommée, a eu lieu le 5 mars à l’extérieur de la prison. Les services proposés comprenaient des conseils juridiques, du counseling pastoral, des soins esthétiques et la coiffure, des conseils en matière de santé, et un soutien pédagogique pour les enfants. (->) Service des nouvelles de la Division sud-américaine AdventistWorld.org Juin 2023

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Actualités

Notre appel : la mission

Erton Köhler présente le premier rapport officiel sur le recentrage de l’approche des missions

Rachel Ashworth, ANN

Le 11 avril 2023, le deuxième jour de la réunion administrative du printemps de l’Église adventiste, Ted N. C. Wilson, président de la Conférence générale de l’Église adventiste et président de la réunion administrative, a introduit le premier rapport officiel sur le recentrage de l’approche des missions. « Le recentrage de l’approche des missions est […] une contribution à l’achèvement de l’œuvre de Dieu. Je crois fermement que la fin de cette terre pointe à l’horizon et que Jésus revient bientôt », a-t-il dit. Erton Köhler, secrétaire de la Conférence générale et consultant pour le siège de Mission adventiste, a présenté le rapport. « Le recentrage de l’approche des missions est-il un projet ? Une initiative ? Qu’est-ce que c’est exactement le recentrage de l’approche des missions ? » a demandé Erton Köhler dans son allocution d’ouverture. « Oui, le recentrage de l’approche des missions est un projet […], une initiative, un mouvement, mais plus que tout, un appel à l’intégration. » L’INTÉGRATION DANS LA MISSION

L’intégration a été soulignée tout au long du rapport, tandis qu’Erton Köhler appelait les dirigeants adventistes du monde entier à se tourner vers la mission prophétique de l’Église face aux crises et aux conflits. « Derrière ce mouvement, il y a un mouvement prophétique. Alors que ce monde se désagrège, Dieu suscite un mouvement où nous travaillons de manière intégrée. » Cette intégration, a-t-il noté, est une collaboration dans laquelle l’Église tout entière doit être impliquée, sans se complaire dans la cé6

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lébration de la seconde venue en se focalisant sur les signes négatifs qui se produisent, mais en se rappelant que « le signe principal, les signes positifs, sont liés à une Église qui se lève puissamment pour accomplir la mission. » ACCOMPLIR LA MISSION

Erton Köhler a expliqué comment l’initiative se déroule à l’échelle mondiale en deux étapes principales, ou « ailes ». La première « aile » du recentrage de l’approche des missions a commencé en janvier 2023 avec la réorganisation des employés de service international de code 1 (ISE), ou des missionnaires qui servent à l’extérieur de leur propre division, ce qui a nécessité une analyse minutieuse des divisions, des unions, des missions, et des entités. Des réunions avec chaque division se tiendront en vue de la réorganisation de 70 pour cent des ressources en faveur de l’œuvre de première ligne. La deuxième « aile » nécessaire à la mobilisation du recentrage de l’approche des missions dans tous les territoires du monde consiste à adopter des zones non atteintes et peu atteintes en donnant la priorité à 30 groupes soigneusement choisis. Le rapport a identifié 10 pays, 10 zones urbaines, et 10 groupes de personnes appartenant à trois fenêtres missionnaires : la fenêtre 10/40, la fenêtre urbaine, et la fenêtre post-chrétienne. Erton Köhler, dans un commentaire sur ce plan d’action : « Le recentrage de l’approche des missions n’est pas un projet que nous organisons et dont nous attendons quelque chose de votre part. Nous n’avons pas de limite de temps. Nous n’avons pas de nombre de per-

sonnes déterminé. Nous n’avons pas d’endroit précis où vous devez aller ou que vous devez adopter. Nous essayons simplement de créer une culture de la mission à l’échelle mondiale – tout le monde soutient tout le monde, parce que notre mission globale est une responsabilité qui incombe à chacun d’entre nous. » RÉPONDRE À L’APPEL

Erton Köhler a invité Roger Caderma, président de la Division Asie-Pacifique Sud (SSD), à venir sur l’estrade pour expliquer comment le programme « Recentrage de l’approche des missions » a évolué sur son territoire depuis sa première introduction lors du Concile annuel de 2022. Expliquant comment la SSD a organisé et encouragé ses institutions à s’impliquer dans la mission, Roger Caderma a rappelé un sommet sur la mission en Thaïlande auquel ont participé 500 dirigeants des églises de toute la division. « La motivation était simple : relever le défi de l’Église mondiale. » En réponse à ce défi, la SSD s’est engagée à envoyer 52 missionnaires au total. De ce nombre, 18 quitteront la SSD pour exercer leur ministère dans les régions les plus vulnérables, les moins atteintes et les moins bien desservies. Erton Köhler a conclu le Rapport sur le recentrage de l’approche des missions en précisant que cette initiative est bien plus qu’un simple mouvement. « C’est un appel lancé à l’Église de Dieu pour qu’elle se tourne vers le retour de Jésus et vers sa mission », a-t-il déclaré.


Actualités

Au camporee de l’IAD, des tas de jeunes s’engagent envers Christ

Ils ont afflué sur la pelouse du stade pour se faire baptiser

Libna Stevens et Ruth-Ann Brown, Division interaméricaine, et Adventist Review

Le 6 avril 2023, à la fin de la 3e journée du 5e camporee des Explorateurs de la Division interaméricaine (IAD) – lequel s’est tenu au stade polyvalent de Trelawny, en Jamaïque – des tas de jeunes ont répondu à un appel au baptême d’Andrés Peralta, directeur adjoint du Ministère de la jeunesse pour la Conférence générale. Andrés Peralta : « Ce soir, je porte en mon cœur un lourd fardeau. Je veux qu’une personne qui est venue à ce camp, qui n’est ni baptisée, ni adventiste, s’avance jusqu’à l’estrade, et je prierai pour elle. » Une personne a répondu, puis une autre, et en quelques minutes, plus de 120 jeunes se sont avancés. « Il se peut que vous ayez peur parce que vous devrez livrer des batailles dans la vie. Croyez-moi, nous avons tous des batailles à livrer ! La question, c’est de savoir à quel type de batailles vous êtes confrontés ce soir », a-t-il ajouté. Même si Dieu avait assuré à Gédéon qu’il serait vainqueur, ce dernier luttait encore intérieurement. « Certaines personnes livrent des batailles qu’elles ne sont pas censées livrer, a poursuivi Andrés Peralta. Quelles sont les luttes qui vous attendent chez vous ? Les batailles qu’il vous faut livrer en silence ? » Elles peuvent se manifester sous différentes formes – pressions relationnelles, conflits intérieurs, doutes, maltraitance, traumatismes, peur, a expliqué Andrés Peralta. « La lutte intérieure est la plus grande bataille à laquelle il faut faire face », a-t-il dit. Il a rassuré ses nombreux auditeurs en disant que Dieu, dans sa miséricorde et sa grandeur, vient à la rescousse. « Alors que nous livrons nos batailles, Dieu vient nous rencontrer

Sept Explorateurs ont été baptisés pendant l’une des nombreuses cérémonies de baptême au cours du camporee des Explorateurs de la Division interaméricaine. Daniel Gallardo/IAD

là où nous sommes – même quand on a des doutes – tout comme il l’a fait pour Gédéon. » Andrae Walters, un chauffeur de bus qui transportait des groupes d’Explos et leurs dirigeants vers les terrains de camping, a étonné un groupe de campeurs du Belize lorsqu’il s’est présenté au stade pour se faire baptiser dans la piscine installée tout près de l’estrade. Ses interactions avec les Explos, en particulier ceux du Belize, ont ravivé en lui une bataille interne. Andrae Walters : « En général, je me pose des questions. Je crois en l’Église adventiste. La Bible parle du sabbat. Le culte du dimanche [vient] des jours du dieu soleil. Alors pourquoi est-ce que j’adorerais Dieu le dimanche ? » Il attribue sa démarche vers le baptême aux conversations qu’il a eues avec les Explos du Belize. « Ces jeunes du Belize m’ont beaucoup encouragé. Chaque fois que nous sortions, au lieu de s’amuser, ils s’asseyaient et me parlaient de Dieu, puis me disaient : “Allez, Andrae, fais le grand saut ce soir ! On ne te force pas. Prends juste le temps d’y réfléchir une fois rentré chez toi. » Ce jeudi soir-là, Walters n’a pas cessé

d’y penser. Il a téléphoné à sa mère pour lui faire part de sa décision. « Je n’en ai parlé à personne d’autre. J’ai eu des tas de questions, oui, mais je me sens bien ici. » En entrant dans le stade, il s’est dirigé tout droit vers la piscine. Après le baptême de sept jeunes, Walters s’est fait baptiser à son tour. Et les Explos l’ont applaudi à tout rompre ! Alors qu’il sortait de la piscine, il a été accueilli par sa mère et par les Explos du Belize. « Je me sens tout neuf ! » a-t-il lancé. UN MOT SUR LE CAMPOREE DES EXPLORATEURS DE L’IAD

Près de 10 000 Explorateurs de 51 pays ont participé au camporee des Explorateurs de l’IAD, lequel s’est tenu du 4 au 8 avril 2023. Des voix, des acclamations, des chants et des cris de joie ont retenti alors que le soleil se couchait et que la brise agitait des dizaines de drapeaux lors de la cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée le 4 avril. Ce camporee s’est terminé le 8 avril par un service religieux et une autre cérémonie baptismale. Au total, 120 Explos ont été baptisés au cours de l’événement. AdventistWorld.org Juin 2023

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Actualités

Un Sommet sur la santé incite les défenseurs de la santé à agir

Cet événement, organisé par la Division nord-américaine, offre une réflexion, des formations, et de l’inspiration

Marcos Paseggi, Adventist World

Du 2 au 8 avril 2023, environ 200 dirigeants du Ministère de la santé de toute la Division nord-américaine (NAD) se sont réunis à Lexington, au Kentucky (États-Unis), pour plancher sur les meilleures pratiques courantes, pour recevoir une formation et des conseils, et pour être inspirés à agir. Le Sommet sur la santé, intitulé « La puissance de guérir », a mis en symbiose les dirigeants aux paliers de l’église locale, de la fédération, de l’union, ainsi que des membres laïcs, tous utilisant leur expertise et leurs connaissances pour atteindre leurs communautés de façon globale pour Jésus. « Les lois et les instructions de Dieu en matière de santé trouvent leur origine dans l’environnement et les pratiques de l’Éden », a rappelé Peter Landless, directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale, dans son allocution d’ouverture. En outre, « les guérisons miraculeuses de Jésus incluaient les dimensions spirituelle, physique et mentale, a-t-il ajouté. Dans le ministère de Jésus, le salut et la guérison étaient inextricablement liés. Cette idée est à la base même du modèle de santé globale défendu par l’Église adventiste. » Le message adventiste de la santé globale se fonde aussi sur les conseils d’Ellen G. White, cofondatrice de l’Église. La messagère du Seigneur a souligné à maintes reprises le rôle clé du Ministère de la santé dans les efforts d’évangélisation planifiés par l’Église. Peter Landless a lu une citation tirée de l’une des lettres d’Ellen White : « Ne placez aucune délimitation entre l’œuvre médicale missionnaire et 8

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le ministère évangélique. Les deux doivent aller de pair. » Angeline Brauer, directrice du Ministère de la santé de la NAD, est d’accord. « La santé, ça marche, parce que Dieu agit par le biais de la guérison », a-t-elle dit en évoquant le rôle des initiatives de santé pour amener les gens à Christ. INITIATIVES LIÉES À LA SANTÉ

Le Sommet sur la santé « La puissance de guérir » a aussi permis de souligner plusieurs programmes et ressources en cours, tous s’inscrivant dans le thème de la NAD, « La santé éternelle ». Des crédits de formation continue ont aussi été accordés aux personnes intéressées par des cours de formation spécifique. Carmelo Mercado, vice-président général de l’Union des fédérations Lake de l’Église adventiste, a passé en revue quelques-unes des plus récentes initiatives liées à la santé impliquant les pasteurs et les membres des églises locales. Il a notamment mentionné Pathway to Health Indianapolis – un événement qui a permis à des milliers de résidents de la communauté de bénéficier de soins de santé gratuits dispensés par des centaines de bénévoles adventistes en avril 2022. Cette initiative a entraîné un engagement important avec la communauté et a finalement apporté de nouveaux membres à l’Église adventiste. LA PUISSANCE DE GUÉRIR

