Revue internationale des adventistes du septième jour
Ju i n 2 01 6
14 Justice pour tous 16 Dans les tranchées 26 Un sûr refuge
étranger…
É G L I S E
Sabbat 18 juin
A D V E N T I S T E
Journée des réfugiés VO I R E N PAG E 1 0
Juin 2016 E N
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C O U V E R T U R E
P E R S P E C T I V E
J’étais étranger…
Ce mois-ci, nous nous focalisons sur le défi de servir au nom du Christ les millions de ceux qui ont dû fuir la violence et l’oppression dans leur pays.
10 Pourquoi une « Journée mondiale des réfugiés » ?
Benjamin D. Schoun
16 Dans les tranchées
Ted N. C. Wilson
Le Christ compatissant est avant tout un modèle.
12 Le panier
M É D I T A T I O N
Melak Alemayehu
14 Justice pour tous C R OYA N C E S
F O N D A M E N TA L E S
Maja Ahac
Stefan Höschele
Dieu est un Dieu de justice. C’est là un excellent rappel quand on subit les injustices de ce monde.
Ils ont changé les choses.
20 J’étais une réfugiée
Une entière compassion
Souvenons-nous de notre propre statut de réfugié.
Aussi longtemps qu’il existera des réfugiés, les chrétiens auront une responsabilité envers eux.
M O N D I A L E
Blia Xiong, tel que raconté à Terri Saelee
Jésus nous a aimés avant même que nous le connaissions.
24 Les enfants réfugiés
22 Traumatisme et perte V I E
A D V E N T I S T E
Julian Melgosa
Notre obligation envers ceux qui ont presque tout perdu.
L. Ann Hamel
Les besoins des enfants réfugiés sont énormes.
D É PA RT E M E N T S 3 R A P P O R T
M O N D I A L
3 Nouvelles en bref 6 Reportage
11 La crise des réfugiés S A N T É
E S P R I T 21
D E P R O P H É T I E
L A B I B L E R É P O N D 26 Un sûr refuge
27 É T U D E B I B L I Q U E N’abandonnez jamais ! D E S 28 À
I D É E S P A R T A G E R
Les difficultés au sein de l’Église www.adventistworld.org Disponible en ligne en 12 langues
Nous avons un urgent besoin de votre soutien envers les réfugiés. Les dons en argent sont le meilleur moyen de nous aider, parce qu’ils permettent aux équipes d’urgence de répondre rapidement à des conditions changeantes.
Pour donner, allez sur le site
ADRA.org/refugees
Mensuel publié par la Conférence générale des adventistes du septième jour et imprimé par Pacific Press Publishing Association, à l’usage de l’Église adventiste du septième jour.
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Adventist World | Juin 2016
C O U V E R T U R E :
B E N E D I C T E
D O R N O N V I L L E
Un refuge quand la tempête gronde Halim* me raconte son histoire presque incroyable de menace, de violence, de fuite, et de quête d’asile. Il essaie de rester calme, mais en vain. La prière fait tomber ses dernières défenses, car il n’y a rien de caché « aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (He 4.13). Tandis que je passe mon bras autour de ses épaules, il éclate en sanglots. Après la prière, il m’étreint intensément, comme pour me dire : « Je vous en prie, ne m’abandonnez pas. » Des mois de solitude, de peur et d’attente l’ont conduit à la petite mais vibrante église adventiste de cette ville de taille moyenne – bizarrement grâce à la gentillesse d’un chrétien pentecôtiste. La joie qu’il a trouvée chez les adventistes plisse son visage marqué par les larmes. « Je suis si heureux d’être avec eux », murmure-t-il. Lorsque la violence de masse et les assassinats de représailles ont ciblé les jeunes hommes chrétiens de son quartier si loin maintenant, sa famille et lui ont pris la fuite. Finalement, il a pris les devants pour chercher asile en Europe. Dès qu’il le pourrait, il enverrait chercher sa femme et sa petite fille de six mois. Dix mois et une pile de documents plus tard, il attend de recevoir la générosité d’un gouvernement dépassé par un flot de réfugiés imprévu, et trouve espoir dans le cercle de croyants adventistes qui l’ont accueilli et aimé. En ce qui me concerne, l’histoire inachevée d’Halim, le réfugié, a mis en relief des centaines d’articles et de photos. On voit une foule de gens entassés dans des bateaux, refoulés aux frontières, faisant la queue dans des files interminables. Ces réfugiés, nous les comptons par milliers – non, par dizaines de milliers. Mais chacun d’eux a son propre récit de perte, de danger, d’espérance, et d’ennui. Il n’est pas étonnant que des adventistes comptent parmi ceux qui ont été entraînés dans le chaos économique et politique ravageant actuellement certaines régions du monde, et soient poussés contre leur gré vers un avenir rempli de points d’interrogation. Leurs histoires se mêlent à celles de millions de gens d’autres confessions ou incroyants, tous des « étrangers » que nous sommes appelés à aimer et à servir. Tandis que vous lisez cette édition spéciale de Adventist World, puisse l’Esprit vous toucher pour que vous ne vous borniez pas à une simple lecture. « Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. » (Ga 6.10) *Nom fictif
RAPPORT MONDIAL Andrew McChesney
Saw Samuel
élu président de la SSD
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e 22 mars 2016, Saw Samuel a été élu président de la Division AsiePacifique Sud (SSD). Lors de son mandat, a-t-il déclaré, il s’efforcera de trouver de nouveaux moyens d’atteindre les nombreux bouddhistes et musulmans dans sa région, tout en cherchant chaque jour la sagesse divine – ce don précieux de Dieu devant être utilisé judicieusement. Le Comité exécutif de la Conférence générale – la plus haute instance dirigeante de l’Église adventiste – a élu à l’unanimité Saw Samuel en remplacement de Leonardo R. Asoy, lequel Saw Samuel, Orathai Chureson, s’est éteint en janvier dernier après un sa femme, et leurs enfants : combat contre une maladie rare de la Amanda, 12 ans, et Sorawin, moelle osseuse. 10 ans. Saw Samuel, lequel a servi auparaS S D vant en tant que secrétaire exécutif de la SSD, a dit qu’il se sent tout particulièrement poussé à partager l’Évangile avec les habitants de sa division qui n’ont pas encore été atteints. Cette division comprend 14 pays, une population d’un milliard d’habitants, mais seulement 1,3 million de membres d’église. Saw Samuel : « Ma principale responsabilité consiste à engager et à impliquer nos jeunes et nos membres laïcs professionnels et non professionnels pour qu’ils atteignent les Chinois, les bouddhistes, les hindous, les musulmans, et les citadins sécularisés. En outre, je me préoccupe beaucoup des membres radiés, manquants, ou refroidis. » Ces remarques de Saw Samuel indiquent qu’il a l’intention de poursuivre l’œuvre de Leonardo Asoy, lequel a été élu président de la SSD lors de la session de la Conférence générale qui s’est tenue à San Antonio, au Texas, en juillet 2015. Leonardo Asoy a dit à ce moment-là qu’il était particulièrement impatient de trouver des façons d’atteindre les bouddhistes et les musulmans. Leonardo Asoy a succédé à Alberto C. Gulfan Jr., lequel a servi en tant que président de la division pendant 12 ans, et a été emporté par un cancer le 26 septembre 2015, à l’âge de 64 ans. Le 12 janvier 2016, Leonardo Asoy est décédé des complications du syndrome myélodysplasique – une maladie rare caractérisée par une production insuffisante de cellules sanguines matures saines. Il avait 56 ans. Premier Birman à servir en tant que président de division, Saw Samuel a dit que pour répandre l’Évangile, il se propose de mobiliser, d’unir, et d’utiliser les ressources que Dieu a accordées, soit les jeunes, les professionnels, Suite e n p age 4
Juin 2016 | Adventist World
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Adventist World | Juin 2016
P H O T O S
les membres d’église réguliers, ainsi que les médias et la technologie. Son passage biblique préféré ? La prière de Moïse dans Psaumes 90, particulièrement le verset 12 (LSG) : « Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse. » « La vie est courte et ô combien précieuse ! a-t-il dit. Nous avons besoin de la sagesse divine [pour savoir] comment utiliser notre temps, notre santé, notre force, et les ressources que Dieu nous accorde. » Saw Samuel, lequel a servi en tant que président intérimaire depuis janvier, a été d’abord élu en tant que secrétaire exécutif de la division en 2010. Auparavant, il a travaillé pendant deux ans en tant que secrétaire de l’Association pastorale de l’Union des missions du sud-est de l’Asie, à Singapour. Le reste de sa carrière en tant que pasteur et administrateur s’est passé en Thaïlande. En mars, il a obtenu un doctorat en ministère pastoral de l’Institut international adventiste des études avancées, aux Philippines. Orathai Chureson, sa femme, est directrice du Ministère des enfants et de la famille de la Division Asie-Pacifique Sud. Le couple a deux enfants : Amanda, 12 ans, et Sorawin, 10 ans. Ted N. C. Wilson, président de l’Église adventiste mondiale : « Saw Samuel est un serviteur dirigeant très spirituel, respectueux, humble, et orienté vers la mission. Dieu l’utilisera puissamment tandis que l’équipe de la SSD et tous les membres de cette grande division fixent les yeux sur Christ en tant que dirigeant de l’Église. » Ted Wilson a encouragé Saw Samuel à « être fort dans le Seigneur tandis qu’il va humblement de l’avant dans l’œuvre qui lui a été assignée ». « Il devra s’appuyer chaque jour sur Christ et se réclamer de la promesse de Jacques 1.5, tout comme j’essaie de le faire, a ajouté Ted Wilson. Ce n’est que par la sagesse de Dieu que nous pouvons travailler humblement et de façon efficace. » n
: T E D
RAPPORT MONDIAL
À gauche : Des réfugiés apprennent les premiers rudiments du ski. À droite : Des enfants réfugiés font griller du pain sur un feu de camp lors d’un événement tenu par des adventistes en Suède.
Göran Hansen
Des leçons de ski gratuites pour les réfugiés
Des adventistes suédois accueillent 100 réfugiés à bras ouverts
L
orsque les membres de la petite église adventiste de Nyhyttan, en Suède, ont appris qu’un groupe de réfugiés s’amenaient dans leur ville, ils ont décidé de les accueillir à bras ouverts – et de leur offrir gratuitement des leçons de ski. Les membres d’église ont fait équipe avec d’autres organisations à Nyhyttan, une collectivité isolée située à trois heures de route à l’ouest de Stockholm, pour découvrir des moyens d’aider leurs nouveaux voisins à s’adapter à la vie en Suède. Ils ont décidé de leur offrir des cours de suédois, de culture suédoise, des promenades en forêt, et des vêtements gratuits venant d’une friperie. Ils ont mis leurs plans en branle en septembre 2015 lorsque environ 200 réfugiés de la Syrie, de l’Afghanistan, de l’Irak et de l’Érythrée ont été logés dans un centre pour les réfugiés dirigé par le gouvernement – un ancien centre de santé appartenant autrefois à l’Église adventiste. Mais la vie en Suède s’est révélée fort différente de celle connue des réfugiés, particulièrement avec le début de l’hiver. De nombreux réfugiés ont vu de la neige pour la première fois. Les membres de la collectivité ont recueilli des skis, des bottes, des patins, et des vêtements d’hiver qu’ils ont prêtés aux réfugiés pour les leçons gratuites. Lars Gille, pasteur adventiste à la retraite et coordinateur communautaire
pour les réfugiés : « Pour eux, c’était quelque peu effrayant et froid, mais ils ont eu beaucoup de plaisir avec les skis et les patins. Cette activité est devenue très populaire, surtout les jours ensoleillés où le paysage peut être absolument magnifique. » Après la fonte de la neige, les réfugiés ont troqué les skis contre des vélos gracieusement prêtés et des ballons de foot. Le foot est devenu un sport communautaire populaire. Le club des Explorateurs de l’église de Nyhyttan, lequel offre des activités d’artisanat et des distinctions, s’est agrandi de 25 enfants, et l’église a ouvert une école maternelle pour les jeunes enfants. Quand l’église a commencé à tenir des événements dans ses locaux, les réfugiés se sont d’abord montrés méfiants. Certains ont refusé de mettre les pieds dans le bâtiment, mais se sont ravisés avec le temps. Environ 40 réfugiés ont assisté à un concert de Noël à l’église, et d’autres ont visité un café dirigé par l’église – un endroit conçu pour converser et fraterniser. Des membres d’église invitent régulièrement des réfugiés chez eux pour qu’ils découvrent la vie suédoise. Des réfugiés ont demandé à Lars Gille quel était son travail. À leur grande surprise, il leur a répondu qu’il était pasteur ! Mais leur surprise s’est aussi transformée en respect. n
Victor Hulbert
Des adventistes aident des réfugiés
qui tentent d’entrer en Grande-Bretagne
Des bénévoles voyagent huit heures toutes les semaines pour se rendre au camp de Dunkerque, en France
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our Sasha Becejac, l’un des quatre dirigeants de l’église adventiste de Newbold, dans le sud de l’Angleterre, se lever à 4 heures pour faire une longue route et prendre le ferry-boat est un bien petit inconvénient. Tous les dimanches, il remplit une voiture de bénévoles, de nourriture, de vêtements, et effectue ce voyage de huit heures aller-retour pour un camp de réfugiés à Dunkerque, en France. Faisant équipe avec les membres de la petite église adventiste de Dunkerque, ces bénévoles fournissent un repas, prodiguent de l’amour, et sont à l’écoute de certains des milliers de réfugiés essayant de se rendre en Grande-Bretagne à travers la Manche – souvent illégalement – pour y trouver asile. P H O T O S : T E D
À gauche : Omar, 45 ans, originaire de l’Irak, dit être en quête de quelque chose de meilleur. À droite : Mohammed, 15 ans, également originaire de l’Irak, à l’extérieur de sa tente entourée de boue.
