Busan bulletin 23 05 2018 Français Volume 03

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@AfDB_Group #AfDBAM2018 afdb.org/am BULLETIN DES ASSEMBLÉES ANNUELLES DU GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT - 23 MAI 2018

Corée et gouvernements africains déterminés à industrialiser rapidement le continent « La coopération entre l’Afrique et la Corée n’a cessé de croître au fil des ans », a déclaré Dong Yeon Kim, Premier ministre adjoint et ministre de la Stratégie et des finances de la République de Corée. « Elle est claire et sincère », a-t-il ajouté, félicitant la Banque africaine de développement pour la précision de ses priorités de développement ou High 5. Il a observé que l’Afrique avait réalisé d’énormes progrès dans la réduction de la pauvreté et qu’elle était devenue un moteur de croissance.

es gouvernements africains et la Corée se sont engagés à collaborer pour mettre les technologies intelligentes au service de l’industrialisation rapide du continent et en faire un acteur majeur de la quatrième révolution industrielle.

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DANS CE NUMÉRO

Le gouvernement coréen apporterait ainsi des solutions innovantes, notamment grâce à des drones spécialement conçus pour aider les pays africains à se développer plus rapidement. Édito - La Corée, source d’inspiration pour la révolution verte de l’Afrique Par Jennifer Blanke, vice-présidente p. 3 Focus : Le Groupe consultatif des jeunes trace la voie pour créer des emplois en Afrique p. 6

L’édition 2018 de la table ronde ministérielle de la KOAFEC, tenue à l'occasion des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement à Busan, en Corée, a permis aux ministres de l’Économie et des Finances des pays africains et de Corée de discuter de propositions de politiques concrètes. Les ministres africains et leurs homologues coréens se sont ainsi mis d’accord sur un nouveau dispositif de coopération. L’Afrique et l’avenir du travail, par Kapil Kapoor p. 9 Faire la différence : Au Kenya, un accès accru à une électricité fiable et à prix abordable a changé la donne p. 11

Perspectives économiques en Afrique innove en 2018 p. 7 Hommage à Babacar N’Diaye p. 8

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« Cependant, la pénurie alimentaire et l’absence de ressources énergétiques ont ralenti son développement », a relevé Dong Yeon Kim, en soulignant que des solutions innovantes étaient nécessaires pour que l’Afrique puisse véritablement s’industrialiser et améliorer la vie de ses populations. Il a bon espoir que la KOAFEC constituera un lieu d’échanges favorable à une plus grande collaboration. « Ensemble, nous pouvons sortir des sentiers battus et avancer rapide-

ment sur la voie du développement de l’Afrique », a-t-il déclaré. Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a souligné que, comme l’Afrique elle-même, le reste de la planète aura tout à gagner de son industrialisation. « Cela permettra d’augmenter la productivité, de créer des emplois plus qualifiés dans le secteur formel dans les économies développées, a déclaré Akinwumi Adesina. La Corée est un partenaire de choix pour le continent et pour la Banque africaine de développement. Ensemble, je suis certain que nous aiderons le continent à sortir de la pauvreté, contribuant ainsi à la paix et à la prospérité mondiales ». Le partenariat de l’Afrique avec la Corée, à travers KOAFEC, est un exemple riche d’enseignements, moteur de création de prospérité commune et de maintien de la paix sociale entre les nations du monde, a-t-il estimé.

Suite p. 3

Coopération régionale et réformes structurelles sont au cœur de la transformation économique e programme de développement de l’Afrique doit être axé sur les intérêts socioculturels et commerciaux des Africains et sur l’amélioration de l’écosystème économique et commercial du continent, a déclaré Muhammadu Sanusi II, l’émir de Kano et ex-gouverneur de la banque centrale du Nigeria, dans un discours prononcé au deuxième jour des Assemblées annuelles 2018 de la Banque africaine de développement, à Busan (Corée).

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« Pour parvenir à la transformation économique de l’Afrique, il faut accélérer la coopération régionale et engager des ré-

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formes structurelles radicales orientées sur le développement du capital humain et des ressources matérielles du continent », a-t-il lancé. L’émir a partagé ses réflexions pour revivifier l’intégration régionale, le commerce et les relations économiques du continent avec les administrateurs et gouverneurs de la Banque, parmi lesquels figuraient des ministres des Finances, du Budget et de la Planification économique. Suite p. 3


LE MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT EN AFRIQUE

7-9 novembre 2018

Johannesburg, Afrique du Sud #AfricaInvestmentForum

AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT Busan Bulletin est imprimé sur

du papier recyclé - 23 mai 2018

© African Development Bank Group 2018 www.afdb.org / www.africainvestmentforum.com


La Corée, une inspiration pour la révolution verte de l’Afrique

Edito

tive à consolider les piliers du processus d’industrialisation en développant l’agro-industrie, le capital humain et les capacités que cela requiert.

par Jennifer Blanke, vice-présidente chargée de l’Agriculture et du développement humain et social à la Banque africaine de développement

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our stimuler la croissance de l’agriculture et de l’agro-industrie africaine, augmenter les revenus et améliorer les conditions de vie des populations africaines, la Banque africaine de développement investit des milliards. La vice-présidence chargée de l’Agriculture et du développement humain et social s’ac-

