Art thérapie et l initiation africaine

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L’ART-THERAPIE ET L’INITIATION AFRICAINE

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zgrobli.net mgrobli@hotmail.com ISBN : 29526059-0-4 Couverture: Œuvre de Zirignon Grobli La puissance de l’Ancêtre

©Editions cycas 2007 4


Zirignon GROBLI

L’ART-THERAPIE ET L’INITIATION AFRICAINE

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Du même auteur

La libération de l’âme captive de la matière tome1 (2001)

La libération de l’âme captive de la matière tome2 (2001)

Le chaos et l’ordre (2003)

L’art-thérapie et la résolution des conflits (2005)

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A la gloire de mes Ancêtres…

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Avant-propos

Avant de promouvoir une nouvelle forme de thérapie, il est nécessaire de faire le constat que l’ancienne a cessé d’être opérationnelle, et de détecter les raisons de la nonadaptabilité de l’ancien système de prise en charge aux conditions actuelles. L’ancien système de prise en charge est connu. Il est avéré que, dans son essence, il est le même partout en Afrique. En effet, pour les thérapeutes africains traditionnels, la pathologie mentale est le résultat d’une rupture des liens d’harmonie entre le malade et son groupe. Ainsi, la maladie est considérée comme une punition, infligée par le groupe à celui qui tente de porter atteinte à son intégrité, en mettant en cause l’obligation de solidarité entre ses membres. De fait, sera frappé de folie l’homme ou la femme qui enfreint l’interdit d’avoir des relations sexuelles dans les champs, parce que cela compromet l’abondance des récoltes et agit négativement sur la fécondité du bétail voire des femmes du groupe. Dans les cas semblables, la thérapie traditionnelle revêt la forme de ce que les ethnologues ont appelé « rituel de guérison », (mise en scène à caractère dramaturgique au cours duquel le malade doit confesser la faute qu’il a commise contre la Parole de l’Ancêtre fondateur) car la cause de la maladie est à chercher dans la remise en question du principe d’unité absolue du groupe :

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Nous tombons malade parce que nous nourrissons des velléités de séparation. Après avoir perduré pendant longtemps en Afrique, la thérapie traditionnelle, élaborée dans un contexte socioculturel qui postule la soumission totale des membres à la collectivité, est devenue non-opérationnelle depuis le traumatisme colonial qui, en déstructurant l’être négro-africain, a donné naissance à une personnalité nouvelle, en mal d’une thérapie adaptée au cadre néocolonial où il survit sans repères. Les praticiens sur le terrain savent parfaitement que le mode de prise en charge traditionnel est devenu caduc et que, envoyer le malade au village pour « la solution africaine », connaît ses limites. C’est ce qui explique, semble t-il, l’engouement de nos populations des villes et des villages pour les pratiques syncrétiques, dont le père Hegba du Cameroun et l’abbé Abékan de Côte d’Ivoire sont les défenseurs les plus connus… Dans les cas précités, ce n’est plus l’Ancêtre qui détient les prérogatives de la guérison mais Jésus que le prêtreguérisseur invoque pour rendre sa santé mentale au malade aliéné par la possession démoniaque. Mais, malheureusement, ces tentatives ne sont pas toujours couronnées de succès. Une de nos connaissances, par exemple, a été par trois fois, en vain, soumise au désenvoûtement syncrétique avant de se résigner à son mal. Le savoir empirique qui découle de cette analyse est qu’il est illusoire de vouloir substituer la fonction religieuse à la pratique thérapeutique. 9


C’est ainsi, que mon expérience personnelle m’a conduit, en tant que psychanalyste, à l’élaboration d’une technique d’analyse psychothérapeutique qui conjuguerait psychanalyse et art-thérapie car pour l’être qui demeure captif du champ imaginaire sur lequel règne la mère phallique, il faut prévoir une approche complémentaire à la psychanalyse qui est centrée sur la résolution du complexe d’Œdipe. C’est ce qui justifie notre option pour l’art-thérapie dans nos prises en charge en Côte d’ivoire. Pour favoriser l’émergence de nos patients au système symbolique, il nous parait nécessaire de mettre à leur disposition des substituts d’objets partiels sur lesquels ils puissent décharger leurs pulsions de destructionjouissance. Dans ce type de prise en charge, la fonction de l’artthérapeute consiste à accompagner le patient dans le processus régressif (de destruction), qui devrait aboutir, à la faveur de la médiation du Nom-du-père, à l’arrêt de ce processus fatal et à l’émergence du désir de laisser des « restes significatifs. » Ainsi, l’activité art-thérapeutique est un affrontement analsadique qui connaît son paroxysme dans la « casse de la pierre ». Avec son phallus de pierre, (le marteau), l’enfant-fétiche (le patient), va à l’assaut de la mère phallique (le bloc de granit) et s’efforce de la réduire en morceaux (meurtre symbolique), avec le soutien du Nom-du-Père dont l’artthérapeute est le support.

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Du meurtre symbolique de la mère phallique et de la culpabilité dépressive qui en résulte, émergera le désir de réparation dont les créations, sauvées de la destruction (grâce à la fonction paternelle exercée par l’artthérapeute) sont les réalisations. Le patient en art-thérapie guérit et accède à l’état de sujet en créant, par la maîtrise de ses pulsions destructrices. Les castrations prégénitales sont assumées lorsque le patient, comblé sur le mode métaphorique, de pulsions de jouissance-destruction, éprouve enfin la satisfaction de laisser des restes significatifs, de les préserver et d’en faire l’objet d’une verbalisation orientée vers la prise de conscience et l’assomption du Nom-du-père. C’est le discours sur les restes et le savoir qui en résulte qui, intériorisés, vont structurer les patients et décider de leur entrée dans le champ symbolique. A l’origine de l’art-thérapie comme de l’activité créatrice des masques, il y a le désir de créer des formes afin de maîtriser ses affres et de retrouver le sentiment de continuité d’existence, sinon d’éternité (culturelle). En effet, les sociétés d’initiation fondent l’activité des masques sur l’angoisse de mort qui se répandit sur le groupe social à la mort de son chef : le « grand mort ». Le premier tailleur des masques est celui qui a eu l’idée d’enfermer le corps éthérique du grand mort dans le bois, pour préserver la société orpheline de sa vindicte. C’est en réalisant la représentation symbolique du chef décédé et en l’élevant au rang d’Ancêtre titulaire, gardien titulaire du groupe social, que le premier initié a jugulé l’angoisse de mort et apporté la sérénité et l’espoir dans le cœur de la population en déréliction. 11


Les choses ne se passent pas différemment s’agissant de l’art-thérapie. Ici l’angoisse de mort se trouve également à l’origine de l’activité créatrice. La maîtriser est le but visé par l’artistethérapeute qui, dans un premier temps, a recours aux activités de décharge de son trop-plein de pulsions, avant d’enfermer l’imago persécuteur dans le support artistique. En art-thérapie la paix de l’âme et l’espoir sont également le résultat de la maîtrise des pulsions de mort par la création. Il est évident que l’ « idéogramme » et les « restes significatifs » obéissent à la même démarche et à la même finalité. L’un et l’autre sont les expressions graphiques de l’Esprit du « Mort » capté dans le dialogue intérieur, au sein de l’atelier d’art-thérapie ou du Bois sacré. La fonction dévolue à l’un ou à l’autre, c’est de rayonner sur les sociétés et de servir de guides culturels.

Grobli Zirignon Psychanalyste et Art-thérapeute

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L’ART ET SA FONCTION

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s’engage sur le chemin épineux de la création artistique un peu comme on entre en religion : en renonçant au monde. L’art, en effet, comme la religion est une manière de répondre positivement à la Loi d’interdiction de jouissance, sans laquelle il ne saurait y avoir d’existence possible : c’est à travers l’œuvre d’Art authentique que l’artiste ek-siste L’artiste est donc celui qui manifeste l’aptitude à sublimer sa jouissance refoulée, en raison de la Loi, en valeur socialement admise par tous. « Démiurge » c’est ainsi qu’on le désignait dans le monde hellénique, parce que sa fonction était d’accomplir la nature en ajoutant « la fleur de la culture ». Aujourd’hui nous dirions, plus simplement que l’artiste est un initiateur ou un père-pontife : l’Art étant comparable à un pont de lianes, jeté sur l’Abîme universel, sans lequel l’existence-voyage de l’homme serait impossible. C’est en effet grâce à son esthétisme que l’artiste, « amoureux du beau » a pu rompre pour la première fois avec l’immédiateté de la jouissance animale pour s’engager irrémédiablement dans la voie eurythmique. Ainsi, l’artiste se distingue t-il singulièrement des autres hommes qui demeurent mélancoliquement fixés à la jouissance interdite et n’arrivent pas à sublimer leurs pulsions sexuelles.

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Ce dont ces hommes sont en effet privés, c’est de ce pouvoir « esthétique » au sens kantien du mot, c’est à dire la capacité d’empathie qui permet de ressentir différemment les choses. C’est par conséquence à tort que le créateur authentique est fustigé et accusé d’apporter la subversion dans l’ordre social. Il ne peut pas y avoir d’art « sub-versif », car aucun mouvement esthétique n’a jamais été à l’origine d’un désordre social. Occupés à scruter leur idéal de beauté comme l’astronome le ciel étoilé, les artistes n’ont jamais eu la moindre action directe sur le devenir de la société. L’art aurait plutôt un pouvoir lénifiant : celui d’apporter un peu d’illusion et d’espoir dans le champ de bataille de la cruelle Nature. L’Art inaugure le champ de la contemplation à côté des contraintes du quotidien. Il nous arrache au monde des ustensiles pour nous baigner dans l’espace des purs objets qu’il nous est loisible de contempler en toute quiétude dans un salon bourgeois ou dans un atelier d’artiste. Une chaise peinte par Van Gogh, par exemple, ce n’est plus l’objet utilitaire qui nous invite impérativement à nous asseoir ; pas plus que le « Guernica » de Picasso a le pouvoir miraculeux de nous plonger automatiquement dans la guerre civile espagnole. Ainsi, la mission salutaire de l’artiste est-elle bien de nous apporter le désintéressement et la paix relatives, dans ce monde basé sur le profit maximum et le conflit perpétuel :

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nous savons en effet que l’angoisse que chuintent la chaise de Van Gogh et le Guernica de Picasso sont des angoisses symboliques, maîtrisées et non existentielles. L’Art nous retrempe aux sources de l’humain. En effet, l’imagination et l’inconscient sont les deux piliers soutenant la charpente de l’activité artistique. Par l’exercice de la faculté imaginative et de la spontanéité, l’homme, refusant d’attendre passivement le retour de la jouissance perdue au seuil de l’existence, va conjurer la privation par la satisfaction hallucinatoire de ses désirs, dans l’évolution et l’anticipation. C’est ainsi que l’être humain va préparer son accession à la temporalité, son essence. Et c’est pourquoi là où le libre exercice de l’imagination est empêché (excès dans la frustration) l’essence humaine est compromise comme c’est le cas dans la folie. L’Art n’est rien d’autre que la sublimation de la matière maternelle, de la mer-de en un objet socialement admis de tous, l’œuvre d’art. L’activité artistique c’est le substitut social de l’activité ludique de l’enfant, qui est en fait la reproduction symbolique et l’assomption par l’enfant du rapport mère-enfant sous l’œil compréhensif du père. Comme le jeu, l’Art, réintroduit aux relations sociales primitives, aux origines même de la vie en société. Et c’est cette régression que craignent certaines personnes : Révéler leur nature d’enfant sous l’adulte apparent. Et pourtant, la pratique artistique est assurément le meilleur moyen connu pour socialiser la névrose en attendant une véritable thérapie.

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C’est la raison pour laquelle nous nous réjouissons de l’heureuse initiative des plasticiens ivoiriens, nous les traumatisés de la colonisation et des travaux forcés. Comme le pieux Nommo de la légende, qui confectionna une jupe en raphia pour cacher la nudité de sa mère, dépouillée par Ogo, son impudent frère, ainsi nos artistes n’ont pas reculé devant le sacrifice, pour habiller le vide culturel de notre pays, mis à nu par la colonisation et laissé exsangue. C’est là le signe certain de la vitalité de notre jeune nation et sa volonté de se re-sourcer, que ces hommes démunis qui décident de reprendre le flambeau depuis longtemps éteint de la création artistique africaine.

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Le beau-reste est le lieu de réconciliation des pulsions de destructions et des pulsions de vie sous l’autorité du Nom-du-Père. C’est pourquoi le beau reste est ce lieu d’où ça parle du langage fondamental.

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La création authentique postule que l’artiste pulvérise la pierre qui l’empêche d’être libre de ses mouvements et ses pensées qu’il joue avec la poussière avant de la soumettre a des formes originales signes révélateurs de sa puissance créatrice. La création authentique est l’acte de subversion à la faveur de laquelle le sujet surgit dans le monde.

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Le reste significatif qui résulte de la trans-formation de la pierre en œuvre d’Art sous l’action du Nom-du-Père est ce langage appelé à s’inter-poser entre la transcendance et le candidat à l’existence authentique.

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L’œuvre d’Art authentique est l’ouverture opérée par le Nom-du-Père sur le système symbolique grâce auquel l’homme fait son entrée dans l’organisation sociale qui met à sa disposition les moyens de son épanouissement. L’œuvre d’Art authentique est la voie de sortie hors de la clôture sadique-anale et d’appropriation du système symbolique.

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L’activité artistique sous-tendue par le Nom-du-Père offre l’opportunité inouïe à l’artiste créateur de formes significatives d’émerger de la confusion de l’imaginaire et de faire son entrée dans le champ symbolique qui sert de structure à la réalité. Il n’existe pas de voie de salut hors de l’activité artistique sous-tendue par le Nom-du-Père.

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La culpabilité dépressive et le désir de réparation sont à l’origine de la création authentique. L’œuvre authentique est une résurrection symbolique qui réconcilie avec la victime.

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Les beaux-restes ou traces significatives sont les produits artistiques de l’affrontement dialectique du Nom-du-Père avec les pulsions du patient. C’est en maîtrisant la fureur des pulsions destructrices que le Nom-du-Père s’inscrit dans la matière sublimée : sur le mode de traces significatives.

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Les « beaux-restes » sont l’expression graphique de la victoire sur le conflit grâce à la médiation du Nom-du-père Les « beaux-restes » sont les signes pré-verbaux de la maîtrise anale et d’avènement d’un sujet pré-verbal.

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Le « beau-reste » est le résultat de l’activité réparatrice de la mère abîmée dans les phantasmes de l’enfant pervers. En réparant l’image de la mère l‘enfant repentant répare sa propre image abîmée dans l’affrontement avec la mère phallique. Le « beau-reste » est donc la représentation symbolique de la réconciliation de l’enfant du père et de la mère phallique.

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Le « beau-reste » résulte de la matière domestiquée et structurée par le Nom-du-Père. Autrement dit : la matière élaborée et promue au rang du langage.

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L’Etre est l’aboutissement logique de l’activité réparatrice de la destruction imaginaire du Tout par les pulsions destructrices. Autrement dit le résultat de la restitution symbolique du Tout endommagé par l’imagination sadique : L’être est le principe du « beau-reste ».