Tandis que les bénévoles adventistes font la cuisine et distribuent des fruits frais, leur objectif principal consiste à fournir de l’aide émotionnelle. « Nous disons simplement aux réfugiés qu’ils ne sont pas seuls, que nous avons toute une congrégation en Angleterre – le pays qu’ils tentent désespérément d’atteindre – et que nous prions pour eux », a dit Sasha Becejac. Quelle est la réaction des réfugiés ? « La plupart sont musulmans, et certains, chrétiens, fait remarquer Sasha. Mais après avoir vécu quatre mois dans un marécage infesté de rats, peu leur importe qui prie pour eux, tant et aussi longtemps qu’ils sont là pour leur dire qu’ils se préoccupent d’eux et prient en leur faveur. » Mais pourquoi les adventistes s’impliquent-ils dans un camp de réfugiés où un grand nombre défient ouvertement la loi en cherchant à entrer illégalement en Grande-Bretagne plutôt que de chercher asile à leur point d’entrée en Europe ? demandent certains. D’autres martèlent qu’une telle assistance ne fait qu’encourager la migration clandestine et d’autres activités illégales. Sasha est sensible à ce point de vue. Sasha Becejac : « De nombreux bénévoles viennent alors qu’ils ne sont pas convaincus, et quelques-uns partent dans le même état d’esprit, sentant que les réfugiés devraient mieux s’organiser par eux-mêmes et mieux nettoyer leur camp. Je ne juge personne. Tout ce que je sais, c’est que plus je passe du temps avec ces personnes qui, malgré des conditions
En haut : Tim Den Hertog, à droite, aidant à distribuer des fruits au camp de Dunkerque. En bas : Des bénévoles adventistes marchant dans la boue tandis qu’ils visitent des réfugiés au camp de Dunkerque. P H O T O S
: T E D
sordides, ont l’air plus présentables que moi la plupart du temps… plus je me rends compte qu’ils sont exactement comme nous. Ils aspirent simplement à une vie et à un avenir meilleurs. » Mohammed, 15 ans, se tient là, à sa tente entourée de boue. Il raconte comment ses parents ont été tués par des militants de l’État islamique, dans le nord de l’Irak. Malgré cet environnement misérable, il dit avoir espoir en l’avenir. Il ajoute que l’assistance fournie par les bénévoles adventistes est vitale pour lui. Omar, un autre réfugié, est là depuis quatre mois. Cet homme de 45 ans paraît plus vieux que son âge. Une bombe a explosé près de lui dans sa localité de Mala Abdullah, en Irak. Il a dit qu’il était en quête de quelque chose de meilleur. Sasha Becejac a expliqué que ce désir d’Omar et d’autres réfugiés l’a poussé, lui et les trois autres dirigeants de Newbold, Tim Den Hertog, Jeff Muckle, et Vili Costescu, pasteur adjoint, à continuer d’organiser les voyages hebdomadaires au camp. « C’est pour cette raison que je me sens poussé à aider ces gens, a-t-il dit. Ce sont des gens comme nous, en quête d’un avenir meilleur. » n
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RAPPORT MONDIAL
Un réfugié et
Ruben Grieco
son amie adventiste Un Érythréen raconte pourquoi il s’est enfui en Allemagne
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ui sont les réfugiés en Allemagne, et qui sont les adventistes qui leur viennent en aide ? J’ai découvert les réponses à ces deux questions lors d’une conversation avec Ermias, un réfugié originaire de l’Érythrée, un pays agité de l’Afrique, et Sylvia Kontusc, une bénévole adventiste qui coordonne l’œuvre de l’Église adventiste en faveur des réfugiés dans l’Union du sud de l’Allemagne. Nous avons pris la parole lors d’une réunion hebdomadaire où des réfugiés se réunissent à l’église adventiste pour s’exercer en allemand. Une entrevue avec Ermias
Ermias, qu’est-ce qui vous a amené à fuir l’Érythrée ? En Érythrée, j’étais un soldat professionnel. J’aurais de loin préféré être mécanicien, mais j’ai été obligé de devenir soldat. Mon père a été tué à la guerre. Dès lors, il a fallu que je pourvoie aux besoins de ma famille. J’avais la responsabilité de ma mère et de mes quatre sœurs. Un jour, ma vie a basculé. Un camion transportant des armes a explosé, tuant sur le coup quatre de mes compagnons d’armes. Un autre a perdu un pied. Quant à moi, j’ai passé un an à l’hôpital avec des éclats de métal dans ma tête et ma jambe. Je suis devenu pratiquement sourd d’une oreille.
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Adventist World | Juin 2016
On m’a libéré de mon service quelques jours en raison de mon mariage. Ensuite, j’ai prolongé mon absence de cinq jours, histoire de faire un peu d’argent pour aider ma mère. Eh bien, on m’a jeté en prison pour ça. Cette prison, c’était cinq conteneurs, chacun logeant 38 personnes. Pas de fenêtres, pas d’eau, pas de toilettes. Les soldats m’on menotté pendant le premier mois. Ils m’ont tiré dehors trois fois, m’ont battu, arrosé d’eau froide, et renvoyé tout ruisselant dans le conteneur. Pendant les huit mois de mon emprisonnement, on me donnait deux tranches de pain et une tasse de thé chaque matin. Le soir, je devais partager le peu de nourriture disponible avec neuf autres personnes. On nous permettait d’aller à la toilette une fois par jour, à 6 h 30. Après réflexion, j’ai compris que j’étais en danger de mort, que je reste en prison ou m’évade. J’ai choisi de m’évader parce que je ne voulais pas abandonner. Je voulais être capable de revenir à la vie !
Comment vous êtes-vous évadé ? Des soldats armés gardaient les portes du conteneur. Un ami et moi avons convenu de nous évader un matin, ensemble. Nous avons commencé à courir au même instant dans des directions différentes.
J’ai regardé où les soldats étaient situés et ai couru dans la direction du soldat qui visait le plus mal. Les soldats visaient nos jambes, mais nous ont manqués. J’ai réussi à me rendre chez des amis qui m’ont donné un pantalon, un blouson, et un billet d’autobus à destination de l’Éthiopie. De là, j’ai marché trois jours vers Addis-Abeba, la capitale. La nuit même, ma mère a été arrêtée. On l’a gardée prisonnière pendant deux mois. Dans la capitale éthiopienne, l’armée m’a conduit dans un camp de réfugiés, où j’ai passé six mois. Je suis ensuite retourné à la capitale, et y ai trouvé un travail qui m’a permis de me rendre au Soudan.
Comment vous y êtes-vous pris pour vous rendre en Allemagne ? Au Soudan, j’ai eu des nouvelles d’un ami qui habitait en Allemagne. Il m’a dit qu’il y vivait en paix et en sécurité, et qu’il y avait là de bonnes perspectives d’avenir. Pour moi, mon espoir était clairement en Allemagne. J’ai travaillé pendant sept mois en tant que chauffeur pour économiser suffisamment pour le voyage. J’ai payé 1 600 dollars US pour un voyage de sept jours à travers le Sahara. Nous étions 148 hommes, femmes et enfants à bord de ce camion. En Libye, le camion a été arrêté par l’armée. Ils ont tout saisi : l’argent qui nous restait, nos cellulaires,
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nos papiers et nos cartes d’identité. J’ai passé six mois en prison avec 400 autres Érythréens. Certains étaient forcés de charger des bombes et des armes dans des véhicules. Une fois, un ami transportait une bombe sur son dos, et malheureusement, elle a explosé. Une nuit, j’ai enfin pu m’évader ! Je me suis dirigé vers la côte pour prendre un bateau à destination de l’Italie. Pendant deux jours, j’ai navigué avec 329 personnes à bord d’une petite embarcation. La marine italienne nous a recueillis et amenés en Italie pour les formalités d’usage. Après trois jours, j’ai pu prendre le train pour Munich, en Allemagne. De là, les autorités m’ont envoyé à Meßstetten, puis dans un logement pour réfugiés, où je vis actuellement.
Comment avez-vous commencé à assister à la réunion des réfugiés à l’église ? Des amis m’ont dit qu’il y avait des cours de conversation allemande à l’église. C’est là que j’ai rencontré Sylvia. Sans elle, je n’aurais pas réussi ces cours. Sans son aide, on m’aurait renvoyé en Italie, et ça, je ne l’aurais pas supporté. Sylvia m’a amené chez un médecin. J’assiste maintenant aux réunions de l’église toutes les semaines. J’attends de savoir si je vais pouvoir rester en Allemagne.
Quel est votre désir pour l’avenir ? J’ai toujours peur qu’on me renvoie et que j’aie à vivre de nouveau ces affreuses expériences. J’espère rester et trouver bientôt du travail. Je voudrais que ma femme puisse venir ici, et pouvoir connaître ma petite fille de quatre ans. Je ne l’ai jamais vue. J’étais en prison quand elle est née.
De quoi êtes-vous particulièrement reconnaissant ? Pendant ma fuite, je priais Dieu chaque soir. Je le remercie de m’avoir protégé et accompagné jusqu’en Allemagne.
lundis et mardis matin, j’assiste un travailleur social dans un foyer pour réfugiés. Les mercredis après-midi, je fais du bénévolat au cours de langue. Des petits groupes s’y rencontrent pour avoir des conversations de tous les jours et traduire des lettres. Parfois, nous faisons la cuisine ensemble et distribuons des vêtements. Je suis aussi membre d’un groupe qui aide les réfugiés à se loger. Je les accompagne souvent chez le médecin ou les autorités.
Que pensez-vous de votre travail ?
Sylvia Kontusc est une bénévole qui coordonne l’œuvre adventiste en faveur des réfugiés. Une entrevue avec Sylvia Kontusc
Sylvia, comment en êtes-vous venue à vous impliquer dans cette œuvre ? J’ai toujours gardé à l’esprit l’appel du verset biblique suivant : « Recherchez la paix de la ville où je vous ai déportés et intercédez auprès de l’Éternel en sa faveur, parce que votre paix dépendra de la sienne. » (Jr 29.7) Ensuite, j’ai regardé à la télévision des reportages profondément bouleversants sur les réfugiés. Je me suis donc rendue à l’Hôtel de ville, et me suis entretenue avec le chargé de l’intégration. Cette mission correspond à ma foi et me permet de la vivre.
En quoi consiste votre œuvre envers les réfugiés ? Mes activités bénévoles sont devenues comme un emploi à temps partiel. Les
J’éprouve une grande satisfaction de voir le sourire reconnaissant et chaleureux d’un réfugié. J’aime aussi les bons moments, tels qu’une bonne conversation avec un médecin, une audience du tribunal qui se passe bien, et une recherche d’emploi fructueuse. Je suis aussi heureuse lorsque je constate que j’ai pu contribuer à faire avancer les choses pour un réfugié.
À quel défi particulier êtes-vous en butte ? Eh bien, je dois composer avec ma famille et mon vrai travail (rire) !
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un désirant répondre à un appel missionnaire semblable ? Je suis convaincue qu’on ne peut réussir quand on travaille par ses propres forces. Il est important d’identifier les besoins de la ville et de se joindre ensuite aux réseaux et aux structures existants. Nous, adventistes, jouissons d’un énorme avantage en raison de notre structure d’église avec ses propres locaux et ouvriers. Nous avons la bonne attitude sociale pour ce travail. Ceci est très utile. Les réfugiés qui viennent à nous sont principalement des jeunes. Invitons-les dans notre cercle et permettons-leur de partager notre vie sociale. n
Juin 2016 | Adventist World
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P E R S P E C T I V E
M O N D I A L E
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a compassion constitue l’un des plus grands thèmes de la Bible. On la retrouve à maintes reprises dans les Écritures – particulièrement dans la description du caractère de Dieu. « Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité » (Ps 86.15). « Car l’Éternel jugera son peuple et il aura pitié de ses serviteurs. » (Ps 135.14) « L’Éternel fait grâce, il est compatissant, lent à la colère et rempli de bienveillance. » (Ps 145.8) L’un des plus beaux passages se trouve peut-être dans Michée 7.18, 19 (LSG) : « Quel Dieu est semblable à toi, qui pardonnes l’iniquité, qui oublies les péchés du reste de ton héritage ? Il ne garde pas sa colère à toujours, car il prend plaisir à la miséricorde. Il aura encore compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités ; tu jetteras au fond de la mer tous leurs péchés. » Un don accordé à tous Le mot « compassion » apparaît 50 fois dans la Bible1 (27 fois dans l’Ancien Testament et 23 dans le Nouveau). Chose intéressante, la première mention de ce mot implique une personne considérée comme étant une païenne et une étrangère – une femme de la Gentilité. Exode 2.5, 6 nous donne un aperçu de la scène : « La fille du Pharaon descendit vers le Nil pour se baigner et ses compagnes se promenèrent au bord du Nil. Elle aperçut le coffret au milieu des roseaux et envoya sa servante pour le prendre. Elle l’ouvrit et vit l’enfant : c’était un petit garçon qui pleurait. Elle en eut pitié et dit : C’est un des enfants des Hébreux ! » La compassion – cette sensibilité à la détresse des autres accompagnée d’un désir de la soulager2 – fait non seulement partie du caractère de Dieu, mais constitue aussi un don qu’il accorde à chaque être humain. Au fil de l’histoire, Satan a cherché à détruire la compassion – cet élément complexe de la divinité – et à l’oblitérer
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Adventist World | Juin 2016
Une entière
Ted N. C. Wilson
COMPASSION Ressembler à Jésus
chez les enfants de Dieu. Les guerres, les famines, la violence et la désensibilisation de la société à travers différents médias, la soif du pouvoir, l’orgueil, l’égocentrisme, l’évasion, la convoitise, le nihilisme, et plus encore, sont tous calculés pour que nous détournions nos pensées du sort terrible de nos semblables, et les reportions sur nous-mêmes, effaçant ainsi toute compassion de notre cœur. L’antidote de Jésus Heureusement, Jésus fournit l’antidote pour un monde dénué de compassion. Par sa vie et ses enseignements, il a montré ce que veut dire être « ému de compassion ». Dans l’Évangile de Marc, nous voyons un lépreux venant à lui. « Se jetant à genoux, il lui dit d’un ton suppliant : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur. » (Mc 1.40,41) Suite à la mort prématurée de JeanBaptiste, Jésus et ses disciples partirent « dans une barque, pour aller à l’écart dans un lieu désert. Beaucoup de gens les virent s’en aller et les reconnurent, et de toutes les villes on accourut à pied et on les devança au lieu où ils se rendaient. Quand il sortit de la barque, Jésus vit une grande foule, et fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. » (Mc 6.32-34, LSG) Plus tard ce jour-là, il nourrit la multitude à partir de cinq pains et deux poissons. « Tous mangèrent et furent rassasiés » (v. 42, LSG).
Un modèle de la véritable compassion À travers son ministère terrestre, Jésus non seulement répondit aux besoins physiques des gens, mais exemplifia la véritable compassion en s’occupant de leur bien-être spirituel et en les dirigeant vers l’unique source de la vie. Dans son magnifique sermon sur la montagne, le Seigneur souligna ce point : « Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Mt 6.31-33) Jésus nous manifeste une entière compassion. S’il n’ignore pas les besoins temporels des êtres humains, en revanche, leur bien-être spirituel constitue son ultime préoccupation. Il appelle ses disciples à manifester une telle compassion dans leur service envers leurs semblables (voir Mt 9.35-38). Du désespoir à l’espérance Afari3 vient d’un pays du MoyenOrient où la religion dominante est hostile au christianisme. Son mari lui a permis de travailler dans un salon de beauté où elle ne traite qu’avec des femmes. La vie de cette pauvre femme est misérable. Son mari la bat et l’humilie fréquemment. En proie au désespoir, Afari s’est mise à penser sérieusement au suicide.
