Busan Bulletin 25 05 2018 FR Numéro 05

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@AfDB_Group #AfDBAM2018 afdb.org/am BULLETIN DES ASSEMBLÉES ANNUELLES DU GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT - 25 MAI 2018

Avec un solide profil financier, la Banque est la figure de proue de la transformation économique de l’Afrique a Banque africaine de développement jouit d’un profil financier très solide. Elle optimise et renforce son bilan pour accompagner le plus efficacement possible les pays africains dans leurs efforts pour atteindre les Objectifs de développement durable. Une gestion et des politiques de financement prudentes constituent la pierre angulaire de la notation AAA de la Banque.

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DANS CE NUMÉRO

La présentation financière, qui met en évidence la performance financière et opérationnelle de la Banque en 2017, témoigne de recettes en hausse et de décaissements records qui s’élèvent à 7,7 milliards de dollars américains. Les prêts de la Banque ont augmenté au cours des dernières années. Cela se traduit par une demande accrue pour les ressources de la Banque. Ce faisant, la Banque a étoffé et élargi sa base d’investisseurs. Le président de la Banque Akinwumi Adesina a déclaré que la Banque mesurait sa performance à l’aune de son impact sur le développement de l’Afrique. « Au final, c’est l’impact qui compte.

Votre banque crée un impact », a-til dit aux délégués, aux gouverneurs, aux administrateurs et au personnel de la Banque. Hassatou N’Sele, trésorière du Groupe et vice-présidente par intérim chargée des Affaires financières a déclaré : « Nous continuerons d’améliorer notre efficacité et resterons un partenaire réceptif et efficace pour maximiser l’impact que nous produisons sur le développement. Nous nous considérons non seulement comme une institution financière, mais aussi comme un catalyseur permettant d’attirer des investissements sur le continent. Nous travaillons avec des gouvernements, des agences et des organisations sans but lucratif pour cofinancer nos projets et notre mandat de développement et solliciter des subventions pour les soutenir. »

à ses clients. « Nous sommes également d’avis que le développement consiste à donner aux personnes les moyens de satisfaire leurs besoins, y compris à travers l’éducation, une meilleure santé et une inclusion dans des communautés sûres. La Banque est un partenaire réceptif et efficace. Nous soutenons nos clients, que ce soit en période de crise ou lorsque les choses vont mieux », a-t-elle expliqué.

Elle a ajouté que la Banque était solvable, disposait de liquidités abondantes, était rentable et en phase avec les besoins financiers du continent et capable de proposer des conditions très favorables

Retrouvez l'album photo sur Flickr : j.mp/2IF46wH

Best-of des Assemblées annuelles en images p. 4 L’invité du jour : Les résultats de la Banque, par Simon Mizrahi p.6 Les finalistes du concours L’Afrique de mes rêves à Busan p.8 Décryptage : Pourquoi l’Afrique a besoin d’un Big Bond p.10

Visionnez les interviews des Gouverneurs : j.mp/2IErqut

Visionnez les discours des Gouverneurs : j.mp/2IDTEFU Toutes les vidéos : j.mp/2IF6Pq4

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Le rapport indique une augmentation remarquable de l’impact produit par les projets achevés en 2017. Ils ont permis de procurer 1,5 million de nouveaux emplois directs et 460 MW de nouvelles capacités de production installée, dont 33 % sont renouvelables. Ils ont assuré la construction et Suite p. 3

Le secrétaire général de la Banque évalue les Assemblées annuelles Vincent Nmehielle

lors que les Assemblées annuelles tirent à leur fin, le secrétaire général de la Banque africaine de développement, Vincent Nmehielle, dresse le bilan de l’événement.

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Édito : Transformer l’Afrique grâce à une plus forte intégration p. 3

Changer la vie des gens est au cœur du travail de la Banque

Comment évaluez-vous le succès des Assemblées annuelles? Je ne suis pas sûr d’être la personne le mieux indiquée pour évaluer les Assemblées annuelles, mais les gens que je rencontre – participants, gouverneurs, membres du personnel, haute direction – n’ont pas tari d’éloges: «C'était bien organisé», «réunions extraordinaires!», «fantastique!», «félicitations!», «quelles Assemblées!»... Sans forcément devoir claironner, si je me fie

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à cela, alors je peux très bien dire que c’étaient d’excellentes Assemblées. Pendant les Assemblées annuelles, il a beaucoup été question de ce que l’Afrique peut apprendre de la Corée, mais pensez-vous que la Corée puisse apprendre de l’Afrique ? Le monde n’est pas à sens unique; c’est toujours un creuset d’expériences. Nous avons eu grand plaisir à découvrir le développement coréen, ses avancées technologiques… Mais les relations de voisinage, la capacité à valoriser l’autre, voilà ce que l’Afrique Suite p. 3


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Transformer l’Afrique grâce à une plus forte intégration

édito

l’Afrique comme un même bloc économique, tout en encourageant les liens entre l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne, et le reste du monde.

par Khaled Sherif, vice-président chargé du Développement régional, de l’intégration et de la prestation de services, Banque africaine de développement

’intégration régionale, dernier volet des High 5, a été approuvée en 2018. À la Banque africaine de développement, au vu de notre expérience avérée comme première institution financière d’Afrique et des recherches que menons depuis des décennies, nous sommes convaincus que c’est l’intégration régionale qui lancera l’Afrique sur la voie d’une croissance exponentielle. Encourager l’intégration régionale est la raison d’être qui a prévalu à notre création, en 1964. Au contraire des autres institutions, nous avons toujours pensé

