Janusz Korczak Le droit de l’enfant au respect Une vie au service de l'enfance
Henryk Goldszmit dit Janusz Korczak (Varsovie 1878 — Treblinka 1942)
Une exposition réalisée par l’Association Française Janusz KORCZAK (AFJK)
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La Pologne, pays occupé
Au début du XXe siècle, à l'époque de Janusz Korczak, de son vrai nom Henryk Goldszmit, la Pologne était un pays militairement occupé par ses trois puissants voisins depuis plus de cent ans. Les empires Russe et Austro-Hongrois et le royaume de Prusse s'étaient partagé son vaste territoire en 1772, 1793 et 1795 (« Les trois partitions de la Pologne »).
Roy aume de PRUSSE
Empire de RUSSIE
Empire AUSTRO-HONGROIS
Wielka Encyklopedia Powszechna (Grande Encyclopédie Polonaise) Éd. PWN, Warszawa 1967, Droits réservés © A.F.J.K. 2002.
Jusqu'à la première guerre mondiale (1914-1918), la capitale, VARSOVIE, était occupée par l'armée du Tsar. Le pays retrouvera son indépendance avec l'armistice, le 11 novembre 1918.
La « République des Deux Nations » après l’union entre le Royaume de Pologne et le Grand-duché de Lituanie au XVIe siècle.
Les frontières de la Pologne au lendemain de la seconde guerre mondiale
La Pologne, ce n’est pas seulement des champs, des mines de charbon, des forêts ou des usines d’armement. – C’est, par-dessus tout, ses enfants. » (Comment aimer un enfant).
«
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Juifs et Polonais Le pays compte alors 27 millions d'habitants. La population juive, la plus importante d'Europe, en représentait environ dix pour cent. Dans la société polonaise, la classe supérieure, privilégiée, était formée par la noblesse ; les paysans, les bourgeois et les juifs formaient les classes inférieures. Les Tziganes se trouvaient en bas de l'échelle. Au Moyen Âge, les immigrants Juifs avaient été bien accueillis par les rois polonais. Mais des siècles de discrimination dans la diaspora les avaient rendus méfiants à l'égard des « Gentils » et ils n'étaient à l'aise qu'avec leurs pairs. Un dicton populaire préconisait : « Bâtir une clôture autour de la Torah (Les tables de la Loi de Moïse) et ne rien laisser entrer de l'extérieur ». La plus grande partie de la population juive se tenait à l'écart du monde séculier et vivait dans une grande pauvreté.
Hrubieszow, une petite ville de province au sud de Lublin (Pologne) où vivait le grand-père d’Henryk.
De leur côté, dans cette période agitée de révoltes polonaises armées contre les Russes, nombre de Polonais ne considéraient pas qu’un Juif, même cultivé, puisse se considérer comme étant « polonais » ou « patriote », et soit capable de lutter pour l’indépendance du pays. Les cours d’enseignement religieux prônaient l’antisémitisme. À la même époque, la France se divisait avec l’affaire Dreyfus.
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L’héritage H enryk porte le nom de son grand-père Hirsh Goldszmit, mort en 1874. Hirsh était à la fois le médecin-chef de l’hôpital juif et le chef éclairé de la communauté juive de sa ville (3 000 personnes sur 6 000 habitants). Décrit comme un utopiste, il militait pour le Haskalah, Le Mouvement juif pour le progrès qui exhortait les juifs polonais à s’intégrer au monde moderne. Il donna une éducation laïque à ses cinq enfants. Deux de ses fils, Jacob et Joseph le père d’Henryk, ont poursuivi sa mission d’intégration et d’assimilation en consacrant leur vie à rapprocher les communautés juive et polonaise et à lutter contre les clivages qui les séparaient. Les frères Goldszmit, comme on les appelait, étaient tous deux d’éminents juristes et écrivains. Ils privilégiaient l’écrit pour éduquer et pour élever le niveau des consciences, avec l’appui de l’intelligentsia libérale juive et polonaise de l’époque.
La stèle de Joseph Goldszmit dans le cimetière Juif de Varsovie (blanche, à droite).
Au croisement de cette double identité juive et polonaise, son petit-fils, Janusz Korczak, poursuivra lui aussi cette mission, dans le contexte encore plus dramatique d’une démocratie naissante aussitôt étouffée, de quatre guerres dont deux mondiales, de la survenue du nazisme et de la Shoah. Et au prix de sa vie.
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L’enfance d’Henryk Henryk Goldszmit naît à Varsovie le 22 juillet 1878, de Cecylia Gebicka et de Joseph Goldszmit, avocat renommé, dans une famille juive aisée, intégrée depuis longtemps. Il a une sœur : Anka dont le destin est mal connu. Il a aussi une gouvernante française, comme il était de mode à l’époque, dont il ne garde que des mauvais souvenirs. Sa grand-mère maternelle Emilia vit à la maison. C’est le seul grand-parent qu’il ait connu et « la seule personne à le comprendre ». Son père est décrit comme un être inconstant, tantôt coléreux et brutal, tantôt charmeur avec l’enfant dont il veut se faire le complice dans cet univers de femmes.
Henryk à l’âge de huit ans.
Henryk est un enfant surprotégé. Il n’a pas le droit de descendre jouer dans la cour avec les enfants pauvres, ni de rester au salon ; ni de traîner dans la cuisine. C’est pourtant là qu’il passe ses meilleurs moments, auprès de la cuisinière qui est une conteuse extraordinaire. Ses histoires préférées étaient : « Le chat botté », « La Belle au bois dormant », « Le Petit Chaperon rouge » et « Cendrillon ».
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Riches ou pauvres, tous pareils !
À l’âge de douze ans, Henryk voit sa famille soudainement ruinée : son père, malade, est interné à l’asile d’aliénés de Tworki. Obligé de travailler, il donne des cours aux plus petits. Il se réfugie dans l’imaginaire. Il écrit des poèmes, tient un journal. Il en tirera plus tard un roman : Confession d’un papillon (1913), qui décrit sa vie d’adolescent confronté pendant six ans à la folie de son père. Ces nouvelles expériences, professionnelles et personnelles, l’amènent à prendre conscience de tout ce qui sépare le monde des enfants de celui des adultes. Surtout, il observe que les enfants de pauvres ou de riches ont en commun bien des problèmes dus à l’indifférence ou au mépris des adultes et de la société à leur égard.
Orphelins revêtus de l’uniforme des écoliers polonais de l’époque (photo prise à Nasz Dom).
«
Nous avons vécu dans l’idée que grand vaut mieux que petit. […] Il n’est pas facile ni agréable d’être petit. Il faut être grand, occuper pas mal de place, pour susciter estime et admiration.
Petit veut toujours dire : banal, dépourvu d’intérêt. Petites gens, petites joies, petites peines.
Il n’y a que le grand pour nous imposer : grandes villes, hautes montagnes, arbres majestueux. Nous disons :“Une grande œuvre, un grand homme”. Un enfant, c’est si petit, si léger… si peu de chose. […] C’est notre propre exemple qui apprend à l’enfant à mépriser tout ce qui est faible. Mauvaise éducation, d’un triste présage. » (Janusz Korczak, Le droit de l’enfant au respect, pp. 1-2).
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Journaliste et écrivain Henryk se passionne pour la littérature, le social et l’éducation. Enquêtant sur la grande pauvreté et la situation des enfants des rues, il écrit des feuilletons qui le font remarquer et il devient journaliste. Il publiera plusieurs centaines d’articles dans les journaux et dans les meilleures revues sociales et médicales de l’époque. En 1899, dans la revue Czytelnia dla wszystkich (Bibliothèque pour tous), il expose un des concepts de base de sa pédagogie : « L’enfant ne devient pas un Homme, il en est déjà un ». Il fréquente assidûment « l’Université volante », un institut clandestin attirant l’élite intellectuelle du pays résolue à préserver la culture et l’histoire polonaise. Il y rencontre de grands esprits libéraux incarnant un socialisme démocratique et refusant les divisions de classe ou d’ethnie. Les cours de Jan Wladyslaw Dawid (1858-1914), premier psychologue expérimental polonais, le décident à étudier l’enfant de façon scientifique et non plus empirique.
Janusz Korczak aidant un enfant à lire à la colonie de vacances Markiewicz à Michalowka, été 1907.
À l’occasion d’un concours littéraire, il choisit de prendre pour pseudonyme le nom aristocratique polonais de « Korczak ». Son premier livre, en 1901 : Les enfants de la rue, décrit la souffrance et l’espoir d’enfants rencontrés dans les banlieues pauvres de Varsovie. Mais c’est le second, en 1905 : Un enfant de salon qui le rendra célèbre.
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« Médecin du monde » Henryk décide d’entreprendre des études de médecine : « La littérature, c’est seulement des mots, et la médecine des actes ». Il se réfère à Anton Tchekhov, médecin et écrivain comme lui, à qui il a toujours rendu hommage. Il le considérait comme « un grand clinicien qui pose des diagnostics sociaux justes ». Tout juste diplômé, il est mobilisé en 1905, comme médecin militaire pour faire la guerre Russo-japonaise. Un an après, à son retour, il travaille dans l’hôpital des enfants malades pendant 7 ans. Il devient un pédiatre recherché toujours prêt à aider les familles les plus démunies. Mais la pratique de l’hôpital ne lui suffit pas. Il utilise ses économies pour aller compléter sa formation à l’étranger : un an en Allemagne et six mois en France de l’été 1910 à l’hiver 1911.
