Adventist World - December 2024 (French)

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La grĂące qui abonde

10

Le dernier pas de la foi

22

Le sabbat

24

10 La grĂące qui abonde

/ iStock / Getty Images Plus / Getty Images

Une planÚte en détresse

Ted N. C. Wilson

20 À la dĂ©couverte de l’Esprit de prophĂ©tie

Ellen G. White et le mandat pour la mission adventiste

Theodore N. Levterov

22 Foi en action

Le dernier pas de la foi

Jarod Thomas

24 La Bible répond

Le sabbat

25 SantĂ© & bien-ĂȘtre

DĂ©velopper la force musculaire sans aller au gym

26 Je vais vous raconter


La voix de Noël

30 Foi en herbe

Noël derriÚre les barbelés

Mesdames et Messieurs

Avant un spectacle, une compĂ©tition, ou un embarquement Ă  l’aĂ©roport, on entend une salutation particuliĂšre en anglais, ou son Ă©quivalent, dans la plupart des rĂ©gions du monde : « Mesdames et Messieurs ». Cette salutation s’adresse Ă  tout le monde et invite Ă  la civilitĂ©, Ă  la biensĂ©ance, Ă  la courtoisie. On peut discuter des dĂ©tails de l’étymologie et de l’origine de l’anglais, en reliant gentle au mot genteel, lequel signifie raffinĂ©, aristocratique. Quoi qu’il en soit, les deux termes dĂ©signent la gentillesse, la politesse, et l’amabilitĂ©.

Philippiens 4.5 souligne que le peuple de Dieu est appelĂ© Ă  faire connaĂźtre son epieikes Ă  tout le monde. Les diffĂ©rentes traductions utilisent des mots diffĂ©rents, mais en gĂ©nĂ©ral, epieikes est rendu par modĂ©ration, amabilitĂ©, ou douceur. La douceur du Christ doit ĂȘtre connue de tous ! Colossiens 3.19 dit que les maris doivent ĂȘtre doux avec leurs femmes. 1 Pierre 3.4 recommande aux femmes de rechercher la parure d’un esprit doux et paisible. Et si on n’est pas en couple, ÉphĂ©siens 4.2 nous invite Ă  ĂȘtre humbles, doux et patients, nous supportant les uns les autres dans l’amour.

L’une des vignettes les plus rĂ©vĂ©latrices de la douceur de JĂ©sus se trouve dans ÉsaĂŻe 42.1-4 :

« Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon Ă©lu, en qui mon Ăąme prend plaisir. J’ai mis mon esprit sur lui ; il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point, il n’élĂšvera point la voix, et ne la fera point entendre dans les rues. Il ne brisera point le roseau cassĂ©, et il n’éteindra point la mĂšche qui brĂ»le encore ; il annoncera la justice selon la vĂ©ritĂ©. Il ne se dĂ©couragera point et ne se relĂąchera point, jusqu’à ce qu’il ait Ă©tabli la justice sur la terre, et que les Ăźles espĂšrent en sa loi. »

Manifestant des traits dominants et imposants, le Messie apporte la justice selon la vĂ©ritĂ© aux paĂŻens et l’établit sur la terre. En sandwich entre le dĂ©but et la fin de ce passage sur la justice se trouvent deux prĂ©cieuses illustrations pleines de douceur et de modĂ©ration.

Bien que victorieux, JĂ©sus ne crie pas, il n’élĂšve pas la voix. Les Écritures s’attardent plutĂŽt sur un roseau, lequel n’a ni valeur ni utilitĂ©, et que l’on peut facilement jeter. Le roseau et les mĂšches en lin sont faibles, jetables, et faciles Ă  trouver n’importe oĂč.

Le fait d’ĂȘtre meurtri indique qu’on est endommagĂ©, certes, mais pas forcĂ©ment irrĂ©parable. La fumĂ©e indique que les braises sont sur le point de s’éteindre. La moindre force pourrait briser le roseau ou Ă©teindre la mĂšche, mais JĂ©sus se garde bien de le faire. Ces lignes dĂ©signent le plus grand des gentilshommes, lequel est tendre, compatissant, et doux, tout simplement.

« Je suis doux et humble de cƓur » (Mt 11.29). JĂ©sus est le modĂšle de la douce grĂące nĂ©cessaire Ă  toute relation humaine. Ce n’est pas seulement aux arbres robustes, aux plantes en fleurs ou aux arbustes fructueux que JĂ©sus a manifestĂ© la plus douce des grĂąces, mais aussi aux roseaux faibles, brisĂ©s, et aux mĂšches qui sont sur le point de s’éteindre. Puissent les enfants de Dieu fixer les yeux sur le Gentilhomme du ciel pour ĂȘtre habilitĂ©s, par sa grĂące, Ă  ĂȘtre les dames et les messieurs de la terre !

Pilira Zapita
14 Plus de grĂące encore
K’dee Crews
Couverture : Bongkod Worakandecha

Alvina, originaire du territoire d’Odesa, en Ukraine, est reconnaissante de l’aide apportĂ©e par ADRA. Le conflit militaire en Ukraine a fait d’elle, de sa fille et de son petit-fils, des rĂ©fugiĂ©s Ă  Tiraspol, en Moldavie.

Photo : Bunea Alina, responsable des relations publiques et des communications, ADRA Moldavie

« AHSRA-Asia est un centre de recherche pour la CommunautĂ© de recherche adventiste [
] oĂč des chercheurs et des Ă©rudits de toute l’Asie s’engagent dans des dialogues significatifs concernant la recherche sur des sujets humains. C’est une communautĂ© qui incarne notre engagement commun Ă  soutenir les chercheurs adventistes et Ă  faire avancer la cause de l’Église par le biais de la recherche. »

— Arceli Rosario, prĂ©sident de l’UniversitĂ© adventiste des Philippines, et prĂ©sident du chapitre asiatique de l’Association adventiste de recherche sur des sujets humains (AHSRA), Ă  propos de l’objectif d’AHSRA-Asie pour l’Église. GrĂące aux recherches menĂ©es par AHSRA, l’Église peut mener des sondages globaux qui permettent de dĂ©velopper et d’amĂ©liorer les initiatives, les programmes, les services et les politiques de l’Église. Les plans stratĂ©giques de l’Église mondiale, tels que J’irai et d’autres initiatives, sont dĂ©sormais fondĂ©s sur des donnĂ©es scientifiques.

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Votre Ă©glise se soucie-t-elle de vous ?

On a demandĂ© aux membres de l’Église s’ils pensaient que les autres membres de leur Ă©glise locale se souciaient d’eux.

Tout à fait d’accord – 26 %

D’accord – 53 %

Pas sĂ»r – 14 %

Pas d’accord – 4 %

Pas du tout d’accord – 3 %

Pour voir l’intĂ©gralitĂ© de ce sondage, scannez le code QR.

N=146,323

Source : Sondage de 2022-2023 de l’Église mondiale auprùs des membres

Données fournies par le Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche de la Conférence générale

« Aujourd’hui, nous sommes vraiment reconnaissants envers ADRA Îles Salomon d’avoir rĂ©novĂ© notre bĂątiment dĂ©labrĂ©. Nos Ă©lĂšves ont enfin accĂšs Ă  des installations propres et adĂ©quates. »

— Dennis Doro Narakana, sous-directeur de l’école secondaire Titiana Community High School, Ă  propos des nouvelles installations sanitaires, lesquelles ont Ă©tĂ© achevĂ©es et installĂ©es dans deux Ă©coles des Îles Salomon en octobre. Ces projets ont Ă©tĂ© entiĂšrement financĂ©s par ADRA Australie et mis en Ɠuvre par ADRA Îles Salomon dans le cadre du projet Turn on the Tap. Ce projet amĂ©liore l’eau, l’assainissement et l’hygiĂšne dans les Ă©coles primaires et secondaires des Îles Salomon. Il collabore avec les dirigeants locaux, les autoritĂ©s Ă©ducatives, et les entreprises pour fournir de l’eau potable, des toilettes propres, des produits menstruels Ă  bas prix, et une Ă©ducation en matiĂšre d’hygiĂšne.

« La sortie mondiale du film The Hopeful marque une Ă©tape importante dans notre mission, Ă  savoir rĂ©pandre l’espĂ©rance dans le monde. En tirant parti de notre propre technologie de traduction alimentĂ©e par l’IA, nous rendons, plus que jamais auparavant, cette histoire inspirante accessible Ă  davantage de gens, dans davantage de langues. Cet effort s’inscrit directement dans notre vision 2030, laquelle consiste Ă  transmettre le message de l’espĂ©rance Ă©ternelle Ă  un milliard de personnes. Joignez-vous Ă  nous dans la diffusion de ce message puissant au sein de vos communautĂ©s et au-delà ! »

— Vyacheslav Demyan, prĂ©sident de Hope Channel International (HCI), Ă  propos de la sortie mondiale du film The Hopeful. Le 22 octobre dernier, HCI a diffusĂ© le film dans le monde entier par l’intermĂ©diaire de Wonder Events. Cette diffusion vise Ă  partager un message d’espĂ©rance et de guĂ©rison en offrant aux spectateurs une occasion significative de se connecter, et de proclamer l’histoire de l’espĂ©rance du retour de JĂ©sus. (->)

« L’identitĂ© de l’Église adventiste est façonnĂ©e non seulement par nos croyances et notre mission, mais aussi par la façon dont [nous] sommes perçus Ă  travers les Ă©lĂ©ments visuels et graphiques qui [nous] reprĂ©sentent. Ces Ă©lĂ©ments doivent ĂȘtre cohĂ©rents sur toutes les plateformes et donner aux gens une perception claire et unifiĂ©e de ce que sont les adventistes. »

— Rhoen Shane P. Catolico, directeur des communications, et directeur des Affaires publiques et de la libertĂ© religieuse de la Mission de Davao, aux Philippines. Au total, 152 personnes ont participĂ© Ă  cet Ă©vĂ©nement sur les communications. Le groupe Ă©tait composĂ© de gens passionnĂ©s par la rĂ©daction d’histoires, par la production de vidĂ©os et de graphiques et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, par la crĂ©ation de contenu sur diffĂ©rentes plateformes, ce qui provoque un va-et-vient continuel. Cet Ă©vĂ©nement a offert les possibilitĂ©s les plus complĂštes en vue d’un impact sur la mission numĂ©rique consistant au partage de l’Évangile de JĂ©sus de nombreuses maniĂšres crĂ©atives.

Plus de 150

Le nombre d’ambassadeurs qui se sont rĂ©unis lors du Sommet de la mĂ©decine par le mode de vie, dans le cadre de la campagne « 10 000 orteils ». Ce sommet de trois jours, lequel s’est tenu aux Fidji du 27 au 29 septembre, s’est focalisĂ© sur la santĂ©, le bien-ĂȘtre, et la prĂ©vention du diabĂšte en combinant des activitĂ©s physiques, des sessions de formation dirigĂ©es par des experts, et des rĂ©flexions spirituelles pour la promotion du bien-ĂȘtre global. Le sommet visait aussi Ă  engager les pasteurs adventistes dans des rĂŽles de leadership en tant que champions de la santĂ©. Les participants ont pris part Ă  des ateliers pratiques sur les traitements naturels, notamment les jus thĂ©rapeutiques, l’hydrothĂ©rapie, les cataplasmes, la cuisine Ă  base de vĂ©gĂ©taux, et les massages.

« Quatre-vingt-quinze ans
 Voyez comment Dieu a bĂ©ni une Ă©tincelle dans le cƓur d’un jeune prĂ©dicateur ! Ce ministĂšre, lequel a commencĂ© humblement – dans [son studio,] un poulailler [rĂ©novĂ© dans son garage] – est aujourd’hui prĂ©sent sur toute la terre dans plus de 70 langues. Il est devenu une agence d’évangĂ©lisation de premiĂšre ligne pour l’Église. »

– Shawn Boonstra, actuel orateur/ directeur de La voix de la prophĂ©tie (VOP), Ă  propos du 95e anniversaire de ce ministĂšre. VOP a vu le jour le 19 octobre 1929, lorsque Harold Marshall Sylvester (H. M. S.) Richards Sr. a commencĂ© Ă  diffuser rĂ©guliĂšrement des messages bibliques sur des stations de radio californiennes. BientĂŽt, le jeune Ă©vangĂ©liste diffusait quotidiennement son programme, The Tabernacle of the Air (rebaptisĂ© La voix de la prophĂ©tie en 1937). Ce ministĂšre continue de se focaliser sur le soutien des efforts d’évangĂ©lisation des Ă©glises locales en produisant des ressources mĂ©diatiques de haute qualitĂ© et en organisant des Ă©vĂ©nements de liaison.

Photo : Hope Channel

Une entreprise adventiste coréenne construit des puits et des écoles dans le monde entier

Sahmyook Foods a un impact mondial qui va bien au-delĂ  du profit

Le 14 octobre dernier, lors du Concile annuel de 2024, lequel s’est tenu au siĂšge de l’Église adventiste Ă  Silver Spring, dans le Maryland, aux États-Unis, Sahmyook Foods – une entreprise adventiste d’aliments sains en CorĂ©e du Sud – a prĂ©sentĂ© dans son rapport ce qui constitue sa mission : servir au-delĂ  des frontiĂšres de son pays.

RESPONSABILITÉ SOCIALE

Sahmyook Foods est devenue un exemple de « la façon de donner la prioritĂ© Ă  la responsabilitĂ© sociale et de l’intĂ©grer dans les activitĂ©s [de l’ Église] », a d it Soon Gi Kang, prĂ©sident de l’Union des fĂ©dĂ©rations corĂ©ennes.

Les chefs d’entreprise ont ensuite expliquĂ© comment on peut mettre en Ɠuvre l’accent sur la mission, mĂȘme en dehors du cadre traditionnel de l’Église. Parmi eux, Minhyung Kim, directeur des ventes internationales de Sahmyook, a indiquĂ© que les dirigeants de l’entreprise « sont convaincus qu’en fournissant des aliments nutritifs, non seulement ils nourrissent le corps, mais aussi favorisent le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral ». Ils ont pour objectif principal d’« apporter la santĂ© au monde », a-t-il ajoutĂ©, reconnaissant que le bien-ĂȘtre physique peut ĂȘtre une voie vers le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral, y compris la croissance spirituelle.

En tant que deuxiĂšme plus grand producteur de lait de soja en CorĂ©e du Sud, Sahmyook Foods considĂšre que la nutrition n’est qu’un aspect de son Ɠuvre, a dit Minhyung Kim. Il a expliquĂ© que les entreprises peuvent avoir un impact social significatif en donnant la prioritĂ© au service communautaire et Ă  l’éducation, en plus

de la rentabilitĂ©. Minhyung Kim : « La plupart des entreprises visent des profits importants, mais Sahmyook Foods a un objectif qui nous motive. Nous nous efforçons de soutenir l’éducation en CorĂ©e du Sud et de rĂ©pandre un message de santĂ© globale. Telle est notre mission. »

SAHMYOOK FOODS ET « J’IRAI »

Dans cette optique, Sahmyook Foods a veillĂ© Ă  ce que sa mission de grande envergure s’inscrive dans le cadre de la stratĂ©gie « J’irai » de l’Église adventiste, en particulier tandis que l’entreprise cherche Ă  soutenir les communautĂ©s vulnĂ©rables. Dans le domaine de l’éducation, Sahmyook Foods soutient 27 institutions en CorĂ©e du Sud, notamment des Ă©coles, des universitĂ©s, et d’autres centres d’apprentissage. En affectant ses bĂ©nĂ©fices Ă  ces institutions, Sahmyook Foods cherche Ă  maintenir un engagement tangible en faveur de l’amĂ©lioration de l’accĂšs Ă  l’éducation et de la qualitĂ© de l’enseignement, ont dit les dirigeants de l’entreprise.

VIVRE LA MISSION

Afin de favoriser une culture d’entreprise conforme Ă  ses valeurs spirituelles, Sahmyook encourage ses employĂ©s Ă  considĂ©rer leur travail non seulement comme un emploi, mais aussi comme un appel – comme une occasion de faire une diffĂ©rence positive dans le monde.

Minhyung Kim : « Nos employĂ©s comprennent que leur travail ne se limite pas Ă  la production de denrĂ©es alimentaires. Ils font partie d’une mission plus large, laquelle consiste Ă  amĂ©liorer des vies et Ă  rĂ©pandre l’espoir. Ce sentiment d’utilitĂ© dynamise notre Ă©quipe et donne un sens Ă  tout

ce que nous faisons. »

Actuellement, plus de 350 employĂ©s sont personnellement engagĂ©s dans des initiatives de service communautaire, ont indiquĂ© les dirigeants. En CorĂ©e du Sud, les employĂ©s participent activement Ă  des projets locaux, tels que la rĂ©paration de maisons pour des groupes vulnĂ©rables, et un service de popote roulante pour les personnes ĂągĂ©es. Au niveau international, des Ă©quipes de bĂ©nĂ©voles de Sahmyook Foods se rendent dans des pays comme le Cambodge, la Mongolie et le Kenya, oĂč ils entreprennent des projets tels que la construction d’écoles, de clĂŽtures, le forage de puits, et l’installation de toilettes.

