Portrait
Vacher à tête brune Molothrus ater
Figure 1. Vacher à tête brune mâle adulte 1
CARACTÉRISTIQUES ET DESCRIPTION PHYSIQUE Longueur (incluant la queue): 19 cm Envergure d’ailes: 30,5 cm Longévité : 13 ans Chant : Le chant du mâle est un glou-glou-i grinçant. Les cris incluent un crépitement aigre et des sifflements grinçants. Alimentation : Insectes (été) et graines (autres saisons) Le mâle a la tête brune et le corps noir vert métallique. La femelle est brun gris sur le dessus, plus claire en dessous. Le juvénile, un peu plus pâle que la femelle, a le dos maillé de chamois et le dessous fortement rayé. Le jeune mâle en fin d’été est alors tout rapiécé de chamois, de brun et de noir. Le bec de tous les individus est gris noir, court et conique. Il se nourrit au sol la queue redressée.
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Figure 2. Vacher à tête brune femelle adulte 2
Figure 3. Vacher à tête brune juvénile 2
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Figure 4. Anatomie générale de l’oiseau 3 HABITAT ET RÉPARTITION L’habitat de prédilection du Vacher à tête brune se situe à la transition entre milieux ouverts et milieux boisés. Cet environnement caractéristique des zones agricoles, semi-urbaines et urbaines permet à cet oiseau de s’alimenter au sol dans les pâturages, les prairies et les champs ou sur les pelouses et de parasiter les nids des espèces qui nichent tout autant en milieu ouvert et buissonneux qu’à la lisière des forêts. C’est donc dans les Basses-terres du Saint-Laurent, où de tels paysages prédominent, que l’abondance relative du vacher est la plus forte. En règle générale, l’espèce devient d’autant plus rare que les forêts sont étendues et denses. Le Vacher à tête brune a profité de la fragmentation des habitats forestiers sur l'ensemble du continent nord-américain. Dans le Grand Nord, les oiseaux marquent une préférence pour les peuplements de trembles du genre populus, en particulier pour ceux qui sont situés en lisière. Ils ont tendance à éviter les conifères. Les vachers à tête brune hivernent dans le même type d'habitats ouverts qu'en été.
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Résident à longueur d'année Hivernage seulement Reproduction seulement Migration seulement
Figure 5. Carte de distribution du Cacher à tête brune en Amérique du Nord 4
NIDIFICATION Les premiers Vachers à tête brune reviennent au Québec vers la fin de mars. Comme il est une espèce parasite, c.-à-d. qu’il ne construit pas de nid et pond ses œufs dans les nids d’autres espèces, il passe donc plusieurs semaines à se nourrir aux mangeoires, le temps que les autres espèces arrivent sur leur site de nidification et construisent leur nid. Environ 144 espèces sont victimes du parasitisme du Vacher à tête brune, la plus petite étant le Grimpereau brun et la plus grande la Sturnelle des prés, une espèce champêtre en péril dans toute son aire de distribution. Les femelles sont très prolifiques, pouvant pondre plus de 40 œufs par saison. Ces derniers sont de couleurs variables, mais ils ont presque toujours un fond blanc ou blanchâtre avec plus ou moins de taches sombres concentrées sur la partie la plus large de la coquille. La date de dépôt des œufs dépend presque exclusivement des conditions climatiques, surtout si le nombre de nids pouvant accueillir la ponte est élevé. L'hôte choisi dépend en fait des régions : les espèces les plus couramment parasitées sont la Paruline jaune, le Bruant chanteur, le Viréo aux yeux rouges, le Bruant familier et le Moucherolle phébi. Ces hôtes sont généralement de petite taille, ce qui donne au jeune vacher un avantage indiscutable dans la compétition à la nourriture avec les oisillons de l'hôte. C'est la femelle qui choisit les nids. Elle s'installe sur un perchoir avantageux et elle repère ceux qui sont susceptibles d'accueillir sa ponte et les dépose généralement quand les parents sont absents ou encore en les effrayant pour les faire fuir le nid, le temps du dépôt.
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Figure 6. Vacher à tête brune juvénile nourri par une Paruline jaune 2 La ponte des œufs a lieu entre la première semaine de mai et la deuxième semaine d’août, selon région et de l’espèce parasitée. Le moment où la femelle vacher choisit de déposer ses œufs parmi ceux de l’espèce parasitée doit être bien choisi, car si l'incubation est déjà bien avancée, son œuf risque de ne pas éclore simultanément avec ceux de l'hôte. Celle-ci dure de 10 à 12 jours et l’oisillon quitte le nid après 8 à 13 jours. Il est complètement indépendant de ses parents adoptifs au bout de 25 à 29 jours. Les vachers doivent absolument trouver des hôtes qui nourrissent leurs petits avec des insectes. Certaines espèces comme le Chardonneret jaune et le Roselin familier étant essentiellement granivores, le jeune vacher ne peut pas survivre dans le nid de ces espèces. Ce ne sont pas toutes les espèces de passereaux qui acceptent le parasitisme du Vacher à tête brune. En effet, Le Merle d’Amérique, le Tyran tritri et le Moqueur chat figurent parmi celles qui reconnaissent l’intrus et s’en débarrassent sur-le-champ. Des études scientifiques tentent de démontrer qu’une sorte d’entente existerait entre le vacher et l’espèce parasitée qui permettrait à cette dernière d’élever sa nichée avec plus de succès.
