Ellen G. White et le mandat pour la mission adventiste
Theodore N. Levterov
22 Foi en action
Le dernier pas de la foi
Jarod Thomas
24 La Bible répond
Le sabbat
25 Santé & bien-être
Développer la force musculaire sans aller au gym
26 Je vais vous raconter…
La voix de Noël
30 Foi en herbe
Noël derrière les barbelés
Mesdames et Messieurs
Justin Kim
Avant un spectacle, une compétition, ou un embarquement à l’aéroport, on entend une salutation particulière en anglais, ou son équivalent, dans la plupart des régions du monde : « Mesdames et Messieurs ». Cette salutation s’adresse à tout le monde et invite à la civilité, à la bienséance, à la courtoisie. On peut discuter des détails de l’étymologie et de l’origine de l’anglais, en reliant gentle au mot genteel, lequel signifie raffiné, aristocratique. Quoi qu’il en soit, les deux termes désignent la gentillesse, la politesse, et l’amabilité.
Philippiens 4.5 souligne que le peuple de Dieu est appelé à faire connaître son epieikes à tout le monde. Les différentes traductions utilisent des mots différents, mais en général, epieikes est rendu par modération, amabilité, ou douceur. La douceur du Christ doit être connue de tous ! Colossiens 3.19 dit que les maris doivent être doux avec leurs femmes. 1 Pierre 3.4 recommande aux femmes de rechercher la parure d’un esprit doux et paisible. Et si on n’est pas en couple, Éphésiens 4.2 nous invite à être humbles, doux et patients, nous supportant les uns les autres dans l’amour.
L’une des vignettes les plus révélatrices de la douceur de Jésus se trouve dans Ésaïe 42.1-4 :
« Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon esprit sur lui ; il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point, il n’élèvera point la voix, et ne la fera point entendre dans les rues. Il ne brisera point le roseau cassé, et il n’éteindra point la mèche qui brûle encore ; il annoncera la justice selon la vérité. Il ne se découragera point et ne se relâchera point, jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre, et que les îles espèrent en sa loi. »
Manifestant des traits dominants et imposants, le Messie apporte la justice selon la vérité aux païens et l’établit sur la terre. En sandwich entre le début et la fin de ce passage sur la justice se trouvent deux précieuses illustrations pleines de douceur et de modération.
Bien que victorieux, Jésus ne crie pas, il n’élève pas la voix. Les Écritures s’attardent plutôt sur un roseau, lequel n’a ni valeur ni utilité, et que l’on peut facilement jeter. Le roseau et les mèches en lin sont faibles, jetables, et faciles à trouver n’importe où.
Le fait d’être meurtri indique qu’on est endommagé, certes, mais pas forcément irréparable. La fumée indique que les braises sont sur le point de s’éteindre. La moindre force pourrait briser le roseau ou éteindre la mèche, mais Jésus se garde bien de le faire. Ces lignes désignent le plus grand des gentilshommes, lequel est tendre, compatissant, et doux, tout simplement.
« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11.29). Jésus est le modèle de la douce grâce nécessaire à toute relation humaine. Ce n’est pas seulement aux arbres robustes, aux plantes en fleurs ou aux arbustes fructueux que Jésus a manifesté la plus douce des grâces, mais aussi aux roseaux faibles, brisés, et aux mèches qui sont sur le point de s’éteindre. Puissent les enfants de Dieu fixer les yeux sur le Gentilhomme du ciel pour être habilités, par sa grâce, à être les dames et les messieurs de la terre !
Pilira Zapita
14 Plus de grâce encore
K’dee Crews
Couverture : Bongkod Worakandecha
Alvina, originaire du territoire d’Odesa, en Ukraine, est reconnaissante de l’aide apportée par ADRA. Le conflit militaire en Ukraine a fait d’elle, de sa fille et de son petit-fils, des réfugiés à Tiraspol, en Moldavie.
Photo : Bunea Alina, responsable des relations publiques et des communications, ADRA Moldavie
« AHSRA-Asia est un centre de recherche pour la Communauté de recherche adventiste […] où des chercheurs et des érudits de toute l’Asie s’engagent dans des dialogues significatifs concernant la recherche sur des sujets humains. C’est une communauté qui incarne notre engagement commun à soutenir les chercheurs adventistes et à faire avancer la cause de l’Église par le biais de la recherche. »
— Arceli Rosario, président de l’Université adventiste des Philippines, et président du chapitre asiatique de l’Association adventiste de recherche sur des sujets humains (AHSRA), à propos de l’objectif d’AHSRA-Asie pour l’Église. Grâce aux recherches menées par AHSRA, l’Église peut mener des sondages globaux qui permettent de développer et d’améliorer les initiatives, les programmes, les services et les politiques de l’Église. Les plans stratégiques de l’Église mondiale, tels que J’irai et d’autres initiatives, sont désormais fondés sur des données scientifiques.
Infolettre de Adventist
Review Ministries
Pour rester au courant de ce qui se passe au sein de l’Église, procurezvous notre infolettre hebdomadaire remplie de nouvelles, d’histoires inspirantes, et de vidéos. Inscrivez-vous dès aujourd’hui !
www.adventistreview.org/ newsletter-signup
Votre église se soucie-t-elle de vous ?
On a demandé aux membres de l’Église s’ils pensaient que les autres membres de leur église locale se souciaient d’eux.
Tout à fait d’accord – 26 %
D’accord – 53 %
Pas sûr – 14 %
Pas d’accord – 4 %
Pas du tout d’accord – 3 %
Pour voir l’intégralité de ce sondage, scannez le code QR.
N=146,323
Source : Sondage de 2022-2023 de l’Église mondiale auprès des membres
Données fournies par le Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche de la Conférence générale
« Aujourd’hui, nous sommes vraiment reconnaissants envers ADRA Îles Salomon d’avoir rénové notre bâtiment délabré. Nos élèves ont enfin accès à des installations propres et adéquates. »
— Dennis Doro Narakana, sous-directeur de l’école secondaire Titiana Community High School, à propos des nouvelles installations sanitaires, lesquelles ont été achevées et installées dans deux écoles des Îles Salomon en octobre. Ces projets ont été entièrement financés par ADRA Australie et mis en œuvre par ADRA Îles Salomon dans le cadre du projet Turn on the Tap. Ce projet améliore l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les écoles primaires et secondaires des Îles Salomon. Il collabore avec les dirigeants locaux, les autorités éducatives, et les entreprises pour fournir de l’eau potable, des toilettes propres, des produits menstruels à bas prix, et une éducation en matière d’hygiène.
« La sortie mondiale du film The Hopeful marque une étape importante dans notre mission, à savoir répandre l’espérance dans le monde. En tirant parti de notre propre technologie de traduction alimentée par l’IA, nous rendons, plus que jamais auparavant, cette histoire inspirante accessible à davantage de gens, dans davantage de langues. Cet effort s’inscrit directement dans notre vision 2030, laquelle consiste à transmettre le message de l’espérance éternelle à un milliard de personnes. Joignez-vous à nous dans la diffusion de ce message puissant au sein de vos communautés et au-delà ! »
— Vyacheslav Demyan, président de Hope Channel International (HCI), à propos de la sortie mondiale du film The Hopeful. Le 22 octobre dernier, HCI a diffusé le film dans le monde entier par l’intermédiaire de Wonder Events. Cette diffusion vise à partager un message d’espérance et de guérison en offrant aux spectateurs une occasion significative de se connecter, et de proclamer l’histoire de l’espérance du retour de Jésus. (->)
« L’identité de l’Église adventiste est façonnée non seulement par nos croyances et notre mission, mais aussi par la façon dont [nous] sommes perçus à travers les éléments visuels et graphiques qui [nous] représentent. Ces éléments doivent être cohérents sur toutes les plateformes et donner aux gens une perception claire et unifiée de ce que sont les adventistes. »
— Rhoen Shane P. Catolico, directeur des communications, et directeur des Affaires publiques et de la liberté religieuse de la Mission de Davao, aux Philippines. Au total, 152 personnes ont participé à cet événement sur les communications. Le groupe était composé de gens passionnés par la rédaction d’histoires, par la production de vidéos et de graphiques et, de manière générale, par la création de contenu sur différentes plateformes, ce qui provoque un va-et-vient continuel. Cet événement a offert les possibilités les plus complètes en vue d’un impact sur la mission numérique consistant au partage de l’Évangile de Jésus de nombreuses manières créatives.
Plus de 150
Le nombre d’ambassadeurs qui se sont réunis lors du Sommet de la médecine par le mode de vie, dans le cadre de la campagne « 10 000 orteils ». Ce sommet de trois jours, lequel s’est tenu aux Fidji du 27 au 29 septembre, s’est focalisé sur la santé, le bien-être, et la prévention du diabète en combinant des activités physiques, des sessions de formation dirigées par des experts, et des réflexions spirituelles pour la promotion du bien-être global. Le sommet visait aussi à engager les pasteurs adventistes dans des rôles de leadership en tant que champions de la santé. Les participants ont pris part à des ateliers pratiques sur les traitements naturels, notamment les jus thérapeutiques, l’hydrothérapie, les cataplasmes, la cuisine à base de végétaux, et les massages.
« Quatre-vingt-quinze ans… Voyez comment Dieu a béni une étincelle dans le cœur d’un jeune prédicateur ! Ce ministère, lequel a commencé humblement – dans [son studio,] un poulailler [rénové dans son garage] – est aujourd’hui présent sur toute la terre dans plus de 70 langues. Il est devenu une agence d’évangélisation de première ligne pour l’Église. »
– Shawn Boonstra, actuel orateur/ directeur de La voix de la prophétie (VOP), à propos du 95e anniversaire de ce ministère. VOP a vu le jour le 19 octobre 1929, lorsque Harold Marshall Sylvester (H. M. S.) Richards Sr. a commencé à diffuser régulièrement des messages bibliques sur des stations de radio californiennes. Bientôt, le jeune évangéliste diffusait quotidiennement son programme, The Tabernacle of the Air (rebaptisé La voix de la prophétie en 1937). Ce ministère continue de se focaliser sur le soutien des efforts d’évangélisation des églises locales en produisant des ressources médiatiques de haute qualité et en organisant des événements de liaison.
Photo : Hope Channel
Une entreprise adventiste coréenne construit des puits et des écoles dans le monde entier
Sahmyook Foods a un impact mondial qui va bien au-delà du profit
Le 14 octobre dernier, lors du Concile annuel de 2024, lequel s’est tenu au siège de l’Église adventiste à Silver Spring, dans le Maryland, aux États-Unis, Sahmyook Foods – une entreprise adventiste d’aliments sains en Corée du Sud – a présenté dans son rapport ce qui constitue sa mission : servir au-delà des frontières de son pays.
RESPONSABILITÉ SOCIALE
Sahmyook Foods est devenue un exemple de « la façon de donner la priorité à la responsabilité sociale et de l’intégrer dans les activités [de l’ Église] », a d it Soon Gi Kang, président de l’Union des fédérations coréennes.
Les chefs d’entreprise ont ensuite expliqué comment on peut mettre en œuvre l’accent sur la mission, même en dehors du cadre traditionnel de l’Église. Parmi eux, Minhyung Kim, directeur des ventes internationales de Sahmyook, a indiqué que les dirigeants de l’entreprise « sont convaincus qu’en fournissant des aliments nutritifs, non seulement ils nourrissent le corps, mais aussi favorisent le bien-être général ». Ils ont pour objectif principal d’« apporter la santé au monde », a-t-il ajouté, reconnaissant que le bien-être physique peut être une voie vers le bien-être général, y compris la croissance spirituelle.
En tant que deuxième plus grand producteur de lait de soja en Corée du Sud, Sahmyook Foods considère que la nutrition n’est qu’un aspect de son œuvre, a dit Minhyung Kim. Il a expliqué que les entreprises peuvent avoir un impact social significatif en donnant la priorité au service communautaire et à l’éducation, en plus
de la rentabilité. Minhyung Kim : « La plupart des entreprises visent des profits importants, mais Sahmyook Foods a un objectif qui nous motive. Nous nous efforçons de soutenir l’éducation en Corée du Sud et de répandre un message de santé globale. Telle est notre mission. »
SAHMYOOK FOODS ET « J’IRAI »
Dans cette optique, Sahmyook Foods a veillé à ce que sa mission de grande envergure s’inscrive dans le cadre de la stratégie « J’irai » de l’Église adventiste, en particulier tandis que l’entreprise cherche à soutenir les communautés vulnérables. Dans le domaine de l’éducation, Sahmyook Foods soutient 27 institutions en Corée du Sud, notamment des écoles, des universités, et d’autres centres d’apprentissage. En affectant ses bénéfices à ces institutions, Sahmyook Foods cherche à maintenir un engagement tangible en faveur de l’amélioration de l’accès à l’éducation et de la qualité de l’enseignement, ont dit les dirigeants de l’entreprise.
VIVRE LA MISSION
Afin de favoriser une culture d’entreprise conforme à ses valeurs spirituelles, Sahmyook encourage ses employés à considérer leur travail non seulement comme un emploi, mais aussi comme un appel – comme une occasion de faire une différence positive dans le monde.
Minhyung Kim : « Nos employés comprennent que leur travail ne se limite pas à la production de denrées alimentaires. Ils font partie d’une mission plus large, laquelle consiste à améliorer des vies et à répandre l’espoir. Ce sentiment d’utilité dynamise notre équipe et donne un sens à tout
ce que nous faisons. »
Actuellement, plus de 350 employés sont personnellement engagés dans des initiatives de service communautaire, ont indiqué les dirigeants. En Corée du Sud, les employés participent activement à des projets locaux, tels que la réparation de maisons pour des groupes vulnérables, et un service de popote roulante pour les personnes âgées. Au niveau international, des équipes de bénévoles de Sahmyook Foods se rendent dans des pays comme le Cambodge, la Mongolie et le Kenya, où ils entreprennent des projets tels que la construction d’écoles, de clôtures, le forage de puits, et l’installation de toilettes.
En outre, lorsque des catastrophes naturelles se produisent, Sahmyook Foods joue un rôle important dans l’aide aux sinistrés en Asie et sur d’autres continents, ont indiqué ses dirigeants. L’entreprise offre à la fois une aide immédiate et un soutien à long terme aux communautés affectées en assistant les personnes dans le besoin, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances.