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Les 54 pays d’Afrique sont très différents. Sept pays concentrent 50 % de la population du continent, tandis que la moitié des 54 pays africains ne représentent que 10 % de la population. En 2016, trois pays ont généré près de la moitié du produit intérieur brut de l’Afrique, tandis que 47 autres y ont contribué, ensemble, à hauteur de 32 %. La somme des PIB de tous les pays du continent représente 3 % du PIB mondial. Il devient évident que 1 +1 +1+…. = 54 ne suffit pas pour que l’Afrique se transforme et devienne un acteur d’envergure mondiale, ou pour qu’elle puisse offrir des perspectives à sa population croissante - laquelle va doubler d’ici à 2050 pour atteindre 2,6 milliards de personnes. En tant qu’institution africaine, nous nous préoccupons des populations et des pays d’Afrique qui risquent d’être laissés de côté, notamment celles et ceux qui se trouvent en situation de fragilité. L’évolution récente de la situation au Sahel a rappelé au monde le risque qu’il y a à délaisser de larges pans de la population. Voilà pourquoi nous voulons déployer les priorités des High 5 au sein des communautés

Qu’est-ce que la Corée peut apprendre de l’Afrique ? Eun Sung-soo, président, Korea Eximbank :

Eun Sung-soo

L’Afrique est notre partenaire. Nous identifions ce que nous avons en commun, nos avantages et nos désavantages respectifs, et là où les opportunités de synergie existent. Une fois que nous avons appris à mieux nous connaitre, nous pouvons mettre en relation les bonnes personnes pour des projets gagnant-gagnant qui profitent tant à l’Afrique qu’à la Corée. Croyezmoi, ce ne sont pas les occasions d’apprendre et de coopérer qui manquent. »

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la réparation de 2 500 kilomètres de routes. La Banque a facilité l’accès de 210 000 propriétaires exploitants et petites entreprises aux services financiers, a fourni à 8,3 millions de personnes un accès amélioré à l’eau et à l’assainissement, a permis une réduction de 157 000 tonnes de CO2 et a fourni à 14 millions de personnes un accès amélioré au transport.

Malgré les difficultés, la perspective de croissance est prometteuse Malgré les difficultés au niveau local et mondial, l’Afrique continue de bénéficier d’une croissance solide, estimée à 3,7 % l’année dernière. Les projections à court terme tablent sur une

laissées dans l’oubli, celles qui ne sont pas desservies par les services publics et qui sont déconnectées des évolutions que connaissent les zones urbaines. C’est dans ce but que nous cherchons à bousculer et à changer radicalement notre paradigme de développement, identifiant ces populations en recourant à une méthodologie objective fondée sur des données, à notre capacité à appliquer des approches non traditionnelles pour atteindre les habitants, et aux dernières technologies pour créer un marché qui interconnecte les solutions de développement (mini-réseaux électriques, dispositifs de distribution d’eau potable, etc.) avec les financiers et les maîtres d’œuvre. La Corée est un partenaire stratégique de la Banque, et les liens économiques qu’elle a tissés avec l’Afrique se sont renforcés ces dix dernières années. La trajectoire de développement de la Corée illustre parfaitement l’approche que promeut la Banque, un développement promu par le secteur public et dirigé par le secteur privé. L’une des nombreuses initiatives actuellement financées dans le cadre de notre partenariat avec la Corée entend favoriser l’afflux d’investissements étrangers privés coréens dans des marchés frontières prometteurs, notamment dans la Corne de l’Afrique.

croissance économique de 4,1 %. Simon Mizrahi, directeur du département des Prestations des services, de la gestion de la performance et des résultats de la Banque, a déclaré : « Le développement durable de l’Afrique doit reposer sur l’industrialisation. À cet égard, la Corée est un modèle à suivre pour l’industrialisation de l’Afrique. Le continent n’atteindra pas ses grands objectifs de développement simplement en exportant des matières premières. Les entreprises africaines doivent progresser dans les chaînes de valeur mondiales. Elles doivent ajouter de la valeur à l’ensemble de leur production pour générer des emplois et favoriser la prospérité. La Banque œuvre pour aider les pays africains à élaborer des politiques industrielles et à améliorer leur environnement des affaires. Elle aide les entreprises africaines à progresser dans les chaînes de valeurs ».

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jour

Est nu celui qui s’habille avec les vêtements des autres. – Algérie

Directeur de la publication Victor Oladokun

Olivia Ndong-Obiang, Liam Neumann, Felix Njoku, Hyun Young Ryu, Stephen Yeboah

Éditeurs Mina Mammeri, Jennifer Patterson, Faïza Ghozali

Photo Guy-Roland Tayoro, Thierry Gohore, Florentin Nando

Coordination de la production Chawki Chahed, Solange Kamuanga-Tossou

Version digitale Simon Adjatan, Christiane Moulo

Contributeurs (dans l’ordre alphabétique) : Seidik Abba, Kennedy Abwao, Cecilia Amaral, Emeka Anuforo, Yuna Choi, Andie Davis, Deborah Glassman, Saori Kodama, Muyiwa Moyela, Ivan Mugisha,

Design et maquette Yattien-Amiguet L., Justin Kabasele, Guy-Ange Gnabro, Phillipe Mutombo Luhata, Selom Dossou-Yovo © Banque africaine de développement/PCER, mai 2018

Équipe du Busan Bulletin

Malabo, en effet, c’est dans un an, et nous entretenons de grands espoirs à cet égard. Nos Assemblées repren-nent le chemin de l’Afrique, après l'Inde en 2018 et la Corée cette année. J'ai bon espoir que ce seront de grandes réunions, dépassant peut-être celles de Corée. Mon travail avec le gouvernement équato-guinéen m’a permis de Les prochaines Assemblées annuelles se tiendront en rencontrer le Gouverneur de la Banque pour la Guinée Guinée équatoriale. Que pouvons-nous attendre de Ma- équatoriale, un homme dynamique, déterminé à faire encore mieux. Nous nous attendons à des Aslabo 2019? semblées annuelles impressionnantes. peut mettre sur la table –et ces dispositions conditionnent la manière dont vous approchez la culture. la Corée pourrait trouver là une source d’inspiration. La résilience, la coopération mutuelle et la chaleureuse amitié caractéristiques de l’Afrique pourraient inspirer à la Corée de nouvelles approches pour interagir et faire des affaires.

