Plan paysage de l'Essonne

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ESSONNE

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PAYSAGE DE L'ESSONNE �������������������� ��������������������������� �����������������

PARTIE 1

ETAT DES LIEUX

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PAYSAGE DE L'ESSONNE

SOMMAIRE

Préambule.........................................................................

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Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain.......................................................................................................................................................

Introduction.......................................................................

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Présentation de la méthodologie.......................................

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2. Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains..........................

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4. Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain

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5. les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne

1. Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne........................................................................................................................................................

3. Le carnet de paysages

Pour une prise en compte du paysage dans l’Essonne...............................................

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Annexe 19

Tableau de synthèse des études prêtées par la DAD et le CAUE 91

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Préambule ET L’HOMME CRÉA LE PAYSAGE... Le paysage est une invention. Il n’existe que par l’intervention d’une main ou d’un regard humain. Sinon, on l’appelle «pays» ou on ne l’appelle pas du tout. Le champ du paysan n’est un paysage que pour le citadin. Il faut un peu s’éloigner pour voir des paysages. Il faut aussi l’oeil du peintre, le soin du jardinier ou l’objectif du photographe. La montagne Sainte-Victoire n’existe comme paysage que depuis Cézanne.“ * (*) «Court traité du paysage», d’Alain ROGER. Ed.Gallimard, 1997.

Le Paysage n’est ni une image symbolique ni un produit de consommation dans le sens strict du terme, sauf peut-être pour l’activité touristique, mais un bien collectif, fruit d’un travail pluriel, d’une culture particulière et de pratiques humaines qui se superposent, voire qui se confrontent sur un lieu. Regarder un paysage aujourd’hui, ce n’est pas seulement observer un coin de terre cultivée ou non, ou bien un coin de nature, mais plutôt un site cadré par des règles liées au droit du sol et bien sûr par toutes les activités anthropiques liées aux usages de ce sol. Les paysages essonniens sont à la fois des paysages traditionnels, dans le sens où de grandes superficies de cultures traditionnelles, sur lesquelles les céréales et les oléagineux se sont développés, mais également des paysages contemporains structurés par des massifs boisés ou des espaces liés à l’eau destinés aux loisirs, des espaces bâtis pour différents types d’habitats, des bassins d’emploi et des espaces technologiques, des zones de logistiques, des vallées aux paysages variés, qui viennent enrichir les perceptions pittoresques ou floues suite aux évolutions mal maîtrisées de ces sites.

En face de cela, le citadin ou le voyageur sont confrontés à d’étranges paysages péri-urbains et urbains dont les résultats ne sont ni attrayants pour celui qui passe, ni bénéfiques pour l’image de marque du département en général. Prendre en compte aujourd’hui tous les aspects du paysage, c’est maîtriser et comprendre tous les usages et les pratiques liés à l’agriculture, l’économie, les loisirs, la culture, le tourisme, qui se déroulent sur ces lieux. Contempler ces coins de pays, c’est observer nos pratiques quotidiennes, ainsi que la direction que prend notre société face aux problèmes d’environnement, de développement urbain, de la politique agricole commune, et des pratiques de loisirs et de tourisme. N’oublions pas que le paysage est le fruit d’un travail que nous ont légué de nombreuses générations précédentes. Celui-ci fait parti de notre cadre de vie et de notre environnement direct. Il s’inscrit intégralement dans notre patrimoine et dans notre culture liée à la terre et au terroir. Enfin, le paysage est en mutation, ou en mouvement constant, il évolue au fil des époques et des saisons, des savoirs faire et des besoins des hommes. Les paysages sont à la fois des créations qui lient l’homme à la nature et vice versa, tout en étant des «biens vivants» légués par nos ancêtres ou nos actuels contemporains. Ces paysages méritent aujourd’hui une attention forte et particulière, afin de mieux les comprendre pour les gérer en connaissance de cause.

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Préambule Un mot sur le projet de paysage AGIR À DESSEIN, PLUTÔT QUE LAISSER FAIRE « Le projet de paysage part du constat que le paysage contemporain comme simple résultante, laissé à vau-l’eau, a toutes les chances de se défaire plutôt que de se construire : acteurs multiples, intérêts forcément contradictoires, puissance technique, normative et “autiste” des interventions, relative dispersion des pouvoirs politiques... Il faudrait un miracle pour que l’addition de chacune des interventions autonomes dans leurs logiques, de la plus ponctuelle à la plus ambitieuse, compose un paysage harmonieux.

Le projet de paysage est la démarche par laquelle le processus de transformation du paysage est inversé. Le paysage n’est plus seulement le produit involontaire d’activités multiples individuelles, mais devient l’expression d’un intérêt pour la qualité du cadre de vie.

La démarche va bien au-delà de deux attitudes : • celle du « paysagement », intervention sectorielle où le paysage se réduit à un décor, déconnecté des réalités économiques et sociales du territoire ; • et celle de « l’ingénierie », où le paysage n’est strictement que l’apparence des décisions techniques concernant le territoire.

L’objectif du projet de paysage est de proposer une vision partagée entre les acteurs sur ce qu’est «leur» paysage, ce qu’il devient et surtout ce qu’ils souhaiteraient qu’il devienne. Autrement dit il s’agit de prendre une direction pour accompagner les dynamiques d’évolution dans un certain sens, qui assure la cohérence entre le paysage d’hier et celui de demain. Exprimer un projet en matière de qualité du territoire, c’est, au final, éclairer et orienter les façons de faire de chacun pour qu’elles s’inscrivent dans une logique d’ensemble partagée».

Sources : « Guide des plans paysage des chartes et contrats » Ministère du territoire et de l’environnement. Avril 2001

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Introduction

Le « Plan Paysage de l’Essonne » est une commande commune de la Direction de l’Aménagement Départemental du Conseil Général de l’Essonne et du CAUE 91. Elle s’inscrit dans le cadre de la réflexion ESSONNE 2020 et parallèlement dans la mise en œuvre d’un Agenda 21. Cette commande résulte d’un constat et d’une situation critique sur l’évolution des paysages essonniens face au développement urbain (qui doit répondre à une demande forte en logements et en équipements) mais dont la mise en œuvre va à l’encontre de

la valorisation des paysages et du territoire et par conséquence du cadre de vie. Il s’avère de plus, que de nombreuses études paysagères ont été élaborées par l’État, la Région, le Département, le PNR du Gâtinais ainsi que par les communautés de communes depuis plus de 20 ans. Il semble que les résultats et les attentes de ces études ne soient jamais allés aux termes des enjeux définis par les acteurs de ces projets…

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Présentation de la méthodologie La première partie de cette étude consiste, à construire un regard critique sur l’ensemble des documents réalisés depuis les années 90 environ, pour comprendre les raisons de leur faiblesse, de leur non aboutissement, ou bien de leur non prise en compte, face à des enjeux d’ordre politiques, économiques, environnementaux ou autres…

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La deuxième partie est une lecture synthétique des mutations paysagères depuis la construction des « pays » traditionnels qui caractérisent les grands paysages de l’Île de France jusqu’aux paysages contemporains qui structurent et définissent les différents territoires du département actuel de l’Essonne.

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Enfin, le croisement des analyses thématiques des études réalisées et des visites sur le terrain constitue la quatrième partie. L’objectif consiste à définir les caractères et les spécificités des paysages essonniens. Ces spécificités s’appréhendent par les problématiques en cours que ces paysages posent, par les enjeux sur ceux-ci, la qualité des cadres de vie, la prise en compte des paysages dans le développement durable, ainsi que par leur devenir, etc.

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Cette dernière partie doit permettre de mettre en évidence les enjeux sur les paysages clés du département.

Un des objectifs de cette partie réside aussi dans la mise en valeur des spécificités des paysages essonniens, afin de dégager leurs particularités par rapport aux paysages de l’Île de France et ceux des départements limitrophes. La troisième partie se construit sur la découverte des paysages essonniens suite aux repérages et aux visites thématiques sur le terrain. Ce regard indispensable doit permettre d’appréhender et de percevoir les paysages caractéristiques et identitaires du département, ainsi que les dynamiques mises en œuvre sur le territoire.

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Partie 1

Un regard critique sur des études

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.1 - LES PÉRIMÈTRES ET SECTEURS GÉOGRAPHIQUES 1.1.1 - CARTE DE REPÉRAGE DES PÉRIMÈTRES D’ÉTUDE

La carte des repérages des périmètres des études nous renseigne sur 4 orientations importantes : 1 - Les espaces clés paysagers se situent pour l’heure actuelle dans le Nord du Département. - Jacques Sgard en avait défini trois en 1995, autour du Plateau de saclay, du Plateau de Nozay, et dans la Brie le long de la vallée de la Seine. Cette dernière étude prenait en compte les deux rives du fleuve ainsi que la forêt de Sénart. - Ces espaces clés détectés en 1995 restent d’actualité, car leurs situations stratégiques et transversales constituent des sites capitaux pour l’évolution des paysages. 2 - De nombreuses études se concentrent sur les vallées mais leur périmètre reste restreint. Ces études ne se développent pas transversalement sur les coteaux et les plateaux. 3 - Quelques études se concentrent sur des petits espaces, sans doute clés au niveau du paysage, mais à l’échelle du département, elles ne représentent pas de sites suffisamment larges pour créer une approche transversale majeure. 4 - Le PNR du Gâtinais reste aussi un espace majeur largement étudié et cartographié.

SYNTHÈSE : Cette carte nous démontre qu’aucun regard s’est développé à l’échelle départementale sur ce vaste territoire. Des espaces clés sont apparus avec des thématiques transversales. Ces espaces et ces thématiques restent toujours des sites d’enjeux pour les paysages essonniens. Reproduction interdite - Source : IGN Scan 25

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.1 - PRÉSENTATION DES PÉRIMÈTRES GÉOGRAPHIQUES DES ÉTUDES 1.1.2 - LE CHOIX DES SECTEURS ET DES PÉRIMÈTRES

Les secteurs d’étude Les secteurs d’études sont concentrés dans le nord du département, dans les zones urbaines et périurbaines. Le sud du département étant plus rural, n’est étudié qu’au travers des études sectorisées sur les vallées de l’Orge, la Juine ou l’Essonne, par les chartes du PNR et par le biais des études généralistes sur l’agriculture et le paysage. Les études concernant le Parc Naturel Régional du Gâtinais sont nombreuses et font parties de la charte des PNR. Le nord semble donc poser le plus de problèmes d’aménagement et de paysage ; il est représentatif d’une situation critique du paysage dans des territoires où l’urbanisation croissante et parfois désordonnée des dernières décennies associée à une déprise agricole et un étalement urbain alerte les acteurs de l’aménagement sur la menace d’une perte de la qualité du cadre de vie. Face à cette situation, les études tendent de répondre par des démarches d’aménagement ou des propositions d’actions. Le sud ne reste pas moins à l’écart des grandes problématiques d’aménagement qui sont exposées dans les études prospectives pour l’établissement des schémas directeurs ou contrats de plan régionaux.

Les supports géographiques (vallées, plateaux) Les périmètres sont souvent calés sur des considérations géomorphologiques mettant ainsi en avant le découpage du département en vallées et plateaux. Ainsi le périmètre d’étude de la vallée de l’Yerres est restreint à « l’espace-vallée » compris entre les crêtes des coteaux qui bordent la vallée. Ce choix est réducteur à priori des échanges qu’il peut y avoir entre le secteur d’étude et les alentours proches ou plus lointains. De même l’étude du Plateau de Saclay se restreint au plateau et ne descend pas vers la vallée de l’Yvette alors que les interactions existent. Les études du PNR sont sectorisées selon un découpage de petites entités géomorphologiques de type vallée, butte, plateau…

Les supports administratifs (limites départementales, limites gestionnaires…) Les limites départementales sont des limites du périmètre des études départementales. Les études de territoire se cantonnent aux limites des communautés de communes, des communautés d’agglomération, district ou autres regroupements d’intérêts. Dans certaines études comme celle de la vallée de l’Orge le périmètre est élargi aux limites des communes traversées par la rivière afin de prendre en compte les limites administratives des schémas directeurs des territoires concernés. Ce choix n’est pas toujours opéré même pour des études similaires élaborées par le même organisme ; ainsi le périmètre d’étude de la vallée de l’Yerres est restreint à l’espace compris entre les crêtes des coteaux qui bordent la vallée. A ces limites communales se superposent les limites des Syndicats de rivière, gestionnaires du cours d’eau.

Les variations de périmètre Certaines études généralistes ou plus sensibles ne posent pas de périmètre à priori et préfèrent avoir une vision large du territoire d’étude afin de recadrer le périmètre pour chaque thématique abordée au cours de la recherche. L’étude sur le site naturel des Joncs marins a pour objectif de définir le nouveau périmètre de cet espace naturel sensible ; les arguments pour l’élargissement du périmètre pose bien la question des critères de tracé des limites d’un site d’étude et de programmation quelque soit la finalité du projet (acquisition, protection, aménagement). Les interactions entre les milieux naturels, agricoles ou urbains se croisent au-delà des limites établies à priori. Cette variation du périmètre permet une approche plus fine et plus sensible du paysage qui n’a pas de limites.