Au fil de l’histoire, Satan a cherché à détruire la compassion – cet élément complexe de la divinité – et à l’oblitérer chez les enfants de Dieu. C’est alors que l’une de ses clientes a remarqué sa tristesse. N’ayant personne d’autre à qui elle pouvait se confier, Afari a décidé de lui parler de ses problèmes. Les deux femmes sont bientôt devenues d’excellentes amies. Avec le temps, la femme – une chrétienne – a invité Afari à un groupe de maison secret. Afari y a découvert Jésus et reçu une Bible qu’elle chérit comme son bien le plus précieux. Mais un jour, son mari a découvert la Bible. Il a battu Afari sans pitié et lui a dit qu’il allait la tuer. C’est par miracle qu’elle a réussi à s’échapper. Une fois réfugiée chez ses parents, elle a contacté son amie chrétienne, laquelle l’a rapidement aidée à s’échapper dans un pays voisin. De là, Afari est entrée en Europe à titre de réfugiée. La compassion en action Peu après son arrivée en Europe, Afari a rencontré deux amis qui s’étaient également enfuis de ce même P H O T O
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A S S E R
pays en raison de la persécution religieuse. Étant en contact avec des adventistes, ils ont dit à Afari : « Cette église est exactement ce que tu cherches. » Ces amis ont découvert que les adventistes ne s’occupaient pas seulement de leurs besoins physiques (nourriture, vêtements, abri), mais fournissaient aussi la nourriture spirituelle dont ils avaient tellement faim. « J’aime aller à l’église, dit Afari, car j’y ai trouvé l’amour, la paix, l’espérance, et la bonté. Grâce aux adventistes, je sais maintenant que je ne suis pas seule. Je me sens en sécurité. » L’un des dirigeants adventistes de cette ville décrit cette approche compatissante : « Nous savons fort bien que les éléments humanistes ne peuvent satisfaire l’âme. Si on ne se focalise que sur les besoins physiques et sociaux, les réfugiés ne recevront pas ce dont ils ont vraiment besoin. C’est pourquoi les besoins spirituels figurent en tête de liste. »
Une compassion empreinte de piété n’est pas facultative Pour les chrétiens, une compassion authentique, empreinte de piété n’est pas facultative. Depuis le commencement, Dieu a appelé ses disciples à lui ressembler, à pratiquer la justice, à aimer la miséricorde, et à marcher humblement avec leur Dieu (Mi 6.8). En réfléchissant à l’œuvre compatissante confiée au peuple de Dieu, Ellen White écrit : « Le travail désintéressé des chrétiens du passé devrait être pour nous, aujourd’hui, une leçon de choses et une source d’inspiration. Il faut que les membres de l’Église de Dieu soient zélés pour les bonnes œuvres, détachés des ambitions mondaines, et décidés à marcher dans l’empreinte des pas de celui qui allait de lieu en lieu, faisant du bien. Le cœur rempli de sympathie et de miséricorde, qu’ils pourvoient aux besoins des malheureux, apportant aux pécheurs la connaissance de l’amour du Sauveur. Une telle tâche requiert des efforts laborieux, mais elle réserve une riche récompense. Ceux qui s’y livrent avec sincérité verront des âmes gagnées au Sauveur, car l’influence qui accompagne l’exécution de la mission divine est irrésistible4. » Où que nous soyons, Dieu nous appelle à participer à l’« Implication totale des membres », tandis que nous manifestons son entière compassion à un monde en besoin. Demandons-lui de nous remplir de son Saint-Esprit afin d’obtenir la sagesse et la compassion que lui seul peut donner. n 1 Dans
la Bible New King James Version. tirée de Merriam-Webster Online Dictionary, www.merriam-webster.com/dictionary/compassion. 3 Nom fictif. 4 Ellen G. White, Conquérants pacifiques, p. 96. 2 Paraphrase
Ted N. C. Wilson est le
président de l’Église adventiste du septième jour.
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Sabbat 18 juin 2016
Pourquoi une
« Journée mondiale des
RÉFUGIÉS
» ?
Benjamin D. Schoun
«
C
haque minute qui passe, huit personnes fuient pour échapper à la guerre, à la persécution, ou à la terreur », lisons-nous sur le site Web de la Journée mondiale des réfugiés1. Au cours des dernières années, 15 nouveaux pays ont été le théâtre de conflits : des personnes ont été tuées, et de nombreuses autres, menacées. Il ne leur est plus possible de vivre en sécurité sous leur toit, et d’avoir accès à de la nourriture en quantité suffisante. De ces pays, mentionnons le Soudan du Sud, la République centrafricaine, le nord-est du Nigeria, le Pakistan, l’Afghanistan, la Somalie, l’Ukraine, l’Irak, et plus récemment, la Syrie. Selon les Nations Unies (février 2016), 13,5 millions de personnes en Syrie ont besoin d’une aide urgente, dont 6,6 millions qui ont été déplacées à l’intérieur du pays. Plus de 4,8 millions de Syriens ont trouvé refuge dans les pays avoisinants2. Bien que la Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens, en 2015 seulement, plus de 1 million se sont rendus en Europe3. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU : « Les réfugiés sont des gens comme vous et moi. Ils menaient des vies ordinaires avant d’être contraints à fuir. Leur plus grand rêve est de pouvoir vivre à nouveau normalement4. » Que fait notre Église pour ces réfugiés ? De concert avec les gouvernements et d’autres agences humanitaires, l’Église adventiste du septième jour a choisi d’offrir des services pour venir en aide à ces réfugiés sillonnant les routes, les voies ferrées, les sentiers et les mers vers un lieu où ils pourront vivre en toute sécurité. Dans le cadre exceptionnel de ce déplacement humanitaire massif en
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Europe, deux divisions de la Conférence générale sont directement impliquées : la Division transeuropéenne et la Division intereuropéenne. L’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA) de même qu’ASI (Association des entrepreneurs adventistes) Europe s’impliquent à fond. En janvier, des dirigeants de ces organisations de l’Église ont assisté à un sommet à Zagreb, en Croatie, sous la direction d’ADRA, pour coordonner les efforts et établir une planification stratégique en vue d’une implication plus efficace. Voici une idée ayant émergé de ce sommet : l’Église adventiste pourrait planifier une Journée mondiale des réfugiés semblable à celle du calendrier des Nations Unies. La reconnaissance de ce jour dans les églises adventistes a les objectifs suivants : 1 informer l’Église mondiale de la crise en Europe et ailleurs, et fournir un rapport de l’aide apportée par les organisations de l’Église ; 2 encourager la prière en faveur des réfugiés et de ceux qui se donnent sans compter pour les aider ; 3 raconter des histoires sur les réfugiés et donner des rapports touchant à la véritable nature de cette crise humanitaire ; 4 apprendre aux membres d’église comment interagir avec les réfugiés, selon nos croyances et nos valeurs adventistes ; 5 informer les membres d’église des besoins actuels pour qu’ils puissent y répondre et faire des dons afin de soutenir l’aide en cours ; 6 réfléchir aux paroles de Ban Ki-moon : « En cette Journée internationale des réfugiés, faisons valoir notre humanité commune, célébrons la tolérance et
la diversité et ouvrons nos cœurs aux réfugiés du monde entier5. » Une Journée mondiale des réfugiés spéciale La Journée mondiale des réfugiés de l’ONU se tiendra le 20 juin. Pour sa part, l’Église adventiste mondiale tiendra la sienne le sabbat 18 juin. Il y aura des communiqués, des encarts, des vidéos, et des posters affichés sur le site Web de la Conférence générale. On peut les télécharger et les utiliser dans nos églises6. Je suis reconnaissant de ce que Adventist World ait consacré ce numéro de juin à la situation des réfugiés dans le monde. Tandis que vous le lisez, posezvous la question suivante : Comment puis-je être le prochain de ces gens en crise ? Jésus a dit clairement que ce que l’on fait pour satisfaire de tels besoins constitue l’une des preuves les plus évidentes du véritable christianisme dans le cœur et la vie de ses disciples (Lc 10.30-37 ; Mt 25.31-36). n 1
www.un.org/en/events/refugeeday/background.shtml. 2 https://en.wikipedia.org/wiki/Refugees_of_the_Syrian_ Civil_War. 3 www.bbc.com/news/world-europe-24583286. 4 http://www.un.org/fr/events/refugeeday/2015/sgmessage.shtml. 5 http://www.un.org/fr/events/refugeeday/2015/sgmessage.shtml. 6 Pour avoir accès aux ressources proposées, cliquez sur le lien suivant : https://www.adventist.org/en/information/specialdays, et consultez la section « June 18 – Adventist Church World Refugee Day ».
Benjamin D.Schoun
est un ancien vice-président de la Conférence générale. Il est président du Comité européen de coordination des personnes déplacées de la Conférence générale. P H O T O :
I G O R
M I T R O V I C
Peter N. Landless et Allan R. Handysides
S A N T É
RÉFUGIÉS Que peut faire l’Église ?
La crise des La saga en cours des réfugiés qui arrivent en Europe a fait la une des nouvelles. Quels sont les principaux défis de santé auxquels ils font face ? Leur apportons-nous de l’aide en tant qu’Église ?
L
a situation critique des réfugiés a été qualifiée, à juste titre, de crise humanitaire. Le désespoir, la peur, l’impuissance poussent des gens à fuir leur pays d’origine pour chercher asile ailleurs et recommencer à zéro. On imagine à peine le désespoir qui pousse des gens à quitter leurs êtres chers, leur foyer, et leur environnement familier. Mais où vont-ils ? Là où on les accueillera. Leurs souffrances et leurs incertitudes sont difficiles à saisir. Par le biais de reportages déchirants, non dilués sur cette tragédie humaine, nous avons été témoins de leur souffrance, de leur stress, de leur peur, et de leurs incertitudes. La mort tragique d’un jeune enfant dont le corps a été retrouvé sur une plage turque est devenue un symbole international de ce chagrin. Des infections respiratoires (pulmonaires), dont la pneumonie, sont au nombre des maladies les plus courantes au sein de cette population particulière. De plus, un traumatisme accidentel est chose courante en raison de l’espace exigu des embarcations bondées et souvent incapables de tenir la mer, des mers agitées, et des rochers non marqués sur la carte ou inévitables dans l’océan et sur les côtes. La déshydratation et la faim sont aussi au nombre des questions importantes qu’il faut aborder. ASI Europe a dirigé avec succès des cliniques mobiles à bord d’autobus spécialement modifiés, lesquels sont équipés d’installations permettant de traiter des urgences et de faire des opérations. Ces cliniques ont été une véritable bénédiction ! Dans de
telles circonstances, le bien-être mental et émotionnel est toujours difficile, et souvent compliqué par le chagrin et l’anxiété. Malheureusement, en raison de leur nombre et de la rareté des ressources, ces besoins ne sont pas satisfaits adéquatement. L’Église adventiste a été encouragée à embrasser le Ministère global de la
gens religieux dépourvus de piété. Mais après avoir reçu de l’aide médicale en Grèce, il a vu des gens pieux en pleine action ! Ainsi, en agissant en tant que mains du grand Médecin, les chrétiens donnent un puissant témoignage. Nous pouvons, vous et moi, venir en aide à ces réfugiés. Prions pour eux avec ferveur et demandons à Jésus de
Il n’est pas possible pour tout le monde d’entrer en contact avec les réfugiés. Cependant, nous pouvons tous faire bouger les choses. santé. Ce terme moderne pour l’œuvre médicale missionnaire est une façon pratique de satisfaire les besoins des gens avec amour et compassion. L’Église que nous aimons et servons s’engage activement à répondre aux besoins des réfugiés. Ces besoins sont tellement grands que parfois, il nous semble que même nos plus grands efforts ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais ADRA International (et ses agences servant les pays affectés) et ASI Europe continuent d’aider les réfugiés, une personne à la fois. Des professionnels de la santé du monde entier travaillent de concert avec ces agences en donnant de leur temps et de leur expertise. Mais il y a plus : ils partagent l’amour de Jésus de façons pratiques en satisfaisant les besoins des gens – leurs compagnons de route sur cette planète brisée. Ceux qui, par le biais de ces agences affiliées à l’Église, coordonnent une intervention en matière de santé ont été témoins de scènes étonnantes. Ils ont vu, par exemple, une femme médecin juive traiter des femmes syriennes réfugiées. Un périodique populaire chrétien a cité un réfugié musulman, lequel a dit qu’avant la situation actuelle, il a vu des
revenir bientôt pour mettre un terme à la souffrance, à la maladie, au chagrin, au déplacement, et à la mort. En donnant à ADRA et à ASI Europe, nous contribuerons aux initiatives courageuses et nécessaires dans lesquelles elles sont engagées. Il n’est pas possible pour tout le monde d’entrer en contact avec les réfugiés. Cependant, nous pouvons tous faire bouger les choses en partageant nos biens et en agissant comme l’église que Jésus décrit dans Matthieu 25 : « Et le roi leur répondra : En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25.40). n
Le Dr Peter N. Landless, cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, est directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale. Le Dr Allan R. Handysides, gynécologue certifié, est l’ancien directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale.