Notre nouvelle initiative Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine offre un exemple de nos efforts. Déployée à l’échelle du continent, elle vise à faire parvenir aux agriculteurs les technologies développées par les instituts de recherche, propulsant ainsi la révolution verte de l’Afrique. Ceci transformera considérablement la production, la productivité, et ouvrira la voie au développement de l’agribusiness et de l’agro-industrie sur le continent. En outre, nous élaborons actuellement une initiative innovante pour les savanes africaines. Malgré un immense potentiel, moins de 10 % de ces terres sont utilisées pour la production agricole. L’exploitation agricole sur une petite surface pourrait faire de la savane le moteur d’une chaîne de valeur riche en protéines, par la production de maïs, de germes de soja et de bé-

tail. Nous nous inspirons également du Brésil qui a transformé des terres largement considérées comme inutilisables et indésirables en l’un des carrefours agricoles dégageant les récoltes les plus abondantes au monde. Notre vice-présidence investit actuellement dans la création d’aires de transformation agricole. Les infrastructures matérielles et immatérielles qui en découlent déboucheront sur une transformation et une ascension rapides le long de la chaîne de valeur. Les entreprises florissantes issues de ces zones favoriseront la création d’emplois et la hausse des revenus des familles. Enfin, nous devons développer les compétences requises et préparer l’Afrique à s’embarquer dans la 4e révolution industrielle. La Banque est déterminée à créer la nouvelle génération d’agripreneurs, d’innovateurs agricoles et d’entrepreneurs. Le système éducatif de la Corée ainsi que son expérience dans l’industrialisation agricole peuvent guider l’Afrique.

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L’administrateur de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Mark Green, s’est engagé à soutenir la collaboration entre l’Afrique et la Corée. « Tous les pays ici présents aujourd’hui peuvent s’engager sur la même voie. Et les États-Unis vous y accompagneront », a-t-il déclaré.

Il a souligné que les États-Unis et le gouvernement coréen étaient sur le point de signer un accord permettant de consacrer des fonds importants à de nouveaux investissements en Afrique. « La Banque africaine de développement, sous la direction ins-

pirée du président Adesina, joue un rôle de premier plan dans le développement du continent grâce aux High 5. Les États-Unis se réjouissent de collaborer plus étroitement dans l’avenir avec les pays africains, la Banque africaine de développement et le gouvernement coréen », a-t-il affirmé.

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Selon l’émir, économiste et expert en risques financiers, les problèmes économiques postcoloniaux de l’Afrique sont imputables à l’indiscipline fiscale et à une méconnaissance excessive de ses avantages concurrentiels. « En Afrique, neuf pays sur dix accusent un déficit commercial avec la Chine, alors que l’Asie s’est développée surtout sur les investissements et les ressources domestiques », a-t-il observé, soulignant la nécessité pour les États africains d’encourager, notamment financièrement, la créativité et les entreprises locales. L’émir a préconisé une série de réformes structurelles, notamment des investissements stratégiques dans des secteurs clés comme l’agriculture, les infrastructures, l’éducation et les petites et moyennes entreprises. Et d’exhorter l’Afrique à se diversifier au plan industriel, citant la Chine en exemple, qui a commencé à retirer ses capacités manufacturières colossales des industries à bas coût.

Le fardeau de la dette de l’Afrique continue de freiner les investissements destinés à l’industrialisation, a-t-il observé, déplorant une mauvaise allocation des ressources : « Nous devons commencer à réfléchir à l’utilisation que nous faisons des fonds qui se trouvent dans nos coffres. » « Les perceptions comptent. La transparence doit être renforcée au plus vite, car elle va de pair avec la bonne

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« Les fonds du secteur privé sont essentiels pour assurer une croissance économique durable, tout comme l’État doit lui aussi impérativement garantir les externalités favorables aux entreprises, comme l’électricité, l’eau, la gestion des déchets, les routes, les logements et le cadre législatif et réglementaire en matière d’innovation, de commerce et d’industrie. » S’agissant du commerce, Muhammadu Sanusi II a appelé à adopter une approche régionale et panafricaine dans les négociations commerciales, selon un modèle stratégique qui devrait être défini par la Banque. « La Banque africaine de développement a les ressources intellectuelles et est clairement la mieux placée pour négocier avec la Chine au nom de l’Afrique, en tant que bloc de nations », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « L’Europe a adopté une approche collective en matière de commerce international. Pourquoi les pays africains ne peuvent-ils pas faire pareil ? C’est clairement un autre sujet auquel la Banque doit s’attaquer de toute urgence. » « Quand il était gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Sanusi Lamido Sanusi était un fervent avocat du développement, a déclaré Akinwumi Adesina, saluant la vision progressiste de l’émir durant son mandat. Il a canalisé d’importants investissements dans l’agriculture, les infrastructures et les PME. »

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jour

Si vous pensez être trop petit pour pouvoir changer les choses, c’est que vous n'avez jamais passé la nuit avec un moustique. – Nigeria

Directeur de la publication Victor Oladokun

Olivia Ndong-Obiang, Liam Neumann, Felix Njoku, Hyun Young Ryu, Stephen Yeboah

Éditeurs Mina Mammeri, Jennifer Patterson, Faïza Ghozali

Photo Guy-Roland Tayoro, Thierry Gohore, Florentin Nando

Coordination de la production Chawki Chahed, Solange Kamuanga-Tossou

Version digitale Simon Adjatan, Christiane Moulo

Contributeurs (dans l’ordre alphabétique) : Seidik Abba, Kennedy Abwao, Cecilia Amaral, Emeka Anuforo, Yuna Choi, Andie Davis, Deborah Glassman, Saori Kodama, Muyiwa Moyela, Ivan Mugisha,

Design et maquette Yattien-Amiguet L., Justin Kabasele, Guy-Ange Gnabro, Phillipe Mutombo Luhata, Selom Dossou-Yovo © Banque africaine de développement/PCER, mai 2018

Équipe du Busan Bulletin

Les États africains doivent aussi mettre fin aux dispositions constitutionnelles et structures qui renchérissent le coût de la gouvernance à l’échelle nationale et infranationale, maîtriser leur croissance démographique, et moderniser et harmoniser les droits de douane et d’accise, moribonds et inefficaces, qui favorisent les trafics transfrontaliers et entraînent des pertes de revenus pour les États, a ajouté l’émir.

gouvernance », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Nous devons reconnaître que nous avons un problème de perception qu’il faut régler. Il nous faut combattre la corruption, bloquer la fuite de capitaux et créer des opportunités de création d’emplois. »