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.2 - LES THÉMATIQUES ET PROBLÉMATIQUES 1.2.1- L’ÉVOLUTION DES THÉMATIQUES ET PROBLÉMATIQUES DANS LE TEMPS

Le cadre législatif et administratif L’émergence d’une thématique correspond aux tendances de la société qui sont repérées par les chercheurs, les sociologues, les paysagistes, les urbanistes. Les lois suivent et confirment le mouvement en dictant un cadre législatif permettant aux orientations jugées positives de prendre forme. Les schémas directeurs constituent des cadres dans lesquels l’action des collectivités peut s’exercer pour atteindre une cohérence. Les premières lois sur l’environnement qui s’intéressent aux espaces naturels, aux espaces ruraux, sont suivies par les lois sur l’eau, par les lois d’orientation de la politique agricole et forestière, les lois montagne et littoral…cet ensemble de lois environnementales issues des ministères successifs de l’agriculture, de la pêche, de l’aménagement du territoire et de l’environnement ont amené progressivement la question du paysage sur le devant de la scène pour aboutir à une première étape qui fut la loi « paysage » de 1993. Les études analysées sont inscrites dans ces lois cadres ainsi que pour certaines, dans des schéma directeurs ou plans régionaux qui définissent des orientations pour l’aménagement du territoire francilien.

pour beaucoup d’acteurs de l’aménagement et sujet à des variations d’interprétation. Le paysage revêt plusieurs compréhensions ou interprétations du terme : Soit il est « superposé » à l’environnement et dans ce cas, le paysage est une réalité objective et perçue de manière positive si l’environnement est de qualité (eau propre, air pur, terre cultivée…) ; les actions sur l’environnement seront prises pour des actions de valorisation du paysage. Soit il est une réalité subjective esthétique, une représentation artistique du réel, picturale ou photographique, qui donne à voir une image de la réalité. A ce titre il est considéré comme beau s’il correspond à une certaine image que chacun se fait du paysage rêvé, ou comme laid s’il ne correspond à aucune référence imaginaire du spectateur. Soit il est une réalité sensible et vécue qui se perçoit par les yeux du promeneur qui l’apprécie. Il est alors le fruit d’une perception corporelle et sensitive qui rejoint souvent la réalité objective et l’esthétique en affirmant : « si l’eau est claire, l’eau est bonne, elle est donc belle ». Il se rapproche de l’idée du cadre de vie. Le paysage pour le professionnel qui l’analyse et l’aménage, est le fruit d’une pensée et d’interactions sur le territoire opérées par le temps, la géographie et l’histoire, l’homme et la nature.

Plusieurs interprétations du mot paysage Le paysage apparaît comme un thème assez flou ou difficile à cerner tant il y a de définition de ce mot et de manière contrasté de l’aborder. La question du paysage est latente dans nombre d’études mais s’exprime au travers des thématiques sur les richesses naturelles (l’environnement) ou le patrimoine végétal, ou le cadre de vie. La loi « paysage » 1993 a institutionnalisé le paysage l’inscrivant comme un objet d’étude et de protection, de valorisation, d ‘aménagement en soi. Les théoriciens du paysage ont permis la clarification de la question mais elle reste pour autant encore assez floue

• Paysage et représentation Une étude aborde les différentes définitions que revêt le mot paysage et les présente de manière pédagogique. C’est ainsi que dans l’étude « Les paysages d’Île de France … » de l’IAURIF, le paysage est au cœur de la réflexion. Elle développe un état des lieux des paysages régionaux, définit des objectifs généraux et localisés et présente une palette de moyens pour agir et affirmer une politique en faveur des paysages : « …comprendre, agir, composer ». Les paysages sont des « paysages perçus, paysages rêvés, paysages vécus ». Dans cette étude des cartes des représentations du paysage en Île de France

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.2 - LES THÉMATIQUES ET PROBLÉMATIQUES cinématographiques et picturales sont élaborées pour visualiser les sites représentés, la fréquence et les périodes de représentation. Dans l’Essonne, Paray-Vieille-Poste et Evry sont les villes les plus représentées. Cette recherche mériterait un approfondissement dans le département de l’Essonne. • Paysages et « points noirs » Les études se focalisent sur les paysages à caractère naturels ou ruraux comme si les éléments naturels ou cultivés « faisaient paysage » de manière plus évidente pour tout un chacun, que les éléments bâtis, que la ville. L’urbanisation des espaces ouverts apparaît souvent comme source de situations critiques et de conflits faisant surgir sur le territoire des « points noirs » qui dégradent le paysage existant. Ceux-ci doivent donc être résorbés. Le paysagiste est appelé en urgence pour agir. Les études des paysagistes SGARD et DESVISGNES proposent chacune non seulement des solutions types à court terme et à petite échelle, pouvant servir d’exemple mais aussi des exemples d’actions à long terme et à grande échelle qui permettent d’éviter en amont les situations critiques. L’étude expérimentale et pédagogique de DESVISGNES propose une démarche intéressante. • Paysage et découverte Une autre façon de parler de paysage dans les études est de parler de chemins, d’itinéraires de découverte et de points de vue, de belvédères associés à un mobilier identitaire des paysages traversés. On la trouve de manière précise dans les études liées à un projet d’aménagement ou de programmation. Dans les études dont le regard est plus environnementaliste, le paysage est évoqué par les fonctions récréatives des espaces naturels comme des lieux de promenade et de découverte.

Les thématiques et le paysage • L’environnement Les thématiques liées à l’environnement sont les plus anciennes et les plus

récurrentes: qualité de l’eau, de l’air, gestion des ressources naturelles (eau, matériaux du sous-sol, forêt…), gestion des déchets, patrimoine naturel floristique et faunistique… Les problématiques se situent au niveau de la protection des espaces naturels, de la préservation des milieux, du recensement de la faune et de la flore, de la dépollution des cours d’eau, des sols, de la maîtrise des fronts d’urbanisation et de la « cabanisation ». L’environnement est au centre de la politique d’aménagement depuis la loi LOADDT des années 1970 et des rapports et schémas complémentaires tels le rapport BRUTLAND de 1987 et le SSCENR de 2000 ainsi que des programmes européens LIFE NATURE 1999 et NATURA 2000. Les espaces naturels ont été une porte d’entrée pour la sensibilisation des acteurs de l’aménagement à la question du paysage Les actions en faveur de l’environnement sont considérées à tort comme des actions sur le paysage. En fait elles participent à la construction d’une perception positive des paysages. Ainsi la renaturation des berges des rivières de l’Essonne contribuent à la valorisation d’un paysage naturel ripicole et à la valorisation d’un espace de loisirs qui fut un temps oublié derrière les implantations industrielles ou sous les couverture en béton. • L’agriculture et la forêt Le thème de l’agriculture et de la forêt a été mis en avant avec les lois d’orientation agricole 1999 et loi d’orientation sur la forêt 2001 qui n’ont fait qu’affirmer et accompagner un point de vue exprimé par les professionnels du paysage en retournant la question vers les artisans du paysage rural à savoir les agriculteurs qui sont les gestionnaires de ces paysages et dont des acteurs de premier plan. A ceci s’ajoute la thématique sur l’agrotourisme, le tourisme vert. Les thématiques agricoles et forestières ont fait l’objet de publications gouvernementales et qui ont été suivies par des études régionales. Les études de la Région Île de France ont affirmé l’importance de l’agriculture dans les paysages de l’Île de France comme élément de patrimoine et de structuration du territoire. A ce titre, les espaces ouverts cultivés sous toutes ses formes (grandes cultures ou prairies, vergers, maraîchers, …) et les espa-

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.2 - LES THÉMATIQUES ET PROBLÉMATIQUES ces forestiers public et privés, méritent l’attention et des études générales et locales pour le maintien de l’activité agricole et la valorisation de l’espace forestier pour un meilleur accueil du public • Développement et patrimoine Le développement du département est étudié dans certains documents prospectifs réalisés par le Conseil Général tel « Réflexion pour l’avenir de l’Essonne » (1996) où sont présentées les grandes ambitions du département. Il faut noter qu’il n’est nullement question de paysage et qu’une seule page est écrite en fin de document sur l’environnement « à préserver » avec un cadrage sur les « nuisances à réduire ». L’aménagement de la Seine est mis en avant comme élément patrimonial naturel à valoriser pour le tourisme (berge, oxygénation de l’eau). Les décideurs locaux cherchent un équilibre permettant à la fois de développer le territoire et de préserver le patrimoine naturel et culturel du département qui en est l’image de marque. Comme résoudre le dilemme entre contenir l’urbanisation pour conserver « vides » et favoriser le développement local et construire des « pleins ». Le paysage n’apparaît pas comme une priorité à construire avant de bâtir mais comme un plus déjà là à préserver par morceaux. L’idée de préservation des paysages est sous-jacente dans le discours établis sur le développement, il fait appel à la notion de patrimoine. Le patrimoine qu’il soit sous sa forme bâtie ou naturelle, historique ou culturelle, permet de trouver un contrepoint au développement et de qualifier les « vides » qui mettent en valeur le territoire et le cadre de vie. Il est donc lié à l’idée de préservation, de valorisation. • L’agriculture périurbaine, les friches agricoles L’agriculture périurbaine est apparue comme un thème à part entière, déve-

loppé par les théoriciens du paysage et repris dans les études. Elle pose la problématique de la transition et de l’imbrication de l’espace rural et de l’espace urbain aux franges de la ville, de la rencontre entre les citadins et les agriculteurs. Les parcelles agricoles situées aux portes de la ville sont considérées au même titre que les espaces verts comme faisant partie intégrante de la Ceinture verte de l’Île de France. Ce thème est devenu emblématique pour un département qui présente une large bande transversale est-ouest où les franges urbaines du nord rejoignent les espaces ruraux du sud formant un espace en mosaïque qui évolue rapidement sous la pression foncière. Le thème de la friche agricole est associé à cette thématique du « rurbain » car la friche est l’expression visible d’un paysage en mutation, d’un paysage rural en voie d’urbanisation à court ou moyen terme. Le bilan des SIEP fait ressortir ce dilemme entre la consommation d’espaces agricoles périurbains ou ruraux et la préservation de ces espaces aux franges et entre les agglomérations. D’autant que cette consommation d’espaces autour des villes et le long des axes routiers n’est pas très rentable : le pavillon ne loge qu’une famille, les entrepôts abritent peu de travailleurs. • L’urbanisation, les infrastructures, les lotissements pavillonnaires, les zones commerciales ou d’activités, les friches industrielles Sites déstructurés, entrées de ville, discontinuités et ruptures d’échelle, site abandonné ou rejeté, insertion des réseaux et des infrastructures, incongruité et aberrations, perte de lisibilité géographique … sont autant de problématiques qui sont exprimées dans les études et auxquels les professionnels du paysage répondent en proposant des démarches ou méthodes pour comprendre les mécanismes et agir en amont au lieu de réparer les dégradations après coup. Elles soulignent les situations de crise du paysage face à l’urbanisation croissante et la nécessité d’agir pour la préservation et l’embellissement du cadre de vie. L’alerte est donnée par les professionnels de la ville et du paysage sur les effets négatifs de l’étalement urbain, le morcellement du territoire par le zonage et les infrastructures.

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.3 - LES DIFFÉRENTS REGARDS ET POINTS DE VUE SUR LE PAYSAGE 1.3.1 - LES OBJECTIFS

Les études n’ont pas la même finalité. Elles sont pour la plupart des outils d’information qui permettent aux collectivités d’établir les orientations en termes d’aménagement. Certaines études sont tournées vers la programmation ou le financement d’un projet d’aménagement.

Les études gouvernementales qui sont plutôt des directives ou schémas d’orientation accompagnent ou explicitent des lois. Elles sont issues des ministères de la pêche, de l’agriculture, de l’aménagement du territoire et de l’environnement abordent la question du paysage comme étant essentiellement liée à l’environnement, aux espaces naturels et ruraux et à leur préservation, à la forêt et à l’agriculture comme élément majeur de leur composition.

Sensibilisation, information, proposition, accompagnement Directive, schéma, plan…cadre d’orientation pour l’aménagement

Point de vue Région : il met en avant le paysage et son rôle dans l’aménagement du territoire tout en menant un discours environnemental de préservation et de valorisation des espaces naturels, de l’agriculture périurbaine

Projet d’aménagement d’un site

1.3.2 - LES POINTS DE VUE SPÉCIALISÉS ET POINTS DE VUE TRANSVERSAUX

Point de vue spécialisé (santé, environnement, politique agricole, développement local et économie…) Point de vue transversal (paysage, aménagement)

1.3.3 - LES POINTS DE VUE HIÉRARCHISÉS

Point de vue de l’Etat : il oriente vers la préservation des espaces à caractères naturels et ruraux et soutient le rôle de l’agriculture et de la forêt dans les paysages

Les études qui émanent de la Région sont généralement des documents d’envergure dont l’objectif est l’information des élus locaux et la présentation de propositions de projets. Elles présentent des recherches thématiques ciblées comme l’environnement, l’agriculture périurbaine ou des études sur des secteurs géographiques localisés comme les vallées. Elles sont essentiellement orientées vers une caractérisation des paysages naturels et ruraux mettant en avant les qualités environnementales et paysagères des vallées, de l’agriculture en Île de France. Ces études font apparaître une constante centralité autour de Paris d’où rayonnent les rivières, les infrastructures, les « couronnes », les banlieues et les pays. Cette vision radio concentrique de l’espace régional soustend les études et projets régionaux de l’Agence Régionale des Espaces Verts d’Île de France et l’IAURIF. Il en est ainsi de l’étude sur la « Ceinture verte de la métropole parisienne » qui trace cette ceinture autour de Paris inscrite dans un anneau de 10 à 30km du centre de la capitale. Elle se compose de forêts, d’espaces agricoles, de parcs et d’équipements de loisirs soit 118 000ha pour plus d’un tiers d’espaces publics existants en 1987. Dans le même esprit, le projet de création d’une Trame verte entre

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.3 - LES DIFFÉRENTS REGARDS ET POINTS DE VUE SUR LE PAYSAGE Verrières-le-Buisson et Viry-Châtillon datant de 1992 s’inscrit dans ce grand projet régional de ceinture verte. Le Plan Vert régional reprend les grandes idées de la ceinture verte et complète les orientations en proposant des trames vertes interdépartementales qui tissent la toile des espaces verts de la région autour de Paris, centre de ce système de composition. Par ailleurs la création du PNR du Gâtinais en Essonne a fait l’objet d’une étude préalable à sa création qui est très détaillée comme toutes celles qui ont suivi l’instauration du Parc. Ces études sont essentiellement orientées vers la caractérisation des paysages naturels et ruraux, le repérage du patrimoine naturel, agricole et bâti des vallées, des plateaux agricoles, des buttes, en vue de l’élaboration de chartes paysagères dont l’objectif est avant tout la préservation et la valorisation de ce patrimoine à caractère naturel et rural. Des études détaillées ont été menées sur des vallées, des marais, des zones humides ou des forêts. Celles qui définissent des espaces naturels sensibles ont un éclairage très environnemental et très sectorisé qui a pour objectif la protection et la mise en valeur pour une ouverture au public maîtrisé restant les milieux naturels. Il en est ainsi des études sur les marais de la basse vallée de l’Essonne, sur la forêt de Saint-Eutrope qui sont orientées vers une démarche de projet, d’aménagement du site en vue d’une protection des milieux et d’un meilleur accueil du public.

