Portrait
Pluvier kildir Charadrius vociferus
Figure 1. Pluvier kildir adulte 1
CARACTÉRISTIQUES ET DESCRIPTION PHYSIQUE Longueur (incluant la queue): 27 cm Envergure d’ailes: 61 cm Longévité : Inconnue Chant : Le cri sonore et perçant auquel il doit son nom est un kil-dî-î ou un dî-dî-dî émit généralement en vol de façon répétée par le mâle et la femelle dès le début du printemps et durant tout l’été. Alimentation : Insectes (environ 80%) et autres invertébrés (environ 20%) dont la plupart nuisent aux cultures, aux humains et aux animaux domestiques. Les matières végétales ne forment environ que 2% de son alimentation et consistent surtout en des graines de mauvaises herbes.
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Caractérisé par le double collier noir qui orne sa poitrine blanche (le poussin en a un seul), le Pluvier Kildir est presque de la même taille que le Merle d’Amérique, mais ses longues pattes le font paraître plus gros. Les deux stries noires sur la poitrine blanche, de même que la queue, le croupion et le bas du dos orangé, lesquels sont visibles en vol uniquement, constituent ses marques les plus distinctives. Son cou et son front blancs forment un contraste avec son bonnet brunâtre et la bande foncée qui passe sous l’œil et sur la nuque. La partie supérieure du dos et les ailes sont brunes, mais lorsque déployées, celles-ci montrent une rayure blanche. Il n’y a pas de distinction marquée entre les sexes ni selon les saisons.
Figure 2. Pluvier kildir poussin 2
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Fi gure 3. Anatomie générale d’un oiseau
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HABITAT ET RÉPARTITION Bien que le Pluvier kildir appartient à la famille des limicoles (oiseaux de rivage), on le retrouve souvent à une certaine distance de l’eau. Il ne fréquente que les endroits à découvert, comme les champs, les pâturages et les hautes terres sèches. Les terrains de golf et d’aviation, recouverts d’herbe courte, sont aussi des habitats de prédilection pour l’espèce surtout durant sa période de nidification. Le Pluvier kildir est admirablement bien adapté pour vivre sur le sol. Il a une envergure de plus de 60 cm, ainsi qu’un vol puissant et rapide, mais peut aussi courir à vive allure grâce à ses longues pattes. Les larges rayures foncées pectorales et le motif blanc et noir alterné sur la tête constituent un camouflage particulièrement efficace dans les champs labourés et sur les plages de gravier. Les œufs se confondent eux aussi avec la terre, les cailloux et les roches. L’oiseau est pourvu d’un bec solide et assez long qui lui permet de fouiller juste sous la surface du sol pour trouver des larves et des vers. Selon les données recueillies dans le cadre du recensement des oiseaux nicheurs du Québec entre 2010 et 2014, les effectifs du Pluvier kildir sont répartis inégalement dans le Québec méridional. Alors que l’espèce n’a été observée que dans 5% des parcelles de 10 km 2 visitées sur le Plateau de la Basse-Côte-Nord, cette proportion grimpe à 95% des parcelles visitées dans les
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Basses-terres du Saint-Laurent durant la même période. Son abondance relative est moyenne dans les autres régions du Québec à l’exception de la portion Nord des régions de l’Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie où elle est quasi nulle. Même si le Pluvier kildir est rare en forêt boréale, sa nidification a été confirmée dans plusieurs parcelles visitées, avant tout dans l’Ouest. L’espèce niche aussi au-delà du Québec méridional, jusqu’à 55 degrés de latitude Nord.
Résident à longueur d'année Hivernage seulement Reproduction seulement Migration seulement
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Figure 4. Carte de distribution du Pluvier kildir en Amérique 4
NIDIFICATION L’aire de reproduction du Pluvier kildir est immense : elle englobe presque tout le territoire des provinces canadiennes, les États-Unis et la moitié nord du Mexique. L’espèce niche aussi aux Antilles et localement en Amérique du Sud. L’espèce y arrive à partir de la mi-mars. Les couples sont souvent déjà formés à leur arrivée. La période de ponte et d’incubation des œufs a lieu entre la première semaine d’avril dans les régions du Sud et la première semaine d’août dans les régions septentrionales les plus au nord (voir la figure 5). La parade nuptiale consiste soit en une haute envolée dans le ciel ou en des poses compliquées au sol. Dans ce dernier cas, le pluvier se blottit par terre, s’incline d’un côté et baisse ses ailes pour laisser voir la couleur vive du bas de son corps et de son croupion. Il porte alors sa queue élevée et ouverte en éventail. L’oiseau peut aussi tournoyer rapidement, toujours en étalant ses magnifiques couleurs. Tout au cours de la parade au sol, le pluvier émet un long chant trillé.