En plus d’offrir des occasions d’éducation et de formation continues, le Sommet « La puissance de guérir » a été un événement profondément spirituel, reliant les principes bibliques à la réalisation d’initiatives

liées à la santé dans les églises et les communautés locales. Les participants ont passé chaque jour un temps considérable à l’étude de la Bible, à la prière, et à l’adoration. Sebastien Braxton, un orateur d’envergure internationale, a dirigé les méditations du soir. Ses messages étaient focalisés sur les principes bibliques, afin que les initiatives du Ministère de la santé pour amener des âmes à Christ soient plus efficaces. Dans sa présentation du 3 avril, Sebastien Braxton a expliqué qu’il ne fait aucun doute que l’Église adventiste possède une « vérité inégalée » en ce qui concerne les principes de santé donnés par Dieu. « Nous sommes très bons en ce qui concerne la connaissance et la vérité en matière de santé », a-t-il dit. Mais en fin de compte, les gens pourraient trouver [aujourd’hui] ces infos n’importe où, a-t-il ajouté. Selon lui, ce qui différencie le message adventiste de la santé, c’est qu’il est considéré comme un don du Saint-Esprit, comme le précise 1 Corinthiens 12. Mais ensuite, dans le dernier verset, Paul nous dit : « Aspirez aux dons les meilleurs. » Puis, dans 1 Corinthiens 13, il dit très clairement que sans l’amour, rien n’a de valeur réelle, a-t-il souligné. « Sans l’amour, vous allez susciter grandement l’attention des gens, mais cet impact ne durera pas » a fait valoir Sebastien Braxton aux participants intéressés par la mise en œuvre des initiatives du Ministère de la santé dans leurs communautés. « La [véritable] puissance de guérir réside dans votre amour pour vos semblables. »


Coup d’œil sur… l’Union des missions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA)

6 426 Effectif de l’Union des missions du MoyenOrient et de l’Afrique du Nord (MENA) au 24 mars 2023

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Le nombre de langues pour lesquelles Hope Channel Mena crée et diffuse du contenu. Ces langues sont l’arabe, le kabyle, le soudanais, le turc, et le persan.

« Nous avons la joie et le fardeau de partager notre beau message avec plus de 600 millions de personnes qui ne connaissent pas Jésus de la même manière que nous. Mais Dieu est à l’œuvre ! Bien que nous travaillions dans l’un des environnements les plus difficiles au monde, nous avons presque chaque jour l’occasion incroyable de voir la main de Dieu agir sur le cœur des gens. Notre travail est simple : être comme des lampadaires personnels dans les lieux populeux des 20 pays que nous servons, être diligents dans notre travail, et prier. Lorsque nous nous joignons à Dieu là où il est déjà à l’œuvre, nous avons la joie de voir des vies changées. De quoi avons-nous besoin ? De personnes supplémentaires pour servir de lampadaires dans toute la région de MENA ! » — Rick McEdwards, président de MENA

20 Le nombre de pays qui composent l’Union des missions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Ensemble, ces pays comptent une population totale de 600 millions d’habitants, dont 95 pour cent de non-chrétiens, en décembre 2022. Le ratio entre la population et les adventistes est de 1 sur 93 370. En 2012, le ratio entre les adventistes et la population générale était de 1 sur 172 000. Sur les 20 pays, l’Église adventiste n’a pas d’ouvriers de première ligne dans 4 d’entre eux, et 14 villes comptant plus de 1 million d’habitants n’ont pas entendu l’Évangile dans le message des trois anges.

(^-)

« C’est Dieu qui m’a mis à cœur de me préparer au ministère. C’est également lui qui rendra les choses possibles. Mon rôle consiste à m’appuyer sur lui tandis qu’il me prépare à ce qu’il veut que je fasse. » — Sara*, au sujet de son parcours qui l’a amenée à étudier la théologie à l’Université du Moyen-Orient à Beyrouth, au Liban. Elle a grandi en allant à l’École du dimanche avec son grandpère. Par la suite, au fil de différents événements, elle a suivi des études bibliques et a assisté à une campagne d’évangélisation « Il est écrit », laquelle l’a conduite au baptême à l’âge de 16 ans. Après l’école secondaire, elle a souhaité aller à l’université pour apprendre à mieux se préparer au ministère. * Son nom de famille n’est pas divulgué pour des raisons de sécurité.

Florian Wehde AdventistWorld.org Juin 2023

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Sous les projecteurs

Qui est à blâmer ? La bataille cosmique pour le cœur humain GASPAR COLÓN

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a douleur et le chagrin sont une réalité universelle. Personne n’y échappe. Il suffit de regarder la télé, de parcourir les médias sociaux, et de suivre les chaînes d’information pour découvrir une souffrance omniprésente – famines, catastrophes naturelles, pestes, pandémies, traite des êtres humains, maladies, mort, violence conjugale, toxicomanie, guerres, persécution, génocide, xénophobie, fusillades de masse, changements climatiques, catastrophes économiques, persécution religieuse… Et la liste s’allonge. Les questions brûlantes que l’on se pose le plus souvent sont les suivantes : Comment se fait-il qu’un Dieu bon, omnipotent et omniscient permette tant de souffrance dans le monde ? S’il est tout-bon et tout-aimant, pourquoi permet-il alors que des bébés meurent, que des guerres ravagent tout, et que de bonnes personnes souffrent ? S’il est omnipotent et omniscient, pourquoi ne met-il pas un terme à tout ça ?

Beaucoup trop d’entre nous concluent que, compte tenu de toute la souffrance dans le monde, il ne peut y avoir de Dieu. LE REJET DU PLAN A

Les deux premiers chapitres de la Genèse décrivent la création originelle de Dieu : un monde parfait, exempt de souffrance, dans lequel les êtres humains jouissaient d’une relation directe avec Dieu. Ainsi, lorsque Dieu créa Adam et Ève – le premier homme et la première femme – il leur offrit un monde parfait et bon, avec tout ce dont ils avaient besoin pour vivre heureux éternellement. Ils avaient un accès illimité à Dieu et à tout ce qu’il avait créé, à l’exception de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2 ; 3). Par ce test de loyauté, Dieu établissait avec amour le fait que l’humanité est dotée du libre arbitre – du pouvoir de choisir le bien ou le mal. Dans ce monde bon qu’il avait créé, le Créateur permit aux hommes de faire des choix. JR Korpa


C’est alors que Satan entra en scène. Il insinua qu’en leur refusant les fruits de cet arbre, Dieu privait Adam et Ève de leur droit de subvenir à leurs besoins et d’être comme des dieux. S’ils mangeaient de cet arbre, ils n’auraient plus besoin de dépendre du Créateur et pourraient subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins. Mais en faisant ce choix, ils brisèrent leur relation avec Dieu. Ceci entraîna une quête perpétuelle d’autosuffisance et de satisfaction égocentrique (le péché), laissant dans son sillon l’imperfection, la souffrance et la mort dans un monde auparavant parfait. C’est alors que Dieu mit en branle un plan préétabli pour vaincre le péché : il offrirait son Fils unique (Jn 3.16), lequel vaincrait Satan (Gn 3.15) en prenant sur lui la peine du péché – la mort – et en ressuscitant pour offrir à tous ceux qui se réclament de sa victoire une réconciliation éternelle avec Dieu. Entre-temps, alors que nous nous retrouvons en plein cœur de la bataille entre le bien et le mal, nous sommes témoins des conséquences du péché autour de nous, et reconnaissons que les supercheries de Satan les perpétuent. Mais Dieu a fourni un plan divin de salut par l’intermédiaire de Jésus ! En outre, il incite ses rachetés à s’impliquer dans l’aide envers ceux qui souffrent des inévitables dommages collatéraux de la guerre pour le cœur de l’humanité. S’ASSOCIER À DIEU

Satan veut que nous imputions la souffrance que lui-même provoque à un manquement de la part de Dieu. Fort heureusement, les Écritures corrigent le tir : elles nous révèlent que Dieu exhorte constamment ses disciples à refléter son caractère en s’associant à lui pour soulager la souffrance, et à prendre soin de ceux qui sont pris au milieu de la lutte cosmique entre le bien et le mal. Voici quelques exemples de la manière dont Dieu conduit ses disciples à apporter la guérison.

Dieu a promis à Abram que toutes les nations de la terre seraient bénies par son intermédiaire (Gn 12 et suiv.). Il a utilisé la période d’esclavage de Joseph pour sauver l’Égypte ainsi que sa propre famille de la famine (Gn 37-50). Dieu a exprimé à Moïse son désir de délivrer son peuple de la captivité en Égypte en ces termes : « J’ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays où coulent le lait et le miel […] Maintenant, va, je t’enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les enfants d’Israël. » (Ex 3.7-10) Selon son propre témoignage, Job a secouru les pauvres qui appelaient au secours, et les orphelins qui n’avaient personne pour les aider. Il était un père pour les nécessiteux et examinait à fond le cas de l’inconnu (Jb 29.11-17). Dieu appelle constamment ses disciples à être des instruments de guérison dans la souffrance. Il lance à son peuple le défi suivant : « Ouvre ta bouche pour le muet, pour la cause de tous les délaissés. Ouvre ta bouche, juge avec justice, et défends le malheureux et l’indigent. » (Pr 31.8,9) Jésus lui-même a caractérisé son ministère terrestre en citant Ésaïe 61 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. » (Lc 4.18,19) Jésus est, en quelque sorte, l’incarnation du jubilé, apportant la guérison au monde en désamorçant les structures sociales et économiques qui oppriment les êtres humains.

Alors que nous nous retrouvons en plein cœur de la bataille entre le bien et le mal, nous sommes témoins des conséquences du péché autour de nous. À NOUS DE CHOISIR !

L’Évangile éternel célèbre le fait que nous sommes sauvés du péché par la grâce de Dieu ; que Jésus a vécu une vie de service et de dépendance totale à l’égard de son Père ; qu’il est mort sur la croix, prenant sur lui la peine du péché – la mort ; qu’il est ressuscité, a vaincu la mort, et offre à « quiconque croit en lui » la vie éternelle (voir Jn 11.25,26). Il a promis de revenir pour racheter ses disciples. En attendant son retour, ceux-ci sont appelés à proclamer cet Évangile éternel et à refléter le caractère de Dieu en se dépensant dans un service d’amour pour « l’un de ces plus petits de [ses] frères » (Mt 25.31 et suiv.). Alors que tant d’entre nous cherchent qui blâmer pour la souffrance que nous vivons et dont nous sommes témoins chaque jour, nous sommes appelés à refléter l’amour guérisseur de Dieu. Notre Père nous appelle à choisir soit de perpétuer les ravages du péché dans le monde, soit de nous ranger du côté de celui qui offre la guérison et restaure son image en nous.

Gaspar Colón, titulaire d’un doctorat, ainsi que d’une maîtrise en santé publique, est pasteur à la retraite de l’Église adventiste.