Pro


Actus du jour

L’Afrique de mes rêves Concours d’écriture

Pour exprimer leurs espoirs et les rêves qu’ils nourrissent pour le continent, les jeunes Africains ont été conviés par la Banque à un concours d’écriture intitulé L’Afrique de mes rêves entre février et mars 2018. Reconnaissant toute l’énergie, la créativité et la réflexion innovante dont les jeunes sont capables, cette initiative puise dans l’immense potentiel de la jeunesse pour faire avancer le développement de l’Afrique. Les participants ont relevé un défi, celui d’exprimer leurs aspirations en se laissant guider par le thème Accélérer l’industrialisation de l’Afrique. Plus de 2 000 inscriptions ont été reçues de la part d’étudiants, d’architectes, d’ingénieurs, de designers, d’artistes, d’entrepreneurs, d’agripreneurs, de visionnaires, ou de personnes exerçant dans l’informatique ou les technologies, ainsi que de nombreux professionnels de toute l’Afrique ou issus de la diaspora. Ils se sont montrés pessimistes, réalistes, optimistes et idéalistes, mais tous éprouvaient un grand amour pour ce continent qu’ils cherchaient à servir chaque jour. Après s’être penché sur l’ensemble des compositions, un jury constitué de membres de la Banque en a sélectionné quatre qui étaient exceptionnelles, deux en anglais et deux en français. Les contributions de ces quatre finalistes ont été retenues pour le style, l’originalité et la créativité avec lesquels ils ont présenté leurs idées. L’annonce des deux gagnants, un anglophone et un francophone, et des deux seconds, un pour chaque langue également, aura lieu lors des Assemblées annuelles de la Banque à Busan, en Corée.

À la rencontre des gagnants Ayi Renaud Dossavi-Alipoeh, écrivain togolais, est à la fois poète, essayiste, romancier et blogueur. Né à Lomé en 1993, il est biologiste de formation. Il a déjà publié cinq ouvrages, dont les collections de poésie Rosées Lointaines (2015)

et Chants de Sable (2018), ainsi qu’un essai sur l'histoire africaine, Nous et l'histoire (2018). Geraldine Mukumbi est originaire de Ngezi, au Zimbabwe. Elle est membre de la promotion 2011 de l'African Leadership Academy. Elle a fréquenté l'Université de Notre Dame en tant que boursière Hesburgh-Yusko et obtenu un diplôme en études anglaises et africaines. Elle est actuellement chargée de cours à la Leaf Academy de Bratislava. Geraldine tient des femmes rebelles qui l'ont élevée son amour pour les histoires.

Muhammadu Sanusi II, émir de Kano et ex-gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, entouré de Bronwyn Nielsen, journaliste de CNBC, et de Victor Oladokun directeur de la communication de la Banque.

Dong Yeon Kim, ministre coréen de la Stratégie et des finances, vicePremier ministre et gouverneur de la Banque ; Catherine Cudré-Mauroux, administratrice pour l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et la Suisse ; et Raymund Furrer, ministre suisse des Finances et gouverneur de la Banque.

Ramatou Ly a été élevée à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Après une maîtrise en Sciences des matériaux et ingénierie en France, elle poursuit actuellement un doctorat aux États-Unis au sein de Texas A&M University. Ses travaux de recherche portent sur les effets des différents processus de fabrication sur la structure, les propriétés mécaniques et l'intégrité des matériaux métalliques. Cédric Somé vient du Burkina Faso. Après son baccalauréat ès Philosophie-Lettres au Prytanée Militaire de Kadiogo (PMK), il a obtenu un diplôme en management international au Maroc, et un diplôme en gestion des ressources humaines au Sénégal. Depuis septembre 2016, il travaille en tant qu'assistant en ressources humaines auprès de Deloitte Sénégal. Les résultats du concours (en français et en anglais) seront annoncés durant la célébration d’Africa Day, vendredi 25 mai, à 3 h 00, à l’auditorium du BEXCO.

Pour en savoir plus https://am.afdb.org/fr/the-africa- ofmy-dreams-writing-contest

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jeunes an, trois h s h a Nord. D l ud et du med E a S h u o d M t, t e ues n Vuuren ’Afrique de l’O anse va d J , x h u ic ia lr c U o u, seaux s Edith Bro sur les ré rs u e c n e influ

Soraya Mellali, administratrice représentant l’Algérie, la GuinéeBissau et Madagascar, avec le ministre algérien des Finances Abderrahmane Rayoua.

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Jacob Jusu Saffa, ministre des Finances de Sierra Leone.

Réception de bienvenue offerte par notre hôte, la Corée. Après un concert de musique coréenne traditionnelle, les invités s’en sont donné à cœur joie sur la piste de danse.

Un robot mobile ne passe pas inaperçu.

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Retrouvailles chaleureuses entre Audu Ogbeh, ministre nigérian de l’Agriculture et du développement rural, et Akinwumi A. Adesina, le président de la Banque et luimême ex-ministre de l’Agriculture au Nigeria.

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Le Groupe consultatif des jeunes trace la voie pour créer des emplois en Afrique

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lus de 13 millions de jeunes Africains entrent sur le marché du travail chaque année, mais seuls 3 millions (33 %) sont en emploi salarié, le reste étant sous-employés ou en situation vulnérable. Les membres du Groupe consultatif présidentiel des jeunes (PYAG) de la Banque africaine de développement se sont réunis mardi, en marge des Assemblées annuelles de la Banque à Busan, pour discuter de questions stratégiques. Comment mettre les jeunes au service de l’industrialisation en Afrique, leur créer des emplois d’avenir, leur inculquer l’esprit d’entreprise, forger des partenariats public-privé porteurs : autant de sujets débattus. Lancé l’année dernière par le président de la Banque, Akinwumi Adesina, le Groupe consultatif présidentiel des jeunes apporte son expertise et des solutions novatrices pour la création d’emplois, comme l’indique la Stratégie pour l’emploi