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Avec le sous-tien du Nom-du-Père le patient-artiste a le courage de sacrifier la beauté décorative qui empêche à l’artiste-esthète de la pénétrer pour la connaître par la voie des restes significatifs.

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RAPPORT SADIQUE -ANAL DE LA MERE PHALLIQUE AVEC L’ENFANT AFRICAIN

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souci qui anime cette brève étude est d’attirer l’attention des chercheurs sur deux pratiques socioculturelles qui peuvent servir de pistes intéressantes à l’approche de la personnalité ivoirienne, compte-tenu de la place qu’elles tiennent dans les populations. Il s’agit des pratiques liées à l’allaitement et à la fonction excrétrice du nourrisson. Toutes les mères du monde doivent plus ou moins se préoccuper du bon fonctionnement de la bouche et de l’anus de leurs bébés, car la survie de ceux-ci en dépend. Toutefois, dans le contexte ivoirien, ce souci aboutir à obsession. L’importance de l’allaitement a été signalée par plusieurs auteurs, ethnologues et cliniciens : ERNY, RABAIN, COLLOMB, FALADE pour ne citer que ceux-là. L’idée générale qui ressort de leurs observations est que l’enfant africain en général connaît un allaitement qui se caractérise par son « libéralisme » et sa longueur dans le temps : il est nourri à la demande pendant une durée de deux ans et quelquefois plus. Cette pratique traditionnelle peut s’observer encore aujourd’hui en milieu rural et urbain. Cet allaitement, le partenaire privilégié de l’enfant, la mère, va y mettre fin brutalement, du jour au lendemain, le plus souvent à l’occasion d’une nouvelle grossesse. 29


L’allaitement au sein reste encore le moyen d’alimentation le plus habituellement utilisé par les mères en Côte d’Ivoire. De nombreux ouvrages en témoignent qui confirment nos observations. Il s’agit d’un allaitement à la demande survenant dans le contexte d’une symbiose corporelle mère-enfant. Le couple mère-enfant semble parfois corporellement ne faire qu’un (bébé porté au dos). Le corps de la mère et plus particulièrement son sein est mis à la disposition entière de l’enfant. C’est ainsi que l’on observe des nourrissons au développement psychomoteur souvent précoce qui tètent au moment où ils en ont envie, la quantité de lait qu’ils désirent dans la position qu’ils préfèrent. Il n’est pas rare de voir même en milieu urbain des bébés fouiller dans le pagne et téter le sein d’une mère endormie sur sa natte, ou de voir des bébés attachés au dos de leur mère passant leur tête sous son bras pour se servir même si celle-ci marche ou travaille. Le sevrage rarement effectif avant l’âge de deux ans est souvent décidé du jour au lendemain et l’activité sexuelle de la mère souvent interrompue pendant toute la période d’allaitement est reprise. Le sein qui était offert à la moindre contrariété est alors refusé à l’enfant, c’est ainsi qu’après le sevrage il devra chercher ailleurs d’autres moyens de consolation. La fonction excrétrice n’est pas perçue comme un phénomène physiologique spontané. L’usage veut qu’elle soit toujours provoquée par un lavement.

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Sur cette deuxième pratique nos sources sont plus fragmentaires. Nos informations proviennent surtout de communications orales d’amis et de connaissances mais aussi de certains spécialistes de la place tels les professeurs ATTIA et ETTE et le docteur CLAVER. Ces diverses sources semblent révéler que la pratique du lavement joue un très grand rôle dans la culture ivoirienne : la particularité de ce lavement étant que le nourrisson y sera soumis dès son plus jeune âge. (Comme si toute absorption d’aliment devait entraîner automatiquement une purgation.) Le docteur ATTIA assimile le lavement à « une toilette quotidienne ». Quant au docteur CLAVER, il va plus loin : selon lui certaines populations lagunaires placent le lavement nécessairement avant toute absorption d’aliment. Avec humour il parle d’un lavement-apéritif. Le lavement précoce au piment en Côte d’Ivoire s’opère par une technique qui nous paraît encore très répandue en Côte d’Ivoire. Quotidiennement administrée chez les personnes d’un certain âge en milieu rural, elle est plutôt bi ou tri-hebdomadaire en milieu urbain, elle devient plus rare dans les milieux plus occidentalisés sans toutefois disparaître complètement. En Côte d’Ivoire, le lavement au piment n’est ni un moyen de lutte contre la constipation, ni une technique d’éducation sphinctérienne. Pour les mamans que nous avons rencontrées, c’est un « médicament » qui protège l’enfant des maladies, qui lui donne la force, qui chasse les vers.

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Il assure la bonne santé de l’enfant, il a valeur de soin et trouve sa place dans la toilette du bébé. Ce lavement est administré très précocement, parfois dans les premières heures qui suivent la naissance, l’enfant n’ayant pas encore tété. Le piment est parfois accompagné d’autres substances végétales, sa concentration peut varier selon l’âge du bébé. C’est une pratique qui s’exercera tout au long de l’enfance et de la vie de l’adulte. De nombreux guérisseurs traditionnels utilisent cette technique pour l’administration de leurs soins. Ce lavement, chez le bébé, est traditionnellement administré directement de la bouche de la mère qui contient l’eau pimentée à l’anus de l’enfant fermement maintenu. De petites calebasses, des pailles ou une poire à lavement plus moderne peuvent se substituer à la bouche maternelle. Le terme employé dans le langage imagé populaire pour définir cette technique est le mot « pomper ». L’observation d’une mère en train de « pomper » son enfant montre qu’une telle technique demande une adresse et une grande habitude pour être effectuée le plus rapidement possible. L’enfant qui s’agite est fermement maintenu, la tête coincée entre les genoux maternels. Cette opération se déroule rarement dans le calme, les cris, mais surtout les gesticulations de l’enfant témoignent au minimum de son peu d’enthousiasme à l’accepter.

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La position de rigueur pour les enfants plus grands, c’est de se mettre à quatre pattes, un peu penché en avant, de telle manière que l’intromission de la canule de la poire soit plus aisée, la mère purgeuse se tenant derrière l’enfant. Quant aux adultes, ils ont le choix : ils peuvent s’administrer le lavement eux-mêmes, la position accroupie étant la plus commode, ou bénéficier de l’aide de leur conjoint. Ainsi le lavement n’a pas toujours ce caractère hygiénique qu’on lui prête. On peut l’accomplir pour le seul plaisir. Nous voudrions également attirer l’attention sur un fait observable chez l’adulte et qui est peut-être à mettre en rapport avec la pratique du lavement au piment. Au C.H.U de Cocody la consultation de médecine (service du Professeur ATTIA) est constituée à plus de 70 % par des colopathies fonctionnelles. Il s’agit de constipation chronique souvent rebelle aux différents traitements proposés dès que ceux-ci ont perdu l’attrait de la nouveauté. Nous ne retrouvons pas de lésions particulières sur le plan anatomo-pathologique (Professeur ETTE). Il s’agit de troubles dyskinétiques à l’origine d’une constipation de type terminal qui s’accompagnent très fréquemment de tumeurs variqueuses hémorroïdales. Ces troubles fonctionnels dépassent par leur importance les troubles liés aux parasitoses intestinales.

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Ils sont dans l’esprit des gastro-entérologues, à rattacher d’une part à la pratique des lavements corrosifs (gingembre-piment) qui augmentent le seuil d’excitabilité de la muqueuse ano-rectale et d’autre part à une alimentation peut être trop riche en féculents (riz). Actuellement, bien que l’idée d’un trouble psychosomatique soit envisagée par certains praticiens ivoiriens, aucune hypothèse n’a été développée dans ce sens. Un de ces praticiens note à ce sujet que : « Le constipé chronique en Côte d’Ivoire, dans son discours sur sa maladie, utilise des mots signifiants que son corps est un contenant : les patients parlent de leur réservoir, de leur usine...et les fécès ont valeur de contenu dangereux, mortel (ce sont des poisons qui vont le tuer). L’angoisse de ces patients est massive, elle s’exprime à travers une demande d’aide désespérée et jamais satisfaite lorsque cette aide se limite à une prescription médicamenteuse; c’est un malade jamais guéri qui revient sans cesse nous consulter ». Il existe un sens à donner à ce symptôme. La première remarque à faire sur cette pratique de l’allaitement à la demande et prolongé dans le temps, c’est que, en mettant le sein maternel à l’entière disposition de l’enfant la mère finit par « tuer » le désir du sujet oral et le rendre passif. Dans une telle situation, il paraît pertinent de parler d’état d’aliénation du sujet oral, l’activité orale n’étant pas, chez ce dernier, déterminée et sous-tendue par le désir.

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Manger est une obsession pour l’ivoirien et ce n’est pas sans raison qu’un artiste du pays a consacré une chanson à la « Mangeocratie » et que les activités dans le pays, même les activités sociales sont sous-tendues par le souci alimentaire. En Côte d’Ivoire la tyrannie du ventre règne sans partage et la population entière est soumise à la reconnaissance du ventre. Mutadis mutandis, les choses se passent de la même manière s’agissant de la pratique du lavement intensif et systématique : il en résulte l’annihilation de la spontanéité de la Nature. Les stimulations intestinales et la défécation seront désormais conditionnées par l’action épicée de la purge. Ainsi sur le plan anal comme sur le plan oral, ces pratiques traditionnelles aboutissent-elles à l’aliénation du sujet prégénital, laissant la place à des comportements obsessionnels. En Côte d’Ivoire, l’éducation orale et anale semble donc déboucher sur une organisation pathologique de la phase prégénitale : l’organisation obsessionnelle de type oralanal qui se définit par la compulsion à ingérer pour expulser. Tout se passe comme si le transit et la fonction digestive, conditions de la formation et de la croissance d’un sujet étaient formellement interdits par la gardienne de ce circuit « dia-bolique » : la mère nourricière et purgeuse. C’est ici le lieu de signaler la crainte d’être empoisonné répandue dans nos populations et dont nous retrouvons les échos dans nos consultations.

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Des patients nous ont confié qu’ils vivaient dans la hantise d’être empoisonnés par quelque personnage malveillant tapi dans leur entourage, d’autres par leur propres fécès. Telle est l’explication, superficielle, que les patients donnent de leur compulsion au lavement. En réalité, l’empoisonneur supposé est un substitut de la mauvaise mère, et le poison le lait qu’elle donne sans amour ou que l’enfant affamé lui arrache. Le lavement s’avère une sorte d’antidote que la mauvaise mère a administré à l’origine pour tenter de neutraliser les effets de ses propres pulsions de mort. L’obsession oraleanale des ivoiriens est donc la survivance de la compulsion à la répétition héritée de la « Grande Mère » nourricière et purgeuse. Si, comme l’écrit Claude Lévi-Strauss dans « Origines des manières de table » la fonction digestive caractérise l’organisme vivant et offre un modèle organique anticipé de l’élaboration de la Culture, n’est-on pas en droit de craindre que cette mère (dévorante) ne constitue un obstacle à l’acquisition de la maîtrise symbolique condition de la maîtrise sociale ? Selon un conte africain que rapporte Denise Paulme dans son livre « La mère dévorante », ce conflit oral-anal aurait, dans les temps mythiques, débouché sur une parodie de maîtrise. Elle écrit : deux génies se battent ; l’un avale l’autre qui ressort par l’anus ; ainsi de suite jusqu’à ce que l’un des génies trouve le moyen de garder l’autre dans son ventre en s’asseyant sur une pierre.

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On pourrait compléter cet épilogue en disant : c’est ainsi que l’enfant introjecté devint le phallus de pierre d’une mère toute-puissante. A l’origine des temps, nous apprennent les pères fondateurs des sociétés des masques, il n’y avait ni homme ni femme mais une espèce de créature androgyne. C’est un homme d’exception, un homme porteur de phallus, qui a créé le système d’initiation aux fins de déterminer les sexes et de promouvoir la collaboration des hommes et des femmes initiés. Or avec l’intrusion de la domination coloniale, ce système, ce type de production des êtres sociaux a connu une décadence qui a généré la désorganisation de nos sociétés. Il en a résulté leur régression au stade premier du développement, caractérisé par la résurgence de la figure de la Grande Mère des origines et de ses enfants-fétiches. C’est dans ce contexte de régression que ces pratiques symptomatiques du malaise social que sont l’allaitement à la demande et le lavement systématique, ont certainement vu le jour. Malaise social consécutif à la « mort » du père initiateur et de ses figures sociales. C’est donc à la mort du père et à la décadence des systèmes d’initiation qu’il faut imputer l’état de régression de nos sociétés post-coloniales à la phase la plus primitive du développement humain : la phase orale-anale. Le conflit oedipien, qui est un moment nécessaire à la structuration de la personnalité humaine postule l’identification de l’enfant à un père porteur de phallus. Un père qui a fait de son mère son épouse. 37


C’est à l’imitation de ce père que l’enfant voudra posséder sa mère. Telle est la première condition à la constitution de l’Œdipe : l’existence d’un père médiateur et l’identification de l’enfant à celui-ci. La deuxième exigence, ce sera l’interdit paternel qui provoquera nécessairement l’affrontement entre les deux rivaux, le devenir-humain de l’enfant dépendant de la résolution du conflit par renoncement à la possession de la mère et le déplacement des pulsions sexuelles de l’enfant sur les autres femmes (à l’exclusion de sa mère). L’existence d’un père capable de résister aux désirs de toute-puissance de la mère phallique est donc la condition sine qua non de l’humanisation de l’enfant car c’est le père qui permet l’avènement de l’Oedipe en s’opposant à l’union de la mère et l’enfant et qui le résout en assurant le triomphe de la Loi. C’est pourquoi la privation d’un père médiateur est le plus grand malheur qui puisse arriver à un être humain et à une société. L’absence de médiateur, en effet, aura pour conséquence de mettre directement en contact la mère dévorante et l’enfant. Et c’est pour se « défendre » que l’enfant est contraint d’introjecter son persécuteur maternel. Ainsi, au lieu de se résoudre par le renoncement à la mère et l’assomption de la Loi, comme cela se passe dans le conflit oedipien, le conflit duel, pré-oedipien, aboutira à l’intériorisation de la mère et à la pérennisation du conflit avec elle.