Elles repèrent des problématiques d’aménagement du territoire liées à l’extension de l’urbanisation qui vient « dénaturer » les paysages traditionnels de la campagne francilienne et font des propositions pour tisser des liens entre paysages ruraux et paysages urbains. Deux études établies par des grands paysagistes offrent un regard transversal sur le paysage sans projet localisé mais dans l’intention d’expliquer la constitution des paysages et leur dégradation tout en proposant des démarches de reconstruction : D’un côté J. SGARD définit les grands paysages d’Île de France et repère quelques espaces clés ; de l’autre, M. DESVIGNES propose une étude expérimentale et pédagogique autour d’une identification et de propositions des situations critiques

des paysages en Île de France. L’étude de SGARD sera ensuite intégrée à une étude plus conséquente de l’IAURIF sur Les Paysages d’Île de France, comprendre, agir, composer qui a pour objectif de dresser un état des lieux des paysages régionaux, de définir les objectifs généraux et localisés et présenter une palette de moyens. L’éditorial du président de Région finissait par cette recommandation « l’absolue nécessité de dépasser désormais des approches par trop cloisonnées spatialement et thématiquement ou institutionnellement ».

Point de vue Département : il est plus orienté vers le développement et l’aménagement du territoire sans parler de paysage mais de valorisation du patrimoine bâti et végétal et d’actions environnementales. Le paysage n’est pas mis en avant comme élément majeur de l’aménagement. La Seine bénéficie d’un regard particulier qui laisse une entrée au paysage . Les études sur les berges de Seine sont récurrentes de 1984 à 2000. Elles illustrent l’intérêt du Département pour ce fleuve majeur qui occupe une place particulière dans l’imaginaire de la Région et de Paris. Il traverse le département de l’Essonne dans un angle nord-est qui focalise les intérêts économiques, démographiques, culturels et d’aménagement comme le révèlent les cartes thématiques du Conseil Général. Cependant, les études existantes restreignent leur point de vue aux berges au lieu de voir au-delà des rives et des coteaux sur les plateaux qui bordent le fleuve. Il manque une vision transversale de la vallée qui permettrait de comprendre les rapports des villes du plateau d’Evry avec la Seine et de comprendre les dysfonctionnements nés de l’oubli de l’eau si proche, de discerner d’autres problématiques sur chaque rive. Des études très cadrées géographiquement et thématiquement (ENS marais des basses vallées de l’Essonne et de la Juine, étude hydrologique et paysagère des sites d’exploitation du cresson) font ressortir un point de vue essentiellement environnemental, le paysage est superposé à l’environnement.

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.3 - LES DIFFÉRENTS REGARDS ET POINTS DE VUE SUR LE PAYSAGE

Enfin, des études plutôt de stratégie de territoire, ont été élaborées pour réfléchir sur les questions l’avenir du département en vue de faire des choix d’investissements, d’aménagements pour le développement économique de l’Essonne dans le cadre de la planification nationale, régionale et départementale. Le paysage est rarement évoqué si ce n’est comme élément patrimonial, comme qualité du cadre de vie à préserver mais sans véritable projet sur le paysage. Celui-ci est souvent confondu avec l’environnement dont la préservation ou l’amélioration est un objectif. Il est question de réduction des nuisances, de gestion des ressources, de préservation de l’agriculture. Le rapport 2004 du BET GAUDRIOT relatif au bilan des objectifs fixés par les SIEP met en lumière les résultats inattendus des investissements liés aux projets du Schéma Directeur. Les conclusions de ce rapport sont exposées ci-après. Même s’il ne parle pas de paysage, les conclusions sont très pertinentes pour comprendre comment les paysages essonniens s’érodent sous la pression de l’urbanisation qui n’est pas toujours associée avec un développement économique aussi fort que souhaité. L’urbanisation désordonnée du territoire a des effets nocifs sur le paysage. L’analyse de l’évolution de l’urbanisation sur le département de l’Essonne entre 1990 et 1999 permet d’appréhender un certain nombre de tendances et de dynamiques territoriales et d’envisager les déséquilibres et les menaces qui pèsent sur les années à venir. Tout d’abord, il est important de noter que le département de l’Essonne est constitué de territoires singulièrement différents : Le nord du département, inclus dans l’aire urbaine de la région parisienne, s’est globalement caractérisé par des évolutions au sein de son tissu urbain – renouvellement urbain - en raison de la rareté des espaces ruraux.

La partie centrale du département, c’est-à-dire les zones périurbaines ont au contraire subi une très forte pression foncière qui s’est traduite par une forte croissance des tissus urbains et donc par un étalement urbain peu maîtrisé. Enfin, si la couronne rurale au sud a connu des évolutions moindres en termes de volume d’urbanisation nouvelle et d’apports de population ou d’emplois, elle a tout de même subi une pression foncière relative qui s’est caractérisée par une urbanisation diluée et éclatée sur l’ensemble de son territoire. L’analyse des fonctions dominantes de l’évolution de l’urbanisation en Essonne sur la dernière période inter censitaire a permis de montrer que l’habitat pavillonnaire explique la plus grande part de l’urbanisation nouvelle. Néanmoins, le développement de nouvelles surfaces d’habitat a été plus ou moins rentable selon les territoires. Les SIEP situés en zone urbaine, en raison de leurs contraintes, ont privilégié la densification de leurs tissus urbains et ont donc limité leur consommation d’espaces ruraux ; mais ils n’ont pas accueilli la population escomptée au regard de leurs objectifs.

Les SIEP situés en zone rurale ont quant à eux connu une évolution différente. L’importance de leurs espaces ruraux ne les a pas poussés à privilégier des critères de densité. Ainsi, le nombre de logements créés a été relativement faible et la consommation d’espaces ruraux relativement forte; leur rentabilité est donc très faible. Ce phénomène traduit parfaitement le caractère éclaté et dilué de l’urbanisation en zone rurale, où chaque commune a laissé l’habitat se développer à la périphérie des bourgs et des villages.

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.3 - LES DIFFÉRENTS REGARDS ET POINTS DE VUE SUR LE PAYSAGE Enfin, les SIEP situés en zone périurbaine, à l’image du SIEP du SECAM, ont subi une forte pression foncière qui a été à l’origine d’un étalement urbain très important. Ces territoires ont ainsi connu une forte croissance de leur parc de logements avec une consommation d’espaces ruraux très importante, ce qui a pu fragiliser leur patrimoine naturel. La croissance de ces territoires témoigne de l’évolution de l’urbanisation en tâche d’huile qui était pourtant proscrite par le SDRIF. Les surfaces dédiées aux activités économiques ont connu le plus fort taux de croissance entre 1990 et 1999. Elles se sont principalement développées le long des grandes infrastructures (A6, A10 et Francilienne) et au sein des grands pôles économiques (Massy, Courtaboeuf, Evry, Brétigny-surOrge). Cependant, cette croissance n’a pas été véritablement porteuse d’emplois. Sur l’ensemble du département, la densité d’emplois par hectare de surfaces d’activités a baissé ce qui traduit le développement de nouvelles activités économiques plus consommatrices d’espaces pour moins d’emplois. On pense ainsi au développement de certaines activités logistiques de stockage, notamment le long des grandes infrastructures routières ; mais il faudrait aussi ajouter l’impact de l’ensemble des petites ZAE, situées sur l’ensemble du département, et dont l’aménagement ne permet pas une bonne maîtrise de leur développement. Ainsi, le bilan des SIEP est mitigé selon les secteurs. Globalement, ils ont tous consommé plus d’espaces ruraux que prévu entre 1990 et 2003 au regard de la population, des logements et des emplois supplémentaires. Cette surconsommation a été la plus forte sur les SIEP situés en zone périurbaine, d’autant que leur attractivité résidentielle peut laisser présager un maintien de rythmes de croissance élevés sur les années à venir. II s’agit donc de territoires fragilisés ou en voie de l’être si aucune stratégie de préservation des espaces naturels n’est mise en place. L’analyse plus fine réalisée sur ces secteurs montre qu’un grand nombre de communes souhaitent préserver leurs espaces naturels et leurs zones agricoles. Cependant, au regard de la pression foncière de ces secteurs, il est nécessaire de mettre en oeuvre des stratégies de densification des tissus urbains pour pouvoir répondre à la demande prévisible de logements. Si ces communes se sont globalement densifiées sur la dernière période, on s’aperçoit que ce ne sont pas les villes centres qui ont capté la majeure partie du développement. Un certain nombre de choix en matière d’aménage-

ment devront donc être effectués afin de permettre le renforcement de ces pôles, résidentiels ou économiques, quitte à autoriser sur leur territoire un certain étalement urbain, au profit de la préservation d’autres secteurs, plus en périphérie, dans une logique de maintien d’une trame verte et naturelle et d’une mise en valeur du patrimoine naturel et paysager. Cette question doit d’ailleurs être mise en perspective avec le devenir de la ceinture verte de l’elle de France dans le cadre de la révision du SDRIF en 2005.

Pour conclure, le département de l’Essonne est confronté à de grands défis pour les années à venir (maîtrise de l’étalement urbain, préservation de la ceinture verte et du patrimoine naturel, densification des centres urbains, renforcement des villes centres, rééquilibrage de l’emploi sur l’habitat,...). L’étalement urbain devra être maîtrisé en zone périurbaine par le renforcement de pôles secondaires. II sera également nécessaire d’être vigilant sur le développement à venir du Sud Essonne qui, au regard de l’accroissement des distances domicile travail depuis quelques années, pourrait voir son attractivité résidentielle se renforcer, avec comme corollaire les risques de mitage des espaces naturels. Enfin, au sein de la zone agglomérée et autour de l’agglomération d’Evry, les enjeux semblent plus liés aux problématiques de renouvellement urbain et de mise en valeur des espaces naturels préservés, ainsi qu’au renforcement des pôles économiques majeurs du département. Ce renforcement ne doit cependant pas uniquement être entrepris par une ouverture de nouvelles surfaces à l’urbanisation, mais plutôt par une stratégie de densification des zones existantes et par une meilleure complémentarité entre les pôles existants. Ces pôles étant principalement situés dans la zone agglomérée, un des enjeux majeurs réside dans la capacité à faire cohabiter au mieux des espaces résidentiels et d’activités. II s’agit donc de créer de nouvelles interactions vertueuses entre cadre de vie, solidarité territoriale et performance économique, c’est à dire mettre en oeuvre une véritable politique de développement durable des territoires.

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.4 - SYNTHÈSE Á propos des secteurs d’études Le morcellement du département par les études fait apparaître une absence totale de vision paysagère globale sur le département. Les études régionales ne sont pas assez détaillées et le point de vue est extérieur au département ; de ce fait, la vision reste partielle et orientée vers Paris ; des propositions sont à reprendre et à développer sur le département. Le PNR reste une entité administrative à part qui semble fonctionner sur lui-même qui édite ses propres chartes paysagères applicables dans son périmètre. Le découpage du parc en une multitude de territoires ne favorise pas une vision plus synthétique et une ouverture hors des limites. La compilation des secteurs d’étude montre qu’un certain nombre de secteurs géographiques n’ont pas été étudiés alors qu’ils sont soumis aux enjeux repérés par les études générales. Tout le sud-ouest du département d’Etampes à Dourdan ne fait pas l’objet d’études globales et locales. Certains sites de ce secteur sont mis en lumière à travers les études sur les vallées de la Juine et de l’Orge. La RN20 et les paysages qu’elle traverse n’ont pas fait l’objet d’une étude

Á propos des thématiques Dans les thématiques abordées, on note une prédominance des thèmes et problématiques liés à l’environnement et à l’aménagement pour la Région, à l’environnement et au développement pour le Département. Cependant, la thématique sur l’agriculture, l’agriculture périurbaine est très importante tant pour l’espace rural que pour l’espace urbain. Il y a souvent une confusion entre Environnement et Paysage par une méconnaissance du terme et de ses différentes interprétations.

