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Place aux jeunes
Place aux jeunes
La paix qui surpasse toute intelligence
Alors que j’avais environ 7 ans, ma famille et moi avons pris le bateau depuis Buenos Aires, en Argentine, jusqu’à Montevideo, en Uruguay. Soudain, une tempête s’est abattue sur nous. J’étais loin de me douter qu’elle ne serait que la première de nombreuses autres ! Les vagues fouettaient notre grand bateau. J’avais l’impression qu’il tanguait comme une chaise berçante. Je me suis allongée, puis ai fermé les yeux. Dans un effort pour imaginer les disciples dans la tempête sur le lac de Galilée,
Lorsque nous je me suis dit : « Ça devait ressembler à ça. » Et alors, j’ai prié pour que Jésus calme soumettons aussi cette tempête. Le fait de connaître à Jésus nos cette histoire et de m’en souvenir m’a procuré, en pleine tempête, la paix. craintes et notre Ça fait plus d’un an maintenant que personne, il nous avons commencé à vivre ensemble la tempête actuelle – probablement l’une promet de nous des nombreuses que nous aurons à subir. sauver et de nous Nous avons sans doute ressenti la perte de contrôle de nos vies, ce qui nous a remplis donner sa paix. d’un sentiment d’impuissance semblable à celui éprouvé par les disciples cette nuit-là.
Pour plusieurs d’entre eux, la mer était leur champ d’expertise, peut-être même une seconde maison. Se pourrait-il que l’endroit qu’ils pensaient contrôler se soit transformé en leur pire cauchemar ?
Cette tempête n’était pas seulement un défi physique. Elle ébranla leur force, leur foi, et leur espérance.
En voyant Jésus dormir si paisiblement, ils s’interrogèrent en silence.
Puis ils lui crièrent leurs craintes. Ne se souciait-il pas d’eux ?
Nous sommes plongés, nous aussi, dans une grande tempête. Jésus est avec nous, tout comme il l’était avec ses disciples. Il nous montre que nous sommes totalement impuissants, même face aux choses que nous pensions pouvoir contrôler. S’il n’est pas à bord du bateau, tous nos efforts seront vains.
L’obscurité semblait le cacher à ses disciples. Mais lorsqu’il se réveilla, ils eurent un aperçu de ce qui allait arriver. Des éclairs révélèrent son visage empreint de la paix du ciel. Ils s’écrièrent : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! » (Mt 8.25) « Jamais un tel cri n’est resté sans réponse* », écrit Ellen G. White.
Jamais un tel cri n’est resté sans réponse… Quelle déclaration puissante ! Lorsque nous soumettons à Jésus nos craintes et notre personne, il promet de nous sauver et de nous donner sa paix. Nos cœurs peuvent se reposer en lui, quelles que soient les circonstances.
Dans Marc 4.36, nous lisons que d’autres bateaux avaient suivi Jésus. Ils ont souffert, eux aussi, dans la tempête. Ils ont aussi été bénis par sa paix. De même, les gens qui nous entourent seront bénis par la paix que Jésus nous donne lorsque nous le cherchons de tout notre cœur.
Où nous trouvons-nous pendant cette tempête ? Pouvons-nous nous identifier à Jésus et à sa paix céleste ? Avons-nous l’impression d’être l’un des disciples qui crient vers lui ? Sommes-nous comme ceux qui rament désespérément pour atteindre le rivage ? Comme ceux qui, voulant simplement passer un peu plus de temps avec Jésus, l’ont suivi de loin dans une autre barque ?
Quelle que soit notre situation actuelle, Jésus nous promet sa présence et sa paix. Il est prêt à entrer dans notre tempête et à lui dire : « Silence ! Tais-toi ! »
En ce qui me concerne, cela me suffit.
* Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 326.
Carolina Ramos étudie la traduction, l’enseignement de l’anglais, et l’éducation musicale à l’Université adventiste de la Plata, en Argentine.
Pleins feux sur les histoires
Le Maître conteur
Connaissezvous la fin de l’histoire ?