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La vie de cet être « possédé » par l’imago d’une mère dévorante ne sera plus que fuite et ruse permanente pour tenter d’échapper à l’annihilation. Ce qu’on pourrait appeler l’ « idéologie africaine », le fétichisme, n’a rien d’occulte, en vérité. C’est un système de « défenses » destinées à lutter contre l’imago persécuteur de la mère dévorante : dans tout fétiche, il faut voir un substitut phallique imaginaire. C’est ici que se pose le problème crucial de la « Refondation » de nos sociétés post-coloniales, aliénées dans le processus de répétition du traumatisme colonial. Il est évident qu’il ne saurait y avoir de Refondation possible sans la volonté de regarder en face le traumatisme colonial, de l’affronter et de le maîtriser dans une activité productrice de symboles. Il est d’importance capitale que dorénavant les notions de créativité et de mérite soient hissées au rang de critère de promotion, dans notre société an-archique basée sur le pathos et le séfonisme. En effet, mettre à l’honneur les notions de créativité et de mérite, c’est créer les conditions d’émergence d’une structure symbolique authentique, fondement de la vie sociale. Tels sont les réquisits pour réparer (refonder) le tissu social mis à sac et avili par la violence coloniale, et néocoloniale. La re-naissance du sujet négro-africain est à ce prix. En encourageant la mise en place d’une structure symbolique, par le biais de l’incitation à la créativité, l’Autorité refondatrice va favoriser l’émergence des relations médiatisées, ce qui aura certainement pour 39


conséquence heureuse de pro-mouvoir des hommes et des femmes aptes à la communication et aux activités de développement. On l’aura compris : il ne suffira pas que les « bailleurs de fonds » mettent leur argent à notre disposition. Le plus important pour favoriser le « décollage » réel de notre pays, serait qu’ils soutiennent le projet de sa refondation culturelle. Car une société qui n’est pas structurée par un système symbolique articulé autour de créateurs authentiques, n’est, selon l’expression du roi Guezo du Dahomey, qu’une « jarre percée », que même des milliards de pluies d’argent ne peuvent combler.

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C’est aux paroles de la mère phallique infiltrées de pulsions de mort qu’il faut imputer l’opposition de l’enfant et son refus de métaboliser cette nourriture symbolique. Assurément, il existe un rapport symbolique entre le lait maternel et le langage.

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La seule voie de sortie de sa déchéance l’homme-déchet doit la chercher dans la mise en formes artistiques de sa personnalité anale sous la houlette du Nom-du-Père. Les déchets significatifs sont l’itinéraire qui va permettre à l’enfant-déchet de sortir du système anal où l’ont enfermé l’échec des premières tentatives de socialisation avec une Mère immature.

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Le Nom-du-Père est le pouvoir d’intégration que le nourrisson doit recevoir à la naissance par le biais de l’allaitement réussi : elle lui permet de dépasser la phase du conflit originaire dont les cris provoqués par la faim sont l’expression angoissée. La bonne coordination entre le désir du sein et l’offrande de celui-ci par la mère ainsi que la satisfaction qui en résulte sont le signe d’entrée dans le pré-symbolique.

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Les enfants des pays pauvres sont condamnés au mérycisme c’est pourquoi les hommes aliénés à l’imaginaire n’ont pas d’énergie nécessaire à la production de leur subsistance et de leur épanouissement.

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La fonction des frustrations orales précoces c’est d’emballer les pulsions sadiques de l’enfant et de tuer dans l’œuf son aptitude à symboliser. Telle est la situation des enfants en pays sous-développés où les mères engagées dans la lutte pour la survie ne perdent pas leur temps dans les relations d’échanges verbales.

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La mère phallique est une organisation de pulsions sadiques-anales qui empêchent l’éclosion des potentialités verbales de l’enfant et le réduisent à néant ses velléités de communication avec le Père. Il en résulte que la fonction paternelle consistera à exercer des pressions sur la mère phallique afin qu’elle opère la mise en formes-langage de sa propre organisation anale structurée par ses créations artistiques. La mère devient cette voie symbolique dont l’enfant a besoin pour faire son entrée dans le champ symbolique.

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La voie royale pour émerger de la prison du système anal et surgir dans l’espace verbal en passant par le pré-verbal c’est la voie de la sublimation des pulsions anales c'est-à-dire leur mise en métaphore grâce à la médiation du Nom-du-Père dont l’action décisive a pour effet de maîtriser la métaphore de la jouissance et de créer des beaux-restes figures annonciatrices du verbe. L’art-thérapie est donc l’activité propédeutique à l’émergence du verbe.

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La mère toute-puissante est pour l’enfant la persécutrice qui l’assiège dans une clôture anale où elle lui inflige toutes les contrariétés. L’enfant de la mère toute-puissante n’échappera au délire paranoïaque qu’en s’accrochant au Nom-du-Père pour résister désespérément à la hargne de la mère toute-puissante.

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L’unité-duelle de la mère phallique et de l’enfant-fétiche est la plus horrible des tragédies dont le développement linéaire apparent est à la vérité sous-tendu par la répétition d’un traumatisme : celui de l’enfant phagocyté qui s’efforce en vain de se délivrer de l’emprise toute-puissante de l’imaginaire de la mère phallique.

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La phase sadique-orale est le moment d’apparition des pulsions de destruction où la jouissance-cannibale est à son comble et l’enfant confronté à la culpabilité. Cette phase est aussi le moment idéal à l’entrée en scène du père pour sevrer l’enfant et favoriser sa socialisation par la consommation du « solide » partagé.

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Le processus de socialisation s’enclenche dès les premiers jours de la naissance lorsque le nourrisson qui cherche à sortir de son chaos intérieur est accueilli par une mère mature qui comprend son désir et accepte d’établir une relation d’échange. Les premières relations mère-enfant sont fondatrices de liens symboliques.

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Plutôt que de renvoyer à la mère phallique les pulsions anales qu’elle projette sur sa personne et s’engager avec sa génitrice dans la bataille de fécès l’enfant fécalisé préférera préserver leur relation en l’idéalisant et en choisissant de défléchir sur les autres ses pulsions anales.

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C’est l’angoisse de s’effondrer dans le trou creusé par la séparation qui retient l’enfant ‘(privé de la protection du père) auprès de la mère dont il devient le phallus.

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L’enfant de la mère phallique est un être à qui il est interdit de s’inscrire dans une relation symbolique et qui est contraint de subir sa puissance de réduction pour lui servir de pénis anal.

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ART-THERAPIE ET DECOLONISATION Un esclave affranchi n'est pas encore un homme libre. Il n'est " qu'un esclave affranchi ", par un maître généreux ou calculateur. Ce qui différencie l'affranchi de l'homme libre c'est que l'affranchi n'est pas convaincu de sa liberté qui est octroyée, et qu'il continue de se comporter comme un esclave. En effet l'affranchi se trahit toujours par quelques signes. Il en est ainsi parce que libéré des chaînes de la servitude sociale, l'affranchi n'en demeure pas moins esclave par sa mentalité. On est asservi à la faveur d'un malheureux accident de l'Histoire et on devient "esclave" par la force du déterminisme psychologique. Par quelles voies mystérieuses ? Parce que le processus de réduction en esclavage ne s'accomplit que lorsque l'esclave a opéré l'intériorisation du maître. C'est en le laissant briser sa capacité de résister et de garder sa faculté d'assentiment que l'esclave laisse le maître pénétrer sa personnalité et prendre possession de son espace intérieur. L'esclave accompli perd le contrôle de sa vie intérieure au profit du maître. C'est ainsi que l'esclave devient la chose du maître invisible : le pantin qu'il continue de manipuler hors scène (…). (…)Ainsi, c’est le désir de me sentir « bien dans ma peau » qui a présidé à mon entrée en analyse afin de côtoyer les couches profondes de mon inconscient et de surmonter un sentiment d’infériorité qui aurait pu naître pour un jeune africain de treize ans ayant quitté son pays (la Côte-d’Ivoire) pour poursuivre ses études en France. 55


Comment être complètement libéré du joug du grand Autre (colon) ? Après une longue période d’errance et de vaine recherche, la psychanalyse, découverte en classe de philosophie et à l’université, s’est imposée à moi. Ce fut une période de bonheur de me retrouver sur le divan du Docteur Faladé, bonheur de parler librement de mes problèmes à un substitut de mère qui prêtait une oreille attentive et compréhensive. Je dois dire que l’expérience que j’ai faite de la cure analytique a été satisfaisante. Et sur la fin de mon analyse, je fonctionnais suffisamment bien pour reconnaître que j’avais atteint le but que je m’étais assigné. Quelque chose cependant continuait à me gêner. L’agoraphobie qui réapparaissait de temps en temps en période de fatigue et que je ressentais comme une blessure à mon narcissisme. Il me semblait que cette phobie était quelque chose qui échappait aux prises de la parole et de la pensée. Quelque chose de monstrueux que j’imaginais comme une masse de déchets vivante, un écheveau de pulsions primitives, une mygale noire au centre de mon être, qui devenait particulièrement cruelle lorsque je me retrouvais seul avec elle, dans un espace ouvert. N’étant pas de ceux qui « pactisent » avec leur maladie, je cherchai à trouver le moyen de me débarrasser de ce monstre qui m’assiégeait de l’intérieur. Mon intuition m’a suggéré que dans ces circonstances où la faculté verbale s’avère manifestement impuissante, l’activité préverbale était l’indication thérapeutique à suivre. 56


Il est vrai qu’à ce moment de mon analyse, la parole me paraissait vaine, inappropriée comme moyen d’expression devant l’exigence d’agir et de décharger les pulsions de mort qui se bousculaient à l’intérieur de mon organisme. Mon ouverture sur la tradition négro-africaine, ainsi que l’assomption de ma fixation au « stade anal » du développement dégagé par Freud m’ont certainement aidé dans mon choix de l’art comme moyen privilégié de me libérer de ma phobie. Lorsqu’on considère en effet les chefs d’œuvre de l’art primitif africain, on se rend compte que la création artistique fut le moyen d’expression privilégié du négroafricain. En effet, l’objet d’art, n’est pas, pour l’artiste africain, une représentation plastique destinée à charmer les yeux ou à distraire l’esprit. On l’a dit c’est un idéogramme. Autrement dit, le support concret d’une pensée qui résulte de la maîtrise pré-verbale des passions, voire des pulsions de mort. De part mon héritage culturel donc, je fus spontanément convaincu que la création artistique était mieux indiquée pour me débarrasser de ma phobie que la pseudo maîtrise verbale par l’écriture. Je doutais que cette dernière voie, couramment usitée en Occident comme moyen de « dépassement » de la cure analytique par la créativité littéraire, fût efficace. Du reste, la théorie freudienne ne postule t-elle pas la maîtrise « anale » comme préalable à la constitution du sujet et à son entrée dans le champ du symbolique ?

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Aussi bien, pour engager la lutte libératrice contre le monstre qui m’habitait et m’aliénait, ai-je réuni des instruments propres à l’expression de mes sentiments sadiques : couteaux, cutter, marteau, cailloux, grattoirs, chiffons, jets d’eau, enfin tous les outils que peut proposer l’imagination sadique. De préférence à la peinture sur toile, qui n’est pas adaptée à la création spontanée, j’utilise les pastels et les craies sur cartons à gratter. Ce support qui, à la différence de la toile, se prête aux agressions et aux modifications, ces bâtons de couleur que je peux manipuler directement et identifier aux pulsions que je cherche à évacuer, la projection de cellesci sur le carton, me permettent déjà suffisamment de me décharger. Mes aspirations sadiques sont à leur comble lorsque je fais intervenir les couteaux (pointus et à scie), le cutter, le marteau pour écraser les craies de couleur, les cailloux et que je peux les utiliser pour perforer le carton verni, le gratter, le frotter, le déchirer, arracher des morceaux, le tremper et le soumettre à des jets d’eau aux fins d’y inscrire des traces de mon sadisme déchaîné, à la manière du sculpteur noir dans le bois. Dans ces conditions toutes particulières de création, le support artistique, le carton-vierge, prend la signification de lieu de projection-évacuation imaginaire des pulsions anales identifiées aux matières picturales. Et l’activité artistique devient la métaphore de l’affrontement avec la mère phallique.

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L’imago de la mère phallique, qui barre l’accès à la figure paternelle et interdit l’entrée dans le champ symbolique, est omniprésente en Afrique Noire. Terrible, dévorante, implacable, l’ethnologue française Denise Paulme lui a consacré un admirable livre « La mère dévorante » dans lequel elle évoque en termes mythiques le drame de l’homme noir aliéné dans la spirale diabolique de l’affrontement avec l’image de la mère phallique, (alternativement chacun avale l’autre et l’évacue), dans un conflit anal-passif sans fin. Cette lutte aveugle et désespérante du négro-africain, dans notre quête de sauvetage, nous avons essayé de l’appréhender aussi dans la perspective historique. Et il nous est apparu que, étant consécutive au choc et au traumatisme colonial qui ont disqualifié les structures symboliques traditionnelles, elle était symptomatique de la situation coloniale caractérisée par le rapport de domination sans partage. C’est pourquoi il nous semble légitime de voir dans l’imago de la mère phallique qui règne despotiquement à l’intérieur de l’ex-colonisé, la figure du « maître-fou » intériorisée. La mère phallique et sa figure masculine, le père toutpuissant, ne sont finalement que les produits monstrueux de l’intrusion brutale et déstructurante du Pouvoir colonial. Il ne faut donc pas s’étonner de l’esprit de dépendance et du complexe d’infériorité des colonisés, même après leur « émancipation ». Car l’image du maître intériorisé, transmise de génération en génération, par la voie de l’éducation, poursuit en eux son œuvre de colonisation et de réification. 59


Les raisons du conflit de nature schizo-paranoïde qui oppose l’ex-colonisé à lui-même et aux autres sont à chercher dans ce traumatisme. Désormais, c’est sur le mode imaginaire et pathologique que se perpétue « l’arelation anale-passive » du Noir et du Colonisateur. C’est pourquoi la question de la lutte de libération du colonisé devra dorénavant se poser en termes de stratégie psycho-pathologique qui associera les avantages de la psychanalyse classique à ceux de l’activité artistique créatrice du langage et support de prise de conscience du patient. Il s’agira, à la faveur de cette stratégie thérapeutique qui fait appel à la psychanalyse et à l’activité artistique créatrice de formes significatives, supports de l’inconscient du patient, de renforcer la cohésion du moi par intégration du Nom-du-Père, et d’étendre ses limites, au moyen de la création qui fait la part belle à la destruction-jouissance afin de favoriser l’émergence du désir de réparation. L’œuvre d’art s’avère alors, le résultat de la structuration des « restes » par le Nom-du-Père. C’est un « beaureste », représentant symbolique du Nom-du-Père. Interprétées comme telles et intériorisées, ces formeslangage sont appelées à structurer le chaos intérieur du patient et à opérer son assomption en tant que sujet dans le champ symbolique.

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Lorsque toutes les ressources de l’intimidation ont été employées en vain et que l’esclave s’obstine à vouloir se libérer de ses chaînes grâce au sous-tien du Nom-du-Père c’est alors que le maître pris de panique va recourir à la répression sauvage pour rétablir l’état d’aliénation garant de ses illusions de maîtrise. L’aliénation du maître est pire que l’aliénation de l’esclave.

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Pour se défendre des affres de l’angoisse psychotique qui ronge le maître-fou les projette sur ses esclaves qu’il traite de tous les noms. La fonction des esclaves c’est de prendre sur eux la castration du maître-fou.

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Ce sont ses propres pulsions sadiques retournées contre lui-même sous la contrainte de la puissance dominatrice qui morcellent la personnalité de l’homme noir et en font cette masse de déchets résignés à la manipulation. Le nègre est le produit historique de la déchéance du Dieu noir sous l’action revancharde de la fureur sadique de l’homme blanc.