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M É D I T A T I O N
Melak Alemayehu
Le panier L
e livre de Ruth nous brosse le tableau de la vie de Ruth, la Moabite, et, du coup, nous révèle les joies et les peines possibles des réfugiés. Veuve, réduite à la pauvreté, Ruth choisit de se réfugier « sous les ailes » du Seigneur (Rt 2.12). Elle se rendit dans un pays étranger – un défi apparemment impossible à relever. Et à travers la générosité de Boaz, Dieu remplit son panier vide ! Refuge tangible pour Ruth, Boaz personnifiait, en fait, l’ultime Refuge – le Seigneur lui-même. L’image de Dieu en tant que refuge apparaît près de 50 fois dans les Psaumes. Voilà qui est intéressant ! En fait, Dieu révéla clairement à son peuple de quelle façon il devait traiter les réfugiés (ou les étrangers). Ces instructions étaient au nombre des lois de l’alliance, et se retrouvent dans la célébration de la fête des prémices (Dt 26.1-11). Lors de cette fête, les participants présentaient un panier débordant des premiers fruits de la moisson. Ils le présentaient d’abord au Seigneur, puis en mangeaient le contenu avec les prêtres et les étrangers. De toute évidence, les principes à la base de cette cérémonie nous permettent de découvrir Dieu en tant qu’ultime Refuge pour tous les réfugiés. Ellen White commente : « Ces directives explicites que le Seigneur donna à son peuple expriment les principes de la loi du royaume de Dieu, afin que le peuple ne soit pas laissé dans l’ignorance et l’incertitude. Ces écrits présentent les obligations permanentes de tous ceux que Dieu a bénis par la vie, la santé, et les avantages dans les choses temporelles et spirituelles*. » Jetons maintenant un coup d’œil sur certains de ces principes. La reconnaissance. La loi sur l’offrande des premiers fruits stipule d’abord à quel moment elle devait entrer en vigueur, c’est-à-dire « lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage, lorsque tu en prendras possession et que tu l’habiteras » (Dt 26.1). Il était donc question du moment où les Israélites atteindraient la terre promise – pays où leurs espérances, leurs rêves et leurs souhaits allaient enfin se concrétiser. Lorsque nous atteignons, nous aussi, la prospérité, nous avons malheureusement tendance à oublier le parcours qui
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nous y a conduits. Par conséquent, cette fête nous rappelle de réfléchir à notre parcours de vie et nous aide à nous souvenir de deux choses importantes : 1) qui nous étions auparavant, et 2) de quelle façon nous sommes parvenus à la prospérité. Une telle réflexion nous conduira ultimement à reconnaître que « toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jc 1.17, LSG). L’expression de la reconnaissance. La fête des prémices souligne un concept important : la reconnaissance ne doit pas être simplement intellectuelle. Les Israélites furent donc instruits d’exprimer leur reconnaissance en offrant un panier rempli des prémices de la moisson. En plus d’être les premiers chronologiquement, ces prémices symbolisaient la qualité des fruits dans leur primeur. Peu importe à quel point l’agriculteur était impatient de goûter aux fruits de son labeur, il se devait d’abord d’exprimer ce qui importe le plus en présentant un panier débordant des prémices de sa moisson. Si le Seigneur abhorre une offrande qui n’est pas faite de bon cœur, en revanche, il apprécie un sacrifice provenant d’un cœur reconnaissant (voir Lc 7.36-50). La focalisation. Dieu devait être le centre même de la fête des prémices. Le nom Yahweh (ou « Seigneur ») apparaît 14 fois dans cette section, ce qui en fait le point central de tous les détails de la cérémonie. Notez bien que le panier était d’abord placé « devant l’autel de l’Éternel » (Dt 26.4). Ici, une leçon cruciale se dégage : pour avoir un impact durable, toute pratique religieuse doit avoir Dieu pour centre. Le témoignage. En présentant le panier devant le Seigneur, les participants devaient prononcer ce qu’on appelle « la récitation des prémices » (v. 3,5-10). Cette prescription divine est chargée de messages importants. Les adorateurs rappelaient publiquement le sort lamentable de leurs ancêtres alors qu’ils séjournaient en Égypte en tant qu’étrangers. L’humanité, esclave du péché, peut s’identifier à cette expérience. Dans ce témoignage, les participants rappelaient aussi à quel point les Israélites opprimés avaient crié au Seigneur, puis comment celui-ci avait entendu leur voix et vu leur
Les principes à la base de cette fête nous permettent de découvrir Dieu en tant qu’ultime Refuge pour tous les réfugiés. affliction. Cette intervention divine éclaire l’horizon d’un rayon d’espérance. Tandis que les rachetés continuent de publier les louanges de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière, ils deviennent des réflecteurs qui permettent à la même lumière de briller dans les ténèbres dans lesquelles beaucoup d’autres sont plongés (1 P 2.9). La glorification. Après avoir présenté le panier des premiers fruits de la terre et rendu témoignage, les participant adoraient (littéralement « se prosternaient ») le Seigneur (Dt 26.10). Cette adoration démontre l’humilité et l’abnégation dont nous devons faire l’expérience si nous voulons vraiment glorifier Dieu. Tandis que nous l’adorons avec humilité, Dieu nous rappelle que nous avons été tirés de la poussière de la terre et qu’ainsi, nul n’a sujet de se glorifier. En réalité, l’unique valeur durable ici-bas, c’est une vie à la gloire de
Dieu, laquelle s’exprime par le partage des bénédictions reçues avec nos semblables. L’inclusion. La fête des prémices se terminait par une célébration. Les participants se réjouissaient en partageant leurs bénédictions avec la famille et deux groupes d’individus spécifiquement mentionnés, soit les lévites et les étrangers. Avez-vous remarqué à quel point les Israélites incluaient les étrangers dans cette célébration ? Ces derniers étaient ce que leurs hôtes avaient été par le passé. Alors que les participants présentaient leur panier devant le Seigneur, les besoins physiques, émotionnels, sociaux, et spirituels des étrangers ne passaient pas sous silence. Ainsi, les étrangers avaient eux aussi l’occasion de faire l’expérience de la bénédiction de Yahweh en tant que refuge. Où est notre panier ? Il existe de nombreux paniers ici-bas. Certains sont remplis des « premiers fruits » de nos richesses, mais d’autres, ceux des malheureux, sont vides. Si nous reconnaissons la vraie source de nos bénédictions, si nous exprimons cette reconnaissance, si nous nous focalisons sur le Seigneur, si nous témoignons de l’intervention du Seigneur en notre faveur, si nous glorifions son nom et incluons les malheureux, alors, le panier débordant et le panier vide se retrouveront sur la même table. Souvenez-vous : nous sommes appelés, nous aussi, à être un refuge pour les réfugiés. n * Ellen G. White, « How Much Owest Thou? », Advent Review and Sabbath Herald, 25 décembre 1900.
Melak Alemayehu est doctorant en études bibliques et Ancien Testament à l’Institut international adventiste des études avancées, à Silang, aux Philippines. Melak, Mihret, sa femme, ainsi que Pheben et Paulos, leurs deux enfants, sont originaires d’Éthiopie. Juin 2016 | Adventist World
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C R O Y A N C E S
F O N D A M E N T A L E S
NUMÉRO 19 Stefan Höschele
A
JUSTICE
yant grandi au sein d’une famille adventiste, je me suis toujours demandé comment certains peuvent déclarer que les dix commandements « ne sont plus valides ». Plus valides ? Quel serait donc l’avantage de voler, d’avoir d’autres dieux, de détruire les mariages, de se faire des idoles, de travailler sept jours sur sept, ou de donner un faux témoignage ? Bon, je simplifie sans doute un peu les choses, mais honnêtement, je me demande sur quoi s’appuient ceux qui déclarent qu’en tant que chrétiens, nous ne sommes plus sous la loi, et que le décalogue ne devrait plus constituer le point de référence de nos actes. Comprenez-moi bien : je ne suis pas un légaliste. La simple conformité aux commandements de Dieu d’Exode 20 ne nous confère aucun mérite devant Dieu. Et je déteste lorsque certaines personnes pensent qu’elles sont les seules et dernières interprètes de la façon d’accomplir aujourd’hui certaines stipulations bibliques. Mais si on me défie au sujet de la légitimité et de l’autorité des normes écrites sur les deux tables de pierre, alors là, je vais me décrisper. Il n’y a tout simplement aucun argument valable contre de telles obligations fondamentales pour ceux qui croient en le Créateur. En fait, ces normes sont tellement élémentaires qu’il est raisonnable de les considérer comme de simples exigences minimales lorsque prises au pied de la lettre. Après tout, le jeune homme riche pouvait déclarer : « Maître, j’ai gardé tout cela dès ma jeunesse. » (Mc 10.20) Et Jésus ne lui répondit pas : « Voyons ça d’un peu plus près. À vrai dire, tu te trompes ! » C’est pour cette raison que mon arrière-arrière-grand-mère est devenue l’une des premières adventistes de sa région. Elle a longuement réfléchi au texte qui dit : « Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jn 5.3). Lorsqu’elle a compris que le décalogue est simplement une norme de justice minimum à respecter, sa décision a été claire comme de l’eau de roche. Pour tous Dans mon pays, la loi est très importante. Ne vous hasardez surtout pas à soudoyer un fonctionnaire pour la contourner, sinon, vous vous retrouverez dans de beaux draps ! La loi est valable pour tous simplement parce que la justice n’est justice que lorsqu’elle est justice pour tous. Les lois de l’État ne font certes pas l’affaire de tout le monde, mais lorsque de graves conflits éclatent, il est bon de savoir que des principes puissants protègent
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tous pour
la dignité humaine et stipulent les obligations des citoyens. De même, les commandements de Dieu s’appliquent à tous. Si l’équité était équité seulement pour certains, quelle sorte de justice aurions-nous là ? Ainsi, le commandement du sabbat, pièce maîtresse du décalogue, exige que non seulement les Israélites, mais aussi les étrangers et même les animaux soient exemptés de travailler le septième jour (Ex 20.10). Ce n’est pas à dire que tout va comme sur des roulettes icibas parce qu’on suit les principes fondamentaux du code moral d’Exode 20. La plupart des sociétés, en effet, sont loin d’offrir des possibilités égales à tous leurs citoyens. Mais à quoi ressembleraient-elles sans les normes dérivées de la loi de Dieu ? En tant que membres de la collectivité et en tant que chrétiens, il nous faut avoir conscience des exigences minimales qui préviennent les pires injustices. Un exemple La situation dont nous faisons actuellement l’expérience en Europe de l’Ouest illustre bien cela. Seulement dans mon pays, environ un million de réfugiés sont arrivés en 2015. La plupart de ces familles sont endeuillées parce que des membres de leur famille ou des amis sont morts. Un grand nombre font face à la persécution ou aux menaces dans leur pays d’origine uniquement parce qu’ils appartiennent à la mauvaise secte, au mauvais parti politique, ou à la mauvaise famille.
La logique de Jésus est tout à fait l’opposé. Celui-ci a traduit en sacrifice les prohibitions visant à sauvegarder la société. Comment recevoir équitablement ces réfugiés qui viennent à nous dans l’espoir d’être traités de façon impartiale ? Quelle est l’attitude chrétienne à adopter ? Au cœur de cette catastrophe humanitaire, comment appliquer le principe de la justice du sabbat ? Il est bon de se souvenir que les dix commandements ont été donnés à des gens qui émigraient d’un pays à un autre. De plus, Jésus lui-même fut un réfugié en Égypte, et dans son célèbre discours sur le jugement, il dit : « J’étais étranger et vous m’avez recueilli » (Mt 25.35). Jésus démontra indubitablement que l’observation des commandements de Dieu, c’est beaucoup plus que de simplement s’abstenir de tuer, de voler, de commettre l’adultère. Au lieu de voler, les chrétiens se réjouissent dans une simplicité volontaire. Au lieu de convoiter, ils partagent, même avec ceux d’une foi différente, comme les réfugiés musulmans qui arrivent maintenant en Europe. Et au lieu de tuer, ils donnent leur vie, même pour leurs ennemis. Il n’est pas toujours facile d’aimer son prochain. Et ce prochain, il n’est pas toujours possible de le choisir. Mais une norme minimale est valable, toujours et pour tous. Certains habitants de ce pays oublient ceci. Ils veulent retourner en arrière, au temps où il n’y avait aucun étranger dans le pays. Ils remplissent les réseaux sociaux de discours haineux et mettent le feu à des centres d’accueil. Ils veulent qu’on tire
LA LOI de
sur les migrants à la frontière, au nom de « la protection de l’Occident chrétien ». La logique de Jésus est tout à fait l’opposé. Celui-ci a traduit en sacrifice les prohibitions visant à sauvegarder la société. N’utilisez pas mal le nom de Dieu, pas même pour défendre vos idées au sujet de ce à quoi un pays devrait ressembler. Préférez plutôt être maudit parce que vous suivez Jésus. Ne travaillez pas le sabbat : donnez un jour de repos à tout le monde, et travaillez six jours par semaine pour donner de la visibilité au royaume de Dieu. Ne portez pas de faux témoignage : prononcez plutôt des paroles de bénédictions et d’espérance à tous, surtout à ceux dont la vie s’est effondrée. La loi et l’amour : il nous faut les deux – l’une parce qu’il existe une norme en-dessous de laquelle personne ne doit tomber, et l’autre parce que Christ nous a montré la véritable intention des commandements de Dieu. n
Stefan Höschele, titulaire d’un doctorat et ancien missionnaire en Algérie et en Tanzanie, enseigne la théologie systématique et la missiologie à l’École supérieure de théologie de Friedensau (Theologische Hochschule Friedensau), en Allemagne.
Dieu
Les grands principes de la loi de Dieu sont incorporés dans les dix commandements et manifestés dans la vie du Christ. Ils expriment l’amour, la volonté et les desseins de Dieu concernant la conduite et les relations humaines et sont impératifs pour tous les hommes de tous les temps. Ces préceptes constituent le fondement de l’alliance conclue par Dieu avec son peuple et la norme de son jugement. Agissant par le Saint-Esprit, la loi démasque le péché et fait éprouver le besoin d’un sauveur. Le salut procède entièrement de la grâce et non des œuvres, mais
ses fruits se traduisent par l’obéissance aux commandements de Dieu. Celle-ci favorise le développement d’une personnalité chrétienne et produit un sentiment de bien-être. C’est une manifestation de notre amour pour le Seigneur et de notre préoccupation pour nos semblables. L’obéissance qui vient de la foi révèle la puissance du Christ qui transforme les vies et renforce ainsi le témoignage du chrétien. (Ex 20.1-17 ; Dt 28.1-14 ; Ps 19.8-15 ; 40.8,9 ; Mt 5.17-20 ; 22.36-40 ; Jn 15.7-10 ; Rm 8.3,4 ; Ep 2.8-10 ; He 8.8-10 ; 1 Jn 2.3 ; 5.3 ; Ap 12.17 ; 14.12)
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Dans les
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TRANCHÉES
n sabbat d’automne doux, ensoleillé à souhait, se déroule de façon normale. Nous allons à l’église le matin et mangeons ensuite entre amis. Peu après, je reçois un coup de fil : « Prépare-toi, Maja, me prévient-on. Ce qui n’était que supposition hier se réalise aujourd’hui. Plusieurs milliers de réfugiés approchent de la frontière slovène. » Allons-nous les aider ou non ? Les membres de mon équipe et moi sommes loin de nous demander ça. Une seule question se pose : comment allons-nous les servir et leur fournir l’aide humanitaire le plus efficacement possible ? Quelques heures plus tard, des milliers de réfugiés foulent le sol de la Slovénie. Leur visage trahit l’épuisement. Beaucoup transportent des petits sacs en plastique contenant les seuls biens qui leur restent. J’adresse la parole à certains d’entre eux, mais sans succès. La langue constitue une barrière de taille. Finalement, je déniche un ado qui parle anglais. Nous nous asseyons ensemble avec quelques-uns de ses amis. « Pourquoi êtes-vous venus ici ? Pourquoi avez-vous entrepris un voyage aussi périlleux ? » « En ce qui me concerne, j’avais deux options : tuer ou être tué, me répond un jeune homme. Je voulais juste terminer mes études et vivre. » Dehors, il fait nuit. Mais ça me convient parfaitement. Je ne veux pas qu’il voie mes yeux embués de larmes. En effet, cette crise des réfugiés, terrible, tragique, devient soudain « réelle » et personnelle. Ce jeune homme a à peu près le même âge que mon fils aîné ! Sa famille a rassemblé tout ce qu’elle a pu et l’a envoyé au loin dans l’espoir qu’au moins un membre de la famille survivra. Il a donc fui la zone de conflit et tente de rester en vie, c’est tout.