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Une musicienne lors du dîner offert par le pays hôte.

Les conjoints des membres du personnels de la Banque ont pu profiter d’un programme de visite sur-mesure.

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Cette année encore, Carlos Lopes, exSecrétaire exécutif de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, n’a pas manqué les Assemblées annuelles de la Banque.

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Les tenues africaines étaient nombreuses à égayer de leurs couleurs les allées des Assemblées 2018.

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Lors de la cérémonie d’ouverture officielle des Assemblées annuelles 2018.

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L’inviTé

du JOuR matières premières. Le continent doit se hisser dans les chaînes de valeur mondiales en ajoutant de la valeur à tout ce qu’il produit, afin de créer de l’emploi et de la richesse pour les Africains. Prenons l’exemple de l’Éthiopie, un pays qui devient désormais un exportateur mondial compétitif dans le textile et la chaussure. Depuis 2004, la valeur ajoutée manufacturière croît de plus de 10 % par an, ce qui en fait l’une des économies africaines à la croissance la plus rapide.

La Banque africaine de développement a pour mandat d’œuvrer au développement de l’Afrique. Mais concrètement, quel est l’impact de ses opérations sur le terrain, sur le quotidien de millions d’Africains ? Réponses avec Simon Mizrahi, directeur de la prestation de services, de la gestion de la performance et des résultats à la Banque africaine de développement.

C’est pourquoi, conformément à sa stratégie Industrialiser l’Afrique, la Banque appuie les entreprises africaines sur les chaînes de valeur mondiales et aide les États à concevoir leurs politiques industrielles et à renforcer leur climat des affaires. En Éthiopie, le soutien apporté par la Banque à la cimenterie de Derba Midroc a ainsi permis de réduire de 70 % le prix du ciment.

Simon Mizrahi, Director of the Bank’s Service Delivery, Performance Management and Results

La Revue annuelle sur l’efficacité du développement 2018, qui est rendue publique aujourd’hui, présente une évaluation approfondie de l’efficacité des interventions de la Banque. Qu’est-il dit de leur impact en termes de développement ?

Les priorités de développement de l’Afrique s’accompagnent de nombreux défis. Entre High 5 et Objectifs de développement durable, comment la Banque s’y attaque-t-elle ?

Chaque organisation doit trouver comment mesurer son efficacité. Au sein de la Banque africaine de développement, notre impact sur le développement est notre étalon ; c’est même l’essentiel pour nous. Au fil des ans, nous comprenons mieux ce qu’il faut pour y parvenir.

es Objectifs de développement durable (ODD) sont importants en ce qu’ils nous aident à mieux cibler nos efforts, à affûter notre vigilance et à mobiliser les ressources nécessaires pour faire bouger les choses.

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La communauté internationale doit aujourd’hui concentrer son attention sur l’Afrique. D’ici à 2030, neuf pays à faible revenu sur dix seront africains. Autrement dit, sans l’Afrique, le monde ne remplira pas les ODD. La bonne nouvelle, c’est que la transformation de l’Afrique, une Afrique qui aura échappé à la pauvreté, peut se faire en une seule génération. Mais cela va exiger des investissements majeurs dans les secteurs essentiels à la transformation économique de l’Afrique. C’est pourquoi la Banque se concentre sur cinq domaines prioritaires que nous appelons les High 5 : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie ; Nourrir l’Afrique ; Industrialiser l’Afrique ; Intégrer l’Afrique ; et Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique. Tous jouent un rôle essentiel dans la réalisation des ODD. En effet, les High 5 de la Banque couvrent 90 % des ODD selon les Nations Unies.

Nous avons doublé notre portefeuille de prêts depuis 2010. Notre contribution aux pays à faible revenu et aux États fragiles a aussi été multipliée par 17. Nous optimisons l’utilisation de nos capitaux afin que chaque dollar figurant dans notre bilan réalise encore plus pour le développement de l’Afrique.

Nous savons que la croissance inclusive joue un rôle central, car elle offre aux familles des moyens de subsistance, et aux États les moyens d’investir dans les biens et services publics. Nous savons aussi que le développement consiste à donner aux populations les moyens de satisfaire leurs besoins et ambitions, notamment grâce à l’éducation et à l’amélioration de la santé.

Nous avons augmenté notre revenu net d’exploitation, qui s’est élevé à 781 millions de dollars en 2017 et dont 90 % ont servi à appuyer notre travail dans les pays à faible revenu. Cela étant, au bout du compte, l’ampleur des besoins du continent est telle qu’ils dépasseront toujours les capacités financières d’une institution seule. La Banque ne peut se permettre de travailler de façon isolée. C’est pourquoi nous travaillons de plus en plus avec d’autres organisations pour mobiliser des ressources publiques et privées au moyen de cofinancements. Par exemple, nous avons levé près d’un milliard de dollars en Afrique du Sud pour financer une grande compagnie d’électricité.

Comprendre le développement est une chose, mais le mesurer en est une autre. L’outil que nous utilisons pour mesurer notre impact en matière de développement est la Revue annuelle sur l’efficacité du développement (RAED). Avec des données probantes sur nos points forts comme nos points faibles, cette publication donne à voir ce que nous faisons bien et ce qu’il nous faut améliorer pour remplir nos objectifs de développement.

Plus important encore, nous nous efforçons d’aider les gouvernements à obtenir les ressources domestiques dont ils ont besoin grâce à une fiscalité plus efficace afin qu’ils puissent satisfaire leurs besoins de développement sans avoir à solliciter la Banque.

