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Énergie : une solution à la crise européenne ?
DEUX CENTRALES NUCLÉAIRES EN CHANTIER
Mais ces hésitations africaines n’ont pas que des raisons géopolitiques : depuis quelques années, les investissements russes s’intensifient sur le continent. L’intérêt du pays pour l’Afrique a commencé à croître à partir de 2014, en réaction aux sanctions internationales consécutives à l’annexion de la péninsule de Crimée : Moscou se devait de trouver des marchés alternatifs. Depuis 2015, la Russie a signé des accords avec une vingtaine de pays africains. En 2019, à Sotchi, 43 chefs d’État africains ont répondu à l’invitation de Vladimir Poutine. Pas moins de 92 contrats y ont été signés, pour un montant de 14 milliards de dollars. Le pays a besoin des ressources naturelles africaines. Certes, le sol russe est riche, mais l’extraction minière y est compliquée : importer est souvent plus rentable pour Moscou. Les conglomérats russes (Rusal, Gazprom, Lukoil, Rosneft…) s’intéressent à la bauxite (Guinée), au platine (Zimbabwe), à l’or (Soudan), à l’uranium (Namibie)… Au Maroc, la banque russe VEB finance la construction de la raffinerie de Bouyafar : un contrat de 2 milliards de dollars, vital pour Rabat afin de remplacer son unique raffinerie, fermée en 2015. Surtout, le groupe russe Rosatom est en passe de construire deux centrales nucléaires en Afrique : en Égypte (El-Dabaa) et au Nigeria (Geregu). À noter que les liens entre la Russie et l’Afrique sont aussi agricoles : ainsi, le Kenya condamne l’invasion de l’Ukraine, mais se trouve fort embarrassé, puisque les Russes, grands buveurs de thé, figurent parmi ses plus importants clients à l’export ! En octobre, à Saint-Pétersbourg, devrait – en principe – se tenir un nouveau sommet russo-africain. ■ C.G.
Une exploitation de pétrole en Ogoniland, dans le delta du Niger, au Nigeria.
Les pays africains producteurs de gaz et d’or noir pourraient bénéficier du conflit russo-ukrainien.
L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a aussitôt engendré la plus forte hausse des cours du pétrole depuis 2014, le baril se négociant à plus de 100 dollars début mars. À court terme, cette situation va bénéficier aux producteurs africains d’or noir (Nigeria, Angola, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Libye…). Mais elle va également mécaniquement entraîner une hausse des coûts de transport et, par ricochet, une hausse des prix sur les étals, et donc une inflation au détriment des consommateurs africains… Autre conséquence du conflit russo-ukrainien : l’Union européenne, dépendante à 40 % du gaz naturel russe, va chercher à moins dépendre de son adversaire et se prémunir d’une éventuelle coupure du robinet. Déjà, le Vieux Continent se tourne vers l’Afrique. Le 28 février, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio et le patron de la compagnie nationale d’hydrocarbures ENI étaient à Alger, où ils ont rencontré les autorités et les responsables de la Sonatrach. La compagnie algérienne, qui fournit 11 % du gaz consommé en Europe, est prête à augmenter de 30 % ses livraisons à l’Italie et assure « disposer d’une capacité non utilisée sur le gazoduc Transmed » reliant l’Algérie à l’Italie. Elle peut également fournir l’Europe en gaz naturel liquéfié (GNL) via ses navires méthaniers. L’Allemagne – qui, en raison du conflit, a dû renoncer au projet de gazoduc Nord Stream 2 avec la Russie – vient d’annoncer la construction de deux nouveaux terminaux à GNL. ■ C.G.