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Guérir les blessures : le plan de restauration de Dieu TA M A R A C O N WAY

V

oici, je lui donnerai la guérison et la santé, je les guérirai, et je leur ouvrirai une source abondante de paix et de fidélité. » Ce verset est au nombre des versets les plus puissants des Écritures ! La guérison et la restauration font partie du dessein de Dieu pour ses enfants. Cependant, nous n’en reconnaissons pas toujours notre grand besoin. Certaines blessures sont héritées, tandis que d’autres sont cultivées au fil du temps. D’autres encore sont profondes et impossibles à traiter, nous laissant en proie au chagrin, au regret, à la culpabilité, et à la honte. Cependant, la main de Dieu atteint ces cavernes profondes d’une façon ou d’une autre et nous conduit vers un lieu de liberté. C’est ce dont j’ai fait l’expérience il y a de nombreuses années, alors que j’assistais à une formation sur la prévention du suicide. SE RENDRE VULNÉRABLE

Remontons dans le temps. Je suis alors une jeune adulte. Je travaille à plein temps tout en étudiant à temps partiel à l’Institut d’enseignement supérieur communautaire du coin. Il y a quelques années, j’ai fait une Photo : Karsten Winegeart


expérience traumatisante de laquelle je tente de me rétablir pour pouvoir reconstruire ma vie. Un jour, une amie m’invite à me joindre avec elle à une équipe de spécialistes de la prévention du suicide. Ces gens répondent aux appels téléphoniques de personnes désespérées – de personnes envisageant ou menaçant de se suicider. J’ai toujours voulu aider mes semblables. C’est un bon début ! Avant de commencer à répondre au téléphone, il faut suivre une formation approfondie. Mon amie et moi arrivons à la clinique communautaire qui sponsorise cette formation et fournit l’espace nécessaire pour le centre d’appel. Elle est bondée ! Des tas de gens sont là pour suivre la formation de bénévole en vue de ce rôle important. Le suicide touche énormément de gens ; il faut faire quelque chose pour les aider. C’est un retour à la réalité qui donne à réfléchir. Sans trop savoir à quoi m’attendre, j’ai le sentiment très net que ce sera une expérience enrichissante. Après une brève formation, on nous répartit en groupes de sept ou huit pour l’activité suivante : une sorte de jeu de rôle. Les groupes s’animent, des voix fusent dans toute la salle. Ces cercles formés d’étrangers vont devenir finalement nos espaces de sûreté. Nous avons pour instruction de mentionner quelque chose de nous que personne ne connaît ou dont nous n’avons jamais parlé auparavant à qui que ce soit. Au début, l’hésitation de tous est palpable. C’est normal, car on s’apprête à révéler à de parfaits inconnus des infos très intimes ou profondes qu’auparavant, on a peut-être décidé d’enfouir à tout jamais ! L’heure, croyez-moi, n’est pas à l’enthousiasme. Soudain, un participant brise la glace, et le rythme s’accélère. Certains participants semblent être plus à l’aise que d’autres. Lorsqu’une personne se jette à l’eau, il y a quelque chose qui se crée dans la dynamique : en matière de transparence – ce à quoi, je crois, tout le monde aspire – « le champ des possibles » s’ouvre.

Rapidement, de plus en plus de participants s’expriment. Et d’emblée, on les sent soulagés de leur fardeau. On est censé faire l’exercice non pour venir chercher de l’aide, mais pour apprendre à aider les autres. Je me dis alors : Cet exercice n’est certainement pas pour nous. Après tout, nous allons tous bien ! Ce sont les personnes qui téléphoneront à cette ligne d’écoute qui ont besoin d’aide. Dans quelques instants, ce sera mon tour. Je regarde et écoute attentivement, bien déterminée à ne partager que quelque chose de superficiel. Ils n’y verront que du feu. Je veux dire, ça ne les dérangera pas. Après tout, ils ne me connaissent pas, et je ne les connais pas non plus. Et je ne vois pas quel bien ça pourrait me faire… Sérieusement, est-ce que c’est vraiment nécessaire ? Et mon tour vient – avant même d’avoir pu rationaliser ce que je veux dire ! Je reste assise un moment, puis prends une décision. Tu es venue ici et tu as entendu toutes ces personnes parler avec leur cœur. Alors ne triche pas, sois vraie, sois honnête. Mon cœur bat la chamade et, d’une manière ou d’une autre, je sais que ce moment va être décisif pour moi, qu’il va changer ma vie à tout jamais. En cet instant, il n’est plus seulement question de la possibilité d’éviter le précipice aux personnes suicidaires, mais aussi de faire un acte de foi pour franchir ma propre porte de liberté, une porte que jusqu’ici, je n’ai jamais imaginé qu’elle puisse s’ouvrir. Je vais faire un saut dans une vie où je dirai la vérité d’abord à moi-même, puis aux autres. Ce n’est vraiment pas mon genre ! Mais au fond, quel meilleur endroit pour dire la vérité pour la première fois sur moi-même, sur mon état d’esprit et ma vie, à des gens que je ne connais pas et qui n’ont aucun intérêt dans ce que je vais leur dire ? Ce n’est que lorsque cette pensée me frappe que je comprends finalement que c’est la chance de ma vie. J’ai l’occasion parfaite de révéler quelque chose de moi sans crainte de répercussions. Et dans ma décision de guérir, j’ose faire le premier pas.

« Je m’appelle Tammy. J’ai été victime d’attouchements sexuels, ce qui a entraîné chez moi des traumatismes physiques et émotionnels. » FAIRE LE PREMIER PAS

C’est la première fois de toute ma vie que j’ai mentionné ça à haute voix ! Et vous savez quoi ? Ça m’a fait du bien. Ce soir-là, j’ai compris que les personnes qui appellent la ligne d’écoute téléphonique sont en proie au chagrin, aux regrets, à la culpabilité et à la honte, comme je l’ai été pendant toutes ces années. Et ça n’a rien de nouveau. Dieu est à l’origine de la première « Ligne d’écoute de prévention du suicide », laquelle se trouve dans Jacques 5.16 : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. » La guérison est un événement individuel et collectif qui crée des cycles de croissance. Dans ce type d’environnement, le chagrin, le regret, la culpabilité et la honte sont détruits. C’est pourquoi l’ennemi déteste nous voir reconnaître les péchés que nous avons commis, et ceux qui ont été commis contre nous. Alors, si vous portez un poids semblable aussi lourd, faites le premier pas. Priez Dieu et demandez-lui de vous guider. Parlez à votre pasteur ou à un membre de votre famille ou de votre église en qui vous avez confiance. Envoyez un texto ou appelez quelqu’un. Consultez un professionnel de la santé mentale ou un thérapeute certifié et franchissez la porte de la liberté. Qui sait ? Peut-être serez-vous celui ou celle qui commencera le cycle de guérison là où vous êtes. * Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

Tamara Conway, thérapeute certifiée du deuil, est femme de pasteur et mère de quatre enfants. Son livre Kill the Girl sera publié cet été.

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La prière pour les malades FRANK M. HASEL

C Elle n’inclut pas que la santé physique

e que je vais vous raconter s’est produit peu de temps après mon déménagement dans un nouveau district. Klaus1, un membre actif de mon église, m’a téléphoné pour me demander un service d’onction d’huile. Ce père de deux filles ados était malade. Son cancer s’était déjà propagé à différentes parties de son corps ; ses os étaient littéralement criblés de trous, comme le montraient ses radiographies et ses tests de tomodensitométrie. Les médecins de l’hôpital universitaire d’une ville voisine avaient planifié un examen important pour voir l’évolution de son cancer afin de déterminer les prochaines étapes. La situation était grave. D’un point de vue médical, il n’en avait plus pour longtemps à vivre. Conscient de l’urgence de sa situation, Klaus désirait que l’on fasse pour lui la prière pour les malades en l’oignant d’huile, tel que Jacques 5.13-16 le décrit. UNE LEÇON D’HUMILITÉ

J’ai informé l’ancien de l’église et, avec le diacre en chef et quelques membres engagés de notre église, nous nous Photo : John Tyson


sommes rendus chez Klaus pour effectuer le service. Cette réunion s’est déroulée dans un esprit d’humilité. Rien de spectaculaire. D’une foi sincère, nous avons remis la vie de Klaus entre les mains de Dieu, confiants qu’il le connaissait le mieux, qu’il pouvait le guérir, et qu’avec lui, Klaus serait en sûreté, peu importe l’issue. Quelques jours plus tard, Klaus a passé son examen de contrôle à l’hôpital. À la surprise générale, il n’y avait plus aucune trace de cancer. Les trous dans ses os avaient disparu. Il était complètement guéri ! Les professionnels de la santé de l’hôpital public, lesquels n’étaient pas chrétiens, n’en croyaient pas leurs yeux. Selon eux, ce n’était rien de moins qu’un miracle ! Cette expérience m’a appris que Dieu est toujours vivant, que des miracles se produisent, même à notre époque, et qu’un humble acte de foi peut donner à Dieu l’occasion de faire des choses remarquables pour nous. Quelques années plus tard, une femme dans la quarantaine, mère de trois ados, a reçu à son tour un diagnostic de cancer – un cancer agressif qui menaçait sa vie. Elle était, elle aussi, très active dans l’Église et faisait preuve d’une confiance exemplaire en Dieu. C’était ma femme. Au début de sa maladie, elle a demandé un service d’onction. Nous avons demandé au pasteur de notre église de procéder à cette onction. Nous nous sommes réunis dans notre salon avec les anciens de l’église et quelques amis fidèles. Le pasteur a oint ma femme, et nous avons prié. Notre foi était sincère. Vers la fin de son épreuve, lorsque, humainement parlant, les choses ne semblaient plus très prometteuses, elle a demandé une deuxième onction. Une fois encore, nous nous sommes réunis dans une foi sincère. Ça a été une réunion émouvante au cours de laquelle nous avons reconsacré sa vie à Dieu. Nous avons prié avec toute la ferveur possible. Nous nous sommes confiés en Dieu parce que nous savions qu’il pouvait

la guérir. Nous savions qu’il entendait nos prières, qu’il se souciait de nous et nous aimait, et qu’elle était en sûreté entre ses mains. Mais quelques semaines plus tard, ma femme a fermé les yeux pour toujours2. J’ai été personnellement témoin de guérisons miraculeuses après certains services d’onction. J’ai aussi vu des personnes très pieuses nous quitter. Il est évident que le service d’onction d’huile n’est pas la solution miracle apportant toujours la guérison physique. Il semble que nous considérions souvent cette cérémonie à travers les yeux de la tradition ecclésiastique. Le sacrement de l’onction d’un malade – l’un des sept sacrements de l’Église catholique romaine – est considéré comme un canal mystique de la grâce divine et pratiqué en général en tant que « dernier rite » lorsque la mort d’une personne est imminente. C’est pourquoi, dans la tradition catholique, l’onction des malades est aussi appelée « extrême onction ». Jacques 5.13-16 présente cependant une image fort différente. RETOUR À LA BIBLE

Jacques décrit l’onction des malades comme n’étant pas seulement pour les malades en phase terminale. Le mot grec utilisé dans Jacques 5.13 pour le mot « souffrance », c’est kakopathei. Il décrit non seulement la maladie physique, mais aussi le fait de subir un préjudice ou une douleur émotionnelle. On l’utilise pour décrire le fait de souffrir d’un malheur et de supporter patiemment les épreuves. Dans d’autres passages du Nouveau Testament, les mêmes mots ou des mots apparentés décrivent la souffrance mentale et psychologique (2 Tm 1.8 ; 2.3,9 ; 4.5 ; Jc 5.13). Cela est confirmé par Jacques 5.14, où le mot grec pour « malade » est asthenei. Il s’agit d’un terme général qui décrit la maladie, mais aussi le fait d’être faible ou dans le besoin. Dans le contexte de ce passage, Jacques mentionne Job (Jc 5.11) et Élie (Jc 5.17). Job était physiquement malade, et Élie est tombé en dépression après

les prodiges que Dieu avait opérés au mont Carmel. La prière pour les malades s’adresse à tous ceux qui souffrent de la maladie, qui sont faibles et dans le besoin. La Bible nous dit que la prière offerte avec foi (Jc 5.15) sauvera le malade. Le mot grec pour « sauver » n’est pas seulement utilisé pour la guérison physique, mais aussi pour exprimer notre salut en Christ. Le Seigneur relèvera cette personne. Dieu promet de réveiller et de relever celui qui est dans le besoin et de le remettre sur pied. Cela peut inclure la guérison physique, mais renferme aussi d’autres connotations, comme l’indique la référence au pardon des péchés dans ce verset. Dans notre désir que Dieu nous guérisse, nous devons comprendre que si Dieu désire sincèrement nous guérir tous, en revanche, il nous incombe de vivre en harmonie avec les principes de sa Parole. Gardons aussi à l’esprit que, dans le conflit cosmique entre le bien et le mal, il y a quelque chose d’encore plus important pour Dieu que notre santé physique et notre guérison : c’est notre santé spirituelle et notre fidélité envers lui. Nous ne savons pas si les bénédictions que nous désirons seront les meilleures pour nous. Mais Dieu sait tout – même ce qui nous échappe en raison de notre perspective limitée. C’est pourquoi nous faisons bien de lui faire confiance au lieu de lui ordonner d’agir selon notre vision limitée3. Dieu sait ce qui est le mieux pour nous – qu’il nous guérisse physiquement ou qu’il nous restaure spirituellement et pardonne nos péchés pour que nous jouissions de la paix intérieure avec lui. J’ai changé le nom pour protéger la vie privée de sa famille. On peut lire une brève histoire de mon expérience d’une perte importante dans Frank M. Hasel, « Dealing with Suffering and Loss », Ministry, vol. 90/12, 2018, p. 11-12. 3 On peut lire un point de vue perspicace et équilibré sur la prière pour les malades dans Ellen G. White, Le ministère de la guérison, p. 193-200. 1 2

Frank M. Hasel est directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique au siège de l’Église adventiste.