Figure 5. Calendrier de nidification du Pluvier kildir 5 Le nid est toujours établi au sol, à un endroit où les oiseaux peuvent voir de tous les côtés et ainsi détecter à l’avance tout prédateur s’en approchant. Lorsque cela se produit, l’adulte qui est au nid le quitte et attire l’attention du prédateur sur lui en faisant sa parade de diversion très efficace, pour laquelle il est reconnu, qui consiste à simuler une aile cassée, le rendant ainsi vulnérable à l’attaque du prédateur. Le mâle et la femelle prennent tous deux parts à la construction du nid qui consiste en une cavité peu profonde, parfois tapissée de cailloux, de tiges d’herbe cassées, de pierres calcaires ou de copeaux de bois. Le mâle creuse cette dépression décrivant lentement, ramassé sur lui-même, des cercles pendant qu’il détache la poussière avec ses pattes et la rejette en arrière à l’aide de vigoureux coups de pied. La femelle pond quatre à cinq œufs qui ont la forme d’une poire et mesurent en moyenne 36,5 mm sur 26,5 mm. Ils sont de couleur chamois pâle, tachetés d’une façon irrégulière de noir ou d’un brun noirâtre, et sont toujours disposés en cercle, la pointe vers l’intérieur pour se confondre parfaitement avec leur environnement. La femelle peut se reproduire dès sa première année. Aux endroits où la nidification a lieu tôt dans la saison, une seconde ponte peut avoir lieu. Les parents ne laissent presque jamais les œufs sans surveillance, car ils qui pourraient être endommagé par la chaleur ou le froid excessif. Le mâle et la femelle s’occupent à tour de rôle de couver et de garder les œufs au chaud. Lorsque la température est particulièrement chaude, l’adulte se tiendra au-dessus du nid, ombrageant les œufs de son corps et permettant aussi à la brise rafraîchissante de circuler.
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L’incubation dure normalement de 24 à 26 jours. L’oisillon met de 18 à 36 heures à briser sa coquille, dont chaque morceau est éloigné du nid par les parents quelques moments seulement après l’éclosion. Dès leur sortie de l’œuf, les oisillons sont entièrement recouverts d’un épais duvet et ressemblent à leurs parents, sauf qu’ils ont une seule bande pectorale. À la naissance, le duvet est mouillé, mais il sèche très rapidement, donnant aux petits l’allure de boules ébouriffées sur deux longues pattes. Contrairement aux oiseaux chanteurs, les petits des espèces de limicoles quittent le nid sitôt leur duvet séché et peuvent se nourrir d’eux-mêmes en moins d’un jour, se déplaçant à pas rapides et piquant le sol à la recherche de petits insectes. Ils perdent vite leur duvet et, dès le milieu de l’été, ne se distinguent presque plus des adultes. Le motif de leur tête est cependant moins bien délimité et leurs tons de brun sont plus pâles. Les adultes n’ont pas à nourrir les petits, mais les surveillent constamment, les couvant, les protégeant contre leurs ennemis et les avertissant du danger. Au premier signe d’une menace, le mâle ou la femelle lancera une note d’alarme au son de laquelle les oisillons s’immobiliseront. Ils resteront blottis, sans mouvement, jusqu’à ce que l’adulte leur donne le signal de fin d’alerte. Les adultes couvent à maintes reprises les petits au cours des premiers jours de leur vie pour les protéger du soleil, du froid et de l’humidité. Après environ 24 jours, ils cessent complètement cette activité et, à 40 jours, les oisillons sont prêts à prendre leur vol. La période d’élevage des jeunes se déroule entre la première semaine de mai et la deuxième semaine de septembre, selon les régions (voir la figure 5).
SITUATION Selon les données recueillies lors des inventaires de cette espèce au Québec entre 2010 et 2014, sa probabilité d’observation a chuté de près de 60% par rapport aux données de 1990. Cette diminution importante est corroborée par les données BBS (Breeding birds survey – Relevé des oiseaux nicheurs) qui montrent une diminution de l’ordre des deux tiers entre 1990 et 2014 au Québec et de 50% pour l’ensemble du Canada pour la même période. Il y a tellement de facteurs intangibles dans le maintien et la croissance de toute population d’oiseaux qu’il devient très difficile de déterminer exactement lesquels sont les plus importants. Il faut tenir compte des réserves alimentaires, de l’habitat de nidification, des prédateurs, des dangers de la migration et des conditions météorologiques. Sauf en cas de sécheresse extrême, le Pluvier kildir n’éprouve pas beaucoup de difficulté à trouver de la nourriture en abondance à cause de la variété de son régime. Il est cependant très limité dans le choix de son habitat par le petit nombre de terrains à découvert convenables pour la nidification. Les activités humaines de défrichage, d’agriculture et d’urbanisation ont longtemps profité au Pluvier kildir, dont l’aire de reproduction correspond aujourd’hui dans une large mesure aux zones habitées. Par ailleurs, on peut sans doute attribuer en partie la diminution de la population de l’espèce à l’augmentation des menaces associées aux activités anthropiques, toujours en croissance. Parmi ces menaces, les plus plausibles sont les collisions avec les véhicules, les bâtiments et autres structures, la destruction des œufs par le piétinement des humains et des animaux domestiques ou par le passage de la machinerie, et la contamination par les pesticides et autres polluants.