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N O R V È G E
Là où aucun être humain n’est clandestin
B R I T T
Impossible de fermer les yeux Il serait si facile de faire semblant que les réfugiés ne sont pas ici, de dire qu’ils ne sont pas « dignes » de notre aide… Souvent, on les étiquette non seulement de réfugiés et de migrants, mais aussi de terroristes. Cependant, se borner à croire à maintes théories du complot et considérer ces réfugiés comme une menace n’est pas une solution. Au cours de mes six derniers
Maja Ahac
M I L A N V I D A K O V I C’ ,
A D R A
S LOV ÉNIE
ADRA Slovénie fournit de l’eau, de la nourriture, et des vêtements chauds pour les réfugiés en transit à la gare de Dobova, en Slovénie.
mois de travail avec eux, je n’en ai pas rencontré un seul pour lequel Jésus n’est pas mort – peu importe à quel point ils sont sales, terrifiés, gelés, affamés, puants, malades, petits, maltraités. Ces gens ne sont que des gens. Ni plus, ni moins. Or, tout être humain mérite non seulement de survivre, mais aussi de prospérer. Combien je rêve du jour où nous accueillerons tous les êtres humains, peu importe leur pays d’origine, dans la grande famille de Dieu – du jour où nous ne chercherons plus à justifier notre refus de les accepter par de fausses
excuses ! Depuis quand nous appartientil de décider qui mérite de vivre ? Nous ne sommes que des êtres humains ! Par conséquent, notre responsabilité consiste à fournir les soins de base, à partager ce que nous avons reçu, à être les porteparole des sans-voix, à aider ceux qui sont sans force, à être en bénédiction à l’humanité – tout comme Jésus. Un soutien constant Au cours des derniers mois, j’ai rencontré de nombreuses personnes et entendu leurs histoires. J’ai vécu
des journées horriblement chargées, marquées par des conflits, un manque de fonds, de nourriture, de couvertures, de chaussures, et par de nombreuses autres situations difficiles, sans compter les nuits blanches. Ce qui m’a édifiée le plus au cours de cette période, c’est que je n’ai jamais été seule. Beaucoup d’autres – des anges, à mes yeux – se sont joints à nous tout au long de cet épisode. Ils venaient, semble-t-il, de nulle part. Des groupes et des individus ont donné de leur temps, de leur argent et de leur énergie pour des milliers et des milliers de réfugiés. Ils ont été une véritable source d’encouragement. Bon nombre m’ont fait part de leurs expériences. Pendant ces nombreuses heures de bénévolat, nous avons tous reçu davantage que nous n’avons donné. En effet,
Histoires compilées par Urška Cˇehovin, coordinatrice des relations publiques et des levées de fonds pour ADRA Slovénie
À
CHACUN SON HISTOIRE
Des réfugiés et des bénévoles racontent leur histoire
Alors que je rencontrais des réfugiés traversant la Slovénie en train et que je m’entretenais avec eux, j’ai découvert des tas de choses sur leurs parcours. Voici quelques-unes de leurs histoires. – Urška Cˇehovin AAMIR : « Je viens de l’Afghanistan et je veux aller en Allemagne. Ça fait un mois maintenant que ma famille, un ami et moi voyageons. Au début, nous avons voyagé en voiture, ensuite, en autobus et en bateau, et maintenant en train. « Nous avons eu de la chance d’embarquer sur un vrai bateau. Il y avait 65 passagers à bord. Heureusement, la mer était calme. Nous sommes arrivés à bon port. Pendant la traversée, des rumeurs circulaient. Selon ces rumeurs, il était possible que nous ne puissions pas rester en Allemagne, et que nous soyons forcés de retourner en Afghanistan. Mais devant la possibilité de mener une vie meilleure, nous sommes prêts à prendre ce risque. »
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Haine à la carte Par ailleurs, les railleries dont nous avons été l’objet et les menaces à notre endroit sont inimaginables. Je n’ai jamais vu autant de frustration, d’amertume, et de colère de la part d’individus qui, au lieu de secourir, répandent la haine. Certains ont désapprouvé les efforts d’ADRA ou les miens. On m’a traitée de tous les noms, de noms hideux. J’ai aussi été la cible de menaces. Mais ces paroles blessantes et ces menaces n’ont fait que
À
M I L A N V I D A K O V I C’ ,
en aidant les tout-petits, les mères, les handicapés, notre cœur s’est gonflé de bonheur. En voyant le sourire d’un enfant, un bébé revêtu d’une veste chaude, un père donnant de la nourriture à ses petits, une femme à qui on a discrètement donné des produits d’hygiène personnelle, nous avons éprouvé une véritable joie. Les mots sont impuissants pour décrire leur gratitude.
A D R A
S L O V É N I E
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Au cours des six derniers mois de travail avec les réfugiés, je n’en ai pas rencontré un seul pour lequel Jésus n’est pas mort. renforcer ma détermination à venir encore davantage en aide aux réfugiés. Cette crise des migrants m’a également coûté quelques amis, lesquels n’ont pas compris nos mobiles. En revanche, je me suis fais de nombreux autres amis –
CHACUN SON HISTOIRE
des gens que jamais je n’aurais cru avoir le privilège de rencontrer. Une expérience transformatrice La crise des réfugiés m’a secouée et a ébranlé la société dans laquelle je vis.
(SUITE)
DUŠAN ERHOVNIC : « J’ai fait du bénévolat depuis le début de la crise des réfugiés. Je suis retraité, alors, ce n’est pas le temps qui me manque ! En plus, j’aime travailler avec les gens, et les autres bénévoles ici sont formidables. « Je travaille 12 heures par jour, trois jours par semaine. Une semaine nous travaillons le jour, et l’autre, la nuit. Chaque jour est différent. Nous faisons l’expérience de beaucoup de belles choses, mais certains jours, nous sommes témoins d’épisodes bouleversants dont le souvenir nous hante pendant un certain temps. »
U R Š K A Cˇ E H O V I N , A D R A S L O V É N I E
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JORAM : « J’ai 28 ans et j’étudie l’anglais. À cause de la situation désastreuse en Syrie, j’ai cessé temporairement d’étudier pour me rendre avec ma famille dans un pays plus amical. Nous sommes 13 en tout. « En Syrie, nous avions de graves problèmes parce que nous sommes Kurdes. Sept membres de notre famille ont été décapités. L’une des membres de ma famille a vu ses filles se faire tuer sous ses yeux. C’est pour ça que nous nous sommes enfuis. Tout ce que nous voulons, c’est une vie normale. »
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U R Š K A
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des vulnérables ou de les aider, ma rencontre avec des tas d’individus édifiants m’a donné, en revanche, un sentiment extraordinaire de richesse et de valeur personnelles. J’ai entendu des histoires de gens étonnamment forts, de gens qui ont fait face à des difficultés extrêmes tout au long de leur voyage vers une vie meilleure. J’ai été témoin de moments historiques, ainsi que d’une grande reconnaissance. Les réfugiés ne sont pas si différents
Maja Ahac est directrice d’ADRA Slovénie.
Pour faire un don, consultez le site ADRA.org/refugees
V I D A K O V I C ’,
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S L O V É N I E
SIMONA POTOCˇAR, coordinatrice d’ADRA Slovénie : « Aider, ce n’est pas vraiment une décision, c’est quelque chose qu’on a en soi. À la mi-août, nous avons décidé de rassembler un groupe de personnes animées de ce sentiment et désireuses d’apporter leur aide aux réfugiés sur le point d’arriver. La réponse a été formidable ! Notre groupe se compose actuellement de 60 bénévoles. « Ça fait maintenant deux ans que je suis bénévole. Au cours des neuf dernières années, j’ai été maître-chien de secours et cheffe de l’équipe d’intervention pour les personnes disparues à Posavje, à Dolenjska, et à Bela Krajina. J’ai travaillé dans bien des situations difficiles, mais celle-ci est la plus importante et la plus difficile jusqu’ici. Mon corps est fatigué, mais mon âme chante. »
M I L A N
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SAMI : « Ma famille a quitté la Syrie il y a deux ans en raison de la guerre. Ces deux années n’ont pas été faciles pour nous. Bien que mon père soit un excellent ingénieur civil, il n’est pas arrivé à trouver de travail en Égypte. Nous avons donc décidé de tenter notre chance en Europe. « Nous espérons pouvoir recommencer notre vie en Allemagne. Nous voulons apprendre l’allemand pour pouvoir étudier, travailler, et faire partie de la communauté. » Sami m’a ensuite présenté la jeune femme à côté de lui : « Elle, c’est la femme de ma vie. Ça fait maintenant deux ans que nous nous fréquentons. Lorsque notre famille sera établie quelque part en toute sécurité, nous nous marierons. »
de nous ! Après tout, nous désirons les mêmes choses qu’eux : survivre, vivre en paix, être simplement acceptés en tant qu’êtres humains. Ni plus, ni moins. n
Nous avons un besoin urgent de votre soutien envers les réfugiés. Les dons en argent constituent la meilleure façon de les aider, parce qu’ils permettent aux équipes d’urgence de répondre rapidement à des conditions changeantes.
S L O V É N I E
Nous ne serons jamais plus les mêmes. Par le passé, j’ai voyagé en de nombreux endroits, j’ai été témoin d’une extrême pauvreté. Mais l’inégalité et l’injustice sociale évidente n’ont jamais été aussi intenses que pendant cette crise. Le jour, je travaillais au bureau. En après-midi et en soirée, j’aidais les réfugiés. Le matin, je passais du temps avec mes propres enfants. Et je me suis souvenue qu’alors que ceux-ci ont de merveilleuses perspectives d’avenir, les enfants des réfugiés, eux, ne sont pas autorisés à se déplacer librement. Même les petits enfants sont considérés comme dangereux par certains. Cette expérience m’a transformée. Ai-je été traumatisée ? J’espère que non. Blessée ? Absolument. Je me considère privilégiée d’avoir été jugée digne de servir l’humanité, d’être une porte-parole des sans-voix. S’il m’a été douloureux de voir certains refuser de parler au nom
T É M O I G N A G E
Blia Xiong, tel que raconté à Terri Saelee
J’étais une
RÉFUGIÉE
Le parcours d’une femme vers la liberté
«
C
iel, aide-moi ! » C’est au milieu du fleuve Mékong, entre les rives du Laos et de la Thaïlande, que je pousse ce cri de désespoir, tandis que le courant puissant m’entraîne en aval vers une mort certaine. Je suis habituée à fuir ; c’est tout ce que je connais jusqu’ici. Des troupes militaires ont envahi nos jungles avant ma naissance. Je n’avais que sept mois lorsque mon père âgé et ma « jeune mère » (sa seconde épouse) se sont enfuis. Je suis donc habituée à vivre dans la jungle, où l’on doit s’efforcer de trouver de quoi manger, et cuisiner seulement la nuit pour ne pas être ciblé. Mais me battre contre le courant du Mékong au plus fort de la mousson est au-dessus de mes capacités, et ça, je le sais. Il en est de même pour la famille avec laquelle je suis, et qui m’aide en raison du décès de mes parents. Ils m’ont attachée, moi et trois autres enfants (l’un d’eux âgé de 4 ans) avec une corde à l’un de mes cousins qui est fort bon nageur. Au clair de lune, nous entreprenons la traversée à la nage. Du bambou nous sert de vestes de sauvetage. Nous nageons une bonne partie de la nuit. Puis, nous entendons un coq chanter. Bientôt, il fera jour. « Je vais couper la corde », me dit mon cousin, craignant d’être battu si on découvre qu’il nous a aidés à fuir. Mais comment vais-je faire pour que les enfants traversent le fleuve jusqu’en Thaïlande ? Tandis qu’il coupe la corde, le courant dévie soudain notre trajectoire et nous ramène vers le Laos. Et c’est alors que je crie pour obtenir de l’aide de la plus grande puissance que je connaisse. Les anciens appellent ce dieu « Propriétaire du ciel », ou « Ciel », tout simplement. C’est lui, disent-ils, qui a tout créé et nous a donné la vie. Les Hmongs, mon peuple, sont animistes et adorent les esprits. Cependant, ils crient parfois au Ciel pour obtenir de l’aide. J’ai moi-même fait l’expérience de sa puissance. Quand j’étais petite, Ciel m’a sauvée de la noyade, et plus tard, de l’attaque d’un cobra. Maintenant, alors que je lutte contre le courant puissant pour atteindre la Thaïlande et la sécurité, mon cœur se cramponne désespérément à l’espoir que ce « Propriétaire du ciel » puisse sauver de nouveau ma vie. « Ciel, je t’en supplie, aide-nous ! »
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UN HEUREUX JOUR : Blia Xiong (deuxième à partir de la gauche) pose avec Panyia, sa fille (à gauche) et Shoua, son fils (à côté de Panyia) le jour de leur baptême.