SYLVIA RENZ
Mamie, raconte-moi une histoire ! » Cette supplication jaillit de ma bouche d’enfant alors que je me glisse dans le lit tout chaud de Mamie. Elle soupire. Elle préférerait sans doute dormir un peu plus longtemps ! Je me blottis contre son dos et j’écoute attentivement pour ne pas manquer un mot. Mamie me raconte toutes sortes d’histoire doucement, lentement : le petit Samuel dans le tabernacle, le brave David avec sa fronde, Jésus qui aime tous les petits enfants…
Les enfants aiment les histoires. Et Jésus aime les enfants et les histoires ! Comment est-ce que je le sais ? Eh bien, je le sais parce qu’il n’a pas inspiré les auteurs de la Bible à écrire une série de formules chimiques. De même, les Écritures ne sont pas une compilation de calculs astronomiques, de formules d’ingénierie, et ne disent rien sur les quarks et les photons. Ce qu’il nous faut savoir sur Dieu et sur son amour pour ce monde, c’est ce que le Créateur nous a dit – d’abord à Adam et Ève, et plus tard, aux auteurs bibliques inspirés du Saint-Esprit. De nombreuses personnes ont contribué à la rédaction de sa grande histoire, ajoutant une pièce du puzzle après l’autre. Certaines de ces pièces font partie du cadre de l’image ou même de ses coins. Le tableau d’ensemble n’est pas encore complété – à certains endroits, il manque encore quelques pièces. Nous pouvons laisser ces pièces de côté ou combler soigneusement les vides avec notre imagination.
DES MOTS IMAGÉS
L’imagination est un merveilleux don du Créateur car elle crée de nouveaux coins dans notre esprit, nous rappelant l’Inventeur ingénieux dont le nom humain est « Jésus ». Jésus nous raconte des histoires à travers les animaux fascinants qu’il a créés. Il suffit de penser au poisson-lanterne, lequel allume sa propre lampe pour attirer ses proies. Malheureusement, il veut aussi manger le petit poisson curieux – ce que nous pourrions moins apprécier. Cela illustre toutefois le côté sombre de la grande histoire : manger et être mangé. Ce monde a été pris en otage par l’ennemi de Dieu – c’est ce que l’histoire tragique qui s’est déroulée en Éden et les histoires subséquentes nous apprennent.
Comment l’auteur de la Genèse l’a-t-il découvert ? A-t-il regardé une vidéo ? Reçu une vision ? Le Fils de Dieu lui a-t-il dit personnellement ce qu’il en était à la création ou à la chute ? Après tout, Moïse avait le privilège de communiquer intimement avec Dieu, comme un ami parle à son meilleur ami (voir Ex 33.11). Il n’avait peut-être pas du tout besoin d’images animées. Le Maître conteur choisissait ses mots de manière telle que ses auditeurs devenaient partie intégrante de l’histoire. C’était comme s’ils avaient regardé le Créateur planter un jardin luxuriant et, à sa parole, avaient vu le buisson de jasmin sortir de terre, et la surface du sol se revêtir soudain d’un tapis vert tendre.
Moïse a vu des bancs de harengs scintillants traverser des mers cristallines et non polluées. Il a entendu le chant d’amour des baleines, et son cœur a battu au rythme des sabots des chevaux arabes qui tonnaient dans les plaines. Avec quelle habileté le Créateur façonna Adam, insufflant en lui le souffle vivifiant comme par un baiser ! Adam fut ensuite envoyé vers l’éléphant, le zèbre et le singe capucin pour leur donner leur nom.
Tout à coup, au cœur même de cette ménagerie, Adam se sent très seul. Alors que le Créateur observe sa première créature humaine et lit dans ses yeux son ardent désir, il l’allonge doucement sur le sol et lui ferme les yeux. Pendant qu’Adam dort, Dieu prend une côte de son flanc et ferme l’espace au-dessus de son cœur (où il y avait auparavant des os) avec des tissus mous et vivants. Dieu façonne ce « matériau » pour en faire une femme qui, avec son mari, devient « l’image de Dieu ».
Cette histoire est racontée avec une telle attention aux détails qu’elle me réchauffe le cœur chaque fois que je la lis. Adam reconnaît Ève comme son homologue parfait, comme étant « os de mes os et chair de ma chair » (Gn 2.23). Nous sommes indivisibles ! Dans ces quelques mots et phrases, nous pouvons déjà percevoir le « mode d’emploi » des mariages heureux et harmonieux. Tout cela est raconté avec des mots intemporels qui peuvent être compris aussi bien par les jeunes que par les vieux, par les gens instruits que par les gens ordinaires.