Jeremy Johnson, cofondateur d’Andela et membre du groupe, a indiqué que les jeunes sont la ressource la plus sous-utilisée, mais aussi la plus importante du continent. « L’Afrique doit faire les choses convenablement. Les jeunes qui sont en mesure de mettre sur pied des entreprises, de rédiger du code et de continuer à faire avancer leur pays et leurs entreprises sont ceux qui seront en mesure de nous envoyer au travail. Nous devons les soutenir, et nous devons le faire maintenant ! ».

des jeunes en Afrique (SEJA) de la Banque. L’initiative vise à créer 25 millions d’emplois et à profiter à 50 millions de jeunes au cours des 10 prochaines années en leur fournissant les compétences pour obtenir des emplois décents et utiles. C’est la démarche la plus volontaire en faveur de l’emploi des jeunes en Afrique actuellement. « C’est une occasion énorme pour l’Afrique. Si nous arrivons à vaincre le défi du chômage des jeunes, l’Afrique gagnera 10 à 20 % de croissance annuelle. Cela signifie que le PIB de l’Afrique augmentera dans une proportion de 500 milliards de dollars par an pendant les trente prochaines années. Le revenu par tête de l’Afrique augmentera de 55 % chaque année jusqu’en 2050 », a déclaré Akinwumi Adesina lors de la séance d’inauguration du Groupe.

Pour sa part, Clarisse Iribagiza, la directrice générale de Hehe, une société basée au Rwanda, a déclaré : « Le Groupe consultatif présidentiel des jeunes est en train de créer un environnement propice à la prospérité des jeunes. » Ce groupe comprend neuf membres de moins de 40 ans qui ont contribué significativement à la création d’emplois pour les jeunes Africains.

Les membres du PYAG ont indiqué qu’ils étaient prêts à contribuer aux efforts de la Banque pour investir dans la jeunesse de l’Afrique. « L’occasion pour nous est arrivée. Notre continent est vraiment prêt à être transformé. Nos gouvernements réalisent de plus en plus que les jeunes ne sont pas les leaders de demain. Ils sont les leaders d’aujourd’hui. Et la responsabilisation et l’inspiration des jeunes entrepreneurs sont la seule réponse à la création d’emplois à long terme », a déclaré Ashish Thakkar, directeur général du Groupe MARA et président du PYAG. Il a ajouté : « La plate-forme de la Banque africaine de développement est phénoménale : la connectivité est si forte et le leadership du président est si étonnant ! ».

Membres du PYAG : Ashish Thakkar, directeur général du groupe Mara, Ouganda (président) ; Uzodinma Iweala, auteur primé, Nigeria ; Mamadou Touré, fondateur/DG de Africa 2.0/Ubuntu Capital, Cameroun ; Vanessa Moungar, directrice du département de la Condition féminine et de la société civile, Tchad ; Francine Muyumba, présidente du Syndicat panafricain des jeunes, République démocratique du Congo ; Jeremy Johnson, cofondateur d’Andela, États-Unis ; Clarisse Iribagiza, directrice générale de Hehe, Rwanda ; Ada Osakwe, directrice générale d’Agrolay Ventures, Nigeria ; Monica Musonda, directrice générale de Java Foods, Zambie ; et Yana Kakar, partenaire directeur international de Dalberg, Canada.

Ashish Thakkar

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Perspectives économiques en Afrique innove en 2018 L’édition 2018 de la publication phare Perspectives économiques en Afrique que publie la Banque africaine de développement marque plusieurs grandes premières. D’abord, c’est la première fois, depuis qu’elle paraît, que la publication Perspectives économiques en Afrique, qui passe au crible les économies des 54 pays d’Afrique, est dévoilée dès le mois de janvier et non en mai. C’était le 17 janvier 2018, au siège de la Banque africaine de développement, à Abidjan. Ensuite, c’est aussi la première fois que la publication, intitulée cette année Perspectives économiques en Afrique : financements innovants pour le développement de l’infrastructure, est produite par les seuls économistes et experts de la Banque, alors qu’elle était auparavant produite en collaboration avec l’OCDE, le PNUD et la CEA. « Perspectives économiques en Afrique est une publication phare de la Banque, très appréciée des décideurs, des chercheurs et des experts, pour sa qualité d’analyse et ses recommandations pratiques sur la manière de traiter les questions cruciales de développement », explique Célestin Monga, économiste en chef et viceprésident de la Banque, chargé de la Gouvernance économique et de la gestion du savoir, coordonnateur à ce titre de la publication. Les experts de la Banque ont ainsi revu à la hausse les besoins en infrastructures du continent, qu’ils chiffrent, dans l’édition 2018, entre 130 et 170 milliards de dollars par an, au-delà de l’estimation de 93 milliards annuels qui prévalait jusque-là. Autre grande première également entérinée par l’édition 2018 : celle-ci s’est vue enrichie de cinq rapports régionaux – Afrique du Nord, Afrique de l'Ouest, Afrique centrale, Afrique de l'Est et Afrique australe. Et pour mieux en marquer la dimension inédite, ces analyses régionales spécifiques ont bénéficié d’un lancement simultané, le 13 mars,

respectivement depuis les bureaux

de la Banque sis à Tunis, Abidjan, Nairobi et Pretoria. « En proposant pour la première fois des approches régionales, nous souhaitons mettre à profit l’expertise de la Banque et donner plus de profondeur d’analyse et de pertinence à cette publication », a argué Célestin Monga lors de ces lancements. Enfin, dernier fait inédit : pour la première fois dans l’histoire de la Banque, des synthèses de Perspectives économiques en Afrique ont été publiées dans trois langues pratiquées par plus de 300 millions d’Africains : l’arabe, le haoussa et le kiswahili. Ce sont autant de grandes premières destinées à être pérennisées pour les éditions futures et qui ne peuvent que renforcer la pertinence et la portée de l’une des publications de référence de la Banque. Ce mercredi 23 mai, Perspectives économiques en Afrique 2018 est l’objet d’une session dédiée, entre présentations et débats, au Grand Ballroom du centre Bexco, de 14 h 15 à 15 h 15. Plus d’infos : www.afdb.org/aeo