En outre, lorsque des catastrophes naturelles se produisent, Sahmyook Foods joue un rĂŽle important dans l’aide aux sinistrĂ©s en Asie et sur d’autres continents, ont indiquĂ© ses dirigeants. L’entreprise offre Ă  la fois une aide immĂ©diate et un soutien Ă  long terme aux communautĂ©s affectĂ©es en assistant les personnes dans le besoin, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances.

UN

MOT SUR SAHMYOOK FOODS

FondĂ©e en 1982 Ă  SĂ©oul, Sahmyook Foods (Sahmyook Sikpoom) produit une variĂ©tĂ© de lait de soja et de produits vĂ©gĂ©tariens. L’entreprise fonde ses performances sur la recherche de « la rĂ©alisation de l’amour de l’humanitĂ© Ă  travers la santĂ© dans le monde entier ». Selon ses dirigeants, en donnant la prioritĂ© Ă  la santĂ©, Ă  l’éducation et au service Ă  la communautĂ©, Sahmyook Foods offre un modĂšle de responsabilitĂ© d’entreprise qui fait Ă©cho aux valeurs universelles de compassion, de service, et de bien-ĂȘtre global.

Jeanne Damasio, ANN, et Adventist World
Le secrĂ©taire de la GC appelle les dirigeants Ă  redoubler d’efforts et Ă  relever les dĂ©fis de la mission

Erton Köhler Ă©voque les occasions qui s’offrent aux missionnaires

Le 13 octobre 2024, Erton Köhler, secrétaire général de la GC, a présenté son rapport aux membres du comité exécutif.

Le 13 octobre dernier, lors du Concile annuel de la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale (GC), lequel s’est tenu Ă  Silver Spring, dans le Maryland, Erton Köhler, secrĂ©taire de la GC, a dit que le rapport du secrĂ©tariat a Ă©tĂ© « un moment prĂ©cieux pour partager avec vous une image de notre Église et de sa mission mondiale ». Erton Köhler et son Ă©quipe ont fait Ă©tat de la croissance de l’Église et d’autres chiffres, mais sont allĂ©s au-delĂ  des statistiques pour examiner la genĂšse de la mission adventiste, pour discuter de l’état actuel du dĂ©ploiement missionnaire, et pour partager certaines des possibilitĂ©s et des dĂ©fis de la mission.

QUELQUES CHIFFRES

David Trim, directeur du Bureau des archives, des statistiques, et de la recherche de la GC, a dit que les adhĂ©sions Ă  l’Église adventiste ont pleinement repris aprĂšs la pandĂ©mie de COVID-19. En 2023, l’Église a accueilli plus de 1 465 000 nouveaux membres. « En fait, 2023 a connu le plus grand nombre d’adhĂ©sions nettes de toute l’histoire de l’Église adventiste », a prĂ©cisĂ© David Trim. En mĂȘme temps, plus de 836 000 personnes ont quittĂ© l’Église en 2023 (sans compter les dĂ©cĂšs) – ce qui reprĂ©sente le troisiĂšme chiffre le plus Ă©levĂ© jamais consignĂ©. Actuellement, le pourcentage de membres qui quittent l’Église approche 43 pour cent.

En ce qui concerne le ratio de membres adventistes par rapport Ă  la population mondiale, on compte

actuellement 1 adventiste sur 350 personnes (contre 1 adventiste sur 519 personnes en 2000).

UNE COMPRÉHENSION ÉTAPE PAR ÉTAPE

Passant Ă  la genĂšse de la mission adventiste, Erton Köhler est revenu sur l’estrade pour souligner comment les dirigeants et les membres de l’Église, au milieu du 19e siĂšcle, ont passĂ© par plusieurs Ă©tapes avant d’ĂȘtre prĂȘts Ă  se lancer dans la mission Ă  l’échelle mondiale. Il a racontĂ© comment, en 1874, les dirigeants de l’Église ont votĂ© l’envoi de J. N. Andrews en Suisse en tant que premier missionnaire officiel.

MalgrĂ© de maigres ressources et un manque de structures, l’Église a avancĂ© dans la foi, a soulignĂ© le secrĂ©taire. Erton Köhler : « Aucune crise ne devrait arrĂȘter la progression de la mission mondiale. Dieu est le PropriĂ©taire de l’Église et de la mission. Il ouvre toujours des portes pour que sa mission progresse. »

FAIRE AVANCER LA MISSION

Dans la derniĂšre partie de son rapport, Erton Köhler a Ă©voquĂ© le Recentrage de l’approche des missions – une initiative de la GC visant Ă  rĂ©orienter davantage de fonds et de ressources vers le champ missionnaire mondial. Cet accent mis sur le service missionnaire de premiĂšre ligne a nĂ©cessitĂ© des ajustements financiers Ă  tous les niveaux de l’Église, a-t-il reconnu, mais il donne dĂ©jĂ  des rĂ©sultats tangibles.

Cette nouvelle orientation s’est traduite, entre autres initiatives, par la rĂ©ouverture de l’Église adventiste de Bagdad, en Irak, laquelle Ă©tait fermĂ©e depuis 2003. Cette rĂ©ouverture a Ă©tĂ© possible grĂące Ă  une famille envoyĂ©e pour servir dans cette rĂ©gion du monde, a indiquĂ© Erton Köhler. « Le Recentrage de l’approche des missions n’est plus un rĂȘve ou un projet, mais une rĂ©alitĂ© ! » a-t-il lancĂ©.

TROIS FENÊTRES

MISSIONNAIRES

Erton Köhler s’est ensuite penchĂ© sur ce qu’il appelle les « trois fenĂȘtres missionnaires », lesquelles sont prĂ©sentes dans toutes les rĂ©gions de l’Église. Il s’agit de la fenĂȘtre 10/40 (une rĂ©gion du monde oĂč habite la majeure partie de la population mondiale, mais oĂč les chrĂ©tiens constituent une minoritĂ©), de la fenĂȘtre post-chrĂ©tienne, et de la fenĂȘtre urbaine. Erton Köhler : « Sur votre territoire, vous n’avez peut-ĂȘtre pas de pays faisant partie de la fenĂȘtre 10/40, mais vous avez de vastes territoires ou groupes de personnes non atteints ou peu atteints. Il est temps de rĂ©organiser [
] toutes nos ressources et de les focaliser sur notre mission. Et lorsque nous relĂšverons les dĂ©fis de notre mission, Dieu nous enverra les ressources dont nous avons besoin. »

« L’argent doit suivre la mission et non l’inverse, a-t-il ajoutĂ©. Ainsi, nous pouvons aller de l’avant avec audace, alors que nous faisons confiance au PropriĂ©taire de la mission. »

Photo : Tor Tjeransen / Adventist Media Exchange (CC BY 4.0)

Les adventistes du Kenya marquent 150 ans de mission Ă  l’échelle mondiale

Le 28 septembre dernier, la FĂ©dĂ©ration de Kenya Lake (KLC) – une rĂ©gion administrative de l’Église adventiste au sein de l’Union des fĂ©dĂ©rations de l’ouest du Kenya (WKUC) dans la Division Afrique centre-est (ECD) – a cĂ©lĂ©brĂ© une Ă©tape remarquable, soit 150 ans de mission adventiste dans le monde, et prĂšs de 120 ans de prĂ©sence adventiste au Kenya.

Cet Ă©vĂ©nement spĂ©cial du sabbat a eu lieu Ă  l’école primaire de Gendia – le site mĂȘme oĂč le premier missionnaire adventiste a ƓuvrĂ© au Kenya. Il a commencĂ© cette aventure en 1906, crĂ©ant une atmosphĂšre remplie d’inspiration et de rĂ©flexion, ont dit certains participants Ă  la commĂ©moration. L’évĂ©nement n’a pas seulement rendu hommage au riche hĂ©ritage historique, mais a aussi mis en Ă©vidence l’impact durable de la foi, du service, et du dĂ©veloppement communautaire, lequel continue Ă  prospĂ©rer dans la rĂ©gion, ont ajoutĂ© les dirigeants de l’Église rĂ©gionale.

Emmanuel Pelote, directeur des communications de l’ECD, Ă©tait l’invitĂ© spĂ©cial, ainsi que Robert Muhune, secrĂ©taire adjoint de l’ECD, et Japheth Ochorokodi, secrĂ©taire de WKUC. Figuraient aussi parmi les invitĂ©s des reprĂ©sentants de toutes les institutions adventistes au sein de la KLC, notamment Philip Gai, PDG de l’HĂŽpital adventiste de

Kendu, et Alvin Eliamani, directeur gĂ©nĂ©ral de la maison d’édition Africa Herald Publishing House. En outre, des pasteurs de premiĂšre ligne, des directeurs de dĂ©partement, et des ouvriers de l’Église ont participĂ© Ă  cette rĂ©union, contribuant ainsi Ă  la diversitĂ© de la reprĂ©sentation.

Dans le respect des rĂšgles liturgiques traditionnelles, le programme a Ă©tĂ© vibrant et Ă©difiant. Il a cĂ©lĂ©brĂ© l’importance des 150 ans d’efforts missionnaires dĂ©vouĂ©s de la part des adventistes dans le monde entier. En mĂȘme temps, Ingalish Sati, Churchill Nyakinda et Polycarp Akoko ont racontĂ© l’histoire inspirante de la mission de Gendia, en soulignant comment l’Ɠuvre pionniĂšre des premiers missionnaires a jetĂ© les bases de la communautĂ© ecclĂ©siale prospĂšre que nous voyons aujourd’hui dans cette rĂ©gion. Philip Gai a aussi racontĂ© la riche histoire de l’HĂŽpital adventiste de Kendu, anciennement connu sous le nom d’HĂŽpital de Gendia, soulignant son rĂŽle vital dans les soins de santĂ© et la mission spirituelle de la rĂ©gion.

M. Ochorokodi a fĂ©licitĂ© KLC « pour son engagement inĂ©branlable dans l’Ɠuvre missionnaire », soulignant « l’impact profond de ses efforts pour faire avancer la mission de l’Église et pour rĂ©pondre aux besoins spirituels et sociaux de la population locale ». Selon les participants, le sermon

Cette commĂ©moration s’est dĂ©roulĂ©e sur le site oĂč les premiers missionnaires du pays ont servi

convaincant d’Emmanuel Pelote a Ă©tĂ© le clou de l’évĂ©nement. Ce dernier a racontĂ© avec passion la vie de John N. Andrews, dĂ©taillant les dĂ©fis et les triomphes de ce pionnier missionnaire. « Ne vous contentez pas d’ĂȘtre des membres d’église ! Assumez activement votre rĂŽle de missionnaires dans les communautĂ©s », a lancĂ© Emmanuel Pelote Ă  la congrĂ©gation. Il a appelĂ© ses auditeurs Ă  l’humilitĂ© et Ă  une approche du leadership centrĂ©e sur Christ, encourageant chacun Ă  laisser JĂ©sus rĂ©gner dans sa vie.

L’évĂ©nement du 28 septembre a servi Ă  rappeler la puissance transformatrice de la foi et l’importance d’un dĂ©vouement continu envers l’Ɠuvre missionnaire, laquelle a contribuĂ© de maniĂšre significative Ă  l’éducation, aux soins de santĂ©, et Ă  la croissance spirituelle dans la rĂ©gion, ont soulignĂ© les dirigeants de l’Église rĂ©gionale.

« Alors que la mission dans cette rĂ©gion cĂ©lĂšbre [
] l’Ɠuvre adventiste, elle tĂ©moigne de l’hĂ©ritage durable de ces premiers missionnaires, et de l’engagement continu de la communautĂ© adventiste Ă  Ă©lever et Ă  renforcer la population de la rĂ©gion », ont-ils dit.

AprĂšs le message d’Emmanuel Pelote, Robert Muhune a consolidĂ© ces thĂšmes. Il a exhortĂ© ses auditeurs Ă  approfondir leur foi et Ă  faire la distinction entre une simple prĂ©sence et un discipulat authentique. Par ailleurs, il a invitĂ© les participants Ă  s’avancer, Ă  s’engager sur le vrai chemin de la foi pour que leur vie soit transformĂ©e, et Ă  rĂ©sister aux distractions du monde, ont rapportĂ© les dirigeants de l’église. « Cet appel Ă  l’action a soulignĂ© l’importance de l’évĂ©nement, lequel n’était pas une simple cĂ©lĂ©bration, mais un engagement renouvelĂ© envers la mission de l’Église dans les annĂ©es Ă  venir », ont-ils conclu.

Benson Okech Ogayo, Fédération de Kenya Lake, et Adventist World
Emmanuel Pelote, directeur des communications de l’ECD, prĂȘche lors de la cĂ©lĂ©bration commĂ©morative dans l’ouest du Kenya.
Photo : FĂ©dĂ©ration de Kenya Lake, Union des fĂ©dĂ©rations de l’ouest du Kenya

Gros plan sur la mission

Le déploiement missionnaire révÚle des changements et des possibilités

Le directeur de Mission adventiste dĂ©crit l’accent mis sur le travail de premiĂšre ligne

« RĂ©cemment, le comtĂ© de Montgomery, dans le Maryland, a Ă©tĂ© nommĂ© le comtĂ© le plus diversifiĂ© des États-Unis en matiĂšre de religion », a dĂ©clarĂ© Gary Krause, directeur de Mission adventiste, le 13 octobre dernier. S’adressant aux membres du ComitĂ© exĂ©cutif de la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale (EXCOM) lors du Concile annuel de 2024 de l’Église adventiste, Gary Krause a rappelĂ© aux dirigeants de l’Église que le siĂšge de la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale des adventistes du septiĂšme jour – lieu de la rĂ©union annuelle Ă  Silver Spring – est situĂ© dans les limites du comtĂ© de Montgomery.

« Dans un rayon d’environ 20 minutes en voiture autour de ce bĂątiment, on trouve au moins 10 temples hindous ou jaĂŻns
 et au moins 13 mosquĂ©es et centres islamiques. En fait, juste en haut de la rue, il y a une chaĂźne de tĂ©lĂ©vision internationale musulmane. »

En raison des dĂ©placements forcĂ©s, des migrations transfrontaliĂšres volontaires, et des migrations internes des zones rurales vers les zones urbaines, la diversitĂ© ethnique et religieuse s’est considĂ©rablement accrue dans de nombreux endroits, a expliquĂ© Gary Krause.

UNE JUSTIFICATION POUR LE RECENTRAGE DE L’APPROCHE

DES MISSIONS

Selon Gary Krause, la situation

actuelle justifie le Recentrage de l’approche des missions auquel l’Église adventiste est confrontĂ©e aujourd’hui dans la fenĂȘtre 10/40 (une rĂ©gion du monde oĂč la plupart des gens habitent, mais oĂč les chrĂ©tiens constituent une minoritĂ©), la fenĂȘtre postchrĂ©tienne, et la fenĂȘtre urbaine. Presque toutes les rĂ©gions de l’Église ont Ă©tĂ© touchĂ©es par ces fenĂȘtres dans une certaine mesure, a-t-il dit.

Les fenĂȘtres du Recentrage de l’approche des missions sont non seulement des dĂ©fis pour la mission, mais aussi des occasions pour la mission, a prĂ©cisĂ© Gary Krause. Il a partagĂ© quelques donnĂ©es sur les missionnaires de premiĂšre ligne, dont 2 500 pionniers de Mission globale, 79 « faiseurs de tente » dans la fenĂȘtre 10/40, et 774 bĂ©nĂ©voles de Service volontaire adventiste. Pourtant, il y a encore beaucoup Ă  faire, a poursuivi Gary Krause. À titre d’exemple, il a mentionnĂ© que VividFaith, le bureau de l’Église qui met en relation des bĂ©nĂ©voles potentiels avec des postes de bĂ©nĂ©voles dans le monde entier, compte une liste de plus de 17 000 intĂ©ressĂ©s au service, mais moins de 800 centres d’intĂ©rĂȘt. Gary Krause : « Moins de 800 contre 17 000. Pouvez-vous imaginer l’énergie, la jeunesse et la crĂ©ativitĂ© reprĂ©sentĂ©es par ce nombre de plus de 17 000 ? Imaginez combien ils pourraient faire bouger les choses s’ils se mettaient au service de la sociĂ©tĂ© ! Quelle diffĂ©rence pour les Ă©glises, les Ă©coles, les communautĂ©s, les programmes d’évangĂ©lisation, les initiatives en matiĂšre de santĂ©, les entitĂ©s en difficultĂ© dans votre rĂ©gion du monde ! Mais pour une raison ou une autre, nous n’exploitons pas cette mine d’or de jeunes talents enthousiastes et disponibles pour le service. »

UN CHANGEMENT MISSIONNAIRE

Alors que les divisions de l’ Église mondiale ajustent leurs budgets pour affecter davantage de fonds aux missionnaires de premiĂšre ligne, l ’ Église mondiale reçoit les noms de missionnaires disposĂ©s Ă  relever les plus grands dĂ©fis. Certaines rĂ©gions sollicitent aussi l’aide d’autres rĂ©gions. « Par le biais du parrainage, h uit divisions et unions financent des missionnaires et des initiatives missionnaires dans 10 autres divisions et unions », a indiquĂ© M. Krause. Robert Folkenberg III sera l’un des premiers missionnaires de l’initiative Recentrage de l’approche des missions Ă  se rendre sur le terrain. En novembre, il quittera le Canada avec sa femme et ses filles encore jeunes pour s’installer au Danemark afin de se consacrer Ă  l’établissement d’églises dans cette fenĂȘtre postchrĂ©tienne sĂ©cularisĂ©e.