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Ce n’est pas parce que l’homme noir est frappé d’infériorité ontologique qu’il est considéré comme inférieur mais plutôt parce que les racistes ont éprouvé le désir de hisser au pinacle « la race blanche » qu’ils ont exercé sur l’homme noir des exactions déshumanisantes. Le désir narcissique de promouvoir la supériorité illusoire de la « race blanche » est à l’origine de la classification des races.

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L’homme noir est surtout l’esclave du préjugé que les idéologues de la supériorité de la « race blanche » ont soigneusement concocté et transmis au monde. La libération de l’homme noir postule qu’il fasse voler en éclats cette étiquette qui lui colle à la peau selon laquelle il est un sous-homme.

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De la même manière que les alchimistes formèrent le projet insensé de transformer le vil plomb en or ainsi les idéologues du racisme ont-ils imaginé qu’ils pourraient opérer la réification de l’homme noir en vulgaire instrument. Les premiers ont depuis longtemps compris et renoncé à leur folie quant aux seconds ils refusent de reconnaître leur phantasme et continuent d’espérer le miracle.

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C’est un devoir sacré pour le nègre d’opérer un résurrection symbolique à partir de l’état de réification où la traite et la colonisation l’ont enfermé. Il dispose pour cette œuvre du génie dont la Nature l’a doté à savoir l’aptitude à la création artistique qui s’épanouit en idéogrammes révélateurs de son essence aliénée.

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Au nègre révolté qui aspire à la liberté il est prescrit comme préalable la destruction symbolique de l’imago du colon. La maîtrise de l’imaginaire est l’arme symbolique qui libère.

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L’angoisse inconsciente des néo-colons déguisés en « garants de libertés » c’est que leurs créatures ne se retournent contre eux d’où la méfiance paranoïaque de ces hommes libres envers les esclaves supposés affranchis.

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La répression exercée sur les impétrants par les maîtres d’initiation provoqua certainement le refoulement de leurs pulsions sadiques et ceci fut assurément à l’origine de la castration anale de l’homme noir prédisposé dès lors à subir les assauts du colonisation. Assauts qui furent vécus comme la punition de l’Ancêtre fondateur du système d’initiation. Finalement le colon sadique représente le père tout-puissant de l’homme noir retourné contre sa propre personne.

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L’ennemi invisible du nègre est le discours-maître intériorisé qui détermine ses comportements. Il n’y aura pas de dé-colonisation du nègre. tant qu’il n’aura pas extériorisé le discours-maître qui l’habite comme un cheval de Troie et ne l’aura pas analysé et neutralisé.

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Le maître est la pierre qui obstrue l’entrée du monde symbolique pierre que l’homme qui désire s’humaniser doit affronter et pulvériser afin de la symboliser comme signifiant du Nom-du-Père. Un impératif pour l’esclave aliéné qui désire recouvrer son humanité : le meurtre symbolique du maître.

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Tous les peuples du monde ayant connu la domination réifiante et l’identification à l’agresseur à un moment de leur histoire il en résulte nécessairement que le complexe d’infériorité est la chose inhérente à tous peuples. Le complexe dit de supériorité n’étant qu’un comportement réactionnaire.

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Le maître intériorisé poursuit son entreprise de destruction de l’esclave affranchi par l’effet du mépris et de la haine entretenus par l’imago du maître. Le complexe dit d’infériorité résulte de l’esclavage psychique.

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Les préjugés de race et de couleur remontent à l’époque des invasions des civilisations négro-sémitiques par les indo-européens et ils sont l’expression délirante du narcissisme des barbares triomphants qui édictèrent leur loi selon laquelle l’homme noir est inférieur à l’homme blanc. Le traumatisme de la castration est à l’origine du complexe d’infériorité de l’homme noir.

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Les idéologues racistes blancs ont voulu éterniser l’esclavage dans lequel l’homme noir était tombé après une longue période de domination dont ils ont tenté d’effacer les traces. La fureur avec laquelle les idéologues racistes blancs se sont acharnés à défigurer l’image de l’homme noir est un « cas » de haine raciale qui précède les génocides dans l’Histoire.

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C’est en brisant la volonté du Noir le noyau des manifestations de son être au monde et en lui substituant sa propre volonté que le colon a créé cette chose-humaine : le Nègre.

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Il est temps d’arrêter le processus de destruction de l’homme noir par sa propre volonté retournée contre lui-même. Le temps est venu d’apprendre à désaliéner la volonté du Nègre en la défléchissant sur la pierre métaphore du colon.

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Le colon était un monstre qui a dévoré l’âme de l’homme noir sans laisser des restes significatifs. De l’homme noir le colon n’a laissé que des déchets sur lesquels l’imago du colon continue de s’acharner.

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Le Colon est la Pierre qui écrase le Nègre et l’empêche d’exister comme un être humain. S’il veut se désaliéner le Nègre doit se révolter contre le Colon-pierre et le faire voler en éclats. La délivrance du Nègre postule du Colon-pierre la destruction symbolique.

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L’ACTIVITE PLASTIQUE EN PSYCHOTHERAPIE C’est l’expérience personnelle qui m’a conduit à me servir de l’activité plastique comme moyen thérapeutique. Convaincu de l’intérêt de cette méthode d’approche, je l’ai étendue à quelques patients qui le veulent bien mais sans la systématiser. A la suite d’une longue analyse suspendue, pour « raisons financières », je me suis trouvé dans l’obligation de poursuivre ma thérapie par la voie de l’activité artistique. Cette solution s’est imposée à moi. Je me trouvais dans un état d’angoisse et d’agressivité où l’usage de la parole et son exploitation thérapeutique me paraissaient vaines. A l’origine donc de mon recours à l’Art comme moyen thérapeutique, il y a un désir inconscient de transgresser la pratique orthodoxe, transgression que je n’ai assumée pleinement qu’en faisant appel à la théorie analytique ellemême. C’est l’évocation du « stade sadique-anal » qui m’a convaincu de ma démarche. Si, pensais-je, après huit ans d’analyse, l’intérêt de la parole pâlissait à mes yeux pour laisser la place à l’agir, c’est bien parce que j’entrais régressivement dans la phase pré-verbale. Mon angoisse oedipienne ainsi apaisée, je résolus de m’installer tranquillement dans le « stade anal » que j’identifiais à mon stade d’évolution. L’intérêt heuristique que je ne soupçonnais pas, et que ma nouvelle pratique me fit découvrir résida dans la jouissance que me procura la manipulation de la matière. 81


La libre manipulation des peintures coulantes ou sous forme de bâton de craie ou pastel, m’a fait régresser (psychologiquement) à l’état d’enfant jouant avec les substituts de ses matières qui, on le sait, symbolisent la mère phallique. Je ne sais pas comment les peintres professionnels s’y prennent pour accéder d’emblée à la créativité. Quant à moi je restai longtemps sous la fascination de l’objet anal, avec lequel j’entretins longtemps une relation de manipulation qui me procurait une immense jouissance. Cette manipulation stérile, je l’identifiais comme une destruction dont la négativité finit par me culpabiliser. Devenu conscient de la toute-puissance de mes pulsions sadiques-anales, avec l’aide des acquis de la psychanalyse verbale, je m’efforçai alors de m’interdire la jouissance du « tout », et de préserver des « restes ». La vérité m’oblige à mentionner que l’enseignement de Jacques Lacan et l’identification à ce maître, mari symbolique de mon analyste, m’y ont beaucoup aidé. Je poursuivis mon activité artistique par « association libre » des matières pour la jouissance de détruire les formes que je faisais émerger. Mais à cette étape de ma pratique, ayant intégré le « Nom-du-Père », je veillai à laisser des restes significatifs, en général des traces de visage. De là la dénomination de « beaux-restes » que je donne à mes tableaux. Le « Nom-du-Père » est donc le principe fondateur de ces « restes » significatifs dont la fonction est de symboliser l’interdit.

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C’est ainsi que l’activité artistique authentique introduit le créateur à un système symbolique articulé sur sa propre expérience, système symbolique dont l’intériorisation à la faveur de l’interprétation va structurer son « moi » préverbal et le faire accéder de plain-pied au champ verbal. Ce point de vue thérapeutique se fonde sur l’idée de la nécessité de la régression. Il postule un « défaut » dans l’évolution du patient. Cette demande régressive pourrait (pourquoi pas) « descendre » jusqu’au stade oral dont le mode d’être n’est pas sans conditionner celui du stade anal, dans l’intérêt supérieur d’une restructuration de la personne, restructuration où l’analysant serait appelé à jouer un rôle actif au lieu de subir l’éducation comme cela se passe généralement. Comme on le voit, il ne s’agit pas de réformer la psychanalyse ni de créer un autre type de thérapie. C’est une quête légitime de « bien-être » qui nous a conduit à prendre en compte la théorie d’évolution de la personnalité telle que le créateur de la psychanalyse l’a dégagée. Ce retour à Freud a eu pour nous des effets positifs, c’est pourquoi nous avons commencé à l’appliquer à nos patients. L’introduction de l’activité plastique dans la psychothérapie n’est pas sans poser problème. La plupart du temps les patients adultes hésitent au départ. Il semble qu’ils aient honte de devoir s’abaisser à ce niveau supposé réservé aux « tout-petits ». « A mon âge » ! », les entend-on souvent murmurer.

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Toutefois, en progressant dans leur psychothérapie, ou parce que justement elle ne progresse pas, ils feront à un moment donné l’expérience qu’un noyau de leur personnalité, responsable de leur pathologie, échappe au filet de la parole et exige la médiation du geste susceptible de favoriser la décharge motrice de leur sadisme refoulé. Dans ces moments-là, une patiente européenne, d’une quarantaine d’années, que nous appellerons Georgette éprouva d’elle-même le besoin de représenter les figures qui hantaient ses nuits et l’empêchaient de dormir en paix. Des êtres fantomatiques qui se projetaient sur les portes et fenêtres et donnaient l’impression de faire intrusion dans sa chambre. Ayant l’impression convaincante que des « visiteurs » s’étaient introduits dans sa chambre, elle allumait la lumière, pour se rendre compte qu’il n’en était rien. Après une analyse axée sur ces représentations qui la renvoya à un viol collectif qu’elle avait subi plusieurs années avant, ses hallucinations hypnagogiques disparurent mais elles furent relayées par une angoisse de « mort brutale » qui se traduisait souvent par la peur d’être écrasée par un engin de mort, sorte de corbillard ambulant, conduit par un homme sans visage, noir de peau. Associant sur la représentation plastique qu’elle fit de ce fantasme, elle en vint à parler de ses rapports avec son père, qu’elle jugea « anéantissants » pour elle. Elle n’avait jamais pu exister devant ce père, un homme sadique, selon elle, et qui ne reconnaissait aucun droit à l’enfant qu’elle était. 84


L’image de ce père intrusif, sadique, se projette inéluctablement sur la personnalité des rares hommes qu’elle a connus (elle a 47 ans) en compagnie desquels elle s’est sentie comme une « presque rien », constamment angoissée et au bord de l’évanouissement. Dans la tranche actuelle de son analyse, notre patiente a pris une claire conscience de ses pulsions sadiques refoulées. Elle reconnaît qu’elles devraient être initialement dirigées contre son sadique de père et que c’est parce qu’elle identifie les hommes en général à son père qu’elle a des rapports sadiques avec eux. Elle disait ne pas avoir de fantasmes sexuels mais elle éprouvait d’une violente pulsion : celle de tuer son partenaire. Car elle est convaincue que si elle ne le tuait pas, il la tuerait. C’est pour cela qu’elle évitait les liaisons et qu’elle préférait vivre toute seule. Fort de l’expérience de l’analyse des difficultés sexuelles d’un de nos patients, que nous avons eu la chance de résoudre grâce à la médiation de l’activité plastique, nous caressons l’espoir d’aider, par cette voie, cette charmante dame, à se réconcilier avec l’autre sexe et à connaître les plaisirs de la chair. Nous lui avons donc proposé d’utiliser l’activité plastique comme moyen d’expression systématique de son inconscient et d’entrer en relation par le dessin de l’objet interdit : le pénis. La tentative qu’elle fit seule, chez elle, en fin de semaine, fut une catastrophe, me rapporta t-elle.

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A peine avait-elle fait la représentation du pénis qu’elle fut envahie par une vague d’angoisse indicible. Les efforts désespérés qu’elle fit pour exorciser la panique où l’avait mis le pénis dessiné, la conduisirent bientôt à transformer celui-ci en un canon monté sur deux roues. « Ce fut une expérience épouvantable », me confessa t-elle « J’ai cru que j’allais mourir par arrêt cardiaque et j’ai passé mon week-end à pleurer, ». Pour la consoler, je lui dis que l’appropriation imaginaire de l’objet interdit de son désir était ce qui avait suscité cette violente réaction d’angoisse ; d’autant plus qu’elle avait affronté toute seule l’interdit paternel. C’est ainsi qu’avec mes encouragements et sous ma « protection » elle se remit à dessiner. Elle consacra cette séance-là à dessiner avec application une fleur qu’elle voulait très belle et qui fut une réussite. La séance suivante, dont la durée excéda le temps prévu à cet effet, devait être consacrée à la représentation d’un paon. Ce fut une véritable création plastique qu’elle commenta longuement, en termes de parade, de séduction, de charme et de conquête de la partenaire. « Chez le paon, me dit-elle, la cour se fait aussi longtemps que possible. Il n’y a pas de brusquerie ou de violence. » Au cours de cette séance qui se déroula dans un climat de détente et d’échange libre, notre patiente développa une conception plutôt idéaliste des rapports des sexes. Le sexe mâle incarné par le paon utilise la séduction et non la violence pour arriver à ses fins.

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Et, me faisant remarquer qu’à l’opposé des diaprures des ses ailes le corps de son paon était quelque peu sombre, elle me fit comprendre qu’elle avait, malgré son idéalisme évident, les pieds sur terre et qu’elle n’avait pas gommé la part d’agressivité dans sa conception du mâle. Détail dont je ne m’étais pas rendu compte et qu’elle fut heureuse de me communiquer. Tout en me réjouissant que notre patiente prenne en compte la composante agressive des rapports des sexes, j’espère qu’elle parviendra à évacuer, par la combinaison de l’activité plastique et de l’expression verbale, les fantasmes sadiques qu’elle prête à l’homme et qui l’obligent au rejet de l’acte sexuel. C’est avec ce premier cas que nous avons décidé d’étendre notre technique fondée sur la médiation de notre technique fondée sur la médiation de l’activité plastique à nos patients. Nous donnerons le nom de Moussa à ce jeune homme d’une trentaine d’années, agent de bureau de son état, qui avait de graves problèmes relationnels et qui souffrait d’une impuissance aussi bien intellectuelle que sexuelle. Après quatre années de psychothérapie, bien qu’il nous ait épaté par sa virtuosité à s’analyser, le patient ne paraissait pas progresser, continuant à se plaindre amèrement de ses problèmes. Devant son désespoir, je lui proposai d’essayer de décharger les pulsions agressives refoulées qui visiblement faisaient échec à ses efforts d’abréaction et de symbolisation, au moyen de l’activité artistique.

