07-08/2023 Une approbation ? Loin de là ! Page 18 Solide comme le roc Page 22 Les charmes incomparables du Christ Page 24
Le colonialisme et la mission chrétienne
10 Décoloniser le christianisme
Deriba Olana
14 Regard sur le colonialisme et la mission chrétienne Boubakar Sanou
18 Une approbation ? Loin de là !
David Shin Couverture : vovashevchuk / iStock / Getty Images Plus / Getty Images
17 Place aux jeunes Pas à pas Lynette Yoon 22 Perspective mondiale Solide comme le roc Ted N. C. Wilson 24 À la découverte de l’Esprit de prophétie Les charmes incomparables du Christ Peter M. van Bemmelen
26 La Bible répond Justifiés par les œuvres ? 27 Santé & bien-être Les caries 28 « Je vais vous raconter… » Un ennemi à bord 30 Foi en herbe La prophétie
La table de cuisine Sikhululekile Daco
Vous êtes là, assis à la table de cuisine, pour une réunion de famille. Pourquoi ? Parce que l’un des membres de la famille souffre, peut-être à cause d’un autre membre de la famille. J’ai déjà participé à de telles réunions. Elles sont difficiles. Il est tentant de faire simplement comme si le mal ne s’était jamais produit, histoire de les éviter. Le problème des conversations difficiles, c’est justement ça – elles sont difficiles. Elles touchent à des valeurs chères et menacent de faire dérailler des visions du monde. Parfois, nous avons l’impression que si nous envisageons certaines pensées, et plus encore si nous nous engageons dans un échange avec quelqu’un qui voit les choses différemment de nous, le tissu même de notre réalité risque de s’effilocher. Pourtant, ces conversations sont au nombre des plus importantes ! Elles s’affranchissent des faux-semblants et abordent ce qui compte le plus pour nous. Pour certains lecteurs, le thème de ce numéro représente une conversation difficile. Des questions – en particulier parmi ceux qui ont hérité des effets négatifs du colonialisme – sont soulevées sur le rôle de l’Église dans ce dernier. Certains s’interrogent même sur la véracité et la viabilité de la doctrine adventiste, compte tenu de l’époque à laquelle l’adventisme est né et s’est répandu. Le fait que la propagation du christianisme ait été liée au colonialisme disqualifie-t-il ses enseignements ? Et comme la compréhension prophétique de l’adventisme s’est développée pendant l’ère coloniale, se pourrait-il que notre interprétation traditionnelle de Daniel et de l’Apocalypse soit entachée d’une mentalité coloniale au point de n’être absolument pas fiable ? Pour commencer à répondre à ces questions et à d’autres du même genre, nous devons examiner certains faits gênants de notre histoire. Les articles de ce numéro ne sont en aucun cas exhaustifs. Ils ne sont là que pour guider une conversation dans laquelle on pourrait et devrait dire bien d’autres choses. L’objectif n’est pas de condamner, mais d’être franc. Ce n’est qu’en regardant honnêtement notre passé en face que nous pourrons aller de l’avant dans le présent. De retour à la table de cuisine, il peut apparaître, au fur et à mesure que les membres de la famille s’écoutent mutuellement, que certaines blessures soient imputables à une interprétation erronée. Ce qui a pu être ressenti comme de la malveillance délibérée peut être atténué dans l’interprétation. Les réactions sont influencées par un examen humble, ouvert et honnête des différentes perspectives. Même si la question n’est pas résolue, le fait d’engager la discussion nous rapproche en tant que famille de Dieu. Au moins, nous nous comprenons mieux les uns les autres, et ça, ça nous aide à mieux nous aimer. Asseyons-nous donc ensemble autour de la proverbiale table de cuisine et abordons un sujet qui peut être difficile à discuter. Grâce à l’empathie, à la compassion et à la bonté du Christ, et en disant la vérité avec amour, nous pourrons forger une unité chrétienne plus authentique.
Nous croyons en la puissance de la prière ! À Adventist World, nous nous réunissons tous les mercredis matin pour le culte hebdomadaire, au cours duquel nous prions pour les requêtes de prière qui nous ont été envoyées. Faites-nous parvenir les vôtres à prayer@adventistworld.org, et priez pour nous tandis qu’ensemble, nous travaillons à l’avancement du royaume de Dieu.
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Sur le vif
Carlos Magalhaes, directeur des stratégies numériques pour la Division sud-américaine, parle de la création de Feliz7Play lors de l’événement GAiN Americas, lequel s’est tenu au siège de la Division nord-américaine. Photo : Lucas Cardino / AME(CC BY 4.0)
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En bref
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« Les gens sont victimes de discrimination en raison de leur religion. Cette situation n’a pas changé, et je ne suis pas sûr qu’elle changera. C’est pourquoi il est si important d’en parler. Le Brésil est l’un des meilleurs pays pour débattre de ce sujet. » — John Graz, ancien secrétaire général de l’Association internationale pour la liberté religieuse, lors du Congrès national brésilien sur la liberté religieuse intitulé « Freedom 25 ». Cet événement a eu lieu à São Paulo du 13 au 15 mai. Lors du congrès, on a proposé 100 idées pratiques pour renforcer la liberté religieuse, toutes devant être mises en œuvre d’ici 2025. On a formé et mobilisé des étudiants, des pasteurs et des responsables bénévoles pour promouvoir, défendre et protéger la liberté religieuse. On a aussi cherché à faire progresser 25 sujets spécifiques dans cinq domaines : l’Église, la société, l’État, le travail, et l’éducation.
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Le nombre de dirigeants adventistes, de gérants de centres de santé et de défenseurs de la santé qui se sont réunis à Coimbra, au Portugal, à l’occasion du Congrès européen sur les centres de mode de vie adventistes, lequel s’est tenu du 30 mai au 3 juin. Lors de cet événement international, les participants ont passé du temps à travailler en réseau et à discuter du rôle, de la fonction, et des occasions de mission des centres de mode de vie fondés sur le message adventiste de la santé. Pendant ces quatre jours, ils ont eu l’occasion d’assister à des présentations sur le message adventiste de la santé et sur le rôle des centres de mode de vie, ainsi que de participer à des panels et à des ateliers sur des aspects plus pratiques de la création, du développement et de l’exploitation de ces installations.
Plus de 150 Le nombre d’équipes des Explorateurs qui ont participé à l’Expérience biblique des Explorateurs 2023 à Tampa Bay, en Floride, aux États-Unis, les 21 et 22 avril. C’est la deuxième année que cet événement se déroule en présentiel après que la pandémie de COVID-19 l’ait forcé à se dérouler en ligne en 2020 et 2021. C’est aussi la deuxième année que les équipes qui n’ont pas pu se déplacer ont eu la possibilité de participer à distance en temps réel avec les équipes réunies en Floride. Les organisateurs sont ravis du grand nombre d’équipes qui ont participé à l’événement, lequel s’est tenu cette année au Florida State Fairgrounds Expo Hall. (->)
« Mon but était de m’appuyer sur la prédication de Paul à Athènes au sujet du SaintEsprit, telle que consignée dans Actes 17. Mais nous avons fait davantage que de prêcher sur le Saint-Esprit : nous avons prié pour obtenir le SaintEsprit, enseigné et chanté à son sujet, et fait l’expérience de sa présence ! Il s’agissait d’un public international composé de Grecs, aussi bien que de Zambiens, de Chinois, de Philippins, de Ghanéens, de Roumains, d’Irlandais, de Britanniques, de Serbes, de Français, de Chypriotes, de Camerounais, de Tunisiens et d’Américains – tous réunis en un même lieu ! » — Glenn Aguirre, pasteur de l’église de Calhoun dans la Fédération Georgia Cumberland de la Division nord-américaine, à propos d’une campagne d’évangélisation qui s’est tenue à Athènes, en Grèce, du 28 avril au 3 mai. Cette campagne faisait partie de l’initiative Christ pour l’Europe et a attiré plus de 60 personnes pendant toute la durée de l’événement.
En bref
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Le nombre de jeunes qui ont participé au 12e camp de motivation organisé par la mission de Sabah à Ranau, dans l’État de Sabah, en Malaisie. Ce camp, lequel s’est déroulé sur l’un des terrains de camping de la région, comprenait diverses activités – tir à l’arc, pêche, navigation de plaisance, natation, exercices de renforcement de l’esprit d’équipe, défis de groupe, et bien plus encore. Le Département du Ministère de la jeunesse de la mission de Sabah organise ce camp de motivation tous les ans. Son programme s’adresse spécifiquement aux diplômés du secondaire qui attendent les résultats de leurs examens nationaux, et vise à les préparer à leur passage à l’enseignement supérieur. Il leur permet de sortir de leur zone de confort et de se préparer aux difficultés qui les attendent aux études supérieures ou universitaires.
« Savez-vous sur quoi l’Église mondiale met l’accent aujourd’hui ? Sur la possibilité d’avoir un lieu comme celui-ci, de transformer nos centres de culte en lieux communautaires qui répondront aux besoins des personnes pour lesquelles Jésus-Christ est mort. Comment faire de nos lieux de culte, où l’on ne se réunit que deux heures par semaine, des centres de service de la communauté sept jours sur sept ? » — G. Alexander Bryant, président de la Division nord-américaine, à propos de l’inauguration du complexe cultuel d’Apopka, en Floride, aux États-Unis, les 17 et 18 mars. Lorsque l’Église a acquis la propriété d’Apopka en 2019, celle-ci n’était pas conçue comme un bâtiment d’église, mais plutôt comme un espace destiné à des programmes sportifs et communautaires. The Well, comme on l’appelle, accueille des centaines de personnes qui participent à des activités telles que la gymnastique, le basket-ball, le tutorat, et le dépistage en milieu de travail. Ce complexe dispose aussi d’un espace pour le culte, ce qui apporte un complément spirituel aux activités physiques proposées.
Pieter Damsteegt AdventistWorld.org Juillet/Août 2023
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Actualités
Une initiative d’évangélisation sans précédent s’étend à toute l’Europe
Christ pour l’Europe partage le message sur des milliers de sites
Marcos Paseggi, Adventist World
« Milujte se, pravdy každému přejte. » C’est sur la base du monument de Jean Hus que cette phrase, tirée de l’un des célèbres sermons de Hus, est gravée, sur la place de la Vieille Ville à Prague, en République tchèque. En voici la traduction : « Aimez-vous les uns les autres et souhaitez à tout le monde de connaître la vérité. » Jean Hus, un réformateur bohémien, a prêché la fidélité à la Bible un siècle avant que Martin Luther ne lance la Réforme protestante en Allemagne. Ayant été jugé hérétique en 1415, il a subi la mort sur le bûcher. Il n’aurait sans doute jamais imaginé à quel point son exemple et ses paroles continueraient de résonner à travers les siècles et à quel point, pour reprendre les mots d’Ellen G. White, cofondatrice de l’Église adventiste, « les vérités pour lesquelles il était mort ne pouvaient périr » (La tragédie des siècles, p. 114). Depuis son inauguration il y a plus d’un siècle, le monument de Jean Hus est un lieu fort significatif – un lieu de fierté collective, un endroit qui renforce le sentiment d’identité nationale. On raconte que pendant la période communiste qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, s’asseoir aux pieds du mémorial était devenu
un moyen d’exprimer discrètement son opposition à l’oppression. Dans ce contexte, ce n’est peutêtre pas une coïncidence si l’Église adventiste a lancé à l’échelle du continent, depuis Prague, son initiative intitulée « Christ pour l’Europe ». Une campagne d’évangélisation s’est tenue du 12 au 27 mai au Centre social Béthanie, à quelques kilomètres seulement au sud du monument de Jean Hus. C’est Ted N. C. Wilson, président de la Conférence générale, qui en a été l’orateur. Avant la fin de 2023, des centaines de dirigeants de l’Église et d’autres bénévoles prêcheront dans différents lieux et mèneront des initiatives de sensibilisation dans plus de 30 pays et 1 500 sites à travers l’Europe. Selon Duane McKey, président de la Radio adventiste mondiale (AWR), l’initiative « Christ pour l’Europe » a connu un afflux de bénévoles depuis son lancement. « Trente unions d’églises, 38 pays et 1 514 sites seront impliqués », a-t-il annoncé lors des réunions de la Conférence générale, lesquelles se sont tenues en avril. Duane McKey : « Cent cinquante évangélistes internationaux se sont engagés à prêcher, à enseigner, et à baptiser. Leurs efforts seront combi-
Ici, Ted N. C. Wilson, président de la Conférence générale, prêche à Prague, en République tchèque, sous le regard de l’interprète Rene Metz. Marcos Paseggi, Adventist World 6
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nés à ceux de centaines de laïcs, de bénévoles locaux, et de membres sur différents sites. » AWR a joué un rôle déterminant dans la préparation de cet effort important, ce que Duane a qualifié de « plus vaste effort d’évangélisation mené en Europe dans l’histoire de l’Église adventiste ». Le continent européen comprend trois des 13 divisions mondiales de l’Église adventiste et le champ rattaché de l’Ukraine. Au total, la population européenne compte environ 447 millions d’habitants. La République tchèque (10,5 millions d’habitants) n’a pas échappé aux tendances religieuses qui ont affecté les autres nations européennes. Selon les données sur la religion, environ 90 pour cent de la population était chrétienne avant la Seconde Guerre mondiale. En 2021, près de la moitié de la population s’identifiait comme irréligieuse (agnostique, athée ou autres positions irréligieuses), et 30 pour cent ne s’identifiait ni comme religieuse, et ni comme irréligieuse. Les personnes se disant chrétiennes ne représentent que 11 pour cent de la population. Selon les données de l’Église adventiste, l’Union des fédérations tchéco-slovaques, laquelle comprend la République tchèque et la Slovaquie voisine, comptait, en juin 2022, 9 471 membres baptisés répartis en 187 églises et groupes. Les dirigeants adventistes espèrent que « l’exemple de foi et de constance » de Hus, lequel a encouragé « des multitudes de gens à tenir ferme pour la vérité », amènera de nombreux Tchèques et d’autres personnes encore à revenir à la Bible pour trouver la vérité, tout comme Hus l’a fait il y a plus de six siècles.