L’Hôpital pour enfants Bersohn et Bauman, rue Sliska à Varsovie
« L’hôpital berlinois et la littérature médicale allemande m’ont appris à exercer ma pensée, lentement, systématiquement, sur ce que nous savons déjà. Paris m’a appris à me poser des questions sur ce que nous ne savons pas encore… mais que nous saurons un jour. […] C’était la force de vouloir, la douleur d’ignorer et la volupté de chercher […]. De Berlin, j’ai rapporté l’art de la simplification, l’ingéniosité et l’ordre dans les moindres détails.
Une grande synthèse sur l’enfant — voilà à quoi je rêvais quand, dans une bibliothèque parisienne, les joues rouges d’émotion, je lisais d’étranges ouvrages classiques de cliniciens français. » (Janusz Korczak, Comment aimer un enfant, p. 220). « Quand donc arrêterons-nous de prescrire de l’aspirine contre la pauvreté, l’exploitation, la maltraitance et le crime ? »
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Éducateur En 1907 et en 1908 Korczak participe à plusieurs camps d’été. Il s’agissait des premières colonies de vacances, qui représentaient alors une grande avancée sociale au profit des enfants pauvres. Pour Janusz Korczak, jeune médecin et écrivain brillant, encore idéaliste, ce fut une expérience décisive. « Je dois beaucoup aux colonies de vacances. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois une collectivité d’enfants ; c’est là que j’ai appris, grâce à mes seuls efforts, l’abécédaire de la pratique éducative. » (Janusz Korczak, Comment aimer un enfant).
Il apprit aussi à parler non plus à des enfants mais avec des enfants (ibid.). C’est également là qu’il réalisa les premières expériences du « Tribunal des enfants » et celles d’un journal des enfants leur offrant la surprise de lire des informations sur eux-mêmes dans un vrai journal imprimé à Varsovie.
Janusz Korczak, le troisième en montant, avec les moniteurs de la colonie de vacances de Wilhelmowka en 1908.
« Un enfant veut être pris au sérieux, il demande de la confiance, des directives et des conseils. […] Nous ne nous comportons pas sérieusement par rapport à un enfant, nous lui témoignons en permanence de la méfiance, nous le repoussons par notre manque de compréhension et lui refusons notre aide. » « L’éducation est intolérante, méfiante et aliénante. Les châtiments corporels ont été remplacés par le chantage affectif et l’exclusion, la stimulation des sentiments de culpabilité et de remords » (Janusz Korczak, ibid.).
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L’implication
Au cours d’une rafle dans les rangs de l’intelligentsia polonaise, Janusz Korczak est jeté en prison par la répression tsariste. Il partage pendant deux mois sa cellule avec le traducteur polonais de Karl Marx. Tout en soutenant la lutte pour l’indépendance, il refuse l’idée de prendre les armes et se préoccupe de l’avenir: « Mais les enfants, avez-vous pensé aux enfants ? » demande-t-il en vain à ses amis révolutionnaires. Il pense qu’il est temps d’engager les importantes réformes en faveur des enfants qu’il réclame depuis longtemps. À 32 ans, fort d’une grande expérience, il lui tarde de pouvoir mettre ses idées en pratique mais pour cela la médecine ne lui suffit plus. Le projet qu’il mûrit sera le fruit de son analyse critique radicale de la société et de son pessimisme devant ce qu’il a pu déjà observer de l’inconséquence des adultes.
Il décide de devenir l’éducateur responsable que son père n’avait pas été, non pas pour ses enfants, car il n’en aurait pas, mais pour tous les enfants.
En 1910, il accepte l’offre d’une œuvre de bienfaisance juive de prendre la direction d’un nouvel orphelinat moderne et spacieux dont elle a décidé la construction. Il ne touchera aucun salaire et il devra se contenter d’une mansarde sous les toits. Cette décision l’oblige à abandonner la médecine, ce qu’il regrettera plus tard. Il parviendra pourtant à concilier les deux disciplines en appliquant son sens de l’observation clinique à sa démarche d’éducateur attentif aux plus petits symptômes de l’évolution des enfants dont il avait la charge. « Sans années d’enfance heureuses, toute la vie est mutilée »
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« DOM SIEROT » (La Maison des Orphelins)
Situé au n° 92 d’une rue populaire de Varsovie (l’ancienne rue Krochmalna), l’établissement a ouvert à la fin de l’année 1912, pour 107 enfants Juifs de 7 à 14 ans (51 garçons, 56 filles). Équipé de tout le confort possible à l’époque (salles de bains avec baignoires, chauffage central), son luxe a fait scandale. Dans son livre Comment aimer un enfant, Janusz Korczak a décrit les deux premières années de son fonctionnement. Il dirigeait la Maison conjointement avec Stefania Wilczynska (1886-1942) appelée « Stefa » (photo en vignette). Pendant trente ans l’établissement sera un creuset d’expériences éducatives innovantes. Sa réputation lui attirera de nombreux visiteurs. Mais son histoire est tragique. Le 29 novembre 1940, sur ordre de l’occupant nazi, l’orphelinat fut transféré dans le ghetto de Varsovie. Le 5 août 1942, Janusz Korczak, Stefa, les éducateurs et 200 enfants furent déportés au camp d’extermination de Treblinka et assassinés dans les chambres à gaz.
Photo d’archives de Dom Sierot. Janusz Korczak habitait la chambre mansardée sous les toits.
Dom Sierot a échappé aux bombardements et à la destruction de la ville de Varsovie. Seuls le toit et la chambre de Janusz Korczak ont brûlé. Après une interruption, l’orphelinat a été transformé en un établissement éducatif public accueillant une cinquantaine d’enfants. Partiellement rénové, il abrite aujourd’hui un petit musée et surtout le Centre international des Archives et de la documentation sur Janusz Korczak créé en 1992 : Korczakianum.
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La vie à l’orphelinat
Dom Sierot : le réfectoire, 120 places
Dom Sierot : l’atelier couture
Dom Sierot : la salle de bains avec les premières baignoires installées à Varsovie (en 1912)
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« NASZ DOM » (Notre Maison)
Un deuxième orphelinat ouvre en 1919 sur le modèle éducatif de Janusz Korczak qui en prend la direction pédagogique et médicale. La Pologne venait de recouvrer son indépendance et était confrontée à l’immense problème des orphelins de la guerre 1914-1918. Maria (Maryna) Rogowska-Falska (1877-1944), fondatrice de l’établissement, est une éducatrice formée à l’école de Maria Montessori. Elle avait découvert et apprécié Korczak sur le front russe alors qu’il était le médecin-chef de l’hôpital militaire de Kiev. Il l’avait efficacement aidé à prendre en main les enfants du Refuge dont elle avait la charge en y instituant quelques-uns de ses dispositifs éducatifs. L’orphelinat fut d’abord installé de façon précaire à Pruszkow, à l’extérieur de Varsovie, avec une cinquantaine d’enfants. Il en accueillera cent vingt ensuite, lorsque, grâce à l’appui d’Aleksandra Pilsudska, la femme du chef de l’État, Maryna et Korczak purent le transférer dans la proche banlieue de la capitale, dans un immeuble neuf construit selon leurs plans. Salué par la presse comme un « Palais de l’enfant », son inauguration en 1928 fut un événement.
Nasz Dom dans ses nouveaux locaux de Bielany (en périphérie de Varsovie).
M aryna Falska le dirigea jusqu’à sa mort en 1944. Janusz Korczak y travailla jusqu’en 1936, au moment où un conflit mal élucidé les séparera. Toutes les archives furent brûlées pendant le terrible hiver 1943-1944 alors que l’établissement avait été réquisitionné comme caserne. L’établissement est toujours un lieu de vie chaleureux et familial imprégné de la pensée de Janusz Korczak pour une centaine d’enfants de 3 ans à 25 ans. La Fondation Nasz Dom développe l’entraide entre les établissements éducatifs et la promotion des droits de l’enfant en Pologne.
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Un projet pédagogique innovant « Nous cherchons de nouvelles méthodes d’éducation » disait Janusz Korczak en partant d’un double constat : sur le plan scientifique on ne connaît encore rien à l’enfant et les adultes ignorent ou méprisent le peuple des enfants. Aucune institution ne leur est adaptée, l’École et la Famille ne respectent pas les enfants. Dans un tel monde, impossible pour eux d’être heureux : s’adapter revient à se perdre…
Comment rechercher le bonheur des « rebelles » et leur permettre de vivre pleinement leur enfance ? Quand à créer une communauté éducative, pourquoi pas une vraie République d’enfant, qui serait à la fois utopie et réalité quotidienne ? C’est dans une démarche guidée par le respect de l’enfant, sereinement et avec humour, que Janusz Korczak invente de nouvelles formes d’organisation collective susceptibles de leur offrir un monde bien à eux, désirable, qu’ils peuvent s’approprier. Il met en place un projet radicalement nouveau caractérisé par la défense et le développement des droits de l’enfant, l’éducation par le travail, l’éducation du citoyen, l’autonomisation et la responsabilisation progressives. « Avant tout, traiter les enfants avec sérieux et favoriser leur autonomie en les croyant capables de comprendre les limites et capables d’évoluer et de se corriger. Entre contrainte et laisser-aller, privilégier la concertation, le contrat, l’entente » (Maryna Falska, Nasz Dom, 1928).