THRILLERS, DRAMES, HISTOIRES D’AMOUR
Même les généalogies peuvent nous raconter des « histoires ». « Juda engendra de Thamar Pharès et Zara » ; « Salmon engendra Boaz de Rahab ; Boaz engendra Obed de Ruth » (Mt 1.3,5). Chaque nom représente une histoire, un drame familial, une espérance. « Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie » (v. 6) – moments d’angoisse qui nous dévoilent une tragédie désastreuse, mais nous montrent en même temps la grande miséricorde de Dieu qui peut écrire droit sur des lignes courbes.
Avec les auteurs du Nouveau Testament, nous croyons que toute la Bible a été écrite pour notre correction et notre instruction (2 Tm 3.16). Toutes ces histoires d’échecs et de victoires sont destinées à renforcer notre confiance en un Dieu tout-puissant, lequel ne se sentait pas trop puissant pour utiliser des « scribes » humains imparfaits.
SUSPENSE ET AIDE-MÉMOIRE
Lors de son séjour terrestre, le Maître conteur savait comment capter l’attention de ses auditeurs. Mille comparaisons de la vie quotidienne servaient d’aide-mémoire – le levain, l’écharde dans l’œil, le manteau rapiécé, la vigne, le figuier, les corbeaux et les lis, une ville sur une mon-
tagne. Avec toutes ces images, Jésus illustrait ses valeurs et la façon dont Dieu nous traite. Il présentait souvent ses idées sur le royaume de Dieu sous forme d’histoires passionnantes. Ses comparaisons dépeignaient des situations quotidiennes pour ses auditeurs : la femme cherchant désespérément une pièce d’argent perdue qui fait partie de sa dot de mariage ; le berger pour qui une seule brebis est importante au point que, faisant fi de ses pieds fatigués, il entreprend le long chemin vers les montagnes, tout en l’appelant et en la cherchant jusqu’à ce qu’il retrouve ce qui était perdu. Les enfants aimaient écouter Jésus parce qu’il était capable de se connecter à eux par des histoires.
J’ai trouvé plus de 50 histoires dans le Nouveau Testament, dont certaines très détaillées. Par exemple, l’histoire d’un homme qui fut attaqué par des voleurs et laissé là, à demi mort (Lc 10.30-37). Nous pouvons littéralement « voir » la façon dont le prêtre, dégoûté, serre sa tunique propre contre lui et passe outre la victime qui saigne. C’est qu’il ne veut surtout pas se souiller ! Le lévite, lui aussi, passe outre. Mais ensuite s’approche un être méprisé par les gens pieux : un Samaritain. Nous penchons-nous avec lui sur l’homme inconscient ? Fouillons-nous avec lui dans son sac pour trouver l’outre à vin pour désinfecter les plaies, et l’huile pour les bander ? Entendons-nous le Samaritain gémir d’effort tandis qu’il soulève l’homme blessé et l’installe sur son âne ? La prochaine auberge est loin, mais rien ne peut détourner l’homme de son service d’amour. Ignorant sa propre fatigue, il s’occupe toute la nuit du blessé dans la chambre qu’il a louée, puis paie un supplément au propriétaire pour les soins prodigués au malade.
Même si nous, lecteurs modernes, ne saisissons pas pleinement les dangers de la route, ou encore, toutes les circonstances de l’opération de sauvetage, nous pouvons tous nous imaginer dans cette scène. Et nous sommes, nous aussi, troublés par la question : Qui a été le « prochain » de la victime ? C’est pourquoi l’appel de Jésus, « Va, et toi, fais de même », peut aussi toucher notre cœur.
DES OBSTACLES
Jésus ne parlait jamais de manière compliquée. Malgré tout, même ses meilleurs amis ne le comprenaient pas toujours. Lorsque Jésus prépara les disciples à la souffrance qui l’attendait, ils ne purent saisir ses paroles : « [C’]était pour eux un langage caché » (Lc 18.34). Pourquoi ne comprenaient-ils pas ? Était-ce en raison de leurs attentes ? Après tout, Pierre, se rebellant intérieurement contre le plan de salut de Dieu, avait vivement critiqué son Seigneur (voir Mt 16.21-23), parce que ce chemin ne coïncidait pas avec son propre programme. Et il n’était pas le seul.