Actualités
Un congrès de gens d’affaires souligne le potentiel de la mission
Le Congrès ASi-SID 2023 s’est tenu à Livingstone, en Zambie
Division Afrique australe/Océan Indien et Adventist World
Du 10 au 13 mai dernier, les chutes Victoria ont accueilli la 4e édition du Congrès de l’Association des entrepreneurs adventistes (ASi) de la Division Afrique australe/Océan Indien (SID). Des dizaines de gens d’affaires et de dirigeants de l’Église ont convergé vers Livingstone, en Zambie, pour l’événement. Sous le thème « Une entreprise hors de l’ordinaire », les entreprises y sont allés de présentations propres à équiper et à inspirer les membres de l’Église. Jongimpi Papu, vice-président de la SID, a dirigé les méditations. Selon Advocate Dengure, président d’ASi-SID, cet événement va changer la donne dans la mesure où les membres se conforment au thème du congrès. Hopeson Bonya, vice-président de la SID qui supervise les affaires d’ASi dans la région, est d’accord. « En tant que division de l’Église mondiale, nous sommes heureux de voir le monde des affaires travailler main dans la main pour la mission de l’Église. Si nous, en tant qu’Église, pouvons continuer dans cet esprit-là, nous terminerons l’œuvre très bientôt. » Les dirigeants d’ASi sont convaincus que lorsque des gens d’affaires se rencontrent pour partager des idées, une explosion de l’évangélisation s’ensuit. Les participants ont dit avoir apprécié les présentations qui cherchaient à instiller un esprit de collaboration. Constance Nalishebo Mukelebai, première mairesse de la ville de Livingstone, figurait au nombre des orateurs invités. Elle a remercié l’Église adventiste de la Zambie d’avoir amélioré des vies dans les domaines de l’éducation et de la santé. Constance Nalishebo Mukelebai : « Le gouvernement zambien est très heureux du travail accompli par les Églises, en
Des gens d’affaires adventistes écoutent les présentations lors du Congrès d’ASi de 2023 à Livingstone, en Zambie. Service des nouvelles de la Division Afrique australe/Océan Indien
particulier par l’Église adventiste, pour améliorer la vie des gens ordinaires. » Vanny Munyumbwa, président de l’Union des fédérations du sud de la Zambie, a souligné la visite de la mairesse. « La présence du gouvernement montre que nous faisons du bon travail et que le gouvernement nous observe. Alors, continuons à faire du bon travail ! » a-t-il lancé. Plus tard, l’homme d’affaires Kudakwashe Tagwirei a lancé un défi aux délégués : être unis, car, a-t-il dit, il sera impossible d’accomplir la mission de l’Église si nous sommes divisés. Il a aussi appelé les délégués à s’engager. Kudakwashe Tagwirei : « En tant que gens d’affaires, nous devons mettre nos ressources à la disposition de l’œuvre de Dieu afin de hâter sa seconde venue. » L’un des points forts de ce congrès a été l’engagement des membres d’ASi à imiter le ministère d’amour et de compassion de Jésus-Christ. Dans cette optique, ils ont recueilli des fonds pour aider les 23 anciennes prostituées qui ont été baptisées après la récente campagne d’évangélisation organisée par la Radio adventiste mondiale. « Les amies de Jésus », comme on les appelle avec affection,
ont reçu de l’aide financière pour les aider à commencer une vie nouvelle et à soutenir leurs proches. Sœur Esther, porte-parole du groupe, a remercié l’Église adventiste pour son soutien : « Nous sommes reconnaissantes envers l’Église adventiste de nous avoir fait découvrir Jésus et de nous avoir éloignées de la rue. Cette Église nous a donné de l’argent pour que nous puissions nous occuper de nos familles. Elle a payé notre loyer pendant cinq mois et a lancé plusieurs projets pour que nous puissions développer nos propres entreprises afin d’avoir un revenu convenable. » Les gens d’affaires d’ASi ont ensuite invité le groupe au culte du sabbat. Au cours de cette grande célébration, ils ont collecté des fonds supplémentaires, lesquels aideront ces femmes à retrouver le chemin de la communauté. Stanely Kondongwe, directeur des projets d’ASi-SID, a expliqué la raison d’être de leurs actes. « En faisant des dons à nos chères sœurs, nous avons un impact sur Livingstone, a-t-il expliqué. Nous montrons que nous ne sommes pas là que pour parler, mais aussi, comme le dit notre devise, pour faire connaître Jésus sur la place du marché. » AdventistWorld.org Juillet/Août 2023
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Actualités
Des dirigeants consacrent un bâtiment des Premières Nations en tant que lieu de guérison
En Australie, l’Institut d’enseignement supérieur Mamarapha cherche à avoir un impact sur les indigènes
Shelley Poole, Adventist Record, et Adventist World
Au cours de la Semaine de la réconciliation, laquelle s’est tenue à la fin de mai, des dirigeants de l’Union des fédérations australiennes (AUC) de l’Église adventiste, des représentants du Ministère envers les aborigènes et les insulaires du détroit de Torres (ATSIM) et l’honorable maire d’Armadale, en Australie, se sont réunis pour célébrer l’ouverture d’un nouveau bâtiment et d’une extension de l’Institut d’enseignement supérieur Mamarapha. Cette institution adventiste d’éducation est située sur les terres de Whadjuk Noongar (aussi connues sous le nom de Karragullen) en Australie occidentale. UNE EXPÉRIENCE SUPÉRIEURE
Les nouvelles salles de classe, l’espace commun pour les étudiants, le laboratoire informatique, les bureaux administratifs et le studio d’enregistrement de Faith FM ont été construits à un coût inférieur au budget prévu, soit un peu moins de 2 millions de dollars australiens (environ 1,34 million de dollars américains), afin de soutenir la croissance du Ministère des Premières Nations et l’éducation sanitaire à l’Institut d’enseignement supérieur Mamarapha. Teeharnee Robinson, actuellement étudiante en pastorale : « À Mamarapha, je m’attendais à découvrir la Bible, mais pas forcément à ce que cette expérience transforme ma vie ! Je ne m’attendais pas non plus à prendre le micro devant vous aujourd’hui, ni à avoir l’occasion de voyager comme je l’ai fait. » Plus qu’un institut d’enseignement supérieur de la Bible, cet organisme de formation agréé offre des cours accrédités pour soutenir les occasions de travail et l’épanouissement de ses étudiants autochtones. « J’aimerais
être aumônière et travailler un jour avec les enfants », a ajouté Teeharnee. Connie Toga, coordinatrice des cours de pastorale à Mamarapha, est du même avis. Connie Toga : « Les nouveaux espaces ont déjà fouetté grandement le moral des étudiants, car ils ont été conçus en pensant à eux – allant même jusqu’à la couleur de la moquette. Les bâtiments ont aussi entraîné une meilleure reconnaissance du fait que des dirigeants et des membres d’église apportent leur soutien aux étudiants qui souhaitent être équipés pour servir leur propre peuple. » Selon Darren Garlett, directeur d’ATSIM et d’AUC, « l’expérience à Mamarapha a été rehaussée encore d’un cran. Les nouveaux bâtiments montrent à quel point nous apprécions le travail de l’Institut d’enseignement supérieur Mamarapha, de ses étudiants et, plus généralement, du Ministère des Premières Nations. LE MODÈLE DE RÉCONCILIATION DE JÉSUS
Dans son discours d’inauguration, Terry Johnson, président d’AUC, a souligné l’importance pour les chrétiens de montrer la voie à suivre pour rétablir les relations avec les Premières Nations. Terry Johnson : « L’œuvre de réconciliation de Jésus, laquelle a commencé ici sur terre, est au cœur même du message chrétien. Bien que notre Église ait présenté des excuses officielles aux nations aborigènes et insulaires du détroit de Torres après l’enquête Bringing Them Home, et bien que nous assistions aujourd’hui à de grandes réalisations ici à Mamarapha, l’œuvre de réconciliation ne fait que commencer. » Darren Garlett : « Notre espoir de poursuivre la réconciliation avec les peuples des Premières Nations est
entre les mains de nos membres. C’est aux églises locales qu’il incombe de prendre l’initiative de façons pratiques telles qu’améliorer la compréhension, et créer de liens avec les communautés autochtones locales. Il est important que nos dirigeants prennent l’initiative, non seulement en paroles, mais aussi en actes, pour affirmer notre engagement en faveur de la réconciliation. » LE MEILLEUR EST À VENIR
Selon Michael Worker, secrétaire d’AUC, on prévoit ajouter de nouveaux cours, y compris des qualifications professionnelles, pour élargir l’impact et l’influence de l’établissement dans les communautés des Premières Nations. David Garrard, directeur de Mamarapha, s’est dit enthousiasmé par les nouvelles possibilités d’action au sein de l’établissement. David Garrard : « Le nouveau studio de Faith FM nous permettra d’offrir un contenu spirituel en anglais et en langues autochtones. Nous travaillons actuellement en partenariat pour délivrer un certificat II en services communautaires. Notre objectif est d’ajouter ce cours professionnel en 2024, puis de passer au certificat III. »
On aperçoit ici des dirigeants et des fonctionnaires lors de la cérémonie d’inauguration de l’Institut d’enseignement supérieur Mamarapha, en Australie, lequel a été rénové. Adventist Record
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Point de vue
Jesse Herford, Adventist Record
Clay Banks
Une table pour toutes les nations Dieu nous appelle à être un peuple de réconciliation
On trouve dans Genèse 10 une étrange liste de noms. Après le Déluge, les fils de Noé prennent au sérieux le commandement « Et vous, soyez féconds et multipliez » (Gn 9.7). Sem, Cham et Japhet ont des enfants. Puis leurs enfants ont des enfants et, au fil des générations, les couples deviennent des familles, puis des tribus, puis des nations. Parmi cette « table des nations » figurent des protagonistes hauts en couleur tels que l’Égypte, l’Assyrie, la Perse, et Canaan. Si vous avez lu la Bible, vous les reconnaîtrez – ce sont les méchants de l’histoire. Ce sont les agresseurs tribaux voués à l’idolâtrie, lesquels sont à l’origine des conflits avec le peuple de Dieu. Cependant, une lecture plus attentive révèle une vérité choquante : nos héros sont liés à ces gens par le sang. Tout au long de l’histoire, les bellicistes et les bâtisseurs d’empire ont eu recours à une tactique efficace : la déshumanisation de l’ennemi. Pendant la Première Guerre mondiale, les Alliés appelaient les Allemands « les Huns » de manière péjorative. Plusieurs décennies plus tard, la campagne de propagande était pleinement utilisée contre l’Allemagne nazie et le Japon
impérial. Alimentées par une peur réelle, ces campagnes ont souvent misé sur les pires stéréotypes. Considérer un ennemi comme « différent », « pas comme nous » ou, au pire, comme étant « à peine humain » est d’une nature très pragmatique – cela permet de mobiliser des nations entières en temps de guerre. Mais souvent, les effets de ces campagnes de propagande se font sentir longtemps après la fin de la guerre. Lors de la Seconde Guerre mondiale, mon grandpère a combattu en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Des décennies après la fin des hostilités, comme beaucoup de gens de sa génération, il était encore mal à l’aise avec les Japonais. Lorsque nous voyons dans le texte biblique les Assyriens, les Babyloniens, les Égyptiens, les Cananéens, les Moabites et d’autres encore, il est facile de les considérer comme mon grand-père considérait les Japonais. Les nations mentionnées dans Genèse 10 révèlent que ces « monstres » descendaient d’une même lignée. Ils étaient tous frères, sœurs, et cousins. Cette prise de conscience a recadré l’histoire pour moi. Au lieu d’y voir une histoire en noir et blanc de héros et de méchants, j’ai commencé à voir le conflit biblique pour ce qu’il est vraiment : un drame familial tragique. L’échec de la famille d’Abraham est aggravé quand on considère son objectif : être une nation en qui toutes les nations seraient bénies. Jésus, certes, arrive bien des années plus
tard pour accomplir cette promesse messianique. Mais on peut s’interroger sur les occasions géopolitiques manquées en cours de route. La réconciliation peut être difficile. Les sociologues estiment qu’il existe aujourd’hui environ 930 groupes ethniques. Dans une telle diversité, il est facile de voir ceux qui ne nous ressemblent pas, ne parlent pas comme nous, ou ne partagent pas notre vision du monde. Cependant, si nous croyons que nous sommes tous des descendants de Noé, nous devons aussi croire que chaque personne, quelle que soit sa race ou sa culture, est depuis longtemps un frère ou une sœur perdu(e). Ainsi, tout ce que nous pouvons faire pour apporter plus de dignité, d’autonomie ou de justice aux groupes de personnes privés de leurs droits n’est pas un acte de moi contre toi ; c’est, en fait, un acte de réconciliation familiale. Ce qui m’encourage, c’est qu’à la fin des temps, nos différences ne seront pas effacées, mais célébrées. Au sujet de la nouvelle Jérusalem, Jean le Révélateur écrit : « Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. » (Ap 21.24) Il attire ensuite notre attention sur l’arbre de vie, dont les feuilles sont « pour la guérison des nations » (22.2). Il est beau de penser que la laideur de la civilisation humaine trouvera sa rédemption dans la nouvelle terre. En attendant ce jour, soyons donc un peuple de réconciliation.