Janusz Korczak et les enfants à Dom Sierot, vers 1930.
Dans les deux établissements, les réunions hebdomadaires du Tribunal des enfants arbitrent les conflits et gèrent efficacement la vie collective et la discipline en ne distribuant pourtant que des punitions symboliques. Sur la base d’un contrat social adultes/enfants, dans un lieu très investi où la loi est identique pour tous, les enfants sont associés à toutes les décisions. Il y a une cogestion permanente de l’évolution des règles et une volonté de mettre en place progressivement l’autogestion la plus large possible. Tout un ensemble de dispositifs éducatifs très élaborés accompagne les évolutions de la vie. Enfin, les possibilités permanentes d’auto-évaluation et d’auto-éducation aident concrètement les enfants à grandir.
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ENFANT
ET CITOYEN
Le nouveau venu porte pendant un an le titre de Novice. Il a un tuteur, plus âgé, chargé de l’informer, de l’aider, de le guider et de le défendre au besoin. Un mois après son arrivée, il fait l’expérience de son premier plébiscite : tous les enfants sont invités à voter pour exprimer leur appréciation sur lui avec l’une des trois cartes plébiscitaires qui leur sont remises et qui portent les signes : , , et 0.
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Au bout d’un an, le plébiscite est renouvelé. Le Conseil d’autogestion examine alors la fréquence et le décompte de ses affaires au tribunal, le total de ses unités de travail accumulées, sa catégorie scolaire, et il compare les résultats des deux plébiscites pour lui attribuer l’une des quatre catégories citoyennes. Le mieux, c’est d’être qualifié de « Camarade » ou « Citoyen ». C’est bien d’être « Habitant ». C’est le lot commun d’être « Habitant indifférent ». C’est ennuyeux d’être classé comme « Arrivant encombrant ».
Les deux premières catégories donnent certains avantages et des privilèges. Mais rien n’est figé. Les enfants peuvent monter en grade ou au contraire redescendre en bas de l’échelle en fonction de leur conduite, réévaluée chaque année.
Partie de ballon à Nasz Dom.
« Les qualifications citoyennes apprennent à connaître cette dure loi de la vie qui oblige tout un chacun à devoir supporter les conséquences de sa conduite et de ses actes. Elles apprennent à se hisser péniblement vers le haut, échelon par échelon. Elles apportent les joies de la victoire et l’expérience d’une reconnaissance sociale justifiée par des efforts et des qualités personnelles. Elles mettent en gardent en rappelant qu’on peut toujours retomber (à tout moment). Et elles redonnent foi en la possibilité d’une nouvelle victoire. » (Maryna Falska, Nasz Dom, Varsovie, 1928).
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LES SERVICES Les établissements korczakiens sont très bien tenus, d'autant que chacun, quel que soit son âge, participe activement aux tâches ménagères. Ils choisissent eux-mêmes leurs services en s’inscrivant sur le « Tableau des permanences ». Les corvées sont réparties à tour de rôle au cours d’une réunion spéciale : « la Réunion des tractations ». Surtout leur contribution est reconnue et prise en compte par le système des Unités de travail, nécessaire à leur évaluation annuelle. L’organisation du travail est très rigoureuse car le nombre des tâches à partager est plus de deux fois supérieur au nombre d’enfant. Janusz Korczak, comme tous les adultes, y participe. Il n'idéalisait pas le travail. Il attendait des enfants qu'ils fassent leur travail honnêtement et qu'ils apprennent à respecter celui des autres. Quand il portait sa blouse grise et que des visiteurs se présentaient, il s'amusait souvent à les laisser le confondre avec le gardien ou le jardinier. Les résultats obtenus à l’école comptent aussi beaucoup. Dans les deux orphelinats, les enfants sont scolarisés dans les écoles publiques ou privées environnantes. Avant leur départ, leur toilette et leur tenue sont soigneusement contrôlées. À leur retour, ils bénéficient d’un important service d’aide aux devoirs.
Le dortoir des filles à Dom Sierot.
La valeur des services est évaluée objectivement : l’unité de travail est d’une demi-heure. Certains services comptent comme une unité (30 par mois), d’autres comme une demi-unité (15/mois) ou 2 unités (60/mois). Chaque soir, l’enfant évalue lui-même, sur cette base et avec son éducateur, la valeur de sa participation. L’objectif est de donner confiance à l’enfant en ses propres capacités, de lui apprendre à mesurer des efforts, à travailler en équipe, à se dépasser. « La compatibilité en “unités de travail” permet de sortir des évaluations douteuses, des éloges hasardeux ou des réprimandes risquées, pour faire l’examen du bilan de la réalité telle qu’elle est ». (Maryna Falska, ibid.)
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LE TRIBUNAL
DES PAIRS
Une fois par semaine cinq nouveaux juges sont désignés par tirage au sort parmi les enfants qui n’ont eu aucune affaire au cours de la semaine écoulée ni n’en ont inscrites eux-mêmes. « Par ce moyen on entraîne tous les enfants à coopérer et à penser par eux-mêmes, même les plus timides, silencieux ou discrets ». Le tribunal siège chaque semaine à huis clos. Les sentences sont annoncées à la réunion générale. Le secrétaire du tribunal est un éducateur sans droit de vote. Les juges ont le pouvoir de pardonner ou de décider d’une peine. Ils appliquent le Code inventé et rédigé par Janusz Korczak, qui donne des formules toutes prêtes : s’il s’agit de pardonner, on dit pourquoi. S’il s’agit de déclarer quelqu’un coupable, on dit dans quelle mesure. Plus l’article attribué est important, plus grave est la sentence. L’expérience a montré qu’il y avait une cinquantaine d’affaires de déposées en moyenne par semaine pour cent enfants, et qu’elles pouvaient être jugées en une heure ou deux. S’il y en avait plus, d’autres juges étaient élus.
Le Tableau du tribunal, partie du tableau d’affichage où se pratiquait « l’inscription » (l’assignation).
Le tableau du tribunal, placé en évidence, est à la disposition de tous, enfants et adultes. Celui qui a un problème avec quelqu’un ou s’estime victime d’une injustice peut venir inscrire son nom et le nom de la personne concernée sur une feuille. Les enfants ont le droit d’inscrire des adultes. Le soir le secrétaire-éducateur prend les dépositions de chaque partie et note les remarques des témoins. Toutes les affaires ne vont pas jusqu’au tribunal : on peut retirer sa plainte, pardonner, se réconcilier. E
xemples tirés du Livre du tribunal (cités dans Nasz Dom, Maryna Falska) : Alinka/Stas, signifie : Alinka contre Stas, ou encore que Stas a une affaire avec Alinka. Pour l’affaire n° 1 ci-dessous, Stas s’est vu condamné à l’article 100, pour l’affaire n° 2, Zygmunt a eu la même sanction. 1. Alinka/Stas : « il m’a battu aujourd’hui à l’école » – Art. 100. 2. Mme K/Zygmunt : « Zygmunt a jeté du pain sur Stas, il ne l’a pas ramassé, le pain a traîné par terre » — Art. 100.
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LE CODE Comprenant mille articles, le code rédigé par Janusz Korczak propose en fait au Tribunal cent dix formules toutes faites, complétées de neuf possibilités d’attendus, pour évaluer, juger, pardonner ou sanctionner très facilement et très rapidement les fautes qui lui sont soumises. • Les 99 premiers articles excusent ou innocentent. Dans les 10 premiers articles, le Tribunal renonce au jugement. Jusqu’au 49e, l’accusé n’est pas vraiment coupable ou est invité à se réconcilier avec le plaignant. Du 50e au 99e, l’acquittement est prononcé pour toutes les raisons possibles, y compris à titre exceptionnel.
• Les condamnations commencent à l’article 100. À partir de là, on ne compte plus que par centaines. La répression commence avec l’article 500, la sentence étant alors publiée nominativement dans le journal de l’établissement.
• À l’article 600, le Tribunal ajoute à la publication l’affichage public de la sentence pendant une semaine. S’ajoutent ensuite progressivement la communication de la sentence à la famille puis la privation des droits civiques pour une durée d’une semaine. L’article 900 est celui du renvoi, mais l’intéressé peut encore rester si quelqu’un accepte de le prendre sous sa responsabilité et de répondre de toutes ses fautes. L’article 1000 est sans appel.
Image d’une séance fictive du tribunal des enfants du téléfilm de Claude Couderc consacré à Janusz Korczak « L’Adieu aux enfants », avec François Marthouret (Korczak) et Hélène Vallier (Stefa, derrière à droite) © France Télévision, 1981, tous droits réservés.
« Au début, les juges avaient tendance à prendre à la légère les plaintes des petits (coups, surnoms blessants, etc.). Très vite ils ont compris que la gravité d’une affaire se mesurait au degré de peine ressentie par la victime, au sentiment qu’elle a d’avoir subi une injustice. Il n’y a pas de “petite violence”.(Janusz Korczak, Comment aimer un enfant, pp. 338). « J’ai été jugé cinq fois […]. J’affirme que ces quelques procès ont été la pierre angulaire de ma propre éducation. Ils ont fait de moi un éducateur constitutionnel qui ne fait pas de mal aux enfants, non pas parce qu’il a de l’affection pour eux ou qu’il les aime, mais parce qu’il existe une institution qui les défend contre l’illégalité, l’arbitraire et le despotisme de l’éducateur. » (ibid., p. 344).