UN
MOT SUR SAHMYOOK FOODS
Fondée en 1982 à Séoul, Sahmyook Foods (Sahmyook Sikpoom) produit une variété de lait de soja et de produits végétariens. L’entreprise fonde ses performances sur la recherche de « la réalisation de l’amour de l’humanité à travers la santé dans le monde entier ». Selon ses dirigeants, en donnant la priorité à la santé, à l’éducation et au service à la communauté, Sahmyook Foods offre un modèle de responsabilité d’entreprise qui fait écho aux valeurs universelles de compassion, de service, et de bien-être global.
Jeanne Damasio, ANN, et Adventist World
Le secrétaire de la GC appelle les dirigeants à redoubler d’efforts et à relever les défis de la mission
Erton Köhler évoque les occasions qui s’offrent aux missionnaires
Marcos Paseggi, Adventist World
Le 13 octobre 2024, Erton Köhler, secrétaire général de la GC, a présenté son rapport aux membres du comité exécutif.
Le 13 octobre dernier, lors du Concile annuel de la Conférence générale (GC), lequel s’est tenu à Silver Spring, dans le Maryland, Erton Köhler, secrétaire de la GC, a dit que le rapport du secrétariat a été « un moment précieux pour partager avec vous une image de notre Église et de sa mission mondiale ». Erton Köhler et son équipe ont fait état de la croissance de l’Église et d’autres chiffres, mais sont allés au-delà des statistiques pour examiner la genèse de la mission adventiste, pour discuter de l’état actuel du déploiement missionnaire, et pour partager certaines des possibilités et des défis de la mission.
QUELQUES CHIFFRES
David Trim, directeur du Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche de la GC, a dit que les adhésions à l’Église adventiste ont pleinement repris après la pandémie de COVID-19. En 2023, l’Église a accueilli plus de 1 465 000 nouveaux membres. « En fait, 2023 a connu le plus grand nombre d’adhésions nettes de toute l’histoire de l’Église adventiste », a précisé David Trim. En même temps, plus de 836 000 personnes ont quitté l’Église en 2023 (sans compter les décès) – ce qui représente le troisième chiffre le plus élevé jamais consigné. Actuellement, le pourcentage de membres qui quittent l’Église approche 43 pour cent.
En ce qui concerne le ratio de membres adventistes par rapport à la population mondiale, on compte
actuellement 1 adventiste sur 350 personnes (contre 1 adventiste sur 519 personnes en 2000).
UNE COMPRÉHENSION ÉTAPE PAR ÉTAPE
Passant à la genèse de la mission adventiste, Erton Köhler est revenu sur l’estrade pour souligner comment les dirigeants et les membres de l’Église, au milieu du 19e siècle, ont passé par plusieurs étapes avant d’être prêts à se lancer dans la mission à l’échelle mondiale. Il a raconté comment, en 1874, les dirigeants de l’Église ont voté l’envoi de J. N. Andrews en Suisse en tant que premier missionnaire officiel.
Malgré de maigres ressources et un manque de structures, l’Église a avancé dans la foi, a souligné le secrétaire. Erton Köhler : « Aucune crise ne devrait arrêter la progression de la mission mondiale. Dieu est le Propriétaire de l’Église et de la mission. Il ouvre toujours des portes pour que sa mission progresse. »
FAIRE AVANCER LA MISSION
Dans la dernière partie de son rapport, Erton Köhler a évoqué le Recentrage de l’approche des missions – une initiative de la GC visant à réorienter davantage de fonds et de ressources vers le champ missionnaire mondial. Cet accent mis sur le service missionnaire de première ligne a nécessité des ajustements financiers à tous les niveaux de l’Église, a-t-il reconnu, mais il donne déjà des résultats tangibles.
Cette nouvelle orientation s’est traduite, entre autres initiatives, par la réouverture de l’Église adventiste de Bagdad, en Irak, laquelle était fermée depuis 2003. Cette réouverture a été possible grâce à une famille envoyée pour servir dans cette région du monde, a indiqué Erton Köhler. « Le Recentrage de l’approche des missions n’est plus un rêve ou un projet, mais une réalité ! » a-t-il lancé.
TROIS FENÊTRES
MISSIONNAIRES
Erton Köhler s’est ensuite penché sur ce qu’il appelle les « trois fenêtres missionnaires », lesquelles sont présentes dans toutes les régions de l’Église. Il s’agit de la fenêtre 10/40 (une région du monde où habite la majeure partie de la population mondiale, mais où les chrétiens constituent une minorité), de la fenêtre post-chrétienne, et de la fenêtre urbaine. Erton Köhler : « Sur votre territoire, vous n’avez peut-être pas de pays faisant partie de la fenêtre 10/40, mais vous avez de vastes territoires ou groupes de personnes non atteints ou peu atteints. Il est temps de réorganiser […] toutes nos ressources et de les focaliser sur notre mission. Et lorsque nous relèverons les défis de notre mission, Dieu nous enverra les ressources dont nous avons besoin. »
« L’argent doit suivre la mission et non l’inverse, a-t-il ajouté. Ainsi, nous pouvons aller de l’avant avec audace, alors que nous faisons confiance au Propriétaire de la mission. »
Photo : Tor Tjeransen / Adventist Media Exchange (CC BY 4.0)
Les adventistes du Kenya marquent 150 ans de mission à l’échelle mondiale
Le 28 septembre dernier, la Fédération de Kenya Lake (KLC) – une région administrative de l’Église adventiste au sein de l’Union des fédérations de l’ouest du Kenya (WKUC) dans la Division Afrique centre-est (ECD) – a célébré une étape remarquable, soit 150 ans de mission adventiste dans le monde, et près de 120 ans de présence adventiste au Kenya.
Cet événement spécial du sabbat a eu lieu à l’école primaire de Gendia – le site même où le premier missionnaire adventiste a œuvré au Kenya. Il a commencé cette aventure en 1906, créant une atmosphère remplie d’inspiration et de réflexion, ont dit certains participants à la commémoration. L’événement n’a pas seulement rendu hommage au riche héritage historique, mais a aussi mis en évidence l’impact durable de la foi, du service, et du développement communautaire, lequel continue à prospérer dans la région, ont ajouté les dirigeants de l’Église régionale.
Emmanuel Pelote, directeur des communications de l’ECD, était l’invité spécial, ainsi que Robert Muhune, secrétaire adjoint de l’ECD, et Japheth Ochorokodi, secrétaire de WKUC. Figuraient aussi parmi les invités des représentants de toutes les institutions adventistes au sein de la KLC, notamment Philip Gai, PDG de l’Hôpital adventiste de
Kendu, et Alvin Eliamani, directeur général de la maison d’édition Africa Herald Publishing House. En outre, des pasteurs de première ligne, des directeurs de département, et des ouvriers de l’Église ont participé à cette réunion, contribuant ainsi à la diversité de la représentation.
Dans le respect des règles liturgiques traditionnelles, le programme a été vibrant et édifiant. Il a célébré l’importance des 150 ans d’efforts missionnaires dévoués de la part des adventistes dans le monde entier. En même temps, Ingalish Sati, Churchill Nyakinda et Polycarp Akoko ont raconté l’histoire inspirante de la mission de Gendia, en soulignant comment l’œuvre pionnière des premiers missionnaires a jeté les bases de la communauté ecclésiale prospère que nous voyons aujourd’hui dans cette région. Philip Gai a aussi raconté la riche histoire de l’Hôpital adventiste de Kendu, anciennement connu sous le nom d’Hôpital de Gendia, soulignant son rôle vital dans les soins de santé et la mission spirituelle de la région.
M. Ochorokodi a félicité KLC « pour son engagement inébranlable dans l’œuvre missionnaire », soulignant « l’impact profond de ses efforts pour faire avancer la mission de l’Église et pour répondre aux besoins spirituels et sociaux de la population locale ». Selon les participants, le sermon
Cette commémoration s’est déroulée sur le site où les premiers missionnaires du pays ont servi
convaincant d’Emmanuel Pelote a été le clou de l’événement. Ce dernier a raconté avec passion la vie de John N. Andrews, détaillant les défis et les triomphes de ce pionnier missionnaire. « Ne vous contentez pas d’être des membres d’église ! Assumez activement votre rôle de missionnaires dans les communautés », a lancé Emmanuel Pelote à la congrégation. Il a appelé ses auditeurs à l’humilité et à une approche du leadership centrée sur Christ, encourageant chacun à laisser Jésus régner dans sa vie.
L’événement du 28 septembre a servi à rappeler la puissance transformatrice de la foi et l’importance d’un dévouement continu envers l’œuvre missionnaire, laquelle a contribué de manière significative à l’éducation, aux soins de santé, et à la croissance spirituelle dans la région, ont souligné les dirigeants de l’Église régionale.
« Alors que la mission dans cette région célèbre […] l’œuvre adventiste, elle témoigne de l’héritage durable de ces premiers missionnaires, et de l’engagement continu de la communauté adventiste à élever et à renforcer la population de la région », ont-ils dit.
Après le message d’Emmanuel Pelote, Robert Muhune a consolidé ces thèmes. Il a exhorté ses auditeurs à approfondir leur foi et à faire la distinction entre une simple présence et un discipulat authentique. Par ailleurs, il a invité les participants à s’avancer, à s’engager sur le vrai chemin de la foi pour que leur vie soit transformée, et à résister aux distractions du monde, ont rapporté les dirigeants de l’église. « Cet appel à l’action a souligné l’importance de l’événement, lequel n’était pas une simple célébration, mais un engagement renouvelé envers la mission de l’Église dans les années à venir », ont-ils conclu.
Benson Okech Ogayo, Fédération de Kenya Lake, et Adventist World
Emmanuel Pelote, directeur des communications de l’ECD, prêche lors de la célébration commémorative dans l’ouest du Kenya.
Photo : Fédération de Kenya Lake, Union des fédérations de l’ouest du Kenya
Gros plan sur la mission
Le déploiement missionnaire révèle des changements et des possibilités
Le directeur de Mission adventiste décrit l’accent mis sur le travail de première ligne
« Récemment, le comté de Montgomery, dans le Maryland, a été nommé le comté le plus diversifié des États-Unis en matière de religion », a déclaré Gary Krause, directeur de Mission adventiste, le 13 octobre dernier. S’adressant aux membres du Comité exécutif de la Conférence générale (EXCOM) lors du Concile annuel de 2024 de l’Église adventiste, Gary Krause a rappelé aux dirigeants de l’Église que le siège de la Conférence générale des adventistes du septième jour – lieu de la réunion annuelle à Silver Spring – est situé dans les limites du comté de Montgomery.
« Dans un rayon d’environ 20 minutes en voiture autour de ce bâtiment, on trouve au moins 10 temples hindous ou jaïns… et au moins 13 mosquées et centres islamiques. En fait, juste en haut de la rue, il y a une chaîne de télévision internationale musulmane. »
En raison des déplacements forcés, des migrations transfrontalières volontaires, et des migrations internes des zones rurales vers les zones urbaines, la diversité ethnique et religieuse s’est considérablement accrue dans de nombreux endroits, a expliqué Gary Krause.
UNE JUSTIFICATION POUR LE RECENTRAGE DE L’APPROCHE
DES MISSIONS
Selon Gary Krause, la situation
actuelle justifie le Recentrage de l’approche des missions auquel l’Église adventiste est confrontée aujourd’hui dans la fenêtre 10/40 (une région du monde où la plupart des gens habitent, mais où les chrétiens constituent une minorité), la fenêtre postchrétienne, et la fenêtre urbaine. Presque toutes les régions de l’Église ont été touchées par ces fenêtres dans une certaine mesure, a-t-il dit.
Les fenêtres du Recentrage de l’approche des missions sont non seulement des défis pour la mission, mais aussi des occasions pour la mission, a précisé Gary Krause. Il a partagé quelques données sur les missionnaires de première ligne, dont 2 500 pionniers de Mission globale, 79 « faiseurs de tente » dans la fenêtre 10/40, et 774 bénévoles de Service volontaire adventiste. Pourtant, il y a encore beaucoup à faire, a poursuivi Gary Krause. À titre d’exemple, il a mentionné que VividFaith, le bureau de l’Église qui met en relation des bénévoles potentiels avec des postes de bénévoles dans le monde entier, compte une liste de plus de 17 000 intéressés au service, mais moins de 800 centres d’intérêt. Gary Krause : « Moins de 800 contre 17 000. Pouvez-vous imaginer l’énergie, la jeunesse et la créativité représentées par ce nombre de plus de 17 000 ? Imaginez combien ils pourraient faire bouger les choses s’ils se mettaient au service de la société ! Quelle différence pour les églises, les écoles, les communautés, les programmes d’évangélisation, les initiatives en matière de santé, les entités en difficulté dans votre région du monde ! Mais pour une raison ou une autre, nous n’exploitons pas cette mine d’or de jeunes talents enthousiastes et disponibles pour le service. »
UN CHANGEMENT MISSIONNAIRE
Alors que les divisions de l’ Église mondiale ajustent leurs budgets pour affecter davantage de fonds aux missionnaires de première ligne, l ’ Église mondiale reçoit les noms de missionnaires disposés à relever les plus grands défis. Certaines régions sollicitent aussi l’aide d’autres régions. « Par le biais du parrainage, h uit divisions et unions financent des missionnaires et des initiatives missionnaires dans 10 autres divisions et unions », a indiqué M. Krause. Robert Folkenberg III sera l’un des premiers missionnaires de l’initiative Recentrage de l’approche des missions à se rendre sur le terrain. En novembre, il quittera le Canada avec sa femme et ses filles encore jeunes pour s’installer au Danemark afin de se consacrer à l’établissement d’églises dans cette fenêtre postchrétienne sécularisée.
Depuis quatre ans et demi, Robert Folkenberg a été planteur d’ églises à Squamish, en Colombie-Britannique – une communauté connue pour son haut niveau de laïcité. Robert Folkenberg, dans un message vidéo : « Lorsque nous nous sommes installés là-bas, il n’y avait pas d’ église . Ça a été un défi difficile, certes, mais incroyablement gratifiant de passer les dernières années à s’investir dans une nouvelle église qui aujourd’hui existe. »
Robert Folkenberg a expliqué qu’à travers cette expérience, lui et sa famille sont devenus « très passionnés par le potentiel et la puissance de l’établissement d’églises ». Aujourd’hui, avec l’aide de Dieu, ils espèrent répéter cette expérience dans la ville postchrétienne de Copenhague.
