Busan Bulletin 24 05 2018 FR Numéro 04

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@AfDB_Group #AfDBAM2018 afdb.org/am BULLETIN DES ASSEMBLÉES ANNUELLES DU GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT - 24 MAI 2018

La Corée partage son expérience de révolution technologique et industrielle avec l'Afrique e président coréen Moon Jaein s'est engagé à partager l'expérience technologique et industrielle de la Corée avec l'Afrique pour l'aider à trouver sa place dans la quatrième révolution industrielle.

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C’était là la substance de son message vidéo lors de l'ouverture des Assemblées annuelles. « L'Afrique n'est plus le lion endormi. La Corée est heureuse de partager son expérience industrielle avec le continent.» Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a remercié le gouvernement de la Corée d'avoir accueilli les Assemblées annuelles de la Banque. Il a salué la transformation de la Corée, nation pauvre il y a 60 ans devenue la onzième plus grande économie du monde, l'industrialisation ayant grandement à sa transformation.

DANS CE NUMÉRO

«Aujourd'hui, les téléviseurs et les téléphones Samsung et LG dominent le marché mondial ; les voitures coréennes sont partout dans le monde. La Corée s’était résolument engagée

dans sa dynamique industrielle comme la Chine et le Japon. L'Afrique doit apprendre de l'industrialisation de la Corée et des expériences tout aussi remarquables de la Chine, du Japon et d’ailleurs», a-til déclaré. «L'Afrique doit accélérer son industrialisation. C'est pourquoi la Banque africaine de développement prévoit d'investir 35 milliards de dollars américains au cours des 10 prochaines années dans son programme d'industrialisation. Notre stratégie contribuera à faire passer le PIB industriel de l’Afrique de son niveau actuel d'un peu plus de 700 milliards de dollars à plus de 1 720 milliards de dollars d'ici 2030. Cela permettra au PIB de l'Afrique d'atteindre plus de 5 600 milliards de dollars.

valeur à tout ce qu'elle produit –de l'agriculture aux minerais. L'Afrique doit remonter du bas au sommet des chaînes de valeur mondiales.»

«Pour que les nations deviennent riches, la formule est claire : les nations riches ajoutent de la valeur à tout ce qu'elles produisent ; les pays pauvres exportent simplement des matières premières brutes. L'Afrique doit s'industrialiser et ajouter de la

Les jeunes Africains peuvent transformer le continent pour qu’on leur en donne l’opportunité. L’histoire de Clarisse Iribagiza en témoigne. Cette jeune femme rwandaise a obtenu sa maîtrise en technologie de l'information et des communications de l'Ins-

Édito : En quoi la Corée peut inspirer l’Afrique p.3 Invitée du jour : Hassatou Diop N’Sele, Vice-présidente chargée des Finances p.6 À la rencontre de nos influenceurs sur les réseaux sociaux p.8 Découvrir Busan : Plongez dans le quotidien des Busanais p.12

Retrouvez l'album photo sur Flickr : j.mp/2IF46wH

Visionnez les discours des Gouverneurs : j.mp/2IDTEFU

l’égalité entre les sexes, et pour veiller à ce que tous aient les mêmes chances dans le processus d’industrialisation, en Afrique et ailleurs. Telles sont les conclusions d’un petit-déjeuner de travail, organisé en marge des Assemblées annuelles, qui portait sur L’industrialisation à travers le prisme du genre. « Malgré les efforts déployés par les gouvernements africains pour faire avancer

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L’industrialisation doit s’accompagner de l’égalité des sexes es actions concrètes et efficaces doiD vent être mises en place pour promouvoir l’autonomisation des femmes et

Visionnez les interviews des Gouverneurs : j.mp/2IErqut

titut des sciences et de la technologie de Kigali, un programme soutenu par la Banque. Avec une modeste contribution du gouvernement rwandais, Clarisse a lancé une entreprise de TIC qu'elle a récemment vendue pour 10 millions de dollars. Elle est maintenant membre du Conseil consultatif présidentiel de la Banque pour la jeunesse.

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l’égalité des genres, les femmes sont encore écartées de certaines opportunités économiques. Nous devons agir et montrer notre détermination à combler ce fossé », a déclaré Jennifer Blanke, viceprésidente de la Banque africaine de développement. Elle a invité les économies et les décideurs politiques au niveau mondial à mieux positionner le genre dans les sphères sociales, économiques et politiques. « Il nous faut élaborer une stratégie qui favorise l’entrepreneuriat féminin et la Suite p. 3


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Gravir les échelons du développement industriel

Lédito

Les pays africains peuvent-ils suivre l’exemple coréen ? La question se pose de façon d’autant plus aiguë que ces Assemblées annuelles 2018 de la Banque africaine de développement se déroulent à Busan, capitale industrielle de la Corée. Si les pays d’Afrique ont enregistré une croissance impressionnante ces dix dernières années, ils ont peu fait en termes d’industrialisation.

Par Pierre Guislain, Vice-président chargé du secteur privé, de l’infrastructure et de l’industrialisation Banque africaine de développement

es réformes politiques axées sur les exportations qui ont propulsé la Corée sur les marchés étrangers ont joué un rôle capital dans sa transformation structurelle. Le pays est aujourd’hui l’un des dix plus gros exportateurs au monde.

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La Corée a pu aussi se redresser au plan économique grâce à un environnement des affaires devenu attractif pour les investisseurs internationaux et à des mesures qui encouragent l’investissement dans l’innovation.