Depuis quatre ans et demi, Robert Folkenberg a Ă©tĂ© planteur d’ Ă©glises Ă  Squamish, en Colombie-Britannique – une communautĂ© connue pour son haut niveau de laĂŻcitĂ©. Robert Folkenberg, dans un message vidĂ©o : « Lorsque nous nous sommes installĂ©s lĂ -bas, il n’y avait pas d’ Ă©glise . Ça a Ă©tĂ© un dĂ©fi difficile, certes, mais incroyablement gratifiant de passer les derniĂšres annĂ©es Ă  s’investir dans une nouvelle Ă©glise qui aujourd’hui existe. »

Robert Folkenberg a expliquĂ© qu’à travers cette expĂ©rience, lui et sa famille sont devenus « trĂšs passionnĂ©s par le potentiel et la puissance de l’établissement d’églises ». Aujourd’hui, avec l’aide de Dieu, ils espĂšrent rĂ©pĂ©ter cette expĂ©rience dans la ville postchrĂ©tienne de Copenhague.

Photo : Tor Tjeransen / Adventist Media Exchange (CC BY 4.0)
Gary Krause, directeur de Mission adventiste de la GC, parle de l’état du bĂ©nĂ©volat adventiste.

Sous les projecteurs

La grĂące qui abonde

Reconnaßtre et refléter la grùce de Dieu

Un jour, alors que j’étais en entrevue, on m’a posĂ© la question suivante : « Si on vous demandait de prĂȘcher, quel thĂšme de prĂ©dication choisiriez-vous ? » Alors que mes yeux s’embuaient de larmes, j’ai rĂ©pondu immĂ©diatement : « La grĂące de Dieu. Aucune concurrence possible. La grĂące. »

Quelques annĂ©es avant cette entrevue, je n’aurais peut-ĂȘtre pas rĂ©pondu ça. Que s’est-il donc passĂ© ? Simplement que Dieu m’a fait passer par un changement de paradigme pour m’amener lĂ  oĂč la grĂące occupe une place prĂ©pondĂ©rante dans ma vie.

MON CHEMINEMENT

Je suis Pilira – une lĂ©galiste en voie de guĂ©rison. Lorsque Dieu m’a lancĂ©e dans ce cheminement, l’épĂźtre de Paul aux Romains avait dĂ©jĂ  changĂ© ma vie. Ce changement s’est produit de maniĂšre tout Ă  fait inattendue.

Étant une adventiste de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration, j’ai grandi avec « Les belles histoires de la Bible » et « Racontenous une histoire » d’Arthur Maxwell. Mon grand-pĂšre maternel Ă©tait pasteur adventiste. Mon pĂšre a Ă©tĂ© Ă©levĂ© par son oncle, lui aussi pasteur adventiste.

Mes parents Ă©taient des chrĂ©tiens engagĂ©s et des dirigeants de l’Église qui aimaient JĂ©sus et leur prochain. Dans notre salon, il y avait une Ɠuvre d’art reprĂ©sentant JĂ©sus avec une couronne d’épines. MalgrĂ© la tristesse de son expression, ce tableau gardait vivante la vĂ©ritĂ© de l’amour et de la mort sacrificielle du Christ. Dans notre salle Ă  manger, une plaque nous rappelait, Ă  chaque repas, que « Christ est le chef de cette maison, l’invitĂ© invisible de chaque repas, l’auditeur silencieux de chaque conversation »1. Comme j’ai toujours aimĂ© les mots, je ne me suis jamais lassĂ©e de lire cette plaque. Et naturellement, son impact sur ma vie ne s’est pas dĂ©menti. Malheureusement, je ne considĂ©rais pas tout Ă  fait ce message comme mettant l’accent sur JĂ©sus, le Compagnon et tendre Ami, mais plutĂŽt comme un avertissement : « Fais attention Ă  ce que tu dis, car JĂ©sus Ă©coute ! » Somme toute, mon jeune cƓur a Ă©tĂ© attirĂ© par Dieu depuis l’enfance. J’aimais tellement JĂ©sus que je voulais vraiment lui plaire. Au fil des ans, j’ai acquis beaucoup de connaissances scripturaires. Mais, Ă  mon insu, j’ai tout de mĂȘme Ă©tĂ© entraĂźnĂ©e dans le monde du lĂ©galisme,

avec son attitude exclusiviste, critique, moralisatrice, et plus sainte que les autres. Ce n’est pas que j’étais une affreuse personne, non ; je me disais simplement et souvent : Je suis une tellement bonne adventiste ! Qu’est-ce que Dieu doit m’aimer pour ça ! Petit Ă  petit, Dieu a commencĂ© Ă  remettre en question ma propre justice et ma condamnation de ceux que je considĂ©rais comme insuffisamment bons parce que leurs croyances et pratiques ne correspondaient pas aux miennes. Ces manifestations de la grĂące ont atteint progressivement leur point culminant lorsqu’un pasteur et Ă©rudit adventiste de l’UniversitĂ© de Barraton, au Kenya, est venu Ă  notre Ă©glise pour donner une Ă©tude d’une semaine ayant pour thĂšme l’épĂźtre aux Romains. DĂšs le dĂ©but, il nous a lancĂ© le dĂ©fi suivant : « Si vous comprenez le message que je vais partager avec vous, votre vie ne sera plus jamais la mĂȘme ». Étant maintenant adulte, j’ai pourtant rĂ©agi avec le cynisme que j’avais dĂ©veloppĂ© au fil des ans. Je suis allĂ©e jusqu’à dire Ă  mon mari : « C’est du rabĂąchage ! Qu’est-ce qu’il va nous dire qu’on ne sait pas dĂ©jĂ  ? » J’étais loin de me

PILIRA ZAPITA
Photo : Shuang

douter que Dieu Ă©tait sur le point d’ébranler les fondements mĂȘmes de ma thĂ©ologie !

Au terme de cette semaine-lĂ , une nouvelle Ă©tape s’est amorcĂ©e dans ma vie – une Ăšre de dĂ©voilement progressif de cette incroyable rĂ©alitĂ© qu’est la grĂące ! Pendant les quelques mois qui ont suivi, j’ai pleurĂ© beaucoup, et j’ai demandĂ© Ă  Dieu : « Comment est-ce que j’ai pu passer Ă  cĂŽtĂ© de ta grĂące ? » J ’ai compris plus tard que certains imprimĂ©s de l’Église et ma propre loupe d’interprĂ©tation –alors que j’étais bien intentionnĂ©e – avaient obscurci ce que l’histoire biblique crie haut et fort : « Dieu est grĂące et t’aime passionnĂ©ment ! » Ma loupe, au contraire, hurlait : « Observe les lois de Dieu, et Dieu t’aimera. Si tu n’es pas assez bonne pour mĂ©riter la faveur divine, Dieu te rejettera ! » Je ne sais trop comment, mais je n’avais pas vu la loi comme un fruit de la relation avec Dieu et une preuve de la prĂ©sence et de la puissance du Saint-Esprit, ni compris qu’elle n’était pas un moyen de mĂ©riter son approbation.

Cette expĂ©rience m’a ouvert les yeux sur de nombreuses rĂ©alitĂ©s

Alors que je vivais dans le mensonge selon lequel Dieu m’aimait Ă  cause de mes bonnes Ɠuvres, j’ai dĂ©couvert qu’en Christ, la grĂące de Dieu m’étreint !

nouvelles. En voici quelques-unes. 1) Dieu m’aime et m’accepte. Ayant l’assurance d’ĂȘtre sauvĂ©e en Christ, je suis en sĂ©curitĂ©. Alors que je vivais dans le mensonge selon lequel Dieu m’aimait Ă  cause de mes bonnes Ɠuvres, j’ai dĂ©couvert qu’en Christ, la grĂące de Dieu m’étreint. Cette dĂ©couverte a complĂštement changĂ© ma vie ! Quel immense soulagement j’ai Ă©prouvĂ© en dĂ©couvrant qu’il m’est impossible d’ĂȘtre sauvĂ©e par mes Ɠuvres ! Par consĂ©quent, j’ai joyeusement troquĂ© la performance contre la grĂące. C’est ainsi qu’a commencĂ© le processus de toute une vie de vĂ©ritable discipulat : apprendre, dĂ©sapprendre, rĂ©apprendre. J’ai Ă©tĂ© remplie de joie en voyant Dieu dĂ©faire les nombreux mensonges que j’en Ă©tais venue Ă  croire sur lui, sur moi-mĂȘme, sur les autres, sur l’Église, et sur le monde au fil des ans ! Ensuite, j’ai Ă©tĂ© attirĂ©e au cƓur mĂȘme des discours d’adieu du Christ dans Jean 13 Ă  17. Le passage d’une spiritualitĂ© centrĂ©e sur les Ɠuvres Ă  une spiritualitĂ© centrĂ©e sur la relation avec JĂ©sus a fait naĂźtre en moi la soif de cette union qui consiste Ă  demeurer en Christ. Il n’a pas fallu longtemps

pour que je saisisse la rĂ©alitĂ© des paroles du Christ : « Sans moi vous ne pouvez RIEN faire » ( Jn 15.5 ; c’est moi qui souligne). Alors que l’Esprit de Dieu me confrontait Ă  ma vie intĂ©rieure vulnĂ©rable, j’ai dĂ©couvert que mon seul espoir Ă©tait de m’appuyer sur la totale suffisance du Christ. Le lĂ©galisme m’avait enseignĂ© la condamnation de moi-mĂȘme et des autres, la culpabilitĂ©, la honte, et le sentiment sous-jacent que je n’étais pas et ne serais jamais assez bonne. JĂ©sus a commencĂ© Ă  remplacer ces distorsions par le pardon, l’espĂ©rance, l’acceptation, l’honneur, la sĂ©curitĂ© et la dignitĂ©, reconnaissant que tant que je viens Ă  Christ par la foi, je peux ĂȘtre assurĂ©e qu’il me pardonnera, me purifiera (1 Jn 1.9), et achĂšvera cette bonne Ɠuvre qu’il a commencĂ©e en moi (Ph 1.6).

UNE CONSÉQUENCE INATTENDUE

Le changement de paradigme qui a remplacĂ© une religion lĂ©galiste imperceptible par une spiritualitĂ© centrĂ©e sur la relation a eu des consĂ©quences auxquelles je ne m’attendais pas, au-delĂ  mĂȘme de celles qui m’ont touchĂ©e personnellement. L’une d’entre elles a

Ă©tĂ© la profonde compassion que l’Esprit de Dieu a suscitĂ©e en moi Ă  l’égard des « Ă©garĂ©s ». Quelque chose a changĂ© en moi, car je me voyais dĂ©sormais dans la mĂȘme position que celle de tous les « pĂ©cheurs » (voir Rm 3.23,24) – en particulier ceux Ă  qui certains jettent la pierre par leurs paroles, leurs silences, leurs actions, et leurs inactions. Telle une aveugle, je ne voyais pas l’étendue de mon pharisaĂŻsme et de mon exclusivisme. Dieu a commencĂ© Ă  me prĂȘter sa loupe pour regarder les gens, en particulier ceux qui ont des problĂšmes complexes parce que nous vivons dans un monde dĂ©chu et brisĂ©. J’ai commencĂ© Ă  avoir des relations diffĂ©rentes avec ceux qu’on m’avait appris – mĂȘme par inadvertance – Ă  fuir, Ă  Ă©viter, Ă  Ă©tiqueter. Alors, certains ont pensĂ© – et pensent encore – que j’étais trop tolĂ©rante et que je tolĂ©rais le pĂ©chĂ©. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que mon cƓur a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  regarder au-delĂ  des dĂ©fauts des gens et Ă  discerner leur valeur inestimable, laquelle est obscurcie par toutes les ruptures de la vie. Nous avons tous besoin de la grĂące abondante de Dieu, et nous pouvons partager ce don rĂ©volutionnaire aussi librement que Dieu le donne et que nous le recevons.

QU’EST-CE QUE LA GRÂCE ?

Certains mots et concepts associĂ©s au nom hĂ©breu khen, et au mot grec charis, tous deux souvent traduits par grĂące, sont « faveur » ; « attrait » ; « rĂ©jouissance » ; « bontĂ© » ; « dĂ©lices » ; « Dieu s’étendant librement [
] s’approchant (s’inclinant devant) des gens parce qu’il est disposĂ© Ă  les bĂ©nir (Ă  ĂȘtre prĂšs d’eux) »2. Au sujet de JĂ©sus, Jean Ă©crit : « Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grĂące ; nous avons reçu une bĂ©nĂ©diction aprĂšs l’autre. » ( Jn 1.16, BFC)3. C’est lĂ  la gĂ©nĂ©rositĂ© illimitĂ©e, dĂ©bordante, libre et intĂ©grale de Dieu, dĂ©versĂ©e sur le monde.

LE SCANDALE DE LA GRÂCE ET LE PROBLÈME

DE LA « NON-GRÂCE »

Dans un monde rempli de « nongrĂące », comme l’appelle Philip Yancey4,

l’idĂ©e de recevoir quelque chose sans qu’on le mĂ©rite paraĂźt inconcevable, absurde, dĂ©sagrĂ©able. La culture du monde, portĂ©e par un large Ă©ventail d’idĂ©ologies et de religions selon lesquelles on doit faire des Ɠuvres pour gagner quelque chose, trouve ridicule et impossible le concept et la rĂ©alitĂ© d’un don qui coĂ»te tout Ă  celui qui le donne, et est donnĂ© gratuitement Ă  celui qui le reçoit. La recherche de la performance semble inhĂ©rente Ă  de nombreuses cultures et religions. Elle est souvent internalisĂ©e par des processus systĂ©miques qui cĂ©lĂšbrent et rĂ©compensent ceux qui travaillent dur, et qui punissent d’une maniĂšre ou d’une autre ceux qui ne le font « apparemment » pas. En disant cela, je ne cherche pas Ă  critiquer cette façon de penser et d’agir, mais simplement Ă  souligner Ă  quel point elle est si inhĂ©rente Ă  la vie qu’il devient trĂšs difficile d’accepter le don gratuit de la grĂące de Dieu. Cependant, les Écritures enseignent trĂšs clairement ce qui suit : « Car c’est par la grĂące que vous ĂȘtes sauvĂ©s, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les Ɠuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Ep 2.8-9)

Les exemples de « non-grĂące » parmi nous sont nombreux, depuis ce qui est personnel jusqu’à ce qui est systĂ©mique. Certains ont affirmĂ© que la « non-grĂące » est encore plus rĂ©pandue parmi ceux qui prĂ©tendent suivre le Christ. En effet, comme l’histoire l’a montrĂ©, lorsqu’on croit que Dieu approuve ou impose quelque chose, on peut aussi penser Ă  tort que la division et la passion – alimentĂ©es par une haine incitant parfois jusqu’au meurtre, mĂ©taphoriquement et littĂ©ralement – sont justifiĂ©es. Pourtant, de nombreux thĂ©ologiens ont affirmĂ© que la grĂące est le meilleur don du christianisme au monde. Comment concilier tout ça ?

Quelle que soit la maniĂšre dont la « non-grĂące » se manifeste en chacun de nous, elle rĂ©vĂšle notre besoin commun de grĂące. La Bible affirme qu’il n’y a pas de juste (Rm 3.10), et que nous pouvons nous tromper quant Ă  notre vĂ©ritable condition (Jr

17.9). Ces textes bibliques et bien d’autres encore soulignent que le problĂšme de notre nature dĂ©chue nĂ©cessite plus qu’un simple changement de comportement. Seules la grĂące rĂ©demptrice et la justice du Christ sont suffisantes pour expier les batailles intĂ©rieures et extĂ©rieures auxquelles nous sommes confrontĂ©s chaque jour – l’orgueil spirituel, une disposition Ă  juger autrui, la colĂšre, la disposition Ă  ne pas pardonner, et le sentiment sous-jacent que nous devons, d’une maniĂšre ou d’une autre, nous mĂ©riter l’approbation de Dieu.

LA GRÂCE : À QUOI

RESSEMBLE-T-ELLE ?