Le paysage est finalement très peu « défendu » dans l’ensemble des études si ce n’est par la Région au travers de quelques grandes études et par l’Etat par le biais de la valorisation de l’agriculture et de la forêt. Les notions de patrimoine et cadre de vie sont plus facilement abordées par le Département comme élément à valoriser pour l’image de marque du territoire. Il y a un manque de transversalité dans les études ce qui ne permet pas d’aborder la question du paysage et de faire la lecture des paysages essonniens. La restriction de certains périmètres d’étude à des limites géomorphologiques prive la recherche d’une large ouverture vers l’intérieur ou l’extérieur du territoire cloisonnant le regard à des limites administratives ou géographiques. La sectorisation thématique produit également des vides qui ne permettent pas d’appréhender les paysages dans toutes leurs dimensions physiques et symboliques. Les espaces clés Trois grands espaces clés apparaissent de manières récurrentes : - Le plateau de Saclay, - Le plateau de Nozay et les berges de l’Orge, - Les berges de Seine et le territoire Centre Essonne Seine Orge. D’autres espaces émergent comme espaces clés : - Autour des marais de Fontenay et d’Itteville (ENS acquisition départementale) situé entre un espace très rural au sud et un espace urbanisé au nord autour de Mennecy Corbeil - Etampes, Dourdan et Arpajon comme nouveaux pôles de développement

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1 . Un regard critique sur des études Analyse critique d’études relatives au paysage et à l’aménagement de l’Essonne 1.4 - SYNTHÈSE Les enjeux De l’analyse des études se dégagent un certain nombre d’enjeux qui sont énoncés par l’Etat, repris par la Région et le Département. D’autres qui sont annoncés par la Région avec identification d’espaces clés et propositions de projet à l’appui. D’autres qui sont soutenus par le Département.

Environnement Réduire les nuisances. Gérer les ressources.

Gérer les déchets Développement Equilibrer le développement du nord et du sud du département. Valorisation du patrimoine départemental associé au développement. Accompagner les nouveaux pôles de développement.

Urbanisation Maîtrise de l’urbanisation contre l’étalement urbain. Consolider les centres urbains par le renouvellement.

Protéger le patrimoine naturel. Valoriser les marais.

Paysage Créer une Ceinture verte autour de Paris. Inscrire une Trame verte et bleue. Créer des itinéraires révélateurs du territoire. Faire connaître les jardins et les parcs historiques. Intégrer l’agriculture dans la construction des paysages.

Agriculture périurbaine Agriculture et forêt Pérennisation de l’agriculture en imbrication avec l’urbanisation. Pérennisation des lisières dégagées devant les forêts. Gestion durable des espaces ouverts et des forêts. Maintenir la Couronne rurale autour de Paris.

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Partie 2

Un regard sur les mutations paysagères du département

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.1 - DES GRANDS « PAYS » TRADITIONNELS AUX PAYSAGES CONTEMPORAINS ÉVOLUTIONS

HISTORIQUES ET SYNTHÉTIQUES DES TERRITOIRES D’ÎLE DE FRANCE

Par le passé, ces quatre grands pays caractérisaient des paysages essentiellement ruraux, associés à quelques domaines et résidences aristocratiques qui géraient politiquement et économiquement le territoire. Les cartes anciennes font apparaître un territoire à la fois très cultivé et très structuré. D’une part, ce grand espace d’Île de France, avant d’être partagé et délimité en départements représentait sans doute un vaste ensemble plus homogène, de part l’omniprésence de l’agriculture qui gérait ces paysages. D’autre part, Paris à cette époque ne représentait pas encore une ville en pleine expansion urbaine avec un réseau complexe d’infrastructures débordant sur l’extérieur. Les voies étaient gérées, inscrites dans les paysages et la géographie naturelle des lieux traversés. 2.1A - PRÉSENTATION DES GRANDS PAYS (HUREPOIX, BEAUCE, BRIE, GÂTINAIS)

En matière de paysage, l’Essonne se caractérise par une grande richesse naturelle. Le territoire essonnien est fondé sur un socle biogéographique riche, composé de nombreuses vallées et de plateaux, d’où découlent des paysages encore exceptionnels mais déjà ponctuels et découpés en

quatre grandes entités paysagères auxquelles sont associées différents types de paysages : La Beauce : elle est comprise entre le Hurepoix au nord et le Perche à l’Ouest, la Loire au sud et le Gâtinais à l’est. Elle est constituée d’un vaste plateau calcaire, perméable et sec. Néanmoins, ces terres sont composées de limon fertile permettant de riches cultures. La Beauce en Essonne est traversée par quelques vallées (Juine, Chalouette) et vallées sèches, qui rompent la monotonie de son paysage.

Le Hurepoix : Á l’est de l’Essonne, le Hurepoix alterne plateaux, buttes et vallées où s’écoulent I’Orge, l’Yvette, la Juine, l’Essonne. Son sous-sol favorable au maraîchage et aux cultures florales, n’autorise la culture céréalière ou betteravière que sur les plateaux. Ailleurs, s’étendent des petits bois, des vergers, quelques prairies.

Détail de la carte des «environs de Paris avec ses départements» de 1780

La Brie française : ce plateau domine la Seine, composé de calcaire grossier du tertiaire, accompagné de meulière et recouvert de limon, de sable ou bien d’argile. La brie est une région verdoyante pourvue d’une couche argileuse qui s’oppose à l’infiltration des eaux. Elle abrite la forêt de Sénart. Le Gâtinais : le plateau d’altitude moyenne, entouré des riches plaines de Beauce, du Hurepoix et de la brie et fermé au sud par les régions boisées et plus humides de la forêt d’Orléans, de la Puisaye et de l’Othe, est une zone de transition dont l’appellation est liés à la nature des sols qui affecte son paysage. Les cultures se mêlent aux bois. Reproduction interdite

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.1 - DES GRANDS « PAYS » TRADITIONNELS AUX PAYSAGES CONTEMPORAINS 2.1B - DE LA SEINE ET OISE À L’ESSONNE

Détails sur les paysages essonniens du XVIIIe siècle. Des paysages agricoles et structurés par des châteaux et des domaines aristocratiques mettant en scène des jardins, des parcs et des bois.

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.1 - DES GRANDS « PAYS » TRADITIONNELS AUX PAYSAGES CONTEMPORAINS 2.1B - DE LA SEINE ET OISE À L’ESSONNE Cette première délimitation de la région Île de France, divise le territoire en deux pôles Ouest et Est. La Seine et Oise représente un grand département qui englobe Paris. Ce découpage administratif semble mettre en avant une certaine cohérence dans l’organisation du territoire côté ouest. Historique : - 1790 (4 mars) : création du département de Seine-et-Oise (9 districts [Corbeil, Dourdan, Étampes, Gonesse, Mantes, Montfort(-l’Amaury), Pontoise, SaintGermain(-en-Laye), Versailles], 59 cantons), chef-lieu Versailles, superficie 5 600 km² - 1800 (17 février) : création des arrondissements : Versailles, Corbeil, Étampes, Mantes, Pontoise et nouveau découpage des cantons - 1812 : création de l’arrondissement de Rambouillet - 1926 (10 septembre) : suppression des arrondissements d’Étampes et Mantes - 1943 : restauration de l’arrondissement de Mantes - 1962 (7 novembre) : création des arrondissements de Montmorency, Palaiseau, Le Raincy et Saint-Germain-en-Laye - 1964 (10 juillet) : loi sur la réorganisation de la région parisienne prévoyant la création de nouveaux départements - 1965 (25 février) : décret d’application de la loi organisant la mise en place des nouveaux départements sur 3 ans - 1966 (2 juin) : suppression de l’arrondissement de Corbeil-Essonnes, restauration de l’arrondissement d’Étampes, création des nouvelles préfectures d’Évry, Pontoise et Versailles et de l’arrondissement d’Argenteuil - 1968 (1er janvier) : suppression du département de Seine-et-Oise, partagé entre les départements de Carte du Départel’Essonne (198 communes), des Hauts-de-Seine (9 ment de Seine et communes), de la Seine-Saint-Denis (16 communes), Oise de 1830 du Val-de-Marne (18 communes), du Val-d’Oise (185 communes) et des Yvelines (262 communes)

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.1 - DES GRANDS « PAYS » TRADITIONNELS AUX PAYSAGES CONTEMPORAINS 2.1C - LA CARTE DES PAYS

Aujourd’hui, ces quatre grands pays, qui sont largement repris dans les guides touristiques semblent avoir perdu une certaine forme d’identité à l’intérieur du département de l’Essonne, de part l’évolution de l’urbanisation et du recul de l’agriculture qui avait façonné ces paysages à caractère rural. D’autre part, l’apport d’éléments perturbateurs a contribué à l’effacement de certains caractères en banalisant les paysages, tant au niveau départemental que régional. Il faut aussi souligner les effets négatifs liés à la construction et au passage des

grandes infrastructures qui ont favorisé le morcellement, le découpage (politique du zonage), voire l’effacement des fondations et des identités rurales qui permettaient de reconnaître et de lire des paysages reconnaissables par tous.

Carte des pays, d’après la carte Michelin 2003

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.1 - DES GRANDS « PAYS » TRADITIONNELS AUX PAYSAGES CONTEMPORAINS «UN REGARD SUR L’ÉVOLUTION DES GRANDS PAYSAGES D’ÎLE DE FRANCE» La couronne boisée

La morphologie La disposition régulière « en cuvette » des couches géologiques contribue à marquer la centralité de Paris par rapport au Basin Parisien mais c’et surtout le réseau hydrographique qui en a déterminé la morphologie. De la première caractéristique, on retiendra surtout l’effet de couronne donné en particulier par les grands massifs forestiers ; de la seconde, la structure radiale du réseau hydrographique qui a contribué à individualiser les grandes régions historiques et géographiques gravitant autour de la capitale et oriente les axes de circulation et de développement.

Caractère remarquable du paysage d’Ile de France : la disposition en couronnes des grands massifs boisés. Au sud, le massif de Rambouillet et celui de Fontainebleau, réunis par un semis de petits massifs boisés, forment une limite naturelle de l’espace parisien et contribuent à renforcer l’idée de couronne et de développement en cercles concentriques. Au nord, les trois petites forêts de Montmorency, l’Isle-Adam et Carnelle puis le connaissent bien à hauteur de Survilliers trois grandes forêts de Chantilly, d’Halatte et d’Ermenonville bornent l’espace parisien et marquent un seuil que les usagers de l’autoroute A1 connaissent bien à hauteur de Survilliers.

Reproduction interdite - Source : Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île de France

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.1 - DES GRANDS « PAYS » TRADITIONNELS AUX PAYSAGES CONTEMPORAINS Une sensation comparable est ressentie sur l’autoroute A10 (l’aquitaine) quand venant de Paris on émerge sur le plateau beauceron après l’échangeur avec la Francilienne. Une seconde couronne de boisements, très proche de Paris, apparaît plus comme un chapelet que comme une ceinture boisée : forêts domaniales de St-germain et de Marly à l’ouest, de Malmaison, Fausses-Reposes, Versailles, Meudon, Verrières puis Sénart, Notre-Dame, Armainvilliers, Ferrières, Crécy, Brou, Bondy. Enfermées souvent dans l’urbanisation et perdant ainsi leur ouverture et le pouvoir de respiration que donnent des lisières bien dégagées, elles apparaissent plutôt de ce fait comme des parcs forestiers urbains.

La structure radiale D’un point de vue morphologique, le centre de Paris représente la zone de subsidence la plus prononcée du bassin parisien. Paris lui-même, en raison de sa situation au point de confluence de la Marne avec la Seine, repose sur des terrains considérablement déblayés par les deux fleuves. Modelés à la fois par les périodes géologiques d’immersion ou de retrait des eaux et par un réseau hydrographique convergeant vers ce point bas, les faciès morphologiques et paysagers sont variés ; ils sont à l’origine de la différenciation des grands paysages régionaux qui entourent la capitale, même si les facteurs historiques ont accusé par la suite des différences.

Neauphle et de Pontchartrain très près du cœur de l’agglomération parisienne. Le plateau beauceron franchit le massif forestier de Rambouillet pour constituer, dans le Hurepoix, des tables horizontales céréalières dont le plateau de Saclay est l’élément le plus avancé dans la zone d’agglomération du sud de Paris. Le Gâtinais, par le pays de Bière, s’étend jusqu’à Corbeilles et Evry. La Brie s’avance sans rupture de relief depuis la cuesta d’Ile-de-France (à hauteur de Reims et Sézanne) jusqu’aux confins de l’agglomération parisienne à Sénart et Marne-la-Vallée. Le Laonnais, le Soissonnais puis le Valois et les pays de Goële, du Multien, de l’Ourcq et du Tardenois s’étendent par la Plaine de France jusqu’aux limites nord de l’agglomération. Les grandes vallées, Seine-amont, Seine-aval, Marne, Oise qui jouent un rôle prépondérant dans la différenciation des grandes unités régionales, contribuent à relier également celles-ci au centre de Paris. �

Fait remarquable et conséquence de cette centralité géographique, les pays et les régions historiques gravitent autour de la capitale comme les quartiers d’un vaste cadran pointés vers le centre. Le Vexin prolonge jusqu’à Pontoise le Vexin normand et la Normandie au nord de la Seine. Le Mantois, dans le prolongement des différents pays qui composent la Normandie au sud de la Seine s’étend par les plaines de Versailles, de Reproduction interdite - Source : Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île de France

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.2 - CARACTÈRES ET SPÉCIFICITÉS DU DÉPARTEMENT DE L’ESSONNE AU SEIN DE LA RÉGION ÎLE DE FRANCE

Le département de l’Essonne regroupe un patrimoine architectural (châteaux, fermes, églises, lavoirs), culturel (savoir-faire, divers), paysager (parcs et jardins), et environnemental (marais, étangs, bords de rivière et forêts). Ces éléments ont fondé des paysages caractéristiques au sein de l’Essonne, ils sont porteurs d’une identité et constituent des repères dans la découverte du territoire essonnien. - Vallées de la Seine, vallées cachées, cressonnières - Forêts variées et domaines patrimoniaux - Fermes patrimoniales et vastes espaces agricoles - Châteaux emblématiques - Evry

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.3 - DU PASSAGE D’UN GRAND TERRITOIRE À LA MOSAÏQUE PAYSAGÈRE Ces deux cartes permettent de comprendre l’évolution urbaine du département et le morcellement, voir le recul du paysage par rapport à la traversée des infrastructures qui renforcent à l’ouest et à l’est des effets de limites de frontières, en plus des barrières géographiques comme la Seine.