Nos convictions et nos attitudes qui nous sont chères peuvent nous empêcher de comprendre correctement les histoires magistrales de notre Seigneur. Dans Matthieu 13.11-13, Jésus ajoute une autre raison pour laquelle il transmet ses pensées par le biais d’histoires. Ces histoires sont racontées pour que nous puissions mettre notre confiance en Dieu, nous souvenir de ses actes, et obéir à ses commandements. Mais nous ne les comprendrons correctement que si nous ouvrons notre cœur et notre esprit au Maître conteur – ce qui ne peut se produire que si nous permettons au Maître enseignant, le Saint-Esprit, de faire ce dans quoi il excelle (Jn 16.13).
DE PRÉCIEUX JOYAUX
Ces histoires sont aussi précieuses que des joyaux. Alors que Jean est exilé sur l’île de Patmos, l’ange de Dieu lui montre la nouvelle Jérusalem dans une histoire foisonnant d’images animées. L’ange mesure les murs et les portes avec un mètre d’or. Ces mesures suggèrent les dimensions parfaites de Jérusalem : rues d’or, fondements des murs en jaspe, saphir, calcédoine, émeraude, sardonyx, sardoine, chrysolithe, béryl, topaze, chrysoprase, hyacinthe, et améthyste.
Chaque souverain sacrificateur israélite avait porté ces pierres précieuses sur sa poitrine. Elles étaient censées montrer qu’il avait le peuple de Dieu – chacune de ses tribus – à cœur (voir Ex 28 ; Ap 21.19,20). Leurs noms étaient également gravés sur des pierres d’onyx sur les épaulettes de l’éphod du prêtre. Quelles histoires racontent donc ces pierres précieuses qui brillent et scintillent aujourd’hui à la lumière de la grâce de Dieu ?
Je suis particulièrement émue par une « mini-histoire » que l’on trouve dans le dernier chapitre de la Bible. Cette « mini-histoire » communique un « maxi-contenu ». En quelques mots seulement, elle décrit les critères de notre bonheur éternel. Les habitants de la nouvelle Jérusalem sont les serviteurs de Dieu dont le nom a été inscrit dans le livre de vie. Ils aiment Dieu et le « servent ». Les mots suivants nous en donnent un grand résumé : « [Ils] verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts » (Ap 22.3,4).
Son nom, sur mon front. Il n’y a pas de meilleure façon de décrire notre transformation et notre connexion à celui qui aspire à passer l’éternité avec nous.
Sylvia Renz est un auteur largement publié et profite de sa retraite active avec Werner, son mari, à AlsbachHähnlein, en Allemagne.
Pleins feux sur les histoires
À suivre…
Mille et une voix nous assaillent de toutes parts. On peut les entendre dans tous les médias imaginables – imprimés traditionnels, médias sociaux en pleine effervescence, vidéos palpitantes, enregistrements audios stimulants. Certaines de ces voix crient ; d’autres, chuchotent. Toutes cherchent à attirer notre attention, car elles veulent nous raconter une histoire.
Les Écritures ne sont qu’une voix parmi cette pléthore de voix – et cependant, une voix complètement différente. Elles racontent des interventions divines impressionnantes et quelques grands exploits humains. Elles nous laissent entrevoir les hauts et les bas de l’histoire humaine et font preuve d’une honnêteté et d’une transparence sans faille alors qu’elles nous montrent la trame constante de l’histoire de Dieu. Voici comment ça se passe : Dieu est amour – et cet amour veut se faire connaître à nous ! Nous appelons souvent cette histoire le « conflit cosmique » ou la « grande controverse », car elle passe de la perfection de la salle du trône céleste à un jardin parfait sur une planète bleue nouvellement créée, puis à la ruine de la chute et du monde qui suivit le Déluge.