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Il accepta volontiers mais insista pour que je lui procurasse le matériel : ciseaux, cutter, cartons, pot de couleur, colle, etc. Comme je voyais qu’il hésitait à acheter lui-même ce matériel (probablement parce qu’il n’était pas prêt à assumer son propre sadisme refoulé), je le mis à sa disposition. Alors, comme l’aurait dit Mélanie Klein, ce patient déploya sous nos yeux tous les moyens que peut inventer le sadisme pour se satisfaire : il se mit à découper les cartons en disant qu’il découpait sa mère, cette femme qui l’avait tant dominé, allant jusqu’à lui faire accomplir les tâches traditionnellement dévolues aux filles : vendre de l’eau glacée ou des oranges pour son compte à elle ; qui le réveillait nuitamment pour le battre, parce qu’il lui arrivait de sucer sa langue en dormant ! « Qu’est-ce que tu manges en pleine nuit ? Tu es un petit sorcier et avec tes congénères invisibles tu es en train de manger de la chair humaine ». Notre patient ne se contentait pas de découper symboliquement sa mère en morceaux, il la barbouilla de merde-peinture (elle n’aimait pas être salie par lui), déversa le seau d’eau sur les cartons et la foula aux pieds. Tout cela dans un état de passion plus ou moins contrôlé. En fin de séance, notre homme se sentait obligé de recoller les morceaux et de ranger le carton reconstitué (la mère réparée) qu’il considérait comme une œuvre d’art. Il continua ainsi pendant deux mois environ, à raison de deux séances, d’une durée indéterminée, par semaine.

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Les séances ne prenaient fin que lorsqu’il le demandait, lorsqu’il croyait avoir eu son compte de la jouissance anale. Nous terminions finalement la séance par un échange au cours duquel je tentais de lui verbaliser la signification inconsciente de son activité. L’état de cet homme s’est beaucoup amélioré. C’est aujourd’hui un homme dynamique qui a récupéré son potentiel d’activité et qui depuis quelques mois vit en toute harmonie avec une femme. Il continue toutefois de poursuivre ses séances de psychanalyse verbale tout en exprimant le désir de revenir à la peinture (qu’il a délaissée depuis un an) pour l’aider à élaborer le fond de sadisme refoulé qui l’empêche de maîtriser pleinement ses facultés de symbolisation qui lui paraissent insatisfaisantes dans la réalisation de ses ambitions professionnelles. Un autre de nos malades, Koffi, la quarantaine, ne put émerger du conflit cruel où il était enfermé avec sa mère qu’en ayant recours à la médiation de l’activité artistique. C’est sous la forme de l’affrontement avec la matière picturale dans l’arène du support qu’il engagea le combat imaginaire avec la mère anale. Les « enfants » nés de ce combat furent des représentations graphiques du sexe féminin à caractère hautement pornographique. Ces images crues du sexe convoité, produits de son propre inconscient, devenaient ensuite l’objet de ses délires érotiques. Il contemplait ces objets partiels, les interpellait et engageait avec eux un dialogue imaginaire du type :

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« si je t’avais réellement sous la main tu verrais ce que je ferais de toi… ». Son imagination en branle devenait alors la maîtresse d’une situation qui lui échappait dans la réalité. C’est ainsi, je crois, qu’il apprenait à être actif, du moins au plan imaginaire, lui qui dans la réalité de ses rapports avec les femmes se trouvait écrasé, « chosifié », selon son expression favorite. Plus tard, il ajouta à ses peintures réalistes du sexe féminin des représentations du sexe masculin en érection, parfois planté dans l’autre : un rapport sexuel imaginaire dans lequel, évidemment, il jouait le rôle dominant. Il est évident que la stratégie analytique, axée sur le primat, pour ne pas dire sur l’exclusivité du verbe, n’intéresse que les patients entrés dans l’Œdipe et qui présentent des difficultés pour le résoudre. En possession du système symbolique, mais ayant des difficultés à le maîtriser pour des raisons justement liées à l’Œdipe, ils ne paraissent pas avoir d’autres moyens que le verbe, c’est à dire la parole articulée sur le langage, pour résoudre leur problème, pourvu que, finalement, ils se soumettent à la « Loi du père ». A ceux-là seuls pourrait être appliqué le mot de Lacan selon lequel l’inconscient est structuré comme un langage et qu’il leur suffit de parler ou d’associer librement les signifiants pour accéder à leur structure inconsciente, condition de leur guérison. Mais pour ceux qui n’ont pas fait leur entrée dans l’Œdipe et pour qui l’inconscient n’est pas suffisamment ou pas structuré, la parole est-elle toujours la voie royale d’accès à l’inconscient pour les autistes, les psychotiques et les prépsychotiques ? 90


L’application sereine de la psychothérapie verbale comme moyen thérapeutique supposerait la prévalence du stade oedipien dans l’état actuel de l’évolution de l’homme. A tout le moins de l’homme occidental. Ce qui reste à vérifier et à prouver. La primauté du stade anal nous a semblé plutôt se dégager de nos observations cliniques. Nous n’avons pas perçu de différence de structuration fondamentale entre l’homme du Sud et l’homme du Nord : observations cliniques qui me paraissent justifiées par l’état de notre civilisation actuelle, fondée sur le règne de l’argent-roi et de la violence (anale) sous toutes ses formes. A nos patients fixés à ce stade nécessaire d’évolution, il nous a paru difficile d’appliquer avec profit la psychanalyse verbale. Et c’est tout naturellement que s’est imposée à nous la nécessité de prendre en compte la phase pré-verbale qui nécessite cet autre moyen d’approche que représente la technique de l’art plastique comme moyen d’accès à la prise de conscience en psychothérapie. Cette technique met l’accent sur la nécessité de la décharge pulsionnelle préalable à l’organisation de l’équipement en « beau-reste » dont l’essence est le langage. Ainsi notre technique fait-elle une part belle à la sublimation de la jouissance (manipulation-destruction préalable) et à l’articulation finale de formes-langage, nécessitée par la médiation du Nom-du-Père, ce postulat fondamental de la psychanalyse oedipienne.

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En conclusion, nous dirons que l’activité plastique, en devenant créatrice de formes-langage grâce à la médiation du Nom-du-Père, introduit le patient fixé au stade pré-verbal au champ symbolique où il pourra enfin poser son Œdipe et s’efforcer de le résoudre, sans jamais, il est vrai, se passer totalement des ressources du préverbal.

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La solution qui s’impose aux conflits internes qui taraudent l’homme est celle de l’art-thérapie qui propose le traitement sur le mode de la métaphore artistique des pulsions sadiques-anales.

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L’affrontement du patient avec la pierre (substitut de la mère phallique) qui est arbitré par l’art-thérapeute (substitut du père porteur de phallus) vise à apporter une intervention orthopédique dans la personnalité borderline et à l’introduction au champ symbolique.

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L’artiste-thérapeute ne résiste pas longtemps à la tentation de crever la belle apparence de l’objet d’art décoratif et c’est dans l’exaltation qu’il libère sur celui-ci ses pulsions destructrices jusqu’à l’amener à la limite du déchet significatif grâce à la médiation du Nom-du-Père. L’objectif que vise l’artiste-thérapeute est la promotion des beaux-restes à partir de la destruction de l’objet d’art décoratif et sa re-constitution par l’activité du Nom-du-Père.

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L’art-thérapie est l’ascèse purificatrice du Nom-du-Père déchu et souillé par les pulsions sadiques-anales. La fonction de l’art-thérapie c’est de rétablir dans ses droits régaliens le Nom-du-Père déchu.

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La technique de l’art traditionnel qui procède par application de couches de peinture peut être qualifiée de « positive » contrairement à la technique de l’art-thérapie qui procède par « négation » du revêtement initial. C’est donc par le gommage des illusions de couleur, de formes et de perspectives que l’art-thérapie va au-delà des apparences sensibles et dé-voile la réalité essentielle à travers les grattages, les ouvertures, les déchirures et les sutures opérées sur le support : ce palimpseste sauvé par le Nom-du-Père.

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Le problème auquel se trouvent confrontées nos sociétés sans pères (porteurs de phallus) en quête d’humanisation c’est celui de trouver le moyen de subvertir l’arelation anale qui lie la mère phallique et l’enfant-fétiche pour générer la relation des personnes. La résolution de ce problème postule l’appropriation du Nom-du-Père et son utilisation dans l’art-thérapie dont l’activité de destruction-création génératrice des formes significatives ou beaux-restes a pour effet merveilleux d’introduire l’artiste thérapeute au Système Symbolique.

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Le support artistique que l’artiste choisit n’est pas indifférent c’est la projection métaphorique de la mère phallique sur laquelle l’artiste-thérapeute va engager un affrontement sadique-anal. En déchargeant ses pulsions de destruction sur le support le patient en art-thérapie métaphorise son phantasme de jouissance incestueuse.

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Manipuler la matière picturale cette métaphore des matières signifie pour le patient en art-thérapie de réaliser le phantasme de Jouissance qui consiste à réduire l’homme en déchet et à le manipuler à volonté. L’activité artistique libre est prétexte à la jouissance métaphorique.

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Ce n’est pas le support en tant que tel qui est l’objet des attaques sadiques du patient en art-thérapie. ce qui est visé en art-thérapie ce sont les images inconscientes projetées parce qu’elles sont à l’origine des angoisses qui tourmentent. Le support artistique n’est que l’arène symbolique où se déroule le combat imaginaire avec les fantômes qui l’habitent.

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L’artiste-thérapeute ne résiste pas longtemps à la tentation de crever la belle apparence de l’objet d’art décoratif et c’est dans l’exaltation qu’il libère sur celui-ci ses pulsions destructrices jusqu’à l’amener à la limite du déchet significatif grâce à la médiation du Nom-du-Père. L’objectif que vise l’artiste-thérapeute est la promotion des beaux-restes à partir de la destruction de l’objet d’art décoratif et sa re-constitution par l’activité créatrice du Nom-du-Père.

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Nul psychothérapeute si compétent soit-il ne peut inscrire le Nom-du-Père dans la psyché du patient lorsque le débit des pulsions sadiques de celui-ci sont à leur maximum. L’inscription du Nom-du-Père postule que soient réalisées les conditions de décrue des pulsions sadiques à la faveur d’activités de décharges telles que les jeux libres et la catharsis par la voie de la destruction symbolique.

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Le Nom-du-Père recommande le recours à la violence symbolique au moyen de l’art-thérapie pour évacuer la violence intériorisée. La violence symbolique sauve le moi et la société des méfaits des pulsions de destruction.

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L’ART-THERAPIE ET LA DECHARGE DES PULSIONS AGRESSIVES C’est le constat d’impuissance de la parole, cet instrument privilégié de la psychanalyse freudienne, à exprimer les pulsions pré-oedipiennes, qui nous a poussés à rechercher un autre mode de thérapie. L’utilisation thérapeutique de la parole présuppose que l’inconscient soit structuré comme un langage. Mais le retour à la parole devient caduc lorsque l’inconscient n’est plus structuré comme un langage comme c’est le cas pour les personnalités borderlines. Le problème qui se pose alors au thérapeute dans cette situation-limite, c’est celui de l’expression directe des pulsions du patient, de leur mise en formes significatives aux fins de constituer finalement un système de langage appelé à structurer l’inconscient. Il n’existe pas d’autre moyen que l’activité artistique, symboligène, pour doter une personnalité borderline d’un inconscient structuré par le langage, condition de son expression verbale et de son appropriation par le patient dans le parler. L’intérêt de l’art-thérapie donc, est d’étendre les limites de la psychanalyse classique, de la faire évoluer du champ verbal au champ pré-verbal voire non-verbal. Cette méthode, nous l’avions d’abord expérimentée sur nous-même (avec succès) avant de l’étendre aux personnalités ivoiriennes ou non-ivoiriennes ayant la même organisation de personnalité, caractérisée par la non-maîtrise du système symbolique. 105


Après quelques essais fructueux au Centre de Guidance Infantile nous avons progressivement élargi cette méthode aux rares patients que nous suivions dans le privé. Tout le bien que nous en ont dit ceux-ci, qui ne comprenaient pas que l’on puisse se contenter de parler, en méconnaissant les potentialités prodigieuses du dessin à exprimer certains désirs que la parole est impuissante à exprimer, ont fini par nous convaincre de la nécessité thérapeutique de l’Art en psychothérapie. Aujourd’hui, je peux affirmer que l’art-thérapie est une technique de prise en charge éprouvée, ayant livré tous ses secrets tant sur le plan pratique que théorique. Expliquée, puis proposée aux patients, c’est tout naturellement qu’elle est adoptée et pratiquée, à la satisfaction de ceux-ci, heureux de sacrifier à la fois à l’agir et au parler et éventuellement de créer un langage source du parler authentique et de prise de conscience. Tout en parlant au thérapeute comme il le ferait dans une analyse classique, le patient dessine, assis devant une table, tout ce qu’il désire. Nos patients sont d’accord pour reconnaître que la poursuite simultanée des deux activités les aide à se sentir plus libres, parce qu’ils sont moins concentrés sur leurs communications verbales. La fonction toute particulière dévolue à l’art-thérapie est de prolonger la parole par l’intermédiaire de l’activité créatrice de langage et de provoquer la catharsis au moyen de la décharge pulsionnelle. La technique du grattage, frottage, arrachage, ponçage, lavage, etc est destinée à produire des effets de castration et de destruction que la parole, si agressive soit-elle, est incapable de produire. 106


C’est pourquoi nous leur recommandons, dans les premiers temps, de ne pas se soucier de créer, mais de se laisser aller aux décharges pulsionnelles, à l’attrait de la jouissance-destruction. La demande de laisser des restes leur sera exprimée plus tard, au moment opportun, lorsque nous les jugerons prêts à tolérer les contraintes du Nom-du-père et de la socialisation à laquelle elle introduit. Le fait de consentir à laisser des restes et de les préserver est le signe de la soumission du patient à la loi du Père et de son intégration réussie à l’ordre symbolique. Lorsque, sur la fin de ma psychanalyse, j’ai eu des préoccupations artistiques, je crois que j’aspirais à me défouler, à goûter au plaisir de l’ « acte pur », libéré des entraves de la parole, attrait du passage à l’acte, dont je fus sauvé par ma psychanalyste qui insista pour que je veille à décrypter mon inconscient embusqué derrière mes productions artistiques. Je lui suis reconnaissant de m’avoir aidé à garder le contact avec le langage et à postuler du sens derrière mes œuvres. Cette capacité à considérer l’objet d’art comme un symptôme à déchiffrer m’a permis de passer du simple défoulement culturel à l’activité thérapeutique par la médiation artistique. C’est ici le lieu de dissiper le malentendu entre l’activité artistique pure et l’activité artistique productrice de symboles, supports de prise de conscience en psychothérapie. En soi, l’activité artistique n’est pas thérapeutique même si à la faveur des mécanismes de la métaphore et de la sublimation, elle apporte un certain soulagement (une rémission pourrait-on dire) aux souffrances du moi. 107


Ceux qui ont quelque peu « fréquenté » Rainer Maria Rilke, Nietzsche, Van Gogh et Artaud, pour ne citer que ceux-là, savent que l’art ne guérit pas. Il se contente de donner « une forme socialement acceptable aux instincts ». L’activité artistique ne devient thérapeutique, à la vérité, que lorsque l’artiste ré-fléchit sur ses productions pour appréhender les désirs qu’elles véhiculent. Elle s’avère alors le complément de la psychothérapie analytique. En tant que substitut culturel appelé à corriger les défaillances de l’activité symbolisante de la mère phallique (pour cause), qui n’a pas pu socialiser les besoins de l’enfant en les lui verbalisant pendant la satisfaction, l’activité artistique peut être d’un grand secours dans la résolution des conflits destructeurs qui déchirent actuellement l’Humanité. Conflits destructeurs dont les points focaux se trouvent au Rwanda, au Burundi, au Libéria, en Côte d’Ivoire, au Kosovo, en Tchétchénie, en Irak, au Congo, etc. En opérant la régression du patient, en l’encourageant à lever le tabou de la jouissance-destruction, en l’encourageant à la symbolisation (plutôt qu’au renoncement pur et simple), en l’amenant à assumer son refoulé sous les espèces de l’oeuvre d’Art et enfin en lui faisant accepter la lecture de celle-ci comme d’un symptôme, l’art-thérapeute aide à la maîtrise des réactions primaires (violence) à la déficience du maternage et favorise la socialisation authentique de l’homme.