La mondialisation a ouvert les marchés internationaux à une intense concurrence, qui rend difficile toute restriction commerciale ou politique protectionniste.

pourraient d’ailleurs réduire aussi la facture des importations alimentaires du continent, qui devrait bondir à plus de 110 milliards de dollars d’ici à 2025 - contre 39 milliards en 2016. La société ghanéenne Blue Skies offre un bon exemple de potentiel réalisé à plein. Alors qu’elle ne comptait que 35 employés en 1999, elle en a aujourd’hui plus de 3 000, devenue l’un des plus grands fournisseurs de fruits frais coupés sur les marchés européens. Ce sont pareils potentiels qu’il faut exploiter à plus grande échelle.

La Zone de libre échange continentale en Afrique, adoptée à Kigali en mars 2018, doit être pleinement appliquée. Tous les pays doivent la ratifier. Une intégration régionale efficace est nécessaire pour réussir la mise en œuvre des politiques industrielles et commerciales de la plupart des pays.

L’Afrique ne peut s’industrialiser sans électricité, sans routes, sans réseaux ferrés et sans TIC, et des infrastructures sont nécessaires pour réduire les coûts de production des industries en aval. L’expérience coréenne montre que l’industrialisation est un processus à long terme qui exige des réformes et des mesures fortes sur plusieurs fronts, de la persévérance et de la discipline.

Les opportunités foisonnent d’ajouter de la valeur au niveau local dans les chaînes de valeur agricoles. La part de l’agriculture dans l’emploi s’élevait à 55 % environ entre 2010 et 2012, mais le secteur n’a contribué qu’à 15 % du PIB. Or l’Afrique a aujourd’hui l’occasion de propulser ses agro-industries. Celles-ci

Les pays d’Afrique doivent prendre leur place dans la production économique mondiale et conduire des politiques qui tirent parti de leurs vastes ressources naturelles pour encourager l’ajout de valeur à l’échelle locale dans la production de biens et de services.

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L’Afrique peut libérer son potentiel en misant sur l’investissement. C’est dans ce sens que la Banque a créé l'Africa Investment Forum, une plate-forme transactionnelle visant à tirer parti des fonds de pension mondiaux, des fonds souverains et d'autres investisseurs institutionnels pour investir de manière significative en Afrique. Cette nouvelle place de marché de l'investissement aura lieu du 7 au 9 novembre 2018 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Dong Yeon Kim, vice-Premier ministre et ministre de la Stratégie et des finances de la République de Corée, a déclaré qu'une nouvelle approche était urgente. Il a fait référence à la Case de l’Oncle Tom, un roman américain du XIXe

siècle écrit par Harriet Beecher Stowe qui envisageait un avenir prometteur pour l'Afrique. «Harriet Stowe avait raison. L’Afrique est aujourd’hui florissante, comme elle l'avait prédit. La croissance dans la région au cours des 20 dernières années a été de 3% supérieure à la période précédente, et le taux de pauvreté absolue a diminué aux deux tiers de ce qu'il était il y a 20 ans.» Kim a souligné la nécessité d'une industrialisation novatrice pour traduire le potentiel de l'Afrique en prospérité économique. «La politique d'industrialisation devrait prendre en compte les conditions uniques de chaque pays. Les nouvelles technologies

permettent de sauter certaines étapes de développement en accélérant le processus d'industrialisation et en créant de nouvelles valeurs.» L'infrastructure intelligente, a-t-il déclaré, représente un domaine où la Corée peut apporter une contribution prometteuse. «Une infrastructure intelligente peut pallier le manque de routes, d’aéroports et de ports en Afrique. Elle facilite une utilisation optimale des ressources et peut même remplacer l'infrastructure traditionnelle. L'Afrique obtient déjà des résultats significatifs dans ce domaine. À l'avenir, la Corée est fermement déterminée à partager sa riche expertise et son expérience en tant que partenaire proche de l'Afrique.»

Suite de la p. 1 création d’emplois pour les femmes, notamment dans les régions où le milieu du travail est dominé par les hommes. Un partenariat entre toutes les parties prenantes est indispensable », a-t-elle affirmé.

Maria Flachsbarth, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministère allemand de la Coopération économique et du développement, a expliqué que lorsque la participation et les droits économiques des femmes sont entravés, celles-ci deviennent des citoyennes pauvres. « Nous devons agir ensemble pour garantir une mise en œuvre ef-

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Andrew Clark, directeur des finances internationales au sein d’Affaires mondiales Canada, a ajouté : « Il n’est aucun poste qu’une femme ne puisse occuper. Nous devons reconnaître l’importance de l’égalité hommes-femmes dans l’industrialisation, surtout si nous souhaitons construire des économiques fortes et dynamiques. » Une hausse des investissements dans l’éducation et la formation professionnelle des filles afin que l’industrialisation puisse tirer pleinement parti du potentiel économique des femmes a également été évoquée.

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jour

La plus courte distance entre deux êtres est un sourire – Kenya

Directeur de la publication Victor Oladokun Éditeurs Mina Mammeri, Jennifer Patterson, Faïza Ghozali Coordination de la production Chawki Chahed, Solange Kamuanga Contributeurs (dans l’ordre alphabétique) : Seidik Abba, Kennedy Abwao, Alexis Adele, Cecilia Amaral, Emeka Anuforo, Yuna Choi, Andie Davis, Deborah Glassman, Saori Kodama, Muyiwa Moyela, Ivan Mugisha,

Olivia Ndong-Obiang, Liam Neumann, Felix Njoku, Hyun Young Ryu, Stephen Yeboah Photo Guy-Roland Tayoro, Thierry Gohore, Florentin Nando Version digitale Simon Adjatan, Christiane Moulo Design et maquette Yattien-Amiguet L., Justin Kabasele, Guy-Ange Gnabro, Phillipe Mutombo Luhata, Selom Dossou-Yovo © Banque africaine de développement/PCER, mai 2018

Équipe du Busan Bulletin

Les participants ont également appelé à une industrialisation inclusive qui ne laisse personne pour compte, insistant sur le fait que l’égalité hommes-femmes est non seulement un droit humain fondamental, mais également un facteur de croissance économique plus rapide, de prospérité partagée et de développement durable.

fective de l’égalité des genres dans les régions où les progrès en la matière sont encore trop lents et contrastés. L’objectif premier consiste à garantir une industrialisation inclusive aux hommes comme aux femmes, afin d'instaurer un cadre de vie agréable pour tous », a-t-elle insisté.