Au cœur même du récit de Dieu, une croix se dresse sur une colline située à l’extérieur des portes de Jérusalem. Nous y voyons l’Homme-Dieu Jésus suspendu, les bras étendus. En considérant la mort et la résurrection de Jésus, il nous faut rééquilibrer nos émotions mitigées. Nous entendons le Sauveur dire à l’ancien démoniaque sur une rive du lac de Galilée : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a eu pitié de toi. » (Mc 5.19) Nous entendons aussi le psalmiste s’exclamer : « Ma bouche publiera ta justice, ton salut, chaque jour, car j’ignore quelles en sont les bornes. » (Ps 71.15)
Et soudain, nous pigeons ! L’histoire de Dieu ne s’est pas terminée sur la croix, ni lorsque Martin Luther a placardé ses 95 thèses sur la porte de l’église de Wittenberg, ni lorsque William Miller et des milliers de croyants adventistes ont fixé les yeux au ciel avec ferveur le 22 octobre 1844. L’histoire de Dieu, c’est aussi notre histoire. La mention « À suivre » ne fait pas seulement partie du générique à la fin d’une série télévisée. Elle ne figure pas à la dernière page d’un livre qui nous tient à cœur. Nos vies et notre témoignage offrent la continuation du conflit cosmique, ajoutant une petite pièce au puzzle. C’est la raison pour laquelle nous sommes appelés à raconter nos histoires à nos enfants dans le contexte plus large de l’histoire de
Dieu. Même si mon histoire ou la vôtre est différente de celle de Moïse ou de Daniel, elle fait partie intégrante de la poursuite du plan de Dieu pour sauver ce monde.
Écoutez la façon dont Ellen White l’a exprimé : « [T]ous ont un rôle dans le plan éternel de Dieu, tous sont appelés à collaborer avec le Christ au salut des âmes. Notre champ d’activité ici-bas est prévu de façon aussi certaine que la place préparée pour nous dans les parvis célestes*. »
Oui, votre histoire – mon histoire – est unique et nécessaire. Quelqu’un, quelque part, a besoin de voir, d’entendre ou même simplement d’observer cette histoire, et d’être encouragé à entrer dans le scénario de l’histoire qui se poursuivra dans l’éternité.
* Ellen G. White, Les paraboles de Jésus, p. 282.
Gerald A. Klingbeil est rédacteur adjoint de Adventist World.
Pleins feux sur les histoires
Rétrospective
Les premières « réunions sociales » adventistes
Un appel au réveil du témoignage
Dans ses débuts, le culte adventiste comportait différents éléments essentiels qui reliaient les gens à Dieu et les uns aux autres. L’étude de la Bible lors de l’École du sabbat et la prédication de la Parole par le biais d’un message fondé sur la Bible étaient complétées par la « réunion sociale » – ou moment de partage planifié.
Ce moment de partage pouvait avoir lieu dans le cadre de l’École du sabbat, suivre le sermon du matin, ou se produire lors d’une réunion en après-midi. Au sein de l’Église, il y avait une culture de la parole par des témoignages sincères d’encouragement, d’expériences, de providence, de prières exaucées, de louanges, de confessions, et même d’exhortations.
Dans sa jeunesse, Ellen Harmon était introvertie et timide. En 1843 ou au début de 1844, elle trouva le courage de prier à voix haute pour la première fois lors d’une réunion chez son oncle à Portland, dans le Maine, aux États-Unis. Alors qu’elle avait lutté contre des doutes sur sa conversion, cette prière transforma son expérience chrétienne.
Voici son témoignage : « Pendant ma prière, je fus déchargée du lourd fardeau que j’avais porté si longtemps, et la bénédiction divine descendit sur moi comme une rosée rafraîchissante. Je louai le Seigneur pour ce que je ressentais […] Ce soir-là, l’Esprit de Dieu reposa sur moi avec une puissance telle que je ne pus rentrer chez moi1 . »
Peu de temps après, lors d’une réunion millérite à Portland, elle témoigna de nouveau : « Le simple récit de l’amour de Jésus pour moi tombait de mes lèvres dans une liberté parfaite. Mon cœur était si heureux d’être libéré du sombre désespoir qui le maintenait captif que je perdis de vue les gens qui m’entouraient et qu’il me sembla être seule avec Dieu. Je n’eus aucune difficulté à exprimer ma paix et mon
bonheur ; seules mes larmes de reconnaissance étouffaient mes paroles alors que je racontais l’amour merveilleux que Jésus avait manifesté envers moi2 . »
Levi Stockman, un pasteur adventiste qui s’était entretenu en privé avec la jeune Ellen au sujet de ses combats spirituels, était présent à cette réunion. Il fut si touché qu’il « pleura à voix haute », louant Dieu pour la bénédiction accordée à cette jeune fille qu’il avait récemment vue si anéantie par le découragement et la peur.