Les banques d’Afrique de l’Est dominent les Trophées African Banker cette année Les lauréats des Trophées African Banker 2018 ont été annoncés hier à Busan. Ces trophées, organisés chaque année en marge des Assemblées générales annuelles de la Banque africaine de développement, rendent hommage à l’excellence dans les secteurs de la banque et de la finance sur le continent africain. L’Afrique de l’Est a dominé les trophées cette année. Le président d’Equity Group Holdings Plc au Kenya, James Mwangi, a été désigné Banquier de l’année. Sa banque a affiché une croissance impressionnante grâce à une série d’innovations et des investissements diversifiés autres que les crédits aux consommateurs. Equity Group a également remporté le trophée prisé de Banque africaine de l’année face à trois autres sélectionnés. Le Tanzanien Benno Ndulu, ancien gouverneur de la Banque centrale qui a achevé son second mandat l’an dernier, s’est vu décerner le titre de Gouverneur de l’année pour son travail dans le domaine de l’inclusion financière et pour sa saine gestion macroéconomique. CRDB, autre établissement tanzanien, a obtenu le prix de meilleure banque régionale d’Afrique de l’Est. Les banques sud-africaines ont dominé les catégories Deal de l’année et Banque d’investissement de l’année. Standard Bank Group a gagné trois trophées, donc celui de Banque d’investissement de l’année. Standard Bank et Rand Merchant Bank en Afrique du Sud ont reçu le prix Deal de l’année dans les infrastructures pour le projet de corridor – chemin de fer et port – de Nacala d’une valeur de 5 milliards de dollars au Mozambique et au Malawi, l’un des plus importants projets d’infrastructures en Afrique financé par le secteur privé. Le projet couvre 912 kilomètres de chemin de fer allant de la province de Tete, dans l’ouest du Mozambique, au port de Nacala sur la côte est en passant par le Malawi. Un port en eaux profondes fait également partie du projet. Rand Merchant Bank en Afrique du Sud a, quant à elle, reçu un prix pour la cotation en bourse de Steinhoff Africa Retail réalisée l’an dernier.

Lauréats de Trophées African Banker 2018 Banquier africain de l’année James Mwangi, Equity Group Holdings Plc, Kenya Banque africaine de l’année Equity Group Holdings Plc, Kenya Banque de détail de l’année Ecobank Banque d’investissement de l’année Standard Bank Trophée de l’inclusion financière Groupe Crédit Agricole (Maroc) Banque socialement responsable de l’année BMCE Bank of Africa (Maroc) Trophée de l’innovation Ecobank

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Deal de l’année – Acquisition Cotation de Steinhoff Africa Retail – Rand Merchant Bank (Afrique du Sud) Deal de l’année – Obligations Obligation de la Diaspora de 300 millions de dollars, Nigeria Standard Bank / FBNQuest Merchant Bank, Nigeria Deal de l’année – Infrastructures Corridor chemin de fer et port de Nacala Standard Bank / Rand Merchant Bank, Afrique du Sud Meilleure banque régionale Afrique de l’Est, CRDB (Tanzanie) Afrique de l’Ouest, BDM (Mali) Afrique du Nord, CIB, Égypte Afrique australe, State Bank Mauritius (SBM) Afrique centrale, BGFI, Gabon


Dixit Les gouverneurs

Hadizatou Rosine Sori, Burkina Faso L’Afrique est un continent à fortes potentialités. Le réveil de l’Afrique est une formule que l’on a beaucoup entendue ces dernières années ici et là. Il nous faut juste de l’accompagnement. Nous sommes capables au niveau de notre continent d’inverser la tendance.

C’était Babacar Ndiaye, cinquième président de la Banque africaine de développement

Margaret Mwanakatwe. Zambie Pourquoi ne pourrait-on pas passer de la production de maïs à la production de corn flakes ? Pourquoi amener dans mon pays quelqu’un d’autre qui produit déjà des corn flakes ? Alors que si l’on décide de passer de la production de maïs à la production de corn flakes, on peut le faire. Voilà ce que sont l’agriculture et l’agro-industrie.

Mohammed Bousaid, Maroc L’industrialisation de l’Afrique fait partie des High 5 de la Banque. L’industrie permet d’approfondir et de confirmer cette quête vers la diversification économique d’un certain nombre de pays africains. Qui dit diversification économique dit aussi résilience économique.

Felix Molousa, République centrafricaine Notre pays sort d’une longue période de crise vraiment aiguë. S’il commence à renaître aujourd’hui de ses cendres, c’est en partie grâce au partenariat avec la Banque africaine de développement.

Henry Rotich, Kenya Nous aurons besoin d’environ 117 milliards de dollars américains pour financer la mise en œuvre des High 5 au cours des trois ou quatre prochaines années. Il s’agit d’un besoin considérable en ressources. Mais les possibilités d’y répondre ne manquent pas, et nous aurons à trouver le moyen de lever ces fonds.

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« Au revoir papa, au revoir l’ambassadeur du développement de l’Afrique, repose en paix ». C’est par ces mots que le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a rendu hommage au siège de l’organisation à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à son prédécesseur Babacar Ndiaye. Décédé le 13 juillet 2017 à Dakar, au Sénégal, Babacar Ndiaye avait été élu cinquième président du Groupe de la Banque en 1985, puis reconduit dans ses fonctions en 1990. Alors que Marlyne Ndiaye, épouse du défunt président, assistait à cette première cérémonie d’hommage, Akinwumi Adesina a annoncé que l’amphithéâtre du siège de la Banque porterait dorénavant le nom de Babacar Ndiaye. Un nouvel hommage, qui sera rendu jeudi 24 mai, devrait être le temps fort de la troisième édition de l’Africa Road Builders Trophée Babacar Ndiaye. Lancé en 2016 par Acturoutes, une plateforme ivoirienne d’information sur les transports et les routes, le Trophée Babacar Ndiaye récompense les meilleures initiatives en matière d’infrastructures routières et de transport en Afrique. La distinction honorifique avait été co-attribuée pour sa première édition au roi Mohamed VI, à l’ancien Premier ministre éthiopien Haïlé Mariam Desalegn, au président gabonais Omar Bongo, au président zambien Edgar Lungu ainsi qu’au président ivoirien Alassane Ouattara.