- Disparition progressive de la diversité des usages dans les sites et les paysages au profit de la multiplication des usages monofonctionnels des espaces, conséquence des politiques de zonage.

- Développement des infrastructures, de l’urbanisation, recul de l’agriculture - L’érosion des paysages agricoles et naturels fragiles face à la pression foncière - Le morcellement du territoire par les barrières naturelles, les limites administratives et les réseaux. �

Reproduction interdite

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.4 - DU POINT DE VUE RÉGIONAL AU POINT DE VUE DÉPARTEMENTAL

Ce changement de regard implique un changement d’échelle et une autre manière de considérer les paysages en Essonne. Le point de vue sur le paysage n’est plus « extérieur » au département (Paris, centre de l’Ile de France) mais il devient « intérieur » Ce point de vue « intérieur » nécessite une recherche de cohérence au niveau de la perception et de la construction des paysages dans l’aménagement du territoire essonnien par une concertation des différents acteurs de l’aménagement à toutes les échelles et sur toutes les interfaces.

1 - Un regard extra-départemental, la Région.

Le département de l’Essonne a jusqu’ici été regardé et étudié avec des points de vue très différents.

Ce regard intérieur s’est souvent porté sur des dualités, des contrastes et non sur un ensemble global qui constitue un territoire pluriel et complexe. Ce regard est indispensable pour appréhender les liens et les relations entre ces différents paysages.

Celui de la Région, qui considère cet espace comme un morceau de puzzle important dans le développement politique et économique de Paris et de l’Ile de France. L’Essonne étant considéré comme un support « annexe », un espace contribuant et desservant un grand ensemble territorial. 2 - Un regard intérieur, le Département.

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2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.5 - VERS UNE RECHERCHE DES IDENTITÉS PAYSAGÈRES DE L’ESSONNE Ces différents documents permettent de mettre en lumière les transformations fondamentales des paysages pour aborder les effets mal maîtrisés de l’urbanisation. Les documents anciens font apparaître un territoire qui était fortement cultivé et structuré par de nombreux châteaux et domaines. Ces éléments ont fondé et géré les paysages culturels du département. Il est intéressant de considérer ces entités comme des structures révélatrices de paysage.

Quels sont les paysages qui peuvent caractériser le département ? Quels sont les éléments identitaires de ces paysages ?

Comparaison entre les cartes historiques de la fin du XVIIIe s. et la photo aérienne de 2003. �

Trois exemples démonstrations à l’appui : 1 - De l’Orge à la Seine de Ste Geneviève des Bois à Corbeil 2 - Autour d’Arpajon 3 - Du plateau de Saclay et les coteaux de l’Yvette

Les forêts et les bois

Reproduction interdite - Source : Photo aérienne 2003

Le paysage autour de Corbeil Essonne s’est transformé de manière forte à l’Ouest de l’A-6, où la ville s’est développée dans la plaine. La forêt de Sénart s’est pérennisée au niveau de son plan masse ainsi que les

axes principaux à l’est de la Seine, c’està-dire la N6, la N104 et de la D33. Les coteaux à l’ouest, dominant l’Orge, sont des éléments paysagers à prendre en compte dans la valorisation du territoire.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 29 ]


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PAYSAGE DE L'ESSONNE

2 . Un regard sur les mutations paysagères du département Des grands « pays » traditionnels aux paysages contemporains 2.5 - VERS UNE RECHERCHE DES IDENTITÉS PAYSAGÈRES DE L’ESSONNE

Châteaux et grands domaines Les forêts et les bois

Le paysage autour d’Arpajon s’est largement transformé avec l’étalement urbain de la ville dans son territoire. Les grands axes viaires N20 et la voie ferrée découpent le paysage en sectorisant les grandes masses boisées qui formaient un ensemble homogène dans le passé.

De nombreux parcs et châteaux composaient ce territoire et devaient sans doutes participaient à la structuration des paysages.

Le plateau semble avoir été rongé par l’urbanisation. Les vallées et les coteaux semblent avoir été érodés par les bâtis. Des grandes infrastructures ont remplacé les parcelles cultivées. La photo aérienne donne une image d’un paysage qui semble éclaté et zoné.

Le plateau autrefois, paraît avoir été structuré par des réseaux étoilés, dont un seul subsiste à l’Est de la pointe du plateau. Les masses boisées sont des éléments paysagers à pérenniser dans le sens ou elles créent des transitions importantes dans ce paysage.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 30 ]


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PAYSAGE DE L'ESSONNE

Partie 3

Le carnet de paysages

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 31 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.1 - PRÉSENTATION DE DIVERS PAYSAGES CONTRASTÉS ET CARACTÉRISTIQUES DU DÉPARTEMENT DÉCOUVERTE DE QUELQUES PORTES POUR ENTRER DANS LE TERRITOIRE

> POINT DE VUE «PAYSAGE» Le carnet de paysage est un regard, celui du paysagiste qui traverse, qui découvre, qui lit et analyse les paysages.

Dourdan

Bord de Seine

Châlo saint-Mars

Château de Chamarande

Milly La Forêt

Orly

A6

Moulin Rocher

Bonnevaux

Courdimanche

Dourdan

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Corbeil Essonne

Gare RER de Juvisy

Roinville

N 20

Evry

Juvisy/Orge

Milly La Forêt

Essonne

La première partie de ce carnet révèle des paysages contrastés et divers. La deuxième partie est constituée de thématiques qui permettent d’appréhender les paysages par des séquences, des transitions, c’est-àdire des liens, artificiels ou naturels, qui relient les paysages traversés.

Pour entrer dans le territoire de l’Essonne, il est nécessaire d’ouvrir quelques portes qui offrent des cadres, des regards, des points de vue sur la diversité des paysages essonniens.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 32 ]


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PAYSAGE DE L'ESSONNE

3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.1 - PRÉSENTATION DE DIVERS PAYSAGES CONTRASTÉS ET CARACTÉRISTIQUES DU DÉPARTEMENT

3.1.1 - LES PAYSAGES DE L’ESSONNE, CE SONT À LA FOIS DES GRANDS PAYSAGES OUVERTS ET DES PAYSAGES PLUS INTIMES, PLUS CACHÉS

Zone Commerciale Le Plessis Paté

Bord de Seine

Tousson

N 20

Courdimanche

Ferté Alais

Moulin Rocher

Milly La Forêt

> POINT DE VUE «PAYSAGE» Ces paysages contrastés constituent les premières images fortes qui révèlent les paysages du département : les grands paysages ouverts des plateaux agricoles dans les immenses plaines, les paysages de la vallée de la Seine, les paysages des zones commerciales, puis cette confrontation entre les paysages cultivés et les paysages urbains.

3.1.2 - DES PAYSAGES AGRICOLES ET NATURELS ET DES PAYSAGES URBAINS

Courcouronnes

Tousson

Tousson

Breux-Jouy

Corbeil Essonne

Crosne

Roinville

Evry

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 33 ]


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PAYSAGE DE L'ESSONNE

3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.1 - PRÉSENTATION DE DIVERS PAYSAGES CONTRASTÉS ET CARACTÉRISTIQUES DU DÉPARTEMENT

3.1.3 - DES PAYSAGES HISTORIQUES ET CULTURELS ET DES PAYSAGES MODERNES

> POINT DE VUE «PAYSAGE»

Autour de Cheptainville

Château de Dourdan

Mereville

Milly La Forêt

Au dessus d’Evry

Autour de Cheptainville

Evry traversée

Zone Commerciale Le Plessis Paté

D’un coté la pierre, un matériau naturel associé au bois, aux tuiles, de l’autre des tours de béton, des bâtiments de verre, des tôles et des lotissements pavillonnaires très banals.

3.1.4 - DES PAYSAGES DE BASSINS D’EMPLOIS ET DES PAYSAGES DE LOISIRS

Evry

N 191 entre Ballancourt et Mennecy

Orly

Zone Commerciale Le Plessis Paté

Les 3 Pignons Fontainebleau

Sente de longuetoise

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Des paysages avec des usages et des espaces monofonctionnels, une absence de diversité et de liens entre le socle géographique, les paysages et l’activité.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 34 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.1 - PRÉSENTATION DE DIVERS PAYSAGES CONTRASTÉS ET CARACTÉRISTIQUES DU DÉPARTEMENT 3.1.5 - DES PAYSAGES DE ROUTES PAYSAGÈRES ET DE VOIES CORRIDORS

> POINT DE VUE «PAYSAGE» • D’un côté traverser les paysages, découvrir les sites, inviter le conducteur à prendre la tangente…

Nationale

Nationale

Tourfou

Plateau Vert le Grand

Evry

Réseau RER

Autour de Lardy

Evry traversée

• De l’autre des corridors qui relient Paris aux villes de Province.

3.1.6 - DES PAYSAGES URBAINS TRADITIONNELS ET DES PAYSAGES DE GRANDS ENSEMBLES ET DE LOTISSEMENTS

Corbeil Essonne

Ferté Alais

Etampes

Roinville

Evry

Evry

Les Ullis

Les Ullis

Athis Mons

Ballancourt-sur-Essonne

Vert Le Petit

Autour de Cheptainville

• Une mosaïque de paysages urbains très distincts les uns des autres, révélant une diversité liée à l’histoire de l’urbanisme et aux différentes formes et solutions qui ont été développées en fonction des programmes et des usages.

Ces quelques images permettent d’approcher la diversité et les différentes visions des paysages essonniens

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 35 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.1 - PRÉSENTATION DE DIVERS PAYSAGES CONTRASTÉS ET CARACTÉRISTIQUES DU DÉPARTEMENT 3.1.7 - DES PAYSAGES QUI PARFOIS SE CÔTOIENT SANS SE REGARDER, SE JUXTAPOSENT ET S’OPPOSENT OU SE COMPLÈTENT ET COMPOSENT UN OU DES PAYSAGES ...

Ablon/Seine

Athis Mons

Chilly Mazarin

D 35 entre St Jean Gometz & Champlan

Entre Draveil & Vigneux/ Seine

Entre Draveil & Vigneux/ Seine

Départementale

Breux-Jouy

Etang Vert le Petit

Evry traversée

Forêt de Sénart

Les Ullis

Les Ullis

N 7 entre Evry & Corbeil

N 20

N 20

Palaiseau

Palaiseau

Vert Le Petit

N 7 entre Evry & Corbeil

mais en fin de compte, comment peut-on plus précisément les caractériser ?

> POINT DE VUE «PAYSAGE» Ce regard sur ces quelques paysages met en avant la juxtaposition d’éléments qui se confrontent et qui viennent perturber la vision générale des sites. Les impressions qui en ressortent sont « partagées » entre une certaine incompréhension ou alors une acceptation sans réelle critique : « Pourquoi pas ? ».

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 36 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES > THÉMATIQUES

Cette carte présente les itinéraires des visites de terrain.