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Figure 7. Calendrier de nidification du Vacher à tête brune 5
SITUATION L’aire de répartition du Vacher à tête brune s’est contractée un peu partout au Québec depuis 1990, notamment dans les Laurentides méridionales, les Appalaches et la région du SaguenayLac-Saint-Jean. Sa probabilité d’observation a fortement chuté partout, sauf dans les Bassesterres du Saint-Laurent où elle est demeurée forte. Toutefois, le vacher étant encore commun dans cette province naturelle, ce paramètre apparaît mal adapté pour refléter une baisse d’effectifs dans cette région. Les données BBS (Breeding birds survey – Relevé des oiseaux nicheurs) signalent un recul important de l’espèce à l’échelle du Québec. Entre 1990 et 2014, la population a diminué de 77%, une décroissance nettement plus marquée que pour l’ensemble du Canada. Selon des études, la chute des effectifs au Québec et dans plusieurs autres régions d’Amérique du Nord serait due entre autres aux nouvelles pratiques agricoles et à la perte d’habitat. Par ailleurs, l’entreposage plus hermétique des grains pourrait avoir affecté les populations de vachers. Enfin, la plantation d’arbres et la régénération naturelle des forêts ont réduit la disponibilité de milieux ouverts dont l’espèce a besoin pour s’alimenter. Chose certaine, on peut présumer que les oiseaux les plus souvent parasités par le Vacher à tête brune tirent parti, du moins ponctuellement, de la raréfaction de ce dernier. Le Vacher à tête brune a également été identifié comme étant une priorité de conservation et/ou d’intendance dans une ou plusieurs stratégies régionales de conservation des oiseaux au Canada, sous la gouverne d’Environnement et Changement climatique Canada et ses partenaires dans chacune des Régions de conservation des oiseaux (RCO) identifiées. PROTECTION DE L’ESPÈCE Les actions suivantes favoriseront l’augmentation de la population du Vacher à tête brune au Québec : Préserver les milieux ouverts en ne plantant pas d’arbres et en contrôlant la régénération naturelle; Réduire ou éliminer l’utilisation de pesticides dans les champs, les pâturages et autres milieux ouverts ou l’espèce s’alimente;
Réduire ou éliminer le labourage des champs; Réduire le compactage des sols en milieux agricoles;
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Augmenter l’aération du sol par une plus forte densité de vers de terre; Réduire les surfaces de broutage par le bétail en limitant sa densité à moins de 2,5 têtes par hectare dans les pâturages en continu et à moins de quatre têtes par hectare dans ceux de courtes durées ou en rotation; L’attirer aux mangeoires au printemps et à l’automne en lui offrant du millet blanc.
BIBLIOGRAPHIE 1. The Cornell Laboratory, Lien: allaboutbirds.org 2. eBird, Lien: ebird.org 3. The Sibley guide to birds of North America – second edition, 2014, David Allen Sibley/Alfred A. Knopf – ISBN: 978-0-307-95790-0 4. BirdLife International / Nature Serve, Lien: http://www.birdlife.org/ 5. Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, Lien https://www.atlas-oiseaux.qc.ca 6. Breeding Bird Survey – Relevées des oiseaux nicheurs, Lien : https://donnees.ec.gc.ca/data/species/assess/north-american-breeding-bird-surveybbs-in-canada/?lang=fr 7. DEUXIÈME ATLAS DES OISEAUX NICHEURS DU QUÉBEC MÉRIDIONAL, 2019 Environnement et changement climatique Canada/Regroupement Québec Oiseaux/Études Oiseaux Canada - ISBN: 978-2-9814107-6-4 8. GUIDE D’IDENTIFICATION DES OISEAUX D’AMÉRIQUE DU NORD – NATIONAL GEPOGRAPHIC 3ÈME ÉDITION, 1999 Les éditions Broquet - ISBN: 2-89000-551-8 9. COMPTE RENDU D’ESPÈCE – VACHER À TÊTE BRUNE Gouvernement du Canada, Situation des oiseaux au Canada 2019 https://faune-especes.canada.ca/situation-oiseaux/oiseau-bird-fra.aspx? sY=2019&sL=f&sM=a&sB=BHCO 10. OISEAUX.NET – VACHER À https://www.oiseaux.net/oiseaux/vacher.a.tete.brune.html 11. FICHE DESCRIPTIVE DU VACHER À http://www.oiseaux-birds.com/fiche-vacher-tete-brune.html
TÊTE TÊTE
BRUNE BRUNE
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