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La véritable fin de la souffrance

Notre espérance réside en la seconde venue

THABO MLOTSHWA

U

n vendredi matin d’octobre 2019, amis, collègues de travail et parents se sont joints à ma femme, à nos deux filles et à moi-même lors de l’enterrement de notre plus jeune enfant. Nos filles avaient respectivement 3 et 4 ans. Évidemment, elles n’ont pas entièrement compris les événements qui se sont déroulés ce jour-là. Le lendemain matin – un sabbat – ma femme et moi sommes retournés avec elles à la tombe du bébé pour tenter de leur expliquer ce dont elles avaient été témoins la veille. Elles avaient attendu avec impatience l’arrivée de ce bébé depuis des mois ! Et voilà que tous leurs espoirs de grandes sœurs se sont retrouvés anéantis. Un jour, ai-je commencé, nous entendrons le son puissant d’une trompette. Puis nous verrons le ciel se dérober pour faire place au Roi des rois, lequel descendra du ciel avec ses anges au nombre de 10 000 fois 10 000, et de milliers de milliers, pour réveiller ceux qui sont morts en Christ. Je leur ai ensuite expliqué comment cette petite tombe allait s’ouvrir ce jour-là, que notre petit bébé serait ressuscité, qu’un ange le mettrait dans nos 16

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bras, et que notre famille serait enfin réunie. Le retour de Jésus, en plus d’être un véritable réconfort pour les croyants en deuil, offre aussi un répit aux chrétiens qui souffrent. Chaque fois que moi-même, un membre de ma famille ou un ami traverse une série d’épreuves apparemment interminables, cela m’amène à souhaiter ardemment que Jésus revienne le plus tôt possible, car – comme l’a dit un auteur de cantiques – « lorsque la trompette du Seigneur sonnera et que le temps ne sera plus, quand le matin du grand jour éternel, lumineux, et juste arrivera »1, la souffrance dans toutes ses déclinaisons prendra fin pour toujours. Dans le désert des défis monumentaux de la vie, cette simple connaissance et cette ferme croyance en le retour de Jésus sont comme une oasis rafraîchissante. Lorsque nous passons par la souffrance, sous quelque forme que ce soit, nous devons reconnaître que nous sommes alors en compagnie de grands hommes et de grandes femmes à la foi remarquable, lesquels sont tous passés par de grandes souffrances. Ellen G. White a fait remarquer un

jour la chose suivante : « Tous ceux qui, dans ce monde, servent fidèlement Dieu et les hommes passent par l’école de la souffrance. Plus lourde est la responsabilité et plus élevée la charge, plus dure est l’épreuve et plus rigoureuse la discipline2. » L’apôtre Paul a donc choisi de se glorifier de ses souffrances (2 Co 12.9) afin que la puissance de Christ habite en lui. C’est là une merveilleuse pensée à garder à travers chaque épreuve qui se présente à nous : plus le test est éprouvant, plus la discipline est sévère, plus la confiance placée en nous par Dieu est importante, et plus le service auquel il nous appelle est élevé. Par conséquent, si nous souffrons, c’est avec la certitude qu’au-delà de la souffrance, Christ paraîtra bientôt. James Black, « When the Roll Is Called Up Yonder », The Seventh-day Adventist Hymnal, Hagerstown, Md., Review and Herald Pub. Assn., 1985, n° 216. 2 Ellen G. White, Éducation, p. 173. 1

Thabo Mlotshwa est pasteur de quatre églises de la Fédération de l’ouest du Zimbabwe. Sa famille et lui habitent à Bulawayo, au Zimbabwe.

Photo : Zzvet / iStock / Getty Images Plus/ Getty Images


Place aux jeunes

L’outre de Dieu J

e suis désolé, Martha1 ; on ne peut rien faire. » Mon cœur sombre alors que j’annonce cette nouvelle tragique à ma patiente de 35 ans. Elle s’est présentée à l’hôpital avec des douleurs abdominales et un diagnostic d’infection comorbide par le VIH. Cependant, personne n’aurait pu prévoir ce que nous avons découvert lorsque nous l’avons opérée. Un cancer de stade 4 s’était propagé dans ses poumons, son foie, et ses intestins. Une larme coule sur sa joue tandis qu’elle me regarde en silence, incrédule. Que pourrais-je dire d’autre ? Est-ce ce que je dois essuyer ses larmes ou la laisser pleurer un bon coup ? L’accompagner dans son deuil en silence ou essayer de la réconforter avec des paroles d’espérance (même si je sais que le cancer va bientôt la tuer) ? Quelle lueur d’espoir pourrais-je lui donner qui aurait un sens pour elle en un moment pareil ? Je m’arrête pour réfléchir aux deux jeunes enfants qu’elle a laissés à la maison. Que vont-ils devenir ? Environ une semaine plus tard, mon collègue me tire brusquement à part dans le couloir de l’hôpital. « J’ai le regret de vous annoncer que pendant votre absence [en voyage d’affaires], nous avons perdu Martha. » Je fige, tandis qu’un flot d’émotions me submerge : choc, horreur, surprise, chagrin, tristesse, colère, déni, culpabilité… Nous avons tous connu le chagrin et la souffrance, d’une manière ou d’une autre. Peut-être le chagrin d’avoir perdu un être cher dans la mort ; ou la perte d’un conjoint à la suite d’un divorce ; la perte de la santé en raison d’une maladie en phase terminale ; la perte de la paix intérieure à cause de la dépression et de l’anxiété. Pour d’autres, il peut s’agir de la

Considérons qu’il se peut que Dieu ait un but divin pour notre chagrin.

perte d’un emploi, d’une maison, d’une voiture… ou même d’un rêve, d’une attente, ou d’une aspiration en raison d’un échec imprévu. Souvent, notre chagrin s’accompagne de la question classique suivante : « Pourquoi, Seigneur ? » Considérons qu’il se peut que Dieu ait un but divin pour notre chagrin. Nous le voyons dans la souffrance de Jésus. « Il a plu à l’Éternel de le briser par la souffrance… Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité et prolongera ses jours ; et l’œuvre de l’Éternel prospérera entre ses mains2. » (Es 53.10) Se pourrait-il que notre chagrin ici-bas fasse partie du bon plan de Dieu pour nous faire entrer dans une vie longue et prospère dans l’éternité ? Lorsque nous sommes affligés, il est naturel de pleurer. Les larmes coulent sur nos joues alors que nous nous résignons à la douleur de la mort – qu’il s’agisse de la mort de ceux que nous aimons, de la mort d’une amitié lorsque nous sommes trahis par des alliés de confiance, de la mort d’une aspiration lorsque nous recevons la nouvelle du rejet de notre candidature, ou de la mort d’une relation amoureuse. Même si nos yeux peuvent devenir « éteints par le chagrin » (Jb 17.7, BFC) comme ceux de Job, je suis encouragé par le psalmiste, lequel nous rappelle qu’aucune de nos larmes n’est perdue, car le Seigneur recueille chacune d’entre elles dans un registre parfait. David dit : « Tu comptes les pas de ma vie errante ; recueille mes larmes dans ton outre : ne sont-elles pas inscrites dans ton livre ? » (Ps 56.9) Je me souviens encore des derniers mots que j’ai adressés à Martha avant sa mort prématurée. « C’est normal de pleurer. Dieu t’aime tellement qu’il a recueilli chacune de tes larmes dans son outre. » Au plus profond de notre chagrin et de notre souffrance, c’est la seule vérité à laquelle nous pouvons nous accrocher. Dieu nous aime. Nom fictif. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910. 1 2

Frederick Kimani est médecin consultant à Nairobi, au Kenya.

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Perspective mondiale

8 millions d’arbres

Le projet La grande controverse : en vaut-il vraiment le coup ?

SAM NEVES

D

’ici la fin de 2024, l’Église adventiste tentera de distribuer dans le monde entier, en plusieurs langues, 1 milliard d’exemplaires de La grande controverse, d’Ellen White. Si de nombreux adventistes se réjouissent de ce projet, s’ils sont impatients d’acheter les livres et de commencer à les distribuer, en revanche, d’autres s’interrogent sur le coût et l’efficacité du projet. Examinons les points suivants. 1) Ce projet représente un coût financier qui pourrait dépasser le milliard de dollars. 2) On encourage les membres à distribuer personnellement ces livres, ce qui représente une somme titanesque d’une ressource précieuse : le temps. 3) Le projet aura un impact sur la planète puisqu’il faut plus de 8 millions d’arbres pour fabriquer le papier nécessaire. 4) Certains pensent que le projet La grande controverse pourrait aussi ternir la réputation de la marque adventiste du septième jour en s’attirant des critiques de la part de la société. 18

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Par conséquent, vaut-il encore la peine de nous mobiliser pour distribuer 1 milliard d’exemplaires de cet ouvrage? Le coût en est-il trop élevé ? Devrions-nous aussi évaluer s’il s’agit du meilleur livre que nous puissions distribuer ? N’existe-t-il pas une méthode plus rentable pour atteindre les gens ? UN COÛT TROP ÉLEVÉ ?

Dans les derniers chapitres de la Bible, on trouve une description de la nouvelle Jérusalem, laquelle descend Photo : Emmanuel Phaeton


du ciel comme une épouse (Ap 20-22). Les rachetés se trouvent dans la ville. Après le couronnement du Christ, Satan entraîne toute l’armée des réprouvés à prendre la ville d’assaut. À ce stade, je suis sûr que nous nous imaginons à l’intérieur de la ville, observant avec effroi ce qui est sur le point de se produire. Le feu va bientôt détruire le mal et ceux qui ont choisi de s’y cramponner. Tout à coup, nous apercevons le logo adventiste sur un grand bâtiment en ruine… et nous constatons que tout ce qui porte la marque d’adventiste est tout près de brûler. Nous remarquons ensuite un entrepôt délabré rempli d’exemplaires de La grande controverse, encore dans leurs boîtes, non distribués. Nos yeux se tournent maintenant vers les forêts dévastées du monde. Elles aussi sont sur le point d’être détruites. Enfin, alors que l’enfer commence pour de bon, nous fixons notre regard sur les gens. Ne souhaiterions-nous pas maintenant, de tout notre cœur, que davantage de ces arbres aient été transformés en davantage de ces livres, ce qui aurait permis à davantage de ces gens de les lire ? Peut-être qu’un plus grand nombre d’entre eux seraient aujourd’hui près de nous, sains et saufs, à l’intérieur de la ville. Dans cette optique, nous voyons soudain nos préoccupations de façon fort différente. Notre réputation, en tant qu’individus et en tant qu’Église, est bien secondaire dans la mesure où l’on aide davantage de gens à être en sécurité dans cette ville ! De même, notre argent et notre temps ne sont pas indispensables. Aussi controversé que cela puisse paraître, malgré notre mandat de prendre soin de notre planète, l’utilisation d’arbres devient, elle aussi, secondaire. Après tout, c’est sur un arbre que Jésus a garanti le salut de tous les êtres humains. Si notre valeur humaine est mesurée par le sang du Christ, rien d’autre ne devrait

nous empêcher de les aider à être prêts pour son retour, y compris nos réputations, notre temps, notre argent et, oui, même nos arbres. EST-CE LE MEILLEUR LIVRE À DISTRIBUER ?