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L’angoisse de la relation sexuelle et la frustration qui en résultent sont les motivations qui poussent à la guerre. La guerre est une activité compensatrice au moyen de laquelle l’homme en mal de jouissance trouve une solution substitutive.

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Sous l’aiguillon de la culpabilité de nature paranoïde l’être immature qui est confronté à l’angoisse de mort a la conviction que son sort est lié au sacrifice d’un substitut. C’est pourquoi il croit devoir sacrifier l’homme auquel il s’est identifié. Les guerres sont des prétextes aux sacrifices humains.

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Les hommes sont contraints à la guerre parce qu’ils sont menés par des pulsions agressives qu’ils ne maîtrisent pas. Les guerres sont des tentatives d’exorcisme de l’angoisse de mort qui oeuvrent en permanence à l’intérieur de l’organisme humain.

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Les êtres androgynes font la guerre pour savoir qui sera la femme et qui sera l’homme. La fonction de la guerre c’est de castrer le vaincu.

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Comment voulez-vous que la personne dont l’essence est la liberté consente à devenir la propriété d’une autre personne. les explosions de violence et les guerres toujours recommencées sont les preuves criantes de la folie de réduire l’Homme en chose humaine.

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A court d’arguments les gens basculent dans la violence qui constitue l’exutoire où ils se laissent aller à des comportements hystériques. La violence est une symptôme d’im-puissance à penser.

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L’homme dont les pulsions ne sont pas structurées en langage cohérent par le Nom-du-Père n’est pas un homme mais un chaos vivant habité en permanence par l’angoisse de mort dont il s’efforce de se débarrasser par des guerres endémiques.

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Les germes de la guerre sont à chercher au sein du conflit duel porteur d’une haine implacable orientée vers la destruction de l’autre. A l’origine de la guerre il y a la haine féroce du père par la mère phallique dont l’homme-fétiche est l’instrument.

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Les pays faibles sont déchirés par les guerres et restent dans le sous-développement parce que les nations puissantes accaparent les richesses du monde et réduisent les faibles au statut d’instruments de production. Les guerres dites inter-ethniques sont en réalité des guerres de libération de la domination des grandes nations qui sur-déterminent et opposent les différences ethniques.

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En s’accumulant les pulsions de mort allument un incendie que les hommes privés du Nom-du-Père n’ont pas les moyens de maîtriser. Pour se défendre de l’embrasement des pulsions de mort ces hommes démunis utilisent le stratagème de projeter l’incendie sur les autres et de vouloir l’éteindre par les guerres.

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Ceux qui se jettent dans la guerre et qui tuent parce qu’ils ne sont pas écoutés doivent se pénétrer qu’ils s’exposent à la culpabilité qui exige repentance et réparation symbolique sous peine de les précipiter dans l’abîme de la damnation.

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On est contraint à la guerre parce qu’on est envahi par l’angoisse de mort qu’on ne parvient pas pas à symboliser. La guerre est un symptôme de psychose.

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UN LANGAGE QUI PASSE PAR LE CORPS Che vuoi ? : - Qu’est ce que le symbolique ? Quelles sont les conditions d’entrée dans le langage ? Zirignon Grobli : - Je pense qu’il faut un support concret au symbolique; il faut que le symbolique soit d’abord concret avant de se verbaliser. Quand bien même il serait verbalisé, il devrait toujours garder un certain rapport avec le concret. Or actuellement, nous nous sommes évadés dans le champ du langage pur. On manie le langage, on ne sait pas comment le langage est né. Le langage est né de la représentation des formes lesquelles ont été crées dans l’activité pratique de production. C’est en maîtrisant le désir de détruire (inhérent à l’homme) qu’on a pu faire naître des formes et ces formes ont donné le langage. Le langage est né selon moi, de l’ensemble des imaginations, de l’accumulation des formes primitives, de leur association, de leur éclatement qui a donné lieu à la conscience et à l’esprit. Et après, on s’est ouvert à l’idée de la culture. Mais, ce chemin, il me semble qu’on devrait toujours le refaire, parce que tout homme qui vit au XX ème siècle n’a pas fait ce parcours automatiquement. En supposant qu’il avait été fait, on a fait l’économie des stades précédents. Alors que les choses se répètent et que «la phylogenèse reproduit l‘ontogenèse.»… 121


Je pense que pour la culture c’est la même chose. C’est ce qu’on avait oublié et c’est ce à quoi j’ai voulu revenir pour mon propre équilibre. Dans la société, où nous nous trouvons, chacun cherche à faire de l’autre son phallus, à le réduire en «fétiche» qui n’est plus une personne avec qui on a des relations mais un objet fantasmé comme une chose, comme un pareangoisse avec lequel on est en relation directe et qui vous empêche de souffrir, qui vous empêche de vous angoisser. Cette relation est a-symbolique. Le symbolique consisterait à travailler pour cet imaginairelà, à le critiquer, à le comprendre et à prendre le parti de poser une relation fondée sur des conventions humanisantes, sur le «non» à opposer à la jouissance et au désir de toute-puissance. Pour le faire, il me semble que la parole ne suffit pas, puisque précisément nous sommes ici dans un système prégénital. Alors, ayant cherché, j’ai fait l’expérience de l’activité artistique par la peinture et cela m’a appris que la création des œuvres est coextensive au dégagement du langage: faire des formes, en produire, pouvoir les garder, les conserver et en parler c’est créer le langage et commencer son intrusion dans le symbolique. Comme j’ai fait ce parcours qui m’a réussi, je le propose aux enfants. Je leur propose la manipulation de l’argile, l’argile en tant qu’objet symbolique de la mère : la terre-mère, plastique et malléable.

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J’encourage les enfants à jouer avec l’argile, à lui donner toutes les formes qu’ils veulent, et à les détruire s’ils en n’ont le désir. Ainsi, Les formes qui naissent et qui sont détruites alternativement au bon vouloir de l’enfant, permettent de combler l’ambivalence de l’enfant. Je lui demande de faire autant de fois qu’il le souhaite ce qu’il veut, et quand il l’a fait suffisamment, je lui demande de sauver quelque chose. Alors, Je lui fait la proposition de garder la forme qu’il a créé et l’enfant, s’il est prêt, accepte et on garde l‘objet. Si l’enfant n’a plus cette obsession de détruire et s’il a commencé à éprouver le désir de conserver, de créer, je fais l’hypothèse que le Nom-du-Père, l’intervention du tiers, de la Loi, a triomphé sur le désir de détruire, sur l’ambivalence primitive . A ce moment là, nous pouvons discourir sur la production. Nous entrons alors dans le symbolique. On s’est acharné sur le stade oedipien. Je pense qu’on a eu tort, parce qu’il y a eu des ratés, des problèmes d’évolution. La plupart des hommes, pas seulement africains, sont fixés au stade oral et anal et ne sont pas parvenus à la maîtrise de l’Oedipe. Pour ma part, durant ma psychanalyse, j’ai voulu revenir à ces stades-là. Depuis, je me suis délibérément installé au stade oral : je fais de la musique et de la poésie, je fais de la « bouffothérapie », et je suis arrivé à maîtriser plus ou moins mon oralité.

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Je suis aussi passé au stade anal où je fais de la peinture, de la manipulation, tout ce qui est en relation avec le stade anal. J’insiste beaucoup sur la nécessité de régresser à ces premiers stades qui ne sont jamais dépassés, qui sont toujours d’actualité et très importants. En y revenant, j’essaie d’améliorer les relations de l’enfant à sa mère qui sont souvent ambiguës et ambivalentes, surtout ici en Afrique où le système symbolique a pris un coup dur, notamment du fait de la colonisation. Je pense qu’il faut retravailler sur le système symbolique, il faut le créer avec les réalisations culturelles, l’inventer, le mettre en place et y faire participer la mère. Nous sommes dans une existence dénuée d’un père porteur de phallus, un père initié pour vous accueillir, pour dire : « Mon fils, n’aie pas peur, je suis là. » C’est ce qui manque, c’est ce que j’essaie d’offrir aux jeunes.

Che Vuoi ? : -Est-ce par l’expérience

de la création que vous redonnez au langage sa dimension de langage ? Zirignon Grobli :- Il me semble qu’ici le langage n’est pas un élément structurant de la personne humaine. Pour commencer, la relation de la mère avec l’enfant est souvent exempte de parole. Elle le nourrit de nourriture mais pas de paroles adoucissantes et réconfortantes. Plus tard, l’enfant peut se sentir exclu par une société dans laquelle on ne s’adresse jamais lui et qu’on n’écoute jamais. Je pense donc, que c’est la parole perdue, la parole environnante que l‘enfant attrape et pour en faire sienne. 124


Mais cette parole n’est pas reçu dans un rapport d’échange et elle n’est pas n’accompagner de gratification. En Afrique, je suis amusé lorsque des parents qui veulent confier pour une raison ou une autre leur enfant à un proche disent pour les convaincre:«Mais qu’est ce qu’il va manger cet enfant-là ? Il ne va rien manger, il va manger les restes.» Cela veut-il dire qu’il n’a pas de besoins spécifiques en tant que personne ? Je pense qu’en Afrique, les enfants mangent toujours les restes et les gens sont élevés autour des restes. Ils n’ont rien en propre, ce sont toujours des restes, c'est-à-dire des reliefs qui les nourrissent et qui les font se développer. Le langage ne s’est donc jamais intériorisé. Le but de l’analyse, c’est d’arriver à faire en sorte que la parole puisse structurer l’inconscient. J’ai eu un patient très doué qui était capable de faire toutes les combinaisons verbales et de retrouver tous les concepts lacaniens. Après cinq ans, il n’avait pas avancé, et je me suis vu obligé, et lui-même s’est senti obligé, de lui proposer de faire de la peinture, de la manipulation. Cet homme avait envie de découper sa mère, de pisser sur elle, déféquer sur elle… Il voulait la manipuler, la toucher, et la mettre dans la position d’objet, de chose car sa mère ne l’avait pas suffisamment nourri. C’est à travers la manipulation argileuse, à travers la peinture, à travers les découpages et les recollages, qu’il a pu le faire. 125


En le faisant, il a pu se restructurer et ek-ister. Che vuoi ? : -Quelle position prendre face au désir de détruire ? Zirignon grobli :- Je me suis ouvert à ce qui se passait en moi et j’ai vu que j’étais habité par cette pulsion de mort-là: un désir de détruire. Je l’ai accepté. Comme j’avais la possibilité de le reporter dans une activité culturelle, je l’ai fait et cette tendance est à la base de tout mon travail artistique et de ma création. A partir de là, j’ai pu encore réfléchir et réaliser qu’en tout homme «repose» des pulsions de mort. Je regarde autour de moi et je vois des gens qui se débattent toute la journée, toutes les nuits avec cette force naturelle, cette force inouïe qui les possède et dont ils n’arrivent pas à se départir. Je vois ça partout, ça s’impose à moi. Quelles solutions apporter à la maîtrise de telles pulsions destructrices? L’art et la philosophie m’y ont aidé. Je fais de la peinture toute la journée, je philosophe : ma manière de juguler cette force destructrice, c’est de créer, c’est de faire la culture. J’ai pensé que cet instinct de mort, la société avait pu le maîtriser par des ritualisations, par le refoulement, par toutes sortes de méthodes répressives: les anciens, nos parents, les primitifs, en avaient peur. Pour eux c’était vraiment le démon, le monstre qu’il fallait cacher, qu’il fallait refouler, qu’il fallait maîtriser par tous les moyens. Mais ce monstre est immortel, trop fort, et il a continué à faire des ravages. 126


Alors, je pense que l’homme en société souffre beaucoup de cet état d’être confronté, d’être habité par l’instinct de mort. Je pense qu’il faut inventer une solution pour essayer de taire avec ce monstre-là. La sublimation par la peinture, le sport et bien d’autres activités, puis la symbolisation, c'est-à-dire les activités de savoir, tout cela peut aider l’homme à essayer de donner une pâture à ce monstre qui veut nous manger. Il faut qu’on confectionne des petites statues de nousmêmes et qu’on les donne à manger au monstre pour qu’il ne nous mange pas. Mais ce monstre-là, c’est le monstre dévorant, il ne se rassasie pas. De temps en temps, on peut le fatiguer et il peut s’endormir. Ce monstre, on peut le voir à l’œuvre au Libéria, au Rwanda, en Burundi, en Yougoslavie, partout il est là, immortel, ravageur. C’est par l’activité culturelle continue et par l’activité socialisante que l’on pourra arriver à le juguler, et non par l’annulation de sa réalité que Freud avait désignée sous l’expression de pulsion de mort. Même la loi «tu ne tueras pas» qui a pour prétention de maîtriser tout ça, ne rime à rien. Je pense que ce monstre non seulement veut détruire pour créer, mais il veut aussi manger, il veut boire, il veut jouir. Ce n’est pas en le frustrant qu’on pourra l’amadouer et le retenir. Au contraire, cela exacerbe sa puissance et il devient encore plus dangereux.

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Jusqu’à présent, il me semble que c’est cette expérience qu’on a faite, en frustrant le monstre. Il faut lui donner des choses pour qu’il se calme. Et quand il est calmé par des opérations physiques, par des dons réels, à ce moment-là il devient capable d‘écouter ce qu’on appelle le symbolique, la parole, la culture. Mais avant de lui avoir donné à manger réellement, avant de l’avoir gratifié réellement, si on lui parle de symbolique il ne comprend pas. C’est à ce moment-là qu’on dit qu’on est vaincu par le monstre, qu’on fétichise la culture.