C’est alors que nous réussissons, je ne sais trop comment, à reprendre la direction de la Thaïlande. Grâce à des efforts communs, nous approchons de notre destination. Nous arrivons à saisir des lianes et atteignons la rive. Ciel a de nouveau sauvé ma vie ! La vie de réfugiés Grâce à l’aide qu’on nous apporte, nous atteignons enfin le camp de réfugiés Ban Vinai, lequel abrite 50 000 autres Hmongs réfugiés. Dans ce camp, une famille « m’adopte ». Mais ces genslà ne me traitent pas bien et me forcent à me marier. Mon mari et moi avons trois enfants. Ma santé laisse à désirer à un point tel que je deviens très faible. Finalement, mon mari demande et obtient le divorce. Je crie à Ciel pour qu’il m’aide. Et il entend de nouveau mon cri ! Je reprends graduellement des forces et suis capable de m’occuper de nouveau de mes enfants. Un nouveau commencement Les États-Unis nous font passer une entrevue. Mes enfants et moi sommes acceptés ! Nous nous retrouvons finalement à Madison, au Wisconsin. Je suis toujours en butte à de graves problèmes de santé, mais des gens de l’église adventiste locale m’aident et prient pour moi. Avec le temps, Dieu restaure ma santé, et je commence à étudier la Bible. Je découvre que le « Propriétaire du ciel », lequel a sauvé ma vie avant même que je connaisse son nom, est en réalité le Dieu de la Bible et mon Père céleste. En 2006, mes deux enfants les plus âgés et moi sommes baptisés. Depuis lors, je ne peux m’empêcher de parler de l’amour et de la puissance de guérison de Dieu. Si je suis réfugiée, en revanche, je ne suis plus orpheline. Mon cœur déborde de reconnaissance pour l’amour inébranlable de Dieu. n
Blia Xiong et ses enfants habitent toujours à Madison, au Wisconsin. Terri Saelee est coordinatrice du Ministère adventiste des réfugiés et des immigrants de la Division nord-américaine. P H O T O
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C O U R T O I S I E
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L’A U T E U R
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Ellen G. White
Les difficultés au sein de
L’ÉGLISE
La critique et le découragement ne sont pas des dons spirituels
L
’esprit doit s’élever et s’arrêter sur les scènes éternelles, sur ses trésors, ses gloires, et trouver une satisfaction douce et sainte dans les vérités bibliques. Il doit aimer se nourrir des précieuses promesses de la Parole de Dieu, et tirer d’elles son réconfort. […] Combien, hélas, ont utilisé leur esprit différemment ! Ils ont concentré leur attention sur des vétilles. Les réunions d’église, telles qu’elles se sont déroulées, ont été une véritable malédiction pour beaucoup. […] Des difficultés inventées de toutes pièces ont permis au mal de se répandre en toute liberté. La jalousie a été entretenue. La haine s’est manifestée à leur insu. Une idée fausse s’est infiltrée dans l’esprit de certains, si bien qu’ils ont réprimandé leurs semblables avec dureté, dans l’espoir de les amener à se conformer à leur idée personnelle du bien. Au lieu de les ménager, ils les ont accablés d’un lourd fardeau. On a trop considéré à la légère l’attitude qui consiste à condamner un frère et à le garder sous la condamnation. Il y a eu zèle pour le Seigneur, certes, mais pas selon la connaissance. Si tous mettaient de l’ordre dans leur propre cœur, leur témoignage jaillirait d’une âme sanctifiée lors de nos réunions. Ils toucheraient le cœur de ceux qui ne croient pas à la vérité. Cette manifestation de l’Esprit de Dieu révélerait aux incroyants que nous sommes les enfants de Dieu. Notre amour les uns pour les autres doit être vu de tous les hommes. C’est alors que nous exercerons une influence bénéfique sur les âmes. […]
L’amour doit détrôner l’égoïsme Mettez-vous à l’œuvre individuellement. Ayez du zèle et repentez-vous. Et après avoir redressé tous vos torts connus, croyez que Dieu vous accepte. Ne portez pas le deuil, mais prenez plutôt Dieu au mot. Cherchez-le de tout votre cœur, et croyez qu’il vous reçoit. Une partie de l’œuvre consiste à croire, car celui qui a fait la promesse est fidèle. Gravissez les échelons du salut par la foi ! Les frères […] peuvent s’abreuver au salut de Dieu, agir en toute compréhension et faire eux-mêmes l’expérience du message que le Témoin véritable a adressé aux Laodicéens. Des frères animés de bonnes intentions confessent leurs fautes. Mais au sein de l’Église, d’autres frères considèrent qu’ils sont égarés. J’ai vu qu’au lieu de les soutenir, ils les surveillent avec suspicion, les accusent à la moindre vétille, jusqu’à les priver finalement de la liberté et du salut. Se sentant surveillés, ils n’osent agir selon leur cœur… Dieu désire que ses enfants le craignent et se fassent mutuellement confiance. Avec quelle compassion et quelle miséricorde les frères doivent-ils se traiter les uns les autres ! Ils doivent se montrer respectueux des sentiments de leurs semblables. C’est là l’œuvre la plus belle et la plus importante faite à ce jour pour révéler à nos semblables leurs erreurs. Faisons ainsi avec une humilité profonde, sans oublier nos propres faiblesses, de peur que nous ne soyons aussi tentés.
J’ai vu le grand sacrifice auquel Jésus a consenti pour racheter l’humanité. Il n’a pas considéré sa vie trop précieuse pour la sacrifier. « Aimezvous les uns les autres, comme je vous ai aimés », a dit Jésus. Seriez-vous prêt à donner votre vie pour sauver un frère qui s’égare ? Si oui, alors vous pourrez l’approcher et toucher son cœur. Vous êtes exactement la personne qu’il faut pour parler à ce frère. Hélas, de nombreux croyants professent être frères tout en n’étant nullement désireux de sacrifier leurs opinions ou leurs idées pour sauver un frère… Il n’y a que fort peu d’amour mutuel en raison d’un esprit d’égoïsme. Le découragement s’est abattu sur l’Église. Ceux qui sont animés d’un esprit de critique ont aimé le monde. Ils ont aimé leurs fermes, leurs troupeaux, etc. Aujourd’hui, Jésus les appelle à s’en dégager, à se constituer un trésor dans le ciel, à acheter de l’or, un vêtement blanc, et un collyre. Ce sont-là les précieux trésors qui leur permettront d’entrer dans le royaume de Dieu. n
Le conseil qui précède a été donné à Ulysses, en Pennsylvanie, le 6 juillet 1857, et a paru dans Testimonies for the Church (Pacific Press Pub. Assn., Mountain View, Calif., 1948), vol. 1, p. 164-166. Les adventistes du septième jour croient qu’Ellen G. White (1827-1915) a exercé le don de prophétie biblique pendant plus de 70 ans de ministère public.
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A D V E N T I S T E
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l’échelle mondiale, le nombre de réfugiés représente une tendance sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés1, en 2011, il y avait 10,4 millions de réfugiés dans le monde. En 2015, on en comptait 15,1 millions. Ces chiffres n’incluent pas les individus en quête d’asile, ceux qui sont déplacés à l’intérieur, les apatrides, les relocalisés, les personnes qui sont retournées. On atteint donc, toutes catégories comprises, 60 millions d’individus approximativement. Une grande partie de la hausse récente est imputable aux conflits en Syrie, en Afghanistan, en Somalie, et dans le Soudan du Sud. La plupart des réfugiés aboutissent dans des pays voisins, mais beaucoup d’autres décident d’aller plus loin – d’où le problème mondial actuel. Nombre de nos lecteurs ont pu observer des individus touchés par cette tragédie. Certains auront même l’occasion de se lier d’amitié avec eux et de leur manifester la chaleur humaine dont ils ont tant besoin. Ces victimes sont en butte à des défis monstres. Enfants, ados, adultes, personnes âgées sont forcés de quitter leurs villes et villages en raison de la persécution, des conflits, de la violence, ou des violations des droits de la personne. Au cours de leur fuite, beaucoup deviennent la cible de prédateurs qui, à leur tour, exercent la violence, l’extorsion, le vol, et d’autres formes d’agression. Même une fois arrivés à destination et sous protection légale, les réfugiés peuvent être encore victimes de harcèlement et de discrimination. Les plus vulnérables, ce sont les enfants. Nombre d’entre eux sont témoins de scènes d’horreur ou perdent leurs propres parents, leurs frères et sœurs, leurs amis. Ils se retrouvent alors chez quelque parent lointain ou tentent simplement de survivre par eux-mêmes. Comme on s’en doute, bon nombre de ces enfants risquent de nouveau d’être maltraités physiquement et émotionnellement, de subir des abus sexuels, d’être exploités ou contraints de commettre des actes de violences (les enfants soldats, par exemple). Les conséquences du traumatisme Les effets du traumatisme peuvent se ressentir pendant de nombreuses années – même après que la menace ait disparu depuis longtemps. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), une pathologie psychiatrique grave, peut se développer en fonction de la personne et des circonstances. Selon le DSM-52, des individus souffrant du TSPT ont subi un événement traumatique d’au moins l’une des façons suivantes : Ils ont été victimes d’une attaque ou d’une agression. Ils ont été les témoins directs d’une telle attaque ou agression envers quelqu’un d’autre. Ils ont appris qu’un membre de la famille ou un ami proche a subi un traumatisme ou une mort violente. Ils ont été exposés à des expériences traumatisantes répétées envers d’autres personnes (ceci s’applique aux premiers répondants : policiers, pompiers, etc., lesquels font très souvent les frais du traumatisme et peuvent, eux aussi, développer un TSPT). Une fois que des individus ont été « traumatisés » par un ou des événements, ils éprouvent des « symptômes d’intrusion » : souvenirs pénibles répétitifs, cauchemars, flashs-back, détresse
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Julian Melgosa
Traumatisme
et perte Des réalités quotidiennes pour les réfugiés
psychologique prolongée, réactions physiologiques. En outre, ils évitent à tout prix les pensées, souvenirs, objets, individus et circonstances liés à l’événement. Ils subissent également une altération des fonctions cognitives (par exemple, oubli de parties importantes de l’événement, conviction que tout le monde est contre eux, incapacité de se concentrer). Leur humeur peut aussi être affectée (fatigue, sentiment d’inutilité, tristesse), et ils peuvent avoir des accès de colère ou de violence envers eux-mêmes et les autres. Quel type de soutien faut-il offrir ? Lorsque les symptômes susmentionnés sont omniprésents pendant plus d’un mois, on peut diagnostiquer un TSPT. Ceux qui en souffrent ont besoin d’aide professionnelle. Cela dit, même ceux dont les symptômes n’atteignent pas des proportions cliniques souffrent beaucoup. Ils ont besoin d’être aimés et entourés. De façon pratique, comment venir en aide aux réfugiés ou aux personnes déplacées ? ■■ Informez-les des signes et des symptômes du trouble de stress post-traumatique, et montrez-leur qu’il y a une lumière au bout du tunnel. Ils sauront ainsi que la maladie dont ils souffrent est connue, que d’autres l’ont eue, et qu’on peut s’en sortir. ■■ Travaillez avec des petits groupes, surtout quand il s’agit d’enfants. Réunissez cinq ou six enfants et encouragez-les à P H O T O
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B A U D O U I N
N A C H
partager leur expérience. Ensuite, enseignez-leur que des pensées et des comportements sains ont fonctionné à maintes reprises dans le cadre scolaire et communautaire. ■■ Aidez-les à développer une confiance de base. Après leurs terribles expériences, la plupart d’entre eux ne feront plus confiance à personne. Un chrétien rempli de sollicitude peut favoriser le développement de la confiance en leur manifestant graduellement de la compassion et en leur offrant de l’aide pratique. ■■ Fournissez-leur autant que possible l’accès à l’éducation, la La prière fervente ainsi que la répétition de versets présence de membres de la famille, un emploi, une identité culturelle bibliques rassurants constituent d’excellents outils pour et des traditions de leurs régions, des sports et d’autres activités atténuer la souffrance de la perte de leurs racines. En physiques, ainsi que l’accès à des soins médicaux et mentaux. Selon voici quelques exemples : des données, toutes ces choses contribuent à la guérison. 3 ■■ Encouragez les expériences religieuses. L’Étude Mollica « Dans leur détresse, ils crièrent à l’Éternel, et il les portant sur les réfugiés a révélé que ceux qui s’impliquent dans sauva de leurs angoisses. Il les fit sortir des ténèbres et des activités religieuses sont 33 pour cent moins susceptibles de l’ombre de la mort, et il rompit leurs liens. » de développer un TSPT que leurs homologues non religieux. Psaumes 107.13, 14 C’est là pour les membres d’église actifs une occasion de se lier d’amitié avec eux, de prier pour eux, et de partager avec eux les promesses divines (voir l’encadré). « Celui qui habite sous l’abri du Très-Haut repose à ■■ L’inhibition ainsi que les barrières linguistiques et l’ombre du Tout-puissant. Je dis à l’Éternel : Mon refuge culturelles empêchent les réfugiés de verbaliser leurs et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie ! » expériences traumatisantes (la verbalisation est une avenue Psaumes 91.1, 2 primaire pour la guérison émotionnelle). Les arts créatifs (musique, peinture, modelage de l’argile) – une autre forme « Il te couvrira de ses plumes, et tu trouveras un refuge de thérapie – peuvent les aider à s’ouvrir et à gérer leurs sous ses ailes ; sa fidélité est un bouclier et une cuirasse. Tu expériences traumatisantes. ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole Dotez-les de stratégies d’auto assistance grâce à de jour, ni la peste qui marche dans les ténèbres, ni la contal’intervention compétente de professionnels de la santé gion qui frappe en plein midi. » mentale (psychologues, conseillers, travailleurs sociaux). Psaumes 91.4-6 (LSG) Si de tels professionnels ne sont pas disponibles, des personnes perspicaces et au bon cœur peuvent trans« Sois sans crainte, car je suis avec toi ; n’ouvre pas des yeux mettent aux réfugiés des aptitudes pratiques, voire un inquiets, car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens à ton comportement adaptif et des styles mentaux qui les secours, je te soutiens de ma droite victorieuse. » aideront à relever leurs défis. Le simple fait d’aimer un Ésaïe 41.10 individu dans ces circonstances peut devenir la thérapie la plus efficace. « J’ai cherché l’Éternel, et il m’a répondu ; il m’arrache à Dieu s’attend à ce que nous prenions soin des toutes mes frayeurs. » réfugiés et puisions à même nos ressources pour les Psaumes 34.5 aider (Lv 19.34 ; Es 58.6-11). Par conséquent, manifestons-leur une compassion à la mesure de celle que « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a nous souhaitons recevoir du Seigneur. n donné l’onction. Il m’a envoyé pour porter de bonnes nou1 United Nations High Commissioner for Refugees, Mid-Year Trends 2015 (Genève, Suisse). 2 American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, velles à ceux qui sont humiliés ; pour panser ceux qui ont le Fifth Edition (DSM-5), Washington, D.C., 2013. cœur brisé, pour proclamer aux captifs leur libération et aux 3 R. F. Mollica, X. Cui, K. McInnes, et M. P. Massagli, « Science-based Policy for Psychosocial Interventions in Refugee Camps: A Cambodian Example », Journal of prisonniers leur élargissement ; pour proclamer une année Nervous and Mental Disease 190, n° 3, 2002, 158-166. favorable de la part de l’Éternel et un jour de vengeance de notre Dieu ; pour consoler tous ceux qui sont dans le deuil ; pour accorder à ceux de Sion qui sont dans le deuil, pour leur donner de la splendeur au lieu de cendre, une huile de joie au lieu du deuil, un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu, afin qu’on les appelle térébinthes de la justice, plantaJulian Melgosa, titulaire d’un doctorat, tion de l’Éternel, pour servir à sa splendeur. » est originaire d’Espagne. Il est directeur Ésaïe 61.1-3 adjoint du Département de l’éducation de la Conférence générale, et rédacteur adjoint du Journal de l’éducation adventiste (éditions internationales).
