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Maël
Antoine Bauza
Pascal Krieger
Après des débuts discrets comme dessinateur de la série Tamino (Glénat), Martin Leclerc, dit Maël, fait une entrée remarquée en illustrant le diptyque Les Rêves de Milton, scénarisé par Ricard et Féjard, et qui paraît en 2006 dans la collection Aire Libre. “Un livre coup de poing”, comme l'écrit Thierry Bellefroid dans Le Roman d'Aire Libre. Maël y révèle un langage graphique puissant et singulier, hors modes, à coups de traits nerveux, tremblés, et de couleurs gorgées de larmes et de poussière. Dans un autre registre, mais toujours intéressé par l'expressivité des personnages et la radicalité des situations, Maël dessine, à nouveau sur un scénario de Sylvain Ricard, une adaptation de Dans la colonie pénitentiaire de Kafka, qui paraît chez Delcourt en 2008. Un ouvrage saisissant, exigeant, à la limite du théâtre et de la BD, pour lequel il adopte un clair-obscur économe et une narration versatile.
Né le 25 août 1978 à Valence, dans la Drôme, Antoine Bauza est passionné de longue date par le Japon, la force de ses traditions et le contraste avec sa culture moderne. Fort de plusieurs voyages et d'expériences culturelles diverses (il pratique l'origami, les arts martiaux, étudie le Japonais et la calligraphie), il a fait du pays du Soleil Levant un thème privilégié pour sa plume. Après avoir signé un conte pour les éditions Milan, les Mille Origamis du seigneur Kimotama, il fait ses premiers pas dans l'univers de la bande dessinée avec L'encre du passé, récit intimiste qui aborde, à travers la magie puissante et délicate de la calligraphie, les thèmes de l'errance, de la rencontre et de la transmission.
Pascal Krieger est né le 9 avril 1945 à La Tour-de-Peilz, en Suisse. Il s’installe au Japon en 1968 pour se consacrer à l’étude des arts martiaux. Il débute en parallèle celle du shodô (calligraphie japonaise). Il obtient son premier dan en 1971. De retour en Suisse en 1976, il poursuit son apprentissage par correspondance. En 2005, il reçoit sa maîtrise de shodô (Shihan), qui lui donne statut de maître en calligraphie, discipline qu’il enseigne encore aujourd’hui. Il est l’auteur d’une approche calligraphique du budô intitulée Ten-Jin-Chi. Il a reçu, le 11 juin 2008, la décoration impériale de l'Ordre du Soleil Levant à bandes or et argent, pour sa promotion de la culture japonaise en Occident.
L'encre du passé marque son retour à la couleur directe, aux grands espaces, aux récits qui prennent leur temps. Et donc, logiquement, à la collection Aire Libre.
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RÉSUMÉ Dans le Japon d'Edo, Môhitsu, calligraphe errant d'un village à l'autre, s'arrête dans une teinturerie. Il y rencontre Atsuko, jeune fille espiègle, chez qui il croit déceler un don pour la peinture. Il décide de l'emmener avec lui jusqu'à Edo, pour y faire son apprentissage auprès du peintre Nishimura. Au cours du voyage, une amitié profonde naît entre le calligraphe et la jeune peintre. Tissé autour d'une longue conversation calligraphique, ce lien leur donnera la force de surmonter les épreuves du passé, et de retrouver l'inspiration. L'encre du passé est une histoire d'amitié et de transmission, où l'élève rend au maître, tout doucement, ce que le maître croyait ne plus pouvoir donner.
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LA GENÈSE DU PROJET Lorsque le passé du Japon est évoqué, les images de samouraïs reviennent souvent : honneur, fidélité, sacrifice et combat au sabre. Si je suis moi-même attiré par cet aspect important de la civilisation nippone, je voulais mettre en scène quelque chose de différent, un personnage qui n'aurait de samouraï que le titre, presque oublié, un homme d'art plutôt qu'un homme d'épée. Un homme de plume, ou plutôt, de pinceau. La calligraphie japonaise constitue un parfait exemple de l'esprit japonais qui cherche à pousser jusqu'à la perfection les plus simples rituels du quotidien : écrire, préparer le thé, arranger un bouquet de fleurs... Déformation professionnelle oblige, le thème de la transmission du savoir m'est cher, et je désirais articuler mon histoire autour de la relation d'apprentissage, en prenant le parti de la renverser, en brouillant les statuts de maître et d'élève. Maël venait tout juste de réaliser une illustration d'inspiration asiatique. Ce dessin entrait en résonance avec mon histoire. Je lui ai confié le scénario et nous avons décidé de travailler ensemble un peu plus tard. Maël a apporté sa sensibilité à l'histoire, donnant son point de vue d'homme de plume et de pinceau, justement, aidant les personnages à trouver leur voie. Quand Pascal Krieger a accepté de participer à la réalisation de l'album, nous étions à la fois ravis et soulagés. Très tôt, nous avons voulu faire de la calligraphie un élément narratif en soi, une articulation, un contrepoint, chaque oeuvre de Pascal marquant une étape dans la quête des personnages. Après lecture du scénario, il nous a éclairé sur quelques points techniques concernant la calligraphie et nous a proposé d'adapter ses tracés à nos personnages. Ainsi, les calligraphies tracées par Môhitsu sont différentes de celles d'Atsuko : deux styles sont utilisés, le tracé de l'élève hésite là où celui du maître montre une grande assurance...