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Image : Lightstock / PhotoGranary
Sous les projecteurs
Décoloniser le christianisme Leçons tirées de la femme au puits DERIBA OLANA
A
u troisième siècle avant J.-C., la Chine fut réunie sous la dynastie des Qin, laquelle conçut et développa la Grande Muraille de Chine. Bien que moins connue, la plus grande réussite de cette dynastie est sans doute attribuable à la création de ce que les politologues appelleraient aujourd’hui un État moderne. En séparant le gouvernement de la famille royale, la bureaucratie efficace de la Chine donna naissance à un État puissant qui n’avait pas d’équivalent en Europe jusqu’à il y a quelques centaines d’années. Aussi remarquables que soient ces réalisations, l’Ancien Testament n’en souffle pas mot. Il ignore aussi la sagesse architecturale et les progrès de la civilisation du peuple maya en Méso-Amérique, préférant plutôt s’attarder sur la dynamique changeante du pouvoir entre Israël et une poignée de rivaux, tous situés dans l’ancien Proche-Orient. Cette insensibilité à l’égard des autres civilisations est-elle intentionnelle, ou due à un manque de conscience global dont nos expériences postmodernes nous ont dotés ? Cette question devient plus pressante si l’on considère que l’Ancien Testament prétend commencer l’histoire avec l’origine de l’humanité. N’est-il pas paradoxal qu’un récit commençant par la création d’Adam, le père de toute l’humanité, dégénère en histoires et en prophéties sur des luttes localisées entre les descendants d’Abraham et leurs ennemis, sur une étendue de terre relativement petite dans l’ancien Proche-Orient ? DU LOCAL AU MONDIAL
Chose étrange, les histoires provinciales d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ont depuis lors captivé l’imagination du monde entier. De même, Jésus de Nazareth – un Galiléen qui n’avait pas beaucoup voyagé – a promis à un groupe d’hommes étroits d’esprit sur le plan culturel que ce qu’il leur enseignait serait un jour entendu par tous dans le monde entier. Ces paysans qui suivaient Jésus sont devenus des agents du changement dans le monde, avec des perspectives inspirantes du Christ qui ont résisté à l’épreuve du temps. Comment expliquer l’arc narratif de la Bible, lequel commence mondialement avec Adam, se rétrécit avec Abraham, et réapparaît comme étant toujours mondial à travers la propagation du christianisme ? Lors de sa rencontre avec Jésus, la célèbre Samaritaine, dont le nom n’est pas mentionné, lui a dit : « Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » (Jn 4.20)
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La puissance de salut du Christ l’emporte sur ceux qui dénaturent son Évangile.
Sa déclaration fait écho à une critique postmoderne des récits qui se nourrissent de la tension entre les forts et les faibles. Dieu a approuvé le culte des ancêtres de cette femme « sur cette montagne ». Mais « vous [les Juifs] », prétendez avec arrogance que « le lieu où il faut adorer est à Jérusalem » ! La Samaritaine accusait donc les Juifs d’avoir dépossédé les Samaritains de leur sens du temps (l’histoire) et de l’espace en désacralisant le mont Garizim, la montagne ancestrale du culte. À sa place, ils ont imposé le mont du Temple à Jérusalem, lequel était formellement interdit aux Samaritains. La réponse du Christ n’est pas politiquement correcte : « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. » (v. 22) En s’incluant lui-même parmi les Juifs, Christ réaffirme la tendance de longue date de Dieu à s’affilier à des gens, à des pays et à des époques particuliers et locaux. Bien que la vie rurale d’Abraham semble arbitraire et particulière, elle devient la source de bénédiction pour toutes les familles du monde ! Et c’est dans une crèche spécifique de Bethléem que le Sau12
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veur du monde promis est né près de 2 000 ans après la mort d’Abraham. Dieu s’identifie à maintes reprises à ce qui est petit, particulier, local. Ensuite, il met en œuvre des miracles culturels et historiques ayant un impact mondial à partir de la plateforme étroite qu’il a choisie. C’est pourquoi la littérature hébraïque pastorale de l’Ancien Testament surpasse toujours la sagesse cosmopolite de la Grèce et de la Rome antiques. UNE FORME D’IDOLÂTRIE
L’entrée de Dieu dans les limites de l’histoire défie les limites de celle-ci. En s’associant à un seul Abraham, Dieu bénit toutes les familles de la terre. En s’associant à Jérusalem, il ne vise pas à s’y cantonner, car il dit : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1.8). Répondant à la Samaritaine, Jésus ajoute : « Femme, […] crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. [… Les] vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. » (Jn 4.21,23) Dieu ne voulait pas que la montagne sainte de Jérusalem soit une fixation culturelle qui aliène les autres. Ésaïe dit : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples » (Es 56.7, c’est nous qui soulignons). Dieu se déplace dans l’histoire d’un individu à de nombreux autres – de ce qui est local à ce qui est mondial. Jérusalem est privilégiée parce que Dieu aime le monde et désire le sauver. Alors que Dieu agit dans les limites de l’histoire, l’humanité accorde, hélas, davantage d’attention aux instruments de ses miracles qu’à ses objectifs plus vastes. À l’époque du Christ, les pharisiens se targuaient d’être les enfants d’Abraham. Même s’ils étaient les descendants génétiques du patriarche, leur haine du Christ révèle qu’ils auraient été tout autant hostiles aux croyances d’Abraham (Jn 8.39,40).
Ce qu’Abraham a physiquement passé à ses descendants n’était pas une semence immortelle. Le salut ne vient que « par la parole vivante et permanente de Dieu » (1 P 1.23). La Parole durable de Dieu atteint un être humain par l’intermédiaire d’un autre. La fidélité d’Abraham a créé un véhicule culturel efficace (bien qu’imparfait), lequel a permis la transmission ininterrompue de la Parole permanente de Dieu – de ses pensées, et de ses sentiments. En fin de compte, cela s’est manifesté par une longue liste de prophètes inspirés par la volonté de Dieu de parler à travers des hommes et des femmes imparfaits. Dieu, dans sa bonté, a traversé icibas les décombres de nos expériences erronées. Mais nous, nous avons tendance à adorer le sol craquelé sur lequel il a marché plutôt que de suivre humblement ses pas. C’est là de l’idolâtrie ! Ce faisant, notre état de pécheur devient pire qu’avant que nous ayons connu Dieu. C’est pourquoi, dans son argumentation avec les pharisiens, Jésus attira l’attention sur la tension violente entre leur logique humaine pervertie et les réalités divines (Jn 8.31-59). Aux pharisiens qui s’enorgueillissaient de leur association physique avec Abraham, il dit : « Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. » (Jn 8.44) Ce sont là de sévères paroles de mise en garde pour quiconque rend un plus grand culte aux instruments terrestres de Dieu qu’à l’amour plus durable et infiniment expansif de Dieu pour tous. DES AGENTS IMPARFAITS
Depuis la fermeture du canon du Nouveau Testament, la manière dont Dieu intervient dans les affaires humaines n’a pas changé. L’histoire confirme l’exactitude de la prédiction du Christ, à savoir que l’Évangile serait annoncé d’abord à Jérusalem, atteindrait ensuite la Samarie, et
enfin se répandrait dans le monde entier. Si sa diffusion initiale dépendait des apôtres – descendants d’Abraham – en revanche, la Parole de Dieu ne fut pas enchaînée lorsqu’on les jeta en prison et les élimina. Alors, les questions suivantes s’imposent : Qui, après les disciples, sont devenus le principal vecteur culturel de transmission de l’Évangile ? Qui a principalement porté le fardeau de copier et de traduire la Parole de Dieu, tout en prêchant le Christ dans les coins les plus reculés du monde ? On ne peut nier la présence de traditions chrétiennes solides en Arménie, en Inde ou en Éthiopie au cours des deux derniers millénaires. Mais ces traditions n’ont pas été les principales responsables du lancement d’une illumination évangélique mondiale, conformément à la prophétie du Christ. L’Europe devint la principale plate-forme de l’activité chrétienne après Jérusalem. C’est là un fait incontestable. Au cours des siècles suivant la Réforme, cela ne fit que s’accentuer, car l’Évangile avait été diffusé avec une puissance mondiale encore jamais été égalée depuis la Pentecôte. Aujourd’hui, des millions de personnes sont alphabétisées parce qu’elles (ou leurs ancêtres) ont d’abord appris à lire la Bible dans leurs langues maternelles. Tout ça, on le doit à des révolutionnaires tels que Tyndale, Knox, et Luther. Ceci dit, on ne peut parler du succès du protestantisme en Europe et en Amérique en fermant les yeux sur ses malheureuses cruautés. De nombreux missionnaires d’origine européenne et américaine partageaient la bigoterie pitoyable animant les oppresseurs coloniaux. Le fait que l’Évangile ait été confié à de nombreux prédicateurs a rempli ces derniers d’un sentiment de triomphalisme tyrannique alors qu’ils entraient en contact avec des sociétés qui ne connaissaient pas Dieu. Tout en faisant face avec honnêteté aux tristes conséquences de ce revers honteux de l’histoire chrétienne, nous devons aussi nous rappeler que Dieu utilise toujours des êtres imparfaits
pour communiquer sa bonté à l’humanité. Et la miséricorde de Dieu est toujours plus étonnante que la sauvagerie de notre hypocrisie ; la puissance de salut du Christ l’emporte sur ceux qui dénaturent son Évangile. Aucun défaut humain (qu’il s’agisse de celui de Pierre ou de celui de Calvin) n’entravera la communication de Dieu avec le monde. L’eurocentrisme chrétien est une interprétation perverse de la réalité selon laquelle Dieu a fait de l’Europe un instrument pour changer le monde. Mais cela n’a pas empêché son dessein d’atteindre ceux qui seront sauvés. À son époque, face à la même infidélité de l’instrument humain, Paul écrivait : « Eh quoi ! si quelquesuns n’ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ? Loin de là ! » Mais plutôt « notre injustice établit la justice de Dieu » (Rm 3.3-5). Nul besoin de réinterpréter l’histoire et les prophéties bibliques pour reconnaître les maux perpétrés par des chrétiens européens à l’encontre des peuples indigènes et du Sud global. La croissance rapide du christianisme en Afrique rappelle ironiquement aux Occidentaux de plus en plus laïques que le christianisme signifie davantage pour les gens de couleur que les blessures causées par des stratèges coloniaux européens décédés. Ainsi, une Cambodgienne qui se convertit à l’adventisme n’a pas à subordonner son identité culturelle à la perspective occidentale des missionnaires américains. Assimiler patriotiquement le Christ à l’Amérique conduit à un nationalisme raciste, lequel recevra la juste condamnation de Dieu. De même, réduire l’histoire chrétienne à une dialectique marxiste de nationalités opprimées et privilégiées crée un vide maudit et athée qui prive Dieu d’un espace dans l’histoire. Dieu a choisi d’entrer dans l’histoire et d’utiliser ses instruments limités pour sauver toute l’humanité. Autrefois, il travaillait par l’intermédiaire de Jérusalem pour atteindre le monde. Dans un passé plus récent,
son œuvre s’est concentrée sur l’Europe et l’Amérique pour atteindre (à nouveau) le monde. Comment le savons-nous ? Parce que lorsque Dieu agit à un certain endroit, il le fait pour bénir le monde entier. Et nous voyons que Dieu a béni le monde par l’intermédiaire de Jérusalem, et qu’il l’a aussi béni par l’intermédiaire de l’Europe et de l’Amérique. Ces déplacements de lieux suggèrent que Dieu peut agir à partir de n’importe quel endroit et au moment de son choix, quel qu’il soit. Le miracle qui transcende les limites de l’espace et du temps appartient toujours à Dieu, tandis que nous, nous sommes responsables de la poussière de confusion créée dans son sillage. L’heure est venue de quitter nos montagnes d’adoration empreintes de préjudices et de nous tourner vers notre Père en esprit et en vérité. « À toi, Seigneur, est la justice, et à nous la confusion de face, en ce jour, aux hommes de Juda, aux habitants de Jérusalem, et à tout Israël » (Dn 9.7). « La Bible adresse peu de louanges à ses héros. Elle fait une très petite place aux vertus des meilleurs hommes qui aient vécu. Ce silence, qui n’est pas sans intention, contient un enseignement. Toutes les qualités d’un homme sont un don du ciel. Ses bonnes œuvres étant accomplies par la grâce de Dieu en Jésus-Christ, la gloire en revient au Seigneur. L’homme n’est qu’un instrument entre les mains de Dieu, il est donc périlleux, comme l’histoire biblique nous l’enseigne, de lui adresser des éloges. Celui qui se confie en ses propres forces oublie qu’il ne peut rien faire de lui-même. Il est certain de tomber car il a affaire à des ennemis plus forts que lui. » (Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 695)
Deriba Olana travaille avec le ministère Living Parchment, qui se consacre à atteindre les Éthiopiens partout dans le monde par le biais des médias sociaux imprimés, et dirige une école qui se consacre à l’alphabétisation biblique des jeunes à Addis-Abeba.