Le continent a des besoins considérables qui vont croissant. Que fait la Banque et comment s’est-elle positionnée ces dernières années pour y répondre ?

Qu’est-ce que la Banque a mis en place pour appuyer l’industrialisation et cela a-t-il été efficace ?

Les besoins de l’Afrique sont considérables, en effet. D’après nos estimations, concrétiser les High 5 requiert 170 milliards de dollars environ par an.

Il ne peut y avoir de développement durable en Afrique sans industrialisation. L’Afrique n’atteindra pas les ODD en se contentant d’exporter des

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Le développement est clairement l’un des défis les plus difficiles au monde. Tout ne marche pas toujours comme prévu. Mais en scrutant constamment notre performance, nous veillons à toujours garder le cap. La Banque africaine de développement ne saurait être une organisation de développement efficace sans une connaissance profonde des tendances de développement de l’Afrique. Chaque année, nous mettons donc en exergue un volet essentiel du développement. En 2018, nous avons ainsi choisi l’industrialisation de l’Afrique pour thème de la Revue.

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La Banque affiche de solides résultats opérationnels

La Journée de l’Afrique : vision, talent et créativité Le talent et l’ingéniosité africains seront à l’affiche lors de la célébration de la Journée de l’Afrique. Tout le monde est invité à assister à cet événement qui aura lieu à l’Auditorium BEXCO de 15 h à 18 h, après la cérémonie de clôture des Assemblées annuelles de la Banque.

Selon la Revue annuelle sur l’efficacité du développement 2018 (RAED), publiée lors des Assemblées annuelles, la Banque africaine de développement réalise ses objectifs et accomplit de bons progrès dans l’atteinte de ses cibles de développement et opérationnelles. Chaque année, la RAED examine en détail le niveau d’efficacité de la Banque et son efficience organisationnelle à l’aide du cadre de mesure des résultats couvrant la période de 2016 à 2025. La revue rassemble des éléments factuels sur les points forts et les faiblesses de l’institution afin de permettre à la direction de la Banque de comprendre clairement ce qui a bien fonctionné et les mesures qu’elle doit prendre pour réaliser ses objectifs de développement. « Le rapport indique que la Banque africaine de développement honore son engagement à soutenir l’Afrique dans la réalisation des priorités des High 5 de la Banque », a déclaré Charles Boamah, viceprésident principal de la Banque. « La Banque continue de renforcer son efficacité en tant qu’organisation, tout en étendant ses opérations. » L’édition 2018 de la RAED se consacre en particulier à l’industrialisation de l’Afrique. « Il y a de bonnes raisons d’être optimiste quant à la faisabilité de l’industrialisation au cours des prochaines années. L’Afrique est ouverte aux affaires et dispose d’économies stables et d’environnement favorable aux affaires », a indiqué Akinwumi Adesina, le président de la Banque. « Elle possède une maind’œuvre jeune, qui ne cesse de

croître et qui se tourne de plus en plus vers le reste du monde. L’urbanisation et la montée des classes moyennes en Afrique ouvrent la voie à de nouveaux marchés de consommation qui ont un effet d’attraction sur les investisseurs. » En 2017, les entreprises ont bénéficié d’un accès amélioré aux transports, à l’énergie et aux compétences, ce qui leur a permis d’étendre leurs capacités à faire des affaires sur l’ensemble du continent. La Banque a contribué à ces améliorations. Grâce à elle, 14 millions de personnes ont pu accéder à des moyens de transport – dépassant largement sa cible dans ce domaine –, elle a construit ou rénové 2 500 kilomètres de routes en 2017 et a soutenu 210 000 microentreprises et petites entreprises dans l’accès à des financements, ce qui a bénéficié à 2,6 millions de personnes.

La Journée de l’Afrique est célébrée dans le monde entier le 25 mai. C’est l’occasion de mener des entretiens diplomatiques sur des sujets liés à la croissance diversifiée, soutenue et inclusive de l’Afrique. Le programme permettra de commémorer le 55e anniversaire de l’Union africaine (l’ex-Organisation de l’unité africaine) et de mettre en avant le solide avantage de l’Afrique dans les industries créatives qui, de plus en plus, contribuent à la croissance, à la diversification économique et à l’emploi. Comme la Journée de l’Afrique de cette année coïncide avec la dernière journée des Assemblées annuelles de la Banque, le programme débutera par un débat entre les représentants du gouvernement coréen et des gouvernements des pays d’Afrique. Le débat sera ouvert par Akinwumi Adesina, président de la Banque, et animé par le secrétaire général, Vincent Nmehielle.

« Ce niveau de performance est prometteur, mais nous devons poursuivre nos efforts en matière d’exécution opérationnelle et d’impact », a indiqué Simon Mizrahi, directeur du département chargé de la Mise en œuvre, de la gestion de la performance et des résultats au sein de la Banque. Actuellement, la Banque intensifie ses efforts pour accélérer le rythme de l’industrialisation, en tirant parti de sa présence dans 38 pays et en s’appuyant sur des opérations opportunes et de qualité. Forte de cette assise et de cette expérience, la Banque est bien placée pour mobiliser davantage de ressources auprès des investisseurs institutionnels du monde entier afin de financer son développement industriel.