Textes bibliques
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AU PREMIER PLAN
J
e suis en visite depuis trois semaines au MoyenOrient. Lors de ma dernière soirée à Istanbul, alors que je rentre à pied à mon hôtel, j’aperçois soudain une petite silhouette dans les ténèbres, celle d’un enfant assis sur le trottoir, adossé à un mur, les jambes repliées sur la poitrine. Bien qu’il soit dans l’ombre, les
LES
ENFANTS
Les victimes les plus vulnérables des traum
deux petits paquets de mouchoirs jetables qu’il vend sont visibles à la lumière des lampadaires. À Istanbul, les enfants réfugiés vendent souvent des mouchoirs jetables aux passants. Je ne sais pourquoi, mais ce petit garçon de 7 ou 8 ans retient mon attention. Je m’arrête et, tandis que je m’agenouille à côté de lui, je vois des larmes dans ses yeux. Comme il a l’air triste ! Tandis que je regarde son petit visage innocent sillonné de larmes, je désire ardemment le réconforter. Je ne parle pas arabe, et je sais qu’il ne parle pas anglais, mais qu’importe ! Je ne veux qu’une chose : lui faire sentir que je m’intéresse à lui. S’il ne peut comprendre mes mots, peut-être comprendra-t-il mon geste ! Je sors 20 lires, les lui donne, et prends l’un des paquets de mouchoirs jetables. Puisque que le prix courant est d’une lire le paquet, j’espère que mon don le fera sourire. Mais non. Sa souffrance est trop profonde pour que quelques lires suffisent à l’atténuer. Avec sa petite main, il tape plusieurs fois sur son cœur. L’ami qui m’accompagne m’explique : « Ça veut dire merci, merci beaucoup. » Mais son visage ne s’éclaire toujours pas d’un sourire. Je n’ai aucun autre moyen de réconforter ce petit garçon. Je mets ma main sur son genou et prie pour lui. Seigneur, guéris son cœur. Je t’en prie, pourvois à ses besoins et à ceux de sa famille – s’il en a une. D’énormes besoins Les enfants réfugiés ont d’énormes besoins. Forcés de quitter leurs foyers, ils ont, pour la plupart, été victimes et témoins d’événements traumatisants et violents. La littérature psychologique nous donne la définition suivante de traumatisme : « Événement stressant qui va au-delà de l’expérience humaine habituelle ». Le traumatisme est chose courante parmi les réfugiés. Selon Judith Herman, expert en traumatologie de
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L. Ann Hamel
la faculté de médecine Harvard, un événement est considéré comme traumatisant non parce qu’il se produit rarement, mais parce qu’il dépasse notre capacité normale d’y faire face. Un événement traumatisant peut être tout ce qui représente une menace pour notre survie. Dave Ziegler – un psychologue traitant les familles et les enfants traumatisés – dit que tout ce qui interfère avec le développement optimal d’un enfant constitue un type de traumatisme. Selon lui, la négligence constitue la forme de traumatisme la plus généralisée et la plus tenace, et a l’impact le plus prolongé sur le développement d’un enfant. Les enfants réfugiés manquent typiquement des ressources émotionnelles et physiques nécessaires pour un développement sain, et les effets négatifs perdurent souvent jusque dans leur vie adulte. Donald Meichenbaum, l’un des fondateurs de la thérapie cognitivo-comportementale, et auteur de l’ouvrage intitulé A Practitioner’s Guidebook: Treating Adults With Post-traumatic Stress Disorder, souligne que 50 pour cent de la population psychiatrique générale a une histoire de victimisation, et que jusqu’à 85 pour cent de ceux qui souffrent d’une grave pathologie telle que la schizophrénie ou le trouble bipolaire ont des antécédents de maltraitance ou de traumatisme. Des recherches récentes ont révélé que le stress intense et chronique peut entraîner des réactions inflammatoires évoluant vers la maladie. Selon l’Étude sur les expériences négatives vécues pendant l’enfance (Adverse Childhood Experiences Study – ACE), laquelle constitue, à ce jour, la P H O T O
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plus grande recherche en santé publique sur l’impact d’un traumatisme de l’enfance sur le développement de maladies chroniques, l’expérience d’un traumatisme au cours de l’enfance augmente considérablement le risque de développer des problèmes de santé émotionnelle et physique à l’âge adulte. Des recherches sur l’impact d’un traumatisme ont révélé qu’un
RÉFUGIÉS
matismes et des pertes stress toxique peut endommager la structure même du cerveau en développement. Les enfants dont le cerveau est surchargé d’hormones du stress éprouvent de la difficulté en classe et ont du mal à développer des relations empreintes de confiance avec des adultes et des pairs. Les enfants sont vulnérables En septembre dernier, la vulnérabilité des enfants réfugiés a attiré l’attention des médias. Un bambin de 3 ans s’est noyé tandis que sa famille tentait de traverser la Méditerranée depuis la Turquie, en direction de l’Occident via la Grèce. Nous avons tous été bouleversés par l’image de ce petit bonhomme portant un T-shirt rouge, des shorts bleus, et des espadrilles à Velcro, gisant face contre sable. Quelques semaines seulement après que son corps se soit échoué sur le rivage, je me trouvais à Bodrum, en Turquie. J’ai vu des enfants jouer dans le sable pendant les vacances familiales. J’ai vu aussi les boutiques où l’on vendait des gilets de sauvetage aux réfugiés qui, en quête d’une vie meilleure et plus sécurisante, prenaient des précautions supplémentaires en prévision de la traversée périlleuse de la Méditerranée. Nous sera-t-il jamais possible d’oublier l’image de ce bambin de 3 ans échoué sur la plage ? D’oublier que son frère âgé de 5 ans s’est aussi noyé en cette même nuit fatidique ? Des besoins à satisfaire Ce dont les enfants réfugiés ont besoin d’abord et avant tout, c’est d’un sentiment de sécurité. La famille dont les enfants sont morts au large de Bodrum fuyait un pays où l’on ne voulait pas d’eux et où leur vie était en danger. Comme leurs options étaient très limitées, ils ont choisi d’entrer dans un autre pays qui ne voulait pas d’eux non plus, un pays qui ne leur procurerait qu’un asile temporaire. Cet espoir d’un asile
temporaire a suffi pour qu’ils prennent le risque énorme de traverser la mer sous le couvert de la nuit, dans un bateau trop petit pour y être en sécurité. La sécurité est donc ce qu’il faut considérer d’abord et avant tout pour satisfaire les besoins des enfants réfugiés et de leurs familles. En outre, les réfugiés luttent pour satisfaire leurs besoins de base en nourriture et en abri. Sans l’aide d’autrui, ces familles ne pourront pas, pour la plupart, se procurer les produits de première nécessité. Les traumatologues reconnaissent que les enfants qui manquent des ressources physiques et émotionnelles nécessaires pour un développement sain risquent de développer des problèmes de santé physique et émotionnelle chroniques. Les enfants réfugiés ont aussi besoin de se lier à des gens qui les aiment, prennent soin d’eux et comprennent ce qu’ils vivent. Tout comme les traumatologues ont découvert qu’un traumatisme modifie réellement le cerveau, ils se sont également aperçus qu’un attachement sécure a un impact sur la structure physique du cerveau, soit sur les circuits cérébraux constituant le fondement du développement et de la résilience émotionnelle ultérieurs. L’attachement à un aidant protège contre les conséquences d’un traumatisme et en diminue l’impact1. Par conséquent, il faut se focaliser sur le soutien envers les familles et les collectivités réfugiées. Elles ont besoin de ressentir qu’elles font partie d’une collectivité plus vaste. Le soutien social constitue le facteur le plus prédictif d’une résilience post-traumatique et aux catastrophes2. Les enfants réfugiés ont aussi besoin d’un sentiment de stabilité dans leur vie. Il leur faut, autant que possible, retrouver une routine prévisible. L’école procure un sentiment de sécurité aux enfants réfugiés qui ont la chance de pouvoir y aller. La plupart d’entre nous n’avons pas l’occasion de travailler avec les réfugiés, mais nous pouvons tous pourvoir à leurs besoins de base au moyen de nos dons. Par notre attitude et nos prières, nous pouvons aussi fournir un environnement empreint de sécurité et d’acceptation au sein de notre culture. Jésus a dit : « En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25.40) n 1 2
Centre du développement de l’enfant, Université Harvard. George Everly, École de santé publique Johns Hopkins.
L. Ann Hamel, psychologue, habite à Berrien Springs, au Michigan (États-Unis). Elle est expert agréé en stress post-traumatique, et membre de l’Académie américaine des experts en stress traumatique. Travaillant au sein de la Conférence générale en intervention de crise, elle assure la prise en charge et le soutien des missionnaires. Juin 2016 | Adventist World
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L A
B I B L E
R É P O N D
Un
Quel était l’objectif des villes de refuge de l’Ancien Testament ?
sûr refuge
Sélectionnées parmi les villes des Lévites, les villes de refuge servaient d’asile aux individus ayant tué accidentellement ou involontairement quelqu’un. Ceux-ci se retrouvaient sous la protection du Seigneur par le biais du système sacerdotal. Ces villes, au nombre de six, étaient situées à des endroits centraux dans tout le pays d’Israël pour que ces meurtriers présumés s’y réfugient jusqu’à la tenue d’une enquête et l’annonce du verdict (Dt 19.2-4 ; Nb 35.23,24)*. Après avoir examiné cette loi de plus près, j’en commenterai les valeurs et les principes fondamentaux. 1. Limitation du rôle du vengeur du sang (Go’el). Un proche parent d’une personne assassinée (en hébreu, go’el, « rédempteur ») avait, entre autres rôles, celui de rétablir l’ordre dans la société en exécutant le meurtrier. C’était là une pratique courante dans l’ancien Proche-Orient. Souvent, le vengeur du sang tuait sans distinction plusieurs membres de l’autre tribu par pur motif de vengeance. Or, les villes de refuge servaient à contrôler cette soif de vengeance. Le meurtrier était jugé devant un tribunal, lequel examinait les preuves et rendait ensuite son verdict. Si l’individu était reconnu coupable des charges retenues contre lui, le rédempteur/vengeur du sang exécutait lui-même la peine capitale. En d’autres termes, le rôle du rédempteur du sang était soumis à la juridiction du droit civil (Nb 35.12). 2. Établissement d’une distinction juridique. Une importante distinction juridique entre le meurtre prémédité et le meurtre accidentel fut établie à travers l’institution des villes de refuge. La cour était obligée d’examiner les preuves, l’arme du crime, l’état mental du meurtrier lors du présumé homicide, la relation antérieure entre la victime et le meurtrier, et les circonstances aboutissant au meurtre (c’est-à-dire si la personne avait été poussée depuis un lieu élevé, ou avait été frappée à la tête par le fer qui s’était détaché d’une hache, etc. ; voir Nb 35.16-23 ; Dt 19.4,5). L’« assemblée » avait la responsabilité de juger « entre celui [le meurtrier présumé] qui [avait] frappé et le vengeur du sang » (Nb 35.24). Si l’assemblée déterminait que le meurtre n’était pas intentionnel, elle avait la responsabilité de délivrer « le meurtrier de la main
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du vengeur du sang, et le [faisait] retourner dans la ville de refuge où il s’était enfui » (v. 25). Ceci implique qu’on fournissait une escorte à l’individu disculpé pour le protéger tandis qu’il se rendait à la ville de refuge. 3. L’effusion de sang innocent. L’effusion de sang innocent non seulement nuit à la vie sociale et spirituelle des gens, mais pollue aussi le pays où ce sang a été répandu. Par conséquent, Dieu, le propriétaire du pays, l’abandonnerait si personne ne réglait la situation. La vie était trop précieuse, et il n’y avait qu’un seul moyen de purifier le pays : l’exécution du meurtrier (Nb 35.33,34). La peine capitale confirmait la valeur de la vie en exigeant la vie du meurtrier. Par conséquent, le rôle du vengeur du sang avait sa place dans la société. Mais les villes de refuge limitaient son rôle en l’empêchant de tuer un meurtrier accidentel, et ainsi, de répandre le sang innocent (Dt 19.10). De tels meurtriers trouvaient refuge dans le Seigneur et étaient intouchables tant et aussi longtemps qu’ils restaient dans la ville de refuge. Dans le cas contraire, le vengeur du sang pouvait les tuer (Nb 35.26,27). 4. Signification de la loi. Le détail sans doute le plus important de cette loi est que la personne devait rester dans la ville jusqu’à la mort du souverain sacrificateur (v. 25,28). Ceci signifie que faucher une vie est toujours une affaire grave, et que bien que dans les cas de meurtre involontaire la peine capitale ne soit pas exigée, le crime doit être puni. La mort du souverain sacrificateur était un substitut de celle des meurtriers accidentels, ce qui leur permettait de rentrer chez eux. La signification chrétienne est tout à fait claire : bien que nous soyons déclarés coupables, nous trouvons dans le Seigneur notre « ville de refuge » ; le Rédempteur du sang est devenu notre rédempteur. Au lieu de nous punir, il nous offre sa mort substitutive. Grâce à elle, il nous est possible de rentrer à la maison. n * Sauf mention contraire, tous les textes bibliques sont tirés de la Bible Louis Segond 1910.
Ángel Manuel Rodríguez a pris sa retraite après une carrière en tant que pasteur, professeur, et théologien.
É T U D E
B I B L I Q U E
Mark A. Finley
N’abandonnez
jamais !
A
vez-vous déjà eu envie de tout lâcher ? Vous êtes-vous déjà senti accablé par les défis qui se dressent devant vous ? Avez-vous déjà eu l’impression que certains problèmes sont ingérables en raison de leur ampleur ? S’il vous est déjà arrivé d’éprouver l’un ou l’autre de ces sentiments, alors vous êtes capable de vous identifier à la pauvre veuve de notre étude biblique de ce mois-ci. Du sein de son angoisse, cette femme anonyme saisit un rayon d’espérance, et Dieu accomplit un miracle extraordinaire dans sa vie. Le défi auquel elle faisait face devint l’occasion pour lui d’agir puissamment en sa faveur. Sa montagne de difficultés n’était pas ingérable pour Dieu, car avec lui, « tout est possible » (Mt 19.26).
1
Quels étaient les trois défis auxquels cette pauvre veuve était en butte ? Lisez 2 R 4.1. Quels défis de taille pour cette pauvre veuve ! Son mari était mort, elle était criblée de dettes, et ses deux fils étaient sur le point de devenir les esclaves de ses créanciers pour payer ses dettes. Son angoisse devait être presque insupportable. Mais voici la bonne nouvelle : Dieu voit notre angoisse. Il ne nous laisse pas seuls dans nos difficultés (voir Es 63.9 ; Mt 11.28-30 ; He 7.25).
2
Qu’éprouveriez-vous si vous étiez à la place de cette femme ? Essayez de l’imaginer. Faites une liste des émotions qu’elle dut éprouver.
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Quelle question le prophète Élisée lui posa-t-il ? Pourquoi est-elle significative ? Lisez 2 R 4.2. Un principe éternel se dégage ici : Dieu commence toujours avec ce que nous avons, et non avec ce que nous n’avons pas. La question d’Élisée visait à aider cette femme à voir que le peu qu’elle avait et sa foi constituaient les ingrédients permettant à Dieu de manifester sa puissance. Lorsque Moïse se sentit non qualifié pour délivrer Israël de l’esclavage égyptien, Dieu lui dit : « Qu’y a-t-il dans ta main ? » (Ex 4.2). En d’autres termes, de quoi disposez-vous ? Dans le cas de Moïse, c’était un simple bâton. Sur la colline en Galilée, Jésus nourrit miraculeusement les 5 000 avec le repas d’un petit garçon. Avec Jésus, un peu, c’est beaucoup. Commencez donc avec ce que vous avez. Faites confiance à Dieu et regardez-le opérer des miracles dans votre vie ! P H O T O
:
E R E T Z
I S R A E L
M U S E U M
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Lisez 2 R 4.3. Selon vous, pourquoi Élisée dit-il à la veuve : « Va demander au dehors des récipients » ? Dieu nous invite souvent à prendre certaines mesures en tant qu’expression de notre foi. Lorsque nous agissons par la foi, nous lui permettons d’œuvrer puissamment dans notre vie.