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Regard sur le colonialisme et la mission chrétienne Une analyse critique BOUBAKAR SANOU
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out au long des 19e et 20 e siècles, le colonialisme a eu un impact considérable sur la plupart des pays du monde. Le colonialisme n’étant pas le seul fait des nations européennes, cet article se focalise sur le colonialisme occidental et s’applique aussi à d’autres contextes. Ce qu’on ne sait pas, bien souvent, c’est que les missionnaires chrétiens ont parfois participé à cet effort de colonisation. Le colonialisme et les missionnaires ont tous deux fait progresser les sociétés. Cependant, certaines des façons dont ils ont travaillé main dans la main ont de quoi inquiéter. PERSPECTIVES DIVERGENTES SUR LE COLONIALISME
À l’époque du colonialisme, soit au début du 16e siècle1, les nations occidentales apportèrent leurs cultures aux Amériques, à l’Australie, et à certaines parties de l’Afrique et de l’Asie. Les Européens s’emparèrent de leurs terres, de leurs biens, de leurs ressources, et leur imposèrent leurs langues et leurs cultures. Le colonialisme européen était à la fois défendu et critiqué. Alors que les nations occidentales commençaient leur expansion et leurs conquêtes, elles tentèrent à force d’arguments de faire passer leurs actes pour raisonnables. L’argument le plus populaire était celui du « fardeau de l’homme blanc ». Selon cet argument, il était du devoir de la race blanche « supérieure » de civiliser et d’élever les races « inférieures ». Le colonialisme était considéré comme l’un des meilleurs moyens d’apporter aux peuples arriérés la civilisation et le progrès social, économique et politique. Aujourd’hui encore, certains affirment qu’on devrait se concentrer sur ce que le colonialisme a apporté aux pays colonisés et l’apprécier à sa juste valeur. Ils insistent sur le fait que les supposés avantages de la domination coloniale l’emportent largement sur ses effets néfastes. Les détracteurs du colonialisme, eux, affirment que les contributions de la domination coloniale ne doivent pas servir d’argument pour sous-estimer leur impact négatif sur les peuples colonisés. Ce système, moralement répréhensible et oppressif, a nui aux peuples colonisés et à leurs sociétés. Les colonisateurs ont supprimé les cultures et les langues, se sont emparés de terres, ont exploité l’économie, opprimé sur le plan politique, et créé des systèmes d’inégalités raciales et sociales.
Afin de gagner et de conserver le pouvoir, certains colonisateurs ont adopté la stratégie suivante : « Diviser puis conquérir ». Les puissances coloniales ont divisé les groupes colonisés en tribus et en groupes ethniques plus petits. Elles se sont aussi efforcées d’empêcher ces petits groupes de s’unir contre les colonisateurs. La méthode « Diviser puis conquérir » a été la tactique de domination la plus efficace du colonialisme du 19e siècle et du début du 20 e siècle. Mais elle a aussi été un désastre ! On en trouve encore des échos « dans les guerres civiles et les tensions régionales à travers le monde »2. D’innombrables études sur le colonialisme s’accordent à dire que si les régimes coloniaux ont apporté quelques améliorations, en revanche, nombre des difficultés actuelles les plus graves sont directement liées au colonialisme3. TENSIONS ENTRE LE COLONIALISME ET L’ŒUVRE MISSIONNAIRE
Ce qui est difficile à croire, c’est que certains missionnaires travaillaient en partenariat avec les colonisateurs. Ils considéraient que leur travail consistait non seulement à apporter le christianisme aux populations, mais aussi la culture occidentale. Lorsque les populations ne s’intéressaient pas à la conversion au christianisme, certains missionnaires faisaient pression sur les puissances coloniales pour qu’elles s’impliquent. Ils considéraient que la présence de soldats agissait comme un « cassenoix providentiel pour la prédication de l’Évangile »4. Aveuglés par des doctrines préjudiciables telles que « le fardeau de l’homme blanc » et encouragés par le cadre colonial, ces missionnaires considéraient que leur tâche consistait à faire passer les convertis et leurs sociétés de leur état de barbarie à un état de raffinement. Ces premières perspectives ont été considérablement révisées au fil du temps. Les stéréotypes déformés des autres races qu’ils ont contribué à développer sont encore, dans une certaine mesure, perpétués aujourd’hui. Les Hutus et les Tutsis au Rwanda en sont un bon exemple5. Certains missionnaires adventistes sont restés silencieux face aux atrocités coloniales. Ils n’ont, pour ainsi dire, rien fait pour les arrêter. Ils sont même allés jusqu’à coopérer avec les puissances coloniales, ou à agir en silence au sein du système colonial. Soucieux d’éviter toute confrontation, ils encourageaient leurs convertis à être des citoyens respectueux de la loi6. William H. Anderson, l’un des premiers missionnaires adventistes américains en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe), a été chargé de lancer son œuvre missionnaire dans un district où les colonialistes voulaient étouffer une rébellion. Cecil Rhodes, premier ministre de la colonie du Cap, en Afrique du Sud, lui avait dit : « Les missionnaires sont bien meilleurs que les soldats pour faire taire les indigènes, et ils coûtent certainement beaucoup moins chers7. » Il est donc bien établi que les autorités coloniales se servaient de certains missionnaires en tant que partenaires secondaires. AdventistWorld.org Juillet/Août 2023
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Efforçons-nous de rester fidèles à la Bible pour ne pas répéter les erreurs et les échecs du passé. Malheureusement, certains missionnaires adventistes ont obéi aux valeurs promues par les autorités coloniales au lieu d’utiliser leur voix prophétique pour prendre des positions bibliques et morales8. Au cours des audiences de la Commission de vérité et de réconciliation, lesquelles se sont tenues en Afrique du Sud entre 1995 et 1998 après la fin de l’apartheid, il a été confirmé que de nombreuses communautés religieuses sud-africaines, y compris l’Église adventiste, ont été des partisans actifs ou silencieux de l’apartheid. I. F. du Preez et Roy H. du Pre ont fait remarquer que « l’Église adventiste a toujours été très en avance sur le gouvernement de l’époque en ce qui concerne l’application de la ségrégation raciale dans l’Église, et très loin derrière lorsqu’il s’agit de supprimer les mesures de discrimination raciale ». Au moment où l’apartheid a été introduit dans la législation après 1948, les adventistes, eux, le pratiquaient depuis déjà vingt ans ou plus9. ALLER DE L’AVANT
Alors que beaucoup peuvent se sentir désillusionnés ou même trahis par les actions et inactions passées de l’Église adventiste ou de ses représentants, le mouvement adventiste d’aujourd’hui doit rester focalisé sur sa croissance spirituelle et sur la mission que Dieu lui a donnée d’être le sel de la terre et la lumière du monde. Voici quelques suggestions pour aller de l’avant. Premièrement, il est essentiel de reconnaître que la motivation première de l’Église en envoyant des missionnaires est de promouvoir le christianisme, et non de prêter main forte aux gouvernements coloniaux. Il est donc nécessaire de séparer les actes des individus ayant déformé l’Évangile des enseignements fondamentaux de la Bible. Nous devons reconnaître que de nombreux missionnaires se sont opposés au statu quo des gouvernements coloniaux ou l’ont remis en question10. Deuxièmement, il est utile d’évaluer la réponse de l’Église en regard du passé. Le 27 juin 198511 et le 15 septembre 202012, la Conférence générale a publié deux déclarations officielles condamnant diverses formes de discrimination 16
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raciale. Trois ans après la fin officielle de l’apartheid, l’Église adventiste en Afrique du Sud a aussi reconnu sa participation injustifiée13. Il est encourageant de savoir que l’Église reconnaît les blessures et les traumatismes causés par les actes de certains de ses membres pendant le colonialisme, l’apartheid, et les génocides raciaux. Troisièmement, il nous faut rester focalisés sur la raison pour laquelle nous sommes adventistes. Nous devons nous engager à être des agents de changement et des alliés de ceux qui subissent, aujourd’hui encore, diverses formes de discrimination. L’une des meilleures façons de plaider en faveur d’un changement profond et durable est de ne pas devenir une partie du problème. Et alors que nous luttons contre la discrimination, évitons les réactions extrêmes pour ne pas nous discriminer nous-mêmes. Quatrièmement, il est crucial de partager les déclarations officielles de l’Église sur les questions d’ordre social. En outre, il pourrait être judicieux d’inclure dans ces déclarations des éléments de plaidoyer spécifiques et des cadres d’action. À la lumière de nos positions officielles, évaluons toutes nos institutions et procédures pour nous assurer qu’elles s’alignent sur les valeurs de notre mission. Efforçons-nous de rester fidèles à la Bible pour ne pas répéter les erreurs et les échecs du passé. Ayons pour objectif de traduire nos doctrines fondamentales et nos déclarations officielles non seulement dans différentes langues, mais aussi dans des décisions fondées sur la Bible pour tous les aspects de la vie. Margaret Kohn et Kavita Reddy, « Colonialism » dans Stanford Encyclopedia of Philosophy, éd. Edward N. Zalta et Uri Nodelman, printemps 2023, https://plato.stanford.edu/archives/spr2023/entries/colonialism/. 2 Conn Hallinan, « Divide and Conquer as Imperial Rules », Foreign Policy in Focus, 2005, https://fpif.org/ divide_and_conquer_as_imperial_rules/, consulté le 15 avril 2023 3 Brandon Kendhammer, « A Controversial Article Praises Colonialism. But Colonialism’s Real Legacy Was Ugly », Washington Post, 19 septembre 2017, https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2017/09/19/ colonialism-left-behind-a-long-legacy-most-of-it-bad/, consulté le 23 avril 2023. 4 Beauty Maenzanise, « The Church and Zimbabwe’s Liberation Struggle » Methodist History 46, n° 2 janvier 2008, p. 70, 71. 5 Voir Jay J. Carney, « Beyond Tribalism: The Hutu-Tutsi Question and Catholic Rhetoric in Colonial Rwanda », Journal of Religion in Africa 42, 2012, p. 173. 6 Godfrey K. Sang and Peter Omari Nyangwencha, “Colonialism and the Seventh-day Adventists in Kenya,” Encyclopedia of Seventh-day Adventists, https://encyclopedia.adventist.org/article?id=EE2E, consulté le 1er mai 2023. 7 Willian H. Anderson, On the Trail of Livingstone, Nampa, Idaho, Pacific Press Pub. Assn., 2012), p. 81. 8 La constitution et les règlements de la Division sud-africaine des adventistes du septième jour [aujourd’hui Division de l’Afrique australe/Océan Indien] en sont un exemple. Voir Southern African Division Working Policy, 1931, p. 139. 9 I. F. du Preez et Roy H. du Pre, A Century of Good Hope: A History of the Good Hope Conference, Its Educational Institutions and Early Workers, 1893-1993, Londres, Western Research Group/Southern History Association, 1994, p. 116. 10 Voir, par exemple, Robert Woodberry, « The Missionary Roots of Liberal Democracy », American Political Science Review 106, n° 2, mai 2012, p. 244-274. 11 Conférence générale des adventistes du septième jour, « Racism », 27 juin 1985, https://www.adventist.org/ articles/racism/. 12 Conférence générale des adventistes du septième jour, « One Humanity: A Human Relations Statement Addressing Racism, Casteism, Tribalism, and Ethnocentrism », 15 septembre 2020, https://www.adventist. org/articles/one-humanity-a-human-relations-statement-addressing-racism-casteism-tribalism-and-ethnocentrism/. 13 Antonio Pantalone, « The Afrikaanse Konferensie, 1968-1974, and Its Significance for the Seventh-day Adventist Church in South Africa », Th.D. diss., Université de Durban-Westville, 1999, p. 309. 1
Boubakar Sanou, originaire du Burkina Faso, est professeur adjoint de missiologie et de leadership interculturel à l’Université Andrews.
Place aux jeunes
Pas à pas Q
u’est-ce que tu vas faire ensuite ? Quels sont tes plans ? » Les questions se succèdent à un rythme effréné. On dirait que tout le monde veut connaître mon avenir ! À vrai dire, moi aussi. J’ai la « bougeotte » – le sentiment qu’il est temps de faire quelque chose de nouveau. Mon contrat d’enseignement va bientôt prendre fin et je vais déménager dans une autre partie de la Corée. Qu’est-ce que je vais faire ensuite ? Rien de vraiment clair ne me vient à l’esprit. Dans mon entourage, les opinions varient : Obtenir son doctorat. Continuer à enseigner. Écrire davantage. Avoir des enfants. Ne pas en avoir. Lancer une entreprise. En écoutant leurs points de vue, je suis tentée de vivre dans le futur – d’essayer avec impatience de déterminer mes prochaines étapes. Je n’aime pas me retrouver sans une vision claire et ambitieuse. En même temps, je sais que de nouveaux défis se présenteront lorsque je déménagerai. Je ne veux surtout pas me précipiter au-delà des bonnes choses de ma situation actuelle, ni me concentrer sur le lendemain au point de rater ce que Dieu a en réserve pour moi maintenant. Une chose est claire : j’ai besoin de sagesse pour trouver un équilibre entre le présent et l’avenir. Je sais aussi que Dieu n’est pas aussi pressé que moi. Dans mon esprit, la sagesse de la Bible est au premier plan : « Il fait toute chose bonne en son temps » (Ec 3.11)1. « Le cœur de l’homme médite sa voie, mais c’est l’Éternel qui dirige ses pas. » (Pr 16.9) « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. » (Mt 6.34) Et pourtant, je m’inquiète encore ! Le fait de ne pas avoir de plan plus clair, bien que j’aie quelques idées générales, prouve-t-il que quelque chose ne va pas chez moi ? Suis-je trop souple ? Paresseuse ? Ou peut-être que Dieu n’a rien à dire ?