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Il sera suivi de la remise des prix L’Afrique de mes rêves à quatre jeunes candidats : Ayi-Renaud Dossavi-Alipoeh, du Togo, Ramatou Ly, de Côte d’Ivoire, Geraldine Mukumbi, du Zimbabwe, et Cédric Aymar, du Burkina Faso. Ces finalistes ont été sélectionnés parmi plus de 2 000 participants au concours de rédaction L’Afrique de mes rêves, une initiative de la Banque qui a invité les jeunes du continent à faire connaître leur vision personnelle d’une Afrique meilleure. Un défilé de mode présentera ensuite les travaux du créateur nigérian Alphadi et du créateur ivoirien Pathé’O. Un débat sur les défis et les perspectives spécifiques à l’expansion des industries de la mode, du textile et du vêtement en Afrique suivra. Enfin, le légendaire artiste de jazz Richard Bona clôturera les conclusions générales de la Journée africaine de la Banque. Le bassiste camerounais s’est récemment produit devant une foule de 40 000 Coréens. La musique de Bona exprime la nécessité de lutter contre la pauvreté et de changer les vies. Ce message trouve son écho dans une série d’albums publiés depuis 1998. Son quatrième album, Tiki, a été réalisé en collaboration avec la vedette internationale John Legend.


Dixit Les gouverneurs

Americo D’Oliveira Dos Ramos, Sao Tomé et Principe Jusqu’à présent la Banque a joué un rôle assez important grâce aux politiques menées dans divers domaines, comme l’agriculture, l’électrification de l’Afrique, le renforcement des capacités en matière de bonne gouvernance.

L’Afrique de mes rêves Nos finalistes à Busan

Domingos Lambo, Mozambique La Banque a déjà beaucoup fait : elle a financé des infrastructures, elle a financé le développement de l’agriculture, secteur sur lequel elle s’est aussi beaucoup mobilisée ; elle a financé plusieurs projets. Selon moi, s’il y a un seul aspect sur lequel la Banque devrait investir encore plus, c’est la formation de la population.

Jean Alage M. Fadia, Guinée-Bissau Après l’indépendance de la GuinéeBissau en 1973, cette ancienne colonie portugaise avait de nombreuses insuffisances dans le domaine des infrastructures. Les insuffisances se situaient, notamment, au niveau des financements des secteurs de l’énergie, de l’éducation et de la santé. La Banque africaine de développement est intervenue de manière décisive dans ces trois secteurs.

Philip Mpango, Tanzanie La Banque africaine de développement nous a également aidés à lancer un certain nombre de projets de production d’électricité. Dans le cadre de notre deuxième plan quinquennal, nous avons, en toute conscience, pris la décision d’industrialiser la Tanzanie comme le prévoit l’une des cinq priorités des High 5 de la Banque.

Admasu Nebebe, Éthiopie Les infrastructures sont essentielles et constituent l’épine dorsale de notre économie. Sans infrastructures, il est impossible à un pays de se transformer. En parlant d’infrastructures, nous faisons allusion aux infrastructures à la fois sociales et économiques.

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Ayi-Renaud Dossavi-Alipoeh, 25 ans, Togo Quand j’ai vu l’annonce du concours, j’ai été surpris. Ce sont des questions auxquelles je pense beaucoup – je pense sans cesse à de meilleures conditions de vie. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’inscrire au concours ! J’ai publié cinq livres jusqu’à présent. J’ai dédié mon plus récent ouvrage de poésie à la Mère Afrique. Mon travail explore certains facteurs historiques qui ont conduit à nos défis actuels, et je propose certaines façons d’avancer. Les technologies de l’information peuvent amplifier la voix de ceux qui possèdent une vision, de l’énergie et de l’optimisme pour faire avancer l’Afrique. L’échec n’est pas une option. Ce qui peut être ressenti à certains moments comme de la colère et de la frustration chez les jeunes, c’est, me semble-t-il, la reconnaissance indéniable du fait qu’au plus profond de nous-mêmes, nous savons que nous devons réussir ou périr. Et nous n’avons pas l’intention de périr. Ramatou Ly, 29 ans Côte d’Ivoire C’est une grande chance d’être ici, parce que nous avons la possibilité de voir qui fait quoi en Afrique, à quels défis le continent est confronté en ce qui concerne l’industrialisation et comment, en tant qu’ingénieure africaine, je peux aider. J’ai pu rencontrer des entrepreneurs africains et des acteurs du changement, ainsi que des personnes avec lesquelles je n’aurais jamais pu me mettre en rapport autrement. Être un finaliste du concours rend l’expérience encore plus mémorable. Les gens sont impatients de lire nos textes. La Banque a fait un réel effort pour nous procurer une exposition aux journalistes, aux administrateurs et au personnel. Évidemment, à chaque fois que l’on mentionne que l’on a gagné un concours de la Banque, cela a tendance à générer une réaction ! Geraldine Mukumbi, 26 ans, Zimbabwe Beaucoup de jeunes Africains sont désabusés. Il y a une méfiance des ins-

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titutions. Nous avons tendance à considérer leurs représentants comme uniquement concernés par leurs propres intérêts. Il est encourageant de voir ces réunions approcher le développement dans le bien-être des personnes. Je suis heureuse que les ministres africains soient présents à Busan, de découvrir ce qui se passe lorsque les gens ont des volontés fermes quant à la façon de construire des villes qui fonctionnent correctement. Peut-être pourraient-ils appliquer dans nos pays certaines choses qu’ils ont apprises ici. Mais d’autres peuvent apprendre de nous aussi. Nous éprouvons un sentiment d’énergie, d’optimisme et d’espoir que je n’ai vu nulle part ailleurs. Le monde a beaucoup à gagner en interagissant avec l’Afrique en tant que lieu d’échange et d’apprentissage, et pas seulement une relation où des étrangers viennent nous aider. Cédric Aymar Somé 25 ans, Burkina Faso Nous devons prendre exemple sur les Coréens et nous inspirer de leurs progrès. Je souscris à ce qui a été dit sur la nécessité de s’attaquer à la question de l’éducation, en sus de celle de l’industrialisation. C’est le capital humain qui apporte de la valeur à d’autres formes de capital. La Banque affirme que l’Afrique doit transformer ses matières premières en produits. J’ai abordé des thèmes similaires dans ma contribution. Au Burkina Faso, nous produisons du coton. Nous devrions être des leaders dans l’industrie textile, et non pas rester seulement des exportateurs de coton qui paient une prime pour l’importation de vêtements. Nous bénéficions d’un sol fertile. Il n’est pas logique que nous soyons à la traîne du reste du monde. Je ne suis pas un afro-pessimiste. Je crois à l’avenir de ce continent. Il est temps pour les jeunes d’affronter le défi du développement. Nous pouvons prendre des idées des Coréens, mais nous ne devrions pas attendre que d’autres viennent et investissent, nous devons prendre des initiatives. Les choses doivent changer, et le plus rapidement possible.