Une icône, un mentor, un père Les présidents rwandais Paul Kagamé et sénégalais Macky Sall ont été les colauréats de l’édition 2017. « Cette année 2018, la remise du trophée prend un cachet particulier : c’est la toute première édition qui suit la disparition de Babacar Ndiaye. Nous remercions le président Adesina de parrainer cette édition et de venir rendre hommage au regretté Babacar Ndiaye », a expliqué Barthélemy Kouamé, commissaire général d’Africa Road Builders.

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« Babacar Ndiaye était une icône de la Banque. Il était le père, le mentor de chacun d’entre nous, a lancé le président actuel de la Banque. Il nous a inspirés. Avec lui, l’Afrique a perdu un de ses meilleurs fils. » Arrivé dans l’institution parmi les premiers cadres africains, il en a ensuite gravi les échelons. C’est sous son magistère, en tant que vice-président chargé des Finances, que l’institution financière panafricaine a obtenu, en 1984, sa première note triple A. L’ancien président avait été l’artisan de l’augmentation du capital de la Banque en 1987, lequel a bondi de près de 8,7 à environ 32 milliards de dollars américains, soit une hausse de 200 %. À cet effet, il avait engagé la même année le processus d’ouverture du capital de la Banque à des États non africains, puis réussi son entrée sur les marchés financiers internationaux.

Un bâtisseur d’institutions Au-delà de son investissement total pour le rayonnement de la Banque, Babacar Ndiaye aura œuvré à la mise en place de grandes institutions panafricaines, comme la Banque africaine d’import-export Afreximbank, Shelter Afrique, ou la Table ronde des hommes d’affaires d’Afrique. Alors même que le logement et l’habitat n’étaient pas encore au cœur des enjeux en Afrique, il a encouragé la création de Shelter Afrique, institution dédiée au financement du logement abordable sur le continent. S’il a consacré toute sa vie au service de l’Afrique, Babacar Ndiaye n’a pas pour autant oublié le Sénégal, son pays d’origine. De 1972 à ce jour, la Banque a ainsi investi près de 1 400 milliards de FCFA au Sénégal. « Le Sénégal est fier de vous comme fils. Babacar Ndiaye n’est pas parti, mais il est présent dans les profondeurs de l’Afrique. On entend son souffle dans l’Afrique qui bouge », a souligné, en paraphrasant le poète Birago Diop, le ministre sénégalais du Budget Birima Mangara, alors gouverneur de la Banque pour le Sénégal.


Industrialisation e travail change de nature. Aujourd’hui, ce sont des poids lourds sans conducteur qui transportent les marchandises des usines aux entrepôts. Les imprimantes 3D fabriquent des Tshirts et des chaussures de sport plus vite que leurs homologues humains. Partout, les robots remplacent l’homme sur les chaînes d’assemblage des entreprises de transformation des aliments, les usines de fabrication d’automobile et les complexes aéronautiques. Les fermes sont automatisées : des prototypes de robots sophistiqués plantent et récoltent les produits agricoles. Les boutiques sont remplacées par des sites en ligne sur lesquels l’on peut acheter des vêtements, réserver des billets d’avion, commander des pizzas et régler ses achats. Alexa, l’assistant virtuel élaboré par Amazon, est capable d’allumer la télévision sur votre chaîne préférée et de diffuser une musique relaxante pour vous aider à vous endormir. Bien sûr, il sait aussi éteindre la lumière.

L’Afrique peut-elle rater la quatrième révolution industrielle ?

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Tout cela n’est pas le splendide monde du futur, mais celui d’aujourd’hui. Ces changements auront des implications profondes sur nos modes de travail et de vie. Bienvenue dans la quatrième révolution industrielle, à la confluence de l’intelligence artificielle, de la robotique, de l’impression en 3D, de l’Internet des objets, de la biotechnologie, une ère où les technologies de chaînes de blocs modifient des modes de travail que nous avons intégrés depuis les précédentes révolutions industrielles. Tout est axé sur les emplois. Chaque année, 10 à 12 millions de jeunes africains arrivent sur le marché du travail, alors que seuls trois millions d’emplois formels sont créés annuellement. Les jeunes n’occupent même pas le quart de l’ensemble des postes créés, et le taux de chômage de cette tranche de la population est le double de celui des adultes. Ce taux de chômage élevé des jeunes est source de difficultés. 40 % des jeunes qui ont rejoint les rangs des rebelles à la tête de groupes terroristes citent le manque d’opportunités économiques parmi les raisons de leur triste choix. De nombreux jeunes migrent également pour rechercher un emploi, notamment en Europe, souvent par des moyens illicites et dangereux. En 2015, plus de 3 500 personnes, dont de nombreux jeunes, sont mortes en Méditerranée.