1- Autour de l’ Essonne

2- Le villes historiques du Sud-Ouest,

3- Les sources

4- Evry, les Bords de la Seine et la forêt de Sénart

5- La vallée de l’Yvette & les châteaux

6- La vallée de la Seine

7- Le Nord du département

8- L’aqueduc de la Vanne

9- L’A-6 vers le Sud

Reproduction interdite - Source : IGN Scan 25

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 37 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 1 : AUTOUR DE L’ESSONNE

La Ferté-Alais D’Huisson-Longueville Vayres-sur-Essonne Le Pressoir Milly-la-Forêt Oncy-sur-Ecole Tousson Guigneville-sur-Essonne Maisse Courdimanche-sur-Essonne

Courdimanche

Echarcon

La Ferté-Alais

Milly-la-Forêt

Milly-la-Forêt

Tousson

Cet itinéraire devait nous permettre de découvrir les paysages liés à l’eau et à l’Essonne. Les premières impressions et perceptions furent très qualitatives. Des paysages à la fois bucoliques et très qualitatifs autour des rivières, au fond des vallées, faisant succession aux grands paysages ouverts et cultivés des plateaux. Ce premier contraste entre ces deux types de paysages fut récurrent tout au long des visites sur le terrain. La transition entre ces deux paysages se

La Ferté-Alais

faisant souvent par la traversée de bois situés sur les coteaux. Dans les vallées, nous découvrîmes des ambiances paysagères fortes ainsi qu’un patrimoine riche tant au niveau architectural que naturel, avec les châteaux, les lavoirs, les villages, les maisons de villégiatures, puis les cressonnières, les peupleraies, les frênaies, les étangs et les marais.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 38 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL

SUR L’ITINÉRAIRE 2 HISTORIQUES DU SUD-OUEST

Arpajon Breuillet St-Chéron Roinville Dourdan Les Granges-le-Roi La Forêt-le-Roi Etampes Etréchy Torfou Lardy

: LES

VILLES

Essonne

Essonne

Essonne

Essonne

Villelouvette

L’aunay et breuillet

Breuillet

D116

Moulin rocher

La bruyère

La bruyère

Roinville

Cet itinéraire nous emmène vers les villes moyennes du département. Nous découvrons des villes d’histoire, avec des paysages urbains contrastés entre les entrées de ville et leur centre-ville. Leur situation, relativement éloignée des autoroutes semble les épargner des grandes concentrations de zones de logistiques en périphérie des grands axes. Nous avons l’impression d’être dans une ville de province alors que nous sommes à moins d’une heure de Paris. Le contexte paysager environnant est plutôt qualitatif. Le point faible venant plutôt des aménagements artifi-

ciels le long des nationales entre les paysages agricoles péri-urbains et l’annonce de la ville. Les grands paysages de plateaux ponctués parfois par des bosquets, des bois, les routes plantées, créent des rythmes dans la traversée qui mettent en valeur les espaces parcourus. Ces villes patrimoines méritent une valorisation plus importante dans la découverte des paysages essonniens car elles ont joué un rôle dans la structuration et l’évolution des paysages les entourant.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 39 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL

SUR L’ITINÉRAIRE 2 HISTORIQUES DU SUD-OUEST

Arpajon Breuillet St-Chéron Roinville Dourdan Les Granges-le-Roi La Forêt-le-Roi

: LES

VILLES

Roinville

Dourdan

Entre douran et la forêt le roi

Entre douran et la forêt le roi

D386

Etampes

Etampes

Etampes

N20

Tourfou

Tourfou verger

Lardy

Etampes Etréchy Torfou Lardy

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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 3 : LES SOURCES

St-Vrain Bouray-sur-Juine Janville-sur-Juine Gillevoisin Auvers-St-Georges Morigny-Champigny Etampes Chalo-St-Mars Boutervilliers St-Hilaire

Chalou-Moulineux Monnerville Méréville Guillerval Saclas St-Cyr-la-Rivière Arrancourt Fontenette Etampes Mesnil-Racoin

Saint-vrain

Petit Saint-vrain

Lardy château de la Boissière

La Juine

Entre Bouray/Juine et Janville/Juine

Entre Bouray/Juine et Janville/Juine

Janville/Juine

Janville/Juine

Janville/Juine

Janville/Juine

Janville/Juine

Entre Janville et Auvers St-georges

Auvers St-georges

Auvers St-georges

Saint-fiacre

Boissy-le-Cutté La Ferté-Alais Itteville

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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 3 : LES SOURCES Le but de ce parcours consistait à découvrir les séquences, les transitions entre des paysages naturels et les paysages plus bâtis, plus urbanisés, vers les débouchés des vallées au niveau des plaines et des plateaux. En fait, nous fûmes surpris par la grande qualité paysagère de ces lieux et la diversité des architectures qui composent ces paysages. Ces lieux enchanteurs se situaient à la fois loin des grandes villes et en même temps si proches de celles-ci. Ce constat nous amena une réflexion sur la manière de s’inscrire dans le paysage afin de valoriser à la fois la qualité des lieux, le cadre de vie et la démarche à suivre pour mieux concilier l’aménagement du territoire avec les dynamiques urbaines. Les villages et les villes traversées par ces rivières, ces différents affluents avaient un point commun, une relation qualitative entre le site et les éléments naturels, par la présence, de lavoirs, de puits, de quais…

Saint-Fiacre

Saint-Fiacre

Etampes

Etampes

Etampes

Sente de longuetoise

Sente de longuetoise

Cherel

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Châlo Saint-Mars

Chalou moulineux

Chalou moulineux

Chalou moulineux

Méréville source de la Juine

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PAYSAGE DE L'ESSONNE

3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 4 : EVRY & LA SEINE

Evry Corbeil-Essonne Montagne-de-St-Germain Soisy-sur-Seine Draveil Vigneux-sur-Seine Villeneuve-St-Georges Crosne Brunoy Forêt domaniale de Sénart

Etang Vert le petit

Entre Vert & Bondoufle

Entre Vert & Bondoufle

Au dessus d’Evry

Au dessus d’Evry

Evry traversée

Evry traversée

Evry traversée

Entre Evry & Corbeil

Entre Evry & Corbeil

Entre Evry & Corbeil

Entre Evry & Corbeil

Corbeil Essonne

Corbeil Essonne

Corbeil Essonne

Ris-Orangis Bondoufle

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PAYSAGE DE L'ESSONNE

3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 4 : EVRY & LA SEINE Ce parcours devait nous permettre de comprendre l’inscription des villes anciennes et des villes nouvelles par rapport à la traversée de la Seine dans ce territoire. Deux constats s’imposaient : Evry semblait tournait le dos à la Seine, aucune vision de celle-ci, ni aucun itinéraire de découverte entre la ville nouvelle et le fleuve. - Les villes inscrites dans la vallée dans la Seine et leurs paysages semblaient diverger d’une rive à l’autre… La rive orientée vers la Seine et Marne paraissait plus paysagère, plus aménagée de manière naturelle, avec de belles demeures structurant les paysages urbains, ainsi que quelques grands ensembles, Tandis que la rive, côté Evry, paraissait plus urbaine, plus industrielle, plus construite. Ce parcours nous permis de découvrir quelques lieux secrets, le long de la Seine, mais nous fûmes surpris par le peu d’accès au fleuve et l’absence de lieux de pauses, de cafés ou d’espaces récréatifs, mis à part le port aux cerises.

Corbeil Essonne

Corbeil Essonne

Corbeil Essonne

Soisy

Domaine Rgal du bois chardon

Domaine Rgal du bois chardon

Draveil

Draveil

Draveil

Draveil

Draveil

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Entre Draveil & Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

Vigneux/Seine

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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 4 : EVRY & LA SEINE

Evry Corbeil-Essonne Montagne-de-St-Germain Soisy-sur-Seine Draveil Vigneux-sur-Seine Villeneuve-St-Georges

Crosne

Crosne

Crosne

Crosne

Crosne

Crosne

Forêt de sénart

Forêt de sénart

Forêt de sénart

Crosne Brunoy Forêt domaniale de Sénart Ris-Orangis Bondoufle

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 45 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 5 : LA VALLÉE DE L’YVETTE ET LES CHÂTEAUX

Evry Courcouronnes Plessis-Paté avec Alexis Brichard, famille d’agriculteurs Fleury-Mérogis St-Michel-sur-Orge Linas Montlhéry Nozay Orsay

Les Ulis Gometz-le-Chatel St-Jean-de-Beauregard Champlan Palaiseau Vauhallan Saclay Gif-sur-Yvette St-Rémy-les-Chevreuses Les Molières Gometz-la-Ville

Roussigny Briis-sous-Forges Fontenay-les-Briis Bel-Air Arpajon La Norville Leudeville

Autour de Gometz le chatel

Autour de Gometz le chatel

Autour de Gometz le chatel

Autour de St-Jean de Beauregard

Autour de St-Jean de Beauregard

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 35 entre St-Jean Gometz & Champlan

D 36 entre Palaiseau & Vauhallan

Les Ullis

Nozay

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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 5 : LA VALLÉE DE L’YVETTE ET LES CHÂTEAUX

Cet itinéraire nous emmène dans le Nord-Ouest du département, entre une certaine concentration d’espace bâtis, de paysages de plateaux ouverts et cultivés traversés par des pylônes électriques, des réseaux viaires importants (ponts enjambant l’Yvette), les autoroutes, les zones commerciales au milieu de la campagne, bref des paysages relativement chaotiques et désordonnés par rapport aux paysages agricoles péri-urbains qui maintiennent un certain ordre visuel. La rivière de l’Yvette, nous ne l’avons pas vu… La vallée nous a paru densément construite, et les paysages des grands ensembles relativement ordonnés. Les contrastes sont assez saisissants entre les quartiers et le traitement des paysages urbains.

La voiture est reine dans ces paysages… Une forte impression nous a fait pensé que Paris n’était pas loin et que ces morceaux de banlieues étaient des dessertes de la capitale. Ces espaces n’ont plus de liens ni de transitions fortes avec les paysages rencontrées au Sud de la N104. Ce fut un itinéraire assez dense et complexe, dans le sens ou les paysages rencontrés ne représentaient plus ni des images traditionnelles de paysages de villes ordonnées, ni de paysages ruraux structurés. Les réseaux, les routes, les bâtis, la géographie s’entremêlaient pour donner une vision d’une certaine forme de ville qui nous paraissait au premier abord déstructurée.

Palaiseau

Palaiseau

Vauhallan

Vauhallan

Zone commerciale le plessis paté

Zone commerciale le plessis paté

Zone commerciale le plessis paté

Evry Courcouronnes Plessis-Paté avec Alexis Brichard, famille d’agriculteurs Fleury-Mérogis St-Michel-sur-Orge Linas Montlhéry Nozay

Orsay Les Ulis Gometz-le-Chatel St-Jean-de-Beauregard Champlan Palaiseau Vauhallan Saclay Gif-sur-Yvette

St-Rémy-les-Chevreuses Les Molières Gometz-la-Ville Roussigny Briis-sous-Forges Fontenay-les-Briis Bel-Air Arpajon La Norville

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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 6 : LA VALLÉE DE LA SEINE Echarcon Evry Ris-Orangis Grigny Viry-Châtillon Juvisy-sur-Orge

Athis-Mons Ablon-sur-Seine Villeneuve-le-Roi Croisy-le-Roi Thiais Fresnes

Chilly-Mazarin Orly Courcouronnes lIsses

Le parcours le long de la vallée de la Seine et de la forêt de Sénart, nous a confirmé l’effet de limite à la fois naturelle et géographique entre les deux rives, et donc sur la perception du territoire Nord-Est essonnien qui semble s’orienter naturellement vers la Seine et Marne plutôt que vers Evry et l’Essonne. De plus cette vallée très urbani-

Ablon-sur-Seine

Athis-Mons/Seine

Orly

sée nous paraîtrait être un lieu clé au niveau des enjeux paysagers afin de retrouver des liens, des séquences et des transitions entre le fleuve et son territoire.

DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 7 : LE NORD DU DÉPARTEMENT Evry Ris-Orangis Viry-Châtillon Juvisy-sur-Orge Athis-Mons La maison de la banlieue avec François Petit, Directeur Morangis Chilly-Mazarin Longjumeau La Ville-du-Bois Montlhéry

Linas Arpajon Boissy-sous-St-Yon Avrainville Cheptainville Lardy Chamarande Gillevoisin Bouray-sur-Juine St-Vrain

Ce parcours nous fait emprunter la N7, jusqu’à Orly, jusqu’aux portes de Paris. L’aéroport occupe une place importante dans le territoire et les paysages sont connotés années 70 au niveau des infrastructures. Les zones de logistiques, les autoroutes, les nationales filent vers Paris.

Chilly-Mazarin

Cité Le Noyer Renard

Entre Ris Orangis et la RN 7

RN 7

C’est un espace de desserte pour la capitale. Les paysages traversés sont peu valorisants, il n’y aucune référence culturelle ou paysagère qui parle du département, alors que cette porte des airs pourrait être un lieu intéressant pour mettre en lumière des spécificités liées à L’Essonne.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 48 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.2 - PRÉSENTATION DES ITINÉRAIRES ET DES THÉMATIQUES DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 8 : L’AQUEDUC DE LA VANNE Ballancourt-sur-Essone Chevannes Champcueil Beauvais Dannemois Courances Milly-la-Forêt

Maisse Courdimanche-sur-Essonne Vayres-sur-Essonne La Ferté-Alais Itteville St-Vrain

Un lieu et un paysage étonnant. Cet aqueduc traverse le paysage, et depuis son toit, le promeneur peut découvrir des panoramas très valorisants sur les espaces environnants. Dans les faits, cet aqueduc, n’est ni une promenade, ni un support de lectures paysagères… Il est interdit de l’emprunter. Dommage, car ce type de réseau pourrait offrir un fil pour parcourir les paysages qui composent son environnement.

Château du Saussay

Chevannes aqueduc

Chevannes aqueduc

Chevannes aqueduc

Loutteville

Courances

Courances

Le cresson de source de Vayres

D 74 Chevannes

A-6

A-6

A-6

A-6

A-6

DÉTAIL SUR L’ITINÉRAIRE 9 : L’A-6 VERS LE SUD A-6 entre Evry et Malsherbes Cette autoroute traverse l’Essonne… Elle ne fait que traverser. Les paysages sont peu valorisés, les abords sont assez communs. Peu d’éléments paysagers représentatifs sont visibles le long du parcours. Le conducteur traverse des grands paysages agricoles assez monotones, quelques masses boisées, puis traverse un paysage mixte (agricole et urbain) avant de rentrer dans un paysage de grands réseaux et d’espaces urbanisés.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 49 ]


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3 . Le carnet de paysages Découvertes thématiques des paysages essonniens au cours des visites de terrain 3.3 - UN MOT SUR LES MOTIFS PAYSAGERS

Suite à ces visites de terrain, nous avons perçus des éléments récurrents qui nous paraissent parler des paysages essonniens. Nous les avons nommés motifs, dans le sens où ceux-ci se présentaient souvent sur l’ensemble du département. Les motifs les plus importants réunissaient les châteaux (ceux-ci étaient intéressants dans le sens où ces constructions sont liées à des créations de paysages), les lavoirs, les puits, qui sont associés aux paysages d’eau et de vallées. Les motifs agricoles réunissaient les grandes fermes agricoles et les champs céréaliers, des motifs constants sur l’ensemble du territoire.