Industrialisation Intégrer le genre dans la marche de l'Afrique vers l’industrialisation

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es femmes africaines restent confrontées à des difficultés économiques, sociales et institutionnelles dans la poursuite et la réalisation de leurs rêves. Si d’importants progrès ont été accomplis en Afrique en matière d’égalité des sexes et d’émancipation des femmes, nous pouvons et nous devons faire plus. Grâce à des approches sectorielles et ciblées dans l’agriculture, les industries créatives et l’énergie, la Banque est à pied d’œuvre pour faire en sorte que la croissance soit inclusive sur le continent. Dans la plupart des pays, le passage d’une agriculture traditionnelle à une économie moderne a commencé par l’industrie légère, qui peut absorber rapidement un grand nombre d’ex-travailleurs agricoles moins qualifiés, mais aussi accroître sensiblement la productivité sans investissements massifs en capital. Au contraire de l’agriculture et des services, le secteur manufacturier emploie une forte main-d’œuvre dans des secteurs hautement productifs, à qui il permet de participer à l’économie

par Vanessa Moungar, directrice chargée du Genre, des femmes et de la société civile, Banque africaine de développement ment et des accessoires de mode sur la scène internationale. Fashionomics Africa est un programme panafricain axé sur les micro, petites et moyennes entreprises, qui ont attire un grand nombre de jeunes, qualifiés ou non. L’objectif est de favoriser l’interconnectivité tout le long de la chaîne de valeur, en créant un écosystème qui réunit producteurs et fournisseurs de matières premières, fabricants et distributeurs, ainsi que des investisseurs. Un tel écosystème vise à libérer le potentiel à créer des revenus et des emplois, pour les femmes et les jeunes notamment. Fashion-

commerciales sont déterminés par le profil de risque de crédit de l’emprunteur qui, lui-même, est affecté par l’évolution de la chaîne de valeur énergétique, ce qui entraîne imprévisibilité et instabilité. Aussi, les établissements bancaires se montrent réticents à accorder des crédits aux PME du secteur énergétique sans de solides garanties ; or la plupart des femmes entrepreneures ne disposent pas de telles garanties. D’autres études montrent que la plupart des femmes ne présentent pas leurs projets d’entreprise dans les formats que les banques exigent pour évaluer le risque associé, ce qui limite encore davantage leur accès au crédit.

mondiale. Sur le plan individuel, l’industrialisation permet aux paysans pratiquant une agriculture de subsistance et prisonniers des systèmes d’échange locaux de se transformer en consommateurs et en producteurs dans l’économie mondiale.

omics Africa entend créer un environnement à même de créer des emplois de qualité pour les femmes, ce qui entraînera des progrès en matière d’entrepreneuriat, d’emploi et de leadership au féminin.

Dans le cadre de son programme Nourrir l’Afrique, la Banque a lancé une stratégie dotée de quatre objectifs précis pour l’Afrique : contribuer à l’élimination de l’extrême pauvreté d’ici à 2025, mettre fin à la famine et à la malnutrition d’ici à 2025, faire de l’Afrique un exportateur net de denrées alimentaires, et hisser l’Afrique au sommet des chaînes de valeur mondiales axées sur l’exportation.

L’Afrique ne peut s’industrialiser sans accès à l’énergie. L’insuffisance énergétique a des répercussions sur d’autres secteurs, comme l’éducation, la santé et l’agriculture. Pour atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici à 2030 et stimuler la quatrième révolution industrielle en Afrique, nous devons propager à plus grande échelle les innovations dans le secteur de l’énergie.

Cette stratégie va nécessiter 315 à 400 milliards de dollars d’investissements. La détermination à se concentrer sur l’industrialisation de l’Afrique pour qu’elle soit une réalité à l’horizon 2025 exige également de s’engager avec force et d’innover.

Les résultats préliminaires révèlent que la plupart des entreprises dirigées par des femmes sont déjà en transition et en croissance, en fonction de l’évolution de la chaîne de valeur énergétique. Toutefois, celles qui ont une entreprise dans les secteurs des produits énergétiques courants et des énergies nouvelles sont confrontées au même goulet d’étranglement : l’accès au financement. Pour le financement par emprunt, les prêts des banques

Preuve de cet engagement, la Banque a lancé en 2015 l’initiative Fashionomics Africa, pour accroître la visibilité de l’industrie africaine du textile-habille-

Busan Bulletin est imprimé sur du papier recyclé - 25 mai 2018

C’est pourquoi la Banque a approuvé une enveloppe financière de 100 millions de dollars, 50 millions de dollars en fonds propres et 50 autres en prêt convertible de premier rang, afin de financer la Facilité pour l’inclusion énergétique, un fonds panafricain dédié aux énergies renouvelables. Cet investissement, qui devrait accélérer l’accès à l’électricité et permettre de desservir près de 3 millions de personnes, a son origine dans le New Deal pour l’énergie en Afrique et la prise de conscience croissante au niveau mondial de l’importance de l’accès à l’électricité en Afrique. Cette Facilité accordera des prêts de premier rang et intermédiaires à des projets de moins de 30 millions de dollars, un seuil sous lequel les femmes entrepreneures ont tendance à être concentrées. La vision de la Banque est celle d’aider à diversifier les économies africaines pour une production à plus forte valeur ajoutée. Et ce en exploitant les possibilités d’automatisation et de production numérisée offertes par la quatrième révolution industrielle. L’Afrique a besoin d’une révolution industrielle pour créer des emplois pour ses jeunes et ses femmes, pour réduire la pression migratoire et l’exclusion sociale. Nous devons pour cela identifier la prochaine génération de femmes entrepreneures et novatrices et leur donner davantage de moyens.