Un jour, je tombe sur la citation suivante : « À mesure que tu avanceras, pas à pas, j’ouvrirai le chemin devant toi. » Ça ressemble à un verset biblique, mais il s’agit, en fait, du titre d’un poème d’Arthur C. Ritchie. Ce poème, tel un écho de la voix de Dieu, est comme un baume pour mon cœur anxieux : « Tu vois un pas, alors avance hardiment par la foi ; Un pas, c’est assez loin pour que la foi voie. Fais-le, et on te dira ensuite ce que tu dois faire, Car pas à pas ton Seigneur t’éclaire. » C’est exactement le rappel dont j’ai besoin ! Ça me fait aussi penser au verset suivant : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. » (Ps 119.105) Une lampe éclaire juste ce qu’il faut pour faire quelques pas à la fois. L’auteur chrétien Richard Strauss commente ainsi ce verset : « Autrefois, lorsqu’un voyageur se déplaçait de nuit, il avait toujours une lampe à huile avec lui. Tout en marchant il la balançait devant lui. Du coup, voyant directement les pierres et les ornières, il les évitait […] C’est ainsi que Dieu utilise sa Parole pour nous guider. Il nous promet non une lumière éclatante pour éclairer la route sur des kilomètres, mais une lampe à nos pieds, une lumière suffisante pour faire le prochain pas2. » Je n’ai pas toutes les réponses pour la suite, mais au fond, ce n’est pas grave ! C’est quelque chose que je peux élaborer avec Dieu, jour après jour, étape par étape, alors que je suis fidèle dans ma situation actuelle. Si vous vous trouvez, vous aussi, à un carrefour de votre vie, puissiez-vous voir comment Dieu vous guide avec compassion ! Et puisse votre chemin s’éclaircir à chacun de vos choix, tandis que votre Père vous conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom (Ps 23.3) ! Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910. 2 Decisions! Decisions! How God Shows the Way, Wheaton, Il., Tyndale House, 1979, cité dans https://bible.org/seriespage/one-step-time. 1
Lynette Yoon, originaire de l’Angleterre, habite à Séoul, en Corée du Sud, et y enseigne l’anglais.
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Une approbation ? Loin de là !
Une répudiation prophétique du colonialisme DAV I D S H I N
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n jour, mon grand-père m’a raconté la colonisation de la Corée. On l’a forcé à apprendre le japonais et on a changé son nom. Il a été témoin de l’éradication quasi totale de tous les éléments de la culture coréenne. Tandis qu’il me donnait quelques exemples du traitement qu’il a reçu en tant que citoyen de seconde zone, je pouvais sentir la douleur qui, toutes ces années plus tard, le tenaillait encore. Ainsi, les effets de la colonisation sont encore évidents dans le psychisme de la génération de mes grands-parents. Ils sont en proie à de fortes émotions, car les ravages du viol collectif d’une nation sous le colonialisme, malheureusement, perdurent. Bien que je sois né aux États-Unis et que j’aie une génération d’écart avec les traumatismes imputables à la colonisation, d’autres aspects m’interpellent encore. J’ai déjà assisté à un symposium de théologie au cours duquel un érudit adventiste coréen racontait à quel point sa mère tenait à ce qu’il étudie les prophéties alors qu’il était un ado. Après cette étude des prophéties, il est allé voir sa mère et lui a demandé : « Maman, où est la Corée là-dedans ? Et tant qu’à y être, où est le reste du monde ? » Le « monde en voie de développement » et le « Sud global » semblent complètement exclus du récit – ce qui donne à une telle herméneutique un air eurocentrique des plus commodes ! Lorsque les puissances de l’Europe occidentale ont colonisé le reste du monde, elles ont apporté avec elles le christianisme. Se pourrait-il qu’elles aient aussi apporté une interprétation eurocentrique des Écritures ? Par exemple, l’interprétation prophétique traditionnelle de Daniel 2, 7 et 8 inclut la Grèce, Rome, et les nations de l’Europe occidentale. Mais le reste du monde est complètement exclu, à l’exception de Babylone et de la Médo-Perse. Se pourrait-il qu’il s’agisse là de la présupposée AdventistWorld.org Juillet/Août 2023
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Comment estil possible que Daniel, lequel rejette le colonialisme, puisse aimer l’auteur même du viol de sa nation ?
herméneutique d’une mentalité eurocentrique d’une époque révolue ? Notre interprétation du livre de Daniel n’est-elle qu’un vestige du colonialisme ? L’HERMÉNEUTIQUE D’UN HOMME COLONISÉ
Avant de tenter de répondre à cette question, un chrétien croyant à la Bible ne peut minimiser l’importance du livre de Daniel dans son rapport avec la question du colonialisme. Daniel lui-même a été victime de la colonisation. On l’a emmené en captivité et on a changé son nom ; il a peut-être été castré, et sa culture a été systématiquement éradiquée. En outre, Jésus, lequel vivait sous le joug colonial de l’Empire romain, donne son aval au livre de Daniel dans Matthieu 24.15 lorsqu’il nous exhorte à lire et à étudier ce livre dans les derniers jours. On ne saurait 20
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trop insister sur le fait que Jésus et Daniel comprenaient tous deux ce que signifiait être colonisé. Il ne s’agissait pas seulement d’une note de bas de page historique dans leur expérience ; cela faisait partie de leur réalité existentielle. Je soutiens que le livre de Daniel n’est pas une approbation, mais plutôt une répudiation de la colonisation. Tout d’abord, on ne peut nier la structure d’interprétation de Daniel pour les puissances qui y sont décrites. Daniel, victime de la colonisation, interprète la vision de l’homme de métal en disant que la tête d’or représente Babylone (Dn 2.38). Daniel 2, 7 et 8 sont construits sur la même structure. Daniel 2 en pose les fondations. Daniel 7 reprend le même thème avec davantage de détails, et Daniel 8 le répète et l’élargit. Par conséquent, Babylone constitue le point de départ des nations puissantes qui suivent toutes les visions de Daniel 2, 7 et 8. Étant donné que Daniel, lequel était réduit à la colonisation, a interprété les visions de Daniel 2, 7 et 8 comme commençant par Babylone, se poursuivant ensuite avec la MédoPerse (Dn 6 ; 8.20) puis la Grèce (Dn 8.21), il établit que la structure suit l’histoire des puissances géopolitiques qui subjuguent et colonisent d’autres nations. Il ne s’agit absolument pas d’une approbation, mais plutôt d’une description des faits historiques prédits consignés dans le livre de Daniel. Dans le Nouveau Testament, on trouve dans Luc 2.1 le récit de la puissance succédant à la Grèce. César Auguste promulgue un décret « ordonnant un recensement de toute la terre ». Celui qui recense le monde gouverne le monde. L’événement qui a déterminé le lieu de naissance de Jésus a été la preuve douloureuse que le Fils de Dieu est né dans une nation qui avait été colonisée par l’Empire romain. Daniel décrit cette puissance en ces termes : elle « brisera et rompra tout » (Dn 2.40). L’herméneutique de Daniel – un homme colonisé – est une représentation stupéfiante des puissances colo-
niales de Babylone, de la Médo-Perse, de la Grèce, et de Rome. Daniel 7 décrit l’éclatement de l’Empire romain en 10 royaumes de l’Europe occidentale. En d’autres termes, le colonialisme se poursuivrait. Cependant, ce ne serait pas une seule puissance qui coloniserait, mais plusieurs puissances de l’Europe occidentale. Pourquoi la langue officielle du Chili, de la Colombie, du Panama et du Pérou est-elle l’espagnol ? Celle du Brésil et du Mozambique, le portugais ? Celle du Gabon, de la Guadeloupe, du Mali et de la Martinique, le français ? Et celle du Ghana, de la Gambie, de la Namibie et de la Zambie, l’anglais ? La réponse est simple : la colonisation du monde par l’Europe occidentale. UN MIRACLE DE LA GRÂCE
Les prophéties du livre de Daniel décrivent avec une précision indéniable la colonisation du monde, commençant par Babylone et se terminant avec la colonisation de l’Europe occidentale. Il ne s’agit pas d’une herméneutique eurocentrique, mais de l’herméneutique d’un homme faisant l’expérience en temps réel des ravages de la colonisation. Cependant, jusqu’à ce point dans la prophétie de Daniel, le récit est descriptif et non normatif. Comment le savons-nous ? Tout simplement par la précision suivante : le prochain royaume détruira entièrement l’édifice humain de la colonisation. « Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. » (Dn 2.44) Ainsi, le royaume de Dieu mettra fin pour toujours au règne de la colonisation. C’est là l’herméneutique d’un homme colonisé. Dans le nouveau royaume, les feuilles de l’arbre de vie sont destinées à « la guérison des nations » (Ap 22.2). En d’autres termes, le dirigeant du nouveau royaume reconnaît qu’il existe des blessures nationales
fois par jour pour la restauration de Jérusalem. Il le priait en prenant le sac et la cendre, l’implorant de restaurer son peuple et de le libérer de la captivité (Dn 9). Ayant mal compris que la captivité de son peuple serait d’une durée de 70 ans, il s’est évanoui et a été malade (Dn 8.27). Les effets de la colonisation faisaient partie intégrante de son psychisme émotionnel et de son expérience. Je pense que l’on peut dire sans risque que Daniel détestait la colonisation. Mais haïssait-il pour autant l’asservisseur de son peuple ? Quelle était sa relation avec son oppresseur ? Dans Daniel 4, Nebucadnetsar fait un autre rêve – un rêve annonçant sa disparition en tant que roi. S’il ne se repent pas, il perdra la raison et deviendra une bête pendant sept ans. Justice. Condamnation. Rétribution. Finalement, le roi va recevoir ce qu’il mérite. L’esprit de Daniel est fascinant ! Après avoir interprété ce rêve d’avertissement au roi, Daniel lui lance un vibrant appel (Dn 4.27). Il est clair qu’il se soucie profondément du salut de son oppresseur. Comment est-ce possible ? Comment est-il possible que Daniel, lequel rejette le colonialisme, puisse aimer l’auteur même du viol de sa nation ? C’est un miracle de la grâce. C’est la preuve que nous n’avons pas besoin d’attendre la nouvelle terre pour recevoir ce dont nous avons si désespérément besoin – la guérison des traumatismes de la colonisation. Cette guérison peut être nôtre dès maintenant ! Le même Dieu qui a guéri le cœur de Daniel peut
Daniel 2
Daniel 7
Babylone
Or
Lion
Médo-Perse Grèce
Argent Airain
Ours Léopard
Bélier Bouc
Rome
Fer
Bête épouvantable
Corne
L’Europe divisée
Pieds
10 cornes
guérir mon cœur aujourd’hui. Dieu est le grand Guérisseur des cœurs. La guérison de Dieu nous permet de transcender l’amertume des griefs nationalistes et de la traduire en une œuvre de grâce pour sauver les âmes. Daniel a entièrement rédigé son livre, sauf un chapitre, lequel a été écrit par son colonisateur (Dn 4). Nebucadnetsar sera au ciel parce qu’il s’est « entièrement converti »*. Ô grâce étonnante de Dieu ! C’est là l’herméneutique d’un homme colonisé. * Ellen White, Advent Review and Sabbath Herald, 11 janvier 1906.
David Shin, titulaire d’un doctorat, est conférencier, éducateur, administrateur, et pasteur. Il est aussi titulaire d’une maîtrise en théologie et d’un doctorat du Séminaire adventiste de théologie de l’Université Andrews. Il est un passionné de l’étude approfondie de la Parole de Dieu, ainsi que du partage de la vérité et des principes bibliques avec ses semblables.