Essayons de rĂ©pondre briĂšvement Ă  cette question en nous basant sur la maniĂšre dont JĂ©sus a vĂ©cu sur terre – Dieu fait homme, imprĂ©gnĂ© de la prĂ©sence et de la puissance du Saint-Esprit. Il semble que les Ă©rudits s’entendent sur le fait que les quatre Évangiles visent diffĂ©rentes communautĂ©s de foi et contiennent donc des accents diffĂ©rents. Cependant, je propose que les quatre mettent l’accent sur la maniĂšre dont JĂ©sus manifestait son amour – un amour profond, inclusif, et hors des sentiers battus, un amour attirant dans son cercle les parias, les marginalisĂ©s et les ostracisĂ©s (voir Mt 9.10-13 ; Mc 2.15-17 ; Lc 7.36-50 ; Jn 4.4-42) : ils se sentaient tous Ă  l’aise avec lui ! Certains Ă©rudits notent que JĂ©sus ne ciblait pas la « politique » au sens contemporain du terme ; cependant, la vie rĂ©volutionnaire du Christ Ă©tait trĂšs politique. Voyez comment il a eu des ennuis avec les pouvoirs systĂ©miques religieux et politiques de son Ă©poque – ce qui lui a finalement coĂ»tĂ© la vie. Ce Christ contre-culture rĂ©vĂ©lĂ© dans les Évangiles Ă©tait la personnification mĂȘme de la grĂące abondante de Dieu. Dans l’ensemble, les Évangiles dĂ©peignent JĂ©sus comme adressant ses plus sĂ©vĂšres reproches non pas Ă  ceux qui s’étaient Ă©garĂ©s, non pas Ă  ceux qui luttaient ou Ă©taient des Ă©trangers, mais Ă  ceux qui, ayant Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s comme dĂ©positaires de la

grĂące de Dieu, avaient on ne peut plus mal reprĂ©sentĂ© ce dernier. Au lieu de donner la prioritĂ© aux relations plutĂŽt qu’aux livres de rĂšgles, Ă  la misĂ©ricorde plutĂŽt qu’aux exigences morales, Ă  une communautĂ© affectueuse plutĂŽt qu’à une communautĂ© qui juge et exclut, ils ont dĂ©formĂ© l’image de Dieu. JĂ©sus a apportĂ© la vision divine qui guĂ©rit – la vision qu’il nous faut tous connaĂźtre et dont il faut faire l’expĂ©rience : Dieu est abondamment gracieux et inclusif !

COMMENT ALORS NE PAS FAIRE PREUVE DE GRÂCE ?

J’ai commencĂ© cet article en partageant mon cheminement vers la prise de conscience de la grĂące. Cela a transformĂ© ma vie, m’a donnĂ© de la dignitĂ©, m’a enlevĂ© un sentiment de honte sous-jacent, et m’a permis de vivre ma vie Ă  partir de l’amour inĂ©branlable de Dieu. Au fil des annĂ©es, cependant, Ă  mesure que j’approfondis ma connaissance, ma comprĂ©hension et mon expĂ©rience de la grĂące de Dieu, je me rends compte Ă  quel point la grĂące comptera toujours pour moi. Je remarque combien je peux devenir impatiente avec des gens qui sont lĂ  oĂč j’étais autrefois : lĂ©galistes, exclusifs, enclins Ă  juger autrui, et critiques envers ceux qui ont le plus besoin de la grĂące transformatrice de Dieu. Alors que mon cƓur saigne de plus en plus Ă  cause des horribles souffrances, de l’injustice, de l’oppression systĂ©mique, de la douleur, du dĂ©sespoir, de la pauvretĂ©, du pĂ©chĂ©, et du mal dans ses nombreuses manifestations, je prends conscience de mon besoin de la grĂące afin de pouvoir aussi ĂȘtre encline Ă  aider ceux qui sont en train de dĂ©sapprendre, d’apprendre, et de rĂ©apprendre ; ceux qui, selon moi, devraient ĂȘtre mieux informĂ©s. Alors que nous sommes tous en cheminement, nous sommes mis au dĂ©fi de recevoir et de dispenser continuellement la grĂące.

Actuellement, je vis l’appel que j’ai reçu de Dieu pour dĂ©noncer l’oppression systĂ©mique et les injustices sociales, en particulier Ă  travers le prisme de l’Esprit de Dieu de la vie glo-

bale. Cependant, ce mĂȘme Esprit qui enflamme ma passion de nous donner pour dĂ©fi d’ĂȘtre imputables Ă  Dieu sur la façon dont nous nous traitons les uns les autres, m’appelle aussi Ă  incarner la grĂące envers ceux dont je ne partage vraiment pas les opinions. La grĂące ne signifie pas que les critiques ne doivent pas ĂȘtre formulĂ©es ou doivent ĂȘtre laissĂ©es de cĂŽtĂ© ; sinon, les fortes voix prophĂ©tiques de la Bible n’existeraient pas, ni la voix prophĂ©tique de JĂ©sus envers les chefs religieux de son temps. Cependant, la grĂące, tout en offrant avec ferveur un correctif, favorise aussi un amour inclusif et global – ce qui est tout Ă  fait rĂ©volutionnaire dans un monde de plus en plus polarisĂ© par le pouvoir et les systĂšmes qui perpĂ©tuent la haine contre « l’autre ». Si nous nous souvenons qu’aucun d’entre nous n’égalera jamais la perfection du Christ de ce cĂŽtĂ©-ci de l’éternitĂ©, nous soutiendrons la grĂące de Dieu, nous nous accrocherons Ă  cette grĂące, Ă  la toute-suffisance du Christ, et Ă  l’Esprit qui habite en nous. Ainsi, quand nous trĂ©bucherons, le pardon et la restauration ne seront jamais occultĂ©s, parce que nous savons que notre performance ne nous fera jamais nous mĂ©riter l’amour de Dieu. Dieu reste abondamment rempli d’amour, gracieux, gĂ©nĂ©reux, fidĂšle, et disposĂ© Ă  pardonner Ă  tous ceux qui se repentent et acceptent son amour. C’est cette perspective imprĂ©gnĂ©e de grĂące, plutĂŽt qu’une perspective lĂ©galiste qui se donne l’objectif impossible de se mĂ©riter la grĂące, que j’ai choisi d’incarner jusqu’à la fin de mes jours !

1 Auteur anonyme.

2 HELPS Word Studies, https: biblehub.com/Greek/5485.htm

3 Bible en français courant.

4 Philip Yancey, What’s so Amazing About Grace?, rĂ©visĂ© et mis Ă  jour, Zondervan, Grand Rapids, MI, 2023.

Pilira Zapita poursuit un doctorat en thĂ©ologie systĂ©matique Ă  l’Institut d’enseignement supĂ©rieur King’s College de Londres, oĂč elle travaille aussi en tant qu’assistante pĂ©dagogique diplĂŽmĂ©e. Elle est aussi chargĂ©e de cours invitĂ©e Ă  l’Institut d’enseignement supĂ©rieur Newbold.

Si nous nous souvenons qu’aucun d’entre nous n’égalera jamais la perfection du Christ de ce cĂŽtĂ©-ci de l’éternitĂ©, nous soutiendrons la grĂące de Dieu, nous nous accrocherons Ă  cette grĂące, Ă  la toutesuffisance du Christ, et Ă  l’Esprit qui habite en nous.

Sous les projecteurs

Plus de grĂące encore

Gérer les personnes « difficiles »

K’DEE CREWS

Àla question « Comment gĂ©rez-vous les personnes difficiles ? », une personne en particulier vous vient-elle Ă  l’esprit ? J’imagine qu’il y en a au moins une. Faire face Ă  des personnes difficiles est une partie inĂ©vitable de la vie. Tout le monde a donc intĂ©rĂȘt Ă  se pencher sur ce sujet. Imaginez Ă  quel point vos relations seraient diffĂ©rentes Ă  la maison, Ă  l’église ou au travail si vous saviez comment gĂ©rer les personnes difficiles !

Lorsqu’on parle de relations, il est toujours important de reconnaĂźtre qu’on ne peut pas changer ou contrĂŽler les autres. Par consĂ©quent, cet article se focalisera sur ce que vous pouvez contrĂŽler alors que nous explorons sept Ă©tapes pratiques pour gĂ©rer les personnes difficiles.

1. S’EXAMINER SOI-MÊME

Lorsqu’on a affaire Ă  des personnes difficiles, la premiĂšre Ă©tape consiste Ă  se regarder dans le miroir et Ă  se demander : « Est-ce que la personne difficile, c’est moi ? » Selon Pamela Meyer, auteur et spĂ©cialiste du mensonge, nous nous

trompons nous-mĂȘmes environ 10 Ă  200 fois par jour1 ! Nous lisons dans JĂ©rĂ©mie 17.9 que « Le cƓur [l’esprit] est tortueux par-dessus tout, et il est mĂ©chant : Qui peut le connaĂźtre ? » La projection, vous connaissez ? C’est une forme courante d’auto-illusion. La projection, c’est penser que les autres ont des qualitĂ©s nĂ©gatives que l’on a soi-mĂȘme. Nous pouvons penser que les autres sont difficiles parce que nous avons projetĂ© nos propres difficultĂ©s sur eux. En tant que psychologue, je constate rĂ©guliĂšrement que mes clients font de la projection. Ils se plaignent d’un conjoint, d’un enfant, d’un collĂšgue, d’un pasteur, ou mĂȘme d’un agent du service Ă  la clientĂšle qu’ils considĂšrent comme difficile
 alors que c’est manifestement eux qui le sont !

Dans Matthieu 7.3, JĂ©sus dĂ©crit l’importance de faire un examen de conscience. « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’Ɠil de ton frĂšre, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton Ɠil ? » Pour ĂȘtre plus direct, « Pourquoi qualifies-tu ton “frĂšre” de “difficile” sans te rendre compte que c’est toi qui es “difficile” ? » JĂ©sus donne ensuite une recommandation Ă  ses auditeurs : « Ôte premiĂšrement la poutre de ton Ɠil, et alors tu verras comment ĂŽter la paille de l’Ɠil de ton frĂšre. » (v. 5) Autrement dit, travaillez d’abord sur votre propre difficultĂ©, puis vous pourrez discerner les difficultĂ©s des autres et la maniĂšre de les traiter. Faites la priĂšre que l’on trouve dans Psaumes 139.23,24 : « Sonde-moi, ĂŽ Dieu, et connais mon cƓur ! Éprouve-

moi, et connais mes pensĂ©es ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternitĂ© ! »

2. ASSUMER SA RESPONSABILITÉ

Les gens disent souvent : « Cette personne m’a mis en colĂšre » ou « Ils ont dĂ©clenchĂ© ma colĂšre ». Or, ce n’est pas tout Ă  fait vrai ! Des gens peuvent influencer vos sentiments, mais personne ne peut vous faire ressentir quoi que ce soit. Au lieu de blĂąmer les autres, acceptez la responsabilitĂ© de votre rĂ©action et demandez ensuite : « Qu’est-ce qui en moi est dĂ©clenchĂ© par cette personne ? » Les personnes les plus mĂ»res sur le plan Ă©motionnel sont celles qui sont conscientes d’elles-mĂȘmes et qui assument leur

responsabilitĂ©. MĂȘme si le jugement que vous portez sur la personne difficile est correct, il y a des choses que vous pouvez assumer et changer. Lorsque vous vous sentez interpellĂ©, ne donnez pas de pouvoir Ă  la personne difficile en rĂ©agissant. Sans rĂ©action de votre part, les personnes difficiles sont impuissantes. Quand j’étais jeune, mon frĂšre aĂźnĂ© nous chatouillait, ma sƓur aĂźnĂ©e et moi. Devant la rĂ©action hystĂ©rique de ma sƓur, il la chatouillait (vous l’avez devinĂ©) encore plus ! Suite Ă  cette observation, lorsque quelqu’un me demandait si j’étais chatouilleuse,

je disais que non. Et s’il arrivait Ă  quelqu’un de me chatouiller, j’essayais de toutes mes forces de ne pas rire ou de ne pas me tortiller. Comme je ne rĂ©agissais pas, les autres ont perdu leur pouvoir sur moi. Il en va de mĂȘme pour les personnes difficiles. Ne leur donnez pas de pouvoir

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en rĂ©agissant, que ce soit sur le coup ou plus tard, en ressassant ce qu’ils ont fait ou en vous dĂ©foulant.

3. REDÉFINIR LE TERME « DIFFICILE »

Une Ă©tape essentielle dans la gestion des personnes difficiles consiste Ă  supprimer l’étiquette « difficile » que vous leur avez attribuĂ©e. L’étiquetage est une forme de jugement dans lequel nous prenons une caractĂ©ristique ou une action d’une personne et l’appliquons Ă  l’ensemble de sa personne. Une Ă©tiquette courante et un mot Ă  la mode aujourd’hui est « narcissique ». Les gens peuvent avoir des traits de narcissisme, mais Ă©tiqueter quelqu’un de « narcissique » le dĂ©peint comme si c’était l’intĂ©gralitĂ© de ce qu’il est. C’est lĂ  l’objectif de Satan, car les Ă©tiquettes

« L’Éternel ne considĂšre pas ce que l’homme considĂšre ; l’homme regarde Ă  ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cƓur [les blessures profondes et le cƓur contrit]. » (1 S 16.7 ; cf. 2 Co 5.16). Au lieu d’une mentalitĂ© « nous » (ceux qui ne sont pas difficiles) versus « eux » (ceux qui sont difficiles), nous devons comprendre que nous sommes tous des pĂ©cheurs « difficiles » privĂ©s de la gloire de Dieu (Rm 3.23), et que la mĂȘme grĂące

condamnent les autres Ă  subir le sort de cette Ă©tiquette et peuvent devenir une prophĂ©tie qui se rĂ©alise d’elle-mĂȘme. Il en va de mĂȘme lorsque nous qualifions les autres de « difficiles ». Ils peuvent penser : « J’ai Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ© comme Ă©tant “difficile”, alors pourquoi changer ? » Les Ă©tiquettes tendent aussi Ă  crĂ©er une sĂ©grĂ©gation fondĂ©e sur la race (« Noirs » versus « Blancs »), la religion (« conservateurs » versus « libĂ©raux »), les convictions politiques (« RĂ©publicains » versus « DĂ©mocrates »), etc. De mĂȘme, la sĂ©grĂ©gation apparaĂźt lorsque des personnes qualifient d’autres personnes de « difficiles ». Demandons-nous plutĂŽt ce que ferait JĂ©sus. JĂ©sus luttait contre les Ă©tiquettes aliĂ©nantes de son Ă©poque et sondait le cƓur des gens (voir Ga 3.28).

immĂ©ritĂ©e que nous avons reçue, nous devons l’étendre Ă  d’autres. Soyons comme Dieu : supprimons l’étiquette « difficile » sur-le-champ. DĂšs maintenant, nous parlerons des « personnes difficiles » comme des « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore ».

4. SE CONNECTER ET ÉCOUTER

En tant que psychologue, j’écoute les histoires des gens. C’est l’une des bĂ©nĂ©dictions principales de mon

travail. Alors qu’ils m’ouvrent le rideau de leur vie, j’éprouve empathie et compassion envers eux plutĂŽt que frustration et condamnation. Si l’on n’a pas la mĂȘme occasion d’entendre les histoires des gens tous les jours, en revanche, tout le monde peut se connecter, poser des questions, et Ă©couter les autres. On n’est pas lĂ  pour juger les autres, mais plutĂŽt pour les Ă©couter et faire preuve de patience

leurs forces. JĂ©sus reconnaissait Ă  la fois les faiblesses et les forces des gens. Il avait de la compassion pour leurs faiblesses tout en cultivant ce qu’il y avait de bon en eux.

que l’objectif principal est de retourner un article achetĂ©, votre approche sera trĂšs diffĂ©rente de celle d’une relation avec votre patron, avec lequel vous interagissez frĂ©quemment. Enfin, demandez-vous quelles sont les types d’interactions dont les « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore » sont capables. Sont-elles capables de rĂ©pondre aux limites exigĂ©es ? Trop souvent, les

envers eux. Comme le dit Jacques 1.19 (NBS), « que chacun soit prompt Ă  Ă©couter, lent Ă  parler, lent Ă  la colĂšre ». Bo Bennett, auteur d’un ouvrage sur la pensĂ©e critique, a dit : « Si vous voulez avoir beaucoup d’expĂ©rience dans la gestion des personnes difficiles, alors, ayez des enfants2 ! » Comme les enfants, les « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore » ont, en gĂ©nĂ©ral, des compĂ©tences Ă©motionnelles et sociales

Nous devons faire de mĂȘme avec les « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore ». Bien qu’une personne puisse avoir des difficultĂ©s interpersonnelles, elle peut ĂȘtre douĂ©e dans d’autres domaines qui peuvent contribuer au service. Le corps du Christ a besoin de tout le monde (1 Co 12.12-27) !

5. DÉFINIR LA DIFFICULTÉ

En Ă©coutant au lieu d’étiqueter, vous pouvez mieux dĂ©finir le problĂšme qui interfĂšre avec votre relation. Plusieurs Ă©lĂ©ments peuvent contribuer Ă  des communications problĂ©matiques. Une personne peut souffrir d’un trouble physique ou psychologique, ou avoir une

gens sont frustrĂ©es par une « personne ayant besoin de plus de grĂące encore » lorsqu’il devient Ă©vident qu’elle n’est pas capable d’agir diffĂ©remment. Laissez-la d’abord vous apprendre qui elle est et ce dont elle est capable, puis dĂ©finissez vos attentes en consĂ©quence.

6.