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Actus du jour

Capitaux, infrastructures, R&D et politiques industrielles sont nécessaires pour stimuler l’industrialisation en Afrique Les policiers coréens chargés d’assurer la sécurité des Assemblés annuelles, toujours disponibles et souriants.

Isabel Riano, qui représente le Canada au Conseil des gouverneurs de la Banque

« Les pays africains ont besoin d’accéder aux capitaux, de politiques industrielles adéquates et de recherche et développement pour combler la fracture industrielle avec le reste du monde », ont déclaré, mercredi 23 mai à Busan, les dirigeants des institutions financières régionales et internationales venus assister à l’édition 2018 des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement. « On a besoin d‘une industrialisation qui sorte les populations de la pauvreté », a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, lors du Dialogue de haut niveau sur l’accélération de l’industrialisation africaine : vision, expériences et enseignements, face à l’auditoire composé de figures et spécialistes avérés du développement international et de dirigeants politiques africains. Les pays doivent se concentrer davantage sur le développement de politiques industrielles pour canaliser les investissements vers des projets donnant de meilleurs résultats, a-t-il ajouté. Avant d’appeler à investir dans des pôles d’innovation qui combinent diverses compétences, des investissements dans la robotique et des compétences en informatique et en ingénierie pour appuyer le programme d’industrialisation. Le président de la Banque a également déclaré qu’il est capital que les universités africaines forment davantage de diplômés avec des qualifications qui leur permettent de survivre dans le monde numérisé actuel, plutôt que de former des

diplômés en technologie de l’ancienne école. « Un leadership politique avec une vision d’avenir, des politiques et des moyens financiers sont ce dont nous avons besoin. Nous avons aussi dit que l’infrastructure est capitale », a déclaré Akinwumi Adesina lors de la table ronde à laquelle participaient le Premier ministre rwandais Édouard Ngirente et son homologue marocain Saadeddine Othmani – entre autres. Autre invité de prestige à cette table ronde, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a prévenu que le processus d’industrialisation de l’Afrique, pour réussir et être compétitif à l’international, nécessite de porter une attention particulière à l’amélioration des technologies, à l’investissement dans l’éducation et au renforcement des capacités des entreprises manufacturières. « Je n’ai pas encore réussi à voir une usine africaine de confection qui fonctionne aussi bien que les mêmes usines au Bangladesh », a affirmé Jim Yong Kim. Et de conseiller aux pays africains de ne pas se focaliser sur des secteurs industriels qui risquent d’être vite dépassées en raison de technologies obsolètes, mais de miser sur la capacité d’innovation qu’offrent les nouvelles technologies numériques. Le président de la Banque mondiale a cité le programme américain AGOA (African Growth and Opportunities Act), qui permet d’exporter des produits africains aux États-Unis en franchise de droits, assurant que ce programme a ainsi permis à certaines usines en Afrique de rester en activité.

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Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, venu assister à la cérémonie d’ouverture officielle des Assemblées annuelles.

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Le jeune milliardaire anglo-ougandais Ashish Thakaar, devenu un habitué des Assemblées annuelles de la Banque.

À la cérémonie de remise des prix African Banker dont la Banque est partenaire, les invités pouvaient revêtir la Hanbok, une tenue coréenne traditionnelle portée à l’occasion de célébrations, comme cette soirée de récompenses.

tres u s a e é s l e b l t m e s Asse nvite les uns e famille. e d e r u t r na i uv e i s o ’ e h ot o d d d p e A i e l t n l n e o e n m d n i À la cérés 2018, le prés pour la traditio annuelleindre sur scène à le rejo

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Spectacle lors de la soirée de réception KOAFEC, au 2e jour des Assemblées annuelles de la Banque.

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L’invitéE

du JOuR

dans le domaine du genre, de la conservation des océans (obligations bleues), de la diaspora, voire dans le domaine de l’investissement à impact. Au regard des besoins énormes de financement pour les pays africains, quelle autre initiative envisagez-vous pour permettre à la Banque d’avoir suffisamment de ressources pour soutenir ses membres régionaux ?

Dans cette interview pour Busan Bulletin, la trésorière générale de la Banque africaine de développement, Hassatou N’Sele, confirme la solidité financière de la Banque et ses perspectives favorables. En 2016, les prêts et dons octroyés par la Banque ont atteint un niveau record de 8,7 milliards de dollars américains.

En 2017, le Groupe de la Banque a approuvé un montant total de 8,7 milliards de dollars en opérations souveraines et non souveraines. C’est bien en dessous de ce qui est nécessaire pour couvrir les énormes besoins de financement du continent. Nous généralisons actuellement l’utilisation de produits financiers à effet de levier, tels que les garanties, pour attirer davantage de financement privé, mais aussi l’utilisation de la syndication. Nous avons mis en place la plus grande syndication du continent en 2016 et entendons en mettre en place davantage. Nous mettons davantage l’accent sur le cofinancement et ; enfin, nous sommes en train de lancer l’Africa Investment Forum. Ce forum est une étape importante visant à accélérer et à généraliser les investissements privés sur le continent. Il servira à faire progresser les projets jusqu’à ce qu’ils soient susceptibles d’être financés, à écarter les risques qui y sont associés, à lever des capitaux, à tenter de surmonter les obstacles et de combler les déficits d’information, ainsi qu’à accélérer le bouclage financier des accords. L’AIF aidera l’Afrique à réduire son déficit de ressources.