Daniel 8
Image : Jeremy Park
devant être guéries. L’arbre de vie n’est pas seulement une source de guérison individuelle pour mon âme, mais aussi un lieu de guérison collective pour chaque nation, parenté, tribu, langue et peuple. Dans le nouveau royaume, les Zimbabwéens peuvent adorer avec les Britanniques, les Brésiliens avec les Portugais, les Coréens avec les Japonais, et les Juifs avec les Allemands, parce que Dieu est le Guérisseur de nos traumatismes nationaux collectifs. Le livre de Daniel n’est pas une approbation de la colonisation, mais une répudiation de celle-ci. Cependant, le rejet par Daniel de la philosophie de la colonisation l’a conduit sur un chemin unique. Au chapitre 4 de son livre, il est chargé d’interpréter un rêve pour son oppresseur : Nebucadnetsar, lequel l’a séparé de ses parents alors qu’il n’était encore qu’un ado, l’a enchaîné, lui a fait traverser le désert sur une distance de plus de 1 600 kilomètres pour enfin atteindre Babylone. Ses parents ont peut-être été massacrés sous ses yeux dans un génocide perpétré de sang-froid. Daniel a été victime de maltraitance physique, psychologique, et émotionnelle. Sa culture juive a été remplacée par la culture babylonienne, déconstruisant son identité de façon systématique. Sa ville était en ruine, et le temple qu’il aimait, détruit. Nebucadnetsar était le colonisateur par excellence, l’incarnation même de l’asservisseur et du tyran. Daniel se souciait de son peuple, cela ne fait aucun doute. Centrant sa vie sur celui-ci, il priait Dieu trois
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Perspective mondiale
Solide comme le roc La prophétie est exacte, et son explication, certaine
L
ors du baptême d’un jeune homme, on lui remet une petite carte. D’un côté figure une représentation détaillée de la statue dans Daniel 2, laquelle se dresse au sommet du monde. Peu de temps après avoir reçu la carte, l’étudiant enthousiaste de la Bible tape à la machine des notes explicatives au verso de la carte. Franz Hasel, alors âgé de 20 ans, est loin de se douter du rôle important que cette carte va jouer dans les événements à venir. Deux décennies plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclate. Franz a maintenant 40 ans. Il est marié et père de trois enfants. En raison de la conscription, il se retrouve dans l’armée d’Adolf Hitler. Adventiste et objecteur de conscience, il demande à servir en tant qu’infirmier, mais sa demande est refusée. On le place en première ligne où il construira des ponts pour les machines de guerre d’Hitler. Déterminé, par la grâce de Dieu, à rester fidèle à sa foi, Franz emporte partout avec lui sa Bible et la petite carte décrivant la prophétie de Daniel 2. Alors que la guerre se poursuit, il doit affronter de nombreux défis. Il reste fidèle à sa foi peu importe les circonstances, et finit par gagner la confiance et l’admiration de beaucoup de ses compagnons d’armes, y compris du commandant de son unité militaire. Alors que le front allemand s’étend vers l’est, Franz et son unité se retrouvent finalement en plein cœur du territoire de l’Union soviétique. Malgré les exigences de la vie militaire, il lit fidèlement la Bible chaque jour. UNE ÉTUDE BIBLIQUE EN ZONE DE GUERRE
Un jour, on le convoque au bureau du commandant et on lui demande d’apporter sa Bible. Se présentant à l’heure prévue, il constate, à sa grande surprise, que
son sergent et son lieutenant sont présents, eux aussi. Sans tarder, le commandant commence à lui poser des questions sur divers enseignements de la Bible. Franz répond à chacune d’elle avec patience par des textes bibliques. Finalement, le commandant est satisfait et s’exclame : « Je vois que vous connaissez votre Bible sur le bout des doigts1 ! » C’est maintenant au tour de Franz de poser des questions. Sachant que le commandant est professeur d’histoire dans la vie civile, il lui dit : « La Bible contient des prophéties à contenu historique. Elles ont été écrites autour de 600 av. J.-C. […] J’ai toujours voulu les vérifier avec un expert en histoire. Accepteriez-vous que je vous les présente, pour ensuite me donner votre avis sur leur exactitude ? » Et le commandant accepte sans hésiter ! Franz se lance alors dans l’étude captivante de Daniel 2. Il explique que les différents métaux d’or, d’argent, d’airain et de fer représentent les royaumes de Babylone, de la MédoPerse, de la Grèce, et de Rome. Ébahi, le commandant confirme l’exactitude historique de l’ancienne prophétie. Il s’enquiert ensuite de la signification des pieds de la statue. « Franz explique que les 10 orteils représentent les 10 tribus de l’Europe moderne. Il décrit les caractéristiques du fer et de l’argile et souligne que le fer ne s’allie pas avec l’argile. C’est ainsi qu’il conclut l’étude biblique2. » UNE BATAILLE PERDUE D’AVANCE
Le commandant reste silencieux un moment, puis demande : « Mais qu’est-ce que ça veut dire ? » À cet instant précis, Franz ressent son besoin de courage et fait monter une prière silencieuse. « La seule conclusion à laquelle un étudiant de la Bible peut arriver, explique-t-il, c’est que le Führer ne peut pas gagner cette guerre. Il n’arrivera pas à unir l’Europe sous sa direction, ni à établir son Troisième Reich de 1 000 ans. » Il ajoute : « Monsieur, les prédictions de la Bible se sont avérées exactes coup sur coup. Et si elles sont exactes ici, ça veut dire que nous sommes en train de livrer une bataille perdue d’avance3. » Dans la salle, on aurait pu entendre une mouche voler. Soudain, le commandant se lève, annonce que c’est l’heure du déjeuner et demande à Franz s’il pourrait emprunter sa Bible. Une semaine plus tard, il la lui rend et lui dit en privé : « J’apprécie ce que vous avez partagé avec moi. […] À partir de maintenant, nous n’utiliserons que deux tiers de nos véhicules motorisés. Je veux que vous conserviez les rations d’essence ainsi économisées dans des fûts et des bidons afin que, lorsque la fin arrivera, nous ayons suffisamment de carburant pour rentrer chez nous4. » Grâce à la décision du commandant, lequel croyait en l’exactitude de l’interprétation de Daniel 2, et plus particulièrement en l’interprétation des orteils de la statue
Les prophéties contenues dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse sont absolument fiables. Grâce à l’exactitude de leur accomplissement par le passé, nous pouvons être sûrs que ce qui est prédit pour l’avenir s’accomplira aussi. montrant que l’Europe ne s’unirait jamais, l’unité militaire disposa de suffisamment de carburant pour battre en retraite, sauvant ainsi la vie de Franz Hasel et de plusieurs autres, dont celle du commandant. L’EXPLICATION EST CERTAINE
Revoyons brièvement la fin de cette magnifique prophétie de Daniel 2, laquelle décrit si précisément l’histoire de l’Europe moderne, ainsi que le retour du Christ qui lui succède. « Tu as vu le fer mêlé avec l’argile, parce qu’ils se mêleront par des alliances humaines ; mais ils ne seront point unis l’un à l’autre, de même que le fer ne s’allie point avec l’argile. Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. C’est ce qu’indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d’aucune main, et qui a brisé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine. » (v. 43-45) Chers amis, aujourd’hui, nous recevons nous aussi la même assurance : « le songe est véritable, et son explication est certaine ». Les prophéties contenues dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse sont absolument fiables. Grâce à l’exactitude de leur accomplissement par le passé, nous pouvons être sûrs que ce qui est prédit pour l’avenir s’accomplira aussi. Réclamonsnous de la belle promesse qui nous est faite dans 2 Chroniques 20.20 : « Confiez-vous en l’Éternel, votre Dieu, et vous serez affermis ; confiez-vous en ses prophètes, et vous réussirez. » Cette histoire est une adaptation de Hasel Mundy, A Thousand Shall Fall, Hagerstown, Review and Herald, 2001, p. 116-121. 2 Ibid., p. 121. 3 Ibid. 4 Ibid. 1
Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour. Des articles et des commentaires supplémentaires sont disponibles depuis le bureau du président sur Twitter : @pastortedwilson, et sur Facebook : @ PastorTedWilson. AdventistWorld.org Juillet/Août 2023
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A
près l’assemblée administrative de la Conférence générale de Minneapolis en 1888, on demanda à Ellen White ce qu’elle pensait de la nouvelle lumière qu’Ellet J. Waggoner et Alonzo T. Jones y avaient présentée. Elle répondit : « Eh bien, voilà quarante-cinq ans que je vous la présente : les charmes incomparables du Christ. C’est là ce que j’ai essayé de présenter à vos esprits1 ! » Qu’entendait-elle par « les charmes incomparables du Christ » ? A-t-on des preuves de ce qu’elle les avait présentés bien avant dans son ministère ? La première utilisation d’Ellen White de l’expression « les charmes incomparables » en référence au Christ apparaît dans un témoignage daté de 1857. Elle a écrit : « Que le Christ soit en vous “l’espérance de la gloire”, et vous découvrirez en lui des charmes incomparables qui captiveront votre âme. Vous vous attacherez à lui, vous choisirez de l’aimer et de l’admirer, si bien que vous vous oublierez vousmêmes. Jésus sera exalté et adoré, et le moi, humilié2. » On trouve à plusieurs reprises dans ses premiers écrits la mention « profondeurs incomparables
de l’amour du Sauveur ». En 1852, elle a parlé du bonheur des enfants de Dieu sur la nouvelle terre : « Ils regarderont le Sauveur béni qui s’est donné pour eux, et alors qu’ils sentiront et comprendront davantage les profondeurs incomparables de l’amour du Sauveur, ils feront retentir, avec admiration et amour pour celui qui leur sourit, des chants de louange à sa gloire »3. Dans un autre article, elle a évoqué le sacrifice du Christ pour leur salut. « Il est mort pour que vous puissiez vivre. Ô sublime sacrifice ! Les anges eux-mêmes sont incapables d’exprimer les “profondeurs incomparables de l’amour du Sauveur” »4. Il est intéressant de noter que ces premières expressions s’adressaient toutes à des jeunes. Entre 1858 et 1864, Ellen White a écrit quatre volumes intitulés Spiritual Gifts [Dons Spirituels], lesquels contiennent la toute première version du thème La grande controverse. Dans ces écrits-là, elle ne s’est servie de ces expressions que rarement ; mais à chaque utilisation, celles-ci continuent de souligner la focalisation christocentrique de ses écrits. Par exemple, nous trouvons ces mots empreints
À la découverte de l’Esprit de prophétie
Les charmes incomparables du Christ dans les premiers écrits d’Ellen White
Image : Lightstock / Pearl
d’étonnement : « Je ne puis que poser la plume et m’écrier : “Oh, quel amour ! Quel merveilleux amour !” Les paroles les plus sublimes ne sauraient décrire la gloire du ciel, ou les profondeurs incommensurables de l’amour du Sauveur5. » L’une des descriptions les plus impressionnantes de tous les écrits d’Ellen White sur les souffrances et la mort expiatoire du Christ a été publiée pour la première fois en 18696. Quiconque lit attentivement ce chapitre ne peut penser que la focalisation d’Ellen White sur la croix du Christ n’est apparue que dans la dernière partie de son ministère. Notez bien ce passage : « Les scènes du Calvaire sont de nature à susciter l’émotion la plus profonde et à provoquer l’enthousiasme. Que le Christ, si parfait et si plein d’innocence, ait pu souffrir une telle mort en portant le poids des péchés du monde, cela dépasse l’imagination. La longueur, la largeur, la profondeur et la hauteur d’un amour si merveilleux ne peuvent être mesurées. La contemplation de cet amour incomparable devrait remplir l’esprit, toucher et attendrir l’âme, ennoblir et élever les sentiments, bref, transformer totalement le caractère7. »
DE 1869 À 1888 : UNE INSISTANCE CONTINUE
On a accordée une importance telle à l’assemblée administrative de la Conférence générale de 1888 qu’on en a négligé, voire sous-estimé, la focalisation christocentrique d’Ellen. Voici quelques exemples de cette focalisation. En 1869, elle a écrit : « Nous voyons en Jésus la beauté, la magnificence et la gloire. Nous apercevons en lui des charmes incomparables »8. En mai 1870 : « Je vous recommande Jésus, mon Sauveur béni. Je l’adore, je le magnifie. Oh, si j’avais une langue immortelle, je pourrais le louer comme je le souhaite ! Si je pouvais me tenir devant l’univers rassemblé, je ferais l’éloge de ses charmes incomparables9 ! » Dans un témoignage éloquent adressé aux pasteurs : « Les pasteurs doivent garder à l’esprit la valeur des âmes et les profondeurs incomparables de l’amour du Sauveur. Cela éveillera leur âme de telle sorte que, comme David, ils pourront dire : “Mon cœur brûlait au dedans de moi, un feu intérieur me consumait10.” » En 1876, Ellen White a publié une série d’articles sur son enfance, sur son expérience chrétienne, et sur son œuvre. En décrivant ses opposants à la suite de la déception de 1844, elle a observé : « Ceux qui ne s’intéressaient que fort peu au salut des âmes ne pouvaient comprendre l’amour de Dieu qu’éprouvait mon âme. Cet amour attisait mon désir d’amener ceux qui étaient dans les ténèbres à atteindre la même lumière que celle qui égayait mon sentier. » Puis elle fit cette importante remarque : « S’ils avaient vu, eux aussi, ce qui m’avait été révélé de l’amour incomparable de Dieu pour les hommes, manifesté en le don de son Fils unique pour qu’il meure pour eux, ils n’auraient pas douté de ma sincérité »11. Si la mort de son mari, James White, en août 1881, lui apporta chagrin et solitude, elle ne fit qu’intensifier son désir de se confier plus pleinement en Christ et de l’exalter devant chrétiens et incroyants. Lors des funérailles, elle parla de la résurrection en ces termes : « J’at-
tends ce matin glorieux où les liens familiaux brisés seront rétablis, où nous verrons le Roi dans sa beauté, où nous contemplerons ses charmes incomparables, où nous jetterons à ses pieds nos couronnes étincelantes, où nos doigts effleureront nos harpes d’or jusqu’à remplir le ciel tout entier des glorieux accords de notre musique et de nos chants à l’Agneau. Nous chanterons ensemble, nos voix éclateront en accents de triomphe autour du grand trône blanc »12. Ellen White passa deux ans en Europe, soit de 1885 à 1887. Ses sermons contenaient de fréquents appels aux charmes incomparables du Christ. Quelques exemples suffisent. Prêchant à Grimsby, en Angleterre, elle insista sur l’importance de l’étude de la Bible : « Vous devriez sonder la Bible, car elle vous parle de Jésus. Lisez la Bible afin de discerner les charmes incomparables de Jésus. Que tout votre être se remplisse d’amour pour l’Homme du Calvaire, afin qu’à chaque pas vous puissiez dire au monde : “Ses voies sont des voies agréables, et tous ses sentiers sont paisibles13.” » (Pr 3.17) Environ un mois plus tard, à Nîmes, en France, elle posa la question suivante : « N’allonsnous pas travailler pour le Maître ? » Répondant à sa propre question, elle poursuivit : « Mettons notre intelligence la plus vive au service du Maître, et confessons au monde Christ dans ses charmes incomparables »14. CONCLUSION
Les écrits d’Ellen White sont centrés sur Christ du début à la fin. La messagère du Seigneur y présente continuellement l’amour incomparable de Dieu manifesté dans l’incarnation du Christ, son ministère, sa souffrance, sa mort expiatoire, et le don indicible de la justice du Christ pour les pécheurs, bien qu’ils ne la méritent pas. Elle exalte son Sauveur, lequel est adorable au plus haut point, lui, le Désiré de tous les siècles et de toutes les nations. Pour elle, tout ça peut se résumer dans l’expression « les charmes incomparables du
Ellen White exalte son Sauveur, lequel est adorable au plus haut point, lui, le Désiré de tous les siècles et de toutes les nations. Christ ». C’est donc à juste titre qu’elle a déclaré en 1889 qu’elle présentait les charmes incomparables du Christ depuis 45 ans. Elle a continué de les présenter pendant un autre quart de siècle. Et son désir, exprimé en 1870, était de faire ainsi pendant l’éternité : « Oh, si j’avais une langue immortelle, je pourrais le louer comme je le souhaite ! Si je pouvais me tenir devant l’univers rassemblé, je ferais l’éloge de ses charmes incomparables15 ! » Ellen G. White, Manuscrits inédits, vol. 1, p. 138. Idem., Témoignages pour l’Église, vol. 1, p. 60. The Youth’s Instructor, octobre 1852. 4 Review and Herald, 25 juillet 1854. 5 Idem., Premiers écrits, p. 289. 6 On peut trouver cette description dans Testimonies for the Church, vol. 2, Mountain View, Calif. ; Pacific Press Pub. Assn., 1868, p. 200-215. 7 Idem., Témoignages pour l’Église, vol 1, p. 261. 8 Review and Herald, 19 avril 1870. Vers la fin de ces remarques, Ellen White a appelé ses auditeurs à ne pas s’attarder sur leurs problèmes et leurs perplexités, mais plutôt sur « les charmes incomparables du Sauveur aimant et son amour éternel pour les pécheurs », Ibid. 9 Review and Herald, 31 mai 1870 ; aussi dans Testimonies for the Church, vol. 2, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1868, p. 593. 10 Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 2, Mountain View, Calif.; Pacific Press Pub. Assn., 1868, p. 504. 11 Signs of the Times, 11 mai 1876. 12 Ellen G. White, In Memoriam: A Sketch of the Last Sickness and Death of Elder James White, Battle Creek, Mich.; Review and Herald Press, 1881, p. 43. 13 Ellen G. White, Manuscript 80, 1886, tiré de https://egwwritings. org/book/b14054. 14 Ellen G. White, Manuscript 39, 1886 ; tiré de https://egwwritings. org/book/b14054. 15 Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 2, Mountain View, Calif.; Pacific Press Pub. Assn., 1868, p. 593. 1 2 3
Peter M. van Bemmelen, titulaire d’un doctorat en théologie, est professeur émérite de théologie au Séminaire adventiste de théologie à l’Université Andrews. Cet article est une adaptation tirée d’une Festschrift pour Hans LaRondelle dans Christ, Salvation, and the Eschaton, publié en 2009.