Photo : Tor Tjeransen / Adventist Media Exchange (CC BY 4.0)
Gary Krause, directeur de Mission adventiste de la GC, parle de l’état du bénévolat adventiste.
Sous les projecteurs
La grâce qui abonde
Reconnaître et refléter la grâce de Dieu
Un jour, alors que j’étais en entrevue, on m’a posé la question suivante : « Si on vous demandait de prêcher, quel thème de prédication choisiriez-vous ? » Alors que mes yeux s’embuaient de larmes, j’ai répondu immédiatement : « La grâce de Dieu. Aucune concurrence possible. La grâce. »
Quelques années avant cette entrevue, je n’aurais peut-être pas répondu ça. Que s’est-il donc passé ? Simplement que Dieu m’a fait passer par un changement de paradigme pour m’amener là où la grâce occupe une place prépondérante dans ma vie.
MON CHEMINEMENT
Je suis Pilira – une légaliste en voie de guérison. Lorsque Dieu m’a lancée dans ce cheminement, l’épître de Paul aux Romains avait déjà changé ma vie. Ce changement s’est produit de manière tout à fait inattendue.
Étant une adventiste de troisième génération, j’ai grandi avec « Les belles histoires de la Bible » et « Racontenous une histoire » d’Arthur Maxwell. Mon grand-père maternel était pasteur adventiste. Mon père a été élevé par son oncle, lui aussi pasteur adventiste.
Mes parents étaient des chrétiens engagés et des dirigeants de l’Église qui aimaient Jésus et leur prochain. Dans notre salon, il y avait une œuvre d’art représentant Jésus avec une couronne d’épines. Malgré la tristesse de son expression, ce tableau gardait vivante la vérité de l’amour et de la mort sacrificielle du Christ. Dans notre salle à manger, une plaque nous rappelait, à chaque repas, que « Christ est le chef de cette maison, l’invité invisible de chaque repas, l’auditeur silencieux de chaque conversation »1. Comme j’ai toujours aimé les mots, je ne me suis jamais lassée de lire cette plaque. Et naturellement, son impact sur ma vie ne s’est pas démenti. Malheureusement, je ne considérais pas tout à fait ce message comme mettant l’accent sur Jésus, le Compagnon et tendre Ami, mais plutôt comme un avertissement : « Fais attention à ce que tu dis, car Jésus écoute ! » Somme toute, mon jeune cœur a été attiré par Dieu depuis l’enfance. J’aimais tellement Jésus que je voulais vraiment lui plaire. Au fil des ans, j’ai acquis beaucoup de connaissances scripturaires. Mais, à mon insu, j’ai tout de même été entraînée dans le monde du légalisme,
avec son attitude exclusiviste, critique, moralisatrice, et plus sainte que les autres. Ce n’est pas que j’étais une affreuse personne, non ; je me disais simplement et souvent : Je suis une tellement bonne adventiste ! Qu’est-ce que Dieu doit m’aimer pour ça ! Petit à petit, Dieu a commencé à remettre en question ma propre justice et ma condamnation de ceux que je considérais comme insuffisamment bons parce que leurs croyances et pratiques ne correspondaient pas aux miennes. Ces manifestations de la grâce ont atteint progressivement leur point culminant lorsqu’un pasteur et érudit adventiste de l’Université de Barraton, au Kenya, est venu à notre église pour donner une étude d’une semaine ayant pour thème l’épître aux Romains. Dès le début, il nous a lancé le défi suivant : « Si vous comprenez le message que je vais partager avec vous, votre vie ne sera plus jamais la même ». Étant maintenant adulte, j’ai pourtant réagi avec le cynisme que j’avais développé au fil des ans. Je suis allée jusqu’à dire à mon mari : « C’est du rabâchage ! Qu’est-ce qu’il va nous dire qu’on ne sait pas déjà ? » J’étais loin de me
PILIRA ZAPITA
Photo : Shuang
douter que Dieu était sur le point d’ébranler les fondements mêmes de ma théologie !
Au terme de cette semaine-là, une nouvelle étape s’est amorcée dans ma vie – une ère de dévoilement progressif de cette incroyable réalité qu’est la grâce ! Pendant les quelques mois qui ont suivi, j’ai pleuré beaucoup, et j’ai demandé à Dieu : « Comment est-ce que j’ai pu passer à côté de ta grâce ? » J ’ai compris plus tard que certains imprimés de l’Église et ma propre loupe d’interprétation –alors que j’étais bien intentionnée – avaient obscurci ce que l’histoire biblique crie haut et fort : « Dieu est grâce et t’aime passionnément ! » Ma loupe, au contraire, hurlait : « Observe les lois de Dieu, et Dieu t’aimera. Si tu n’es pas assez bonne pour mériter la faveur divine, Dieu te rejettera ! » Je ne sais trop comment, mais je n’avais pas vu la loi comme un fruit de la relation avec Dieu et une preuve de la présence et de la puissance du Saint-Esprit, ni compris qu’elle n’était pas un moyen de mériter son approbation.
Cette expérience m’a ouvert les yeux sur de nombreuses réalités
Alors que je vivais dans le mensonge selon lequel Dieu m’aimait à cause de mes bonnes œuvres, j’ai découvert qu’en Christ, la grâce de Dieu m’étreint !
nouvelles. En voici quelques-unes. 1) Dieu m’aime et m’accepte. Ayant l’assurance d’être sauvée en Christ, je suis en sécurité. Alors que je vivais dans le mensonge selon lequel Dieu m’aimait à cause de mes bonnes œuvres, j’ai découvert qu’en Christ, la grâce de Dieu m’étreint. Cette découverte a complètement changé ma vie ! Quel immense soulagement j’ai éprouvé en découvrant qu’il m’est impossible d’être sauvée par mes œuvres ! Par conséquent, j’ai joyeusement troqué la performance contre la grâce. C’est ainsi qu’a commencé le processus de toute une vie de véritable discipulat : apprendre, désapprendre, réapprendre. J’ai été remplie de joie en voyant Dieu défaire les nombreux mensonges que j’en étais venue à croire sur lui, sur moi-même, sur les autres, sur l’Église, et sur le monde au fil des ans ! Ensuite, j’ai été attirée au cœur même des discours d’adieu du Christ dans Jean 13 à 17. Le passage d’une spiritualité centrée sur les œuvres à une spiritualité centrée sur la relation avec Jésus a fait naître en moi la soif de cette union qui consiste à demeurer en Christ. Il n’a pas fallu longtemps
pour que je saisisse la réalité des paroles du Christ : « Sans moi vous ne pouvez RIEN faire » ( Jn 15.5 ; c’est moi qui souligne). Alors que l’Esprit de Dieu me confrontait à ma vie intérieure vulnérable, j’ai découvert que mon seul espoir était de m’appuyer sur la totale suffisance du Christ. Le légalisme m’avait enseigné la condamnation de moi-même et des autres, la culpabilité, la honte, et le sentiment sous-jacent que je n’étais pas et ne serais jamais assez bonne. Jésus a commencé à remplacer ces distorsions par le pardon, l’espérance, l’acceptation, l’honneur, la sécurité et la dignité, reconnaissant que tant que je viens à Christ par la foi, je peux être assurée qu’il me pardonnera, me purifiera (1 Jn 1.9), et achèvera cette bonne œuvre qu’il a commencée en moi (Ph 1.6).
UNE CONSÉQUENCE INATTENDUE
Le changement de paradigme qui a remplacé une religion légaliste imperceptible par une spiritualité centrée sur la relation a eu des conséquences auxquelles je ne m’attendais pas, au-delà même de celles qui m’ont touchée personnellement. L’une d’entre elles a
été la profonde compassion que l’Esprit de Dieu a suscitée en moi à l’égard des « égarés ». Quelque chose a changé en moi, car je me voyais désormais dans la même position que celle de tous les « pécheurs » (voir Rm 3.23,24) – en particulier ceux à qui certains jettent la pierre par leurs paroles, leurs silences, leurs actions, et leurs inactions. Telle une aveugle, je ne voyais pas l’étendue de mon pharisaïsme et de mon exclusivisme. Dieu a commencé à me prêter sa loupe pour regarder les gens, en particulier ceux qui ont des problèmes complexes parce que nous vivons dans un monde déchu et brisé. J’ai commencé à avoir des relations différentes avec ceux qu’on m’avait appris – même par inadvertance – à fuir, à éviter, à étiqueter. Alors, certains ont pensé – et pensent encore – que j’étais trop tolérante et que je tolérais le péché. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que mon cœur a été amené à regarder au-delà des défauts des gens et à discerner leur valeur inestimable, laquelle est obscurcie par toutes les ruptures de la vie. Nous avons tous besoin de la grâce abondante de Dieu, et nous pouvons partager ce don révolutionnaire aussi librement que Dieu le donne et que nous le recevons.
QU’EST-CE QUE LA GRÂCE ?
Certains mots et concepts associés au nom hébreu khen, et au mot grec charis, tous deux souvent traduits par grâce, sont « faveur » ; « attrait » ; « réjouissance » ; « bonté » ; « délices » ; « Dieu s’étendant librement […] s’approchant (s’inclinant devant) des gens parce qu’il est disposé à les bénir (à être près d’eux) »2. Au sujet de Jésus, Jean écrit : « Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce ; nous avons reçu une bénédiction après l’autre. » ( Jn 1.16, BFC)3. C’est là la générosité illimitée, débordante, libre et intégrale de Dieu, déversée sur le monde.
LE SCANDALE DE LA GRÂCE ET LE PROBLÈME
DE LA « NON-GRÂCE »
Dans un monde rempli de « nongrâce », comme l’appelle Philip Yancey4,
l’idée de recevoir quelque chose sans qu’on le mérite paraît inconcevable, absurde, désagréable. La culture du monde, portée par un large éventail d’idéologies et de religions selon lesquelles on doit faire des œuvres pour gagner quelque chose, trouve ridicule et impossible le concept et la réalité d’un don qui coûte tout à celui qui le donne, et est donné gratuitement à celui qui le reçoit. La recherche de la performance semble inhérente à de nombreuses cultures et religions. Elle est souvent internalisée par des processus systémiques qui célèbrent et récompensent ceux qui travaillent dur, et qui punissent d’une manière ou d’une autre ceux qui ne le font « apparemment » pas. En disant cela, je ne cherche pas à critiquer cette façon de penser et d’agir, mais simplement à souligner à quel point elle est si inhérente à la vie qu’il devient très difficile d’accepter le don gratuit de la grâce de Dieu. Cependant, les Écritures enseignent très clairement ce qui suit : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Ep 2.8-9)
Les exemples de « non-grâce » parmi nous sont nombreux, depuis ce qui est personnel jusqu’à ce qui est systémique. Certains ont affirmé que la « non-grâce » est encore plus répandue parmi ceux qui prétendent suivre le Christ. En effet, comme l’histoire l’a montré, lorsqu’on croit que Dieu approuve ou impose quelque chose, on peut aussi penser à tort que la division et la passion – alimentées par une haine incitant parfois jusqu’au meurtre, métaphoriquement et littéralement – sont justifiées. Pourtant, de nombreux théologiens ont affirmé que la grâce est le meilleur don du christianisme au monde. Comment concilier tout ça ?
Quelle que soit la manière dont la « non-grâce » se manifeste en chacun de nous, elle révèle notre besoin commun de grâce. La Bible affirme qu’il n’y a pas de juste (Rm 3.10), et que nous pouvons nous tromper quant à notre véritable condition (Jr
17.9). Ces textes bibliques et bien d’autres encore soulignent que le problème de notre nature déchue nécessite plus qu’un simple changement de comportement. Seules la grâce rédemptrice et la justice du Christ sont suffisantes pour expier les batailles intérieures et extérieures auxquelles nous sommes confrontés chaque jour – l’orgueil spirituel, une disposition à juger autrui, la colère, la disposition à ne pas pardonner, et le sentiment sous-jacent que nous devons, d’une manière ou d’une autre, nous mériter l’approbation de Dieu.
LA GRÂCE : À QUOI
RESSEMBLE-T-ELLE ?
Essayons de répondre brièvement à cette question en nous basant sur la manière dont Jésus a vécu sur terre – Dieu fait homme, imprégné de la présence et de la puissance du Saint-Esprit. Il semble que les érudits s’entendent sur le fait que les quatre Évangiles visent différentes communautés de foi et contiennent donc des accents différents. Cependant, je propose que les quatre mettent l’accent sur la manière dont Jésus manifestait son amour – un amour profond, inclusif, et hors des sentiers battus, un amour attirant dans son cercle les parias, les marginalisés et les ostracisés (voir Mt 9.10-13 ; Mc 2.15-17 ; Lc 7.36-50 ; Jn 4.4-42) : ils se sentaient tous à l’aise avec lui ! Certains érudits notent que Jésus ne ciblait pas la « politique » au sens contemporain du terme ; cependant, la vie révolutionnaire du Christ était très politique. Voyez comment il a eu des ennuis avec les pouvoirs systémiques religieux et politiques de son époque – ce qui lui a finalement coûté la vie. Ce Christ contre-culture révélé dans les Évangiles était la personnification même de la grâce abondante de Dieu. Dans l’ensemble, les Évangiles dépeignent Jésus comme adressant ses plus sévères reproches non pas à ceux qui s’étaient égarés, non pas à ceux qui luttaient ou étaient des étrangers, mais à ceux qui, ayant été désignés comme dépositaires de la
grâce de Dieu, avaient on ne peut plus mal représenté ce dernier. Au lieu de donner la priorité aux relations plutôt qu’aux livres de règles, à la miséricorde plutôt qu’aux exigences morales, à une communauté affectueuse plutôt qu’à une communauté qui juge et exclut, ils ont déformé l’image de Dieu. Jésus a apporté la vision divine qui guérit – la vision qu’il nous faut tous connaître et dont il faut faire l’expérience : Dieu est abondamment gracieux et inclusif !