Hassatou N’Sele, vice-présidente par intérim chargée des Finances et trésorière du Groupe de la Banque africaine de développement

Comment se porte la Banque africaine de développement financièrement en 2018 ? a Banque se porte très bien. Sa note a été réaffirmée, avec une perspective stable. Les agences de notation jugent notre profil financier très solide, grâce entre autres à notre gestion et à nos politiques financières très prudentes, à notre niveau très élevé de liquidités et au très fort soutien dont nous jouissons de la part de nos actionnaires. Bien que la réalisation de bénéfices ne soit pas notre principal objectif, nous avons dégagé 312 millions de dollars de revenus que nous allons affecter à nos réserves, tout en en donnant une part considérable, entre autres, au Fonds africain de développement qui répond aux besoins des pays à faible revenu.

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En 2017, vous avez présenté un programme d’obligations sociales. Quel bilan faites-vous de l’introduction de ce type d’instrument financier et quelles en seront les prochaines étapes ? Cela a été un grand succès, au point que nous voulons le déployer à grande échelle, chaque année. Grâce à notre mission et à notre mandat, nous sommes un émetteur socialement respon-

sable, actif sur les marchés durables depuis 2010, date à laquelle nous avons commencé à émettre des petites obligations thématiques liées à l’éducation, aux énergies propres et à la sécurité alimentaire et, récemment, aux High 5 de la Banque. Nous avons lancé en 2013 notre programme d’obligations vertes, très bien accueilli par les investisseurs. Ce programme soutient des projets d’atténuation des effets et d’adaptation au changement climatique. Portés par ce succès, nous avons mis en place un programme d’obligations sociales avec un double objectif : présenter les mesures concrètes de la Banque pour réduire la pauvreté sur le continent, en particulier par des projets financés ayant un impact social fort, et répondre à la demande croissante des investisseurs socialement responsables pour une plus grande transparence de l’impact de leurs investissements. En tant qu’institution multilatérale de développement, nous avons un rôle majeur à jouer dans l’aide à apporter à ce marché émergent. La réaction des investisseurs s’est traduite par un carnet d’ordres trois fois sursouscrit en moins de 3 heures, lorsque nous avons exécuté notre première transaction d’obligations sociales en novembre 2017. Pour l’avenir, nous voulons poursuivre sur cette lancée et continuer de répondre aux besoins des investisseurs socialement responsables, que ce soit

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Certains sont favorables à une évolution du Fonds africain de développement (FAD), créé en 1972, pour qu’il emprunte sur les marchés financiers. Quelles en seraient les conséquences ? Le FAD est un partenariat efficace entre les actionnaires non africains de la Banque et les pays africains bénéficiaires. C’est une source importante d’aide financière et technique pour la plupart des pays d’Afrique. Il est financé principalement par des contributions de membres non africains du Groupe de la Banque, ainsi que de certains pays africains à revenu intermédiaire. Un Groupe de travail du FAD a été créé par des donateurs du FAD pour faciliter les discussions sur les innovations qui répondent aux problèmes d’ordre structurel concernant l’avenir du FAD et sur la façon dont il peut contribuer efficacement au programme de développement des États africains les plus vulnérables. Ce groupe de travail se penche actuellement sur le modèle financier qui, pour le FAD, serait le mieux apte à relever les défis liés au nouveau programme de développement, notamment par des approches novatrices qui permettent de déployer plus efficacement les ressources du FAD.

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Le Conseil des gouverneurs adopte son programme de travail par consensus

L'Afrique doit investir dans les idées Malgré la croissance économique générale observée en Afrique, les experts se déclarent encore préoccupés quant à la capacité du continent à investir dans des idées qui permettront de surmonter des niveaux élevés d'endettement et de chômage. Carlos Lopes, éminent économiste du développement africain, membre du Comité de réforme de l'Union africaine, a estimé que des investissements massifs dans l'industrialisation des économies africaines permettraient à certaines d'entre elles de réaliser un véritable bond.

Les 80 gouverneurs de la Banque africaine de développement se sont aisément mis d’accord sur leur programme de travail, mercredi 23 mai, à Busan, lors de leur première session de travail au cœur des Assemblées annuelles 2018 de l’organisation, qui se tiennent du 21 au 25 mai à Busan, en Corée. À l’issue de cette première session présidée par le vicepremier ministre et ministre de la Stratégie et des finances coréen, Kim Dongyeon, le Conseil des gouverneurs a entériné le rapport du Comité mixte conjoint qui s’est réuni le 21 mai à Busan et qui avait retenu douze points à débattre cette année. Entres autres sujets de délibérations entérinés dans le compte-rendu que la ministre congolaise du Plan, de la statistique et de l’intégration régionale, Ingrid Ebouka-Babackas, également gouverneur de la Banque pour le Congo, a présenté au Conseil, figurent le rapport d’exercice 2017 des activités de la Banque,

l’élection de nouveaux administrateurs, l’affectation des résultats de l’exercice budgétaire achevé, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), le secteur de l’eau, outre le projet d’une 7 è augmentation générale du capital de la Banque. Jeudi 24 mai, le Conseil de gouverneurs, la plus haute instance de décision de la Banque, discutera également des enjeux de développement de l’Afrique. Plusieurs gouverneurs ont déjà eu à s’exprimer, lors de différentes sessions et tables rondes, sur le thème des assemblées annuelles 2018, Accélérer l’industrialisation de l’Afrique. Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim, invité d’honneur de la première session du Conseil des gouverneurs, a réitéré sa foi en l’avenir de l’Afrique et exhorté la Banque africaine de développement à poursuivre dans la voie qu’elle s’est tracée.