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La Bible répond
Justifiés par les œuvres ? Q
Dans Psaumes 18.21 (S21*), le psalmiste dit : « L’Éternel m’a récompensé de ma justice ». Cette déclaration me surprend ! Serait-on justifié par les œuvres ?
R
On dirait bien que c’est ce que le texte dit, mais en fait, ce n’est pas le cas. Avant d’aborder la déclaration citée, examinons d’abord la manière dont le psalmiste comprend la condition humaine face à Dieu, et la signification de la justice de Dieu dans le livre des Psaumes.
grâce de Dieu qui pardonne et justifie (Ps 51.16 ; cf. v. 1-9). Dieu « fait justice », et du coup, il « ne nous traite pas selon nos péchés » (103.6,10). Ceux dont les péchés ont été pardonnés sont appelés « justes » (32.1,2,11). La justice est donc un don de Dieu à notre égard. Même ceux qui obéissent au Seigneur vont au temple pour chercher à recevoir « la bénédiction de l’Éternel, la justice [de] Dieu » (24.5 ; cf. v. 3,4), c’est-à-dire une déclaration divine de justification. Ésaïe précise qu’un tel Jésus « justifiera beaucoup d’hommes, et [qu’il] se chargera de leurs iniquités » (53.11). Dieu peut nous imputer sa justice parce que notre péché a été placé sur le Serviteur du Seigneur (Christ) plutôt que sur nous. LA JUSTICE DES CROYANTS
LA CONDITION HUMAINE
En ce qui concerne la bonté naturelle des êtres humains, les psaumes sont très clairs : « Il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (14.3 ; cf. Rm 3.12). Le péché fait partie de la condition humaine (Ps 32.1) à un point tel que les êtres humains commettent des péchés dont ils n’ont même pas conscience (19.12). Notre péché est une composante congénitale ou constitutionnelle de la nature humaine déchue – « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » (51.7) Or, en ce qui concerne la justice devant Dieu, le psalmiste déclare : « Car aucun vivant n’est juste devant toi [Dieu] » (143.2). Ainsi, nous sommes tous condamnés devant Dieu pour notre absence de justice. LA JUSTICE DE DIEU
Quelle est donc la solution à notre absence de justice ? La justice de Dieu ! Cette justice apparaît de différentes manières dans la vie d’Israël ; mais pour notre propos, ce qui importe le plus, c’est le pardon des péchés. Pour que les êtres humains puissent se tenir devant Dieu sans crainte, le péché doit être effacé (cf. Ps 130.3,4). C’est là l’œuvre exclusive de Dieu. David a demandé au Seigneur de lui pardonner son péché et lui a fait cette promesse : « Ma langue célébrera ta miséricorde », c’est-à-dire la 26
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En nous appuyant sur ce que nous venons de dire, le passage que vous avez cité n’exprime pas la justification par des œuvres humaines. Le contexte précise que lorsque le psalmiste dit « ma justice », il affirme sa fidélité à l’alliance – ou ce que nous appelons la grâce sanctifiante. David déclare son innocence en disant qu’il a « observé les voies de l’Éternel », mais pas de manière légaliste car, ajoute-t-il, c’est le Seigneur « qui me conduit dans la voie droite » (18.33). Sa vie juste est le résultat de l’œuvre de Dieu en lui et est fondée sur la miséricorde de Dieu et non sur la propre justice (v. 51). Le psalmiste mentionne sa vie juste avec humilité et dans la dépendance de Dieu, et non dans un élan d’orgueil, car il dit du Seigneur : « Tu sauves le peuple qui s’humilie, et tu abaisses les regards hautains. » (v. 28) Christ s’attend aussi à ce que nous menions une vie juste (Mt 5.20). L’apôtre Jean affirme sans ambages : « Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste. » (1 Jn 3.7) La justification par la foi nous amène à vivre une vie juste devant Dieu et devant nos semblables (cf. Mc 6.20). * Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.
Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après avoir servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.
Santé & bien-être
Les caries Éliminer tout ce qui menace la bouche et les dents Dans le dernier numéro, nous avons parlé des possibilités de servir en tant que dentiste dans les missions, ainsi que de la santé de la bouche et des dents. Nous allons continuer à discuter de ce sujet important dans ce numéro-ci et dans le prochain.
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a santé de la bouche et des dents est essentielle au bien-être général. Une personne qui arbore un beau sourire et se sent bien sur le plan buccal communique mieux, a plus confiance en elle, et fonctionne mieux dans la société. Elle a aussi davantage de chances d’être bien nourrie, d’apprécier la vie, de prendre plaisir à manger et d’éviter plusieurs maladies systémiques graves. Les menaces les plus courantes pour la santé de la bouche et des dents proviennent de deux maladies de la bouche : les caries et les maladies parodontales. Au cours d’une vie normale, presque tout le monde souffre de l’une ou l’autre de ces maladies, ou des deux, à un certain degré de gravité. Heureusement, on peut éviter ces maladies assez facilement et, avec des soins appropriés, en éviter les formes les plus graves ou les traiter avec succès. Aujourd’hui, nous allons parler des caries. Nous expliquerons la façon dont cette maladie se produit, et les meilleures pratiques permettant de les éviter. Les caries se produisent lorsque des acides provenant de bactéries ou d’autres sources dissolvent l’émail des dents plus rapidement que les minéraux contenus dans la salive ne peuvent le remplacer. Les dentistes ont toujours mis l’accent sur l’hygiène bucco-dentaire. Cependant, les caries sont causées par plusieurs facteurs. Nous pouvons contrôler certains d’entre eux, mais pas tous. La génétique, par exemple, est un facteur sur lequel nous n’avons évidemment aucun contrôle. Voici les facteurs que nous pouvons influencer : l’écologie de la communauté bactérienne buccale, l’acidité et la teneur en minéraux de notre salive, le régime alimentaire, et le temps pendant lequel les aliments restent sur les dents au cours de la journée. Voici quelques stratégies efficaces pour éviter les caries ou les réduire : Adoptez une vie équilibrée dans tous les domaines. Un corps et un esprit sains contribuent à la santé de la bouche et des dents. Une bouche en santé a un impact très important sur la santé en général. Brossez-vous les dents et passez le fil dentaire deux fois par jour, de préférence après le petit-déjeuner et avant le coucher. Pour une efficacité maximale, assurez-vous d’utiliser correctement le fil dentaire. Au besoin, demandez conseil à votre dentiste ou à votre hygiéniste dentaire. Mangez des aliments sains. Les meilleurs pour la santé sont les aliments entiers et naturels. Réduisez au maximum les aliments hautement Image : Kamaji Ogino
transformés, en particulier ceux à forte teneur en sucre, et les aliments collants ou gluants. Il est préférable d’éviter ou de réduire les en-cas, de manière à ce qu’il y ait au moins deux périodes de deux heures au cours de la journée où l’on ne mange rien de calorique. Si des en-cas sont nécessaires, privilégiez des aliments frais et croquants tels que les pommes ou les carottes, ainsi que des aliments riches en protéines (graines de tournesol, noix, haricots, fromage). Planifiez des soins dentaires systématiques. Certaines personnes doivent consulter le dentiste environ tous les deux mois. Pour d’autres, une visite tous les deux ans suffit. Le dentiste peut évaluer le risque de caries dans votre bouche et vous indiquer le calendrier qui vous convient le mieux. Il peut prendre des radiographies pour détecter de minuscules caries naissantes. Nombre d’entre elles sont réversibles. Une petite carie non traitée peut se transformer en un problème douloureux, gênant et coûteux. Alors, pourquoi ne pas s’en occuper dès le début ? Planifiez des nettoyages réguliers chez un dentiste ou une hygiéniste, et intégrez éventuellement l’utilisation de fluor dans votre régime alimentaire. Cela non seulement réduira le risque de caries, mais aussi contribuera à vous protéger contre les maladies parodontales. Nous parlerons de celles-ci dans le prochain numéro.
Doyle Nick, DDS, se spécialise dans la prosthodontie chez Koppel Special Care Dentistry à Loma Linda, en Californie. Il est directeur adjoint des Affaires dentaires mondiales à la Conférence générale.
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Un ennemi à bord P
asteur Tana, on a besoin de vous au bureau de la mission ! Il faut faire le tri de toutes nos fournitures pour les jeunes, et veiller à ce que vaisselle, casseroles, micros, bâches, bref, tout le bazar soit chargé dans le bateau qui va se rendre à l’autre événement du district. Il va partir demain matin, vers 4 heures. » Le pasteur Tana reçoit ce message du président de la mission en fin d’après-midi, juste avant de donner une étude biblique DICK DUERKSEN aux sept familles adventistes habitant au bord du lagon, dans un petit village des îles Salomon. Étant le directeur de la jeunesse de l’Église adventiste dans ces îles, il sait où le matériel est entreposé. Du coup, il est la personne idéale pour faire le tri.
« Je vais vous raconter… »
L’OCÉAN OU LE RACCOURCI ?
« Je savais que je devais partir, et vite, raconte le pasteur Tana. J’ai donc demandé à l’un des pêcheurs si je pouvais emprunter son bateau pour me rendre au siège de la mission. Il m’a dit que c’était possible, mais pas avant la fin de la réunion. Le trajet prendrait environ quatre heures. » Après l’étude biblique, Tana se rend avec les anciens au lagon. « Nous avons prié Dieu de nous guider et de nous protéger, poursuit le pasteur Tana. Après la prière, je suis monté dans le bateau long de plus de 2 mètres, j’ai lancé le moteur hors-bord de 25 chevaux, et j’ai quitté la jetée en trombe. » Mais juste avant son départ, l’un des anciens l’avertit : les tempêtes récentes ont modifié les chenaux au point où il devra opter pour la voie maritime – la plus longue – plutôt que pour le vieux raccourci à travers les récifs. 28
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« C’est bon ! » crie Tana au-dessus du bruit du moteur. Il salue tout le monde de la main puis dirige le bateau vers le port en chantant joyeusement. À l’entrée du port, il doit prendre une décision : emprunter le raccourci à travers les récifs, ou suivre l’avertissement et emprunter la voie maritime. « Après réflexion, j’ai décidé d’emprunter le raccourci qu’on m’avait déconseillé, explique le pasteur Tana. Il fallait être prudent, c’est tout ! Ce raccourci me ferait gagner deux heures. Je pourrais trier rapidement tout le matériel et le charger dans l’autre bateau qui devait partir le lendemain matin. En me dépêchant, je pourrais faciliter la tâche des autres à la mission. » Ainsi, contrairement au conseil qu’on lui avait donné, Tana dirige la petite embarcation entre les coraux cachés au lieu de faire le tour du côté de l’océan. RIEN NE BOUGE !