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Pourquoi l’Afrique a besoin d’un Big Bond un mécanisme de financement innovantnséduisant prévoyant une concentration de l’aide publique au développement sur une courte période initiale au moyen d’un Big Bond associé à une intensification du dialogue relatif aux politiques à mener sous les auspices de la Banque.

Ngozi Okonjo-Iweala,

Brian Pinto

Les responsables politiques et les populations africaines sont en grande partie redevables du tableau positif et des bonnes perspectives qui se dégagent pour le continent », a déclaré avec optimisme Akinwumi Adesina, lors du lancement en janvier dernier de l’édition 2018 du rapport Perspectives économiques en Afrique 2018. « Les économies africaines témoignent d’une résilience considérable et continuent de prendre l’élan nécessaire sur le long terme. Les défis subsistent, particulièrement pour les transformations structurelles qui visent à créer plus d’emplois et à réduire la pauvreté en approfondissant les investissements dans l’agriculture et en développant des chaînes de valeur agricoles », a-t-il ajouté.

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Décryp

La croissance en Afrique aura besoin de mesures sans précédent. Alors que les nations donatrices passent par une période de contraintes fiscales, les experts en développement et les analystes de la Banque considèrent que les immenses besoins en Afrique, notamment en infrastructures, appellent au recours à des instruments créatifs de financement concessionnel. Dans ce contexte, la Banque a accueilli un groupe de réflexion indépendant, le Laboratoire d’innovation politique du Fonds africain de développement.

Brian Pinto, membre de l’équipe de conseil du laboratoire, explique : « Le Big Bond est une idée très simple consistant à réserver une partie des dons de 45 milliards de dollars qui sont destinés à l’Afrique chaque année et à utiliser cette réserve pour la levée immédiate de fonds substantiels. « Pour donner un exemple complet, si l’on met de côté 5 milliards de dollars au taux actuel des bons du Trésor américain, on pourrait utiliser ce montant pour payer le capital et l’intérêt sur 100 milliards de dollars en obligations d’État américaines émises dès aujourd’hui. C’est dire que l’on obtiendrait immédiatement 100 milliards de dollars, quitte à ne réserver qu’une petite fraction du montant total des dons partant vers l’Afrique ces 30 prochaines années. »

Nancy Birdsall

Financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, ce laboratoire, composé d’un panel de haut niveau réunissant cinq femmes éminentes, est accompagné d’une équipe de conseil.

Pour gérer ce Big Bond, la Banque et le Fonds africain de développement auront besoin de tout le soutien et de toutes les ressources qu’ils seront à même de réunir, explique Mme Ngozi Okonjo-Iweala, membre du panel. « Nous avons déjà parlé de l’augmentation générale de capital, dont nous avons certes besoin. Nous avons constaté que la dernière reconstitution du Fonds africain de développement n’a pas été aussi substantielle qu’elle aurait pu l’être. L’Afrique enregistre un taux de mortalité maternelle de 814 femmes pour 100 000 naissances, ce qui n’est pas acceptable. Nous ne pouvons admettre que des femmes meurent tous les jours sur le continent alors que nous disposons de la technologie pour y mettre fin. Donc, voilà certaines des choses sur lesquelles nous devons nous concentrer ».

Dans le rapport de ce panel, Reinvigorating African Concessional Finance : Report of the High-Level Panel on Transforming Trust in the AfDB Group into Influence (Relancer le financement concessionnel en Afrique : Rapport du panel de haut niveau sur la transformation de la confiance placée dans le Groupe de la Banque africaine de développement en influence), il est noté que les financements concessionnels fournis par les bailleurs de l’OCDE ont baissé, passant de 57 milliards de dollars américains en 2013 à 51 milliards en 2015, et que cette tendance à la baisse va très probablement se prolonger.

Nancy Birdsall, également membre du panel de haut niveau, affirme que la Banque est l’institution la mieux placée pour gérer le Big Bond en faveur de l’Afrique : « L’avantage comparatif de la Banque tient au fait qu’elle est perçue en Afrique comme la propre banque du continent. La Banque a donné naissance à un sentiment d’appropriation et d’engagement... et cet avantage comparatif ne pourra être entièrement réalisé, à mon avis, que si la Banque prend une dimension encore accrue, dispose de plus de capital et devient une source de financement plus importante pour les pays les plus pauvres ».

« D’ici à 2020, le financement concessionnel du Fonds africain de développement aura diminué de 39 % par rapport à son pic de 2010 », indique le rapport. « Cette triple menace, conjuguant un ralentissement de la conjoncture mondiale, une baisse de l’épargne en Afrique et une réduction des financements concessionnels doit être conjurée pour minimiser la gravité des éventuelles conséquences socioéconomiques, non seulement en Afrique mais aussi à l’échelle mondiale ». Ce panel de haut niveau recommande de recourir à une solution de financement innovante

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Pour en savoir plus : https://bit.ly/2IuDfmi

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Témoignages

SÉNÉGAL : L’AUTOROUTE DAKAR-DIAMNADIO DONNE LE SOURIRE AUX SÉNÉGALAIS Plus qu’une simple infrastructure routière, l’autoroute DakarDiamnadio est un énorme soulagement pour les populations qui vivent entre la capitale sénégalaise et sa grande banlieue, régulièrement prises au piège d’embouteillages monstres. Sy Babou, propriétaire et gérant du restaurant Le Carré d’As à Keur Massar, près de Dakar

Depuis la mise en service de l’autoroute, les clients viennent de partout à mon restaurant. Je suis passé d’une première salle qui peut assurer 70 couverts à une deuxième salle de la même capacité environ. J’envisage désormais de construire une troisième salle pour faire face à la demande entraînée par l’arrivée de l’autoroute. Chaque fois que nous ouvrons une nouvelle salle, nous recrutons le personnel qui va avec et nous nous assurons les services de nouveaux prestataires.