La courbe des sentences. « Comme dans un hôpital, où chaque malade possède sa feuille de maladie accrochée au pied de son lit, nous affichons au tableau du tribunal la courbe de la santé morale de notre établissement. Cela permet de voir tout de suite si les choses vont bien ou mal. Ainsi, si le tribunal a rendu quatre jugements selon l’article 100 (4 x 100 = 400), six selon l’article 200 et un selon l’article 400 […], nous noterons que la courbe des sentences de la semaine est montée à 2 000. » (ibid., p. 307).
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LE CONSEIL D’AUTOGESTION Le Conseil d’autogestion s’occupe de tout ce qui concerne la vie de l’établissement. Il choisit les activités ludiques, sportives et culturelles et il dispose pour cela d’un budget annuel (0,5 % du budget de l’établissement à Dom Sierot). Il se réunit une fois par semaine. Il est constitué de 10 ou 20 enfants élus (chaque établissement a ses propres règles). Un seul adulte est nécessaire : le président-secrétaire-éducateur qui représente l’équipe éducative et le Conseil pédagogique. Siéger ici représente une responsabilité importante. Les décisions sont votées avec les cartes plébiscitaires et à bulletin secret dans les cas les plus importants. Pour se faire aider dans sa tâche et pour les problèmes trop compliqués, le Conseil crée diverses Commissions (Commission de vérification de la propreté dans les casiers, Commission chargée des cahiers et des livres scolaires, Commission du budget, etc.). Au début, seuls les meilleurs éléments étaient éligibles (nombre d’affaires et de jugements très réduits, ardeur au travail, plébiscites favorables, bon niveau scolaire). Dans un second temps, les catégories des « Camarades », des « Habitants » et des « Novices » ont pu élire leurs représentants, des quotas de places leur étant réservés.
Réunion du Conseil d’Autogestion à Nasz Dom, avec Maryna Falska (à gauche, en deuxième position).
« Si on reconnaît ainsi le droit de l’enfant à s’exprimer et à prendre des décisions dans le domaine de sa propre vie, domaine où il peut être considéré comme un expert, ce n’est pas par la bonne volonté de l’éducateur. Ce n’est pas non plus sur d’éventuels renoncements brumeux et éphémères de l’éducateur à ses propres droits au profit du groupe des enfants. Non, ce droit s’impose et se consolide mécaniquement en dehors de l’éducateur, lentement, progressivement, à partir des besoins de la vie de tous les jours. » (Maryna Falska, Nasz Dom, Varsovie, 1928).
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LE PARLEMENT
DES ENFANTS
« Les adultes se demandent toujours comment faire avec les enfants et il y a longtemps qu’ils réfléchissent, qu’ils font diverses expériences. Certains disent : — Le mieux c’est de frapper ; d’autres : — C’est mieux d’expliquer ; d’autres encore : — Soyons bons avec eux, encourageons-les ; ou, au contraire : — Privons-les, de jeu, de nourriture : quand ils auront faim, ils obéiront. […] » « Nous aussi, nous avons fait divers essais, jusqu’à ce qu’une de nos expériences ait un peu mieux réussi. Voilà comment nous avons raisonné : — Nous les adultes nous savons beaucoup de choses au sujet de l’enfant, mais nous pouvons nous tromper. Par contre, l’enfant, lui, il sent bien s’il est bien ou mal.
Nous avons dit : — Que les enfants gouvernent eux-mêmes ! S’ils gouvernent comme il faut, ils s’en trouveront bien ; s’ils gouvernent mal, ils s’en trouveront mal. Du coup ils apprendront à bien gouverner, ils seront donc prudents, car ils voudront que tout se passe le mieux possible. […] Nous élirons un Parlement. Ce sont les enfants eux-mêmes qui choisiront leurs députés. Ce sont les enfants eux-mêmes qui voteront. » (Janusz Korczak « Sejm i Sad » 1921, in Nasz Dom 1919-1989, Warszawa, 1989, pp. 39-41).
Les parlementaires élus de Dom Sierot, vers 1930. Ils étaient considérés comme l’élite des enfants.
Le Parlement semble avoir été institué à Dom Sierot en 1919, au retour de Janusz Korczak de la guerre, et à Nasz Dom en 1921 ou il a pris le nom de Conseil d’autogestion. Dans les deux établissements, les représentants des enfants approuvaient ou rejetaient les nouvelles lois, fixaient les dates des nouveaux jours de fête et leur durée en nombre d’années, et il attribuait les cartes-souvenirs. Ils délibéraient également sur les arrivées et les départs des pupilles.
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DES «
OUTILS
»
POUR GRANDIR
Constamment, Janusz Korczak cherche par quels moyens favoriser chez les enfants, l’autonomisation, le sens des responsabilités, mais aussi la libre expression : « L’enfant ne pense pas moins ni moins bien que l’adulte : il pense autrement. Notre façon de penser est faite d’images ternies et de sentiments poussiéreux. L’enfant, lui, pense avec ses sentiments, pas avec son intellect. Cela ne nous aide pas à communiquer avec lui et il n’y a probablement pas d’art plus difficile que celui de parler aux enfants. » (Janusz Korczak, Comment aimer un enfant, p. 297).
Les réunions-débats Moments d’échanges privilégiés: expérimentation du langage vrai entre l’éducateur et l’enfant. « Rien de plus facile cependant que de transformer ce genre de réunion en parodie de débat. […] Une vraie réunion-débat doit être libre de toute pression et de toute arrière-pensée; il faut que les enfants puissent s’exprimer librement devant un éducateur honnête et attentif. » « Une bonne entente avec les enfants, cela se mérite. Cela ne vient jamais tout seul! […] Toutefois soyons prudents. Il y a des enfants qui aiment vivre en groupe et d’autres qui préfèrent rester seuls. Laissons ces derniers poursuivre individuellement leurs efforts et leurs pensées. » (Ibid., pp. 297-298).
La boite aux lettres Complémentaire du Tableau d’affichage, à l’accès libre et public, la boîte aux lettres facilite la communication entre les enfants et l’équipe éducative. Il est parfois plus facile d’écrire quelque chose que de le dire. Son usage permet de remettre à plus tard une décision. Surtout elle apprend à faire la part des choses, à réfléchir, à motiver une action.
Le droit de se bagarrer Pour régler leurs querelles, en plus du tribunal, plutôt réservé aux problèmes de droits et d’injustice. Les enfants avaient l’autorisation de se battre, à condition de respecter les règles: il fallait être de force égale à son adversaire, les armes et les coups dangereux étaient interdits. Il y avait aussi un Registre des combattants, sur lequel ils devaient faire inscrire le nom de la personne avec laquelle ils désiraient se battre et pour quel motif. Ceci devait être fait avant le combat, mais au cas où des bagarres imprévues éclataient, on le faisait lorsqu’elles étaient terminées. Ce contrat admis et apprécié par tous éliminait pratiquement toute violence incontrôlée et rendait la vie bien plus facile aussi bien aux adultes qu’aux enfants. L’encadrement des bagarres sécurise les enfants, tout en laissant une issue aux pulsions agressives et aux ressentiments accumulés. Dessin d’Isaac Belfer, ancien pupille de Dom Sierot, peintre en Israël (tous droits réservés).
Les paris C’est un moyen individuel, concret et stimulant, d’essayer de se dépasser, de remporter une victoire sur soi-même. Les paris sont pris un seul jour par semaine, en tête à tête avec le directeur qui note les résolutions prises et acceptées. Mais l’enfant sait que personne n’ira vérifier s’il a tenu son pari ou pas. L’authenticité de ses victoires est le problème de l’enfant lui-même. À chaque visite au « Casino », on ne gagne ou on ne perd que des bonbons (mais on repart toujours avec un !). Les paris sont protégés par le silence (personne n’en parle, jamais !). Exemple : « Je parie que je ne me bagarrerai pas plus de deux fois par semaine ».
Les cartes-souvenirs Elles sont délivrées par le Parlement à titre d’encouragement ou de mise en garde. Le choix des images est symbolique de l’attitude du destinataire ou du message à lui faire passer. Il existe une quinzaine de types de cartes possibles, incluant la carte d’adieu au départ de l’établissement. Verso d’une carte-souvenir de Dom Sierot. A côté du sceau du Parlement des enfants, on lit : « Carte postale-souvenir {attribuée à} M. Jakub (nom illisible) en souvenir du tutorat (illisible), Varsovie, le 21 juin 1932 ».
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« MALY PRZEGLAD »
(1926-1939) Le journal des enfants pour les enfants
« Maly Przeglad », la « Petite revue » était un journal entièrement rédigé par des enfants et diffusé sous forme d’encart dans un hebdomadaire national. Un seul adulte : « un vieux chauve à lunettes, pour qu’il y ait de l’ordre » siégeait à son Comité de rédaction. Très populaire, forte d’un réseau de 2 000 petits correspondants de presse en province, « Maly Przeglad » tirait à 150 000 exemplaires. Sa parution n’a été arrêtée que par l’invasion du pays par les nazis…
Janusz Korczak y voyait là un formidable outil de communication, d’incitation à la lecture, d’auto-éducation, de solidarité et de promotion des droits de l’enfant. En parvenant à rétribuer les articles reçus, il en avait fait aussi une forme d’aide sociale discrète et valorisante, peu courante à cette échelle.
La « Petite revue » - Numéro consacré à son dixième anniversaire.
Un mot en provenance de Paris, numéro du 19 octobre 1927.