« Mon voyage s’est bien déroulé jusqu’à ce que j’atteigne un endroit où un long récif relie deux petites îles. Je connaissais bien cet endroit, je savais qu’il était dangereux. Après avoir ralenti le moteur, j’ai dirigé le bateau doucement – ô combien doucement ! – à travers le récif. J’ai plongé Image : Unsplash / Omar
plusieurs fois ma pagaie dans l’eau pour m’assurer que c’était suffisamment profond pour mon bateau. » Tout se passe bien – pour un temps. Lorsque Tana plonge de nouveau la pagaie dans l’eau, elle ne descend pas très bas. Ce n’est vraiment pas assez profond, et ça, c’est dangereux, se dit-il. Il coupe vite le moteur, le monte et l’incline, puis se met à pagayer lentement. Au bout d’un quart d’heure environ, il vérifie à nouveau. L’eau est encore trop peu profonde. Et il n’a pas du tout l’impression d’avancer ! « Au début, comme je ne me rendais pas compte que mes coups de pagaie ne servaient à rien, je pagayais de plus en plus fort. Mais quand j’ai compris que mon bateau ne bougeait pas, je me suis inquiété. Le courant allait dans la direction où je voulais aller, mais mon bateau, lui, ne bougeait pas. J’avais beau pousser ma pagaie contre les rochers, ça ne servait à rien ! » Tana se dit alors que ce sont peut-être des roches qui retiennent l’embarcation. Il saute dans l’eau pour en avoir le cœur net. « Il y avait de l’eau tout autour du bateau. Rien ne le retenait. Il flottait bel et bien. Et pourtant, rien à faire : il ne bougeait pas ! » Frigorifié et tout tremblant, Tana remonte dans le bateau et se met à pagayer de toutes ses forces. Tout à coup, il s’aperçoit que quelque chose de puissant est en train de se passer. Il cesse de pagayer et se met à prier. « Big Fella up Top, prie-t-il en anglais pidgin, je ne sais pas ce qui se passe, mais toi, si ! J’ai besoin de ton aide ! » Il saisit sa pagaie et se remet à ramer. Cette fois, il observe l’avant du bateau. Il lui semble qu’à chaque coup de pagaie, quelqu’un à l’avant du bateau pagaie exactement dans le sens contraire ! « Quand je pagayais plus fort, l’individu à l’autre bout du bateau en faisait tout autant. J’ai donc trouvé un moyen de l’attraper. J’ai couru de l’arrière vers l’avant du bateau et j’ai commencé à pagayer furieusement ! » L’idée est bonne, mais ne sert pas à
grand-chose. Tana a beau pagayer, l’individu invisible fait exactement la même chose, mais toujours en sens contraire. Et le bateau n’avance toujours pas… UNE PRIÈRE ET LA FOI
Soudain, Tana comprend exactement comment faire tourner le vent. Il s’agenouille et se met à prier – à voix très forte ! Il crie : « Mon Dieu, c’est de tes affaires dont je m’occupe, pas des miennes, et je ne veux pas perdre de temps ici. Au nom de Jésus, je te demande de vaincre quiconque nous barre le chemin. » Puis il se lève, se rend d’un pas décidé à l’arrière du bateau, fait basculer l’hélice du hors-bord dans l’eau et tire le cordon du démarreur. Le moteur rugit. Il le pousse à plein régime. Puis, sans se soucier de la profondeur de l’eau, il dirige le bateau vers la station missionnaire. « Au même instant », dit le pasteur Tana. Il baisse le ton alors qu’il se souvient de cette nuit noire dans les îles Salomon. « Au même instant, une lumière brillante s’est allumée sous le bateau. Elle brillait au point où je pouvais voir clairement tous les rochers qui menaçaient le bateau. » Cette lumière brille au cours des trois heures suivantes, tout au long du trajet, jusqu’à la station missionnaire. « La lumière brillante a pris la place de l’ennemi invisible. Elle l’a chassé surle-champ ! J’ai alors compris que mon Seigneur était là, dans le bateau, avec moi ! J’ai conversé avec lui, chanté avec lui, sans me soucier le moins du monde des rochers. La voie a été libre jusqu’à l’enceinte de la mission. « C’était comme si je voyageais avec mon meilleur ami ! »
Lawrence Tanabose, un ancien habitant dans les Îles Salomon, a raconté cette histoire à Dick Duerksen. Le pasteur Tana a servi pendant de nombreuses années au sein du Ministère de la jeunesse et en tant que dirigeant de l’Église. Il a pris sa retraite en 2013 en tant que secrétaire général de la Division Pacifique Sud.
Éditeur Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur. Éditeur/Directeur de Adventist Review Ministries Justin Kim Directeur international de la publication Hong, Myung Kwan Comité de coordination de Adventist World Yo Han Kim, président ; Tae Seung Kim ; Hiroshi Yamaji ; Myung Kwan Hong ; Seong Jun Byun ; Dong Jin Lyu Rédacteurs adjoints/directeurs adjoints à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) Sikhululekile Daco, John Peckham, Greg Scott Rédacteurs basés à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) Enno Müller, Beth Thomas Rédacteurs basés à Séoul, en Corée Hong, Myung Kwan ; Park, Jae Man ; Kim, Hyo-Jun Gestionnaire de la plateformes numérique Gabriel Begle Directeur de l’intégration des systèmes et de l’innovation Daniel Bruneau Gestionnaire des opérations Merle Poirier Coordinatrice de l’évaluation éditoriale Marvene Thorpe-Baptiste Conseiller E. Edward Zinke Directrice financière Kimberly Brown Coordinatrice de la distribution Sharon Tennyson Conseil d’administration Yo Han Kim, président ; Justin Kim, secrétaire ; Hong, Myung Kwan ; Karnik Doukmetzian ; SeongJun Byun ; John Peckham ; Hiroshi Yamaji ; Joel Tompkins ; Ray Wahlen ; Membres d’office: Paul H. Douglas ; Erton Köhler ; Ted N. C. Wilson Direction artistique et design Types & Symbols Aux auteurs : Nous acceptons les manuscrits non sollicités. Adressez toute correspondance rédactionnelle au 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring MD 20904-6600, U.S.A. Numéro de fax de la rédaction : (301) 680-6638 Courriel : worldeditor@gc.adventist.org Site Web : www.adventistworld.org Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910 (LSG). Avec Num. Strongs pour Grec et Hébreu. Texte libre de droits sauf pour les Strong. © Timnathserah Inc., - Canada Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique Vol. 19, n° 7
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Foi en herbe
Pages amusantes pour les plus jeunes
La prophétie Pourquoi est-ce que c’est important ?
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s-tu déjà entendu des gens parler de « la prophétie » ? Certains raffolent de la prophétie, mais d’autres la trouvent inutile, et franchement, « difficile à digérer ». C’est assez drôle, car deux prophètes bibliques célèbres, Ézékiel et Jean, ont reçu l’ordre de manger un rouleau et de raconter ensuite aux autres ce qui y était écrit ! Ézékiel a dit que le rouleau avait un goût sucré. Jean, lui, a trouvé que le rouleau était d’abord doux comme du miel, mais qu’il est devenu amer dans son estomac. Pourquoi la prophétie serait-elle douce pour une personne et dérangerait-elle l’estomac d’une autre ? Et en plus, qui aurait l’idée de manger un livre ? Commençons d’abord par quelques notions de base. Qu’est-ce que la prophétie et pourquoi est-elle importante ? Un prophète, c’est une personne que Dieu a choisie pour transmettre un message d’instruction ou d’avertissement, ou pour prédire l’avenir. La prophétie, c’est le nom donné à ce message. La Bible 30
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contient des tas de prophéties. Certaines sont cachées dans des endroits inattendus. Par exemple, rien que dans le psaume 22, il y en a au moins 14 qui parlent de la crucifixion de Jésus, et chacune d’entre elles s’est réalisée. Quelles belles prophéties ! Elles nous enseignent que nous pouvons faire pleinement confiance à la Parole de Dieu. Comme David le dit, « dans ma bouche, tes paroles sont douces, plus douces que le miel » (Psaumes 119.103, Parole de vie). Il y a aussi des prophéties qui font l’effet d’une bombe ! Prenons, par exemple, la prophétie des fosses. Tu peux en lire l’histoire dans 2 Rois 3.16-18. Joram, roi d’Israël, et ses alliés avaient voyagé pendant sept jours dans le désert pour aller combattre le roi de Moab. Ils découvrirent qu’il n’y avait malheureusement pas d’eau dans la vallée pour les troupes et les animaux. Oups ! À contrecœur, le prophète Élisée vint à la rescousse du roi et lui transmit le plan de Dieu. Il fallait creuser des fosses dans toute la
vallée ! Dieu dit qu’il n’y aurait ni vent ni pluie, mais que la vallée serait remplie d’eau en quantité suffisante pour chaque personne et chaque animal. Tout le monde verrait ainsi qu’il ne s’agissait pas d’une coïncidence. Oh, je vais aussi te donner la victoire sur les Moabites, ajouta-t-il. La vallée se remplit d’eau, comme Dieu l’avait promis, et les Moabites furent vaincus par une illusion d’optique. Ouah ! Et que dire de la prophétie annonçant, plus de 100 ans avant que ça ne se produise, qu’un roi nommé Cyrus contribuerait à délivrer le peuple de Dieu de sa captivité à Babylone (voir Ésaïe 44 et 45) ? Ouah ! Lors de fouilles archéologiques menées à Babylone dans les années 1800, on a découvert un cylindre d’argile en forme de tonneau, connu sous le nom de Cylindre de Cyrus, lequel confirme cette histoire biblique1. D’autres écrits prophétiques semblent assez confus et sont rédigés dans une sorte de langage codé. Daniel, Ésaïe, Ézékiel et Jean – ce dernier ayant écrit Illustration : Mugi Kinoshita
SHAMA STOCK
Dieu promet que si tu lis, entends et prends à cœur ses paroles, tu seras béni, maintenant et pour toujours.
l’Apocalypse – ont tous eu des visions dans lesquelles ils ont vu des images et des symboles mystérieux, et entendu des sons étranges. Des roues enflammées… Des bêtes à quatre têtes… Des sauterelles géantes avec des dents de lion… C’est vraiment captivant – mais pas pour ceux qui ont tendance à faire des cauchemars ! Dieu ne veut surtout pas nous faire peur. La Bible dit « Ne crains rien » et « N’aie pas peur »2. Mais alors, pourquoi tous ces symboles étranges et effrayants ? Eh bien, si tu étais un général quatre étoiles et que tu voulais faire passer un message très important à travers les lignes ennemies – un message annonçant à des prisonniers une opération de sauvetage qui les sauverait d’une mort certaine, comment t’y prendrais-tu ? En temps de guerre, écrire en langage codé, c’est logique et plein de bon sens ! Mon jeune ami, nous sommes dans une guerre épique – ce qui nous amène à la deuxième partie de notre
question du début. Pourquoi est-ce que la prophétie, c’est important ? La prophétie ne sert pas seulement à prédire l’avenir et à montrer qu’on peut se fier à la Parole de Dieu. Le but principal de la prophétie, c’est de t’aider à connaître le Dieu de la création – le Dieu qui détient l’avenir et veut que tu vives éternellement avec lui. Il t’aime tellement qu’il a donné sa vie pour te sauver. Quelles douces paroles ! L’étude de la prophétie conduit aussi à des choix difficiles. Elle permet de découvrir les pièges que Satan met en travers de notre chemin. La prophétie est souvent un avertissement musclé : Attention ! Destruction en vue ! Par le biais de la prophétie, Jésus nous appelle à changer et à nous détourner du péché, lequel n’a qu’un but : nous détruire. Une étude honnête de la prophétie a un impact sur la vie des gens. Elle les rapproche de Jésus ou les en détourne. Les paroles de Dieu sont douces lorsque nous les acceptons plei-
nement et que nous les laissons nous changer. En même temps, ce processus de changement peut être douloureux et donner une impression d’amertume. As-tu besoin de manger des livres ? Bien sûr que non ! Par contre, goûte et vois combien le Seigneur est bon. Pour goûter et voir, tu dois lire la Parole de Dieu, prier et lui faire confiance pour chacune de tes décisions. Dieu promet que si tu lis, entends et prends à cœur ses paroles, tu seras béni, maintenant et pour toujours. Ira M. Price, The Monuments and the Old Testament, Chicago, IL., Christian Culture Press, 1902, p. 234. 2 Psaumes 91.5 ; Ésaïe 41.10,13 ; Matthieu 10.31 ; Apocalypse 1.17. 1
Shama Stock écrit pour le site Revelationforkids.com. L’étude de la prophétie biblique a profondément changé sa vie de manières inattendues.
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