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« Certains continuent à dire que l'industrialisation de l'Afrique est impossible. C’est notre manque de connaissances et de perspectives futures qui nous empêche de faire confiance à l'avenir et d'investir dans les idées autant que nous le devrions », a-t-il déclaré lors du troisième jour des Assemblées annuelles 2018 de la Banque africaine de développement. Carlos Lopes s'exprimait à l'occasion d'un dialogue de haut niveau sur les Perspectives économiques en Afrique 2018, un rapport publié par la Banque africaine de développement. « À moins d'un renforcement de la volonté politique et des investissements stratégiques, de nombreux pays risquent de ne pas atteindre leurs objectifs en matière d'industrialisation. Il doit y avoir convergence entre la détermina-

tion politique et tous les ingrédients macroéconomiques pour permettre une industrialisation de grande ampleur en Afrique », a-til ajouté. Justin Yifu Lin, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, estime quant à lui que l'Afrique peut tirer des leçons des succès de l'industrialisation. « La Corée est le meilleur endroit pour faire la démonstration du pouvoir des idées. Après la Seconde Guerre mondiale, la Corée était un pays post-colonial déchiré par la guerre et son PIB était similaire à celui de nombreux pays d'Afrique. Mais le pays a commencé à construire des ponts et des métros qui, à l'époque, étaient considérés comme des investissements imprudents parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'activité économique », a-t-il expliqué. « Maintenant, la Corée est une économie industrialisée avancée avec l'un des taux de PIB les plus élevés au monde. Je ne dis pas que l'Afrique devrait simplement copier ce modèle, mais il est nécessaire de réfléchir, d'apprendre et d'investir dans des idées solides. » Selon le rapport Perspectives économiques en Afrique 2018, les besoins en infrastructures de l'Afrique se situent entre 130 et 170 milliards de dollars par an, un chiffre nettement supérieur aux 93 milliards de dollars par an admis jusqu'à présent.

Le Prix Babacar Ndiaye 2018 remis à Busan au président kenyan Uhuru Kenyatta Le prix Babacar Ndiaye pour l’année 2018 a été remis mercredi soir à Busan, en Corée, au représentant du président kenyan Uhuru Kenyatta lors d’une cérémonie organisée en marge des 53e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement. Selon la plateforme ivoirienne Acturoutes, promotrice du prix, le chef de l’État kenyan a été distingué pour « son leadership personnel et pour la transformation du réseau routier » de son pays. Le jury du prix, qui porte le nom du cinquième président de la Banque africaine de développement, a également été sensible aux efforts du président kenyan dans « le développement du chemin de fer et la simplification du transport aérien » ainsi que les progrès accomplis en matière d’éclairage public au Kenya. Lancé en 2016, le Trophée Babacar Ndiaye récompense les meilleures initiatives en matière d’infrastructures routières et de transport en Afrique. Il est remis pour la première fois depuis le décès de Babacar Ndiaye, en juillet 2017 à Dakar.

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Dixit Les gouverneurs Regis Immongault, alors gouverneur pour le Gabon L’Afrique des crises a prédominé : la crise de l’endettement, la crise des matières premières. Il est temps aujourd’hui de faire une transition. Même si on lit et on entend dire que ce siècle sera celui de l’Afrique, ne nous contentons donc pas de clichés !

INFLUENCEURS

Trois mousquetaires de la toile en plongée à Busan

Mondli Gungubele, Afrique du Sud La Banque doit se montrer proactive en matière de développement et veiller scrupuleusement au succès des projets de chaque pays. Si vous donnez un milliard à la Zambie, c’est parce que vous êtes sûrs que les infrastructures, tant humaines que physiques, existent pour que cet argent soit utilisé de manière efficace.

Kanny Diallo, Guinée Nous sommes, comme j’aime à le dire, à la croisée des chemins dans notre pays ; un pays qui est potentiellement riche tant du point de vue agricole que minier. Or même si nous avons tout ce qu’il faut pour développer le pays, cela ne suffirait pas. L’objectif de la Guinée, c’est d’atteindre le développement durable. C’est pourquoi nous avons élaboré le Programme national d’investissement, pour lequel la Banque s’est engagée à soutenir la Guinée et à l’accompagner.

Ibrahim Hamadou Hassan, Djibouti La Banque africaine de développement a besoin d’augmenter son capital, car les priorités qu’elle s’est fixées, s’agissant des High 5, sont très importantes. En choisissant ces priorités, en ayant également constaté qu’il y avait une forte demande de prêts par les pays membres, l’augmentation de capital s’est avérée indispensable et nécessaire pour la pérennité des services requis par les pays membres et pour le développement de l’Afrique.

Zied Ladhari, Tunisie Le thème de l’industrialisation est pertinent, car l’Afrique dispose d’un potentiel économique qu’elle peine, depuis longtemps, à exploiter. Le potentiel industriel figure au premier rang des atouts économiques du continent. Nous avons aujourd’hui des success-stories dans l’industrie manufacturière et non manufacturière sur tout le continent. Il est nécessaire de mener ensemble cette réflexion sur l’industrialisation de l’Afrique.