FIXER DES LIMITES

Les limites sont nĂ©cessaires pour gĂ©rer les « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore », ainsi que dans toutes les relations. Le caractĂšre de Dieu – un Ă©quilibre entre la justice et la misĂ©ricorde (Ps 85.11 ; Mi 6.8 ; Mt 23.23) – est, en matiĂšre de limites, un grand principe directeur de la Bible. L’amour humain est souvent dĂ©sĂ©quilibrĂ© ; nous avons tendance Ă  mettre l’accent sur la justice et Ă  nĂ©gliger la misĂ©ricorde. Face aux « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore », la plupart des chrĂ©tiens tombent du

sous-dĂ©veloppĂ©es. Peut-ĂȘtre devrionsnous les considĂ©rer d’un Ɠil nouveau, comme des enfants prĂ©cieux qui ont besoin de notre amour et de nos soins pour poursuivre leur dĂ©veloppement. Aux yeux de Dieu, nous sommes tous des enfants, et il veut que les enfants viennent Ă  lui.

La connexion et l’écoute ne crĂ©ent pas seulement de l’empathie pour les faiblesses des gens, mais crĂ©ent aussi des occasions de percevoir

personnalitĂ©, un mode de vie, un systĂšme de croyances ou une culture diffĂ©rents des vĂŽtres. En identifiant lesquelles de ces options sont Ă  l’origine d’une interaction difficile, vous pourrez alors dĂ©terminer une solution appropriĂ©e. Les solutions ne sont pas uniformes. Il existe de nombreuses variables. Tout dĂ©pend de votre relation avec les « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore » – qu’il s’agisse d’un membre de la famille, d’un membre de l’Église, d’une figure d’autoritĂ©, ou d’un Ă©tranger. Vous devez aussi tenir compte de la frĂ©quence de vos interactions et de l’objectif de la relation. S’il s’agit d’une relation avec un agent du service Ă  la clientĂšle que vous voyez rarement et

cĂŽtĂ© de l’excĂšs de misĂ©ricorde (c’est-Ă dire des limites lĂąches ou inexistantes) jusqu’à ce qu’ils atteignent leur point de rupture (« j’en ai assez ») et basculent alors entiĂšrement du cĂŽtĂ© de la justice (c’est-Ă -dire des limites rigides telles que l’exclusion totale de la personne de leur vie). L’équilibre entre la justice et la misĂ©ricorde dĂ©pend de la personne et de la situation. Laissez le Saint-Esprit, et non votre jugement partial, vous guider dans la fixation de limites. De la mĂȘme maniĂšre, nous devons trouver un Ă©quilibre entre la justice et la misĂ©ricorde ; nous devons trouver un Ă©quilibre entre l’attention que nous portons aux autres et celle que nous nous portons Ă  nous-mĂȘmes. Le principe directeur de la Parole de Dieu est le suivant : aimer notre prochain comme nous-mĂȘmes (Mc 12.31). Nous ne pouvons pas aimer les autres

si nous ne nous aimons pas et ne prenons pas soin de nous-mĂȘmes. La fatigue et l’épuisement sont inĂ©vitables si l’on ne prend pas soin de soi de maniĂšre rĂ©guliĂšre et routiniĂšre. MĂȘme JĂ©sus avait besoin de se fixer des limites pour prendre soin de lui-mĂȘme lorsqu’il Ă©tait confrontĂ© aux « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore » de son temps (par

ex., les disciples contestataires, les dirigeants accusateurs, les personnes brisĂ©es dans le besoin, etc.). JĂ©sus se retirait souvent de la multitude pour se rĂ©fugier dans le dĂ©sert (Lc 5.15,16), sur le flanc d’une montagne (Mt 14.23), ou dans un lieu solitaire (Mt 14.13 ; Mc 1.35). Il se ressourçait aussi auprĂšs d’amis sĂ»rs et de confiance, comme le souligne Ellen White : « C’était Ă  BĂ©thanie, dans la maison de Lazare, que JĂ©sus avait souvent trouvĂ© le repos dont sa nature humaine fatiguĂ©e avait besoin »3. Fixer et communiquer des limites n’est que la moitiĂ© de la bataille. La moitiĂ© la plus difficile, c’est de faire respecter et de renforcer les limites4

7. DEMANDER CONSEIL

Comme il n’existe pas de solution unique pour la diversitĂ© des « personnes ayant besoin de plus de grĂące

la vie de ton amie ». Ma sƓur a validĂ© mon dĂ©sir de prendre soin de mon amie tout en me permettant de fixer des limites pour prendre soin de moi-mĂȘme. C’était comme si JĂ©sus luimĂȘme me parlait et me disait : « Je vois ton cƓur bienveillant, K’dee. Mais c’est moi qui suis son sauveur, pas toi. Remets-la entre mes mains. » J’ai ensuite partagĂ© les difficultĂ©s de mon amie avec un adulte de confiance Ă  l’école. Non seulement un poids Ă©norme a Ă©tĂ© enlevĂ© de mes Ă©paules, mais les besoins de mon amie ont Ă©tĂ© mieux satisfaits.

Dieu nous appelle à aider les autres, mais nous ne sommes pas responsables d’eux. Faites ce que vous pouvez et remettez le reste à Dieu et aux autres.

MON TÉMOIGNAGE

En conclusion, je vais vous raconter une histoire personnelle qui illustre la puissance de l’utilisation des principes de Dieu pour non seulement faire face Ă  une « personne ayant besoin de plus de grĂące encore », mais aussi pour l’aimer. Lors de mes Ă©tudes secondaires, j’ai Ă©tĂ© victime d’intimidation, et souvent, je me retrouvais seule. Bien que ces annĂ©es aient Ă©tĂ© difficiles, elles m’ont permis d’acquĂ©rir de l’empathie et ont fait naĂźtre en moi le dĂ©sir de me lier d’amitiĂ© avec les exclus. Au cours de mes Ă©tudes supĂ©rieures, j’ai vĂ©cu mon amitiĂ© la plus difficile avec une « personne ayant besoin de plus de grĂące encore ». La communautĂ© adventiste locale tolĂ©rait gracieusement sa prĂ©sence aux rĂ©unions sociales, mais personne ne voulait ĂȘtre son ami. Je dois admettre que j’ai parfois eu du mal Ă  poursuivre cette amitiĂ©. Un jour, cet ami s’est ouvert Ă  moi et m’a parlĂ© de son enfance. Il m’a parlĂ© de la nĂ©gligence et de l’abandon dont il avait Ă©tĂ© victime et m’a expliquĂ© que depuis, il testait dĂ©libĂ©rĂ©ment les autres pour voir s’ils

encore » que vous rencontrerez, vous devrez chercher du soutien et des conseils. Tout d’abord, demandez conseil Ă  Dieu. Par la priĂšre, l’étude de la Bible et l’expĂ©rience, le Saint-Esprit peut vous guider. DeuxiĂšmement, demandez conseil Ă  des personnes objectives et dignes de confiance. Alors que j’étais en 7e annĂ©e, ma meilleure amie s’est confiĂ©e Ă  moi au sujet de ses problĂšmes de santĂ© mentale, y compris ses automutilations et ses pensĂ©es suicidaires. Elle m’a fait promettre de n’en parler Ă  personne. Ses problĂšmes pesaient tellement lourd sur moi que des symptĂŽmes de dĂ©pression ont commencĂ© Ă  se manifester. Voyant cela, ma sƓur m’a demandĂ© ce qui n’allait pas. La digue que j’avais retenue pendant si longtemps s’est rompue et je me suis mise Ă  pleurer. Je n’oublierai jamais la rĂ©ponse de ma sƓur : « K’dee, tu n’es pas responsable des luttes et de

l’abandonneraient, eux aussi. Il m’a dit : « K’dee, je sais que je t’ai testĂ©e et repoussĂ©e. Et pourtant, tu ne m’as jamais quittĂ©. Je comprends davantage l’amour inconditionnel de Dieu grĂące Ă  ton amitiĂ©. Tu n’as pas idĂ©e de ce que ça reprĂ©sente pour moi. Je suis dĂ©solĂ© d’ĂȘtre aussi difficile. C’est juste que je ne sais pas comment faire pour arrĂȘter ça. »

Les amitiĂ©s avec les « personnes ayant besoin de plus de grĂące encore » ne sont pas faciles, mais elles peuvent ĂȘtre extrĂȘmement gratifiantes. Je chĂ©ris toujours ce cher ami et je suis reconnaissante de ce que de telles relations m’ont appris sur Dieu et son amour pour nous. Mon mari dit souvent : « La valeur du prix dĂ©termine la somme de souffrance qu’on est disposĂ© Ă  endurer. » Vous avez bien valu la souffrance de la croix. La guĂ©rison que mon ami connaĂźt grĂące Ă  l’amour de Dieu Ă  travers moi vaut la souffrance d’une amitiĂ© difficile. J’espĂšre que vous accepterez le dĂ©fi d’aimer une « personne ayant besoin de plus de grĂące encore », de prendre soin d’elle, et de lui procurer la guĂ©rison. Que Dieu vous bĂ©nisse et vous accorde la patience, la compassion, la grĂące, la justice et l’amour, ce qui vous permettra de prospĂ©rer alors que vous gĂ©rez et aimez une « personne ayant besoin de plus de grĂące encore » !

1 Voir Pamela Meyer, Liespotting: Proven Techniques to Detect Deception, New York, St. Martin’s Press, 2011.

2 Voir aussi Bo Bennett, Year to Success: When it Comes to Success, There are No Shortcuts, Sadbury, MA, Archieboy Holdings, 2004.

3 Ellen G. White, Daughters of God, Hagerstown, MD, Review and Herald Pub. Assn., 1998, p. 57. Pour en dĂ©couvrir davantage sur la nĂ©cessitĂ© de prendre soin de soi dans le service, lisez le chapitre 18 intitulĂ© « Le surmenage » dans Le ministĂšre Ă©vangĂ©lique d’Ellen G. White.

4 Pour en découvrir davantage sur les limites à fixer, voir Henry Cloud et John Townsend, Boundaries: When to Say Yes, How to Say No, Grand Rapids, MI, Zondervan, 2017.

K’dee Crews, PhD, est psychologue clinicienne et directrice clinique de Beautiful Minds Medical à Auburn, en Californie, aux États-Unis.

Perspective mondiale

Personne ne sait exactement combien de planĂštes il y a dans l’univers, mais selon les astronomes, la Voie lactĂ©e – notre galaxie – contient Ă  elle seule plus de 100 milliards de planĂštes1 ! En plus de ce chiffre, les scientifiques nous disent qu’il y a au moins 100 milliards de galaxies dans l’univers observable, ce qui veut dire que le nombre de planĂštes pourrait mĂȘme ĂȘtre de l’ordre de plusieurs trillions ! Ces chiffres se basent toutefois

Une planÚte en détresse

Photo :

sur des observations d’une petite partie de l’univers, de sorte que le nombre rĂ©el de planĂštes est sans doute beaucoup plus Ă©levĂ©2. Étonnamment, en plus des planĂštes, les astronomes estiment qu’il y a environ 100 milliards d’étoiles dans la Voie lactĂ©e seulement, et environ 200 milliards de milliards d’étoiles au-delĂ 3

Quelque part au milieu de cet univers étincelant, Dieu est descendu et a créé cette planÚte que nous connaissons sous le nom de « Terre ».

Il dit : « Que la lumiĂšre soit ! Et la lumiĂšre fut. » (Gn 1.3) AprĂšs avoir rempli ce monde de lumiĂšre et de vie, il couronna de façon suprĂȘme sa crĂ©ation : « Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, il le crĂ©a Ă  l’image de Dieu, il crĂ©a l’homme et la femme. » (Gn 1.27)

Tout Ă©tait parfait – enfin, jusqu’au jour fatidique oĂč, prĂ©fĂ©rant le pĂ©chĂ© Ă  leur crĂ©ateur, nos premiers parents plongĂšrent cette planĂšte dans la souffrance et le chagrin – la premiĂšre et seule planĂšte Ă  connaĂźtre la sĂ©paration qu’entraĂźne la rĂ©bellion.

PLUS DE GRÂCE ENCORE

JĂ©sus avait un nombre incalculable de mondes habitĂ©s Ă  son service. Il aurait trĂšs bien pu dĂ©truire cette petite planĂšte rebelle sur-le-champ, mais il ne l’a pas fait. Au lieu de cela, il a choisi de dĂ©ployer plus de grĂące encore pour ses crĂ©atures coupables : il est venu vivre et mourir sur cette planĂšte ingrate pour qu’un jour, nous puissions vivre Ă©ternellement avec lui.

Ainsi, une nuit, alors que les Ă©toiles qu’il avait crĂ©Ă©es scintillaient dans le ciel, le Roi de l’univers est nĂ© dans une Ă©table remplie d’animaux, puis a Ă©tĂ© couchĂ© dans une mangeoire. Ce n’est pas sur un trĂŽne d’or qu’il est venu rĂ©gner. « MĂ©prisĂ© et abandonnĂ© des hommes, homme de douleur et habituĂ© Ă  la souffrance, semblable Ă  celui dont on dĂ©tourne le visage, nous l’avons dĂ©daignĂ©, nous n’avons fait de lui aucun cas. » (Es 53.3)

Tout au long de sa vie, JĂ©sus a fait preuve de patience, de compassion, d’amour envers tous, et a dĂ©ployĂ© plus de grĂące encore sur l’humanitĂ©. Alors mĂȘme que ceux qu’il Ă©tait venu sauver le clouaient sur une croix cruelle, il a prononcĂ© de ses lĂšvres frĂ©missantes cette priĂšre : « PĂšre, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23.34).

Alors que JĂ©sus Ă©tait suspendu entre ciel et terre, l’un de ses derniers actes d’amour a Ă©tĂ© de rester sur la croix alors que tous les dĂ©mons de l’enfer tourbillonnaient autour de lui, le tentant de retirer sa grĂące insondable Ă  ceux qui lui crachaient au visage et de retourner vers son PĂšre – mais il ne l’a pas fait. Faisant preuve de plus de grĂące encore jusqu’à la fin, le Christ a donnĂ© sa vie pour que tous ceux qui le choisissent puissent vivre.

UNIS DANS LE PLAN DE SALUT

En montant au ciel, JĂ©sus n’a pas oubliĂ© ceux qu’il Ă©tait venu sauver. Le PĂšre et le Fils sont unis dans le plan du salut.

« La Bible nous montre Dieu en un lieu Ă©levĂ© et saint, non pas dans l’inaction, le silence et la solitude, mais entourĂ© par des myriades de myriades de saintes intelligences, toutes prĂȘtes Ă  exĂ©cuter ses ordres. Par des moyens que nous ne pouvons apercevoir, il est en communication active avec toutes les parties de son domaine. Mais c’est au sein de ce monde infime et dans les Ăąmes pour lesquelles il a donnĂ© son Fils unique, que se trouvent concentrĂ©s son intĂ©rĂȘt et celui du ciel tout entier. Du haut de son trĂŽne, Dieu se penche pour entendre le cri de l’opprimĂ©. Il rĂ©pond Ă  toute priĂšre sincĂšre : “Me voici”. Il relĂšve ceux qui sont dans l’angoisse et foulĂ©s aux pieds. Chaque fois que nous nous trouvons dans la tentation ou dans l’épreuve, l’ange de sa prĂ©sence se tient prĂšs de nous pour nous dĂ©livrer4 »

UN COMMANDEMENT NOUVEAU

Ô grĂące Ă©tonnante ! Mais ce n’est pas tout. La nuit prĂ©cĂ©dant sa mort, JĂ©sus a dit Ă  ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimĂ©s, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaĂźtront que vous ĂȘtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » ( Jn 13.34,35)

L’une des façons les plus puissantes de rĂ©vĂ©ler son amour est de dĂ©ployer la grĂące sur les autres. Y a-t-il quelqu’un que vous connaissez – un ami, un membre de votre famille, un collĂšgue de travail, un membre d’église, un voisin, voire un Ă©tranger – quelqu’un qui a besoin que vous dĂ©versiez sur lui plus de grĂące encore aujourd’hui ? Parfois, cela peut ĂȘtre difficile, mais souvenons-nous de la promesse de notre Seigneur : « Ma grĂące te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Co 12.9)

FrĂšres et sƓurs, alors que nous entrons dans une nouvelle annĂ©e, je vous invite Ă  vous joindre Ă  moi pour demander Ă  Dieu le supplĂ©ment de grĂące dont nous avons tous besoin, de sorte qu’il puisse utiliser chacun d’entre nous pour dĂ©ployer sa merveilleuse grĂące Ă  un monde qui en a si dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin.

1 Big Think, « How Many Planets Are There in the Universe? » Big Think, consulté le 3 octobre, 2024, https://bigthink.com/starts-with-abang/planets-universe/.

2 NASA, « Billions and Billions of Planets », NASA Jet Propulsion Laboratory, consulté le 3 octobre 2024, https://www.jpl.nasa.gov/ news/billions-and-billions-of-planets/.

3 « How Many Stars Are in the Universe? », consulté le 3 octobre 2024. https://bit.ly/HowManyStarsintheUniverse 4 Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 348.

Ted N. C. Wilson est le prĂ©sident de l’Église adventiste du septiĂšme jour. Vous pouvez le suivre sur X (anciennement Twitter) : @ pastortedwilson, et sur Facebook : @ PastorTedWilson.