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L’impact causé par la mécanisation des pratiques agricoles n’est pas à négliger non plus, car elle réduit la quantité de résidus végétaux au sol. Or, ces résidus assurent un couvert de protection contre les prédateurs et constituent une source importante de nourriture et de matériaux pour la construction des nids. La quantité d’invertébrés, autre source de nourriture, est également moins importante dans les champs sans résidus. De plus, le fait que les nids soient dans la forte majorité des cas installés au sol expose les œufs aux attaques de prédateurs tels les rats et les renards, et les oisillons sont souvent la proie des chats, des chiens, des renards et des éperviers. Cependant, le camouflage des œufs et du plumage, de même que la surveillance attentive des oiseaux adultes, assurent une certaine protection. La migration, pour sa part, comporte toujours son lot de danger. Les oiseaux sont constamment exposés à des prédateurs tels que les éperviers et les faucons, mais sont particulièrement vulnérables au moment d’une halte migratoire dont ils profitent pour refaire le plein d’énergie avant de poursuivre leur route. Les tempêtes représentent aussi un ennemi tout aussi redoutable qui peuvent détourner les oiseaux de leur route et parfois même causer leur mort. Les conditions météorologiques en période de nidification présentent un problème seulement lorsque de fortes pluies printanières emportent le nid et noient les oisillons, aux tout premiers jours de leur existence. Les oiseaux qui gagnent les régions septentrionales tôt dans la saison peuvent être surpris par une tempête de neige tardive, assez grave pour rendre la nourriture introuvable. Par ailleurs, il est également possible que quelques-uns meurent chaque année pour avoir attendu trop longtemps avant d’entreprendre leur migration vers le sud. Le déclin de l’espèce, constaté malgré tout, fait en sorte qu’elle jouit aujourd’hui d’une entière protection en vertu de la Loi de 1917 sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs. En vertu de cette loi, il est interdit d’abattre des Pluviers kildirs ou de prendre leurs œufs. L’espèce a également été identifiée comme étant une priorité de conservation et/ou d’intendance dans une ou plusieurs stratégies régionales de conservation des oiseaux au Canada, sous la gouverne d’Environnement et Changement climatique Canada et ses partenaires dans chacune des Régions de conservation des oiseaux (RCO) identifiées. PROTECTION DE L’ESPÈCE Les actions suivantes favoriseront l’augmentation de la population du Pluvier kildir au Québec : Réduire l’utilisation de pesticides nuisant à l’alimentation de l’espèce dans les zones de nidification; Revoir les pratiques agricoles de sorte à favoriser le maintien de résidus végétaux sur les sols cultivés; Réduire les surfaces de broutage par le bétail en limitant sa densité à moins de 2,5 têtes par hectare dans les pâturages en continu et à moins de quatre têtes par hectare dans ceux de courtes durées ou en rotation;
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Protéger les nids découverts sur les sites où l’activité humaine est présente, ne pas tenter de les déplacer et surtout ne pas les détruire.
BIBLIOGRAPHIE 1. Winston-Salem Journal, Lien : journalnow.com 2. eBird, Lien : ebird.org 3. The Sibley guide to birds of North America – second edition, 2014, David Allen Sibley/Alfred A. Knopf – ISBN: 978-0-307-95790-0 4. BirdLife International / Nature Serve, Lien: http://www.birdlife.org/ 5.
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6. Breeding Bird Survey – Relevées des oiseaux nicheurs, Lien : https://donnees.ec.gc.ca/data/species/assess/north-american-breeding-bird-surveybbs-in-canada/?lang=fr 7. DEUXIÈME ATLAS DES OISEAUX NICHEURS DU QUÉBEC MÉRIDIONAL, 2019 Environnement et changement climatique Canada/Regroupement Québec Oiseaux/Études Oiseaux Canada - ISBN: 978-2-9814107-6-4 8. GUIDE D’IDENTIFICATION DES OISEAUX D’AMÉRIQUE DU NORD – NATIONAL GEPOGRAPHIC 3ÈME ÉDITION, 1999 Les éditions Broquet - ISBN: 2-89000-551-8 9. COMPTE RENDU D’ESPÈCE – PLUVIER KILDIR Gouvernement du Canada, Situation des oiseaux au Canada 2019 https://faune-especes.canada.ca/situation-oiseaux/oiseau-bird-fra.aspx? sY=2019&sL=f&sM=a&sB=KILL 10. FAUNE ET FLORE DU PAYS – LE https://www.hww.ca/fr/faune/oiseaux/le-pluvier-kildir.html
PLUVIER
KILDIR
11. MAGASINE QUÉBEC OISEAUX, ÉDITION ÉTÉ 2013 - LE MALHEUR EST DANS LES PRÉS, P. 18 À 25 Regroupement Québec Oiseaux – ISBN : 0-65385-97973-0-04
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