En tant qu’adventistes, nous avons le bonheur de disposer de précieux imprimés à partager avec le monde, lesquels traitent de différents sujets : le mode de vie sain, la vie familiale, l’éducation, une gestion responsable de nos biens, et bien plus encore. Les écrits d’Ellen White offrent notamment des perspectives extraordinaires sur la vie et les enseignements de Jésus-Christ, y compris les classiques « Vers Jésus » et « Jésus-Christ ». Bien que nous ne devions pas négliger de partager ces livres, lesquels ont touché le cœur de millions de personnes, reste que nous vivons à une époque très inhabituelle – une époque où les gens envisagent l’avenir avec crainte et incertitude. Le monde semble vaciller d’une crise à l’autre ; les gens cherchent et désirent des réponses que le monde ne peut leur donner. Le livre La grande controverse apporte des réponses bibliques solides à ce qui s’est produit par le passé, à ce qui se produit actuellement, et à ce qui se produira dans l’avenir. Il ouvre le rideau sur un monde invisible où se déroule une guerre très réelle et extrêmement meurtrière. Il dévoile les plans de l’ennemi et indique le chemin de la vie éternelle. Voilà pourquoi Ellen White elle-même a déclaré que de tous ses écrits, La grande controverse [autre titre : La tragédie des siècles] était le livre qu’elle souhaitait voir le plus largement distribué. EXISTE-T-IL DES MÉTHODES PLUS EFFICACES ?

Malgré les nouvelles technologies et possibilités, il y a au moins trois

raisons importantes de donner la priorité à la distribution de masse de la version imprimée de cet ouvrage plutôt que sa distribution en format numérique. ● Censure numérique Au cours des dernières années, l’Église adventiste a investi des millions de dollars dans des sites Web, des plateformes de médias sociaux, et des applis pour que les gens trouvent, suivent et téléchargent facilement tout ce que nous avons affiché en format numérique. Cela s’est fait par l’optimisation des moteurs de recherche, la création de contenu, le développement de logiciels, et les soins pastoraux en ligne, amenant chaque relation en ligne à une rencontre en face-à-face. Nous devons faire progresser l’utilisation de ces technologies et de ces possibilités, parce qu’elles sont disponibles maintenant et un jour ne pourraient plus l’être. Cependant, si nous croyons toujours en notre récit prophétique, si nous croyons que le monde deviendra un endroit de plus en plus difficile pour répandre l’Évangile, nous devons compter sur d’autres moyens que la technologie numérique pour achever notre mission. Pourquoi ? À cause de la censure. Ces deux dernières années ont démontré, sans l’ombre d’un doute, que nos comptes et nos applis de médias sociaux peuvent être supprimés instantanément de leurs plateformes et de leurs boutiques d’applis respectifs. Il en va de même pour les sites Web. En un après-midi seulement, il est possible de supprimer tout ce que l’Église a publié en ligne. Il est donc vital que nous distribuions le livre La grande controverse pour qu’il se retrouve dans chaque foyer avant que ces événements ne se produisent. Des millions d’adventistes ont appris la vérité parce que leurs familles ont lu cet ouvrage à un moment donné. Des millions de personnes seront sauvées grâce à cette distribution de masse de ce livre. AdventistWorld.org Juin 2023

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Nous avons un message plus beau et plus urgent encore à transmettre à chaque être humain. L’implication totale des membres. En certains lieux, la mobilisation peut s’avérer difficile tant nos cultures sont différentes. Cependant, la plupart d’entre nous peuvent être encouragés à acheter quelques livres et à les distribuer personnellement. Cette méthode décentralisée encourage l’implication personnelle plutôt que l’envoi de livres par la poste. Le lien humain est vital et peut s’avérer salutaire pour ceux qui reçoivent les livres. Étant donné que la distribution numérique de La grande controverse compte également pour l’objectif, les membres versés dans l’évangélisation par le numérique sont fortement encouragés à utiliser leurs compétences de cette manière-là aussi. Ces méthodes ne s’excluent pas mutuellement. ● Économie d’échelle. La centralisation de l’impression de masse et la décentralisation de la distribution de masse permettent d’obtenir un faible coût unitaire. Cela n’est possible que lorsque de nombreuses personnes coordonnent leurs efforts dans un court laps de temps. ●

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« LA VÉRITÉ PRÉSENTE » N’APPARTIENT-ELLE PAS AU PASSÉ ?

Au cœur du projet La grande controverse se trouve la croyance que l’Église adventiste est l’Église du reste de la prophétie biblique, et qu’elle est chargée de la proclamation finale de l’Évangile éternel avant le retour de Jésus. Nous croyons que Dieu nous a donné d’abord une mission, puis l’ensemble de notre structure, de nos ressources, de nos ministères et de nos biens, en vue de l’accomplissement de cette mission. Au cours de l’histoire de ce mouvement, nous avons supplié nos proches, nos voisins et les étrangers, proches ou lointains, de se préparer au jour glorieux et terrifiant où le ciel s’ouvrira et où Jésus reviendra. Ces dernières années, cependant, le sentiment que notre Église n’est qu’une communauté de foi parmi tant d’autres qui croient en Jésus a pris de l’ampleur. Certains adventistes croient que le fait que nous nous qualifions d’Église du reste n’est qu’arrogance et prétention, et que cela entrave notre mission de faire des disciples. Ils ajoutent qu’au lieu de prêcher le catastrophisme, nous devrions nous focaliser sur les Évangiles. La vérité présente ne devrait mettre l’accent que sur la vie, la mort et la résurrection de Jésus, disent-ils. Ils pensent que notre monde est tellement polarisé que si nous prêchons la vérité présente comme l’ont fait nos pionniers, nous serons étiquetés comme une autre secte dominée par les théories du complot. Ces arguments ont tendance à trouver un écho chez ceux qui en sont venus à croire au mythe d’une Église irrésistible. Ils sont convaincus que si nous créons des églises accueillantes qui soulagent activement la souffrance des autres dans nos communautés, des millions de personnes deviendront adventistes par la seule

force de notre gentillesse. Ce mythe détruit notre capacité à remplir notre véritable mission, à savoir proclamer le message des trois anges, comme le prophétise Apocalypse 14. Dans l’histoire du christianisme, il n’y a jamais eu de période où le reste fidèle n’a pas été persécuté ou sanctionné. Nous devrions, certes, utiliser les meilleures stratégies d’évangélisation et vivre notre vie de disciple dans l’amour et la compassion. Cependant, si cet amour ne se concrétise pas en relevant le défi de « suivre Jésus » à tout prix alors que nous partageons avec nos semblables la vision prophétique de Dieu, nous ne remplissons absolument pas notre mission. La vérité présente n’appartient pas au passé. Depuis l’époque de nos pionniers, notre vision de la vérité s’est élargie. Nous avons un message plus beau et plus urgent encore à transmettre à chaque être humain. Commençons par acheter des exemplaires de La grande controverse et offrons-les à nos proches, à nos voisins, à nos amis, à nos collègues, et aux étrangers. Aidons le plus grand nombre possible de personnes à se retrouver à l’intérieur de la ville lors du grand jour du jugement.

Sam Neves est directeur adjoint des communications pour la Conférence générale à Silver Spring, au Maryland (États-Unis).


Rétrospective

Le quart du matin Faire de la vigile matinale une priorité EDWARD ALLEN

S

ur un voilier, on divise les veilles en trois quarts : le premier quart, le quart du milieu, et le quart du matin. Le plus difficile, c’est le quart du milieu. Ce quart commence à minuit. Tout est sombre. On ne voit que des vagues noires comme de l’encre, derrière lesquelles se cachent mille dangers potentiels. Le quart du matin, lui, commence à 4 heures. L’obscurité est aussi profonde qu’à minuit ; par contre, à la pointe du jour, le ciel commence à s’éclaircir, les étoiles disparaissent graduellement, et le soleil émerge de la mer. Ce qui était caché est maintenant visible. La terre surgit du brouillard. Des dangers dont on ne se rendait pas compte dans l’obscurité menacent maintenant. Le quart du matin voit le navire passer d’une construction de bois inerte à une maison grouillante de vie pour les marins et les passagers. UNE MÉTAPHORE APPROPRIÉE

L’image du quart du matin est devenue une métaphore du moment à part que le chrétien passe avec Dieu le matin. C’est Handley G. C. Moule, directeur de Ridley Hall, une école évangélique de formation en théologie à Cambridge, en Angleterre, qui a commencé la pratique de la vigile matinale. Handley Moule et Ridley Hall faisaient partie d’un mouvement interconfessionnel qui s’inspirait de nombreuses traditions de l’Église anglaise. Peu après que Handley Moule soit devenu le directeur de Ridley Hall en 1880, Dwight L. Moody et Ira Sankey arrivèrent à Cambridge. Dwight Moody avait été réticent à prendre la parole dans les grands centres universitaires britanniques, car il n’avait que très peu d’années d’éducation formelle. Ses messages simples et sincères eurent un impact profond sur une grande variété d’étudiants. Les étudiants de Ridley Hall, impressionnés par le ministère de Dwight Moody, remarquèrent Photo: Paul Melki


La vigile matinale s’adressait à tous les chrétiens qui cherchaient à être efficaces pour la cause du Christ.

bientôt que Handley Moule était debout à 6 h 30 du matin et arpentait les allées du jardin de l’école. Lorsqu’ils l’interrogèrent sur cette habitude, Handley leur répondit qu’il avait constaté que c’était en marchant qu’il priait le mieux. Alors qu’ils le voyaient en communion avec Dieu, les étudiants commencèrent à se demander : « Comment peut-on rester au lit alors que ce vénérable saint, à son âge marche et prie dans le jardin ? » C’est ainsi que les étudiants formèrent un club qu’ils nommèrent l’Union de la vigile matinale de Ridley Hall (Ridley Hall Morning Watch Union). Ils signèrent la déclaration suivante : « Je m’efforcerai, Dieu m’aidant, de consacrer au moins 20 minutes, et si possible une heure, tôt le matin, à la prière et à l’étude de la Bible, ainsi qu’un temps court mais ininterrompu chaque soir avant de me retirer pour la nuit1. » MISSIONNAIRES, ÉTUDIANTS, ET EXPLORATEURS

Lorsque John R. Mott, président du Mouvement étudiant volontaire pour les missions étrangères (SVM), se rendit à Cambridge en juin 1894, Handley Moule lui recommanda la vigile matinale. Suite à leur conversation, John Mott se mit à promouvoir l’observation de la vigile matinale au sein du SVM. Le SVM attira l’attention des adventistes peu après sa fondation en 1886. Des étudiants de l’Institut d’enseignement supérieur de Battle Creek formèrent alors un groupe pour les missions étrangères en 1890 et entamèrent rapidement une correspondance avec John Mott. En 1891, Frederick Rossiter, dirigeant du groupe de Battle Creek, assista au premier Congrès international du Mouvement étudiant volontaire, lequel se tint à Cleveland, en Ohio, avec huit autres adventistes associés à Battle Creek. John Mott visita l’Institut d’enseignement supérieur Union et prit la parole dans la chapelle de cet institut. En 1898, Milton E. Kern, un étudiant à l’Institut d’enseignement supérieur Union, fut envoyé en tant que délégué

au Congrès du SVM. Fort de ses 1 600 participants, ce congrès fut l’un des plus grands congrès d’étudiants organisés jusqu’alors. Lors de ce congrès, Milton Kern assista à une conférence impressionnante de John Mott ayant pour thème la vigile matinale. Dans une conférence ultérieure, John affirma que « la source de la puissance de tout mouvement spirituel, c’est Dieu, et les énergies de Dieu sont libérées en réponse à la prière »2. John Mott croyait que les missionnaires seraient fortifiés et soutenus sur le terrain s’ils établissaient une relation solide avec Dieu en communiquant directement avec lui et en lisant sa Parole pendant la vigile matinale. Cependant, la vigile matinale s’adressait à tous les chrétiens qui cherchaient à être efficaces pour la cause du Christ. Dans sa couverture du Congrès du SVM de 1898, la Review and Herald souligna ce discours en en donnant un long résumé3. En 1907, Milton Kern faisait partie de la faculté de l’Institut d’enseignement supérieur Union lorsqu’il devint le premier secrétaire du Département de la jeunesse de la Conférence générale. Sur l’insistance de Milton, ce département fut officiellement rebaptisé « Société des jeunes adventistes missionnaires volontaires » (YPMV). En tant que dirigeant de la YPMV, il joua un rôle actif dans la promotion de la vigile matinale. Les trois objectifs déclarés par l’YPMV lors de son premier congrès en 1907 –lequel avait pour thème « Développer une vie de piété, l’effort missionnaire et les activités éducatives » – ressemblaient à l’emphase que Milton Kern avait observée lors du Congrès des étudiants volontaires de 1898. Utilisant des textes sélectionnés par Matilda Erickson, secrétaire correspondancière de l’YPMV, Milton publia un calendrier intitulé Vigile matinale pour 1908, lequel comprenait « un texte biblique à lire chaque matin, ainsi qu’un encouragement à poursuivre ensuite avec la méditation et la prière ». La Loi des mis-


sionnaires volontaires élaborée sous la direction de Milton Kern devint la Loi des Explorateurs, laquelle commence par l’engagement suivant : « J’observerai la vigile matinale ». La Loi des Explorateurs, récitée par d’innombrables Explos au cours des cent dernières années, commence par une promesse faite à Dieu de se focaliser sur lui et sur son intervention dans leur vie. Se pourrait-il que les Explos qui placent cette promesse au centre de leur vie s’épanouissent et que leur relation avec Dieu grandisse ? DÉVELOPPER LA PRATIQUE