COMMENT ALORS NE PAS FAIRE PREUVE DE GRÂCE ?
J’ai commencé cet article en partageant mon cheminement vers la prise de conscience de la grâce. Cela a transformé ma vie, m’a donné de la dignité, m’a enlevé un sentiment de honte sous-jacent, et m’a permis de vivre ma vie à partir de l’amour inébranlable de Dieu. Au fil des années, cependant, à mesure que j’approfondis ma connaissance, ma compréhension et mon expérience de la grâce de Dieu, je me rends compte à quel point la grâce comptera toujours pour moi. Je remarque combien je peux devenir impatiente avec des gens qui sont là où j’étais autrefois : légalistes, exclusifs, enclins à juger autrui, et critiques envers ceux qui ont le plus besoin de la grâce transformatrice de Dieu. Alors que mon cœur saigne de plus en plus à cause des horribles souffrances, de l’injustice, de l’oppression systémique, de la douleur, du désespoir, de la pauvreté, du péché, et du mal dans ses nombreuses manifestations, je prends conscience de mon besoin de la grâce afin de pouvoir aussi être encline à aider ceux qui sont en train de désapprendre, d’apprendre, et de réapprendre ; ceux qui, selon moi, devraient être mieux informés. Alors que nous sommes tous en cheminement, nous sommes mis au défi de recevoir et de dispenser continuellement la grâce.
Actuellement, je vis l’appel que j’ai reçu de Dieu pour dénoncer l’oppression systémique et les injustices sociales, en particulier à travers le prisme de l’Esprit de Dieu de la vie glo-
bale. Cependant, ce même Esprit qui enflamme ma passion de nous donner pour défi d’être imputables à Dieu sur la façon dont nous nous traitons les uns les autres, m’appelle aussi à incarner la grâce envers ceux dont je ne partage vraiment pas les opinions. La grâce ne signifie pas que les critiques ne doivent pas être formulées ou doivent être laissées de côté ; sinon, les fortes voix prophétiques de la Bible n’existeraient pas, ni la voix prophétique de Jésus envers les chefs religieux de son temps. Cependant, la grâce, tout en offrant avec ferveur un correctif, favorise aussi un amour inclusif et global – ce qui est tout à fait révolutionnaire dans un monde de plus en plus polarisé par le pouvoir et les systèmes qui perpétuent la haine contre « l’autre ». Si nous nous souvenons qu’aucun d’entre nous n’égalera jamais la perfection du Christ de ce côté-ci de l’éternité, nous soutiendrons la grâce de Dieu, nous nous accrocherons à cette grâce, à la toute-suffisance du Christ, et à l’Esprit qui habite en nous. Ainsi, quand nous trébucherons, le pardon et la restauration ne seront jamais occultés, parce que nous savons que notre performance ne nous fera jamais nous mériter l’amour de Dieu. Dieu reste abondamment rempli d’amour, gracieux, généreux, fidèle, et disposé à pardonner à tous ceux qui se repentent et acceptent son amour. C’est cette perspective imprégnée de grâce, plutôt qu’une perspective légaliste qui se donne l’objectif impossible de se mériter la grâce, que j’ai choisi d’incarner jusqu’à la fin de mes jours !
1 Auteur anonyme.
2 HELPS Word Studies, https: biblehub.com/Greek/5485.htm
3 Bible en français courant.
4 Philip Yancey, What’s so Amazing About Grace?, révisé et mis à jour, Zondervan, Grand Rapids, MI, 2023.
Pilira Zapita poursuit un doctorat en théologie systématique à l’Institut d’enseignement supérieur King’s College de Londres, où elle travaille aussi en tant qu’assistante pédagogique diplômée. Elle est aussi chargée de cours invitée à l’Institut d’enseignement supérieur Newbold.
Si nous nous souvenons qu’aucun d’entre nous n’égalera jamais la perfection du Christ de ce côté-ci de l’éternité, nous soutiendrons la grâce de Dieu, nous nous accrocherons à cette grâce, à la toutesuffisance du Christ, et à l’Esprit qui habite en nous.
Sous les projecteurs
Plus de grâce encore
Gérer les personnes « difficiles »
K’DEE CREWS
Àla question « Comment gérez-vous les personnes difficiles ? », une personne en particulier vous vient-elle à l’esprit ? J’imagine qu’il y en a au moins une. Faire face à des personnes difficiles est une partie inévitable de la vie. Tout le monde a donc intérêt à se pencher sur ce sujet. Imaginez à quel point vos relations seraient différentes à la maison, à l’église ou au travail si vous saviez comment gérer les personnes difficiles !
Lorsqu’on parle de relations, il est toujours important de reconnaître qu’on ne peut pas changer ou contrôler les autres. Par conséquent, cet article se focalisera sur ce que vous pouvez contrôler alors que nous explorons sept étapes pratiques pour gérer les personnes difficiles.
1. S’EXAMINER SOI-MÊME
Lorsqu’on a affaire à des personnes difficiles, la première étape consiste à se regarder dans le miroir et à se demander : « Est-ce que la personne difficile, c’est moi ? » Selon Pamela Meyer, auteur et spécialiste du mensonge, nous nous
trompons nous-mêmes environ 10 à 200 fois par jour1 ! Nous lisons dans Jérémie 17.9 que « Le cœur [l’esprit] est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? » La projection, vous connaissez ? C’est une forme courante d’auto-illusion. La projection, c’est penser que les autres ont des qualités négatives que l’on a soi-même. Nous pouvons penser que les autres sont difficiles parce que nous avons projeté nos propres difficultés sur eux. En tant que psychologue, je constate régulièrement que mes clients font de la projection. Ils se plaignent d’un conjoint, d’un enfant, d’un collègue, d’un pasteur, ou même d’un agent du service à la clientèle qu’ils considèrent comme difficile… alors que c’est manifestement eux qui le sont !
Dans Matthieu 7.3, Jésus décrit l’importance de faire un examen de conscience. « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » Pour être plus direct, « Pourquoi qualifies-tu ton “frère” de “difficile” sans te rendre compte que c’est toi qui es “difficile” ? » Jésus donne ensuite une recommandation à ses auditeurs : « Ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. » (v. 5) Autrement dit, travaillez d’abord sur votre propre difficulté, puis vous pourrez discerner les difficultés des autres et la manière de les traiter. Faites la prière que l’on trouve dans Psaumes 139.23,24 : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-
moi, et connais mes pensées ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité ! »
2. ASSUMER SA RESPONSABILITÉ
Les gens disent souvent : « Cette personne m’a mis en colère » ou « Ils ont déclenché ma colère ». Or, ce n’est pas tout à fait vrai ! Des gens peuvent influencer vos sentiments, mais personne ne peut vous faire ressentir quoi que ce soit. Au lieu de blâmer les autres, acceptez la responsabilité de votre réaction et demandez ensuite : « Qu’est-ce qui en moi est déclenché par cette personne ? » Les personnes les plus mûres sur le plan émotionnel sont celles qui sont conscientes d’elles-mêmes et qui assument leur
responsabilité. Même si le jugement que vous portez sur la personne difficile est correct, il y a des choses que vous pouvez assumer et changer. Lorsque vous vous sentez interpellé, ne donnez pas de pouvoir à la personne difficile en réagissant. Sans réaction de votre part, les personnes difficiles sont impuissantes. Quand j’étais jeune, mon frère aîné nous chatouillait, ma sœur aînée et moi. Devant la réaction hystérique de ma sœur, il la chatouillait (vous l’avez deviné) encore plus ! Suite à cette observation, lorsque quelqu’un me demandait si j’étais chatouilleuse,
je disais que non. Et s’il arrivait à quelqu’un de me chatouiller, j’essayais de toutes mes forces de ne pas rire ou de ne pas me tortiller. Comme je ne réagissais pas, les autres ont perdu leur pouvoir sur moi. Il en va de même pour les personnes difficiles. Ne leur donnez pas de pouvoir
3 4
en réagissant, que ce soit sur le coup ou plus tard, en ressassant ce qu’ils ont fait ou en vous défoulant.
3. REDÉFINIR LE TERME « DIFFICILE »
Une étape essentielle dans la gestion des personnes difficiles consiste à supprimer l’étiquette « difficile » que vous leur avez attribuée. L’étiquetage est une forme de jugement dans lequel nous prenons une caractéristique ou une action d’une personne et l’appliquons à l’ensemble de sa personne. Une étiquette courante et un mot à la mode aujourd’hui est « narcissique ». Les gens peuvent avoir des traits de narcissisme, mais étiqueter quelqu’un de « narcissique » le dépeint comme si c’était l’intégralité de ce qu’il est. C’est là l’objectif de Satan, car les étiquettes
« L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur [les blessures profondes et le cœur contrit]. » (1 S 16.7 ; cf. 2 Co 5.16). Au lieu d’une mentalité « nous » (ceux qui ne sont pas difficiles) versus « eux » (ceux qui sont difficiles), nous devons comprendre que nous sommes tous des pécheurs « difficiles » privés de la gloire de Dieu (Rm 3.23), et que la même grâce
condamnent les autres à subir le sort de cette étiquette et peuvent devenir une prophétie qui se réalise d’elle-même. Il en va de même lorsque nous qualifions les autres de « difficiles ». Ils peuvent penser : « J’ai été étiqueté comme étant “difficile”, alors pourquoi changer ? » Les étiquettes tendent aussi à créer une ségrégation fondée sur la race (« Noirs » versus « Blancs »), la religion (« conservateurs » versus « libéraux »), les convictions politiques (« Républicains » versus « Démocrates »), etc. De même, la ségrégation apparaît lorsque des personnes qualifient d’autres personnes de « difficiles ». Demandons-nous plutôt ce que ferait Jésus. Jésus luttait contre les étiquettes aliénantes de son époque et sondait le cœur des gens (voir Ga 3.28).
imméritée que nous avons reçue, nous devons l’étendre à d’autres. Soyons comme Dieu : supprimons l’étiquette « difficile » sur-le-champ. Dès maintenant, nous parlerons des « personnes difficiles » comme des « personnes ayant besoin de plus de grâce encore ».
4. SE CONNECTER ET ÉCOUTER
En tant que psychologue, j’écoute les histoires des gens. C’est l’une des bénédictions principales de mon
travail. Alors qu’ils m’ouvrent le rideau de leur vie, j’éprouve empathie et compassion envers eux plutôt que frustration et condamnation. Si l’on n’a pas la même occasion d’entendre les histoires des gens tous les jours, en revanche, tout le monde peut se connecter, poser des questions, et écouter les autres. On n’est pas là pour juger les autres, mais plutôt pour les écouter et faire preuve de patience
leurs forces. Jésus reconnaissait à la fois les faiblesses et les forces des gens. Il avait de la compassion pour leurs faiblesses tout en cultivant ce qu’il y avait de bon en eux.
que l’objectif principal est de retourner un article acheté, votre approche sera très différente de celle d’une relation avec votre patron, avec lequel vous interagissez fréquemment. Enfin, demandez-vous quelles sont les types d’interactions dont les « personnes ayant besoin de plus de grâce encore » sont capables. Sont-elles capables de répondre aux limites exigées ? Trop souvent, les
envers eux. Comme le dit Jacques 1.19 (NBS), « que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère ». Bo Bennett, auteur d’un ouvrage sur la pensée critique, a dit : « Si vous voulez avoir beaucoup d’expérience dans la gestion des personnes difficiles, alors, ayez des enfants2 ! » Comme les enfants, les « personnes ayant besoin de plus de grâce encore » ont, en général, des compétences émotionnelles et sociales
Nous devons faire de même avec les « personnes ayant besoin de plus de grâce encore ». Bien qu’une personne puisse avoir des difficultés interpersonnelles, elle peut être douée dans d’autres domaines qui peuvent contribuer au service. Le corps du Christ a besoin de tout le monde (1 Co 12.12-27) !
5. DÉFINIR LA DIFFICULTÉ
En écoutant au lieu d’étiqueter, vous pouvez mieux définir le problème qui interfère avec votre relation. Plusieurs éléments peuvent contribuer à des communications problématiques. Une personne peut souffrir d’un trouble physique ou psychologique, ou avoir une
gens sont frustrées par une « personne ayant besoin de plus de grâce encore » lorsqu’il devient évident qu’elle n’est pas capable d’agir différemment. Laissez-la d’abord vous apprendre qui elle est et ce dont elle est capable, puis définissez vos attentes en conséquence.
6.
FIXER DES LIMITES
Les limites sont nécessaires pour gérer les « personnes ayant besoin de plus de grâce encore », ainsi que dans toutes les relations. Le caractère de Dieu – un équilibre entre la justice et la miséricorde (Ps 85.11 ; Mi 6.8 ; Mt 23.23) – est, en matière de limites, un grand principe directeur de la Bible. L’amour humain est souvent déséquilibré ; nous avons tendance à mettre l’accent sur la justice et à négliger la miséricorde. Face aux « personnes ayant besoin de plus de grâce encore », la plupart des chrétiens tombent du
sous-développées. Peut-être devrionsnous les considérer d’un œil nouveau, comme des enfants précieux qui ont besoin de notre amour et de nos soins pour poursuivre leur développement. Aux yeux de Dieu, nous sommes tous des enfants, et il veut que les enfants viennent à lui.