Ellen, qui serait plus tard appelée au ministère prophétique en tant que messagère du Seigneur, fut bientôt invitée à partager de nouveau son témoignage dans une chapelle chrétienne voisine. Alors qu’elle exprimait son amour pour Jésus, le cœur serré et les yeux pleins de larmes, la « puissance du Seigneur se déversa sur l’assemblée. Beaucoup pleuraient et d’autres louaient Dieu. » Un appel aux pécheurs à se lever pour la prière fut lancé et eut un merveilleux impact3 .
DES MOMENTS DE TÉMOIGNAGE AU PROGRAMME
Ces expressions dynamiques de foi vivante et de réveil étaient, telles qu’illustrées par la première expérience d’Ellen White, caractéristiques du culte adventiste tout au début. Tout au long du 19e siècle et du début du 20e siècle, le culte adventiste comprenait des moments de témoignage au programme. Les croyants étaient invités à répondre au message donné et à partager leur propre expérience avec Dieu.
La « réunion sociale » fut une caractéristique importante lors de l’organisation de la Fédération du Michigan en 1861 et de la Conférence générale en 1863. « Nos pasteurs avaient une liberté inhabituelle dans la prédication de la Parole, et les réunions sociales étaient excellentes, en particulier celle de la Conférence générale le dimanche soir. […] Ce moment fut rempli de brefs témoignages de nombreux frères et sœurs. Un esprit calme, doux et chaleureux imprégnait la réunion, ce qui en fit la meilleure de ce genre dont nous ayons jamais été témoins4 . »
Les dirigeants de l’Église présents à ces conférences placèrent les réunions sociales au cœur même de l’évangélisation et de l’organisation de l’Église. Ils recommandèrent que lorsqu’un évangéliste organisait des réunions dans de nouvelles régions, « un responsable soit nommé et que les réunions sociales se poursuivent jusqu’à ce que les individus se connaissent parfaitement, découvrent avec qui ils pourraient avoir une communion fraternelle, et identifient ceux qui seraient qualifiés pour occuper les importantes fonctions d’officiers de l’église5 . » Ensuite, la congrégation serait organisée.
En 1894, Ellen White confirma cette approche en Australie. J. O. Corliss introduisit le moment de partage personnel à la petite congrégation « Seven Hills » après un message émouvant d’Ellen White. «Nous eûmes ensuite une réunion sociale. C’était un exercice nouveau pour ceux qui venaient d’accéder à la foi. Mais le pasteur Corliss appela les uns après les autres à être des témoins du Seigneur Jésus jusqu’à ce que tous les croyants, sauf un, rendent leur témoignage. » Ellen White observe : « Nous leur avons rappelé que la réunion sociale serait la meilleure réunion au cours de laquelle ils pourraient être formés et éduqués à devenir des témoins du Christ6 . »
LES MOMENTS DE PARTAGE : BREFS ET VARIÉS
Ellen donna des conseils pratiques pour que ces moments de partage ne soient pas dominés par une ou deux personnes. « Il faut qu’il y ait un esprit de confession envers Dieu, une reconnaissance des bénédictions divines, ainsi que des actions de grâces7 . » « En conclusion, je dirais : le sabbat, alors que le peuple s’assemble pour le culte, que les interventions soient brèves pour que chacun ait l’occasion de témoigner8 . »
Le partage d’expériences personnelles avec d’autres personnes nous aide à comprendre notre besoin de la bénédiction de Dieu et forge des relations entre les gens. Il constitue un moyen vivant pour le Saint-Esprit d’impressionner les cœurs et de brancher les gens sur Dieu.
La Bible foisonne de récits de luttes et de foi personnelle. Le Saint-Esprit utilise ces histoires, ainsi que les nôtres, pour apporter un réveil individuel et collectif. Si nous aimons les Psaumes, c’est en partie parce qu’ils expriment honnêtement les besoins du cœur, la confession, les requêtes, les promesses, les louanges, et les actes puissants de Dieu.
En ces derniers jours, la merveilleuse promesse qui nous est faite est claire : « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. » (Ap 12.11) Que se passera-t-il si chaque église a des réunions de partage et de témoignage ? Satan sera vaincu par le sang rédempteur de Jésus et par la parole de notre témoignage.