Les boisements étalés et situés sur les coteaux nous paraissaient être des motifs paysagers dans le sens où ils créent des transitions entre les vastes paysages ouverts, puis ceux plus intimes des vallées. Le pavillon, la gare de train ou de RER, composent des motifs urbains récurrents sur tout le département. La « boite de stockage » est un motif des zones commerciales qui longent les grandes infrastructures. Ces motifs paysagers nous permettaient d’appréhender le paysage du département non en fonction de son échelle mais en fonction des situations paysagères qui caractérisaient nos parcours.

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 50 ]


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PAYSAGE DE L'ESSONNE

Partie 4

Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue

[ Plan Paysage de l’Essonne ] Octobre 2OO5 [ 51 ]


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PAYSAGE DE L'ESSONNE

4 . Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain QUEL EST LE SENS DU PAYSAGE CONSTRUIT PAR LES STRATES D’OCCUPATIONS NATURELLES ET HUMAINES EN ESSONNE ? Á PARTIR DES DIVERSES CONCLUSIONS DES ANALYSES ÉTABLIR UN BILAN DE L’ÉTAT DU PAYSAGE OU DES PAYSAGES EN ESSONNE

4.1 - LES POINTS DE VUE ET REPRÉSENTATIONS SUR LE PAYSAGE

Absence totale de vision globale sur la perception des paysages à l’échelle départementale.

Les études présentent une vue partielle des paysages essonniens dans la mesure où aucun document ou étude globale n’existe sur les paysages du département, ce qui justifie la finalité de la présente étude du Plan Paysages. La sectorisation des études établies sur des périmètres restreints à des considérations administratives ou géomorphologiques ainsi que l’approche sectorielle ou spécialisée du site d’étude donnent une vision limitée des paysages car l’angle de vue est étroit. Alors que les visites de terrain permettent à priori, une vue tous azimuts à travers le département. Cependant, le paysage se compose sous le regard de l’observateur, et le récit ou l’image qu’il en donne est une interprétation de la réalité selon les éléments qu’il donne à voir. Se pose donc le problème du point de vue du regard et de la représentation du paysage. Les reliefs du département offrent parfois des points de vue remarquables sur les sites et permettent d’embrasser le paysage. Mais ces belvédères ne sont pas mis en valeur ou sont mal signalés. La carte des points de vues panoramiques d’Île de France incluse dans l’étude des paysages d’Île de France de la Région mentionne quelques points de vue en Essonne : Juvisy, Viry-Châtillon, St-Germain-les-Corbeils, Plessis-Chênet, Etampes, Dourdan, St-Jean-de-Beauregard, Villebon-sur-Yvette, Palaiseau. Des repérages complémentaires pourraient mettre en évidence d’autres points de vue dans le département. En parcourant le terrain les vues sont dégagées, obstruées ou cadrées par les masses végétales ou bâties. Les points de vue sont multiples mais

la traversée du département par les grandes infrastructures autoroutières et lignes TGV, ne permettent pas de voir le paysage ou ne laisse percevoir qu’une vision étroite. En effet, là où il n’y a ni remblais ni murs antibruit latéraux, la vue est bloquée par des grandes constructions de type entrepôts qui se sont installés là en vitrine. Le morcellement des études se retrouve sur le territoire surtout au nord du département qui est traversé par les grandes infrastructures (autoroutes, ligne TGV, ligne HT, Francilienne) qui constituent des barrières artificielles. Pour les réseaux terriens, elles posent des problèmes de franchissement de l’espace. Le manque de transversalité géographique des études se retrouve donc parfois sur le terrain au niveau de ce découpage du territoire par les réseaux qui ont été tracés « en étoile » depuis le centre de Paris. Les deux autoroutes A6 et A10, isolent respectivement, à l’est une partie du département qui de plus, est sise de l’autre côté de la Seine qui nord du département, et à l’ouest, Palaiseau, le plateau de Saclay et la vallée de l’Yvette. Il faut prendre d’autres voies que ces corridors, trouver des « chemins de traverse » pour se rendre compte de la richesse des paysages. Le maillage des routes départementales de tout le sud du département permet des parcours diversifiés. Cependant, les itinéraires thématiques de découverte du département sont rares, la signalisation routière est la seule indicatrice des lieux. Le réseau ferré ancien est un autre moyen de pénétrer à l’intérieur du territoire pour découvrir les paysages avec une certaine cohérence. En effet, les voies suivent généralement le fond des vallées, parfois même le bord de l’eau. Certes, la vision est assez étroite et la découverte linéaire mais agréable car intimiste ; on découvre le paysage de « l’intérieur ». Des itinéraires paysagers pourraient être étudiés tant par la route que par le rail en associant des points de d’information dans les gares. La gare de Juvisy, par exemple, pourrait être reliée au point de vue belvédère sur la vallée de la Seine.

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4 . Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain 4.2 - LE BILAN DES ÉTUDES ET DES PROJETS SUR LE TERRAIN

Malgré l’alerte donnée par les professionnels du paysage et de l’aménagement, malgré les propositions d’actions et les démarches énoncées dans les études, le paysage n’a pas été prise en compte ou très peu dans l’aménagement du département. Des projets et quelques réalisations témoignent d’une volonté des acteurs locaux d’agir en faveur du paysage mais cela n’est pas suffisant. Souvent la pression foncière pour le développement de l’activité ou de l’habitat a été plus forte que la volonté de construire les paysages de l’Essonne. Le Plan d’Actions Paysagères du Plateau de Saclay n’a pas été assez solidement défendu par la collectivité pour concilier la préservation du paysage et la construction de nouveaux pôles d’activités. Les effets du zonage monofonctionnel de l’espace sont visibles sur le site qui présente une succession de gros bâtiments et de parkings dont la juxtaposition ne crée ni un morceau de ville ni un morceau de paysage. Certains projets d’aménagement visant à mettre en œuvre la valorisation de l’agriculture périurbaine et la réalisation de la Ceinture verte ont vu le jour sur certains sites et ont donnés des résultats très positifs. Il en est ainsi du projet du « Triangle Vert » regroupant les communes maraîchères du Hurepoix de Marcoussis, Nozay, Villebon-sur-Yvette, Saulx-les-Chartreux et Champlan. Le projet de coulée verte initiée par l’Agence des Espaces Verts régional inscrit dans les documents d’orientation et repris par les communes de Ballainvilliers, Epinay-sur-Orge et Villiers-sur-Orge a fait l’objet d’un projet d’aménagement de cette « coulée verte » intangible autour de laquelle l’urbanisation doit s’organiser et qui constitue un maillon de la Ceinture verte régionale.

Le grand projet régional de Ceinture Verte inscrit au Plan Vert régional n’a pas beaucoup avancé en 20 ans. Les préconisations faites pour le maintien des espaces ouverts verts ou agricoles, forêts ou friches, espaces verts ou espaces sportifs de plein-air, en vue de la constitution de cette couronne, n’ont pas été suivies par tous les élus locaux. Certains d’entre -eux n’ont pas adhéré au projet et par conséquent n’ont pas agit en faveur du projet et ont laissé l’urbanisation occuper ces terrains. (Hippodrome de Bondoufle ?) Les études sur les berges de Seine ont généré des projets d’aménagement de berges, de quais, de valorisation de zones humides (étangs de Grigny), de création de la base de loisir de Draveil -Port aux Cerises mais il reste encore beaucoup à faire sur le site de la vallée de la Seine. Les études des vallées de l’Orge, de l’Yerres et de l’Essonne, et de la Juine faites par la Région ont été suivies par des actions ponctuelles de réaménagement de berges, valorisation de la confluence (Orge et Seine) ou autre actions d’ordre environnemental qui requalifient les lieux. Les études très sectorisées dont le point de vue est très spécialisé ont peut-être bénéficié de plus d’écho auprès des acteurs locaux qui ont mis en œuvre des actions de renaturation, protection, acquisition…d’espaces naturels. Ces actions peuvent être parfois fastidieuses à mettre en place mais leur cadre juridique et technique est compréhensible par les élus qui en apprécient la valeur « fonctionnelle ». En revanche, les projets de paysage sont plus difficiles à faire comprendre aux élus, portes – parole des citoyens, dont la priorité est le développement économique et démographique de leur commune, tout en voulant préserver un cadre de vie agréable. Des contradictions apparaissent et laissent perplexes les élus et les habitants devant des situations critiques : le lotissement ou le supermarché ne sont pas « intégré » au paysage champêtre.

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4 . Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain 4.3 - DE L’IDENTITÉ ET DES SPÉCIFICITÉS PAYSAGÈRES DE L’ESSONNE

4.3.1 - UN DÉPARTEMENT QUI AFFIRME SON APPARTENANCE À L’ÎLE DE FRANCE

- Les pays et les grands paysages d’Île de France traversent et se rencontrent dans le département - La Seine passe dans le département, elle est un élément majeur de l’Île de France, fleuve historique de la fondation de Paris. - Les grandes infrastructures témoignent de la position de l’Essonne comme « Porte sud » de l’Île de France (réseaux routiers et ferrés, aéroport, aqueduc…) - La Ceinture Verte est un projet du Plan Vert régional auquel le département adhère ; elle fédère un ensemble d’espaces ouverts (agricoles, espaces verts, espaces de loisirs, forêts, parcs, jardins) qui dessinent cette couronne verte autour de Paris

4.3.2 - UN DÉPARTEMENT QUI CHERCHE SON IDENTITÉ

Jusqu’aux lois de décentralisation, l’entité régionale et la direction nationale ont fédéré les départements d’Île de France par une centralisation forte des pouvoirs et par conséquents des grandes infrastructures du territoire francilien. En Essonne, cette centralisation a produit un effacement progressif des structures révélatrices et fondatrices des paysages qui ont été repéré dans les études et sur le terrain. La collectivité départementale cherche à définir les grandes orientations pour l’aménagement de son territoire. Or, jusqu’à présent, les études qui donnent une vision d’ensemble sur le département sont issues des instances régionales dont le point de vue ne peut de fait être le même que celui du département. L’un cherche une cohérence entre Paris et les départements de l’Île de France, l’autre, cherche son identité propre par rapport à la région et autres départements.

Parallèlement chaque commune qui bénéficie d’une certaine autonomie de décision depuis les lois de décentralisations, cherche à définir sa spécificité en terme d’aménagement tout en renforçant la concertation avec les autres communes et le lien avec la collectivité départementale ; tel est entre autres l’objectif de La loi SRU, des schémas directeurs départementaux, des contrats de plans.

Les repères locaux Le département de l’Essonne posé sur un socle géographique riche en reliefs, en cours d’eau et en forêts. Il est encore constitué de vastes étendues cultivées sur les plateaux, d’une mosaïque agricole en périphérie des zones urbaines, de grands cordons boisés dans les vallées, d’anciennes forêts royales et seigneuriales sur les plateaux, de marais dans les basses vallées. Les cartes du relief (2000), des espaces naturels sensibles (2003) et de l’occupation du sol (1998) donnent un aperçu de cette richesse naturelle et cultivée. La carte de l’occupation du sol fait apparaître clairement les concentrations urbaines au nord du département et un vaste territoire rural au sud. A l’est et au centre du département, le territoire du Centre Essonne Seine Orge, en interface avec le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne : une zone de confluence majeure qui réunit des cours d’eau importants (l’Orge, l’Yvette, l’Essonne, la Seine) et des espaces naturels sensibles majeurs (marais des Joncs Marins, marais de Fontenay, cirque de l’Essonne), de grandes forêts (Sénart,Rougeau), des grandes infrastructures (A6, RN 7, Aéroport Orly, gare de triage de Juvénile, l’aqueduc de la Vanne), des équipements régionaux ( base de loisirs de Draveil, base nautique de Viry-Grigny, prison de FleuryMerogis), le gênopôle, la ville historique de Corbeil et la ville nouvelle d’Evry. La Seine, la RN7 et la ville d’Evry, centralisent les intérêts de ce territoire centre-est.

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4 . Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain 4.3 - DE L’IDENTITÉ ET DES SPÉCIFICITÉS PAYSAGÈRES DE L’ESSONNE

Á l’ouest, le territoire de Massy Palaiseau, plateau de Saclay en interface avec le département des Yvelines et des Hauts-de-Seine : une « pointe » avancée des plateaux du Hurepoix (plateau de Saclay, plateau de Limours, plateau de Nozay, plateau de Marcoussis) bordés par des cours d’eau urbanisés dans leur basse vallée (l’Yvette et l’Orge), des buttes, des forêts et des châteaux (Buttes du Hurepoix, Forêt de la Roche-Turpin, Bois des Grès et de la Tête ronde, Bois de Verrières, domaine de St-Jean-de-Beauregard, , domaine de Courson…), des grandes infrastructures (A10, RN20 et ligne TGV) le CEE et les villes de Massy et Palaiseau. L’Yvette, le plateau de Saclay et Palaiseau centralisent les intérêts de ce territoire ouest.

Le sud du département apparaît encore largement rural avec d’un côté le Parc Naturel Régional du Gâtinais P.N.R. et Milly-la-Forêt, et de l’autre les grands plateaux cultivés, les châteaux et domaines historiques (Chamarande, Méréville, Jeurre…) et les sources (Juine, Eclimont, Louette, Chalouette, Renarde, Orge) d’un grand nombre de rivières du département. Deux pôles urbain en plein essor se distinguent : Doudan sur la Remarde et Etampes sur la RN 20, à la confluence de la Juine, de la Louette et de l’Eclimont. La RN 20 entre Arpajon et Etampes se profile comme axe d’extension du développement économique.