La connexion et l’écoute ne créent pas seulement de l’empathie pour les faiblesses des gens, mais créent aussi des occasions de percevoir
personnalité, un mode de vie, un système de croyances ou une culture différents des vôtres. En identifiant lesquelles de ces options sont à l’origine d’une interaction difficile, vous pourrez alors déterminer une solution appropriée. Les solutions ne sont pas uniformes. Il existe de nombreuses variables. Tout dépend de votre relation avec les « personnes ayant besoin de plus de grâce encore » – qu’il s’agisse d’un membre de la famille, d’un membre de l’Église, d’une figure d’autorité, ou d’un étranger. Vous devez aussi tenir compte de la fréquence de vos interactions et de l’objectif de la relation. S’il s’agit d’une relation avec un agent du service à la clientèle que vous voyez rarement et
côté de l’excès de miséricorde (c’est-àdire des limites lâches ou inexistantes) jusqu’à ce qu’ils atteignent leur point de rupture (« j’en ai assez ») et basculent alors entièrement du côté de la justice (c’est-à-dire des limites rigides telles que l’exclusion totale de la personne de leur vie). L’équilibre entre la justice et la miséricorde dépend de la personne et de la situation. Laissez le Saint-Esprit, et non votre jugement partial, vous guider dans la fixation de limites. De la même manière, nous devons trouver un équilibre entre la justice et la miséricorde ; nous devons trouver un équilibre entre l’attention que nous portons aux autres et celle que nous nous portons à nous-mêmes. Le principe directeur de la Parole de Dieu est le suivant : aimer notre prochain comme nous-mêmes (Mc 12.31). Nous ne pouvons pas aimer les autres
si nous ne nous aimons pas et ne prenons pas soin de nous-mêmes. La fatigue et l’épuisement sont inévitables si l’on ne prend pas soin de soi de manière régulière et routinière. Même Jésus avait besoin de se fixer des limites pour prendre soin de lui-même lorsqu’il était confronté aux « personnes ayant besoin de plus de grâce encore » de son temps (par
ex., les disciples contestataires, les dirigeants accusateurs, les personnes brisées dans le besoin, etc.). Jésus se retirait souvent de la multitude pour se réfugier dans le désert (Lc 5.15,16), sur le flanc d’une montagne (Mt 14.23), ou dans un lieu solitaire (Mt 14.13 ; Mc 1.35). Il se ressourçait aussi auprès d’amis sûrs et de confiance, comme le souligne Ellen White : « C’était à Béthanie, dans la maison de Lazare, que Jésus avait souvent trouvé le repos dont sa nature humaine fatiguée avait besoin »3. Fixer et communiquer des limites n’est que la moitié de la bataille. La moitié la plus difficile, c’est de faire respecter et de renforcer les limites4
7. DEMANDER CONSEIL
Comme il n’existe pas de solution unique pour la diversité des « personnes ayant besoin de plus de grâce
la vie de ton amie ». Ma sœur a validé mon désir de prendre soin de mon amie tout en me permettant de fixer des limites pour prendre soin de moi-même. C’était comme si Jésus luimême me parlait et me disait : « Je vois ton cœur bienveillant, K’dee. Mais c’est moi qui suis son sauveur, pas toi. Remets-la entre mes mains. » J’ai ensuite partagé les difficultés de mon amie avec un adulte de confiance à l’école. Non seulement un poids énorme a été enlevé de mes épaules, mais les besoins de mon amie ont été mieux satisfaits.
Dieu nous appelle à aider les autres, mais nous ne sommes pas responsables d’eux. Faites ce que vous pouvez et remettez le reste à Dieu et aux autres.
MON TÉMOIGNAGE
En conclusion, je vais vous raconter une histoire personnelle qui illustre la puissance de l’utilisation des principes de Dieu pour non seulement faire face à une « personne ayant besoin de plus de grâce encore », mais aussi pour l’aimer. Lors de mes études secondaires, j’ai été victime d’intimidation, et souvent, je me retrouvais seule. Bien que ces années aient été difficiles, elles m’ont permis d’acquérir de l’empathie et ont fait naître en moi le désir de me lier d’amitié avec les exclus. Au cours de mes études supérieures, j’ai vécu mon amitié la plus difficile avec une « personne ayant besoin de plus de grâce encore ». La communauté adventiste locale tolérait gracieusement sa présence aux réunions sociales, mais personne ne voulait être son ami. Je dois admettre que j’ai parfois eu du mal à poursuivre cette amitié. Un jour, cet ami s’est ouvert à moi et m’a parlé de son enfance. Il m’a parlé de la négligence et de l’abandon dont il avait été victime et m’a expliqué que depuis, il testait délibérément les autres pour voir s’ils
encore » que vous rencontrerez, vous devrez chercher du soutien et des conseils. Tout d’abord, demandez conseil à Dieu. Par la prière, l’étude de la Bible et l’expérience, le Saint-Esprit peut vous guider. Deuxièmement, demandez conseil à des personnes objectives et dignes de confiance. Alors que j’étais en 7e année, ma meilleure amie s’est confiée à moi au sujet de ses problèmes de santé mentale, y compris ses automutilations et ses pensées suicidaires. Elle m’a fait promettre de n’en parler à personne. Ses problèmes pesaient tellement lourd sur moi que des symptômes de dépression ont commencé à se manifester. Voyant cela, ma sœur m’a demandé ce qui n’allait pas. La digue que j’avais retenue pendant si longtemps s’est rompue et je me suis mise à pleurer. Je n’oublierai jamais la réponse de ma sœur : « K’dee, tu n’es pas responsable des luttes et de
l’abandonneraient, eux aussi. Il m’a dit : « K’dee, je sais que je t’ai testée et repoussée. Et pourtant, tu ne m’as jamais quitté. Je comprends davantage l’amour inconditionnel de Dieu grâce à ton amitié. Tu n’as pas idée de ce que ça représente pour moi. Je suis désolé d’être aussi difficile. C’est juste que je ne sais pas comment faire pour arrêter ça. »
Les amitiés avec les « personnes ayant besoin de plus de grâce encore » ne sont pas faciles, mais elles peuvent être extrêmement gratifiantes. Je chéris toujours ce cher ami et je suis reconnaissante de ce que de telles relations m’ont appris sur Dieu et son amour pour nous. Mon mari dit souvent : « La valeur du prix détermine la somme de souffrance qu’on est disposé à endurer. » Vous avez bien valu la souffrance de la croix. La guérison que mon ami connaît grâce à l’amour de Dieu à travers moi vaut la souffrance d’une amitié difficile. J’espère que vous accepterez le défi d’aimer une « personne ayant besoin de plus de grâce encore », de prendre soin d’elle, et de lui procurer la guérison. Que Dieu vous bénisse et vous accorde la patience, la compassion, la grâce, la justice et l’amour, ce qui vous permettra de prospérer alors que vous gérez et aimez une « personne ayant besoin de plus de grâce encore » !
1 Voir Pamela Meyer, Liespotting: Proven Techniques to Detect Deception, New York, St. Martin’s Press, 2011.
2 Voir aussi Bo Bennett, Year to Success: When it Comes to Success, There are No Shortcuts, Sadbury, MA, Archieboy Holdings, 2004.
3 Ellen G. White, Daughters of God, Hagerstown, MD, Review and Herald Pub. Assn., 1998, p. 57. Pour en découvrir davantage sur la nécessité de prendre soin de soi dans le service, lisez le chapitre 18 intitulé « Le surmenage » dans Le ministère évangélique d’Ellen G. White.
4 Pour en découvrir davantage sur les limites à fixer, voir Henry Cloud et John Townsend, Boundaries: When to Say Yes, How to Say No, Grand Rapids, MI, Zondervan, 2017.
K’dee Crews, PhD, est psychologue clinicienne et directrice clinique de Beautiful Minds Medical à Auburn, en Californie, aux États-Unis.
Perspective mondiale
Personne ne sait exactement combien de planètes il y a dans l’univers, mais selon les astronomes, la Voie lactée – notre galaxie – contient à elle seule plus de 100 milliards de planètes1 ! En plus de ce chiffre, les scientifiques nous disent qu’il y a au moins 100 milliards de galaxies dans l’univers observable, ce qui veut dire que le nombre de planètes pourrait même être de l’ordre de plusieurs trillions ! Ces chiffres se basent toutefois
Une planète en détresse
Photo :
sur des observations d’une petite partie de l’univers, de sorte que le nombre réel de planètes est sans doute beaucoup plus élevé2. Étonnamment, en plus des planètes, les astronomes estiment qu’il y a environ 100 milliards d’étoiles dans la Voie lactée seulement, et environ 200 milliards de milliards d’étoiles au-delà3
Quelque part au milieu de cet univers étincelant, Dieu est descendu et a créé cette planète que nous connaissons sous le nom de « Terre ».
Il dit : « Que la lumière soit ! Et la lumière fut. » (Gn 1.3) Après avoir rempli ce monde de lumière et de vie, il couronna de façon suprême sa création : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Gn 1.27)
Tout était parfait – enfin, jusqu’au jour fatidique où, préférant le péché à leur créateur, nos premiers parents plongèrent cette planète dans la souffrance et le chagrin – la première et seule planète à connaître la séparation qu’entraîne la rébellion.
PLUS DE GRÂCE ENCORE
Jésus avait un nombre incalculable de mondes habités à son service. Il aurait très bien pu détruire cette petite planète rebelle sur-le-champ, mais il ne l’a pas fait. Au lieu de cela, il a choisi de déployer plus de grâce encore pour ses créatures coupables : il est venu vivre et mourir sur cette planète ingrate pour qu’un jour, nous puissions vivre éternellement avec lui.
Ainsi, une nuit, alors que les étoiles qu’il avait créées scintillaient dans le ciel, le Roi de l’univers est né dans une étable remplie d’animaux, puis a été couché dans une mangeoire. Ce n’est pas sur un trône d’or qu’il est venu régner. « Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. » (Es 53.3)
Tout au long de sa vie, Jésus a fait preuve de patience, de compassion, d’amour envers tous, et a déployé plus de grâce encore sur l’humanité. Alors même que ceux qu’il était venu sauver le clouaient sur une croix cruelle, il a prononcé de ses lèvres frémissantes cette prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23.34).
Alors que Jésus était suspendu entre ciel et terre, l’un de ses derniers actes d’amour a été de rester sur la croix alors que tous les démons de l’enfer tourbillonnaient autour de lui, le tentant de retirer sa grâce insondable à ceux qui lui crachaient au visage et de retourner vers son Père – mais il ne l’a pas fait. Faisant preuve de plus de grâce encore jusqu’à la fin, le Christ a donné sa vie pour que tous ceux qui le choisissent puissent vivre.
UNIS DANS LE PLAN DE SALUT
En montant au ciel, Jésus n’a pas oublié ceux qu’il était venu sauver. Le Père et le Fils sont unis dans le plan du salut.
« La Bible nous montre Dieu en un lieu élevé et saint, non pas dans l’inaction, le silence et la solitude, mais entouré par des myriades de myriades de saintes intelligences, toutes prêtes à exécuter ses ordres. Par des moyens que nous ne pouvons apercevoir, il est en communication active avec toutes les parties de son domaine. Mais c’est au sein de ce monde infime et dans les âmes pour lesquelles il a donné son Fils unique, que se trouvent concentrés son intérêt et celui du ciel tout entier. Du haut de son trône, Dieu se penche pour entendre le cri de l’opprimé. Il répond à toute prière sincère : “Me voici”. Il relève ceux qui sont dans l’angoisse et foulés aux pieds. Chaque fois que nous nous trouvons dans la tentation ou dans l’épreuve, l’ange de sa présence se tient près de nous pour nous délivrer4 »
UN COMMANDEMENT NOUVEAU
Ô grâce étonnante ! Mais ce n’est pas tout. La nuit précédant sa mort, Jésus a dit à ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » ( Jn 13.34,35)
L’une des façons les plus puissantes de révéler son amour est de déployer la grâce sur les autres. Y a-t-il quelqu’un que vous connaissez – un ami, un membre de votre famille, un collègue de travail, un membre d’église, un voisin, voire un étranger – quelqu’un qui a besoin que vous déversiez sur lui plus de grâce encore aujourd’hui ? Parfois, cela peut être difficile, mais souvenons-nous de la promesse de notre Seigneur : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Co 12.9)
Frères et sœurs, alors que nous entrons dans une nouvelle année, je vous invite à vous joindre à moi pour demander à Dieu le supplément de grâce dont nous avons tous besoin, de sorte qu’il puisse utiliser chacun d’entre nous pour déployer sa merveilleuse grâce à un monde qui en a si désespérément besoin.
1 Big Think, « How Many Planets Are There in the Universe? » Big Think, consulté le 3 octobre, 2024, https://bigthink.com/starts-with-abang/planets-universe/.
2 NASA, « Billions and Billions of Planets », NASA Jet Propulsion Laboratory, consulté le 3 octobre 2024, https://www.jpl.nasa.gov/ news/billions-and-billions-of-planets/.
3 « How Many Stars Are in the Universe? », consulté le 3 octobre 2024. https://bit.ly/HowManyStarsintheUniverse 4 Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 348.
Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour. Vous pouvez le suivre sur X (anciennement Twitter) : @ pastortedwilson, et sur Facebook : @ PastorTedWilson.
À la découverte de l’Esprit de prophétie
Ellen G. White et le mandat pour la mission adventiste :
un modèle visionnaire pour l’évangélisation mondiale
Si un mot peut décrire l’adventisme, c’est bien celui de « mission ». L’ensemble du mouvement adventiste a été motivé par l’engagement à proclamer que Jésus allait bientôt revenir. Cet esprit missionnaire incita de nombreux millérites à vendre leurs biens afin de répandre la bonne nouvelle du retour imminent de Jésus. Ils pensaient que si Jésus devait venir dans quelques années seulement, le monde devait en être averti. Après la grande déception du 22 octobre 1844, de nombreux millérites abandonnèrent leur croyance. Malgré tout, le petit groupe adventiste observateur du sabbat maintint l’enthousiasme millérite pour le retour imminent de Jésus. Peu à peu, les observateurs du sabbat comprirent que ce message devait être proclamé dans le monde entier. Le message des trois anges d’Apocalypse 14 – l’appel final de Dieu à ses enfants – devint la force motrice de tous leurs actes.
Ellen White, l’une des principales fondatrices du mouvement, fut la force la plus influente pour guider le mandat missionnaire des premiers croyants observateurs du sabbat. Son leadership visionnaire incita l’Église à adopter des stratégies efficaces pour répandre le message des trois anges dans le monde entier. En conséquence, l’Église adventiste devint une communauté mondiale de croyants, laquelle compte aujourd’hui plus de 23 millions de membres.