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Lisez 2 R 4.4. À votre avis, pourquoi le prophète dit-il à la veuve et à ses fils de fermer la porte de la maison avant de verser l’huile dans les récipients ? Ceci indique sans doute l’attention que Dieu porte aux détails. Peut-être voulait-il protéger la veuve et ses deux fils des voleurs. Peut-être désirait-il que la famille éplorée se réjouisse des bénédictions divines et loue Dieu sans être interrompue par les voisins.
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Que nous révèle cette histoire sur la bonté et la grandeur de Dieu ? Que nous dit-elle sur la sollicitude de Dieu envers ceux qui sont en butte aux plus grands défis ? Comparez 2 Rois 4.6, 7 avec l’invitation de Jésus dans Matthieu 11.28-30 et Hébreux 4.14-16.
7 Que signifient cette histoire et d’autres histoires semblables pour le peuple du temps de la fin attendant le retour de Jésus ? Lisez Matthieu 25.31-40 ; Michée 7.8 ; et Jacques 1.6, 7. Notre leçon révèle trois vérités éternelles transformatrices. Premièrement, les plus grands défis de la vie sont des occasions pour Dieu d’accomplir des miracles extraordinaires. Deuxièmement, Dieu ne nous oublie pas à l’heure de nos plus grands besoins. Au cœur de nos épreuves, il est à nos côtés pour nous encourager, nous soutenir, et nous fortifier. Troisièmement, le peuple du temps de la fin est appelé, à l’instar d’Élisée, à servir les pauvres, les parias et les marginalisés de la société. Notre religion n’a que peu de valeur si elle ne nous transforme pas et ne nous rend pas plus compatissants, compréhensifs, aimables, et désireux d’aider les nécessiteux. Puisse-t-elle transformer notre cœur ! n
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DES IDÉES À PARTAGER
Un danger à fuir, La crise actuelle des réfugiés est la pire depuis le génocide rwandais il y a plus de 20 ans. Des millions de gens sont affectés dans des dizaines de pays du Moyen-Orient et de l’Europe. Le crime et la violence constituent des problèmes majeurs en Amérique latine, de même qu’au MoyenOrient. Le crime organisé, les drogues illicites, les autorités policières corrompues affectent la vie de millions de personnes. Des activités aussi banales qu’aller à l’école, faire les courses, ou se rendre au travail entraînent un risque de kidnappage, de traite humaine, ou de meurtre. Rien d’étonnant à ce que les gens tentent désespérément d’immigrer en des pays tels que le Canada et les États-Unis, où la menace de violence est beaucoup moins élevée, et où ils peuvent élever leurs enfants en toute sécurité.
UNE LIBERTÉ À
Pays où les demandeurs d’asile espèrent s’établir : Pays comptant le plus grand nombre de réfugiés fuyant en Amérique du Nord : BRÉSIL
Pays ayant actuellement le plus grand nombre de demandeurs d’asile :
AUTRICHE DANEMARK FRANCE
HONGRIE
ALLEMAGNE
SALVADOR
JORDANIE
GRÈCE
HONDURAS
LIBAN
ITALIE
MEXIQUE
LIBYE
SUÈDE
VENEZUELA
TURQUIE
ROYAUME-UNI
COLOMBIE
Source: CNN
Quelques
DÉFINITIONS Différents termes signifient différentes choses. Quand on traite d’un sujet aussi compliqué que l’immigration, surtout dans notre culture moderne hautement politisée, il est important d’utiliser des termes justes pour décrire les gens et leur statut.
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Demandeurs d’asile. Ce sont ceux qui se disent réfugiés mais dont la demande de statut de réfugié n’a pas encore été définitivement évaluée. En moyenne, environ un million de personnes sont des demandeurs d’asile en tant qu’individus chaque année. À la moitié de 2014, on comptait plus de 1,2 million de demandeurs d’asile. Déplacés internes. Les déplacés internes (DI) comptent parmi les personnes les plus vulnérables au monde. Contrairement aux réfugiés, les déplacés internes n’ont pas traversé de frontière internationale pour chercher asile dans un autre pays. Ils sont restés
dans leur pays. Même s’ils ont fui pour des raisons similaires à celles des réfugiés (conflit armé, violence généralisée, violations des droits humains), les déplacés internes demeurent légalement sous la protection de leur propre gouvernement, même si ce gouvernement constitue parfois lui-même la cause de leur fuite. Réfugiés. Les réfugiés sont dans l’obligation de se déplacer s’ils veulent sauver leur vie ou préserver leur liberté. Ils n’ont aucune protection de la part de leur propre État – c’est même souvent leur propre gouvernement qui les menace de persécution. Si d’autres pays ne les laissent pas entrer ou ne les aident pas une fois qu’ils
ESPÉRER
CHANGEZ les choses AU SEIN DE VOTRE COLLECTIVITÉ Le monde est un village ! Par conséquent, nul besoin d’aller loin pour rencontrer des gens qui tentent de s’établir dans des collectivités où ils ne connaissent peut-être ni la langue, ni la culture, ni les possibilités d’avenir. Voici quelques suggestions pour trouver des moyens d’interagir avec eux et leur apporter des solutions. Impliquez-vous dans une école de langues. S’il n’en existe pas déjà une dans votre collectivité, vous pouvez en démarrer une. Si une autre organisation en dirige déjà une, inscrivez-vous en tant que bénévole. Souvenez-vous : ces écoles ne sont pas que pour les enfants. Les adultes ont souvent besoin d’aide pour apprendre la langue. ettez sur pied une banque alimentaire. Distribuez des brochures dans la langue M des populations que vous désirez atteindre. Fournissez-leur des aliments auxquels ils sont habitués. De nouveau, si une banque existe déjà, offrez vos services en tant que bénévole ou soutenez-la de vos contributions. Fournissez des meubles usagés de qualité. Souvent, les réfugiés arrivant dans de nouvelles collectivités n’ont pour biens que les vêtements qu’ils portent. Ils n’ont pas beaucoup d’argent pour meubler une maison ou un appartement. Des tables, des chaises, des matelas, et des sommiers en bonne condition sont essentiels pour ces nouveaux habitants. Assurez-vous que le centre de services à la communauté de votre église ait de nombreuses ressources disponibles ; dans le cas contraire, qu’il dirige les réfugiés vers des organismes communautaires où de bons meubles usagés sont disponibles.
Procurez-vous des imprimés religieux. Les gens qui ont été déracinés sont sou vent ouverts au soutien spirituel. Des brochures attrayantes dans leur langue, décrivant votre église et ses services, de même que des horaires et des coordonnées peuvent être très utiles.
Pays avec le plus grand nombre de personnes fuyant la violence et l’oppression : AFGHANISTAN ÉRYTHRÉE IRAK SYRIE
sont entrés, ils peuvent les condamner à mourir ou à vivre dans des conditions intolérables, en cachette, sans moyen de subsistance ni droits. Apatrides. On entend par apatride une personne qu’aucun État ne considère comme son ressortissant par application de sa législation. Au moins 10 millions d’apatrides habitent dans des dizaines de pays du monde entier. L’apatridie – être dépourvu de nationalité légale – se produit en raison de la discrimination à l’égard de certains groupes ; d’une nouvelle délimitation des frontières ; et de lacunes dans les lois sur la nationalité. Source : Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
À VOTRE ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE Si vous avez une école (primaire, secondaire, supérieure), vous avez des occasions d’atteindre des immigrants et de faire en sorte qu’ils se sentent chez eux. Choisissez une activité adaptée, dont voici quelques exemples. J ournée de mise en forme. Disposez de stands vous permettant de peser les réfugiés, de prendre leur pression artérielle, de mesurer leur souplesse, etc. Organisez des courses et des relais amusants. Servez des casse-croûte santé. Si vous avez accès à un gymnase, organisez des soirées de volleyball, de basketball, ou de badminton. Faites en sorte qu’une équipe ne soit pas composée que d’adventistes, etc. rganisez un festival des arts et des métiers. Distribuez des brochures multilinO gues dans tout le quartier, et offrez des prix dans différentes catégories : poterie, aquarelle, peinture, couture, etc. Sponsorisez une soirée des talents. Demandez aux marchands locaux d’offrir des prix en échange de publicité lors de l’événement. Assurez-vous que le programme soit bien organisé et multiethnique.
Organisez un tournoi de foot (d’une journée). Servez des rafraîchissements.
Toutes ces idées, et bien d’autres, se basent sur le concept de l’action communautaire. Constituez une base de données des participants, ce qui vous permettra de leur communiquer les événements futurs. Une fois que votre école deviendra connue en tant que lieu amical pour les immigrants et les réfugiés, vous acquerrez de la crédibilité. Votre succès dépend d’une bonne publicité. Faites des expériences, amusez-vous, et reflétez les valeurs du royaume de Dieu dans tout ce que vous faites.
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DES IDÉES À PARTAGER
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SOMMET ! La situation actuelle des immigrants et des réfugiés est compliquée du fait que nombre de ceux qui fuient la violence dans certaines parties du monde n’étant pas chrétiens, beaucoup les considèrent comme ayant des liens avec le terrorisme. Cette perception est fausse et doit être rejetée. En fait, la plupart des réfugiés ont risqué leur vie pour aller habiter dans des pays où ils peuvent élever leur famille en paix. Les adventistes devraient participer
RÉPONSE : En République démocratique du Congo, des réfugiés fuient leurs villages après une fusillade entre le gouvernement et les forces rebelles.
au dialogue sur la nécessité de fournir
Les réfugiés ne sont pas des terroristes, ils sont les premières victimes de la terreur. – A ntónio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (2005-2015)
des lieux sûrs aux gens appartenant à des religions, des races et des philosophies différentes. Communiquez avec les responsables de votre gouvernement national et local. Impliquez-vous pour que des individus et des familles puissent enfin repartir à zéro. Par exemple, une congrégation locale peut contacter les autorités locales
Nous avons un urgent besoin de votre soutien envers les réfugiés. Les dons en argent sont le meilleur moyen de nous aider, parce qu’ils permettent aux équipes d’urgence de répondre rapidement à des conditions changeantes.
Pour donner, allez sur le site ADRA.org/refugees
concernant le parrainage d’une, deux ou trois familles s’établissant dans sa collectivité. L’heure est venue pour les chrétiens de se lever et d’être véritablement chrétiens.
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Il y a
« Oui, je viens bientôt... »
5 ans
Nous avons pour mission d’exalter Jésus-Christ et d’unir dans leurs croyances, leur mission, leur vie et leur espérance les adventistes du septième jour de toute la planète.
En mars 2011, dans le contexte des manifestations du printemps arabe aux quatre coins du Moyen-Orient, l’agitation politique en Syrie a provoqué une vague de répression et entraîné la guerre civile syrienne. En décembre de cette même année, un rapport des Nations Unies a décrit le conflit comme étant « de nature ouvertement sectaire ». Selon ce rapport, une grande partie de la violence semble se manifester entre différentes sectes musulmanes – ce que nient le gouvernement et les forces d’opposition. L’effondrement des infrastructures domestiques (eau, électricité, système sanitaire, etc.) a abouti à une forte augmentation de maladies telles que la rougeole, la typhoïde, l’hépatite, la dysenterie, la tuberculose, la diphtérie, pour ne mentionner que celles-là. L’Organisation mondiale de la santé a rapporté que 35 pour cent des hôpitaux du pays sont fermés, et que 70 pour cent des professionnels de la santé ont quitté le pays. Le Centre syrien de recherche politique estime que 470 000 personnes sont mortes en raison de la violence et de la maladie, et que les blessés atteignent 1,9 million (11,5 pour cent de la population). En mars 2015, presque la moitié de la population a été déplacée, et 3,8 millions de Syriens sont devenus réfugiés. Les violences en Syrie ont débordé ici et là en Irak, au Liban, en Libye, et en Turquie.
Des enfants syriens faisant le plein d’eau au camp Al-Zaatari.
Éditeur Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur. Éditeur exécutif et rédacteur en chef Bill Knott Directeur adjoint du Ministère de Adventist Review Rédacteur en chef/directeur du Ministère de Adventist Review Chun, Pyung Duk Comité de publication Ted N. C. Wilson, président ; Guillermo Biaggi, viceprésident ; Bill Knott, secrétaire ; Lisa Beardsley-Hardy ; Daniel R. Jackson ; Peter Landless, Robert Lemon ; Geoffrey Mbwana ; G. T. Ng ; Daisy Orion ; Juan Prestol ; Ella Simmons, Artur Stele, Ray Wahlen, Karnik Doukmetzian, conseiller juridique Comité de coordination de Adventist World Jairyong Lee, chair; Yutaka Inada, German Lust, Chun, Pyung Duk; Han, Suk Hee; Sung, Gui Mo Rédacteurs basés à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) André Brink, Lael Caesar, Gerald A. Klingbeil (rédacteurs en chef adjoints), Sandra Blackmer, Stephen Chavez, Wilona Karimabadi, Andrew McChesney Rédacteurs basés à Séoul, Corée Chun, Pyung Duk; Park, Jae Man; Kim, Hyo-Jun Gestionnaire des opérations Merle Poirier Rédacteurs extraordinaires Mark A. Finley, John M. Fowler Conseiller principal E. Edward Zinke Directrice des finances Kimberly Brown Assistante d’édition Marvene Thorpe-Baptiste Conseil de gestion Jairyong Lee, president ; Bill Knott, secrétaire ; Chun, Pyung Duk ; Karnik Doukmetzian ; Han, Suk Hee; Yutaka Inada ; German Lust ; Ray Wahlen ; D’office : Juan Prestol-Puesán ; G. T. Ng ; Ted N. C. Wilson Direction artistique et graphisme Jeff Dever, Brett Meliti Consultants Ted N. C. Wilson, Juan Prestol-Puesán, G. T. Ng, Leonardo R. Asoy, Guillermo E. Biaggi, Mario Brito, Abner De Los Santos, Dan Jackson, Raafat A. Kamal, Michael F. Kaminskiy, Erton C. Köhler, Ezras Lakra, Jairyong Lee, Israel Leito, Thomas L. Lemon, Geoffrey G. Mbwana, Paul S. Ratsara, Blasious M. Ruguri, Ella Simmons, Artur A. Stele, Glenn Townend, Elie Weick-Dido Aux auteurs : Nous acceptons les manuscrits non sollicités. Adressez toute correspondance rédactionnelle au 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring MD 20904-6600, U.S.A. Fax de la rédaction : (301) 680-6638 Courriel : worldeditor@gc.adventist.org Site Web : www.adventistworld.org Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond révisée 1978 (Colombe). Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Argentine, Autriche, Mexique et États-Unis d’Amérique.
Vol. 12, nº 6
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« Ce n’est ni le rang terrestre, ni la naissance, ni la race, ni les privilèges religieux qui font de nous des membres de la famille céleste. C’est l’amour, un amour qui embrasse l’humanité tout entière. » —Ellen G. White Heureux ceux qui, p. 64.
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