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’un coût total de près 387 millions d’euros, dont 65 millions apportés par la Banque africaine de développement, l’autoroute construite dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) a amélioré la qualité de vie des populations, en faisant passer le temps de trajet entre Dakar et sa grande banlieue de 90 minutes auparavant à 30 minutes actuellement.

Khadidiatou Sow Bousso, cheffe viabilité, sécurité à Eiffage-Sénégal, exploitant de l’autoroute Dakar-Diamnadio

En tant qu’ingénieure génie civil, je pilote, sans complexe, une équipe d’une cinquantaine d’hommes. J’ai dans mon portefeuille tout ce qui touche à la sécurité des usagers : balisage, assistance aux usagers. Sur la base de mon expérience, je peux assurer qu’il n’y a pas de métier réservé exclusivement aux hommes. Une femme peut réussir partout ; pour peu qu’elle ait les compétences adéquates pour le poste. Il est possible d’avoir du mal à être accepté dans une position hiérarchique par certains hommes. Dans ce cas, il suffit de faire preuve de tact et de compétences. J’exhorte mes sœurs sénégalaises à travailler, à aller vers le savoir, à côtoyer les hommes et à aimer ce qu’elles font.

Dakar-Diamnadio, c’est aussi un outil de renforcement de l’économie sénégalaise, notamment parce qu’elle a rendu plus fluide le trafic entre la capitale sénégalaise et le nouveau pôle urbain et économique de Diamnadio qui comprend, entre autres, des complexes immobiliers en cours de construction, le Centre de conférences international Abdou-Diouf ainsi que le nouvel aéroport Blaise-Diagne.

Boubacar Ba, promoteur immobilier à Diamnadio

L’autoroute place Diamnadio à équidistance de Dakar et Thiès et à seulement dix minutes de l’aéroport Blaise Diagne. Cette position stratégique rehausse la valeur de l’immobilier dans tout ce secteur. Moi, j’habite à Thiès et je viens travailler ici près de Diamnadio en moins de 35 minutes. Les Sénégalais adhèrent à notre projet immobilier de construire ici près de 100 immeubles sur 38 hectares. De nombreuses personnes se manifestent pour acheter des appartements vendus à partir de 15 millions de francs CFA.

Busan Bulletin est imprimé sur du papier recyclé - 25 mai 2018

En raison de son rôle stratégique et de ses retombées socioéconomiques, l’autoroute apporte une contribution non négligeable au Plan Sénégal émergent (PSE) qui bénéficie du soutien total de la Banque africaine de développement. Par ailleurs, l’autoroute, mise en service en août 2013, s’inscrit totalement dans la stratégie d’intégration régionale en assurant un meilleur accès au port de Dakar pour les pays voisins et en fluidifiant la circulation entre le Sénégal et la sous-région.

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ProgrAmmE

du j ur

7 h 30

Session petit-déjeuner : Dialogue ouvert sur l’African Financial Alliance for Climate (AFAC)

9h

Session de connaissance : Avenir du travail et industrialisation

9h

Session de connaissance : Développer les marchés numériques en Afrique

11 h 30

3e réunion du Conseil des gouverneurs : session de clôture des Assemblées annuelles 2018

12 h 30

Conférence de presse de clôture

12 h 30 - 14 h

Session annexe du pays hôte : Coopération entre l’Afrique et l’Institut mondial de la croissance verte

15 h – 18 h

Célébration de la Journée de l’Afriqu

Plus d’infos : https://am.afdb.org/fr/programme

Découvrir Busan

Profitez de la nature à Busan Vous aimez la nature et les activités de plein air ? Busan va vous combler ! À l’extrémité sud de la plage de Haeundae, l’île de Dongbaek offre un décor de pins et de camélias. Visitez la Nurimaru APEC House, un pavillon à l’architecture coréenne traditionnelle typique. Près de l’île de Dongbaek, la Baie 101 regorge de cafés, de pubs, de quantité de restaurants et a même un yacht club, qui propose des sorties en mer en hydrojet, jet-ski, yacht, ou sur un bateau à fond de verre pour mieux admirer les profondeurs marines. Si vous êtes en centre-ville, vous ne pouvez pas la rater : haute de 120 mètres, la Busan Tower dans le très animé parc de Yeongdusan offre une vue imprenable sur le port. A flanc de montagne mais accessible par escalators, le parc abrite aussi un musée d’instruments folkloriques et une pagode protégeant une cloche géante. Pour les amateurs de randonnée, il y a les circuits forestiers de Gijang, près de la plage d’Ilgwang. Le Busan Citizens Park est le plus grand parc de la ville, avec des sentiers à travers bois, des circuits pédestres, un jardin en labyrinthe, des plages, un village culturel et artistique, des espaces de jeu pour enfants, des fontaines et même un café-librairie en pleine forêt !

Proverbe coréen du jour 호랑이에게 물려가도 정신만 차리면 산다 « Même si un tigre te mord, si tu reprends conscience, tu peux t’en sortir » Ce qui signifie : Gardez votre sang-froid, même face à une situation désespérée

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