L’Orge, la RN20 et la ville d’Arpajon semblent être à l’interface de ces deux grands territoires : la rivière comme lien naturel, la route comme axe charnière et la ville comme point de basculement entre le nord et le sud du département à la croisée de la RN20 et de l’Orge. La Francilienne relie ces territoires d’est en ouest, croise les grandes infrastructures et traverse une frange périurbaine entre le nord urbain et le sud rural.

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4 . Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain 4.3 - DE L’IDENTITÉ ET DES SPÉCIFICITÉS PAYSAGÈRES DE L’ESSONNE Des grands paysages ouverts : • les plateaux agricoles • le plateau d’Evry • la vallée de la Seine Des paysages intimes : • les sources • les marais • les vallées boisées • les grandes forêts • les grands domaines et parcs historiques Les effets du zonage qui fragmente le paysage et défait les liens existants qui identifient et caractérisent

les paysages de l’Essonne. Les effets de l’étalement urbain qui produit une banalisation du paysage sur l’ensemble du territoire par l’érosion des paysages ruraux au profit d’une urbanisation massive pour l’habitat ou l’activité. Le lotissement pavillonnaire ou les zones d’activités (commerciales, industrielles et technologiques ou de stockage), s’étalent sur des terres arables et s’étirent le long des routes en tournant le dos au paysage existant.

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4 . Les paysages essonniens à la croisée des regards et des points de vue Synthèse croisée des analyses critiques des études et des visites de terrain 4.3 - DE L’IDENTITÉ ET DES SPÉCIFICITÉS PAYSAGÈRES DE L’ESSONNE 4.3.3 - LES EFFETS NÉGATIFS DE L’URBANISATION QUI NE REGARDE PAS LE PAYSAGE

L’implantation des autoroutes et de la ligne TGV en déblais par rapport au terrain naturel, crée un effet de corridor routier sans vue sur le paysage ; les talus surmontés de murs antibruit bloquent le bruit (c’est leur raison d’être) mais aussi la vue. Ces espaces de transit rapide sont déconnectés du territoire et ne s’ouvrent qu’aux échangeurs pour des raisons de desserte uniquement. La continuité de l’urbanisation le long des routes nationales produit le même effet de masque sur de longues séquences. De plus, l’aménagement d’une rive à l’autre des voies n’est souvent pas mis en correspondance renforçant l’effet de rupture des continuités paysagères. Les effets du morcellement du territoire par les constructions humaines, en premier, celles liées aux grandes infrastructures, s’affranchissent du socle paysager et créent des problèmes de franchissement : barrières artificielles physiques et parfois visuelles qui se juxtaposent aux barrières naturelles que sont la Seine, la Grande forêt de Sénart. Le parcours du territoire départemental ainsi rendu plus difficile, cloisonne l’espace et amoindrit les échanges. Le manque de mixité activité/habitat/loisirs et la création de grandes zones destinées soit au commerce de grandes surface, soit à l’activité technologique ou logistique, crée un zonage monofonctionnel de l’espace qui fragmente la toile paysagère en autant de pièces fonctionnelles entre lesquelles il manque un lien. Cette juxtaposition d’espaces fonctionnels ne crée pas

de lieux de convivialité et d’échanges entre les citoyens et renforce l’éloignement de l’homme avec une nature domestiquée, celle des parcs, des jardins, des cultures. Ce zonage ne fabrique pas les transitions d’un espace à un autre, il crée des limites souvent grillagées et brutales entre l’espace policé et l’espace sauvage. Le citadin d’aujourd’hui perd progressivement la culture du jardin : son espace maison se rétrécit, son jardin aussi. Les sociologues ont noté qu’aujourd’hui, il recherche plus une nature « sauvage » qu’une nature jardinée. Ces espaces sauvages sont proches mais petits (nature interstitielle, friche, petit jardin urbain) ou grands mais lointains (hors de la Région, hors de France). Le développement des pavillons et des entrepôts ou grandes surfaces commerciales aux abords immédiats des centres urbains ou le long des grandes voies, se fait sous le mode de l’étalement en « tache d’huile » ou de l’étirement en « ruban ». Les effets de l’étalement urbain produit une saturation de l’espace, une imperméabilisation du sol et une disparition des profondeurs des champs de vision. En effet, la continuité bâtie asphyxie le regard et l’espace qui ne voit plus l’horizon mais les égouts de toitures. De plus, la monotonie des constructions de petite échelle comme la maison ou de grande dimension comme l’entrepôt, associée à la répétition en masse de modèles standard produit un effet de banalisation qui s’oppose à la diversité des paysages naturels ou des villes.

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Partie 5

Les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne

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5 . les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne Pour une prise en compte du paysage dans l’Essonne 5.1 - LES ESPACES CLÉS

5.1 - LES ESPACES CLÉS

Les études ont désigné des espaces clés : - Sur les grands ensembles paysagers représentatifs des grands paysages d’Île de France : plateau de Saclay, Plateau de Nozay-Orge - Les vallées - Les berges de Seine

Les visites de terrains ont permis de valider des espaces clés des études et d’en dégager d’autres.

Á l’échelle des grands paysages régionaux : La vallée de la Seine est un vaste espace de confluence qui croise le territoire de C.E.S.O et s’inscrit dans les grands paysages d’Île de France, dans l’histoire de la Région et de la capitale. Associée en Essonne aux forêts royales de Sénart et de Fontainebleau, à la ville nouvelle d’Evry et la ville historique de Corbeil, elle est un élément majeur et fondateur des paysages franciliens et des paysages essonniens. Elle est une zone de confluence des rivières, des réseaux, des intérêts économiques, elle est riche en histoire.

En contre point : - La pointe du Hurepoix, - Les plateaux de la Beauce et du Gâtinais L’ensemble constitue deux vastes espaces clés qui inclus l’arc boisé Fontainebleau – Rambouillet et la couronne rurale.

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5 . les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne Pour une prise en compte du paysage dans l’Essonne 5.1 - LES ESPACES CLÉS

Á l’échelle des paysages départementaux : Autour de nouvelles polarités urbaines du secteur sud du département, autour des villes de Etampes et Dourdan, deux villes historiques qui attirent de nouveaux habitants en quête d’un cadre de vie où la campagne est toute proche et la ville petite. L’afflux de population et le développement des activités menacent la préservation des paysages s’il n’y a pas de projet paysager Autour de la RN20 axe structurant qui traverse le département du nord et sud, des espaces les plus urbanisés aux espaces les plus ruraux en passant par Arpajon une ville charnière entre la vallée de la Seine et la vallée de l’Orge, la ville d’Etampes au cœur des paysages ruraux du sud, et le plateau de Nozay la plaine de Ballainvilliers au nord Autour de grands espaces naturels sensibles, les marais de Fontenay et d’Itteville en relation avec les zones urbaines au nord des villes de Mennecy et Corbeil et les zones rurales au sud de la Ferté-Alais, les buttes du Hurepoix. Ces ENS créent des liens entre les territoires séparés par des infrastructures

1 - Les plateaux du Hurepoix (Saclay, Limours, Nozay) avec les vallées associées (Yvette, Remarde) 2 - Les plateaux de la Beauce et le parc du Gâtinais associés aux nombreuses vallées

3 - Le plateau d’Evry, la vallée de la Seine et ses affluents, la forêt de Sénart et de Rougeau

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5 . les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne Pour une prise en compte du paysage dans l’Essonne 5.2 - LES ENJEUX Paysages urbains et périurbains Les études ont mis en lumière un certain nombre d’enjeux forts qui sont toujours d’actualité. Les situations critiques du paysage en Île de France et en Essonne en particulier, décrites dans les études se sont développées depuis 10 ans. Le bilan des SIEP datant de 2004 fait le constat d’une urbanisation croissante du territoire dont les enjeux prioritaires se portent sur les zones périurbaines et les zones urbaines : • Maîtrise de l’étalement urbain • Préservation de la ceinture verte et du patrimoine naturel • Densification des centres urbains • Renforcement des villes centres Les enjeux autour de la valorisation de l’agriculture périurbaine se confirment dans les études et se le terrain par la présence de terres cultivées aux franges des villes qui sont menacées par de nouvelles constructions si aucune volonté politique n’est exprimée en faveur de leur maintien non pas en tant que réserve foncière mais comme espace nécessaire à la ville. Un enjeu est énoncé sur la mise en œuvre de la Ceinture verte régionale. Il est de taille car il nécessite l’adhésion d’un nombre important d’élus départementaux et communaux pour porter le projet et assurer sa réalisation. Depuis sa création sur le papier en 1987, il s’est avéré que les autres espaces de cette couronne à protéger ou à acquérir par les collectivités n’ont pas tous résisté à la pression foncière. Le projet de ceinture verte est toujours

en attente d’un nouveau souffle. Certes, si ce projet est adopté comme un projet phare, il est urgent d’assurer une protection voir une maîtrise foncière des espaces ouverts inscrits dans cette couronne. Parallèlement, il serait utile de réfléchir sur sa matérialisation. En effet, cette ceinture qui a été dessinée schématiquement telle une couronne verte inscrite entre deux rayons (10 et 30km) du centre de Paris, comment va-elle prendre forme ? Elle est constituée de terres cultivées, de friches, d’espaces verts, d’espaces de sport, de parcs et de jardins, mais encore ? Faut-il la signaler comme la Médiane de l’an 2000 ? La baliser comme une forêt royale de chemins et de signes ? Comment l’identifier au niveau du département, de chaque commune ? Il y a là un enjeu de paysage qui met en lumière l’importance du point de vue et de la représentation du paysage, de son inscription sur le sol et de sa construction. Quel est le paysage de la Ceinture verte ?

Paysages naturels et ruraux Des enjeux importants portent également sur la préservation de sites naturels majeurs qui d’un point de vue environnemental jouent un rôle majeur dans l’équilibre écologique du territoire essonnien et francilien et d’un point de vue paysager constituent un espace de transition entre les zones urbaines et zones rurales qui répond à la demande des citadins d’espaces « sauvages » ou d’espaces de « vrai nature ». LES PAYSAGES « TACTILES » DES MARAIS OU PAYSAGES « VISUELS » DES BUTTES.

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5 . les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne Pour une prise en compte du paysage dans l’Essonne 5.2 - LES ENJEUX

Les visites de terrain ont permis de faire émerger un enjeu sur la valorisation des richesses cachées du département à la découverte de PAYSAGES INTIMES : • Création d’itinéraires paysagers • Création de points de vues belvédères sur le paysage • Aménagement des confluences de rivière

Les enjeux sont aussi sur l’espace rural, sur le maintien des grandes études cultivées des plateaux et du sud du département comme des motifs forts et représentatifs de la Beauce, du Bassin parisien. Ces paysages plats et ouverts qui permettent d’apercevoir au loin un clocher, un arbre isolés ou des arbres en alignement le long d’une route départementale, des routes qui se promènent à travers champs où le ciel est bas et les nuages grandioses, sont des GRANDS PAYSAGES que des Japonais admirent tant ils ne connaissent pas ces paysages chez eux.

Le paysage de la Seine Enfin, la Seine et ses méandres est l’élément majeur d’un autre GRAND PAYSAGE de vallée fluviale où les enjeux paysagers sont multiples et regroupent l’ensemble des enjeux énoncés précédemment. Elle focalise les regards, les intérêts, les histoires locales et régionales, elle est le lieu d’une invention paysagère perpétuelle.

Les visites de terrain ont montré que les enjeux étaient toujours les mêmes, et qu’il était urgent d’en tenir compte pour préserver une qualité de vie dans le département, pour promouvoir une autre image du département et de parler de paysage, de communiquer, de mettre en œuvre des projets paysagers à grande échelle et à petite échelle.

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5 . les espaces clés et les enjeux du paysage dans l’Essonne Pour une prise en compte du paysage dans l’Essonne 5.3 - LA PLACE DU PAYSAGE DANS L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET LE CADRE DE VIE DES ESSONNIENS

CONSIDÉRER LE PAYSAGE EN AMONT D’AMÉNAGEMENT MAL ABOUTIES.

DANS LES SCHÉMAS D’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, PLUTÔT QU’EN DERNIER RECOURS POUR CICATRISER LES OPÉRATIONS

Le cadre de vie Le cadre de vie recherché et désiré par tous doit s’établir comme un compromis entre les temps du paysage et les temps du politique. Besoin du citadin de vivre proche de la nature, connaître pour respecter et mettre en valeur Un cadre de vie favorable à l’épanouissement du citadin permet de mieux vivre ensemble et avec la nature Favorise une meilleure intégration du citadin dans la cité et dans la nature. Environnent naturel et urbain

Le paysage n’est pas une marchandise le paysage n’est pas une marchandise mais un bien collectif culturel, un patrimoine vivant et mouvant qu’il est nécessaire de protéger, de valoriser et de construire en le prenant en compte en amont de tout aménagement du territoire et non dernier recours pour cicatriser des territoires défaits.

« L’économie du paysage » Absence de volonté politique dans la mise en valeur et la prise en compte prioritaire des paysages dans les choix d’aménagement des territoires au profit d’une vision à court terme dictée par l’économie et le calendrier électoral

« Le temps du paysage » Les paysages actuels sont le résultat des interactions entre l’homme (les constructions humaines, l’économie, la culture…) et son environnement. Ce long processus s’inscrit dans une géographie, dans une histoire et des temps différents : le temps lié à la nature et le temps lié aux hommes et à ses inventions. Il est aujourd’hui confronté à des temps politiques, économiques et technologiques qui sont conflictuels et défavorables à la construction des paysages qui nécessite des temps d’adaptation et de développement plus longs.

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