À la dĂ©couverte de l’Esprit de prophĂ©tie

Ellen G. White et le mandat pour la mission adventiste :

un modĂšle visionnaire pour l’évangĂ©lisation mondiale

Si un mot peut dĂ©crire l’adventisme, c’est bien celui de « mission ». L’ensemble du mouvement adventiste a Ă©tĂ© motivĂ© par l’engagement Ă  proclamer que JĂ©sus allait bientĂŽt revenir. Cet esprit missionnaire incita de nombreux millĂ©rites Ă  vendre leurs biens afin de rĂ©pandre la bonne nouvelle du retour imminent de JĂ©sus. Ils pensaient que si JĂ©sus devait venir dans quelques annĂ©es seulement, le monde devait en ĂȘtre averti. AprĂšs la grande dĂ©ception du 22 octobre 1844, de nombreux millĂ©rites abandonnĂšrent leur croyance. MalgrĂ© tout, le petit groupe adventiste observateur du sabbat maintint l’enthousiasme millĂ©rite pour le retour imminent de JĂ©sus. Peu Ă  peu, les observateurs du sabbat comprirent que ce message devait ĂȘtre proclamĂ© dans le monde entier. Le message des trois anges d’Apocalypse 14 – l’appel final de Dieu Ă  ses enfants – devint la force motrice de tous leurs actes.

Ellen White, l’une des principales fondatrices du mouvement, fut la force la plus influente pour guider le mandat missionnaire des premiers croyants observateurs du sabbat. Son leadership visionnaire incita l’Église Ă  adopter des stratĂ©gies efficaces pour rĂ©pandre le message des trois anges dans le monde entier. En consĂ©quence, l’Église adventiste devint une communautĂ© mondiale de croyants, laquelle compte aujourd’hui plus de 23 millions de membres.

DEPUIS UN PEUPLE OPPOSÉ

À LA MISSION JUSQU’À UNE

VISION MISSIONNAIRE GLOBALE

Cela peut paraĂźtre surprenant, mais ce n’est pas immĂ©diatement aprĂšs la grande dĂ©ception que les premiers croyants observateurs du sabbat donnĂšrent la prioritĂ© Ă  l’Ɠuvre missionnaire. Ils adhĂ©raient plutĂŽt Ă  la doctrine de la « porte fermĂ©e » des millĂ©rites, selon laquelle personne ne

pouvait ĂȘtre sauvĂ© aprĂšs le 22 octobre 1844. Cette croyance Ă©tait basĂ©e sur la parabole des dix vierges dans Matthieu 25, oĂč la porte fut « fermĂ©e » dĂšs l’arrivĂ©e de l’époux (JĂ©sus), laissant certaines personnes Ă  l’extĂ©rieur. Selon William Miller, la porte fermĂ©e signifiait « la fermeture du royaume mĂ©diateur et la fin de la pĂ©riode Ă©vangĂ©lique »1. Cette comprĂ©hension persista pendant plusieurs annĂ©es. Au dĂ©but des annĂ©es 1850, les adventistes observant le sabbat passĂšrent de la comprĂ©hension missionnaire de la « porte fermĂ©e » Ă  celle de la « porte ouverte ». James White Ă©crivit dans la Review and Herald : « Cette PORTE OUVERTE, nous l’enseignons, et nous invitons ceux qui ont des oreilles pour entendre Ă  y venir et Ă  y trouver le salut par JĂ©sus-Christ. [
] Si l’on dit que nous sommes des partisans de la thĂ©orie de la PORTE OUVERTE et du sabbat du septiĂšme jour, nous ne nous y opposerons pas, car telle est notre foi2. » Mais ce sont les directives prophĂ©tiques d’Ellen White qui donnĂšrent Ă  l’Église un quadruple mandat missionnaire, lequel devint le plan directeur pour la rĂ©ussite de la mission – un modĂšle que les adventistes appliquent encore aujourd’hui.

ELLEN WHITE ET LE MANDAT MISSIONNAIRE EN QUATRE VOLETS

Le premier volet marqua le dĂ©but de l’Ɠuvre des publications. En

Photo : Ellen G. White Estate

L’Institut de rĂ©forme sanitaire de l’Ouest ouvrit ses portes Ă  Battle Creek, dans le Michigan, aux ÉtatsUnis, en 1866. Il fut Ă©tabli dans le cadre de l’un des quatre mandats missionnaires adventistes.

novembre 1848, Ellen White eut une vision Ă  Dorchester, dans le Massachusetts. À la suite de cette vision, elle dit Ă  James, son mari : « J’ai un message pour toi. Tu dois commencer Ă  imprimer un petit journal et le rĂ©pandre parmi le peuple. [
] Il m’a Ă©tĂ© montrĂ© que de ce petit commencement des flots de lumiĂšre inonderaient le monde3. » En juillet 1849, James White publia le premier numĂ©ro de Present Truth [La vĂ©ritĂ© prĂ©sente]. Un an plus tard, il lança la revue Advent Review, laquelle fusionna bientĂŽt avec Present Truth pour devenir ensuite The Second Advent Review and Sabbath Herald. À cette Ă©poque, les publications Ă©taient la forme de communication la plus avancĂ©e. Par consĂ©quent, la Review and Herald devint un outil d’évangĂ©lisation essentiel, rĂ©pandant la « vĂ©ritĂ© prĂ©sente ». Aujourd’hui, cette revue continue d’exister sous l’appellation Adventist Review. Elle est lue par des millions de personnes dans le monde entier, incarnant cette vision de « flots de lumiĂšre » s’étendant autour du globe.

Le deuxiĂšme volet consista Ă  pousser la crĂ©ation d’une organisation officielle. Au fur et Ă  mesure que des personnes se joignaient au mouvement, le besoin d’avoir une organisation devenait Ă©vident. Dans les annĂ©es 1860, l’organisation devint nĂ©cessaire pour dĂ©tenir des biens, pour traiter les diffĂ©rentes questions thĂ©ologiques, pour soutenir les prĂ©dicateurs itinĂ©rants, et pour mener la mission de façon plus efficace. Ellen White souligna la nĂ©cessitĂ© d’un « ordre » et d’un « systĂšme » dans l’Ɠuvre de Dieu sur terre afin de transmettre « le dernier grand message de misĂ©ricorde au monde »4. Le 21 mai 1863, les adventistes observant le sabbat s’organisĂšrent sous l’appellation Église adventiste du septiĂšme jour, avec la mission au centre de ses prĂ©occupations. Le troisiĂšme volet fut le dĂ©veloppement du MinistĂšre adventiste de la santĂ© en tant qu’outil pratique pour soutenir la mission adventiste. Au

dĂ©but des annĂ©es 1860, Ellen White eut deux visions mettant l’accent sur la santĂ© et le mode de vie. Sa vision de 1863 rĂ©vĂ©la la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©forme sanitaire, tandis que celle de 1865 conseilla d’intĂ©grer la santĂ© dans la mission de l’Église. Ellen White a Ă©crit : « Il m’a Ă©tĂ© montrĂ© que la rĂ©forme sanitaire constitue une partie du message du troisiĂšme ange, auquel elle est aussi Ă©troitement rattachĂ©e que ne le sont la main et le bras au corps humain5 » En outre, elle prĂ©conisa la construction d’institutions de santĂ© pour soigner les gens de maniĂšre globale, c’est-Ă -dire physiquement, Ă©motionnellement, et spirituellement. Aujourd’hui, le MinistĂšre adventiste de la santĂ© reprĂ©sente une part importante de l’identitĂ© et de la mission de l’Église, et constitue le plus grand systĂšme de santĂ© protestant au monde.

Le quatriĂšme volet prĂ©conisĂ© par Ellen White consista Ă  promouvoir l’éducation adventiste. La discussion sur l’éducation adventiste commença en raison de la nĂ©cessitĂ© de former des missionnaires. En 1869, lorsqu’un groupe d’adventistes nouvellement formĂ© en Europe demanda un pasteur, l’Église se rendit compte de son manque de personnel qualifiĂ©. C’est ainsi que fut crĂ©Ă©e la SociĂ©tĂ© missionnaire, dont l’objectif Ă©tait de rĂ©pandre le message du troisiĂšme ange par le biais de missionnaires, d’articles, de livres, et de tracts.

Ellen White exhorta aussi les jeunes Ă  apprendre d’autres langues et Ă  travailler en tant que missionnaires. En 1872, elle publia « Proper Education » – un tract prĂ©conisant l’établissement d’écoles adventistes pour former et envoyer des missionnaires6. En 1874, l’Institut adventiste d’enseignement supĂ©rieur de Battle Creek fut fondĂ© pour prĂ©parer des missionnaires. « Ce n’est pas dans le but de faire un spectacle ou d’acquĂ©rir une rĂ©putation que nous dĂ©sirons cela, annonça la Review. Nous croyons que le Seigneur revient bientĂŽt, et c’est une des raisons principales pour lesquelles notre peuple doit se prĂ©parer Ă  rĂ©pandre le

message partout7. »

L’IMPACT DU MANDAT MISSIONNAIRE EN QUATRE VOLETS

Ainsi, la mĂ©thodologie adventiste en quatre volets, initiĂ©e par Ellen White, joua un rĂŽle important dans la croissance de l’Église adventiste. Le MinistĂšre des publications, l’organisation officielle de l’Église, le MinistĂšre de la santĂ©, et le MinistĂšre de l’éducation furent tous des mandats missionnaires. Ces piliers devinrent le modĂšle du travail missionnaire adventiste dans le monde entier, ce qui donna naissance au mouvement adventiste mondial.

Aujourd’hui, l’Église continue d’utiliser ce modĂšle, car sa mission reste au cƓur de sa vitalitĂ©. Cependant, c’est l’esprit missionnaire de chaque membre adventiste qui peut faire l’ultime diffĂ©rence dans le succĂšs de l’Ɠuvre missionnaire. Comme l’a dĂ©clarĂ© Ellen White, « Allez travailler, que vous en ayez envie ou non. Faites un effort personnel pour gagner des Ăąmes Ă  JĂ©sus et Ă  la connaissance de la vĂ©ritĂ©. Un tel travail sera pour vous Ă  la fois un stimulant et un tonique ; il vous rĂ©veillera et il vous fortifiera. Par l’exercice, vos facultĂ©s spirituelles acquerront plus de vigueur, de sorte que vous pourrez, avec un succĂšs plus grand, travailler Ă  votre propre salut8 » Cet engagement durable envers la mission permet Ă  l’Église adventiste et Ă  ses membres de rester spirituellement vivants et actifs dans leurs efforts d’évangĂ©lisation Ă  l’échelle mondiale.

1 William Miller, Evidence from Scripture and History of the Second Coming of Christ, about the Year 1843: Exhibited in a Course of Lectures, Tory, Kemble and Hooper, 1836, p. 192.

2 James White, « Call at the Harbinger Office », Review and Herald, 17 février 1852, p. 95.

3 Ellen G. White, Premiers Ă©crits, p. XXIII.

4 Idem. Testimonies for the Church, Mountain View, CA, Pacific Press, 1948, vol. 1, p. 191.

5 Idem., Conseils sur la nutrition et les aliments, p. 36.

6 Ellen G. White, Testimonies for the Church, Mountain View, CA, Pacific Press, 1948, vol. 3, p. 131-160.

7 G. I. Butler, « What Use Shall We Make of Our School », Review and Herald, 21 juillet 1974, p. 45.

8 Ellen G. White, Conseils à l’Église, p. 45.

Theodore (Ted) N. Levterov est directeur adjoint du Ellen G. White Estate.

Foi en action

Le dernier pas de la foi

BaptĂȘme, doute, et guĂ©rison

miraculeuse

Àl’église, une lumiĂšre clignote au fond de la piĂšce. C’est le rĂ©pondeur ! L’aumĂŽnier d’un hĂŽpital m’a laissĂ© un message. Il s’occupe d’une dame ĂągĂ©e en phase terminale d’un cancer du poumon. Elle a grandi dans un contexte adventiste, mais n’a jamais choisi de donner sa vie Ă  Christ par le baptĂȘme. Elle veut s’assurer qu’elle est en accord avec Dieu avant que cette terrible maladie ne l’emporte.

Je griffonne les coordonnĂ©es de Linda sur un bout de papier et commence ce qui va devenir une mission de plusieurs semaines pour la contacter. Elle ne rĂ©pond pas Ă  mes nombreux appels tĂ©lĂ©phoniques. J’en informe l’aumĂŽnier, mais il insiste : il faut absolument que je rĂ©ussisse Ă  la joindre dans son propre intĂ©rĂȘt. Sa fille, dit-il, pense la mĂȘme chose. Mais on dirait que la dame ĂągĂ©e, elle, voit les choses autrement ! Je tente je ne sais combien de fois encore de la joindre par tĂ©lĂ©phone, mais toujours pas de rĂ©ponse.

Un sabbat aprÚs-midi, alors que je rentre chez moi, quelque chose me pousse à tenter de joindre Linda une derniÚre fois. Enfin, elle décroche !

« Vous dites que vous ĂȘtes le prĂȘtre catholique ? »

« Non, Madame, je suis le pasteur adventiste local. Vous avez demandĂ© le baptĂȘme Ă  votre aumĂŽnier. Nous pouvons en discuter si vous en avez toujours l’intention. »

Linda est chez elle. Sa fille est lĂ  aussi. Ça tombe bien ! Pour ne pas rater mon coup, j’avale rapidement mon dĂ©jeuner, puis me rends immĂ©diatement Ă  l’adresse indiquĂ©e

Linda et moi discutons de sa vie, de sa relation avec JĂ©sus, de son histoire avec l’Église. Tandis que je lui crie des questions Ă  l’oreille, elle me raconte ses joies et ses regrets. Linda est si dure d’oreille que le volume de son tĂ©lĂ©phone et de sa tĂ©lĂ© sont rĂ©glĂ©s au maximum, faisant vibrer les fondations de l’immeuble depuis son appartement au quatriĂšme Ă©tage. AprĂšs une heure passĂ©e avec elle, mes cordes vocales sont Ă  vif, mais mon moral, lui, au beau fixe.

UNE POLICE D’ASSURANCE

?

L’état de Linda est si grave que nous programmons un service simple pour elle et sa famille en milieu de semaine. Ce mercredi-lĂ , je prĂ©sente un exposĂ© profond de Luc 15 et la parabole du fils prodigue, en soulignant qu’il n’est jamais trop tard pour rentrer Ă  la maison. Pendant que je parle, Linda se penche vers sa sƓur et dit d’une voix forte : « Je n’ai aucune idĂ©e de ce qu’il dit ! » Je termine mon exposĂ©, et conclut par une priĂšre de bĂ©nĂ©diction en sa faveur. Ensuite, nous nous prĂ©parons Ă  entrer dans le baptistĂšre.

J’ai fait de mon mieux pour conduire Linda Ă  JĂ©sus et la prĂ©parer au baptĂȘme, mais est-elle vraiment sincĂšre ? Le baptĂȘme est-il pour elle une police d’assurance bon marchĂ© pour apaiser ses inquiĂ©tudes relatives Ă  l’éternitĂ© ? Ces questions ne cessent de tourner dans mon esprit.

Linda est si faible qu’elle n’arrive pas Ă  faire le dernier pas pour entrer dans le baptistĂšre. Avec son consentement, je l’entoure de mes bras aussi doucement que possible et fait descendre son corps frĂȘle dans l’eau. AprĂšs le baptĂȘme, nous l’aidons Ă  sortir du baptistĂšre. Linda reste silencieuse comme une statue, lĂ©gĂšrement voĂ»tĂ©e, les yeux fermĂ©s. « Linda
 Linda, ça va ? Linda, comment vous sentez-vous ? » Les personnes prĂ©sentes s’inquiĂštent. « Je suis toute trempĂ©e ! » s’exclame-t-elle. Bien que Linda ait Ă©noncĂ© l’évidence, c’est la premiĂšre fois que j’entends une telle remarque lors d’un baptĂȘme ! AprĂšs des expressions chaleureuses et des photos prises pour commĂ©morer ce baptĂȘme, je ferme l’église et rentre chez moi. Une fois de plus, des questions se bousculent dans ma tĂȘte. Il est impossible de comprendre pleinement ce qui se passe dans le cƓur d’une personne. Et les situations du type du « larron sur la croix » ajoutent une couche de complexitĂ© (voir Lc 23.39-43). Je veux toujours croire aux meilleures intentions de quelqu’un, sans pour autant diminuer le caractĂšre sacrĂ© des rituels que JĂ©sus lui-mĂȘme a prescrits pour nous. C’est un Ă©quilibre dĂ©licat que nous trouvons en toute bonne foi. J’espĂšre que j’ai bien agi en l’occurrence.

DISSIPER LES DOUTES

Quelques jours plus tard, je contacte la fille de Linda.

« Est-ce que quelqu’un vous l’a dit ? » demande-t-elle.

« M’a dit quoi ? Est-ce que tout va bien ? » Parfaitement conscient de l’état de Linda, j’envisage le pire.

« Pasteur, Maman a recouvrĂ© l’ouĂŻe ! »

Le lendemain, je rends visite Ă  Linda pour m’en assurer personnellement. Je m’assieds sur son canapĂ©, et nous avons une conversation qui ne me casse pas la voix. La tĂ©lĂ© est rĂ©glĂ©e Ă  un volume raisonnable. Le tĂ©lĂ©phone sonne et elle rĂ©pond. Elle discute avec ses petits-enfants, entendant peutĂȘtre pour la premiĂšre fois la voix de certains d’entre eux.