Comment développer la pratique de la vigile matinale ? Au fil des ans, les suggestions suivantes ont été utiles à ceux qui ont réussi à observer la vigile matinale. Faites du temps avec Dieu une priorité. Tenez-vous-en à cette priorité – quelles que soient vos circonstances. Handley Moule était un homme fort occupé, souvent sollicité tard dans la nuit. Néanmoins, il se levait tous les matins à 6 h 30 pour marcher dans les allées du jardin. Les étudiants de Ridley Hall savaient que cet homme tirait sa force spirituelle de ces promenades matinales avec Dieu. Le matin fait toute la différence. Dans son discours de 1898, John Mott donna quelques raisons de rencontrer Dieu le matin. C’est à ce moment-là que l’esprit est le plus réceptif. Quand on cherche Dieu plus tard dans la journée, l’esprit est déjà préoccupé par d’autres choses, de sorte qu’il est plus difficile de se focaliser sur lui. Si nous cherchons Dieu en premier, nous serons préparés aux conflits de la journée. Nous ne serons pas pris au dépourvu par la bataille spirituelle. Remettre la vigile à plus tard, c’est risquer de ne jamais arriver à la faire. Cherchez Dieu. Ne vous tourmentez pas et ne vous réprimandez pas pour vos péchés et vos lacunes. Si

nous disciplinons notre esprit pour qu’il se concentre d’abord sur la miséricorde, la grâce et la puissance de Dieu, celles-ci imprégneront le reste de notre temps avec lui. Nous verrons alors nos péchés et nos manquements du point de vue de sa grâce et de sa puissance. Nous lui confesserons notre culpabilité, nos échecs, et recevrons ensuite le pardon et une énergie renouvelée pour marcher dans ses voies. Rencontrez Dieu dans sa Parole. Méditez sur les Écritures et permettez au Saint-Esprit de vous imprégner de leur signification pour votre vie. Vous aurez alors la motivation nécessaire pour vous soumettre à lui dans l’obéissance. Il s’approchera de vous et vous sentirez sa présence. Beaucoup ont témoigné de la joie, de la paix et de la douceur du temps passé avec Dieu. Cependant, ces sentiments, si merveilleux soient-ils, sont non pas l’objectif, mais simplement les sous-produits du temps que nous passons avec Dieu. Le temps passé avec le Créateur dans sa Parole enrichit notre vie et la remplit, de sorte que la plénitude de la grâce divine déborde et a un impact sur notre monde. Nous intercédons pour nos proches, pour nos voisins, pour le monde. Cette intercession n’est pas une formule où l’on se contente de demander à Dieu d’être avec eux et de les bénir. Nous cherchons plutôt à voir où Dieu œuvre déjà afin de nous joindre à lui dans ce qu’il fait dans leur vie.

ne pas faire cette promesse que de la briser. D’un autre côté, la vigile matinale peut être considérée comme la promesse de Dieu de rencontrer ses enfants. Dans la mesure où nous répondons à son invitation, nous nous rendons compte des bienfaits extraordinaires de sa présence dans notre vie. La vigile matinale devient ainsi un moment où l’obscurité de notre nuit se dissipe et où la lumière de Dieu brille sur notre monde. Les dangers et les occasions sont perçus dans la perspective des Écritures, de sorte que nous sommes prêts à relever les défis de la journée avec Dieu. John Battersby Harford et Frederick Charles MacDonald, Handley Carr Glyn Moule, Bishop of Durham: A Biography, Londres, Hodder and Stoughton, 1922, p. 97, 101. 2 John R. Mott, « Prayer and the Missionary Enterprise », dans World-Wide Evangelization: The Urgent Business of the church, New York, Student Volunteer Movement for Foreign Missions, 1902, p. 241. 3 John R. Mott, « The Morning Watch », dans The Student Missionary Appeal, New York, Student Volunteer Movement for Foreign Missions, 1898, p. 233-239 ; W. E. Cornell, « The Volunteer Convention », Review and Herald, 15 mars 1898, p. 10, 11. 1

Edward Allen est doyen et professeur de religion à l’Institut d’enseignement supérieur Union, à Lincoln, au Nebraska.

GARE AU RITUEL !

Si nous nous bornons à nous concentrer principalement sur l’étude et l’analyse des informations plutôt que sur la transformation que Dieu peut opérer, la vigile matinale risque de devenir un simple rituel. Par ailleurs, promettre de faire la vigile matinale mais briser cette promesse à tout bout de champ peut favoriser la culpabilité. Mieux vaut sans doute

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Méditation

Affronter l’inconnu avec Dieu L’histoire de Ruth

L

’histoire de Ruth commence par le départ pragmatique d’Élimélec et des siens : Naomi, sa femme, et Machlon et Kiljon, leurs fils. Ils se rendirent à Moab pour échapper à la famine qui sévissait dans leur pays. Humainement parlant, ce déménagement était tout à fait sensé – logique, pratique. Les migrations massives qui caractérisent une grande partie du monde aujourd’hui montrent que les gens se déplacent encore dans le même but : avoir enfin une vie plus facile, une vie meilleure. Ces migrations sont devenues si courantes que l’on peut considérer, quand on aspire à une vie meilleure et plus prospère, comme une sagesse conventionnelle le fait de déménager dans les villes de son pays d’origine, ou encore dans des pays davantage développés en matière d’économie. Ne pas aspirer à prendre de telles mesures – que l’on soit en quête d’occasions ou que l’on cherche à profiter des occasions ouvertes – est très souvent critiqué comme étant un manque d’ambition. Cela veut souvent dire être jugé comme étant peu pragmatique et peu sage. Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles les gens sont confrontés lorsqu’ils doivent prendre la décision de bouger ou de ne pas bouger. Au fond, il s’agit de s’assurer le meilleur mode de vie possible ! C’est là le défi auquel furent confrontés d’abord Élimélec et sa famille, puis Naomi, Ruth et Orpa. 24

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Quel chemin spécifique mènerait ces dernières à la meilleure vie possible ? NAOMI

Voici la recommandation que Naomi donna à ses bellesfilles : « Allez, retournez chacune à la maison de sa mère ! Que l’Éternel use de bonté envers vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi ! Que l’Éternel vous fasse trouver à chacune du repos dans la maison d’un mari ! » (Rt 1.8,9) Naomi, elle, retournerait dans sa patrie. Selon la sagesse populaire, la décision la plus pragmatique à prendre pour Naomi et ses belles-filles était de retourner dans leurs familles respectives. Naomi considérait que c’était ainsi que Ruth et Orpa auraient la meilleure chance de se remarier, et par conséquent, d’entrer dans une vie nouvelle et meilleure. Quelle réponse firent-elles à Naomi ? ORPA

Naomi aimait Orpa, et celle-ci le lui rendait bien – ce que nous indiquent leurs larmes. On peut même en déduire qu’Orpa respectait sa belle-mère. Sa décision de retourner chez elle pouvait donc découler à la fois de l’amour et du respect qu’elle lui vouait. Son raisonnement peut même l’avoir poussée à accepter l’argument de Naomi selon Photo : Pearl / Lightstock


lequel son retour chez elle lui offrirait la meilleure occasion possible de mener une vie convenable – peut-être avec un mari et des enfants. Quelles qu’aient été ses raisons, Orpa décida de rentrer chez elle. RUTH

La décision de Ruth semble contradictoire – son raisonnement se heurtait au pragmatisme conventionnel. Sa détermination remettait directement en question la logique de Naomi. À première vue, on aurait dit qu’elle avait certainement moins de respect pour la suggestion de Naomi qu’en avait Orpa. Ruth ne semblait pas se préoccuper de la façon dont elle allait survivre. Elle était jeune – se remarierait-elle ? Que lui arriverait-il ? Trouverait-elle du travail ? Dans Matthieu 6, on dirait que Jésus pensait à l’histoire de Ruth : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. » (6.25) Tout ce dont Ruth semblait se soucier, c’était de Naomi et de son Dieu : « Ne me presse pas de te laisser, de retourner loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu demeureras je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (Rt 1.16). Quelle foi audacieuse ! Ce type de foi accorde plus de valeur à la relation avec Dieu qu’à la conformité à la sagesse humaine conventionnelle. Encore une fois, Matthieu 6.33 résume la foi de Ruth : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » À coup sûr, l’histoire de Ruth atteste la véracité de ce verset ! REFUS DU CHANGEMENT

Il est important de noter que la décision d’Orpa de retourner chez elle signifiait qu’elle tournait le dos au Dieu du ciel, comme le dit le texte : « Voici, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux » (Rt 1.15). Cet exemple est instructif car il touche au cœur même des implications des nombreuses décisions que nous prenons aujourd’hui. Souvent, on met Dieu à l’écart des détails. Souvent, on ne veille pas à ce qu’à la fin d’une formation, notre relation avec Dieu soit améliorée. Souvent, on résiste au changement dont on pourrait faire l’expérience parce que la religion de nos parents est celle que nous connaissons et avec laquelle nous sommes à l’aise. Il convient de noter que tout changement n’est pas forcément bon, et que tout mouvement n’est pas forcément signe de progrès. Parfois, on est prêt à bouger, mais on s’accroche obstinément à nos anciennes habitudes ; parfois on change, mais pas pour le mieux. Si Dieu n’est pas au premier plan de nos choix, notre vie peut prendre de nombreuses directions. En lisant l’histoire de Ruth, il est peu probable de trouver un signe de résistance ouverte d’Orpa envers Dieu. C’est juste que son niveau d’intérêt pour lui ne suffisait pas à ce qu’elle insiste pour suivre un chemin qui mènerait à une meilleure relation avec lui. Elle a donc choisi de retourner à ses anciennes habitudes, à son ancienne religion.

Souvent, on résiste au changement dont on pourrait faire l’expérience parce que la religion de nos parents est celle que nous connaissons et avec laquelle nous sommes à l’aise.

Cependant, les Écritures nous encouragent à croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et sauveur Jésus-Christ (voir 2 P 3.18). Quand on croît en grâce, on fait l’expérience du changement. Ce verset parle aussi de croissance dans la connaissance – soit de l’apprentissage. L’apprentissage et le changement vont de pair. L’apprentissage c’est, dans un sens, un changement de comportement. Ainsi, alors que nous croissons dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, nous changeons. AFFRONTER L’INCONNU

Le calcul apparemment évident de la décision de Ruth d’accompagner Naomi va comme suit. Elle a résolu d’aller là où Naomi irait. On a là une nette ressemblance avec Moïse, lequel choisit d’être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que d’avoir pour un temps la jouissance du péché (voir He 11.25). Dès que l’on commence à se tourner vers Dieu, quelque chose fait en sorte qu’on est attiré par le peuple de Dieu. Elle a remis l’issue de sa vie entre les mains de Dieu. Ruth s’en est simplement remise à Dieu jusqu’à la mort. Comme elle est réconfortante cette assurance que Jésus nous a donnée plus tard : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort » (Jn 11.25) ! Ruth a probablement eu le pressentiment qu’un avenir glorieux l’attendait. Comme cela ne serait pas instantané, elle a dû l’accepter par la foi. Ruth a été transformée. Elle ne voulait plus être réconfortée par la culture et les coutumes de son pays. Elle avait besoin de quelque chose de nouveau – elle avait besoin de Dieu ! Et malgré tout ce qu’elle ignorait de l’avenir, elle en savait assez sur le Dieu de l’avenir pour affronter l’inconnu avec lui.