En règle générale, les articles étaient dactylographiés avec correction des fautes d’orthographe et un respect total de la syntaxe et du vocabulaire employés par l’enfant. Il fallait parfois attendre longtemps avant d’avoir le plaisir de découvrir son article imprimé. La « Petite revue » était aussi diffusée à l’étranger. Traduction du message manuscrit de l’un de ses lecteurs parisiens (ci-dessus à droite) : « J’ai 4 ans et je vais à l’école. Je sais compter jusqu’à cent. On m’a donné des crayons de couleur pour Noël. Est-ce que vous donnez des cadeaux pour les fêtes ? Je vous prie de me répondre. Merci. Alfred, Paris ».
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Témoignages Joseph Arnon
Jacques Dodiuk
Éducateur à Dom Sierot de 1929 à 1932
Pupille à Dom Sierot de 1928 à 1934
« On doit rappeler qu'à cette époque, en Pologne (et particulièrement à la fin de la première guerre mondiale), les orphelinats étaient remplis de jeunes socialement "perdus", vivant en conflit permanent avec les normes établies. […] Ces enfants, en règle générale, se montraient allergiques à toute forme d'autorité. […] Derrière ces méthodes, il y avait la détermination de resocialiser les enfants entrés dans son établissement. La plupart de ces enfants présentaient des troubles du comportement. Janusz Korczak cherchait à les réinsérer en organisant un mode de vie et des règles de discipline originales qui pourraient leur apprendre de nouvelles valeurs et leur redonner confiance en eux.
« Je suis né en 1920, dans le petit village d'Alexandra, à deux cents km de Varsovie. Mon père est mort en 1922. Quand j'ai eu six ans, ma mère est venue vivre chez une de ses sœurs à Varsovie. Un jour elle m'a emmené à l'orphelinat du Docteur Korczak. Je me souviens que je m'y suis tout de suite senti très bien. Quelques jours plus tard, on m'a inscrit à l'école. J'avais huit ans.
[…] Janusz Korczak expliquait que la relation adulte-enfant ne doit pas se manifester de façon autoritaire mais elle doit se mettre en place sur la base d'une compréhension mutuelle. […] Dans sa volonté de créer les conditions nécessaires pour une “enfance heureuse”, il s'opposait aux pseudo-éducateurs qui font seulement semblant de s'intéresser aux enfants. [Il prônait un] système dans lequel les enfants et les adultes se trouvaient à égalité de droit […] Mais il tenait à ce que les enfants restent toujours capables, quels que soient leurs sentiments et les circonstances, de respecter l'adulte. […] Le système pédagogique de Janusz Korczak reconnaissait des différences de hiérarchie entre les enfants. Il y avait des enfants plus ou moins privilégiés. Mais ces privilèges résultaient des contributions des enfants au travail de l'orphelinat, de leur dévouement pour les autres et découlaient de l'exemple personnel donné. Ce n'était pas une élite fondée sur la force, mais une société communautaire dans laquelle les plus grands étaient des modèles pour les plus jeunes. Janusz Korczak voyait dans l'orphelinat une institution évolutive. Il n'avait pas fixé de finalité politique à laquelle il voulait amener les enfants. Il voulait seulement rendre aux orphelins ce que le destin leur avait ravi : une enfance heureuse. L'autogestion assumée par les enfants n'impliquait pas une tyrannie de la force mais était, au contraire, un moyen d'éducation. Pas d'obéissance aveugle à des lois incomprises des enfants mais au contraire un apprentissage du respect mutuel. […] Si je puis me le permettre, après tant d'années de travail avec des enfants, je ferai une comparaison entre les internats que j'ai connus : Public schools britanniques ou institutions kibboutziques, et l'orphelinat de Janusz Korczak. Partout, j'ai retrouvé un élément commun d'importance : la volonté de libérer l'enfant de la lutte pour sa survie économique, afin de créer une République des jeunes, où l'enfant peut grandir de façon évolutive et heureuse. […] Critères moraux défendus par une Constitution élaborée par tous, enfants et adultes. »
À son arrivée, chaque nouveau pupille avait un tuteur qui s'occupait de lui pendant un an pour le mettre au courant du fonctionnement et des règles de vie à l'intérieur de l'orphelinat. Au bout d'un mois, il était soumis à un vote pour que les autres enfants expriment leur opinion à son sujet. À la fin de la première année, un autre vote lui attribuait une catégorie civique. Il y en avait quatre : “Nouveau venu désagréable” “Habitant indifférent” “Habitant” et enfin “Camarade” ou “Citoyen”. Il y avait aussi le Parlement. Il comptait vingt députés qui représentaient l'élite. C'était un grand honneur d'y être élu par les enfants. Le Parlement confirmait ou rejetait les propositions du Conseil pédagogique, décidait de l'organisation de certaines fêtes et pouvait même se prononcer au sujet de l'admission d'un enfant à l'orphelinat ou de l'expulsion de ceux qui avaient commis des fautes très graves. L'institution la plus importante était le Tribunal des enfants, dont le docteur Korczak avait rédigé le Code. Il s'occupait des conflits et des principaux délits : injures, coups, vols, manquements à la discipline ou à l'exécution des corvées. Dans ces deux derniers cas, c'étaient les éducateurs qui portaient plainte contre les enfants. Le Tribunal se composait de cinq juges, âgés de 12 à 14 ans, dont les noms étaient tirés au sort parmi les enfants n'ayant pas commis de faute pendant une semaine. Un éducateur participait au Tribunal comme secrétaire, sans droit de vote. Il annonçait les affaires à juger et inscrivait les verdicts sur un registre. Les condamnations étaient sans appel. Le samedi matin, pendant la réunion générale, en présence de tout le monde, le docteur Korczak ou Stefa lisait à voix haute le journal parlé qui contenait le compte rendu de tous les événements de la semaine et où les verdicts du Tribunal étaient annoncés. Des enfants pouvaient avoir eu jusqu'à cinq ou six affaires dans la semaine. Selon les articles qu'ils avaient eus, certains se mettaient à pleurer.
Une fois j'ai réussi à être juge. C'était un grand honneur. Mais j'ai également été jugé à plusieurs reprises. Une fois j'ai même écopé de l'article 800. Une autre fois, j'ai porté plainte contre un instituteur de l'école qui m'avait frappé la main avec une règle. J'étais indigné car à l'orphelinat les éducateurs ne nous touchaient jamais. Mme Stefa alla parler avec le directeur de l'école qui me fit ensuite venir dans son bureau avec l'instituteur. On ne le revit jamais à l'école. »
Joseph Arnon. Extraits de : Wo was Janusz Korczak ? Midstream N.Y., 1973 © AFJK 2000, traduction inédite.
Entretien avec Jacques Dodiuk © AFJK 2000.
Sur la photo de gauche, prise à Varsovie quand il avait 15 ans, Jacques Dodiuk est au fond au milieu avec les lunettes. On le reconnaît sur la photo de droite, un peu plus âgé, en 1990, à Paris, en compagnie d’autres amis.
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Formation et communication
Janusz Korczak enseigne à l’Institut de pédagogie spécialisée, à l’Université libre de Varsovie et à l’École Normale pour les éducatrices d’école maternelle. Il est un enseignant et un formateur très apprécié. Il est aussi médecin expert auprès du tribunal pour enfants. Il s’y rend une fois par semaine (le lundi) et assure la défense des enfants délinquants. Il veille à éviter la prison aux enfants des quartiers pauvres, le plus souvent accusés de vols. « L’enfant délinquant est encore un enfant. Une condamnation trop forte peut influencer défavorablement sa future perception de lui-même et son comportement » (« Théorie et pratique », Moments d’éducation). Ses plaidoiries sont très attendues et elles font souvent sensation (exemple de l’affaire Stanislaw Lampitz en 1927 concernant un lycéen meurtrier par accident). En 1934, il crée une série d’émissions pour enfants à la radio : les « causeries du Vieux docteur ». La chaude voix de Janusz Korczak captivera le pays tout entier pendant deux ans, le jeudi, à une heure de grande écoute. Tout en sachant merveilleusement parler aux enfants et en s’adressant à eux directement, il parvenait rapidement à intéresser toute la famille avec ses récits remplis d’interrogations, d’humour et de bienveillance, et son expérience inégalée du monde de l’enfance.
Janusz Korczak dans une rue de Varsovie, vers 1938.
Janusz Korczak se décrivait parfois comme un fin « sculpteur de l’âme enfantine ». Il était en tout cas un véritable « médecin de l’éducation », au sens où l’entendait et agissait elle-même la psychanalyste Françoise Dolto.
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Les années noires L’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne en 1933, l’abrogation des lois protégeant les minorités en 1935 et la progression de l’antisémitisme en Pologne marquent le début d’une des périodes les plus tragiques de l’Histoire. À l’invitation de ses anciens pupilles, Janusz Korczak se rend par deux fois en Palestine pour deux courts séjours en 1934 et 1936. Il découvre avec beaucoup d'intérêt la vie des premiers kibboutzims tout en restant critique sur la question de la colonisation. À Varsovie, il devient à son tour la cible de la presse de droite. Ses émissions de radio sont interrompues pour cause avouée d’antisémitisme. Il en est bientôt de même au Tribunal. Il doit quitter son poste à Nasz Dom. Il se sent inutile et profondément déprimé. Petite consolation, l’Académie polonaise de littérature lui attribue sa plus haute distinction pour son œuvre littéraire (le Laurier d’or, le 4 novembre 1937), après la « Polonia restituta » reçue en 1933 du gouvernement pour services rendus. Il consacre tout son temps à la Maison des orphelins. Invité à revenir à la radio, il y donne, en 1938, trois nouvelles séries de causeries très suivies. Conscient du danger, il envisage à son tour d’émigrer, mais il y renonce au dernier moment, ne pouvant se résoudre à abandonner « ses » orphelins au moment ou ils ont tant besoin de lui.