1 Ellen G. White, Testimonies for the Church, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1948, vol. 1, p. 31. 2 Ibid., p. 32. 3 Idem.,Life Sketches, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn, 1915, p. 41. 4 James White, «Michigan General Conference»,Review and Herald, 8 octobre 1861, p. 148; voir aussi James White, «The Conference»,Review and Herald, 26 mai 1863, p. 204. 5 J. N. Loughborough, Moses Hull, M. E. Cornell, «Conference Address»,Review and Herald, 15 octobre 1861, p. 156; voir aussi Report of the General Conference of Seventh-day Adventists, 1863, p. 8, 9. 6 Ellen G. White, «Meeting at Seven Hills», manuscrit 32, 1894. 7 Ellen G. White letter 279, 1905, dans Ellen G. White, Manuscript Releases, Silver Spring, Md., Ellen G. White Estate, 1990, vol. 9, p. 97. 8 Ibid., lettre187, 1904.
Merlin D. Burt est directeur du Ellen G. White Estate, à Silver Spring, au Maryland.
Pleins feux sur les histoires
Entrevue
Histoires et prédication :
Qu’en dit Jésus ?
Lael Caesar, rédacteur adjoint, s’est entretenu avec Noah Washington, pasteur adjoint de l’église adventiste Emmanuel-Brinklow, à Ashton, au Maryland, au sujet d’histoires et de prédication. À l’occasion, un mot ou une phrase entre parenthèses rend explicites les sous-entendus percutants du pasteur Washington. –– La rédaction
Qu’est-ce qui vous a amené au ministère évangélique ?
J’avais 7 ou 8 ans. Alors que le pasteur C. D. Brooks prêchait son sermon intitulé « Restez dans le bateau ! », j’ai entendu une voix me dire : « Fais ce qu’il dit. » Et je me suis mis à regarder autour de moi pour voir qui avait bien pu me dire ça. Tous les auditeurs, remués à fond par le sermon, pleuraient. C’est à ce moment-là, à cet âge-là, que j’ai senti que Dieu m’appelait au ministère.
À l’Académie Pine Forge, Dieu s’est occupé de moi et a affûté certaines compétences ; j’étais comme-ci, comme-ça – certaines choses n’étaient guère plus que des nouvelles bricoles pour moi. Quand je suis arrivé à Oakwood, je me suis, en quelque sorte, adapté.
Sur le plan physique, vous avez été éprouvé, n’est-ce pas ?
Oui. En été 2009, j’ai contracté la maladie de Lyme. Le chemin vers la guérison a été difficile. Mais un jour, alors que je pleurais dans mon coin – je ne voulais surtout pas que ma famille me voie – j’ai allumé la télévision. Et j’y ai entendu Wayman Tisdale1 dire : « Je suis là pour vous dire qu’avec l’aide de Dieu, on peut tout surmonter dans la vie. »
Et ça a fait tilt ! J’ai décidé sur-lechamp que, même si je passais par des moments très sombres et des épreuves extrêmement pénibles, j’essaierais de ne pas lâcher et de persévérer.
Parlons un peu de votre prédication. Comment préparez-vous un sermon ?
En fait, je ne pense pas que je puisse bien prêcher. Je m’en tiens simplement à la philosophie suivante : si ce que je vais dire n’a pas de sens pour moi, ça n’en aura pour personne. Donc, pendant que je planche sur un sermon, Dieu y met son grain de sel. Et comme la plupart des êtres humains, je n’aime pas ça. Mais l’Esprit de Dieu m’a dit : « Noah, prêche l’Évangile tout entier. Prêche des choses qui sont encore en chantier dans ta propre vie. »
Je vois ! Comme vous vous en souvenez peut-être, lorsque j’ai
cherché quelqu’un pour réaliser cette entrevue – quelqu’un qui excelle dans la prédication narrative, je ne vous connaissais pas. C’est à ma demande qu’on m’a donné votre nom. Qu’est-ce que les histoires ont à voir avec la prédication ? Et qu’apportent-elles à la vôtre ?
Réflexion faite, je pense que les histoires ont totalement rapport avec la prédication, et ce, pour deux raisons. Premièrement, c’était la méthode d’enseignement du Christ. Le Seigneur utilisait des choses communes pour les gens de l’époque – les lys des champs, etc. – des choses extrêmement familières de la vie de tous les jours, pour communiquer la vérité de l’Évangile, n’est-ce pas ? Ainsi, en premier lieu, les histoires sont importantes parce que c’est cette méthode d’enseignement que Jésus utilisait – un homme avait deux fils ; il y avait 10 vierges, cinq sages et cinq folles, etc.