Ce récit, mijoté pendant trois ans avec Antoine Bauza, est aux antipodes des Rêves de Milton. Ici, les personnages, s'ils sont perdus, ne cherchent pas à se perdre davantage. Ils veulent se trouver, ils cherchent la clef de la plénitude dans la calligraphie, dans la peinture, dans les paysages du Japon de l'ère Edo, dans le regard de l'autre. J'ai cherché à explorer une palette de couleurs plus lumineuse, plus éthérée, qui suivrait les saisons avec une constance mélancolique. Le trait s'adoucit pour mieux cerner ces instants minuscules qui touchent au bonheur et à la tristesse. Dans cette histoire, la place accordée aux silences est primordiale, je voulais que le rythme du récit soit comme une respiration avant un coup de pinceau.
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LA CALLIGRAPHIE JAPONAISE “Shodô” est le terme japonais qui désigne la calligraphie ou l'art de l'écriture au pinceau et à l'encre de Chine. Art de la concentration et de la recherche du geste parfait, le shodô compte de nombreux styles et de nombreuses écoles. Il plonge ses racines dans la calligraphie chinoise, et s'est développé parallèlement à l'introduction progressive du confucianisme et du bouddhisme, ainsi que du matériel et des techniques d'écriture. On distingue les kanji (caractères directement issus du l'écriture chinoise) et les kana (“écriture provisoire”, qui repose sur une assimilation phonétique des caractères chinois complexes). Au fil du temps, les ruptures de style se sont succédé pour aboutir, à l'époque Edo, à une forme d'harmonisation, mais aussi à une multiplicité d'expressions extrêmement raffinées. Exigeant une grande maîtrise, la calligraphie japonaise est aussi un rituel. Chaque trait a son importance, de la prise d'encre à l'inclinaison du pinceau, en passant par le rythme du geste sur le papier de riz. Dans la culture japonaise, le shodô se rapproche des arts martiaux et de la cérémonie du thé, et faisait partie des disciplines étudiées par les samouraïs. Aujourd'hui, il est enseigné dans les écoles dès la maternelle.
L’ART PICTURAL DANS LE JAPON DE L’ÈRE EDO La période Edo, qui s'étend, grosso modo, de la moitié du 17e siècle à la fin du 18e siècle, est marquée par une lente modernisation politique, économique et sociale. Kyoto, capitale de l'Empereur, se voit voler sa grandeur par Edo (future Tokyo), qui abrite le Shogunat, et qui connaît un essor économique et culturel considérable. Ce développement, continu malgré les guerres intestines, les incendies et les famines, accompagne une évolution de l'art pictural, lequel délaisse les sujets spirituels et religieux pour s'intéresser au quotidien, à la vie terrestre, aux moeurs populaires. Grâce au perfectionnement de la technique de l'estampe, qui permet une reproduction des oeuvres, ces “images du monde flottant” (ukyo-e) peuvent toucher le plus grand nombre. Les artistes les plus célèbres (Hokusai, Hiroshige, Utamaro...) excellent dans cette forme de peinture, qui va séduire l'Occident impressionniste un peu plus tard. Les techniques occidentales intéressent également les peintres japonais, qui se procurent parfois, auprès des navires hollandais, des pigments de peinture à l'huile, des chevalets... La peinture traditionnelle au pinceau (sumi-e) reste cependant un art vivace et prépondérant, aux côtés de formes toujours plus raffinées de calligraphie. La manga, procédé d'illustration narrative inventé par Hokusaï, préfigure le langage de la bande dessinée qui connaît aujourd'hui un tel essor au Japon.
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Môhitsu : “Poil de pinceau”