DEPUIS UN PEUPLE OPPOSÉ
À LA MISSION JUSQU’À UNE
VISION MISSIONNAIRE GLOBALE
Cela peut paraître surprenant, mais ce n’est pas immédiatement après la grande déception que les premiers croyants observateurs du sabbat donnèrent la priorité à l’œuvre missionnaire. Ils adhéraient plutôt à la doctrine de la « porte fermée » des millérites, selon laquelle personne ne
pouvait être sauvé après le 22 octobre 1844. Cette croyance était basée sur la parabole des dix vierges dans Matthieu 25, où la porte fut « fermée » dès l’arrivée de l’époux (Jésus), laissant certaines personnes à l’extérieur. Selon William Miller, la porte fermée signifiait « la fermeture du royaume médiateur et la fin de la période évangélique »1. Cette compréhension persista pendant plusieurs années. Au début des années 1850, les adventistes observant le sabbat passèrent de la compréhension missionnaire de la « porte fermée » à celle de la « porte ouverte ». James White écrivit dans la Review and Herald : « Cette PORTE OUVERTE, nous l’enseignons, et nous invitons ceux qui ont des oreilles pour entendre à y venir et à y trouver le salut par Jésus-Christ. […] Si l’on dit que nous sommes des partisans de la théorie de la PORTE OUVERTE et du sabbat du septième jour, nous ne nous y opposerons pas, car telle est notre foi2. » Mais ce sont les directives prophétiques d’Ellen White qui donnèrent à l’Église un quadruple mandat missionnaire, lequel devint le plan directeur pour la réussite de la mission – un modèle que les adventistes appliquent encore aujourd’hui.
ELLEN WHITE ET LE MANDAT MISSIONNAIRE EN QUATRE VOLETS
Le premier volet marqua le début de l’œuvre des publications. En
Photo : Ellen G. White Estate
L’Institut de réforme sanitaire de l’Ouest ouvrit ses portes à Battle Creek, dans le Michigan, aux ÉtatsUnis, en 1866. Il fut établi dans le cadre de l’un des quatre mandats missionnaires adventistes.
novembre 1848, Ellen White eut une vision à Dorchester, dans le Massachusetts. À la suite de cette vision, elle dit à James, son mari : « J’ai un message pour toi. Tu dois commencer à imprimer un petit journal et le répandre parmi le peuple. […] Il m’a été montré que de ce petit commencement des flots de lumière inonderaient le monde3. » En juillet 1849, James White publia le premier numéro de Present Truth [La vérité présente]. Un an plus tard, il lança la revue Advent Review, laquelle fusionna bientôt avec Present Truth pour devenir ensuite The Second Advent Review and Sabbath Herald. À cette époque, les publications étaient la forme de communication la plus avancée. Par conséquent, la Review and Herald devint un outil d’évangélisation essentiel, répandant la « vérité présente ». Aujourd’hui, cette revue continue d’exister sous l’appellation Adventist Review. Elle est lue par des millions de personnes dans le monde entier, incarnant cette vision de « flots de lumière » s’étendant autour du globe.
Le deuxième volet consista à pousser la création d’une organisation officielle. Au fur et à mesure que des personnes se joignaient au mouvement, le besoin d’avoir une organisation devenait évident. Dans les années 1860, l’organisation devint nécessaire pour détenir des biens, pour traiter les différentes questions théologiques, pour soutenir les prédicateurs itinérants, et pour mener la mission de façon plus efficace. Ellen White souligna la nécessité d’un « ordre » et d’un « système » dans l’œuvre de Dieu sur terre afin de transmettre « le dernier grand message de miséricorde au monde »4. Le 21 mai 1863, les adventistes observant le sabbat s’organisèrent sous l’appellation Église adventiste du septième jour, avec la mission au centre de ses préoccupations. Le troisième volet fut le développement du Ministère adventiste de la santé en tant qu’outil pratique pour soutenir la mission adventiste. Au
début des années 1860, Ellen White eut deux visions mettant l’accent sur la santé et le mode de vie. Sa vision de 1863 révéla la nécessité d’une réforme sanitaire, tandis que celle de 1865 conseilla d’intégrer la santé dans la mission de l’Église. Ellen White a écrit : « Il m’a été montré que la réforme sanitaire constitue une partie du message du troisième ange, auquel elle est aussi étroitement rattachée que ne le sont la main et le bras au corps humain5 » En outre, elle préconisa la construction d’institutions de santé pour soigner les gens de manière globale, c’est-à-dire physiquement, émotionnellement, et spirituellement. Aujourd’hui, le Ministère adventiste de la santé représente une part importante de l’identité et de la mission de l’Église, et constitue le plus grand système de santé protestant au monde.
Le quatrième volet préconisé par Ellen White consista à promouvoir l’éducation adventiste. La discussion sur l’éducation adventiste commença en raison de la nécessité de former des missionnaires. En 1869, lorsqu’un groupe d’adventistes nouvellement formé en Europe demanda un pasteur, l’Église se rendit compte de son manque de personnel qualifié. C’est ainsi que fut créée la Société missionnaire, dont l’objectif était de répandre le message du troisième ange par le biais de missionnaires, d’articles, de livres, et de tracts.
Ellen White exhorta aussi les jeunes à apprendre d’autres langues et à travailler en tant que missionnaires. En 1872, elle publia « Proper Education » – un tract préconisant l’établissement d’écoles adventistes pour former et envoyer des missionnaires6. En 1874, l’Institut adventiste d’enseignement supérieur de Battle Creek fut fondé pour préparer des missionnaires. « Ce n’est pas dans le but de faire un spectacle ou d’acquérir une réputation que nous désirons cela, annonça la Review. Nous croyons que le Seigneur revient bientôt, et c’est une des raisons principales pour lesquelles notre peuple doit se préparer à répandre le
message partout7. »
L’IMPACT DU MANDAT MISSIONNAIRE EN QUATRE VOLETS
Ainsi, la méthodologie adventiste en quatre volets, initiée par Ellen White, joua un rôle important dans la croissance de l’Église adventiste. Le Ministère des publications, l’organisation officielle de l’Église, le Ministère de la santé, et le Ministère de l’éducation furent tous des mandats missionnaires. Ces piliers devinrent le modèle du travail missionnaire adventiste dans le monde entier, ce qui donna naissance au mouvement adventiste mondial.
Aujourd’hui, l’Église continue d’utiliser ce modèle, car sa mission reste au cœur de sa vitalité. Cependant, c’est l’esprit missionnaire de chaque membre adventiste qui peut faire l’ultime différence dans le succès de l’œuvre missionnaire. Comme l’a déclaré Ellen White, « Allez travailler, que vous en ayez envie ou non. Faites un effort personnel pour gagner des âmes à Jésus et à la connaissance de la vérité. Un tel travail sera pour vous à la fois un stimulant et un tonique ; il vous réveillera et il vous fortifiera. Par l’exercice, vos facultés spirituelles acquerront plus de vigueur, de sorte que vous pourrez, avec un succès plus grand, travailler à votre propre salut8 » Cet engagement durable envers la mission permet à l’Église adventiste et à ses membres de rester spirituellement vivants et actifs dans leurs efforts d’évangélisation à l’échelle mondiale.
1 William Miller, Evidence from Scripture and History of the Second Coming of Christ, about the Year 1843: Exhibited in a Course of Lectures, Tory, Kemble and Hooper, 1836, p. 192.
2 James White, « Call at the Harbinger Office », Review and Herald, 17 février 1852, p. 95.
3 Ellen G. White, Premiers écrits, p. XXIII.
4 Idem. Testimonies for the Church, Mountain View, CA, Pacific Press, 1948, vol. 1, p. 191.
5 Idem., Conseils sur la nutrition et les aliments, p. 36.
6 Ellen G. White, Testimonies for the Church, Mountain View, CA, Pacific Press, 1948, vol. 3, p. 131-160.
7 G. I. Butler, « What Use Shall We Make of Our School », Review and Herald, 21 juillet 1974, p. 45.
8 Ellen G. White, Conseils à l’Église, p. 45.
Theodore (Ted) N. Levterov est directeur adjoint du Ellen G. White Estate.
Foi en action
Le dernier pas de la foi
Baptême, doute, et guérison
miraculeuse
Àl’église, une lumière clignote au fond de la pièce. C’est le répondeur ! L’aumônier d’un hôpital m’a laissé un message. Il s’occupe d’une dame âgée en phase terminale d’un cancer du poumon. Elle a grandi dans un contexte adventiste, mais n’a jamais choisi de donner sa vie à Christ par le baptême. Elle veut s’assurer qu’elle est en accord avec Dieu avant que cette terrible maladie ne l’emporte.
Je griffonne les coordonnées de Linda sur un bout de papier et commence ce qui va devenir une mission de plusieurs semaines pour la contacter. Elle ne répond pas à mes nombreux appels téléphoniques. J’en informe l’aumônier, mais il insiste : il faut absolument que je réussisse à la joindre dans son propre intérêt. Sa fille, dit-il, pense la même chose. Mais on dirait que la dame âgée, elle, voit les choses autrement ! Je tente je ne sais combien de fois encore de la joindre par téléphone, mais toujours pas de réponse.
Un sabbat après-midi, alors que je rentre chez moi, quelque chose me pousse à tenter de joindre Linda une dernière fois. Enfin, elle décroche !
« Vous dites que vous êtes le prêtre catholique ? »
« Non, Madame, je suis le pasteur adventiste local. Vous avez demandé le baptême à votre aumônier. Nous pouvons en discuter si vous en avez toujours l’intention. »
Linda est chez elle. Sa fille est là aussi. Ça tombe bien ! Pour ne pas rater mon coup, j’avale rapidement mon déjeuner, puis me rends immédiatement à l’adresse indiquée
Linda et moi discutons de sa vie, de sa relation avec Jésus, de son histoire avec l’Église. Tandis que je lui crie des questions à l’oreille, elle me raconte ses joies et ses regrets. Linda est si dure d’oreille que le volume de son téléphone et de sa télé sont réglés au maximum, faisant vibrer les fondations de l’immeuble depuis son appartement au quatrième étage. Après une heure passée avec elle, mes cordes vocales sont à vif, mais mon moral, lui, au beau fixe.
UNE POLICE D’ASSURANCE
?
L’état de Linda est si grave que nous programmons un service simple pour elle et sa famille en milieu de semaine. Ce mercredi-là, je présente un exposé profond de Luc 15 et la parabole du fils prodigue, en soulignant qu’il n’est jamais trop tard pour rentrer à la maison. Pendant que je parle, Linda se penche vers sa sœur et dit d’une voix forte : « Je n’ai aucune idée de ce qu’il dit ! » Je termine mon exposé, et conclut par une prière de bénédiction en sa faveur. Ensuite, nous nous préparons à entrer dans le baptistère.
J’ai fait de mon mieux pour conduire Linda à Jésus et la préparer au baptême, mais est-elle vraiment sincère ? Le baptême est-il pour elle une police d’assurance bon marché pour apaiser ses inquiétudes relatives à l’éternité ? Ces questions ne cessent de tourner dans mon esprit.
Linda est si faible qu’elle n’arrive pas à faire le dernier pas pour entrer dans le baptistère. Avec son consentement, je l’entoure de mes bras aussi doucement que possible et fait descendre son corps frêle dans l’eau. Après le baptême, nous l’aidons à sortir du baptistère. Linda reste silencieuse comme une statue, légèrement voûtée, les yeux fermés. « Linda… Linda, ça va ? Linda, comment vous sentez-vous ? » Les personnes présentes s’inquiètent. « Je suis toute trempée ! » s’exclame-t-elle. Bien que Linda ait énoncé l’évidence, c’est la première fois que j’entends une telle remarque lors d’un baptême ! Après des expressions chaleureuses et des photos prises pour commémorer ce baptême, je ferme l’église et rentre chez moi. Une fois de plus, des questions se bousculent dans ma tête. Il est impossible de comprendre pleinement ce qui se passe dans le cœur d’une personne. Et les situations du type du « larron sur la croix » ajoutent une couche de complexité (voir Lc 23.39-43). Je veux toujours croire aux meilleures intentions de quelqu’un, sans pour autant diminuer le caractère sacré des rituels que Jésus lui-même a prescrits pour nous. C’est un équilibre délicat que nous trouvons en toute bonne foi. J’espère que j’ai bien agi en l’occurrence.
DISSIPER LES DOUTES
Quelques jours plus tard, je contacte la fille de Linda.
« Est-ce que quelqu’un vous l’a dit ? » demande-t-elle.
« M’a dit quoi ? Est-ce que tout va bien ? » Parfaitement conscient de l’état de Linda, j’envisage le pire.
« Pasteur, Maman a recouvré l’ouïe ! »
Le lendemain, je rends visite à Linda pour m’en assurer personnellement. Je m’assieds sur son canapé, et nous avons une conversation qui ne me casse pas la voix. La télé est réglée à un volume raisonnable. Le téléphone sonne et elle répond. Elle discute avec ses petits-enfants, entendant peutêtre pour la première fois la voix de certains d’entre eux.
« Linda, c’est absolument incroyable ! Dieu vous a rendu une partie de votre ouïe ! »
Sa grâce est suffisante – pour Linda, et aussi bien que pour un pauvre prédicateur comme moi.
« Pasteur, sourit-elle, il ne m’a pas rendu une partie de mon ouïe. Il m’a rendu toute mon ouïe ! »
Malgré ce merveilleux miracle, les doutes de Linda persistent. Comment peut-elle être sûre que Dieu a pardonné ses péchés ? J’ouvre ma Bible à Luc 5 et nous lisons ensemble l’histoire touchante de l’homme paralysé dont les amis étaient si impatients de l’amener devant le Sauveur. Dans sa compassion, Jésus déclara que l’homme était pardonné. Et tout de go, les pharisiens l’accusèrent de blasphème. Sa réponse est exactement ce que Linda et moi avons besoin d’entendre :
« Lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés te sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Je te l’ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. » (Lc 5.23, 24) Cet après-midi-là, Dieu dissipe nos doutes à tous les deux – les miens concernant mon jugement et sa sincérité, et les siens concernant les échecs de sa vie passée. Nous prions ensemble et, les yeux embués de larmes, nous louons Dieu pour sa puissance de guérison physique et spirituelle.
Quelques semaines plus tard, j’officie aux funérailles de Linda. Notre bon et gracieux Seigneur a choisi de ne pas guérir ses poumons après des années passées à fumer ; par contre, il lui a rendu l’ouïe. Au lieu d’inverser sa maladie avancée, il lui a permis de communiquer avec ses proches alors qu’elle se préparait à faire ses adieux.