« Linda, c’est absolument incroyable ! Dieu vous a rendu une partie de votre ouĂŻe ! »

Sa grĂące est suffisante – pour Linda, et aussi bien que pour un pauvre prĂ©dicateur comme moi.

« Pasteur, sourit-elle, il ne m’a pas rendu une partie de mon ouĂŻe. Il m’a rendu toute mon ouĂŻe ! »

MalgrĂ© ce merveilleux miracle, les doutes de Linda persistent. Comment peut-elle ĂȘtre sĂ»re que Dieu a pardonnĂ© ses pĂ©chĂ©s ? J’ouvre ma Bible Ă  Luc 5 et nous lisons ensemble l’histoire touchante de l’homme paralysĂ© dont les amis Ă©taient si impatients de l’amener devant le Sauveur. Dans sa compassion, JĂ©sus dĂ©clara que l’homme Ă©tait pardonnĂ©. Et tout de go, les pharisiens l’accusĂšrent de blasphĂšme. Sa rĂ©ponse est exactement ce que Linda et moi avons besoin d’entendre :

« Lequel est le plus aisĂ©, de dire : Tes pĂ©chĂ©s te sont pardonnĂ©s, ou de dire : LĂšve-toi, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les pĂ©chĂ©s : Je te l’ordonne, dit-il au paralytique, lĂšve-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. » (Lc 5.23, 24) Cet aprĂšs-midi-lĂ , Dieu dissipe nos doutes Ă  tous les deux – les miens concernant mon jugement et sa sincĂ©ritĂ©, et les siens concernant les Ă©checs de sa vie passĂ©e. Nous prions ensemble et, les yeux embuĂ©s de larmes, nous louons Dieu pour sa puissance de guĂ©rison physique et spirituelle.

Quelques semaines plus tard, j’officie aux funĂ©railles de Linda. Notre bon et gracieux Seigneur a choisi de ne pas guĂ©rir ses poumons aprĂšs des annĂ©es passĂ©es Ă  fumer ; par contre, il lui a rendu l’ouĂŻe. Au lieu d’inverser sa maladie avancĂ©e, il lui a permis de communiquer avec ses proches alors qu’elle se prĂ©parait Ă  faire ses adieux.

Tandis que je suis lĂ , devant la famille de Linda, ses amis, et l’aumĂŽnier qui m’a orientĂ© vers elle, j’ai le privilĂšge de parler du merveilleux amour de JĂ©sus dans Luc 5, et de souligner qu’il a toujours la puissance de guĂ©rir et de pardonner. Sa grĂące est suffisante – pour Linda, et aussi bien que pour un pauvre prĂ©dicateur comme moi.

Jarod Thomas est pasteur consacrĂ© ayant la charge de deux Ă©glises en banlieue de DĂ©troit, dans le Michigan, aux États-Unis.

QLa Bible répond

Le sabbat

Temps et rituels

RColossiens 2.16 enseigne-til que les chrĂ©tiens ne sont pas tenus d’observer le sabbat du septiĂšme jour ?

La plupart des communautĂ©s chrĂ©tiennes citent Colossiens 2.16 pour affirmer que le commandement du sabbat a Ă©tĂ© aboli. Cette conclusion n’est pas Ă©tayĂ©e par une lecture attentive de ce verset.

CONSIDÉRATIONS INTERPRÉTATIVES

En abordant Colossiens 2.16, il nous faut garder Ă  l’esprit plusieurs Ă©lĂ©ments. PremiĂšrement, la Bible n’enseigne nulle part que le commandement du sabbat devrait ĂȘtre aboli. Au contraire, ÉsaĂŻe et JĂ©sus ont tous deux indiquĂ© qu’il continuerait d’ĂȘtre observĂ© dans le futur (Es 66.23 ; Mt 24.20). DeuxiĂšmement, JĂ©sus et ses disciples ont observĂ© le commandement du sabbat (Mc 1.21 ; Lc 4.16 ; Ac 13.14 ; 16.13). TroisiĂšmement, selon Colossiens 2.17, Paul discute de sujets qui Ă©taient l’ombre de ce que JĂ©sus ferait pour nous. Il est surprenant de constater que la Bible ne dĂ©crit jamais le sabbat comme un type de l’Ɠuvre du Christ. Le fait qu’il ait Ă©tĂ© instituĂ© pour la famille humaine avant l’entrĂ©e du pĂ©chĂ© dans le monde (Gn 2.2-3) exclut cette possibilitĂ©.

INTERPRÉTATIONS POSSIBLES

Les Ă©rudits ont proposĂ© diffĂ©rentes interprĂ©tations de Colossiens 2.16 qui ne remettent pas en cause le quatriĂšme commandement du DĂ©calogue. Une brĂšve liste de ces diffĂ©rentes options illustrera notre propos. Voici l’une des interprĂ©tations les plus courantes et les plus dĂ©fendables : le terme sabbat fait rĂ©fĂ©rence aux sabbats rituels associĂ©s aux fĂȘtes et qui Ă©taient diffĂ©renciĂ©s du sabbat hebdomadaire (Lv 23.33). D’autres ont soutenu que le terme sabbat devrait ĂȘtre traduit par « semaine », ce qui est linguistiquement correct, dĂ©signant la fĂȘte des semaines. D’autres encore ont soutenu que le sabbat dans Colossiens 2.16 dĂ©signe une mauvaise et fausse observation du sabbat sous l’influence des paĂŻens ou des traditions orales juives relatives Ă  l’observation du sab-

bat. Certaines de ces suggestions sont meilleures que d’autres, mais le fait est qu’il est incorrect de prĂ©tendre que Colossiens 2.16 ne peut ĂȘtre lu que comme un rejet du commandement du sabbat.

ACTIVITÉS RITUELLES PENDANT

LES TEMPS SACRÉS

Les Ă©rudits ont aussi montrĂ© que lorsque la sĂ©quence « d’une fĂȘte, d’une nouvelle lune, et des sabbats » se trouve dans l’Ancien Testament, elle dĂ©signe les sacrifices apportĂ©s au Seigneur pendant ces temps sacrĂ©s (par ex. 1 Ch 2.4 ; 8.12,13 ; Es 1.13,14). C’est notamment le cas dans Nombres 28 et 29, oĂč les offrandes calendaires sont Ă©numĂ©rĂ©es en fonction du moment oĂč elles devaient ĂȘtre offertes : offrandes du sabbat (Nb 28.9,10), offrandes de la nouvelle lune (28.11-15), et offrandes pendant les fĂȘtes (28.16-30.1.). Le « manger et [le] boire » de Colossiens 2.16 ferait alors rĂ©fĂ©rence Ă  l’activitĂ© rituelle de l’offrant qui mangeait des portions de certains sacrifices (Lv 7.15). Cette interprĂ©tation est Ă©tayĂ©e par l’expression grecque en merei, utilisĂ©e dans Colossiens 2.16, habituellement traduite par « au sujet du », ou « Ă  propos de », ou « en ce qui concerne », mais qui devrait ĂȘtre traduite par « dans le cadre de » ou « dans le contexte de », ce qui indique que la rĂ©fĂ©rence se rapporte Ă  quelque chose qui se produit pendant les temps sacrĂ©s et n’est pas les temps eux-mĂȘmes. Sur la base de ces observations, Colossiens 2.16 peut ĂȘtre traduit ainsi : « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ni au sujet d’aucune autre partie d’une fĂȘte, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses Ă  venir, mais le corps est en Christ. » Cette interprĂ©tation s’intĂšgre trĂšs bien Ă  Colossiens 2.16,17 en prĂ©cisant qu’il s’agit des activitĂ©s rituelles accomplies pendant les temps sacrĂ©s, et non des temps sacrĂ©s eux-mĂȘmes. Le pronom relatif pluriel « des choses » au verset 17 dĂ©signerait donc les activitĂ©s rituelles qui Ă©taient l’ombre de l’Ɠuvre du Christ*.

* Pour une Ă©tude plus approfondie, voir Ron du Preez, Judging the Sabbath, Berrien Springs, MI, Andrews University Press, 2008 ; Roy Gane, Old Testament Law for Christians, Grand Rapids, MI, Baker Academic, 2017 ; Ekkehardt Mueller et Eike Mueller, Ă©ds., The Sabbath in the New Testament and in Theology, Silver Spring, MD, Institut de recherche biblique, 2023.

Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite aprÚs avoir servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.

SantĂ© & bien-ĂȘtre

DĂ©velopper la force musculaire sans aller au gym

Des solutions simples pour un mode de vie sédentaire

J’ai un travail de bureau sĂ©dentaire et je n’ai pas accĂšs Ă  un gym. Qu’est-ce que je peux faire pour amĂ©liorer ma force musculaire ?

Une force musculaire optimale est essentielle pour la santĂ© et le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral – en particulier pour les gens qui ont un mode de vie sĂ©dentaire. L’entraĂźnement en rĂ©sistance, lequel consiste Ă  faire travailler les muscles contre une force, est l’une des mĂ©thodes les plus efficaces pour dĂ©velopper et maintenir la force. La bonne nouvelle, c’est que ce type d’entraĂźnement ne requiert pas forcĂ©ment un Ă©quipement de gymnastique ou un abonnement coĂ»teux. Avec quelques stratĂ©gies simples et de la constance, mĂȘme ceux qui n’ont pas accĂšs Ă  un gym peuvent amĂ©liorer leur force musculaire et profiter des nombreux bienfaits pour la santĂ© que procure cet entraĂźnement.

Les personnes sĂ©dentaires courent un plus grand risque de dĂ©velopper des dĂ©sĂ©quilibres musculaires, une mauvaise posture, et des problĂšmes articulaires. L’entraĂźnement en rĂ©sistance amĂ©liore la force musculaire, ce qui se traduit par une meilleure posture, une plus grande souplesse, et un meilleur soutien aux articulations. Des muscles plus forts permettent de brĂ»ler plus de calories, mĂȘme au repos, ce qui facilite le maintien d’un poids santĂ©.

La force musculaire est essentielle au maintien de l’indĂ©pendance fonctionnelle, en particulier avec l’ñge. Des muscles forts contribuent Ă  un meilleur Ă©quilibre, rĂ©duisent le risque de chutes, et amĂ©liorent la capacitĂ© Ă  effectuer des tĂąches quotidiennes telles que porter les sacs de commission, soulever des objets, ou mĂȘme monter des escaliers.

Pour ceux qui n’ont pas accĂšs Ă  un gym, l’entraĂźnement en rĂ©sistance peut ĂȘtre efficace avec des exercices au poids du corps, en utilisant des objets mĂ©nagers ou des Ă©quipements simples comme des bandes de rĂ©sistance. Avant de commencer un programme d’exercices, consultez votre mĂ©decin afin d’éviter des blessures ou l’aggravation de conditions prĂ©existantes. Voici quelques moyens d’amĂ©liorer la force musculaire directement chez vous.

1. Exercices au poids du corps. Les exercices tels que les squats, les fentes, les pompes et les planches peuvent cibler les principaux groupes musculaires sans nĂ©cessiter d’équipement. Ces exercices utilisent le poids de votre propre corps pour crĂ©er une rĂ©sistance, ce qui permet de dĂ©velopper la force au fil du temps.

2. Les bandes de résistance LégÚres et abordables, les bandes de

rĂ©sistance sont disponibles en diffĂ©rents niveaux de difficultĂ©, ce qui permet de progresser au fur et Ă  mesure que la force s’amĂ©liore. Les bandes peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour les flexions des biceps, les presses sur les jambes, et les Ă©lĂ©vations des Ă©paules.

3. Objets mĂ©nagers. Les objets de la vie quotidienne (bouteilles d’eau, livres, ou sacs Ă  dos remplis d’objets, etc.) peuvent servir de poids de fortune.

4. Exercices isomĂ©triques. Ces exercices consistent Ă  maintenir une position pendant un certain temps, par exemple en faisant la chaise au mur ou en faisant une planche. Les exercices isomĂ©triques sont excellents pour augmenter l’endurance et la force musculaires, en particulier pour les dĂ©butants.

L’une des clĂ©s de l’amĂ©lioration de la force musculaire, c’est la rĂ©gularitĂ©. Visez au moins deux Ă  trois sĂ©ances d’entraĂźnement en rĂ©sistance par semaine. Au fil du temps, augmentez progressivement l’intensitĂ© en ajoutant des rĂ©pĂ©titions, des sĂ©ries, ou de la rĂ©sistance.

Outre les bienfaits physiques, l’entraĂźnement en rĂ©sistance amĂ©liore la santĂ© mentale en rĂ©duisant le stress et l’anxiĂ©tĂ©, en renforçant la confiance en soi et en amĂ©liorant l’humeur. La pratique rĂ©guliĂšre de la musculation favorise un meilleur sommeil, une augmentation des niveaux d’énergie, et une vitalitĂ© gĂ©nĂ©rale.

En conclusion, vous n’avez pas besoin d’un gym pour dĂ©velopper votre force musculaire ! Des formes simples et accessibles d’entraĂźnement en rĂ©sistance peuvent avoir un impact profond sur la santĂ© physique et mentale, en particulier pour les personnes ayant un emploi sĂ©dentaire. Et pour une santĂ© physique, mentale et spirituelle optimale et globale, « dĂ©chargez-vous sur [Dieu] de tous vos soucis, car lui-mĂȘme prend soin de vous » ! (1 P 5.7)

Zeno L. Charles-Marcel, M.D., interniste, est directeur du MinistÚre de la santé de la Conférence générale.

Peter N. Landless, spécialisé en cardiologie nucléaire et membre émérite du MinistÚre de la santé de la Conférence générale, est aussi médecin spécialiste en médecine interne.

« Je vais vous raconter
 »

La voix de Noël

DICK DUERKSEN

Victor attend NoĂ«l depuis des mois dĂ©jĂ . Chaque matin, il fait une entaille dans la bĂ»che Ă  cĂŽtĂ© de son lit, juste pour se rappeler qu’il a presque 12 ans. « C’est Ă  12 ans qu’on devient un homme », lui a dit papa. Victor est prĂȘt, mĂȘme s’il lui reste encore un mois entier avant le grand jour ! Son anniversaire approche, et aprĂšs, ce sera NoĂ«l !

Victor se lĂšve tous les matins avant le soleil. Il se dĂ©pĂȘche de faire les corvĂ©es que sa mĂšre lui a assignĂ©es. « Nourrir les poules. Ramasser les Ɠufs. Nourrir le chien. Apportez assez de bois pour entretenir le feu. » Et plus, beaucoup plus encore.

Seules quelques heures par jour sont vraiment « à lui ». Il les garde pour explorer les mesas du Nouveau-Mexique avec Patch, son chien.

Au sommet de la mesa la plus haute, Il y a d’anciennes ruines. Ses amis navajos et zunis l’appellent El Morro – ce qui veut dire Le chĂąteau. Ils escaladent souvent la mesa en empruntant une Ă©troite fissure. Ils explorent les murs en grĂšs rouge qui s’effritent Ă  son sommet.

Victor sait ce qu’il veut pour NoĂ«l. Maman lui a donnĂ© la permission d’acheter un kit comprenant un arc et des flĂšches amĂ©rindiens – celui qui est accrochĂ© au mur tout au fond du magasin gĂ©nĂ©ral du vieux Tom, dans le petit village de Ramah. Une fois, alors qu’il Ă©tait au village avec Papa, il a pris l’arc et les flĂšches dans ses mains.

Le matin de son anniversaire, Victor fait la derniÚre encoche, une encoche profonde avec un « 12 » gravé à cÎté. « Maintenant, je suis un homme ! » dit- il en souriant.

« Eh bien, maintenant que tu es un homme, tu devrais pouvoir faire tes corvĂ©es encore plus vite ! » dit Maman en riant. Alors, Papa lui tend l’enveloppe qu’il cache dans sa combinaison depuis au moins un mois.

À l’intĂ©rieur se trouve une fine feuille de papier. En haut, le nom et l’adresse de son oncle qui habite Ă  Albuquerque. En bas, la signature de son oncle. Au milieu, son propre nom, « Victor », et les mots « Dix dollars ».

« C’est un chĂšque, papa ? »

« Exactement ! Ton oncle me l’a envoyĂ© il y a quelques mois et m’a dit de le garder jusqu’à ton anniversaire. Il espĂšre qu’avec cette somme, tu pourras t’acheter quelque chose qui en vaille la peine. »

Victor sait ce qu’il veut pour NoĂ«l.

Victor glisse le chĂšque dans la cachette spĂ©ciale qu’il a creusĂ©e entre deux bĂ»ches Ă  cĂŽtĂ© de son lit. Il le sort souvent, et s’imagine en train d’acheter son arc et ses flĂšches.

Attendre que Papa aille Ă  Ramah le 12 dĂ©cembre est la chose la plus difficile que Victor ait jamais faite ! Le matin du 12, il s’empresse d’atteler les chevaux au chariot, de couvrir le siĂšge de deux grandes couvertures, et d’attacher 20 sacs Ă  dos en toile Ă  la plate-forme du chariot. La liste des courses de Maman est longue ! Mais Victor, lui, ne pense qu’ Ă  son arc , Ă  ses flĂšches, et aux 10 dollars qu ’il a dans sa poche.