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Origine, style, public... Ils ont l’Afrique en commun et des followers par milliers qui les suivent sur les réseaux sociaux, et tous trois sont ravis de faire équipe à l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement en Corée. Édith Brou, venue de Côte d’Ivoire (@Edithbrou, 133 529 abonnés), Mohamed El Dashan, venu d’Égypte (@Eldashan, 50,439 abonnés), et Ulrich Janse Van Vuuren d’Afrique du Sud (@UlrichJvV, 781 875 abonnés) sont ces jeunes étoiles montantes sur les réseaux sociaux qui font bouger les lignes sur le continent africain. Entre deux sessions et une visite à travers les rues de Busan, ils partagent sur leurs comptes respectifs réflexions, saillies et anecdotes, non sans humour. Mais c’est surtout à travers leurs live tweets qu’ils participent à la transformation de l’Afrique. « Un influenceur est un leader d'opinion, un citoyen "augmenté" », comme aime à se définir Édith Brou, geek au féminin de 33 ans. Qui assure : « Nous pouvons

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susciter des changements de décisions auprès du secteur privé et/ou public, sauver des vies, prévenir des désastres… ». La jeune femme croit à l’industrialisation du continent : « Tout est possible. À condition que les différents chefs d’États agissent dans l'intérêt général. Il faut qu'ils prennent des décisions de rupture ». Mohamed El Dashan, lui, juge le terme d’influenceur « terriblement imparfait ». Qu’importe, il est convaincu que ce rôle peut changer les choses « pour le meilleur ou pour le pire » - mais surtout pour le meilleur. « Nous sommes-là pour essayer de promouvoir le programme vertueux de la Banque africaine de développement, ce qui ressort de ses Assemblées, et nourrir le débat public. Les débats sont de haut vol et les panels de très grande qualité, juge le jeune homme. Même si j'aurais privilégié plus de temps d’échanges avec le public ». Participant pour la première fois aux Assemblées annuelles de la Banque, Ulrich Van Vuuren n’est pas du tout dépaysé pour autant. Débats, soirées festives, rencontres et VIP, rien n’a échappé à son écran. « C’est tout simplement passionnant ! », ne cesse-t-il de s’exclamer.


Industrialisation Les infrastructures sont un catalyseur clé de l’industrialisation en l’Afrique

’ Afrique doit cesser d’être le maillon faible des chaînes de valeur internatioL nales et doit évoluer rapidement pour s’industrialiser, en ajoutant de la valeur à tout ce qu’elle produit », a déclaré Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement lors du lancement en novembre 2017 du rapport Industrialiser l’Afrique : stratégies, politiques, institutions et financement. Industrialiser l’Afrique est l’une des priorités stratégiques des High 5 : c’est seulement grâce à l’industrialisation que l’Afrique pourra sortir de la pauvreté généralisée et du chômage. La question de savoir pourquoi le continent ne s’est pas autant industrialisé que le reste du monde fait l’objet de débats. Les explications vont du manque d’accès au crédit à l’absence de planification, aux coûts plus élevés, et aux produits importés bon marché qui empêchent la croissance des activités industrielles nationales. Pourtant, le Rwanda, l’Éthiopie, la Tanzanie et Maurice, par exemple, ont développé avec succès des industries manufacturières, prouvant que l’industrialisation était à portée de main. L’industrialisation accélérée permet aux économies africaines de se développer à un rythme plus rapide. Elle permet aux pays de tirer parti de la production de biens à valeur ajoutée, de réduire leur dépendance à l’égard des produits de base et de s’orienter vers une culture où la population peut passer d’un travail informel mal rémunéré à des emplois qualifiés mieux payés. Cependant, l’industrialisation ne peut se faire sans infrastructures, et l’Afrique paye le prix de son manque d’infrastructures. Un bon réseau routier, rapide et moderne, ainsi que des villes capables d’accueillir un nombre croissant d’habitants et d’offrir des services municipaux adaptés sont nécessaires. Un article paru en mars 2016 dans The Economist indiquait que « bien qu’il y ait eu quelques signes de progrès, des problèmes de longue date, liés aux infrastructures matérielles, aux pénuries de qualifications et aux institutions bureaucratiques, continueront à éroder la compétitivité africaine sur la scène manufacturière mondiale

par Amadou Oumarou, directeur du département des Infrastructures et du développement urbain de la Banque africaine de développement

pour (au moins) le reste de la décennie ». La Banque estime que les besoins en infrastructures de l’Afrique se situent entre 130 et 170 millions de dollars américains par an et que le déficit de financement se situe entre 68 et 108 milliards de dollars par an. Au sein de la Banque, nous avons continué à jouer notre rôle en 2017 en comblant cet écart en participant à des projets d’infrastructures. Nous avons poursuivi notre politique d’investissement dans un portefeuille diversifié de grands projets d’infrastructures tels que les routes, les chemins de fer, les transports aériens, les TIC et le développement urbain, afin d’aider les pays africains à développer leur économie, à accroître leur développement social et à fournir de meilleures prestations dans les domaines de la santé, des transports, de l’éducation et des installations d’eau et d’assainissement.

mique des Nations Unies pour l’Afrique, a enregistré des taux de croissance de 14 à 40 % de la population urbaine africaine depuis 1950 et estime qu’ils atteindront 50 % d’ici 2050. L’industrialisation et l’urbanisation vont de pair à mesure que les populations affluent vers les villes pour trouver un emploi. L’édition 2016 de PEA relève le lien entre l’urbanisation et la mutation structurelle, car l’émergence des villes entraîne généralement une augmentation des revenus et du niveau de vie. Cependant, ce n’est pas toujours ce que vit l’Afrique : « De nombreux pays urbanisés à plus de 50 % ont encore de faibles revenus ». PEA ajoute que l’urbanisation est en train de devenir synonyme de zones d’implantation informelles surpeuplées, de congestion et d’infrastructures surchargées.