Tandis que je suis là, devant la famille de Linda, ses amis, et l’aumônier qui m’a orienté vers elle, j’ai le privilège de parler du merveilleux amour de Jésus dans Luc 5, et de souligner qu’il a toujours la puissance de guérir et de pardonner. Sa grâce est suffisante – pour Linda, et aussi bien que pour un pauvre prédicateur comme moi.
Jarod Thomas est pasteur consacré ayant la charge de deux églises en banlieue de Détroit, dans le Michigan, aux États-Unis.
QLa Bible répond
Le sabbat
Temps et rituels
RColossiens 2.16 enseigne-til que les chrétiens ne sont pas tenus d’observer le sabbat du septième jour ?
La plupart des communautés chrétiennes citent Colossiens 2.16 pour affirmer que le commandement du sabbat a été aboli. Cette conclusion n’est pas étayée par une lecture attentive de ce verset.
CONSIDÉRATIONS INTERPRÉTATIVES
En abordant Colossiens 2.16, il nous faut garder à l’esprit plusieurs éléments. Premièrement, la Bible n’enseigne nulle part que le commandement du sabbat devrait être aboli. Au contraire, Ésaïe et Jésus ont tous deux indiqué qu’il continuerait d’être observé dans le futur (Es 66.23 ; Mt 24.20). Deuxièmement, Jésus et ses disciples ont observé le commandement du sabbat (Mc 1.21 ; Lc 4.16 ; Ac 13.14 ; 16.13). Troisièmement, selon Colossiens 2.17, Paul discute de sujets qui étaient l’ombre de ce que Jésus ferait pour nous. Il est surprenant de constater que la Bible ne décrit jamais le sabbat comme un type de l’œuvre du Christ. Le fait qu’il ait été institué pour la famille humaine avant l’entrée du péché dans le monde (Gn 2.2-3) exclut cette possibilité.
INTERPRÉTATIONS POSSIBLES
Les érudits ont proposé différentes interprétations de Colossiens 2.16 qui ne remettent pas en cause le quatrième commandement du Décalogue. Une brève liste de ces différentes options illustrera notre propos. Voici l’une des interprétations les plus courantes et les plus défendables : le terme sabbat fait référence aux sabbats rituels associés aux fêtes et qui étaient différenciés du sabbat hebdomadaire (Lv 23.33). D’autres ont soutenu que le terme sabbat devrait être traduit par « semaine », ce qui est linguistiquement correct, désignant la fête des semaines. D’autres encore ont soutenu que le sabbat dans Colossiens 2.16 désigne une mauvaise et fausse observation du sabbat sous l’influence des païens ou des traditions orales juives relatives à l’observation du sab-
bat. Certaines de ces suggestions sont meilleures que d’autres, mais le fait est qu’il est incorrect de prétendre que Colossiens 2.16 ne peut être lu que comme un rejet du commandement du sabbat.
ACTIVITÉS RITUELLES PENDANT
LES TEMPS SACRÉS
Les érudits ont aussi montré que lorsque la séquence « d’une fête, d’une nouvelle lune, et des sabbats » se trouve dans l’Ancien Testament, elle désigne les sacrifices apportés au Seigneur pendant ces temps sacrés (par ex. 1 Ch 2.4 ; 8.12,13 ; Es 1.13,14). C’est notamment le cas dans Nombres 28 et 29, où les offrandes calendaires sont énumérées en fonction du moment où elles devaient être offertes : offrandes du sabbat (Nb 28.9,10), offrandes de la nouvelle lune (28.11-15), et offrandes pendant les fêtes (28.16-30.1.). Le « manger et [le] boire » de Colossiens 2.16 ferait alors référence à l’activité rituelle de l’offrant qui mangeait des portions de certains sacrifices (Lv 7.15). Cette interprétation est étayée par l’expression grecque en merei, utilisée dans Colossiens 2.16, habituellement traduite par « au sujet du », ou « à propos de », ou « en ce qui concerne », mais qui devrait être traduite par « dans le cadre de » ou « dans le contexte de », ce qui indique que la référence se rapporte à quelque chose qui se produit pendant les temps sacrés et n’est pas les temps eux-mêmes. Sur la base de ces observations, Colossiens 2.16 peut être traduit ainsi : « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ni au sujet d’aucune autre partie d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ. » Cette interprétation s’intègre très bien à Colossiens 2.16,17 en précisant qu’il s’agit des activités rituelles accomplies pendant les temps sacrés, et non des temps sacrés eux-mêmes. Le pronom relatif pluriel « des choses » au verset 17 désignerait donc les activités rituelles qui étaient l’ombre de l’œuvre du Christ*.
* Pour une étude plus approfondie, voir Ron du Preez, Judging the Sabbath, Berrien Springs, MI, Andrews University Press, 2008 ; Roy Gane, Old Testament Law for Christians, Grand Rapids, MI, Baker Academic, 2017 ; Ekkehardt Mueller et Eike Mueller, éds., The Sabbath in the New Testament and in Theology, Silver Spring, MD, Institut de recherche biblique, 2023.
Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après avoir servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.
Santé & bien-être
Développer la force musculaire sans aller au gym
Des solutions simples pour un mode de vie sédentaire
J’ai un travail de bureau sédentaire et je n’ai pas accès à un gym. Qu’est-ce que je peux faire pour améliorer ma force musculaire ?
Une force musculaire optimale est essentielle pour la santé et le bien-être général – en particulier pour les gens qui ont un mode de vie sédentaire. L’entraînement en résistance, lequel consiste à faire travailler les muscles contre une force, est l’une des méthodes les plus efficaces pour développer et maintenir la force. La bonne nouvelle, c’est que ce type d’entraînement ne requiert pas forcément un équipement de gymnastique ou un abonnement coûteux. Avec quelques stratégies simples et de la constance, même ceux qui n’ont pas accès à un gym peuvent améliorer leur force musculaire et profiter des nombreux bienfaits pour la santé que procure cet entraînement.
Les personnes sédentaires courent un plus grand risque de développer des déséquilibres musculaires, une mauvaise posture, et des problèmes articulaires. L’entraînement en résistance améliore la force musculaire, ce qui se traduit par une meilleure posture, une plus grande souplesse, et un meilleur soutien aux articulations. Des muscles plus forts permettent de brûler plus de calories, même au repos, ce qui facilite le maintien d’un poids santé.
La force musculaire est essentielle au maintien de l’indépendance fonctionnelle, en particulier avec l’âge. Des muscles forts contribuent à un meilleur équilibre, réduisent le risque de chutes, et améliorent la capacité à effectuer des tâches quotidiennes telles que porter les sacs de commission, soulever des objets, ou même monter des escaliers.
Pour ceux qui n’ont pas accès à un gym, l’entraînement en résistance peut être efficace avec des exercices au poids du corps, en utilisant des objets ménagers ou des équipements simples comme des bandes de résistance. Avant de commencer un programme d’exercices, consultez votre médecin afin d’éviter des blessures ou l’aggravation de conditions préexistantes. Voici quelques moyens d’améliorer la force musculaire directement chez vous.
1. Exercices au poids du corps. Les exercices tels que les squats, les fentes, les pompes et les planches peuvent cibler les principaux groupes musculaires sans nécessiter d’équipement. Ces exercices utilisent le poids de votre propre corps pour créer une résistance, ce qui permet de développer la force au fil du temps.
2. Les bandes de résistance Légères et abordables, les bandes de
résistance sont disponibles en différents niveaux de difficulté, ce qui permet de progresser au fur et à mesure que la force s’améliore. Les bandes peuvent être utilisées pour les flexions des biceps, les presses sur les jambes, et les élévations des épaules.
3. Objets ménagers. Les objets de la vie quotidienne (bouteilles d’eau, livres, ou sacs à dos remplis d’objets, etc.) peuvent servir de poids de fortune.
4. Exercices isométriques. Ces exercices consistent à maintenir une position pendant un certain temps, par exemple en faisant la chaise au mur ou en faisant une planche. Les exercices isométriques sont excellents pour augmenter l’endurance et la force musculaires, en particulier pour les débutants.
L’une des clés de l’amélioration de la force musculaire, c’est la régularité. Visez au moins deux à trois séances d’entraînement en résistance par semaine. Au fil du temps, augmentez progressivement l’intensité en ajoutant des répétitions, des séries, ou de la résistance.
Outre les bienfaits physiques, l’entraînement en résistance améliore la santé mentale en réduisant le stress et l’anxiété, en renforçant la confiance en soi et en améliorant l’humeur. La pratique régulière de la musculation favorise un meilleur sommeil, une augmentation des niveaux d’énergie, et une vitalité générale.
En conclusion, vous n’avez pas besoin d’un gym pour développer votre force musculaire ! Des formes simples et accessibles d’entraînement en résistance peuvent avoir un impact profond sur la santé physique et mentale, en particulier pour les personnes ayant un emploi sédentaire. Et pour une santé physique, mentale et spirituelle optimale et globale, « déchargez-vous sur [Dieu] de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous » ! (1 P 5.7)
Zeno L. Charles-Marcel, M.D., interniste, est directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale.
Peter N. Landless, spécialisé en cardiologie nucléaire et membre émérite du Ministère de la santé de la Conférence générale, est aussi médecin spécialiste en médecine interne.
« Je vais vous raconter… »
La voix de Noël
DICK DUERKSEN
Victor attend Noël depuis des mois déjà. Chaque matin, il fait une entaille dans la bûche à côté de son lit, juste pour se rappeler qu’il a presque 12 ans. « C’est à 12 ans qu’on devient un homme », lui a dit papa. Victor est prêt, même s’il lui reste encore un mois entier avant le grand jour ! Son anniversaire approche, et après, ce sera Noël !
Victor se lève tous les matins avant le soleil. Il se dépêche de faire les corvées que sa mère lui a assignées. « Nourrir les poules. Ramasser les œufs. Nourrir le chien. Apportez assez de bois pour entretenir le feu. » Et plus, beaucoup plus encore.
Seules quelques heures par jour sont vraiment « à lui ». Il les garde pour explorer les mesas du Nouveau-Mexique avec Patch, son chien.
Au sommet de la mesa la plus haute, Il y a d’anciennes ruines. Ses amis navajos et zunis l’appellent El Morro – ce qui veut dire Le château. Ils escaladent souvent la mesa en empruntant une étroite fissure. Ils explorent les murs en grès rouge qui s’effritent à son sommet.
Victor sait ce qu’il veut pour Noël. Maman lui a donné la permission d’acheter un kit comprenant un arc et des flèches amérindiens – celui qui est accroché au mur tout au fond du magasin général du vieux Tom, dans le petit village de Ramah. Une fois, alors qu’il était au village avec Papa, il a pris l’arc et les flèches dans ses mains.
Le matin de son anniversaire, Victor fait la dernière encoche, une encoche profonde avec un « 12 » gravé à côté. « Maintenant, je suis un homme ! » dit- il en souriant.
« Eh bien, maintenant que tu es un homme, tu devrais pouvoir faire tes corvées encore plus vite ! » dit Maman en riant. Alors, Papa lui tend l’enveloppe qu’il cache dans sa combinaison depuis au moins un mois.
À l’intérieur se trouve une fine feuille de papier. En haut, le nom et l’adresse de son oncle qui habite à Albuquerque. En bas, la signature de son oncle. Au milieu, son propre nom, « Victor », et les mots « Dix dollars ».
« C’est un chèque, papa ? »
« Exactement ! Ton oncle me l’a envoyé il y a quelques mois et m’a dit de le garder jusqu’à ton anniversaire. Il espère qu’avec cette somme, tu pourras t’acheter quelque chose qui en vaille la peine. »
Photo: Mikhail Nilov
Victor sait ce qu’il veut pour Noël.
Victor glisse le chèque dans la cachette spéciale qu’il a creusée entre deux bûches à côté de son lit. Il le sort souvent, et s’imagine en train d’acheter son arc et ses flèches.
Attendre que Papa aille à Ramah le 12 décembre est la chose la plus difficile que Victor ait jamais faite ! Le matin du 12, il s’empresse d’atteler les chevaux au chariot, de couvrir le siège de deux grandes couvertures, et d’attacher 20 sacs à dos en toile à la plate-forme du chariot. La liste des courses de Maman est longue ! Mais Victor, lui, ne pense qu’ à son arc , à ses flèches, et aux 10 dollars qu ’il a dans sa poche.
La route qui mène à Ramah est juste assez large pour que le chariot passe en cahotant entre les pins. Victor doit souvent sauter du chariot pour écarter une branche épaisse du chemin. Il a mal aux bras, il a des échardes dans les mains. Il est fatigué bien avant qu’ils ne campent pour la nuit.
Lorsqu’ils arrivent enfin à Ramah, Victor s’occupe des chevaux et se dépêche de rejoindre Papa au magasin.
Papa n’est pas là, et le vieux Tom non plus. Les deux hommes sont derrière le magasin et observent le ciel.
UN
BLIZZARD IMMINENT
« J’ai pas vu ça depuis le grand blizzard d’il y a quelques années, dit le vieux Tom. Tu ferais mieux de rentrer chez toi avant que le vent remplisse ton chariot de neige. » Le vieux Tom appelle sa femme, laquelle vient de terminer la liste des courses de Maman. « Eh, Mabel, viens ici et regarde le ciel ! Un blizzard approche ! »
Le vieux Tom a raison. Au sud, le ciel se couvre lentement d’un nuage qui promet bien plus qu’une bonne pluie, et un vent glacial secoue déjà le chariot.
Victor est tellement occupé à empiler les sacs à dos pleins à craquer dans le chariot qu’il en oublie même d’acheter l’arc et les flèches. Chaque fois qu’il ralentit, Papa ou le vieux Tom lui tend quelque chose d’autre à charger dans le chariot.
Victor détache les chevaux pendant que Papa dit « Au revoir » au vieux Tom. Ensuite, il crie, fouette le cuir des chevaux, et quitte le village. Ce n’est qu’en arrivant à la première rangée de pins qu’il pense au chèque de 10 dollars.
« Trop tard maintenant, se dit-il. Je suppose que je vais devoir attendre l’année prochaine ».
« Victor, j’aimerais que nous attendions à Ramah que le blizzard soit passé, dit Papa. Mais maman est seule avec ta sœur, et je sais qu’elle a besoin des marchandises dans le chariot. »
Victor réfléchit un instant, puis presse les chevaux d’aller plus vite.