La route qui mĂšne Ă  Ramah est juste assez large pour que le chariot passe en cahotant entre les pins. Victor doit souvent sauter du chariot pour Ă©carter une branche Ă©paisse du chemin. Il a mal aux bras, il a des Ă©chardes dans les mains. Il est fatiguĂ© bien avant qu’ils ne campent pour la nuit.

Lorsqu’ils arrivent enfin Ă  Ramah, Victor s’occupe des chevaux et se dĂ©pĂȘche de rejoindre Papa au magasin.

Papa n’est pas là, et le vieux Tom non plus. Les deux hommes sont derriùre le magasin et observent le ciel.

UN

BLIZZARD IMMINENT

« J’ai pas vu ça depuis le grand blizzard d’il y a quelques annĂ©es, dit le vieux Tom. Tu ferais mieux de rentrer chez toi avant que le vent remplisse ton chariot de neige. » Le vieux Tom appelle sa femme, laquelle vient de terminer la liste des courses de Maman. « Eh, Mabel, viens ici et regarde le ciel ! Un blizzard approche ! »

Le vieux Tom a raison. Au sud, le ciel se couvre lentement d’un nuage qui promet bien plus qu’une bonne pluie, et un vent glacial secoue dĂ©jĂ  le chariot.

Victor est tellement occupĂ© Ă  empiler les sacs Ă  dos pleins Ă  craquer dans le chariot qu’il en oublie mĂȘme d’acheter l’arc et les flĂšches. Chaque fois qu’il ralentit, Papa ou le vieux Tom lui tend quelque chose d’autre Ă  charger dans le chariot.

Victor dĂ©tache les chevaux pendant que Papa dit « Au revoir » au vieux Tom. Ensuite, il crie, fouette le cuir des chevaux, et quitte le village. Ce n’est qu’en arrivant Ă  la premiĂšre rangĂ©e de pins qu’il pense au chĂšque de 10 dollars.

« Trop tard maintenant, se dit-il. Je suppose que je vais devoir attendre l’annĂ©e prochaine ».

« Victor, j’aimerais que nous attendions Ă  Ramah que le blizzard soit passĂ©, dit Papa. Mais maman est seule avec ta sƓur, et je sais qu’elle a besoin des marchandises dans le chariot. »

Victor rĂ©flĂ©chit un instant, puis presse les chevaux d’aller plus vite.

Les premiers flocons de neige tombent avec le coucher du soleil. En peu de temps, le chariot n’est plus qu’un monticule blanc cahotant entre les arbres. Le vent pousse latĂ©ralement une neige Ă©paisse, laquelle cache la route sous son manteau glacĂ©. Victor encourage les chevaux et rĂȘve du bon poĂȘle Ă  bois de Maman.

Comme les chevaux semblent savoir oĂč ils vont, Victor les laisse mener. Mais, de temps en temps, il les ramĂšne sur la bonne voie.

C’est alors qu’un Ă©clair lui rĂ©vĂšle la terrible vĂ©ritĂ©. Les chevaux ont fait un trĂšs grand cercle. Ils sont en train de traverser les traces que le chariot a laissĂ©es il y a environ une heure.

Victor se retourne pour dire à Papa qu’ils ont des ennuis, mais Papa s’est endormi, et commence à geler sur le siùge du chariot.

« Mon Dieu, crie Victor Ă  haute voix, je t’en supplie, rĂ©veille Papa ! »

Victor connaĂźt les blizzards, et il connaĂźt Dieu. Son passage biblique prĂ©fĂ©rĂ© est Psaumes 23. MĂȘme si ce psaume ne parle ni de neige, ni de blizzard, ni de Papa endormi, Victor cite les versets qui disent que le Berger est avec nous quand on conduit le chariot dans la vallĂ©e de l’ombre de la mort.

Soudain, au milieu du psaume, une voix dit Ă  Victor de s’arrĂȘter et de faire un feu.

« Ça va rĂ©veiller ton pĂšre », dit la voix.

Les chevaux, maintenant aussi confus que Victor quant Ă  la direction Ă  prendre, sont heureux de s’arrĂȘter.

ET LE CHÈQUE ?

Victor se souvient qu’une fois, ses amis navajos et zunis lui ont montrĂ© comment trouver des branches sĂšches sous les pins de piñon pour faire un feu. « Il y a toujours des branches sĂšches ici. Faut juste que t’oublies pas d’apporter des allumettes », lui ont-ils dit.

Victor jette une autre couverture sur Papa et part chercher des branches sÚches sous un pin de piñon au bord de la route.

Le vent le fouette alors qu’il empile les branches sĂšches qu’il a trouvĂ©es. Il cherche des allumettes dans sa poche, mais celle-ci est vide !

« Essaie les poches de Papa », dit la voix.

Au fond de la poche droite du manteau de Papa, Victor trouve trois allumettes en bois. L’une d’elles est cassĂ©e en deux.

« Bon, pense Victor, j’ai le bois et les allumettes. Maintenant, il me faut du papier sec pour allumer le feu. OĂč est-ce que je vais trouver ça ? »

La voix reprend la parole.

« Te souviens-tu de ton chÚque de 10 dollars ? »

« Non ! Pas le chĂšque ! hurle Victor dans la neige tourbillonnante. C’est mon cadeau de NoĂ«l ! »

« Le chÚque est sec, non ? »

Victor plonge la main dans sa poche, et se dit qu’il n’aura peut-ĂȘtre jamais son arc et ses flĂšches pour NoĂ«l. Soudain, il remarque que son pĂšre s’est affaissĂ© sur le siĂšge.

« D’accord, j’oublie l’arc et les flĂšches, dit Victor Ă  la voix. Aide-moi Ă  allumer le feu pour sauver mon pĂšre. »

Victor plonge sa main jusqu’au fond de sa poche. Le chùque – le papier sec –est là. Il peut maintenant allumer le feu.

La premiĂšre allumette s’enflamme, puis s’éteint avant mĂȘme qu’il n’ait

pu allumer un coin du chĂšque. La deuxiĂšme allumette est dĂ©trempĂ©e et usĂ©e. La troisiĂšme allumette n’est que de la moitiĂ© de sa taille. Victor la gratte trĂšs soigneusement sur la semelle de sa botte. Elle s’enflamma et commence rapidement Ă  dĂ©vorer le chĂšque. Victor glisse le papier enflammĂ© dans les baguettes et crie Ă  la voix.

« Aide-moi à emmener Papa à cÎté du feu ! »

Cela demande de gros efforts physiques, mais bientît, Papa et Victor sont blottis l’un contre l’autre prùs du feu bien chaud.

« OĂč est-ce qu’on est ? » demande Papa, encore Ă  moitiĂ© endormi.

« J’sais pas. »

« Dieu le sait, lui. » Victor entend à peine la voix de Papa. « Demande-le lui. »

« Quand je marche dans la vallĂ©e de l’ombre de la mort
 » Victor cite le verset aussi fort qu’il le peut, espĂ©rant que Dieu est assez proche pour l’entendre. « 
 tu es avec moi. »

« Marche vers les arbres à ta droite », reprend la voix.

Victor se lĂšve, tapote l’épaule de Papa, rabat son chapeau et se dirige vers les arbres.

À ce moment prĂ©cis, le blizzard se calme. La lumiĂšre de la pleine lune apparaĂźt. La pause ne dure que quelques secondes – le temps pour Victor d’apercevoir la cime fourchue d’un vieux pin ponderosa marquĂ© par la foudre. Il connaĂźt cet arbre. Il se trouve juste Ă  l’angle de leur propre terrain ! S’il peut atteindre cet arbre et marcher 10 pas en direction d’El Morro, il se heurtera Ă  leur propre clĂŽture en fil de fer. À partir de lĂ , la maison ne se trouve qu’à un peu plus d’un kilomĂštre !

« Papa ! crie Victor en courant vers le feu. Dieu nous fait le plus beau cadeau de Noël qui soit : on rentre chez nous ! »

Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux ÉtatsUnis

Éditeur

Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septiùme jour. La Division

Asie-Pacifique Nord de la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale des adventistes du septiĂšme jour en est l’éditeur.

Éditeur/Directeur de

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Directeur international de la publication Hong, Myung Kwan

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Courriel : worldeditor@gc.adventist.org

Site Web : www.adventistworld.org

Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirĂ©es de la version Louis Segond 1910 (LSG). Avec Num. Strongs pour Grec et HĂ©breu. Texte libre de droits sauf pour les Strong. © Timnathserah Inc., - Canada

Adventist World paraĂźt chaque mois et est imprimĂ© simultanĂ©ment dans les pays suivants : CorĂ©e, BrĂ©sil, IndonĂ©sie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’AmĂ©rique

Vol. 20, n° 12

Noël derriÚre les barbelés

Trouver la joie mĂȘme au cƓur des difficultĂ©s

Note de l’éditeur : La version originale de cette histoire a Ă©tĂ© publiĂ©e dans la revue Youth’s Instructor du 22 dĂ©cembre 1953. DestinĂ©e Ă  un public amĂ©ricain, elle a Ă©tĂ© adaptĂ©e non seulement pour des raisons d’espace et de contenu, mais aussi pour le lecteur international.

C’est super ça, hein Papa ? »

La voix de Millie est pleine d’enthousiasme tandis qu’elle lui montre les dĂ©corations de leur petite chambre. C’est bientĂŽt NoĂ«l, et Millie essaie d’apporter un peu de gaietĂ© dans leur environnement dĂ©primant. Papa sourit, le cƓur rempli de fiertĂ© et chargĂ© de tristesse Ă  la fois. Cette annĂ©e, dans ce camp de prisonniers Ă  des milliers de kilomĂštres de chez eux, ils sont loin de tout ce qui est normal. Ça fait plus de quatre ans que Millie, son frĂšre aĂźnĂ© Dick et leurs parents sont partis de chez eux pour devenir missionnaires aux Philippines. Ils y Ă©taient depuis moins d’un an lorsque la guerre a Ă©clatĂ©. Les premiĂšres bombes sont tombĂ©es, et leur mission s’est soudain transformĂ©e en cauchemar. La famille a Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e pendant quatre longs mois terrifiants : Papa a Ă©tĂ© envoyĂ© dans un camp de prisonniers, et Millie, Dick et Maman dans un autre. Finalement, Papa

a réussi à persuader les autorités de les réunir à Manille, et depuis, ils sont ensemble.

Ensemble, oui, mais emprisonnĂ©s. Ils sont maintenant logĂ©s dans un bĂątiment Ă  Manille, avec une trentaine d’autres missionnaires. La nourriture se fait rare ; le danger rĂŽde partout, et le poids de la guerre pĂšse sur eux chaque jour. MalgrĂ© tout, la vie continue, d’une maniĂšre ou d’une autre.

Millie, Dick et les autres enfants font de leur mieux pour trouver de la joie dans les petites choses. Un jour, Millie entre en courant dans leur petit appartement, les yeux brillants d’enthousiasme.

« Maman, est-ce que tu as un aimant ? » demande-t-elle avec impatience.

« Je crois bien que oui ! Mais qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? » demande Maman.

« Tous les enfants s’en servent pour trouver des clous ! Dick rĂ©cupĂšre des planches dans un baraquement vide, et il dit que papa peut s’en servir pour faire une table et des chaises. C’est gĂ©nial hein, Maman ? »

Maman sourit et lui tend un aimant. « C’est une idĂ©e formidable, Millie ! Tiens, commence Ă  chercher ici, entre les lattes du plancher. »

Les enfants s’occupent de leurs petits projets pendant que Papa, lui, s’efforce de rendre leur appartement aussi confortable

que possible. Il a fabriquĂ© des meubles pour leur chambre, et a mĂȘme construit un petit abri de cuisine juste Ă  l’extĂ©rieur des baraquements. C’est vraiment bien d’avoir un endroit oĂč prĂ©parer des aliments spĂ©ciaux
 quand ils arrivent Ă  en trouver ! La plupart du temps, ils doivent se contenter d’un peu de gruau de riz et de lĂ©gumes qu’ils ont rĂ©ussi Ă  rĂ©cupĂ©rer.

À l’approche de NoĂ«l, l’ambiance dans le bĂątiment devient plus optimiste. Ce n’est pas la saison des FĂȘtes qu’ils ont connue avant la guerre, non ; mais tout le monde est dĂ©terminĂ© Ă  faire de NoĂ«l un jour spĂ©cial.

Maman garde des restes de porridge de riz de leurs repas. Peu Ă  peu, elle en a suffisamment pour prĂ©parer une petite gĂąterie, une sorte de gĂąteau. Elle y ajoute une cuillĂšre Ă  soupe de sucre prĂ©cieux, quelques rĂąpures de noix de coco, un peu de jus de citron vert, et une pincĂ©e de sel. Ce n’est pas grandchose, mais dans les limites de leur monde, c’est tout un festin !

HUMBLE, MAIS PRÉCIEUX

Le matin de NoĂ«l, la famille se rĂ©veille dans un mĂ©lange d’impatience et d’estomacs qui gargouillent. Dans l’ambiance de la pĂ©riode des fĂȘtes, les gardiens accordent aux prisonniers un bref rĂ©pit par rapport Ă  leurs routines

habituelles. « Quand est-ce qu’on mange ? » demande Dick pour la centiĂšme fois. Sa ceinture est plus serrĂ©e qu’elle ne l’était avant la guerre – pas parce qu’il a grandi, mais parce qu’il a perdu du poids. Ce matin, il pense bien plus au repas de NoĂ«l qu’à tous les cadeaux.

La famille se rĂ©unit autour de la table en bois rustique. Chaque assiette contient une petite portion de riz – si petite qu’elle se perd presque dans la salade. La soupe, composĂ©e de quelques haricots mungos, d’eau et d’un peu d’ail, ne nourrit pas beaucoup, mais ils en savourent chaque cuillerĂ©e.

Une fois le repas terminĂ©, Maman met le « gĂąteau » sur la table. Il est petit, Ă  peine suffisant pour quatre personnes, mais chaque portion vaut de l’or. Chaque membre de la famille mange son morceau lentement, et en dĂ©guste chaque miette.

AprĂšs la vaisselle, Papa, Maman, Dick et Millie s’installent dans un coin de la piĂšce pour ouvrir les cadeaux. Chaque cadeau est petit, humble, mais prĂ©cieux au-delĂ  de toute mesure.

Maman tend à Papa le premier cadeau – un calendrier qu’elle a passĂ© des semaines Ă  fabriquer. La partie principale se compose d’une vieille queue de chemise sur laquelle une voisine a fait un joli dessin. Maman a cousu de la ficelle rouge et bleue sur

les bords. Papa le tient prĂ©cieusement dans ses mains, car il sent tout l’amour et l’effort dans chaque point. Il prie silencieusement pour qu’on les libĂšre avant que l’annĂ©e ne soit Ă©coulĂ©e.

Vient ensuite le cadeau de Dick Ă  Maman. Papa et lui ont travaillĂ© en secret sur ce cadeau – un bĂąton de vadrouille, fabriquĂ© Ă  partir de bois rĂ©cupĂ©rĂ©. Les yeux noyĂ©s de larmes, Maman les serre tous deux dans ses bras. « Maintenant, je n’aurai plus d’échardes quand je lave le plancher », dit-elle, la voix Ă©tranglĂ©e par l’émotion.

C’est au tour de Millie de recevoir son cadeau : un petit panda que Maman a minutieusement fabriquĂ© avec des bouts de tissu. Pour faire les yeux, elle s’est servie des boutons d’une vieille chaussure. Pour la bourrure, elle a utilisĂ© le coton de son propre sac de couchage. Millie serre trĂšs fort le panda dans ses bras ; dans chaque point de couture, elle sent la chaleur et l’amour de Maman.

Enfin, c’est le tour de Dick ! Il dĂ©balle son cadeau avec empressement et son visage s’illumine de joie. C’est une balle de baseball, exactement ce qu’il voulait !

Papa l’a Ă©changĂ©e avec un autre prisonnier. MĂȘme si elle est usĂ©e et Ă©raflĂ©e, pour Dick, elle est parfaite !

Reste encore un cadeau. Un petit paquet enveloppé dans du papier hygiénique.

« C’est pour Papa », dit Millie timidement.

Papa l’ouvre avec prĂ©caution. C’est du sucre. Du sucre en morceau. Un seul morceau. Les larmes lui montent aux yeux en regardant sa petite fille. Il se souvient qu’une gentille dame l’a donnĂ© Ă  Millie quelques jours auparavant. Il n’aurait jamais imaginĂ© qu’elle le garderait pour lui.

« Merci, ma chĂ©rie, dit Papa, la voix chargĂ©e d’émotion. On va le partager. »

Ils divisent le morceau de sucre en quatre petits morceaux. Quel dĂ©lice, ce « bonbon » de NoĂ«l ! Ce n’est pas grand-chose, mais ça leur suffit.

Ainsi, avec un morceau de sucre, une balle de baseball, un bĂąton de vadrouille, un panda et un calendrier, cette famille de missionnaire a fait de cette fĂȘte la plus belle qui soit – celle dont elle se souviendra toujours.

Romilda Guthrie Hummel a Ă©crit cette histoire en 1953, alors qu’elle avait 16 ans et qu’elle frĂ©quentait l’AcadĂ©mie de San Diego, en Californie, aux États-Unis.

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