Par Kapil Kapoor, directeur de la Stratégie et des politiques opérationnelles Banque africaine de développement

même temps, bien que le coût d’exploitation estimé d’un robot, qui se situe actuellement entre 10 et 30 dollars par heure selon son niveau de sophistication, reste relativement élevé, celui-ci est en baisse. Vu le coût de la main-d’œuvre actuel en Afrique, une panoplie d’opportunités considérable existe avant que les robots ne deviennent compétitifs. Une étude de l’Overseas Development Institute (Institut de développement d’outre-mer) indique, par exemple, que dans le secteur de la fabrication de mobilier au Kenya, les robots ne seront compétitifs qu’en 2032. Il existe, par conséquent, des possibilités importantes de formation de travailleurs dans l’avenir. Les politiques comptent. La création d’emplois d’un niveau décent requiert des politiques capables de renforcer la productivité et de permettre le transfert de la main-d’œuvre des secteurs traditionnels vers les secteurs modernes. Les gouvernements, en partenariat avec le secteur privé et la communauté des bailleurs de fonds, doivent faire de l’enseignement de qualité et du développement de compétences leur priorité absolue. L’Afrique ne pourra faire face aux défis de la quatrième révolution industrielle si seulement 2 % des jeunes en âge de s’engager dans des études universitaires obtiennent un diplôme en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques. Il existe également une demande forte pour des compétences en affaires et en création d’entreprises, en gestion de problèmes complexes, en sciences sociales, en traitement de données et en organisation systémique, ainsi qu’en analyse cognitive.

nologies de la quatrième révolution industrielle et des défis et opportunités qu’elles présentent. Le rôle de la Banque africaine de développement, en tant que prestataire d’assistance technique et de conseils dans le domaine de la connaissance, est d’être une interface du développement et des investissements du secteur privé. En sa qualité d’acteur financier dans les investissements stratégiques en faveur de la création d’emploi, la Banque est bien évidemment incontournable. La stratégie Jobs for Youth in Africa (Des emplois pour les jeunes en Afrique) de la Banque vise ainsi à aider le continent africain à créer 25 millions d’emplois d’ici à 2025. Il s’agit là d’une grande priorité qui revêt un caractère urgent. La destinée de la jeunesse africaine ne doit pas être de périr dans les eaux de la mer Méditerranée, mais de transformer le continent.

L’emploi, une grande priorité pour la Banque. Le besoin de créer des emplois productifs est largement reconnu, mais les décideurs politiques sont moins conscients de l’importance des tech-

Quelles seront les implications de la quatrième révolution industrielle sur la situation de l’emploi déjà difficile en Afrique ? Les opportunités. La rapidité des progrès technologiques constitue une opportunité pour l’Afrique d’atteindre rapidement des niveaux plus élevés de productivité. Les innovations technologiques dans le domaine de l’agriculture en particulier sont pertinentes, une fraction importante de l’emploi en Afrique étant axée sur l’agriculture. Les progrès réalisés dans l’agriculture de précision, fondés sur l’automatisation et l’Internet des objets, renferment un immense potentiel en matière de renforcement de la productivité et d’accélération de la transformation structurelle. De plus, l’Afrique représente déjà le deuxième marché de la téléphonie mobile dans le monde, et le pool d’entrepreneurs à succès qui recourt à ces technologies est en pleine croissance. Dans le

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L’initiative Des emplois pour les jeunes : assurer le dividende démographique de l’Afrique

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ur l’ensemble des richesses et du potentiel inexploité de l’Afrique, son plus grand atout pourrait bien être ses jeunes. En effet, sa population de jeunes, estimée aujourd’hui à 420 millions de personnes de 15 à 35 ans, doublera presque d’ici 2050, pour atteindre le nombre de 830 millions. Ils sont intelligents, dynamiques, adeptes des technologies numériques et désireux de mettre à profit leurs compétences et leurs talents. Chaque année, 10 à 12 millions de jeunes Africains accèdent au marché du travail, où seulement trois millions d’emplois formels sont créés annuellement. Les femmes en quête d’emplois formels et informels sont

clare M. Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement. « Si nous parvenons à relever le défi du chômage des jeunes, l’Afrique enregistrera une croissance annuelle de 10 à 20 %. Cela signifie que le PIB de l’Afrique enregistrera une hausse de 500 milliards de dollars EU par an au cours des trente prochaines années, et que les revenus par habitant augmenteront de 55 % par an jusqu’en 2050 ».

développeront, les opportunités d’emploi augmenteront et la qualité de vie des populations africaines s’améliorera ». Récemment, la Banque a organisé le Concours AgriPitch 2018, qui récompense les solutions innovantes visant à améliorer la productivité dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Le concours offre aux jeunes entrepreneurs une plateforme unique leur permettant de se mettre en rapport avec d’autres petites et moyennes entreprises, des mentors et des investisseurs potentiels, et de montrer que l’agriculture peut être un secteur lucratif et passionnant.

Actuellement, 66 millions de jeunes Africains gagnent moins de 2 dollars par jour, soit « moins que le prix d’un hamburger », fait remarquer M. Adesina. À titre de comparaison, 66 millions de personnes représentent la population du Royaume-Uni, de la France

Parmi les 27 participants figurait Ngozi Chituru, cofondatrice de Frotchery Farms, une entreprise de transformation du poisson qui fournit des produits à base de poisson séché aux hôtels et aux supermarchés d’Ibadan au Nigeria. Après avoir connu des débuts difficiles en 2017, Frotchery Farms vend aujourd’hui environ six tonnes de poisson par mois et a obtenu une certification pour desservir les supermarchés. Aboubacar Karim, de la Côte d’Ivoire, a suivi des études en génie agricole au Canada et a décidé de retourner dans son pays pour appliquer dans l’industrie ivoirienne les connaissances qu’il a acquises.

particulièrement touchées, car elles ont souvent des obstacles plus importants à surmonter pour accéder aux opportunités qui se présentent.

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Décryp

L’initiative de la Banque africaine de développement, intitulée Des emplois pour les jeunes en Afrique, vise à créer 25 millions d’emplois en faveur de 50 millions de jeunes au cours des dix prochaines années, en leur donnant les compétences dont ils ont besoin pour accéder à des emplois décents et durables. « Il s’agit d’une opportunité énorme pour l’Afrique », dé-

En 2017, il a fondé Investiv Group, qui supervise et cartographie les cultures à l’aide de drones, aidant les agriculteurs à se débarrasser rapidement des vermines, des maladies et d’autres problèmes dont souffrent leurs cultures. La société emploie une équipe composée de 30 employés de moins de 30 ans, qu’elle affecte à diverses régions de la Côte d’Ivoire.

ou de l’Italie, huit fois celle de la Suisse, et six fois celle de la Belgique. Depuis le lancement de l’initiative en 2016, la Banque a créé 1,6 million d’emplois dans plusieurs pays d’Afrique et a soutenu 128 000 microentreprises et petites et moyennes entreprises, notamment en permettant à 625 000 jeunes de bénéficier de formations.