Janusz Korczak sur le bateau qui l’emmène en Palestine.
D
« ans le paysage de son époque, sa silhouette se dessine comme celle d’un errant exceptionnellement solitaire. À chacun il était étranger, mais il était partout respecté comme un étranger respectable. Les nationalistes polonais ne pouvaient pas lui pardonner son origine juive. Les Juifs non assimilés voyaient en lui un écrivain polonais, un représentant de la culture polonaise. La gauche — plus précisément la jeunesse révolutionnaire militante — se sentait rebutée par son scepticisme et par le fait qu’il n’associait pas la question de l’enfant à la lutte pour un changement de régime ; pour les conservateurs et les pro-gouvernementaux, il était de gauche, presque un bolchevik pour tout ce qui touchait à l’enfant. Dans le milieu littéraire, il vivait en marge des courants et des groupes, admiré avec une certaine commisération : un talent sans doute, disait-on, mais un foutu bâtard, fils de cette sale pédagogie. Quant aux pédagogues, son tempérament de tribun les effrayait, les désemparait : ce Korczak après tout, peut-être n’était-il qu’un écrivain ? » Igor Newerly, Le lien vivant, Varsovie, 1966. Premier secrétaire de la « Petite revue » en 1926, Igor Newerly devint plus tard un écrivain célèbre.
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LE GHETTO
DE
VARSOVIE
Avec l’invasion soudaine de la Pologne par l’Allemagne le 1er septembre 1939 et la chute de Varsovie, la seconde guerre mondiale et la désolation s’étaient installées partout. En octobre 1940, une « zone d’habitation pour Juifs » fut délimitée et isolée à l’intérieur de la ville par un mur de trois mètres de haut surmonté de barbelés. En deux mois, en octobre et novembre 1941, cent quarante mille Juifs furent obligés de déménager dans cette zone que ses habitants non-juifs devaient abandonner en même temps. Janusz Korczak fut lui aussi contraint d’y transférer son orphelinat. La rue Krochmalna avait été séparée en deux par le mur du ghetto et l’orphelinat se trouvait du « mauvais » côté, à quelques centaines de mètres près. Ce furent finalement plus de 400 000 Juifs qui furent enfermés dans le ghetto de Varsovie avec parmi eux cinquante mille enfants. À l’intérieur, les conditions de vie se détérioraient chaque jour. Dès le premier hiver, on retrouva des centaines d’enfants morts de froid dans les maisons dévastées. La situation des enfants dans le ghetto était terrible. La plupart mendiaient dans les rues. Au printemps 1942, on y mourait tous les jours, souvent dans la rue, de faim, du typhus ou de la diphtérie.
Janusz Korczak et les enfants dans le ghetto, par Bruce Carter
(tous droits réservés).
Le dessin de Bruce Carter évoque l’indicible souffrance des habitants du ghetto de Varsovie jusqu’à sa révolte suivie de son anéantissement total en avril-mai 1943. Mais elle ne dit rien du formidable combat entrepris volontairement par Janusz Korczak pour aider et accompagner les enfants dans cette épreuve. Refusant les occasions répétées de s’enfuir que lui procurait sa notoriété, il s’est battu pied à pied pour les nourrir et les protéger autant qu’il le pouvait de l’enfer du ghetto. « Une mère abandonne-t-elle ses enfants ? Comment pourrais-je en abandonner deux cents ! ». Le Journal du ghetto tenu par Janusz Korczak est un bouleversant et instructif témoignage d’humanité ou le regard d’un grand éducateur confronté aux situations les plus extrêmes croise les réflexions d’un visionnaire qui continue de croire en l’homme. Fondé sur ce texte, le film Korczak d’Andrzej Wajda (1989) décrit cet ultime combat du Vieux docteur pour les enfants dans le ghetto de Varsovie.
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Le 5 août 1942
La « liquidation » du Ghetto de Varsovie commence le 22 juillet 1942. Elle est massive et systématique, quartier par quartier. Début août, la déportation de l’ensemble des enfants du ghetto est ordonnée. Les orphelinats sont raflés les uns après les autres. Voyant venir les derniers moments, Janusz Korczak fait jouer aux enfants « Amal, ou la lettre du roi », une pièce de théâtre de Rabindranath Tagore, grave et belle réflexion sur la mort des enfants (« Passeur emmènemoi sur l’autre rive du fleuve… »). L e 5 août 1942, Janusz Korczak, Stefa, les éducateurs et les enfants sont emmenés à leur tour à marche forcée vers l’Umschlagplatz. On les oblige à monter dans des wagons de transport d’animaux aussitôt verrouillés et plombés. Tous y sont assassinés dans les chambres à gaz. Aujourd’hui, dans le champ de pierres symboliques du Mémorial de Treblinka, toutes gravées d’un nom de ville ou de village, on remarque qu’une seule pierre est dédiée au souvenir de quelqu’un en particulier. On peut y lire : Janusz Korczak et les enfants.
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UNE
ŒUVRE INSCRITE DANS
UN COURANT D’IDÉES PROGRESSISTES
La profonde réforme de l’éducation et du statut de l’enfant engagée par Janusz Korczak s’inscrivait dans le grand courant d’idées progressistes qui agitait alors l’Europe. Sur le plan pédagogique, son action s’est située dans la lignée de « l’Éducation nouvelle », fondée sur la liberté et l’autonomie de l’enfant. Johann-Heinrich PESTALOZZI (1746-1827), pédagogue suisse, disciple de Jean-Jacques Rousseau, fondateur de l’Éducation populaire et d’écoles pour les enfants pauvres. Janusz Korczak l’admirait profondément. Jean-Marc Gaspard ITARD (1774-1838), médecin français, connu pour son travail de rééducation des enfants sourds-muets et devenu célèbre par son observation de Victor, « l’enfant sauvage » de l’Aveyron. Friedrich FRÖBEL (1782-1852), pédagogue allemand, promoteur d’un équilibre harmonieux de la psychologie de l’enfant, fondateur du premier jardin d’enfants. Francisco FERRER (1859-1909), pédagogue anarchiste espagnol, fondateur de « l’École moderne » de Barcelone en 1901 basée sur l’autodiscipline et le refus des punitions, le refus des examens et le respect de l’autonomie de l’enfant. Il fut condamné et fusillé pour ses idées. Maria MONTESSORI (1870-1952), médecin et pédagogue italienne, fondatrice d’une « Maison des enfants » à Rome en 1907, auteur d’une méthode pédagogique fondée sur une éducation sensorielle non-directive et sur la liberté active du jeune enfant. Ovide DECROLY (1871-1932), médecin et psychologue belge, fondateur d’une École nouvelle à Bruxelles et théoricien de « l’École de la vie ».
Frantisek BAKULE (1880-1957), instituteur tchèque, a consacré sa vie à l’éducation des enfants bohémiens des faubourgs de Prague. Ensemble, ils sont parvenus à se construire une maison (un Institut) et à former une chorale qui rencontra un succès international. Anton Semenovitch MAKARENKO (1888-1939), éducateur et écrivain soviétique, adepte de l’éducation et de la réadaptation des adolescents par le travail collectif.
Alexander Sutherland NEILL (1883-1973), pédagogue britannique, fondateur en 1924 du self-government de Summerhill, basé sur la non-directivité.
Célestin FREINET (1896-1966), instituteur français, initiateur des « méthodes actives » d’enseignement (imprimerie à l’école). Il voulait assurer « la libération pédagogique de l’enfant ».
Aujourd’hui L’importante évolution des connaissances dans le domaine de l’enfant, la prise de conscience des problèmes de maltraitance et de violence institutionnelle, et les problèmes actuels de l’éducation permettent de mieux comprendre la démarche éducative de Janusz Korczak, et de plus en plus, de s’en inspirer. Le caractère universel de ses recherches, ses efforts pour transformer les rapports entre les adultes et les enfants, le profond respect de l’enfant qu’il a développé et enseigné, sont devenues une référence incontournable pour les éducateurs, les enseignants, les formateurs et les parents du XXIe siècle.
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SON
ŒUVRE LITTÉRAIRE
Janusz Korczak a écrit d’innombrables articles, de nombreux essais, des ouvrages pédagogiques et romans pour adultes et pour enfants. Les plus célèbres étant sans doute : Comment aimer un enfant, ouvrage pour adulte sur l’art d’aimer et d’éduquer ses enfants et Le Roi Mathias Ier, son grand roman pour enfants propédeutique de la démocratie, tous deux traduits et publiés dans le monde entier. En 1992, l'Association Korczak internationale, qui siège à Varsovie, a entrepris de faire publier la première édition scientifique critique de ses Œuvres complètes : Korczak DZIELA, en une vingtaine de tomes. Aboutissement des recherches entreprises depuis les années 1960 sous la direction du professeur Aleksander Lewin, cette édition est la première présentation scientifique complète des travaux de Janusz Korczak. Elle est dotée d’un appareil critique : chaque tome réunit des textes de Korczak complémentaires, accompagnés de notes philologiques (études grammaticales et linguistiques des différents manuscrits et de leurs variantes) et de notes de l’éditeur.