Les premiers flocons de neige tombent avec le coucher du soleil. En peu de temps, le chariot n’est plus qu’un monticule blanc cahotant entre les arbres. Le vent pousse latéralement une neige épaisse, laquelle cache la route sous son manteau glacé. Victor encourage les chevaux et rêve du bon poêle à bois de Maman.
Comme les chevaux semblent savoir où ils vont, Victor les laisse mener. Mais, de temps en temps, il les ramène sur la bonne voie.
C’est alors qu’un éclair lui révèle la terrible vérité. Les chevaux ont fait un très grand cercle. Ils sont en train de traverser les traces que le chariot a laissées il y a environ une heure.
Victor se retourne pour dire à Papa qu’ils ont des ennuis, mais Papa s’est endormi, et commence à geler sur le siège du chariot.
« Mon Dieu, crie Victor à haute voix, je t’en supplie, réveille Papa ! »
Victor connaît les blizzards, et il connaît Dieu. Son passage biblique préféré est Psaumes 23. Même si ce psaume ne parle ni de neige, ni de blizzard, ni de Papa endormi, Victor cite les versets qui disent que le Berger est avec nous quand on conduit le chariot dans la vallée de l’ombre de la mort.
Soudain, au milieu du psaume, une voix dit à Victor de s’arrêter et de faire un feu.
« Ça va réveiller ton père », dit la voix.
Les chevaux, maintenant aussi confus que Victor quant à la direction à prendre, sont heureux de s’arrêter.
ET LE CHÈQUE ?
Victor se souvient qu’une fois, ses amis navajos et zunis lui ont montré comment trouver des branches sèches sous les pins de piñon pour faire un feu. « Il y a toujours des branches sèches ici. Faut juste que t’oublies pas d’apporter des allumettes », lui ont-ils dit.
Victor jette une autre couverture sur Papa et part chercher des branches sèches sous un pin de piñon au bord de la route.
Le vent le fouette alors qu’il empile les branches sèches qu’il a trouvées. Il cherche des allumettes dans sa poche, mais celle-ci est vide !
« Essaie les poches de Papa », dit la voix.
Au fond de la poche droite du manteau de Papa, Victor trouve trois allumettes en bois. L’une d’elles est cassée en deux.
« Bon, pense Victor, j’ai le bois et les allumettes. Maintenant, il me faut du papier sec pour allumer le feu. Où est-ce que je vais trouver ça ? »
La voix reprend la parole.
« Te souviens-tu de ton chèque de 10 dollars ? »
« Non ! Pas le chèque ! hurle Victor dans la neige tourbillonnante. C’est mon cadeau de Noël ! »
« Le chèque est sec, non ? »
Victor plonge la main dans sa poche, et se dit qu’il n’aura peut-être jamais son arc et ses flèches pour Noël. Soudain, il remarque que son père s’est affaissé sur le siège.
« D’accord, j’oublie l’arc et les flèches, dit Victor à la voix. Aide-moi à allumer le feu pour sauver mon père. »
Victor plonge sa main jusqu’au fond de sa poche. Le chèque – le papier sec –est là. Il peut maintenant allumer le feu.
La première allumette s’enflamme, puis s’éteint avant même qu’il n’ait
pu allumer un coin du chèque. La deuxième allumette est détrempée et usée. La troisième allumette n’est que de la moitié de sa taille. Victor la gratte très soigneusement sur la semelle de sa botte. Elle s’enflamma et commence rapidement à dévorer le chèque. Victor glisse le papier enflammé dans les baguettes et crie à la voix.
« Aide-moi à emmener Papa à côté du feu ! »
Cela demande de gros efforts physiques, mais bientôt, Papa et Victor sont blottis l’un contre l’autre près du feu bien chaud.
« Où est-ce qu’on est ? » demande Papa, encore à moitié endormi.
« J’sais pas. »
« Dieu le sait, lui. » Victor entend à peine la voix de Papa. « Demande-le lui. »
« Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort… » Victor cite le verset aussi fort qu’il le peut, espérant que Dieu est assez proche pour l’entendre. « … tu es avec moi. »
« Marche vers les arbres à ta droite », reprend la voix.
Victor se lève, tapote l’épaule de Papa, rabat son chapeau et se dirige vers les arbres.
À ce moment précis, le blizzard se calme. La lumière de la pleine lune apparaît. La pause ne dure que quelques secondes – le temps pour Victor d’apercevoir la cime fourchue d’un vieux pin ponderosa marqué par la foudre. Il connaît cet arbre. Il se trouve juste à l’angle de leur propre terrain ! S’il peut atteindre cet arbre et marcher 10 pas en direction d’El Morro, il se heurtera à leur propre clôture en fil de fer. À partir de là, la maison ne se trouve qu’à un peu plus d’un kilomètre !
« Papa ! crie Victor en courant vers le feu. Dieu nous fait le plus beau cadeau de Noël qui soit : on rentre chez nous ! »
Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux ÉtatsUnis
Éditeur
Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division
Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur.
Éditeur/Directeur de
Adventist Review Ministries
Justin Kim
Directeur international de la publication Hong, Myung Kwan
Comité de coordination de Adventist World
Yo Han Kim, président ; Tae Seung Kim ; Hiroshi Yamaji ; Myung Kwan Hong ; Seong Jun Byun ; Dong Jin Lyu
Rédacteurs adjoints/directeurs adjoints à Silver Spring, au Maryland (États-Unis)
Sikhululekile Daco, John Peckham, Greg Scott
Rédacteurs basés à Silver Spring, au Maryland (États-Unis)
Enno Müller, Beth Thomas, Jonathan Walter
Rédacteurs basés à Séoul, en Corée Hong, Myung Kwan ; Park, Jae Man ; Kim, Hyo-Jun
Gestionnaire de la plateformes numérique
Gabriel Begle
Directeur de l’intégration des systèmes et de l’innovation
Daniel Bruneau
Gestionnaire des opérations
Merle Poirier
Coordinatrice de l’évaluation éditoriale
Marvene Thorpe-Baptiste
Conseiller
E. Edward Zinke
Directrice financière
Kimberly Brown
Coordinatrice de la distribution
Sharon Tennyson
Conseil d’administration
Yo Han Kim, président ; Justin Kim, secrétaire ; Hong, Myung Kwan ; Karnik Doukmetzian ; SeongJun Byun ; John Peckham ; Hiroshi Yamaji ; Joel Tompkins ; Ray Wahlen ; Membres d’office: Paul H. Douglas ; Erton Köhler ; Ted N. C. Wilson
Direction artistique et design
Types & Symbols
Aux auteurs : Nous acceptons les manuscrits non sollicités. Adressez toute correspondance rédactionnelle au 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring MD 20904-6600, U.S.A. Numéro de fax de la rédaction : (301) 680-6638
Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique
Vol. 20, n° 12
Noël derrière les barbelés
Trouver la joie même au cœur des difficultés
Note de l’éditeur : La version originale de cette histoire a été publiée dans la revue Youth’s Instructor du 22 décembre 1953. Destinée à un public américain, elle a été adaptée non seulement pour des raisons d’espace et de contenu, mais aussi pour le lecteur international.
C’est super ça, hein Papa ? »
La voix de Millie est pleine d’enthousiasme tandis qu’elle lui montre les décorations de leur petite chambre. C’est bientôt Noël, et Millie essaie d’apporter un peu de gaieté dans leur environnement déprimant. Papa sourit, le cœur rempli de fierté et chargé de tristesse à la fois. Cette année, dans ce camp de prisonniers à des milliers de kilomètres de chez eux, ils sont loin de tout ce qui est normal. Ça fait plus de quatre ans que Millie, son frère aîné Dick et leurs parents sont partis de chez eux pour devenir missionnaires aux Philippines. Ils y étaient depuis moins d’un an lorsque la guerre a éclaté. Les premières bombes sont tombées, et leur mission s’est soudain transformée en cauchemar. La famille a été séparée pendant quatre longs mois terrifiants : Papa a été envoyé dans un camp de prisonniers, et Millie, Dick et Maman dans un autre. Finalement, Papa
a réussi à persuader les autorités de les réunir à Manille, et depuis, ils sont ensemble.
Ensemble, oui, mais emprisonnés. Ils sont maintenant logés dans un bâtiment à Manille, avec une trentaine d’autres missionnaires. La nourriture se fait rare ; le danger rôde partout, et le poids de la guerre pèse sur eux chaque jour. Malgré tout, la vie continue, d’une manière ou d’une autre.
Millie, Dick et les autres enfants font de leur mieux pour trouver de la joie dans les petites choses. Un jour, Millie entre en courant dans leur petit appartement, les yeux brillants d’enthousiasme.
« Maman, est-ce que tu as un aimant ? » demande-t-elle avec impatience.
« Je crois bien que oui ! Mais qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? » demande Maman.
« Tous les enfants s’en servent pour trouver des clous ! Dick récupère des planches dans un baraquement vide, et il dit que papa peut s’en servir pour faire une table et des chaises. C’est génial hein, Maman ? »
Maman sourit et lui tend un aimant. « C’est une idée formidable, Millie ! Tiens, commence à chercher ici, entre les lattes du plancher. »
Les enfants s’occupent de leurs petits projets pendant que Papa, lui, s’efforce de rendre leur appartement aussi confortable
que possible. Il a fabriqué des meubles pour leur chambre, et a même construit un petit abri de cuisine juste à l’extérieur des baraquements. C’est vraiment bien d’avoir un endroit où préparer des aliments spéciaux… quand ils arrivent à en trouver ! La plupart du temps, ils doivent se contenter d’un peu de gruau de riz et de légumes qu’ils ont réussi à récupérer.
À l’approche de Noël, l’ambiance dans le bâtiment devient plus optimiste. Ce n’est pas la saison des Fêtes qu’ils ont connue avant la guerre, non ; mais tout le monde est déterminé à faire de Noël un jour spécial.
Maman garde des restes de porridge de riz de leurs repas. Peu à peu, elle en a suffisamment pour préparer une petite gâterie, une sorte de gâteau. Elle y ajoute une cuillère à soupe de sucre précieux, quelques râpures de noix de coco, un peu de jus de citron vert, et une pincée de sel. Ce n’est pas grandchose, mais dans les limites de leur monde, c’est tout un festin !
HUMBLE, MAIS PRÉCIEUX
Le matin de Noël, la famille se réveille dans un mélange d’impatience et d’estomacs qui gargouillent. Dans l’ambiance de la période des fêtes, les gardiens accordent aux prisonniers un bref répit par rapport à leurs routines
habituelles. « Quand est-ce qu’on mange ? » demande Dick pour la centième fois. Sa ceinture est plus serrée qu’elle ne l’était avant la guerre – pas parce qu’il a grandi, mais parce qu’il a perdu du poids. Ce matin, il pense bien plus au repas de Noël qu’à tous les cadeaux.
La famille se réunit autour de la table en bois rustique. Chaque assiette contient une petite portion de riz – si petite qu’elle se perd presque dans la salade. La soupe, composée de quelques haricots mungos, d’eau et d’un peu d’ail, ne nourrit pas beaucoup, mais ils en savourent chaque cuillerée.
Une fois le repas terminé, Maman met le « gâteau » sur la table. Il est petit, à peine suffisant pour quatre personnes, mais chaque portion vaut de l’or. Chaque membre de la famille mange son morceau lentement, et en déguste chaque miette.
Après la vaisselle, Papa, Maman, Dick et Millie s’installent dans un coin de la pièce pour ouvrir les cadeaux. Chaque cadeau est petit, humble, mais précieux au-delà de toute mesure.
Maman tend à Papa le premier cadeau – un calendrier qu’elle a passé des semaines à fabriquer. La partie principale se compose d’une vieille queue de chemise sur laquelle une voisine a fait un joli dessin. Maman a cousu de la ficelle rouge et bleue sur
les bords. Papa le tient précieusement dans ses mains, car il sent tout l’amour et l’effort dans chaque point. Il prie silencieusement pour qu’on les libère avant que l’année ne soit écoulée.
Vient ensuite le cadeau de Dick à Maman. Papa et lui ont travaillé en secret sur ce cadeau – un bâton de vadrouille, fabriqué à partir de bois récupéré. Les yeux noyés de larmes, Maman les serre tous deux dans ses bras. « Maintenant, je n’aurai plus d’échardes quand je lave le plancher », dit-elle, la voix étranglée par l’émotion.
C’est au tour de Millie de recevoir son cadeau : un petit panda que Maman a minutieusement fabriqué avec des bouts de tissu. Pour faire les yeux, elle s’est servie des boutons d’une vieille chaussure. Pour la bourrure, elle a utilisé le coton de son propre sac de couchage. Millie serre très fort le panda dans ses bras ; dans chaque point de couture, elle sent la chaleur et l’amour de Maman.
Enfin, c’est le tour de Dick ! Il déballe son cadeau avec empressement et son visage s’illumine de joie. C’est une balle de baseball, exactement ce qu’il voulait !
Papa l’a échangée avec un autre prisonnier. Même si elle est usée et éraflée, pour Dick, elle est parfaite !
Reste encore un cadeau. Un petit paquet enveloppé dans du papier hygiénique.
« C’est pour Papa », dit Millie timidement.
Papa l’ouvre avec précaution. C’est du sucre. Du sucre en morceau. Un seul morceau. Les larmes lui montent aux yeux en regardant sa petite fille. Il se souvient qu’une gentille dame l’a donné à Millie quelques jours auparavant. Il n’aurait jamais imaginé qu’elle le garderait pour lui.
« Merci, ma chérie, dit Papa, la voix chargée d’émotion. On va le partager. »
Ils divisent le morceau de sucre en quatre petits morceaux. Quel délice, ce « bonbon » de Noël ! Ce n’est pas grand-chose, mais ça leur suffit.
Ainsi, avec un morceau de sucre, une balle de baseball, un bâton de vadrouille, un panda et un calendrier, cette famille de missionnaire a fait de cette fête la plus belle qui soit – celle dont elle se souviendra toujours.
Romilda Guthrie Hummel a écrit cette histoire en 1953, alors qu’elle avait 16 ans et qu’elle fréquentait l’Académie de San Diego, en Californie, aux États-Unis.