Comme l’affirme Ashish Thakkar, président du Groupe présidentiel consultatif de jeunes qui fournit des conseils dans le cadre de l’initiative « Des emplois pour les jeunes » : « Nous avons beaucoup de chance d’être des jeunes à notre époque sur notre formidable continent, au moment où a lieu un développement rapide des technologies et une transformation numérique. Il est temps à présent que nous adoptions une réflexion créative et innovante, que nous nous inspirions et nous soutenions mutuellement, et que nous nous donnions les moyens de réaliser notre transformation. Le moment est venu pour nous ».

« Les jeunes ne sont pas l’avenir de l’Afrique, ils sont notre présent », indique Mme Oley Dibba-Wadda, directrice du capital humain, de la jeunesse et du développement des compétences auprès de l’initiative Des emplois pour les jeunes. « Lorsque les jeunes auront la possibilité de réussir, les économies de l’ensemble de l’Afrique se

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Témoignages Kenya

UNE ALIMENTATION EN ÉLECTRICITÉ BON MARCHÉ ET FIABLE POUR 500 000 FOYERS ET 300 000 ENTREPRISES DU KENYA Au Kenya, l’accès à l’électricité reste relativement limité. Seule la moitié de la population y a accès, et à des tarifs bien plus élevés que dans les autres économies d’Afrique. quand le projet géothermique de Menengai démarrera, l’alimentation en électricité devrait s’améliorer de façon remarquable. Anika Kariuku, habitante du district de Nakuru

Avoir bientôt l’électricité va rendre notre vie plus facile. Pour nous, il sera plus facile de cuisiner et d’éclairer la maison. J’attends vraiment cela avec impatience parce que cela me permettra de mieux gérer mes tâches ménagères. Je pourrai préparer rapidement le petit déjeuner et amener mes enfants à l’école à l’heure.

e projet a reçu une aide financière de 502,9 millions de dollars américains de la Banque africaine de développement et de divers partenaires afin d’assurer une alimentation en électricité fiable, propre et bon marché à des milliers de foyers et d’entreprises manufacturières.

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près de 500 000 foyers, dont 70 000 situés dans des zones rurales, et de 300 000 petites entreprises. Elle fournira également 1 000 GWh d’électricité aux entreprises et aux industries. Le projet réduira aussi les émissions de CO2 de près de 2 millions de tonnes par an.

Avec une puissance de 400 MW, le projet géothermique de Menengai accroîtra de 26% la capacité de production de l’ensemble des installations existantes. Les foyers, les entreprises et les usines du Kenya en bénéficieront tous. L’électricité qui sera générée sera équivalente aux besoins de consommation de

Un meilleur accès à une énergie propre devrait améliorer considérablement la santé et les perspectives en matière d’éducation, notamment pour les femmes et les filles de la région. Le projet garantira aussi un taux d’emploi de 30%, ce qui est bien plus élevé que celui des villes de petite taille de la région.

Joseph Mbugua, professeur des écoles

Un grand nombre de nos écoliers souhaitent étudier, mais l’absence d’électricité est un facteur restrictif. Cela a porté atteinte à leurs résultats scolaires, parce que les élèves ne peuvent étudier que quelques heures par jour.

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Lucy, écolière de 14 ans

Si nous avions l’électricité, mes frères et moi pourrions étudier le soir chez nous et à l’école.

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progrAMMe

du j ur

10 h Ouverture officielle des Assemblées annuelles 2018 12 h Événement spécial 2 : Dialogue de haut niveau 14 h 15 Dialogue sur les perspectives économiques en Afrique 15 h 30 Première séance des Conseils des gouverneurs 17 h Réunion-débat de haut niveau sur le climat et des risques de catastrophe en Afrique 18 h Cocktail de la presse 18 h 30 The Africa Road Builders – Trophée Babacar Ndiaye 2018 Plus d’infos : https://am.afdb.org/fr/programme

Découvrir Busan

Seo-Gu : Plongez dans le quotidien des Busanais Le marché de Jagalchi. Tôt le matin, allez flâner sur le plus important marché de poissons et de crustacés de Corée, dont les étals débordent de poissons – maquereaux, seringues de mer et chair de baleine. Dégustez des sashimis au restaurant Chungmu Hoetjip ou profitez d’un buffet de fruits de mer à l’OASE Seafood Buffet. Vous pouvez, sinon, préférer la convivialité plus simple des pojangmacha (littéralement "carrioles ouvertes"), ces traditionnelles tentes-restaurants dressées dans la rue, où déguster par exemple du… maquereau au piment ! Rendez-vous ensuite au célèbre marché Gukje (également connu sous le nom de Dottegi), l’un des plus grands marchés aux puces du pays et des plus insolites, créé par des réfugiés après la Guerre de Corée. Il est aussi relié à d’autres petits marchés comme ceux de Bupyeong et de Kkangtong. Après 17 h, joignez-vous aux habitants de Busan sur les stands très animés de Seomyeon Eatery Alley, qui foisonnent de produits locaux et proposent toute une gamme de plats traditionnels comme le topokki (gâteau de riz frit), l’eomuk ou l’oden (gâteau de poisson), le sundae (sorte de saucisse coréenne) et le dwaeji-gukbap (plat à base de porc et de soupe de riz).

Proverbe coréen du jour 돌다리도 두들겨 보고건넌다 « Si vous voulez que les autres disent du bien de vous, à vous de n’en dire que du bien » Ce qui signifie : Un prêté pour un rendu

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