Janusz Korczak est traduit et publié dans le monde entier (Extrait des collections du Centre de documentation de l’AFJK).
En France, une douzaine d’ouvrages divers de Janusz Korczak avaient été traduits en français dans les années quatrevingt (représentant environ un tier de Korczak Dziela) – la plupart sont épuisés. En Israël, les Œuvres complètes ont été publiées sans appareil critique. En Allemagne, l’Association Korczak allemande et les Universités de Wupperthal et de Giessen sont parvenues à publier l’édition complète avec une classification thématique et des analyses adaptées à l’édition allemande.
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LE
ROI
MATHIAS PREMIER
Janusz Korczak commence son roman avec une photo de lui à l’âge de 8 ans en expliquant : « Lorsque j’étais ce petit garçon, là sur la photo, je voulais faire moi-même tout ce qui est raconté dans ce livre ». Il ajoute qu’on ne devrait pas montrer les photos des rois, des voyageurs et des écrivains uniquement quand ils sont adultes ou vieux car cela fait croire qu’ils ont toujours été sages, comme s’ils n’avaient jamais été petits. En les voyant « les enfants pensent qu’ils ne pourront jamais devenir eux aussi ministre, voyageur ou écrivain et ce n’est pas vrai ». À travers les aventures de cet enfant-roi qui se verra finalement détrôné puis exilé, Janusz Korczak crée un Parlement des enfants à côté de celui des adultes, avec l’idée que la démocratie devrait pouvoir évoluer également à partir des enfants. Premier grand roman initiatique des droits de l’enfant et de l’éducation à la vie de la Cité, Le roi Mathias 1 , s’inscrivant dans l’imaginaire des enfants, a fait rêver et réfléchir des générations entières dans le monde entier. Aujourd’hui, partout, il suscite des projets pédagogiques et il est régulièrement le support d’adaptations théâtrales. er
Résumé de l’histoire Le fils d’un roi ne sachant encore ni lire ni écrire, hérite du trône. Confronté à l’aveuglement des adultes qui conduisent son pays à la guerre, il décide de devenir un Roi réformateur au service des enfants. Ce n’est pas de tout repos, surtout quand il s’agit de leur donner la démocratie ! Plus question de rester ignorant, il traverse de terribles épreuves. Il lui faut beaucoup apprendre, convaincre les ministres, donner la parole aux enfants, composer avec ses voisins. Mathias connaît le succès et l’échec, l’amitié et la trahison. Il reste jusqu’au bout fidèle à son engagement. Il a 10 ans.
L’épopée se prolonge en une deuxième partie : Le roi Mathias sur une île déserte, écrit un an plus tard, en 1923, à la demande unanime des enfants. L’histoire reprend avec l’exil de Mathias sur une île après sa défaite. Le jeune garçon découvre la nature, la solitude et la réflexion. Il commence alors un autre voyage initiatique, intérieur celui-là, qui l’aidera à grandir et à trouver sa voie. Le roi Mathias 1er, trad. Maurice Wajdenfeld, Éd. Martineau, Paris, 1967, 320 pages. Repris par Gallimard Jeunesse, en 1978, Folio Junior n° 36 et 37, épuisés — Feuilleton radiophonique en cinq épisodes de vingt minutes créé sur France Culture du 24 au 29-12-1968, adapt. J.-P. Cisife, réal. J.-P. Colas. Le roi Mathias sur une île déserte, trad. Maurice Wajdenfeld, Éd. Atelier Cauchois, Rouen, 1986, 296 pages. Rééd. Gallimard Jeunesse, 1991, Folio 598.
© Droits réservés AFJK 2001
« Les adultes ne devraient pas lire mon livre; il y a des chapitres qui ne leur sont pas destinés, ils ne les comprendraient pas et ils s'en moqueraient. Mais s'ils veulent absolument lire ce roman, qu'ils essayent tout de même : on ne peut rien interdire aux grandes personnes car elles n'obéissent pas. Et qui pourrait les en empêcher ? » (Le roi Mathias 1 , p.1). er
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LA RECONNAISSANCE
INTERNATIONALE
DES DROITS DE L’ENFANT Janusz Korczak secouait les consciences et défendait la notion des droits de l'enfant depuis la fin du XIXe siècle. Dans les années vingt, il avait réclamé l'engagement de la toute nouvelle Société des Nations (SDN), l'ancêtre de l'ONU. Le texte final, la Déclaration de Genève de 1924, l'avait déçu et irrité par son manque d'implication… Mais l'influence de Janusz Korczak aura été finalement déterminante dans l'aboutissement de la Convention internationale relative aux Droits de l'enfant (CIDE) adoptée à l'unanimité de l'Assemblée générale des Nations Unies en son vote historique du 20 novembre 1989. La Pologne est en effet à l'origine du texte. C'est en sa mémoire qu'elle en avait pris l'initiative en 1978, pour la préparation de l'Année internationale de l'enfant. En 1979, l'ONU confia à l’UNICEF l'organisation d'un très important groupe de travail pour faire avancer le texte polonais initial et son secrétariat permanent fut confié à Défense des Enfants International (D.E.I.) à Genève. Dix ans de négociations et de compromis, la persévérance de Nigel Cantwell, le directeur de DEI, et tous les efforts de la diplomatie française furent nécessaires pour parvenir à cette grande conquête qu'a représenté l'adoption en 1989 du premier texte qui contraint les États à respecter et à faire appliquer les droits de l'enfant.
Oui, il existe des droits sans devoirs… On affirme un peu vite que droit rime avec devoir. Le souci est évident de dénier leurs droits à ceux qui ne respecteraient pas leurs devoirs. Concrètement on exige aujourd’hui sans fard que les enfants commencent à respecter leurs devoirs en vénérant leurs parents, leurs professeurs, et les adultes en général avant qu’on parle de leurs droits. […] Reste que ce raisonnement est doublement erroné. D’abord parce que, cyniquement, les devoirs seront d’autant mieux intégrés et respectés que les individus et les groupes auront le sentiment d’être reconnus comme personnes physiques ou morales. L’histoire de l’humanité démontre la justesse de cette règle. Deuxièmement parce qu’il est des droits – les droits de l’Homme – qui ne sont gagés par aucun devoir. Le droit d’être entendu par celui qui décide de votre sort, le droit d’être assisté, le droit de contester la décision, tout simplement, le droit de ne pas être persécuté du fait de sa personne ou de ses opinions, le droit d’être respecté, etc., tous ces droits et bien d’autres ne sont gagés par aucun devoir. La jeune femme qui croise un homme qui ne l’agresse pas devrait-elle le remercier ? Il est temps d’oser dire haut et fort que la dialectique droits et devoirs que certains veulent nous imposer comme raisonnement vise seulement à justifier la répression pure et dure et au final à dénier que l’enfant puisse même avoir le moindre droit. C’est l’esprit même de la CIDE, donc du droit français applicable à tous, que de dénoncer ce raisonnement ! Jean-Pierre Rosenczveig président de DEI-France, Éditorial du 20 novembre 2001, diffusé sur son site Internet : http://www.rosenczveig.com
« Je demande la parole, dit le Roi Triste. Je ne suis pas d’accord avec mes prédécesseurs. Ce qu’ils déclarent maintenant à propos des enfants, on le disait jadis à propos des paysans, des ouvriers, des femmes, des Juifs, des Noirs.
Aux uns on reproche un défaut, aux autres une différence, et tout cela sert de prétexte pour n’accorder aucun droit aux enfants. […] Mathias a seulement voulu aller trop vite. Il faut les libérer petit à petit de l’emprise des adultes. » Le Roi Mathias sur une île déserte, J. Korczak, 1923 (Éd. Gallimard Jeunesse, p. 104)
Un processus historique est engagé La Convention internationale des droits de l’enfant adopté le 20 novembre 1989, a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité en devenant le premier traité international qui oblige les États signataires à mettre en œuvre et à faire respecter chez eux tous les droits de tous les enfants. En septembre 1990, le premier Sommet mondial pour les enfants a été l’événement qui a rassemblé le plus grand nombre de chefs d’États et de gouvernements de la planète. Dans une Déclaration mondiale et un Plan d’action ces dirigeants se sont engagés à rendre compte régulièrement de leur action pour la bonne application des droits de l‘enfant dans leur pays et dans le monde. En 2001, 191 pays, soit tous les pays du monde sauf deux, les États-Unis et la Somalie, ont ratifié la Convention. La Somalie pour des raisons techniques, liées à l’état de ses institutions. Les États-Unis, pour trois motifs : 1- Parce que plusieurs de ses États refusent d’abolir la peine de mort pour des crimes commis par des mineurs ou des handicapés ; 2- Pour la défense des… droits des parents : de nombreux lobbies soutenus par le Sénateur Jesse Helms pensent que la Convention s’oppose aux droits légitimes des parents sur leurs enfants ; 3- Pour ne pas modifier sa loi sur l’avortement.