Deuxièmement, il n’est aucune personne en vie – et si elle est en vie, je vérifierai son pouls ! – il n’est aucune personne en vie qui n’apprécie pas une bonne histoire.
C’est tout ?
Des gens deviennent millionnaires parce qu’ils tiennent un rôle dans une histoire, ou parce qu’ils écrivent une histoire qui fait un carton au cinéma ! Depuis le début de la pandémie actuelle, les gens regardent beaucoup plus de films. Comme ma femme a pris des vacances, nous avons regardé un bon film il y a deux jours. Le scénario m’a captivé dès le tout début. Je suis le genre de gars dont les sens sont exacerbés dès qu’on me dit : « Noah, il faut que tu voies ça, c’est une bonne histoire ! » Ainsi, alors que je m’apprête à regarder le film en question, tous mes sens sont en éveil. S’il n’est pas à la hauteur de la critique élogieuse, eh bien, compte tenu de ma déception, alors, mieux vaut ne pas m’en recommander un autre, n’est-ce pas ?
Chaque semaine, un homme ou une femme de Dieu prêche la Parole depuis la chaire. Son auditoire s’attend à une prédication édifiante. Il faut qu’il y ait une telle attente – une attente renforcée parce que quelqu’un a dit que l’histoire de Jésus est une bonne histoire ! Je pense donc que les histoires sont importantes non seulement parce qu’elles faisaient partie de la méthode du Christ, mais aussi parce que tout le monde aime une bonne histoire. Quel que soit l’âge, l’ethnie, la culture, tout le monde aime écouter une bonne histoire. Les histoires sont, à mon avis, un excellent moyen de communiquer l’Évangile.
Alors que vous cherchiez à vous définir, quels étaient vos héros ? Et que recommandez-vous à ceux qui lisent cette entrevue ? Des livres, ou autres sources du genre ?
Au cours de ma jeunesse, il était clair pour moi que C. D. Brooks était le cadeau de Dieu le plus extraordinaire sur terre. J’étais très heureux d’avoir une relation avec lui, d’avoir le privilège de lui demander son avis. Et puis, je ne sais pas s’il existait un meilleur prédicateur narratif, un meilleur conteur d’histoire que Walter Pearson Jr. Cet homme avait le don de faire d’une histoire toute simple un produit pour le grand écran ! Qu’est-ce qu’il racontait bien les histoires ! Chaque fois que je regardais son émission Breath of Life, j’étais rempli d’admiration2 .
Il y a eu aussi E. E. Cleveland – un grand homme spirituel. Et plus tard, le Dr John Trustee ; ses prédications m’ont vraiment interpelé. Enfin, un dernier nom : dans ma jeunesse, je suppose que la culture pastorale voulait que le pasteur qui prêchait soit distant de ses auditeurs. Et pour moi, le premier pasteur que j’ai connu qui m’a permis d’entrer dans sa vie, dans son cercle, c’est le pasteur Ronald Edmonds. Quand il prêchait, je me disais : « Ouah ! Ce type-là croit vraiment ce qu’il prêche ! » Je pense donc que c’est de l’oncle Ron – c’est comme ça que j’appelle le pasteur Edmonds – que j’ai acquis le dynamisme et la maîtrise de soi, la conviction et la passion.
Et les sources ?
Certain Sound of a Trumpet, de Samuel Proctor ; The Witness of Preaching, de Thomas Long. Dans le Sud [des États-Unis], on dit : « Il y a plusieurs façons de plumer un canard ». Je ne sais pas pourquoi ils plumaient les canards, mais The Witness of Preaching parle des différentes façons de concevoir un sermon pour atteindre davantage d’auditeurs. C’est un excellent livre !
Pasteur, pouvez-vous résumer tout ça pour nous ?
Quand on se tient devant le peuple, Dieu nous utilise littéralement pour communiquer sa volonté. Il utilise la prédication. Et c’est sans doute l’une des choses les plus humbles qu’un être humain puisse faire.
1 Un ancien joueur de basket-ball professionnel qui a été amputé d’une jambe en raison d’un cancer des os. 2 Breath of Life est un ministère télévisé en Amérique du Nord. C. D. Brooks en a été le premier orateur. Walter Pearson Jr lui a succédé, et Carlton Byrd anime actuellement cette émission.