Charles Evans est le responsable des inscriptions à l’Université des Caraïbes du Nord.

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La Bible répond

Anticiper la résurrection

Q

Qu’est-il arrivé à ceux qui ont été ressuscités à la mort de Jésus ?

R

Selon Matthieu, lorsque Jésus mourut, « la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes. » (Mt 27.51-53) Cet événement, lequel n’est relaté que dans l’Évangile de Matthieu, soulève un certain nombre de questions auxquelles nous n’avons pas de réponses définitives. CE QUE DIT LE TEXTE

Le texte établit un certain nombre de choses qui sont tout à fait claires et que nous pouvons affirmer. Premièrement, il indique que Jésus est mort et qu’il est ressuscité. Deuxièmement, il y a eu un tremblement de terre qui a ouvert les tombeaux, et certains des enfants de Dieu ont été ressuscités. Troisièmement, leur résurrection s’est produite en conjonction avec la mort et la résurrection de Jésus – ce qui indique que la résurrection de Jésus profitera aux générations passées. Quatrièmement, il s’agissait d’une résurrection corporelle, et non d’une résurrection symbolique non historique destinée à affirmer que Jésus avait le pouvoir sur la mort. Cinquièmement, le fait que les ressuscités se soient rendus à Jérusalem et soient apparus « à un grand nombre de personnes » suggère qu’ils ne sont pas restés parmi les vivants pour mourir à nouveau, mais qu’ils sont ressuscités pour la vie éternelle. DE NOMBREUSES QUESTIONS

Ce passage soulève de nombreuses questions. Qui étaient-ils ? Bien des chrétiens ont inclus parmi les saints ressuscités Adam, Joseph, Moïse, et Job. Certains commentateurs modernes suggèrent que parmi eux se trouvaient des patriarches, des prophètes, et des martyrs. D’autres érudits se sont demandés selon quels critères Dieu a choisi ceux qu’il allait ressusciter, et certains ont 26

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suggéré qu’il s’agissait de martyrs1. Cette suggestion semble avoir une certaine valeur théologique dans le sens où ceux qui ont volontairement donné leur vie pour le Seigneur sont les premiers à revenir à la vie grâce à la mort du Fils de Dieu. Les saints ont-ils été ressuscités lorsque Jésus est mort ou lorsqu’il est ressuscité ? La version Segond 1910 semble suggérer qu’ils ont été ressuscités le vendredi, mais qu’ils sont restés dans le tombeau jusqu’à la résurrection de Jésus. Dans ce cas, et à toutes fins utiles, ils étaient encore morts – et donc, incapables de sortir du tombeau. On pourrait traduire ce texte par « les tombeaux s’ouvrirent. Et beaucoup de corps des saints qui s’étaient endormis ressuscitèrent et sortirent des tombeaux après sa résurrection. » Les tombeaux ont été ouverts le vendredi, mais leur résurrection a eu lieu le dimanche, après la résurrection de Jésus2. LEUR DESTINATION FINALE

Seul Matthieu indique que les saints sont apparus à d’autres personnes à Jérusalem, sans doute pour témoigner de la résurrection de Jésus. S’ils ont été ressuscités pour la vie éternelle à ce moment-là, alors ils sont montés au ciel lors de l’ascension du Christ. La déclaration de Paul dans Éphésiens 4.8 pourrait être utile : « Étant monté en haut, il a emmené des captifs, et il a fait des dons aux hommes. » Ce verset décrit deux bienfaits de l’œuvre du Christ : 1) lors de son ascension, il a déversé les dons de l’Esprit sur son peuple, et 2) il a emmené avec lui une foule de captifs, les conduisant au ciel en tant que trophées de sa victoire sur Satan et la mort. Le Christ est les prémices de ceux qui sont morts (1 Co 15.20), et ceux qui sont ressuscités avec lui sont la première expression de son pouvoir de donner la vie éternelle aux morts. Leur résurrection anticipe la résurrection eschatologique des justes au retour de Jésus. 1 2

Ellen White soutient cette suggestion ; voir Jésus-Christ, p. 788. Ibid., p. 789.

Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après avoir servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.


Santé & bien-être

La santé de la bouche et des dents Un aspect important du bien-être J’étudie actuellement en médecine dentaire. Je suis impatient de pouvoir servir un jour la mission de notre Église. Pourriez-vous m’en dire davantage sur les possibilités de service en missions en tant que dentiste, et sur la santé de la bouche et des dents en général ?

M

erci pour cette importante question et pour votre demande de partage de plus amples infos ! L’Église adventiste compte 125 cliniques et cabinets dentaires parrainés par l’Église dans plus de 60 pays. Nous avons aussi cinq facultés de médecine dentaire dans le monde. De nombreuses occasions de travail sont disponibles dans le réseau, et en temps et lieu, vous y serez le bienvenu ! Le Ministère de la santé de la Conférence générale, en collaboration avec la faculté de médecine dentaire de l’Université de Loma Linda (LLUSD), supervise et soutient les initiatives dentaires confessionnelles dirigées par le Dr Doyle Nick. La santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé globale et du bien-être. Elle dépend de nombreux facteurs – notamment les habitudes d’hygiène dentaire, le régime alimentaire, la génétique, et l’accès aux soins dentaires. Le fluorure minéral naturel joue un rôle préventif important dans la santé dentaire en renforçant l’émail des dents, ce qui le rend plus résistant aux caries. Le fluorure peut être ajouté à l’eau, au dentifrice, et même aux aliments. La fluoration de l’eau dans les communautés est un moyen efficace de s’assurer que les gens reçoivent une quantité adéquate et sûre de fluorure. En outre, les traitements au fluorure administrés par un dentiste peuvent fournir une protection supplémentaire contre les caries. Un brossage régulier et l’utilisation du fil dentaire sont essentiels au maintien de la santé bucco-dentaire. Se brosser les dents deux fois par jour avec un dentifrice fluoré et utiliser du fil dentaire quotidiennement permet d’éliminer la plaque dentaire et les particules alimentaires qui peuvent entraîner des caries et des affections au niveau des gencives. Une alimentation équilibrée, riche en fruits, légumes et protéines saines, peut contribuer à préserver la santé bucco-dentaire en apportant des nutriments essentiels aux dents et aux gencives. Les aliments riches en sucre et en glucides raffinés peuvent contribuer à la croissance de bactéries nocives dans la bouche, ce qui entraîne des caries. L’accès aux soins dentaires (dentistes et hygiénistes dentaires) est aussi un facteur important dans le maintien de la santé de la bouche et des dents. Des examens et des nettoyages dentaires réguliers permettent d’identifier et de traiter les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent. Mieux vaut prévenir que guérir, et en plus, c’est moins douloureux !

Photo : Carlos Magno

Outre ces facteurs importants, il y a plusieurs autres éléments à prendre en compte. Le tabagisme peut avoir un impact sur la santé des dents et de la cavité buccale en provoquant des décolorations, une mauvaise haleine, des maladies des gencives, et le cancer de la bouche. Certaines conditions médicales peuvent avoir un impact sur la santé dentaire et de la cavité de la bouche. Les diabétiques peuvent présenter un risque accru de maladies des gencives, tandis que les personnes atteintes du VIH/SIDA peuvent souffrir d’infections plus fréquentes et d’autres problèmes de santé bucco-dentaire. En conclusion, le maintien d’une bonne santé à ce niveau-là nécessite de prêter attention à plusieurs facteurs importants. Le fluorure, les habitudes d’hygiène dentaire, l’alimentation, la génétique, l’accès aux soins dentaires, l’absence de tabagisme, la compréhension des effets secondaires des médicaments (comme la sécheresse de la bouche) jouent tous un rôle dans le maintien de la santé bucco-dentaire. En prenant des mesures pour traiter chacun de ces facteurs, on peut contribuer à maintenir sa bouche en bonne santé et à jouir d’un bien-être général. Le Dr Nick a accepté de rédiger deux autres articles traitant respectivement de questions relatives aux adultes et aux enfants, afin de nous aider dans notre quête de la meilleure santé dentaire possible.

Peter N. Landless est cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, et directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale. Zeno L. Charles-Marcel, M.D., est directeur adjoint du Ministère de la santé de la Conférence générale.

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« Il leur faut un foyer ! »

« Je vais vous raconter… » DICK DUERKSEN

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n ne peut pas s’occuper de tous les enfants ! » « Tu as raison. Mais on peut tout de même en prendre quelques-uns. » Le docteur Saleem Farag, sa femme Grace et leurs trois filles ont passé trois ans et demi en tant que missionnaires dans les hautes terres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ensuite, pendant près de 20 ans, Saleem a dirigé le Département de la santé de la Californie, aux États-Unis. Un jour, le téléphone sonne. « Dr Farag, la Conférence générale des adventistes du septième jour aimerait que vous vous installiez au Zimbabwe et que vous occupiez le poste de directeur du Ministère de la santé pour la Division transafricaine. Comme vous le savez, une nouvelle maladie sévit sur le continent. Nous espérons que votre expertise créative contribuera à la ralentir. » Il semble qu’il y ait un débat au sujet de cette nouvelle maladie – le VIH/sida. Personne ne s’entend sur sa définition, sur la façon dont elle se transmet, et la façon de la traiter. Mis au défi

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d’affronter directement l’épidémie, le Dr Farag accepte cette nouvelle mission et déménage à Harare, capitale du Zimbabwe. Pour lui, le sida est une maladie sexuellement transmissible devant être combattue par le mode de vie, et pas seulement par des préservatifs et des médicaments. « Le comportement, pas les préservatifs. » Dès lors, on fait paraître différents slogans sur les panneaux d’affichage dans toute l’Afrique ; on en fait des posters que l’on affiche dans les épiceries. On les prêche depuis les chaires de nombreuses confessions ; et dans les salles de classe, des profs de tous les niveaux les enseigne. Ayant constaté l’efficacité de l’approche du Dr Farag, le gouvernement du Zimbabwe lui demande d’accepter le poste de directeur interconfessionnel de la lutte contre le sida au Zimbabwe. Ce rôle inclut de représenter le pays lors des conférences des Nations Unies sur le sida. « Il était occupé, bien trop occupé, raconte Grace. Mais que voulez-vous, il aimait faire des choses impossibles ! » Or, parmi les choses impossibles, il y a les orphelins du sida. Il y a des enfants partout ! Ils sont tout seuls, essayant se débrouiller sans parents. Le cœur de Grace fond pour chacun d’eux. Mais Saleem et elle ont maintenant l’âge de la retraite, ce qui veut dire qu’ils vont rentrer aux États-Unis. Cependant, ils sentent que Dieu les appelle à servir dans un autre ministère. Répondant à cet appel, ils décident d’ouvrir un orphelinat au Zimbabwe.