__________________________________ Pour se procurer le texte de la Convention et l’historique de la Convention, demander le dossier produit par l’UNICEF avec l’aide de DEI UNICEF 3 rue Duguay-Trouin, 75006 Paris Tél. 01 44 39 77 77. Voir aussi le Conseil Français des associations pour les Droits de l’Enfant COFRADE 3 av. de l’Europe, 92300 Levallois-Perret Tél. 01 49 64 09 10
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Au
XXIe
siècle
Dans les pays riches, beaucoup d’efforts et de progrès ont été faits pour reconnaître ces minimums que sont le droit à la vie, à la santé, à l’enseignement, au logement et à la protection sociale des enfants. Mais chaque jour l’actualité nous montre qu’ici comme ailleurs ils sont toujours les premières victimes de la folie des hommes. « Un enfant, c’est si peu de chose ! ». Qui va changer cela ? C’est que donner de l’argent ou faire des lois ne suffit pas pour faire évoluer les mentalités. En faisant du respect de l’enfant la clé de voûte de l’éducation, en agissant non plus pour les enfants mais avec les enfants, Janusz Korczak a montré qu’il était indispensable de faire participer les enfants à tout ce qui les concerne, c’est-à-dire de leur donner aussi des droits actifs — comme l’a reconnu la CIDE en ses articles 12 à 17. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, affirment comprendre les idées du « Vieux docteur » de Varsovie. Mais il y a encore loin des bonnes intentions aux actes, tant sont fortes et anciennes les résistances du « peuple des adultes » à l’égard du « peuple des enfants ». On peut même redouter, comme Janusz Korczak, que seuls, sans l’aide des enfants, les adultes ne parviendront pas à éviter les répétitions de leur Histoire.
C’est pourquoi, il est important aujourd’hui que les enfants connaissent bien quels sont leurs droits. Liste des principaux droits actifs de l’enfant reconnus par la C.I.D.E, le 20 novembre 1989.
Article 12 1. Les États garantissent à l’enfant le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération en fonction de son âge.
Article 13 L’enfant a droit à la liberté d’expression.
Article 14 Les États respectent le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ils respectent le droit et le devoir des parents de guider celui-ci.
Article 15 Les États reconnaissent les droits de l’enfant à la liberté d’association et à la liberté de réunion pacifique.
Article 16 1. Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. 2. L’enfant sera en cela protégé par la loi.
Article 17 Les États reconnaissent l’importance des médias. Ils les encouragent à diffuser des informations utiles à l’enfant et à son éducation, de sources variées. Ils encouragent la publication des livres pour enfants.
Limites La Convention précise que le libre exercice de ces droits ne peut faire l’objet que des seules restrictions imposées par la loi « et qui sont nécessaires dans une société démocratique », à savoir : a) le respect des droits, de la liberté ou de la réputation de chacun ; b) la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre public et de la santé publique.
-«
Sais-tu, Mathias, nous avons toujours agi en vain parce que nos réformes ne s'adressaient qu'aux adultes. Essaie avec les enfants, peut-être réussira-tu ? » (Janusz Korczak, Le Roi Mathias Premier, 1922, Éd. Gallimard Jeunesse, t. I, p. 137).
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Adresses utiles Défenseur des enfants 35 rue Saint-Dominique 75007 Paris
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Le service national d’accueil téléphonique Composer le : 119 Appel gratuit, 24 heures/24
W. Siudmak © A.F.J.K. 1992
Oui, les enfants sont fatigants ! « Vous dites : — C’est épuisant de s’occuper des enfants.
Vous avez raison. Vous ajoutez : — Parce que nous devons nous abaisser à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. Vous vous trompez. Ce n’est pas cela qui nous fatigue, mais c’est le fait que nous devons nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. Nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser. »
Janusz KORCZAK, Quand je redeviendrai petit, traduction Shoshana Cachan © AFJK, 2001.
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Oui, l’enfant a des droits ! Des droits pour tout le monde, tout le monde y a droit ! Les adultes le savent : les enfants ont des droits ! Mais, quand ça les dérange… Ils suppriment nos droits ! Êtres humains, les enfants vivent, ils y ont droit ! Oui ! Le droit au respect, tout enfant y a droit ! — Adultes ! Respectez l’expression de nos droits ! Dans la vie, montrez-nous l’égalité des droits ! Si l’adulte a un droit, l’enfant a le même droit ! Souvent l’adulte a droit… L’enfant n’a pas le droit ! Parents… Droit à l’erreur ! P’tits enfants pas le droit ! Parents, États ! Respectez la loi et nos droits ! Droit à l’éducation, à la santé. Oui ! Droit ! Droit d’expression et de loisir, oui à ces droits ! Droit à l’identité… Oui ! Droit à tous nos droits ! Élèves de cours élémentaire 2e année, École La Fontaine, Paris @ Droits réservés, Bernard Jabin, CE10, novembre 2000.
Poème collectif réalisé après la découverte en classe de l’histoire de Janusz Korczak et la mise en place de certains de ses dispositifs adaptés.
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BIBLIOGRAPHIE
FRANÇAISE DE
JANUSZ K ORCZAK
(Ordre chronologique. Les livres pour enfants sont signalés par un astérisque*).
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Colonies de vacances* Yoski, Moski, Sroule (1909) Traduit et préfacé par A. M. Fathaud-Brésin, Éd. Polyglottes, Paris 1970, 96 p.
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Colonies de vacances* (1910) Traduit et publié par A-M. Fathaud-Brésin, Éd. La pensée universelle, Paris 1984, 224 p.
•
La gloire* (1912) Traduit et préfacé par Z. Bobowicz, illustré par F. Davot, Éd. Flammarion, coll. Castor Poche nº 4, Paris 1980, 156 p., 19 ill. n & b.
•
Comment aimer un enfant (1919-1920), nouvelle édition suivi de « Le droit de l’enfant au respect » (pamphlet, 1928) Trad. Z. Bobowicz (1978), préf. de S. Tomkiewicz, chronologie en postface, Éd. R. Laffont, coll. Réponses, Paris 1998, 408 p.
•
« La gazette scolaire »* (1921) Trad. Z. Bobowicz, Publication pédagogique du CLÉMI, Paris 1988, 24 p.
•
Seul à seul avec Dieu* Prières de ceux qui ne prient jamais (1921) Traduit et préfacé par Z. Bobowicz, Éd. Point Seuil, 1995, 94 p. et Éd. Cana, 1982, 68 p.
•
Le roi Mathias Premier* (1922) Trad. M. Wajdenfeld (1967), illustré par Claude Lapointe, Gallimard Jeunesse coll. Folio junior nº 36 et 37 (édition arbitrairement divisée en deux parties), Paris 1990 ; vol. 36 : 192 p. 1 photo et 16 ill. n & b ; vol. 37 : 186 p., 13 ill. n & b. — Feuilleton radiophonique en cinq épisodes de vingt minutes, créé sur France Culture du 24 au 29-12-1968, rediffusé en 1982, adapt. J.-P. Cisife, réal. J.-P. Colas, INA.
•
Le roi Mathias sur une île déserte* (1923) Trad. M. Wajdenfeld (1986), Éd. Gallimard Jeunesse, illustré par Claude Lapointe, coll. Folio Junior nº 598, Paris 01-1991, 320 p., 26 ill. n & b.
•
Quand je redeviendrai petit* (1925) Traduit par Z. Bobowicz, publié sous le titre : Le droit de l’enfant au respect, recueil de trois ouvrages de Janusz Korczak, coéd. Laffont/Unesco coll. Réponses, Paris 1979, 304 p.
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Les règles de la vie* (1929) Trad. M. F. Iwaniukowicz, Publication pédagogique et distrib. AFJK/AACEDH, Paris 1993, 100 p.
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Le Sénat des fous (1930, pièce de théâtre) Trad., adapt. et préf. par Z. Bobowicz, Éd. Cahiers bleus, 29 rue des Cumines, 10 000 Troyes, tél/fax 03 25 71 08 59, Troyes 11-1985, 90 p. — Production radiophonique, création de la pièce par France Culture le 23-07-1986, réal. Br. Horowicz, 2 h 30 min, INA.
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Moïse, benjamin de la bible* (1937) Adaptation par Z. Bobowicz, coéd. Librairie bleue/Unesco, Troyes 1988, 130 p. (adresse ci-dessus).
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Journal du ghetto (1942), nouvelle édition augmentée Trad. par Z. Bobowicz (1979 et 1998), préface par Z. Bobowicz suivie d’un témoignage d‘Igor Newerly : Sur un document emmuré, postface avec chronologie et une note sur l’état des documents retrouvés, Éd. R. Laffont coll. Pavillons, Paris 04-1998, 294 p. et Éd. 10/18, Paris 2000, 330 p.
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La Palestine Notes de voyage et correspondance 1927 - 1939 Trad. et préf. Z. Bobowicz, Éd. Noir sur blanc, diffusé par Le Seuil, Paris 2002, 200 p. avec un cahier photo de 8 p.
L’Association Française Janusz KORCZAK (AFJK) est une association pédagogique et culturelle dédiée au respect de l’enfant. Elle a été créée en 1974 pour faire connaître l’histoire et l’œuvre de Janusz Korczak en France et pour favoriser la poursuite de son action au service de tous les enfants (Association loi 1901, Journal officiel n° 80/1974). Cette exposition a été réalisée de façon entièrement bénévole. L’AFJK remercie chaleureusement toutes les personnes, enfants et adultes, en France, Pologne, Israël et Pays-Bas, et organismes partenaires qui ont apporté une contribution. Réalisation sous la direction de Bernard Lathuillère. © Association Française Janusz Korczak 2002 — ® Crédit photo : AFJK, tous droits réservés.
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