En 2017, la Banque a approuvé au total seize projets de transport, de développement urbain et de TIC dans 44 pays, d’une valeur de 1,52 milliard de dollars. Les projets routiers ont représenté le secteur le plus important avec un financement de 689 millions de dollars, suivi des transports aériens avec 295 millions de dollars. Le secteur ferroviaire a représenté 288 millions de dollars, le développement urbain a été évalué à 128 millions de dollars et les projets TIC ont été évalués à 109 millions de dollars. L’industrialisation se produit dans les cités et les villes, d’où la nécessité de politiques de développement urbain bien planifiées. Le taux d’urbanisation de l’Afrique est le plus élevé du monde. L’édition 2016 de Perspectives économiques en Afrique (PEA), un rapport publié conjointement par la Banque, l’OCDE et la Commission écono-

L’Intégration est également importante. Sur les seize projets, six concernaient des opérations transfrontalières représentant 30 % du total des investissements de la Banque, d’un montant de 1,52 milliard de dollars en 2017. Ces derniers contribuent au High 5 Intégrer l’Afrique. Cela est particulièrement pertinent pour les pays d’Afrique sans accès à la mer, car cette intégration augmente leur capacité à exporter des biens et des marchandises. En 2017, l’un des projets du département a consisté à obtenir un agrément pour un prêt de 153 millions de dollars à la Namibie, dont une partie servira à moderniser la ligne ferroviaire en direction du port de Walvis Bay, dans l’ouest du pays. Cela permettra à la Namibie à devenir une plaque tournante internationale et à accélérer l’accès à l’Atlantique Sud, ce qui est particulièrement important pour le Botswana et la Zambie, les deux voisins enclavés de la Namibie. En ce qui concerne l’avenir, la vision de la Banque reste celle d’une contribution progressive pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique avec plus de projets dans toutes les régions, pour mieux implanter l’industrialisation sur le continent.

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Passer de l’importation de produits alimentaires à la transformation agricole

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a Banque africaine de développement considère l’agriculture africaine comme essentielle à la réalisation du gigantesque potentiel de l’Afrique. Plus de 65 % des terres arables de la planète se trouvent en Afrique et 61 % d’Africains travaillent dans l’agriculture, qui ne représente pourtant que 25 % du PIB du continent. Plus de 35 milliards de dollars sont dépensés chaque année par l’Afrique dans l’importation de produits alimentaires. Le secteur, peu ou pas du tout mécanisé, fait une mauvaise utilisation des intrants et produit peu de valeur ajoutée. Ceci se traduit par une faible productivité et un appauvrissement. Les faibles efforts menés jusqu’ici pour développer ce secteur représentent une occasion manquée de réaliser les Objectifs de développement durable de l’ONU et les High 5, les priorités stratégiques de la Banque.

loppement rural, l’accès aux marchés et une compétitivité accrue. L’agro-industrie en Afrique en est encore à ses balbutiements, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne qui subissent d’énormes pertes post-récoltes.

Un financement participatif solidaire La Banque vise ces marges importantes des chaînes de valeur agricoles et les perspectives de création d’emplois d’un secteur agro-industriel dynamique. Elle encourage le déve-

Attirer les investissements par des politiques publiques claires L’importance des politiques publiques pour la création de modèles macroéconomiques et d’instauration d’un développement durable est évidente. Avec la plus jeune population de la planète et un taux de chômage dépassant 10 %, l’Afrique doit entamer une transformation radicale de son agriculture, évolution nécessaire pour inverser les tendances économiques actuelles. Des politiques claires pour attirer les investissements publics et privés sont nécessaires. La stratégie Nourrir l’Afrique de la Banque a largement mis en évidence la valeur ajoutée de l’investissement dans l’agriculture. Le financement nécessaire pour les dix prochaines années est estimé à près de 400 milliards de dollars. Un investissement annuel continu de 32 à 40 milliards de dollars sera capable de générer environ 85 milliards de dollars de revenus à partir de 2025, chiffre croissant compte tenu de l’effet de l’acquisition graduelle des savoir-faire. La mobilisation de ressources est essentielle pour la réussite d’une transformation, du fait des taux d’investissement d’environ 7 milliards de dollars qui se situent bien en dessous des estimations.

Répondre aux besoins urgents de développement

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Décryp

L’une des cibles majeures de la Banque africaine de développement est l’émergence de l’agroindustrie pour répondre aux besoins urgents de développement du continent, dont la création d’emplois, la nutrition, le déve-

loppement d’aires de traitement des produits de base comme approche favorable à un financement solidaire et participatif, qui comprend la commercialisation de produits agricoles d’Afrique. Dans de tels cas, les activités de transformation sont concentrées dans des zones à fort potentiel agricole et de nombreuses entreprises participent à la production, à la transformation et à la commercialisation des produits agricoles.

L’Afrique, paradoxalement, est un continent qui abrite 65 % des terres arables du monde et importe chaque année pour près de 35 milliards de dollars américains de produits alimentaires. La Banque africaine de développement aide le continent à inverser cette tendance en favorisant la transformation des matières premières agricoles sur place.

Cette initiative a été mise en place avec succès au Brésil, en Malaisie, au Vietnam et dans de nombreux pays d’Asie de l’Est et d’Amérique latine, dont la Chine, ainsi qu’en Tunisie et au Maroc. Elle suscite un regain d’intérêt en Afrique. Plusieurs pays membres de la Banque ont cherché l’appui de l’institution pour développer des zones agro-industrielles. De nouvelles tentatives sont lancées pour aménager des centres de transformation en Éthiopie, dans le Dube TradePort de Durban en Afrique du Sud, dans l’agropole de Bizerte, en Tunisie, et dans d’autres complexes, notamment au Gabon, au Maroc, au Sénégal, au Nigeria et en Zambie.

Les coûts économiques des maillons manquants dans la chaîne de valeur agricole, et celui de la transformation en particulier, constituent un problème. La Côte d’Ivoire, le plus important producteur mondial de cacao, représente 40 % de la production mondiale de fèves de cacao mais ne produit presque pas de chocolat. Seulement 33 % de sa production de cacao subit dans le pays une transformation initiale (le broyage des fèves). La Tunisie produit chaque année 180 000 tonnes d’huile d’olive. Moins de 10 % est conditionné dans le pays, le reste est exporté à l’état brut. Le Cameroun produit environ 2 millions de tonnes de bananes plantain, mais la quasi-totalité est vendue non transformée ou perdue après les récoltes.