« Il faut construire un foyer pour ces enfants-là. Ça nous prend environ 10 hectares de terrain à proximité d’une école adventiste », décide Saleem. En quête d’un tel terrain, Grace et lui sillonnent le Zimbabwe mais rentrent chez eux bredouilles. Un dimanche, Saleem décide de voir ce qu’il pourrait trouver autour de Harare, la capitale. Il passe toute la journée au volant de sa voiture, passant le secteur au peigne fin. Il s’entretient avec des gens et leur demande conseil. Au coucher du soleil, il décide d’abandonner et de rentrer chez lui. Sur le chemin du retour, il remarque soudain un terrain vague sur la route d’Amalinda. Il ralentit, et aperçoit alors un gardien. Je me demande ce qu’il garde, se dit Saleem. Il n’y a rien sur ce terrain. « Bonjour Monsieur ! Dites-moi, qu’est-ce que vous gardez sur ce terrain ? » lui demande-t-il. « Ce terrain appartient aux Crest Breeders, répond-il. Ce sont des éleveurs de poulets. Moi, je suis engagé pour garder leurs terres. » « Il y a un grand terrain ici, poursuit Saleem. Pensez-vous que les propriétaires seraient prêts à en céder une partie pour un orphelinat ? » Le gardien réfléchit un moment, puis dit : « Si vous demandez à M. James, je pense qu’il serait prêt à travailler là-dessus avec vous. Tenez, c’est son numéro de téléphone. N’oubliez pas de téléphoner avant 7 h 30. Après ça, M. James est très occupé. » Saleem rentre chez lui le cœur rempli d’espoir. « Dieu nous a guidés et protégés dans tous les projets que nous avons menés avec lui. S’il veut que cet orphelinat voie le jour, tout se passera bien. » Saleem téléphone à M. James dès 7 h 30. « M. James, j’aimerais que nous nous fixions un rendez-vous pour discuter d’un sujet très important. » « Quel sujet ? Dites-le-moi au téléphone. » Saleem fait monter une prière silencieuse au Seigneur, et présente ensuite son projet à M. James. « Vous possédez un terrain près d’une école. J’aimerais l’avoir pour y établir un orphelinat. » Photo : courtoisie de l’auteur


Pendant un bref moment, M. James reste muet. Puis, il répond à Saleem. « Écoutez, c’est vraiment pas un problème. Pourriez-vous me rencontrer sur le site demain à 7 h 30 ? Quelle superficie vous faut-il ? » « Dix hectares suffiraient. » « Je pense que ça ira. » Le lendemain matin, les deux hommes parcourent le terrain ensemble et, avant la fin de la soirée, Saleem reçoit une lettre signée lui accordant 10 hectares pour le Foyer pour enfants Newstart. Il n’y a d’ailleurs pas de gardien sur ce terrain-là. Des amis de l’Allemagne, de l’Amérique et de l’Afrique contribuent au financement du bâtiment. Par contre, il n’y a pas encore de bureaux, de lits, de couvertures, de vaisselle, de bouilloires, de couverts et de tas d’autres choses essentielles. Les Farag invoquent alors Dieu de faire, une fois de plus, l’impossible. Tout à coup, la sonnerie du téléphone retentit. « Dr Farag, j’ai un conteneur de 12 mètres qui vous attend sur le quai. Pouvez-vous venir le chercher tout de suite ? » Ni Saleem ni Grace ne savent pourquoi ce conteneur est là pour eux. Ils se précipitent sur le quai pour voir ce que Dieu leur a apporté. Lorsqu’ils ouvrent les portes en acier du conteneur, ils y trouvent des lits, des matelas, des draps, des serviettes, des couvertures, des bureaux, et tout ce qui figure sur leur liste d’articles indispensables. Il n’y a aucune adresse de l’expéditeur sur le conteneur. « Encore des anges ! » s’écrie Grace. Ce que je viens de vous raconter s’est passé en 1997. Vingt-cinq ans plus tard, plus de 170 enfants ont appelé Grace et Saleem « Maman » et « Papa ». Et 70 enfants habitent aujourd’hui dans le Foyer pour enfants Newstart. « Un jour, nous avons reçu un appel des services sociaux nous demandant de prendre en charge neuf orphelins, se souvient Grace. Nous savions que nous ne pourrions pas les prendre tous en charge, mais nous avons convenu que nous pourrions peut-être en prendre trois. Nous sommes allés à l’hôpital, nous en avons choisi trois, puis j’ai remarqué un autre petit garçon dans un coin. » Ce garçon, âgé d’un an et demi, est couché sur un lit en fer avec une

couverture. Ses jambes et ses bras ne sont pas normaux. Le pauvre petit est complètement déprimé. Grace le prend dans ses bras pour le serrer contre elle. Il s’accroche à elle si fort qu’elle n’arrive pas à le faire lâcher prise. « Vous ne voudrez pas de lui, dit alors un médecin. Il est malade et ne pourra jamais marcher. Il n’est pas intelligent et ne pourra jamais rien faire. Jamais. Remettez-le dans son lit. » Grace l’appelle « Elisha » et le ramène chez eux. Saleem et Grace entourent d’amour ce petit enfant. Chaque matin, Saleem s’occupe des besoins d’Elisha. Il lui fabrique une attelle spéciale pour ses jambes, l’aide à se tenir debout et à ne pas tomber alors qu’il apprend à marcher. Le jour où Elisha réussit à marcher tout seul, Grace et Saleem l’applaudissent chaudement. Elisha a aujourd’hui 17 ans. Il est musicien et étudie la musique grâce à une bourse d’études. J’ai encore une histoire pour vous aujourd’hui. Un jour, on leur amène un bébé dont le cordon ombilical n’est pas encore tombé. Quelqu’un l’a trouvé dans les toilettes d’un train. Ce bébé n’a jamais ouvert les yeux. Grace le prend dans ses bras, lui donne le nom de « Shepherd », et le nourrit toutes les 15 minutes au compte-gouttes. Pendant des jours, il n’émet pas le moindre son. Puis, une nuit, Shepherd fait un petit bruit. « J’ai sauté du lit comme une fusée, raconte Grace, et j’ai crié : “Shepherd a fait un bruit !” » Shepherd a maintenant neuf ans. Il est en bonne santé, chante très bien, et est un élève brillant. « Souvenez-vous, disent Saleem et Grace : chacun de ces enfants nous a été amené pour une raison. Le Seigneur a un plan pour chacun d’entre eux. Nous prions simplement Dieu de nous permettre de leur offrir le meilleur foyer possible, comme il nous a appelés à le faire. »

Éditeur Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur. Éditeur/Directeur de Adventist Review Ministries Justin Kim Directeur international de la publication Hong, Myung Kwan Comité de coordination de Adventist World Yo Han Kim, président ; Tae Seung Kim ; Hiroshi Yamaji ; Myung Kwan Hong ; Seong Jun Byun ; Dong Jin Lyu Rédacteurs adjoints/directeurs adjoints à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) Sikhululekile Daco, John Peckham, Greg Scott Rédacteurs basés à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) Enno Müller, Beth Thomas Rédacteurs basés à Séoul, en Corée Hong, Myung Kwan ; Park, Jae Man ; Kim, Hyo-Jun Gestionnaire de la plateformes numérique Gabriel Begle Directeur de l’intégration des systèmes et de l’innovation Daniel Bruneau Gestionnaire des opérations Merle Poirier Coordinatrice de l’évaluation éditoriale Marvene Thorpe-Baptiste Conseiller E. Edward Zinke Directrice financière Kimberly Brown Coordinatrice de la distribution Sharon Tennyson Conseil d’administration Yo Han Kim, président ; Justin Kim, secrétaire ; Hong, Myung Kwan ; Karnik Doukmetzian ; SeongJun Byun ; John Peckham ; Hiroshi Yamaji ; Joel Tompkins ; Ray Wahlen ; Membres d’office: Paul H. Douglas ; Erton Köhler ; Ted N. C. Wilson Direction artistique et design Types & Symbols Aux auteurs : Nous acceptons les manuscrits non sollicités. Adressez toute correspondance rédactionnelle au 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring MD 20904-6600, U.S.A. Numéro de fax de la rédaction : (301) 680-6638 Courriel : worldeditor@gc.adventist.org Site Web : www.adventistworld.org Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910 (LSG). Avec Num. Strongs pour Grec et Hébreu. Texte libre de droits sauf pour les Strong. © Timnathserah Inc., - Canada Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique Vol. 19, n° 6

Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux ÉtatsUnis. Pour d’autres histoires au sujet de Newstart Children’s Home et pour en découvrir davantage sur le Ministère des orphelins, consultez le site suivant : Africaorphancare.org.

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Foi en herbe

Pages amusantes pour les plus jeunes

La destinée de Josie

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st-ce qu’on peut venir voir Josie ce soir ? » « Eh bien, c’est deux heures de trajet pour venir chez nous. Disons, peut-être plus tard dans la semaine. » Cindy raccroche. C’est à Avril qu’elle vient de parler. Elle n’est tout simplement pas prête pour cette visite. Après tout, Josie fait partie de leur famille depuis deux ans ! Josie est une chienne de race berger allemand. Cindy et Tom, son mari, l’ont achetée pour qu’elle garde leur propriété et empêche les cerfs et autres animaux d’entrer dans leur grand jardin. Le problème, c’est que Josie n’est pas comme ça ! Elle aime les gens – ce qui est une bonne chose. Mais quand ses maîtres ne sont pas à la maison, 30

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elle s’échappe et va chez les voisins pour retrouver des amis – ce qui n’est pas toujours une bonne chose ! Cindy se demande s’il est préférable que Josie vive à l’avec eux. C’est une chienne si affectueuse ! Malheureusement, elle n’est pas très utile dans les domaines où l’on a besoin d’elle. Cindy et Tom ont besoin d’un chien d’extérieur. Mais Josie, s’il n’en tient qu’à elle, préfère s’étendre sur son tapis douillet dans la maison et écouter gentiment les conversations. Y a-t-il quelqu’un qui aimerait Josie comme ils l’aiment ? Quelqu’un qui l’apprécierait comme chien d’intérieur ? Cindy décide de passer une annonce en ligne pour trouver un nouveau foyer à Josie. Mardi

matin, elle prie Dieu de la conduire vers le foyer idéal. Le jour même, elle reçoit un courriel d’April et s’empresse de lui téléphoner. « Est-ce qu’on peut venir voir Josie ce soir ? » demande April. Cindy n’est pas encore prête à laisser partir Josie. Elle se dit que jeudi, elle pourrait peut-être s’arranger pour revenir plus tôt de son rendez-vous chez le médecin. Par contre, Tom ne pourrait pas rencontrer April et sa famille. Cindy et Tom décident donc de rappeler Chris et April pour leur dire que tout compte fait, ils peuvent venir ce soir. Chris, le mari d’April, répond : « Ça tombe bien ! J’allais justement vous téléphoner pour savoir si finalement, nous pouvions venir ce soir. J’ai trois Illustration : Mugi Kinoshita


B O N I TA J O Y N E R S H I E L D S

Perle biblique « Mettez-vous au service des autres, selon le don que chacun a reçu. Soyez comme de bons serviteurs qui prennent soin des dons variés de Dieu. » 1 Pierre 4.10, Parole de Vie

jours de congé et ce serait parfait pour passer du temps avec Josie, si nous décidons, bien entendu, de la prendre. » Chris, sa femme April et l’un de leurs quatre enfants arrivent vers 21 heures. Après avoir parlé de Josie, Cindy et Tom ont l’assurance que c’est Dieu qui leur a envoyé cette famille. Ils font leurs tristes adieux et Josie rejoint son nouveau foyer. Chris et April envoient à Cindy et Tom des photos de Josie dans sa nouvelle demeure, jouant avec leurs quatre enfants. Josie a l’air tellement heureuse ! Elle a son lit dans le coin de la salle familiale, ce qui lui permet d’être avec tous les enfants. Et si elle en a envie, elle peut aussi explorer les 32 hectares entourant la maison. Chris

et April disent aussi à Cindy et Tom qu’ils peuvent les contacter n’importe quand. Mais voici la partie la plus incroyable de l’histoire. April raconte que la première nuit, Josie a dormi au pied de son lit. Chaque fois qu’elle se levait pour aller quelque part, Josie la suivait. April a un problème de santé qui ne lui pose pas beaucoup de problèmes pour l’instant ; par contre, son état risque de se détériorer avec l’âge. Elle pourrait donc faire dresser Josie comme chien d’assistance si son état s’aggravait. Or, Josie est le chien idéal pour ça, car ces types de chiens-là doivent rester près de leur maître ! Nous savons que Dieu a des projets pour notre vie, mais je pense qu’il en a aussi pour ses

animaux. Dieu a utilisé Josie pour faire la joie de sa nouvelle famille et pour rendre service à sa nouvelle maîtresse. Josie est en train de vivre sa destinée ! La question à laquelle tu dois réfléchir est la suivante : « Est-ce que je vis ma destinée en utilisant mes capacités pour servir les autres ? » Dieu veut que nous servions nos semblables pour remplir leur cœur de joie, et du coup, le nôtre – tout comme Josie.

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