Che Vuoi ? :-Est-ce qu’il n’y a pas une difficulté, en Côte d’Ivoire, à faire émerger un individu ? Quel est le rapport entre une personne individuelle et le groupe social de référence ? Est-ce que vous pouvez dire quelques mots sur les effets pathologiques de ce rapport qui semble être tellement noué entre la personne et son environnement ? Zirignon Grobli :- Je dois dire que toute ma réflexion ici s’articule autour de ce thème-là : le rapport entre le grand Autre et le petit autre. Ici le grand Autre est directement confronté au petit autre et il n’y a pas d’intermédiaire. C’est ça le problème. Le petit autre souffre constamment d’être pris en étau par le grand Autre ; il a peur d’être dévoré et il fuit tout le temps. Les gens que j’ai en psychothérapie à la maison me parlent souvent de prison, d’être prisonnier de l’Autre, de ne pas pouvoir bouger, de ne pas pouvoir agir. 128


La relation entre le grand Autre et le petit autre est un rapport prégénital qui rappelle la relation entre la mère phallique et le tout petit. La relation prégénitale et conflictuelle est vraiment une prison où on se sent enfermé ; quelque chose comme les prisons sadiennes, ces clôtures sadiennes où on est pris, où on est persécuté, où on est mis à mort, où on craint d’être réduit en déchet et en chose humaine. Les personnes donne souvent l’impression d’être maître des choses, alors qu’ils ne font que les subir. Je crois que le grand Autre est persécuté lui-même par les pulsions anales, les pulsions de toute-puissance, et étant tourmenté, il cherche à son tour à martyriser plus petit que lui pour échapper à sa folie. Le grand Autre fonctionne de telle manière que c’est en rendant l’autre fou qu’il échappe à la folie. Ceux qui ne le sont pas et croient qu’ils peuvent se sauver en lui faisant plaisir, deviennent fous. Mais pour moi, tous les efforts consistent à résister et à ne pas lui faire plaisir. Voila le drame entre le grand Autre et le petit autre.

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Réprimées et bloquées dès la naissance les pulsions de jouissance de êtres instrumentalisés ne ressurgissent que lorsque se relâche la surveillance des dominateurs abandonnés au « plus-de-jouir ». Le terrorisme est donc l’expression de la revendication de jouissance de l’homme privé de son humanité.

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L’homme s’acharne à détruire l’homme comme il se sent détruit de l’intérieur par ses pulsions de mort. La « passion de détruire » de l’homme est la conséquence de sa non-structuration par le Nom-du-Père.

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L’intérêt de casser la pierre et de créer des formes-langage grâce à la médiation du Nom-du-Père c’est de favoriser la médiation de l’arelation aux autres. La casse de la pierre est un crime symbolique qui a pour sanction non le délire mais l’émergence du pré-symbolique et l’ébauche de la structuration du Sujet.

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La casse de la pierre s’impose comme une nécessité inéluctable lorsque l’homme se laisse gagner par le désespoir de trouver l’inter-locuteur qu’il n’a de cesse de chercher. Remercions le ciel que la destruction de la pierre soit suivie de culpabilité réparatrice chez l’être habité par le Nom-du-Père. Culpabilité réparatrice qui se manifeste par la création de restes significatifs révélateurs de la transcendance du père. C’est ainsi que l’espoir succède au désespoir grâce au sens du risque et la créativité de l’être structuré par le Nom-du-Père.

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La femme phallique est la pierre qui écrase et enfouit le sujet. Le surgissement de celui-ci dans l’espace d’existence postule qu’avec le sous-tien du Nom-du-père il fasse voler en éclats la pierre afin d’utiliser sa substance pour la création du langage : l’attribut du Sujet.

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La casse de la mère phallique est une mise en morceaux culpabilisante suivie d’une réparation symbolique de ce meurtre imaginaire au moyen de l’art-thérapie génératrice des formes significatives qui sont les prémices du Verbe de l’Homme en tant que tel.

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La pierre est la méta-phore du maître tout-puissant sur laquelle il est permis au Nègre de projeter sa haine. Se défouler sur la pierre jusqu’à la pulvériser telle est la solution à la purgation de la haine.

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POUR UN PERE AFRICAIN PORTEUR DE PHALLUS Le «phallus» est la capacité de maîtriser le chaos-vivant ou désordre, pour en faire la matière de la création des valeurs constitutives du Système Symbolique: fondement de l’Edifice social. Le porteur de phallus est donc le promoteur de la structure sociale qui, sans son Pouvoir de surmonter la négativité du chaos, serait encore mêlée à la poussière du Néant. Il résulte de sa position exceptionnelle qu’il occupe dans la société, que le porteur de phallus est un être envié de tous : celui qui focalise sur sa personne l’envie de son entourage en raison de son merveilleux instrument de création quasi divin. Le porteur de phallus se trouve donc confronté à la fureur possessive des êtres castrés qui l’entourent: les femmes phalliques et leurs substituts masculins acharnés à ramener de porteur du principe de différenciation au niveau de la totalité indifférenciée. On croit souvent à tort que la femme phallique aspire à castrer le porteur de phallus pour occuper sa position. La vérité est que la femme envieuse ne cherche qu’à subvertir les rapports et à instaurer la confusion, le chaos indifférencié des sexes sur lequel régnerait la perversion ou la folie du plus-de-jouir». Ainsi, la mission existentielle assignée au porteur de phallus est d’affronter la femme phallique, de la maîtriser et de mettre sa matière et son énergie au service de ses créations: c’est ce que Mardouk fit avec Tiamat. 137


L’avènement salutaire d’un système symbolique, métaphore du Nom-du-Père, est à ce prix. En effet, l’idéologie «humaniste» selon laquelle la finalité de la science est de faire de l’Homme le «maître et possesseur du monde», est responsable de l’état d’aliénation de celui-ci, abandonné à la toute-puissance de ses pulsions destructrices. L’existence d’un monde humanisé postule donc la castration de la femme phallique, afin de le rendre apte à participer à la création des valeurs constituantes (les beaux-restes ou restes significatifs) qui sont les signes graphiques de la réconciliation de la mère symbolisée et du porteur de phallus. Le « père» est celui qui remplit la fonction sociale de père auprès d’un enfant et à qui la mère délègue la responsabilité de l’éducation de celui-ci. La paternité est avant tout une fonction symbolique et non une donnée naturelle. Car, pour l’être humain le plus important n’est pas de procréer mais d’assumer les fruits d’une relation sexuelle. Le père est donc celui qui œuvre à la production des êtres sociaux : celui qui préside à la deuxième naissance. C’est justement parce que le fondement du système social est « le symbolique » qu’il prévoit la filiation par l’adoption, c’est à dire la possibilité sans être le père géniteur, d’accéder au statut de père par l’acte légal d’adoption. Le père sera défini comme support de la Loi et signifiant du Nom-du-Père. Ce père référence et gardien du système symbolique intériorisé est celui qui fait cruellement défaut aux sociétés africaines contemporaines. 138


En effet, l’observation même superficielle de nos sociétés en état de régression révèle qu’on n’y rencontre pas des pères ayant les caractéristiques du médiateur familial. Le père africain n’est qu’un géniteur qui ne se soucie pas de fonder une famille stable ni d’assurer le bonheur de sa femme et l’éducation de ses enfants. Ce type de père, impuissant à castrer sa femme et introduire ses enfants à la situation oedipienne ainsi qu’à la résolution du conflit qui en résulte, n’est en vérité qu’un simulacre de père. Parlant des sociétés africaines nous avons employé les termes de société en état de régression, parce que nous ne croyons pas qu’elles soient fixées au «degré zéro» du développement comme le laisse croire les préjugés occidentaux. Car, Il est en effet avéré que le monde africain a connu des systèmes d’initiation très élaborés, en continuité du reste avec le système d’initiation pratiqué dans l’Egypte ancienne. Ces écoles du Savoir et de technique de socialisation ont été soigneusement étudiées par des humanistes occidentaux soucieux de connaître et de faire connaître l’homme noir dans ses productions culturelles authentiques débarrassées des préjugés racistes de certains de leurs compatriotes. Citons, pour donner une idée des systèmes d’initiations celui des Bambaras du Mali, qui nous a été rapporté.

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Le Système symbolique que ce peuple négro-africain développe sont les idées • de bisexualité générée par l’ignorance (Wazo), • de savoir en tant que résultat de l’activité critique de l’ignorance, • de père initié (porteur de phallus), • de castration (circoncision et excision), • de collaboration sexuelles sous le primat du phallus pour la jouissance sexuelle, • et d’initiation-éducation en tant que moyen de production des êtres sociaux. Comme on le voit, les éléments précurseurs de la théorie psychanalytique étaient connus de la pensée négroafricaine et seulement d’elle. Et si l’on veut admettre qu’il n’y a pas de création ex-nihilo, l’on doit admettre que les ferments du système freudien sont à chercher dans les systèmes d’initiation africains que Freud féru de connaissances ethnographiques, ne pouvait pas ignorer. L’origine de la psychanalyse est donc à chercher dans le système d’initiation égypto-africaine pour laquelle on ne naît pas homme ou femme. On ne devient homme ou femme qu’en renonçant sous l’action de la circoncision ou de l’excision symboliques à la bisexualité imaginaire entretenue par l’ignorance (le wazo des Bambara). Dans la conception égypto-africaine le devenir-sujet postule la détermination des sexes et la structuration symbolique de l’impétrant. La destruction du système symbolique africain par la conquête coloniale a laissé un vide effroyable. 140


En effet, le passage de témoin n’a pas pu s’opérer, en Afrique, entre les sociétés pré-coloniales et postcoloniales. Aussi bien, des systèmes symboliques anciens, ne reste til que des vestiges privés de toute capacité structurante. C’est à cette caricature que les hommes noirs devenus nègres par la force des choses se raccrochent désespérément afin d’éviter de basculer dans une psychose généralisée. Car le mépris raciste dont ils souffrent de la part des Occidentaux ne leur permet pas de faire un transfert positif sur les hommes de Culture occidentaux pour re-structurer leurs personnalités effilochées. Le père négro-africain n’est donc pas aujourd’hui le porteur de phallus (l’initié) qu’il fut. Il n’est plus qu’un simulacre de père, un fétiche dont la présence au foyer tente en vain d’exorciser l’angoisse psychotique du «couple» mère phallique-enfant. Toutefois la réalité que nous avons sous les yeux nous oblige à dire que cet «oedipe» dont les idéologues occidentaux se prévalent pour proclamer la prééminence de la «civilisation européenne» n’est qu’un phantasme de plus, le phantasme du créateur de la psychanalyse, phantasme auquel les intellectuels occidentaux ont adhéré sans réserve parce qu’il apporte une confirmation «scientifique» à leurs préjugés. D’aucuns pensent que le «père» en Europe, parce qu’il est dans une famille cellulaire et jouit des prérogatives de chef de famille conférée par une société patrilinéaire est véritablement porteur de phallus.

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A la vérité, la réalité familiale qu’il nous est donné de constater en Europe, c’est le spectacle d’un père de famille castré et instrumentalisé par la toute-puissance de la Société capitaliste et qui n’a aucune prise sur une famille (non structurée) dont il a la gestion théorique. D’où l’éclatement et le dysfonctionnement de cette société, supposée obéir aux règles du conflit oedipien et de sa résolution normalisante. Que «nos maîtres à penser» nous pardonnent mais nous ne comprenons pas pourquoi le fait de vivre dans une famille cellulaire devrait introduire automatiquement au conflit oedipien et à sa résolution humanisante si le père de famille n’est pas porteur de phallus et s’il est tenu en échec par le désir de toute-puissance de la femme phallique. Le temps des mensonges idéologiques est dépassé. Les nouveaux nègres, fatigués d’être manipulés, ont à présent soif de vérité et c’est avec stupéfaction qu’ils découvrent aujourd’hui la délectation qu’ont dû éprouver les auteurs du « Discours sur l’inégalité des races » de Gobineau et du « Code Noir », le comble de la haine de l’autre et de sa réduction au statut infamant d’objet oralanal. On s’aperçoit avec horreur de l’état d’aliénation où la « guerre des races » a enfermé l’homme blanc et l’homme noir. Le racisme est l’acte de décision du vainqueur blanc enivré par la toute puissance de sa volonté, qui stipule que le vaincu (le Noir) n’est plus un être humain, mais un déchet humain pour l’éternité.

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Le nègre complexé est donc le résultat aliéné de la volonté de l’idéologue raciste qui viole et fait violer la loi du père sous la fascination abêtissante de la jouissance. Il est donc grand temps de sortir l’Humanité de ce cercle diabolique où elle risque de se perdre définitivement. C’est pourquoi il est d’importance capitale, à présent, que le pôle sadique de l’espèce humaine aliénée (l’occidental) maîtrise la tendance qu’il a à se débarrasser par projection de ses complexes sur le pôle passif (le négroafricain) et ait le courage de regarder en face l’état de déchet par la toute-puissance de l’Autre. Le monde négro-africain n’est donc pas le seul qui soit confronté au drame de la survie. L’afro-pessimisme proliférant qui veut que l’homme noir soit le seul à être menacé dans sa survie est une tentative dérisoire de nos maîtres à penser de fuir leurs responsabilités en s’abritant derrière le rempart de l’éternel « problème nègre » qui prendrait son origine dans la damnation supposée du père Noé. Problème noir? A la vérité, un problème inventé par les idéologues de l’impérialisme occidental, dans le but de justifier sa volonté de puissance et d’étouffer les affres de sa culpabilité d’avoir réduit l’homme (noir) à l’état infâme d’hommechose. Pour les tenants du racisme occidental, le Noir n’est pas une personne et la médiation du Nom-du-père est à exclure dans les relations de l’homme blanc avec le soushomme.

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Les nouveaux Nègres accepteront-ils pour longtemps encore d’occuper la position de l’«abject» au sein de l’Humanité ? Le temps semble venu, selon les apparences, d’affronter les pulsions à la répétition du passé et de briser le cercle infernal de la domination servile où l’enferment les discours racistes trop longtemps subis et intériorisés.

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Le Nom-du-Père est la faculté de maîtrise qui sauve l’homme de foi de l’humiliation d’être dévoré et fécalisé. Le Nom-du-Père est le garant du « reste » et de son éternité.

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De nos jours où l’homme dispose de tous les moyens symboliques pour se libérer de la captation de la mère phallique il n’est plus pardonnable qu’il continue de démissionner de ses fonctions de médiateur. Etre Père aujourd’hui c’est se voir chargé de l’obligation de conquête de phallus pour assurer son rôle de médiateur.

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Les pulsions de destruction sont d’autant plus difficiles à maîtriser qu’elles sont aussi les pulsions de jouissance. il n’y a qu’un moyen de juguler les pulsions de destruction-jouissance : la médiation du Nom-du-Père.

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La stratégie pour favoriser le respect de la Loi postule la médiation d’une activité susceptible d’assurer la décrue des pulsions sadiques et permettre l’accès au « symbolique ». telle est la fonction propédeutique de l’art-thérapie dont la première partie est consacrée aux activités de décharge et la deuxième partie à la création des restes significatifs création nécessitée par la médiation du « pas-tout » : essence de la loi du Père.

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Le phallus du père est enfermé dans les entrailles de la mère phallique qui l’a dévoré lorsque le père n’était encore qu’un enfant : c’est pourquoi il n’existe pas d’homme porteur de phallus pour servir de médiateur dans les conflits. Si l’Humanité veut éradiquer les conflits elle doit favoriser la conquête du phallus au moyen de l’activité artistique médiatisée par le Nom-du-Père qui supervise les décharges pulsionnelles et nécessite la création des formes significatives.