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La Banque apporte son soutien pour améliorer la planification, la conception et l’exécution des programmes de création d’aires de transformation en s’appuyant sur une évaluation des processus qui fonctionnent.

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Témoignages

PROMOUVOIR L’ENTREPRENEURIAT ET L’INNOVATION EN ÉGYPTE ET AILLEURS EN AFRIQUE En décrochant son diplôme d'ingénieur en génie civil, Shaimaa El Arabi n’aurait jamais imaginé passer autant de temps dans des fermes. Shaimaa a suivi un programme de formation professionnelle parrainé par la Banque africaine de développement, qui lui a appris à transformer les déchets agricoles, comme le blé usagé, en aliments pour vaches. Grâce au savoir acquis, elle permet aux agriculteurs de Haute-égypte de faire des économies.

Ahmed Abdel Salam, chercheur

Mes études m’ont permis de trouver le bon mélange pour produire de la nourriture pour poissons à partir de déchets alimentaires, à un prix très faible comparé à ce qui était importé de l’étranger et que nous payions en dollars.

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e même, les pisciculteurs qui peinaient d’ordinaire à trouver de la nourriture de bonne qualité et à bon prix pour leurs poissons disposent désormais d’une solution moins coûteuse, grâce à Ahmed Abdel Salam, un jeune chercheur de 26 ans. Ahmed a élaboré sa recette après avoir suivi un programme financé par la Banque africaine de développement, qui enseigne aux Égyptiens comment tirer parti de la science et de la technologie pour offrir des solutions innovantes aux entreprises.

En Égypte, pareils exemples de réussites rendues possibles grâce à la Banque et à son soutien en matière d’innovation, de sciences et de technologies sont nombreux. Ils sont la preuve que, quand les jeunes reçoivent la formation et le soutien dont ils ont besoin et qu’ils peuvent ainsi travailler sur des projets qu’ils veulent développer, ils sont capables d’exploiter les technologies et de contribuer ainsi à l’économie. Au cours des quinze dernières années, la Banque africaine de développement a donné son feu vert à soixante-deux projets éducatifs, qui représentent 1,64 milliard de dollars d’engagements. À ce jour, les investissements de la Banque ont permis à près de 6 millions d’Africains d’accéder à l’éducation et à une formation. Et les jeunes ne sont pas les seuls à bénéficier du soutien de la Banque. Saïd Mohamed Saïd, un ingénieur-géologue d’une cinquantaine d’années, fabrique des panneaux en bois reconstitué, un savoir qu’il a lui aussi acquis en participant à un programme de formation professionnelle financé par la Banque.

Saïd Mohamed Saïd, ingénieur-géologue

Je craignais qu’on ne me dise que la formation n’était ouverte qu’aux jeunes, mais on m’a rassuré en me disant que mon âge n’avait pas d’importance. Ce qui importe, c’est que les idées soient inédites et innovantes.

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Aujourd’hui, grâce à la Banque africaine de développement, des programmes de formation similaires sont reproduits et déployés auprès de différentes communautés et divers pays à travers l’Afrique. Investir dans le développement des compétences en sciences, technologies et innovation stimule la croissance économique et la compétitivité, en plus d’aider davantage d’entrepreneurs à l’image de Shaimaa, Ahmed et Saïd à développer tout leur potentiel et à améliorer la qualité de vie de leurs concitoyens.

Shaimaa El Arabi, ingénieure en génie civil

Mon projet consiste à produire du fourrage à partir de déchets agricoles. Nous donnons de la valeur aux déchets en les transformant en nourriture pour bétail. En réutilisant ces déchets que les agriculteurs avaient l’habitude de brûler auparavant, nous contribuons à protéger l’environnement.

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proGrAmmE

du j ur

9h

Le rôle des financements publics et privés dans l’industrialisation de l’Afrique 9 h 30 Deuxième séance des Conseils des gouverneurs : Dialogue des gouverneurs 10 h 45 Forum KOAFEC sur les PPP 13 h Présentation financière 13 h 45 La culture à la rencontre de l’industrie 15 h Événement sur le savoir : Les voies vers l’industrialisation 19 h Soirée culturelle Plus d’infos : https://am.afdb.org/fr/programme

Découvrir Busan

Seo-Gu : Plongez dans le quotidien des Busanais Le marché de Jagalchi. Tôt le matin, allez flâner sur le plus important marché de poissons et de crustacés de Corée, dont les étals débordent de poissons – maquereaux, seringues de mer et chair de baleine. Dégustez des sashimis au restaurant Chungmu Hoetjip ou profitez d’un buffet de fruits de mer à l’OASE Seafood Buffet. Vous pouvez, sinon, préférer la convivialité plus simple des pojangmacha (littéralement "carrioles ouvertes"), ces traditionnelles tentes-restaurants dressées dans la rue, où déguster par exemple du… maquereau au piment ! Rendez-vous ensuite au célèbre marché Gukje (également connu sous le nom de Dottegi), l’un des plus grands marchés aux puces du pays et des plus insolites, créé par des réfugiés après la Guerre de Corée. Il est aussi relié à d’autres petits marchés comme ceux de Bupyeong et de Kkangtong. Après 17 h, joignez-vous aux habitants de Busan sur les stands très animés de Seomyeon Eatery Alley, qui foisonnent de produits locaux et proposent toute une gamme de plats traditionnels comme le topokki (gâteau de riz frit), l’eomuk ou l’oden (gâteau de poisson), le sundae (sorte de saucisse coréenne) et le dwaeji-gukbap (plat à base de porc et de soupe de riz).

Proverbe coréen du jour 돌다리도 두들겨 보고건넌다 « Si vous voulez que les autres disent du bien de vous, à vous de n’en dire que du bien » Ce qui signifie : Un prêté pour un rendu

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