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En s’inscrivant dans le chaosvide de la Nature le Nom-du-Père manifeste sa volonté d’en assurer la maîtrise symbolique. Et c’est en tissant une structure symbolique au dessus du chaos-vide que le Nom-du-Père en assure la maîtrise au moyen de la culture.

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La fonction du Nom-du-Père est d’interdire la dévoration de l’âme et de renforcer celle-ci. Le Nom-du-Père est la métaphore de la Loi.

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La sollicitude du père ne suffit pas pour favoriser l’impression de son visage dans la psyché de l’enfant encore faut-il que le visage du père ne se télescope pas avec celui de la mère mais bénéficie du respect et de l’admiration de celle-ci. le Nom-du-Père est le principe de l’unité du triangle symbolique.

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La tâche exceptionnelle dévolue au père porteur de phallus : infliger la castration symbolique à la mère phallique afin que symbolisée elle devienne pour l’enfant la porte d’entrée dans la Société. Le porteur de phallus est le substitut du messie que les familles attendent .

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La fonction du Nom-du-Père est d’interdire la déchéance au fils d’Homme en lui donnant les ressorts de résister à l’appel morbide de la jouissance faisandée. Le Nom-du-Père a partie liée avec « l’idéal du moi »

154


Le système symbolique constitutif du lien social s’origine dans le Nom-du-Père. C’est pourquoi celui qui est privé du Nom-du-Père n’a pas d’existence sociale c’est un ennemi dans la Cité.

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L’ART-THERAPIE ET L’ART AFRICAIN Lorsque nous considèrons l’«art-africain» dans la variété de ses productions, nous sommes frappés par leur capacité d’exprimer, avec une rare maîtrise, les émotions humaines, tout particulièrement l’angoisse de mort. A tort, les masques africains sont qualifiés de «fétiches effrayants», d’«objets d’envoûtement» ou encore de «créations diaboliques». En effet, les spécialistes européens proclament que les motivations à leur élaboration sont à chercher dans la volonté maléfique de terroriser la masse afin de la soumettre aux exactions d’un noyau de dominant sans scrupule. Or, si nous avions l’humilité de prêter attention aux témoignages laissés par les initiés africains, nous apprendrions que l’origine des masques est à chercher dans le désir de capter les âmes errantes des morts, du père singulièrement, et de l’enfermer dans un tronçon de bois, aux fins d’exorciser l’angoisse de mort qu’elle répand sur les vivants. A bon droit, ceux-ci peuvent donc être considérés comme des métaphores du père mort, éternisé par l’amour filial. Autrement dit : pour le créateur négro-africain traditionnel, l’activité artistique est un moyen de liquidation du deuil qui culmine à la résurrection symbolique (du père) sous la forme d’une représentation idéogrammatique.

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A l’opposé du créateur gréco-romain (ou ses épigones), qui créait en ayant son attention fixée sur un modèle objectif, le négro-africain a le regard de l’esprit tourné audedans, sur l’image interne qui conditionne son existence angoissée. Tandis que l’activité créatrice de l’artiste gréco-romain procède par l’inspection de l’apparence de l’objet, comme condition préalable à sa possession, l’artiste négro-africain quant à lui, entretient avec ses imagos une relation d’affrontement pulsionnelle, avant de les saisir sous la forme de signifiants graphiques grâce à la médiation de l’ancêtre à éterniser. Finalement, les idéogrammes sont à prendre comme les métaphores de l’ancêtre rayonnant dans le ciel de la Culture. Les produits de l’art africain traditionnel, universellement reconnus et admirés, sont la preuve péremptoire que l’Afrique Noire a connu des porteurs de phallus qui ont eu la maîtrise de leurs pulsions sadiques-anales et ont posé les fondements du Système Symbolique, qui, par définition, postule la castration anale et la préservation de formes significatives. La vérité oblige à proclamer que le langage qui résulte de la maîtrise de l’Esprit des idéogrammes, est la création originale des artistes africains traditionnels, oeuvrant sous le parrainage de leurs Ancêtres dans l’enclos des Bois sacrés.

158


On peut supposer avec vraisemblance que, d’abord sacré et réservé aux initiés, le Langage (métaphore paternelle), s’est par la suite étendu au peuple et à l’étranger, en perdant sa structure symbolique articulé sur le désir d’éterniser le père défunt, pour se réduire à la dimension imaginaire. C’est ainsi que, vidé de son esprit, le Langage est devenu l’instrument de domination des incirconcis. Toutefois, de tous les peuples du monde, le négro-africain reste celui qui fonctionne en tenant compte de la médiation avec tiers, par attachement à l’enseignement de l’Ancêtre fondateur de l’ordre social. Contrairement à l’occidental, qui s’enorgueillit de régler directement ses contentieux sans implication d’un tiers (qui n’a rien à y voir), l’homme noir est un être de médiation pour qui, l’action directe qui introduit à l’affrontement et à la mort est formellement interdite. Le résultat de la médiation de tiers, c’est la préservation des restes significatifs, notion consubstantielle à la mentalité négro-africaine précoloniale. C’est elle qui a présidé à l’institution de la forêt sacrée, cette portion de la Nature primitive préservée de la dévastation-consommation culturelle. La vision du monde selon laquelle le mari est le « seigneur et maître » de sa femme, qu’il peut mettre à mort s’il le désire, vision du monde qui prescrit également à la science de rendre l’homme « maître et possesseur de l’univers », n’est pas négro-africaine. En effet, les civilisations se différencient qualitativement par leur mode de production de l’être social.

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Ainsi, depuis l’Egypte, la Tradition africaine est-elle fondée sur le principe selon lequel on ne naît pas homme, mais qu’on le devient à la faveur d’un processus d’initiation ; tandis que la grande civilisation occidentale, qui lui a succédé dans l’Histoire (et a tiré profit de ses legs), est convaincue que l’éducation livresque suffit au bonheur de l’Homme. La crise exacerbée de Civilisation que nous vivons est imputable à la forclusion du signifiant Ancêtre, consécutive à la rupture historique que constitue le changement (formel) des civilisations. Nous n’en sortirons que par le retour aux valeurs initiales que Socrate, le dernier rejeton de la Civilisation-mère, défendit en vain par ses « dialogues logiques » ponctués de mythes à l’africaine, ainsi que par l’adoption de l’artthérapie comme méthode d’initiation moderne. Pour tout dire, la solution de sortie de la crise de civilisation passe nécessairement, par la réhabilitation de l’Ancêtre fondateur de l’Ordre Culturel humain.

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Le problème majeur de l’Humanité est celui de savoir comment s’y prendre pour favoriser l’intégration du Nom-du-Père par la femme phallique et les êtres immatures . Les ancêtres avaient quant à eux compris la nécessité d’instituer le principe de l’initiation des candidats à la vie sociale par l’excision et la circoncision symboliques.

161


Animé par la sollicitude pour la personne l’homme structuré par le Nom-du-Père veille à détourner de celle-ci ses pulsions constitutives de sa nature première et à orienter leur destructivité sur des substituts culturels. L’art-thérapie qui préconise la destruction-jouissance symbolique ainsi que la « satisfaction » de préserver des traces significatives grâce à la médiation du Nom-du-Père est donc appelé à s’imposer comme la méthode d’initiation à la vie sociale.

162


La société humaine est le produit de l’excision et de la circoncision initiatrices de la femmil et de l’hommelle par le porteur de phallus. Car l’ignorance originaire ne connaît pas la détermination et la complémentarité des sexes : avant le rituel initiatique il n’existe pas d’homme ni de femme.

163


Les êtres immatures se « défendent » du traumatisme de la dure réalité par l’illusion ce savoir qui ne veut rien savoir. la fixation de l’Homme à l’état originaire : l’ignorance est la pathologie qui empêche le fonctionnement normal des échanges dans la société. L’homme se réalise dans l’activité initiatique.

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Si les hypothèses relatives à l’envie de pénis et à l’angoisse de castration sont fondées on est en droit de demander comment l’orgueilleuse civilisation qui n’a que mépris pour les systèmes d’initiation « primitifs » et qui ne veulent rien savoir de la psychanalyse considérée comme une intervention orthopédique s’y prennent pour neutraliser les perturbations liées à l’envie de pénis et à l’angoisse de castration.

165


Le monde est condamné aux guerres endémiques parce qu’il est « incirconcis ». Qu’est ce que ce monde dit civilisé sans structure d’initiation.

166


On appelle monde libre un monde où on naît homme et femme où quand on grandit et se marie on éduque ses enfants sans avoir été initié. L’homme dans le monde libre vit comme un animal dans la jungle.

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L’initiation dont le signe extérieur est la circoncision symboligène est le critère discriminatoire que les hommes « cultivés » ont dressé. L’homme initié donc circoncis passait alors pour le vrai homme comparé à l’enfant et au barbare incirconcis.

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Le processus de l’initiation humaine comprend un moment critique où l’impétrant est confronté à la pierre avec laquelle il doit engager un dialogue logique (dialectique) générateur de restes significatifs : ces témoignages préverbaux de sa structuration par le Nom-du-Père.

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C’est par l’ouverture du « beau-reste » que le sujet entre en relation symbolique avec la transcendance. Sans « beaux-restes » le monde est un système compact et impénétrable où il n’existe pas d’âme qui vive. Le « beau-reste » a finalement partie liée avec la castration qui fait de l’homme initié l’instrument du père. Le « beau-reste » est le signe de l’humanisation de l’homme au terme de l’initiation par l’art-thérapie.

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C’est par l’ouverture du beau-reste que l’ancêtre parle aux survivants pour leur rappeler son nom et le message dont il est le porteur. Le beau-reste est la forme graphique de la loi de Moïse dans le bois sacré.

171


Après avoir exercé une longue domination sur le monde l’homme noir s’en est lassé et a désiré subir à son tour la domination afin d’expier tout le mal que sa volonté de puissance l’avait contraint à déployer. C’est ainsi que le dieu noir s’est lui-même castré pour prendre la place de ceux qui subissaient ses exactions. L’homme noir ne fait que sa part de sacrifice.

172


Il n’existe pas d’autre voie pour entrer dans le champ de la dure réalité que le passage par le statut d’enfant et l’initiation au « symbolique » sous l’autorité d’un père. Toute autre voie est sans issue et condamne soit à l’esclavage soit à l’errance sans fin dans les galeries du champ imaginaire.

173


La sculpture des masques qui est la transposition métaphorique de la séparation-circoncision de l’enfant et de la mère constitue le meurtre symbolique de celle-ci corrélative à la délivrance de l’enfant sous l’apparence du bois sculpté. Pour l’artiste nègre traditionnel la création est signe de renoncement symbolique aux relations sadiques-anales grâce à la médiation de la figure de l’ancêtre fondateur du Clan.

174


Il n’existe pas d’autre principe fondateur et refondateur que le Savoir car à l’origine de l’organisation sociale il y eut le savoir initiatique des ancêtres fondateurs. Le savoir est le Père de toutes choses.

175


L’art-africain est un art qui aboutit à la maîtrise des pulsions de jouissance : à laisser des restes significatifs alors que l’art gréco-romain est un art qui se leurre sur sa pseudo-maîtrise en faisant de l’objet d’art un objet de jouissance esthétique qui culmine au délire narcissique des grandeurs.

176


La sculpture des masques qui est la transposition métaphorique de la séparation-circoncision de l’enfant et de la mère constitue le meurtre symbolique de celle-ci et la délivrance de l enfant. La création est le signe de renoncement symbolique aux relations sadiques-anales grâce à la médiation de la figure de l’ancêtre fondateur du Clan.

177


L’artiste africain évacue ses pulsions de mort et ses représentations mortifères qui menacent de le détruire et c’est leur maîtrise par le visage du père intériorisé qui est constitutive de ses masques effrayants. La conséquence de cette création expressive plutôt qu’idéalisante c’est l’harmonie intérieure et la force du sujet que suggère l’Art africain.

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Lexique Détermination des sexes : produit de l’initiation. Hommes et femmes : produits de la détermination des sexes. Initiation : savoir acquis par le porteur de phallus qui dissipe l’ignorance originaire. Monosexualité : croyance en un seul sexe, l’être ignorant et l’enfant croient que l’homme et la femme sont dotés d’un pénis. Bisexualité ou androgynat : produit imaginaire de l’ignorance originaire qui n’accepte pas la différence des sexes. Phallus : principe de la puissance créatrice, n’est pas l’équivalent du pénis. Au père porteur de phallus s’oppose le père tout-puissant et la mère phallique Castration : privation du phallus. La femme phallique : qui envie à l’homme son pénis qu’elle confond avec le phallus. L’homme tout-puissant : celui qui dote son pénis d’une puissance imaginaire et méconnaît la différence sexuelle de la femme. L’homme-fétiche : privé de phallus et réduit à la position de phallus imaginaire de la femme. L’homme-déchet : voir l’homme-fétiche. Pénis anal : voir homme-déchet. La guerre des sexes : conflit imaginaire pour la possession du phallus identifié au pénis. Fécalisation : tendance au désir de toute-puissance à réduire l’homme en déchet ou fétiche. 179


Relation sexuelle : relation de l’homme et de la femme après leur accès à la détermination des sexes. Une fonction symbolique qui reconnaît à chacun son rôle dans la production de la jouissance. Fonction symbolique : postule la médiation de la loi, fondement de la structure sociale. S’oppose à l’imaginaire. Education : stratégie pédagogique qui consiste à favoriser l’entrée de l’enfant dans la structure sociale. Voir initiation Femmil : femme phallique, femme mâle. Hommelle : homme castré du phallus : Pénis imaginaire de la femme phallique Beau-reste : forme générée par la médiation du Nom-du-père dans l’activité art-thérapeutique, figure de la mère symbolisée. Nom-du-Père : représentation intérieure du père porteur de phallus ayant pour fonction de médiatiser les pulsions de l’être socialisé. enfant oedipien: selon Freud l’enfant qui nourrit un amour passionné pour sa mère et corrélativement une haine féroce pour son père. Tuer le père pour se marier avec la mère est le désir inconscient de l’enfant oedipien. Imago : représentation intérieure de ses parents élaborée par l’enfant à partir de ses frustrations, de ses illusions ; n’a rien à voir avec la réalité objective des parents.

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Table des matières Avant-propos

8-12

L’Art et sa fonction

13-28

Rapport sadique-anal de la mère phallique avec l’enfant africain

29-54

L’art-thérapie et la décolonisation

55-80

L’activité plastique en psychothérapie

81-104

L’art-thérapie et la décharge de pulsions agressives

105-120

Un langage qui passe par le corps

121-136

Pour un Père africain porteur de phallus

137-156

L’art-thérapie et l’Art africain

157-178

Lexique

179-180

181


©Editions cycas 2007 Décembre 2007 Dépôt légal Janvier 2008 Imprimé en France par Jouve, 11 boulevard de Sébastopol CS 700004, 75036 Paris cedex 01

182


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