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Illettrisme Entretien exclusif
LUC FERRY Politique territoriale de mobilité
ALAIN ROUSSET Plus d'Europe & d'international Martinique Shanghai
L'événement
"YOUTH ON THE MOVE" ANDROULLA VASSILIOU
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2f.fr 1
Soleo
Sommaire 03 Édito Jean BERTSCH Directeur général Agence Europe-Education-Formation-France
04 L’essentiel • Youth on the move : renforcer l’aide aux jeunes européens. Androulla VASSILIOU
08 Entretien • En exclusivité pour Soleo : L’inquiétante progression de l’illettrisme. Luc FERRY
10 Rendez-vous 2010 • La mobilité questionnée : retour sur le congrès de Bordeaux La lettre et l’esprit. Marie-Pierre CHALIMBAUD
12 Point de vue • Erasmus : le palmarès des universités françaises • Erasmus Mundus. Résultats de l’appel à propositions 2010
16 Langues • Quelle politique linguistique dans les cursus Erasmus Mundus ? Jean ETOURNEAU
18 Zoom • La mobilité internationale : un levier contre les décrochages et l’exclusion. Patrice DELÈGUE • Une future élite apprend à désapprendre. Hugues DERYCKE en collaboration avec Laurent BIBARD • La compétence clé : Apprendre à apprendre. Jean-Pierre FAMOSE
Prochaine parution : Soleo n°25 21 Décembre 2010
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22 Plus d’Europe et d’international Martinique : • La Martinique et la mobilité des jeunes. Sébastien THIERRY Shanghai : • Shanghai universelle. Jean BERTSCH • 2e forum d’éducation et de formation tout au long de la vie 22-23 juillet • L’appel de Shanghai : témoignages de jeunes expatriés
28 Territoires • Vers un Erasmus des élus locaux. Fabrice LACHENMAIER
29 Partenaires • Une véritable politique territoriale de mobilité. Alain ROUSSET
30 Brèves d’agence • Nouvel organigramme de l’Agence 2e2f
Ecrivez à Soleo ! soleo@2e2f.fr
Édito © Sophie Pawlak
n°24 - septembre 2010
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’est la rentrée et bien sûr Soleo souhaite qu’elle soit pour vous fructueuse et porteuse de mobilité. Jamais les conditions n’ont été aussi optimales pour un séjour en mobilité, que ce soit une mobilité pour les étudiants, les apprentis, les scolaires, les enseignants ou d’autres encore. L’idée de mobilité transnationale est aujourd’hui encouragée, propulsée, confortée, valorisée à tous les niveaux. D’un autre coté, jamais l’Europe n’a été aussi proche, aussi attractive, aussi ouverte à la mobilité. La Commission européenne encourage tous ses ressortissants à intégrer l’idée de mobilité dans leurs parcours pour la formation tout au long de la vie. Du 14 au 16 octobre, l’ensemble des agences européennes entou-
rant des milliers de jeunes seront présents à Bordeaux pour une grande manifestation autour de la mobilité, en présence de nombreuses personnalités dont la Commissaire européenne Androulla Vassiliou. Cette opération Youth on the Move s’inscrit comme précurseur des nouveaux programmes européens pour l’horizon 2014 ; elle est accompagnée par l’agence nationale française ; par définition, elle est ouverte à tous, dans une ambiance qui se veut amicale, chaleureuse et festive. Mais la mobilité peut aussi s’organiser audelà des frontières continentales. À partir de ou vers les territoires et départements d’outremer par exemple. La zone d’influence de l’Europe peut en effet largement s’exercer dans ces recoins du monde qui sont aux antipodes de Bruxelles. Elle peut aussi se concevoir encore plus loin et l’exemple de ces jeunes « western » en mobilité à Shanghai, dans le nouvel Eldorado chinois, que nous présentons dans ce numéro de Soleo, en est une illustration. Plus que jamais il faut donc penser mobilité et élaborer votre propre projet de formation transnationale. La culture de la mobilité est en train d’offrir des perspectives immenses aux jeunes. On part dans un autre pays, on constate les différences avec les autres et ainsi on comprend mieux ses spécificités à soi. Nous sommes là pour vous aider à faire aboutir votre projet. L’Europe, la mobilité sont vraiment des idées fortes. Bonne rentrée.
Jean BERTSCH Directeur général Agence Europe-Education-Formation-France
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L’essentiel
YOUTH ON THE MOVE RENFORCER L’AIDE AUX JEUNES EUROPÉENS Androulla Vassiliou
En prélude à sa venue à Bordeaux le 14 octobre 2010, Androulla Vassiliou , Commissaire européenne à l’éducation, la culture, le multilinguisme et la jeunesse, s’exprime en avantpremière sur la stratégie Youth on the move .
C
omment l’idée de Youth on the move a-t-
elle vu le jour ?
Youth on the move est l’une des initiatives phares proposées en début d’année par la Commission européenne dans sa stratégie « Europe 2020 ». Elle répond aux défis en matière d’éducation, de formation et d’emploi auxquels sont confrontés les jeunes aujourd’hui. Les jeunes sont l’avenir de l’Europe et sont au cœur de notre mission : se relever de la crise et réaliser une croissance intelligente, durable et inclusive au cours de la décennie à venir. En quelques mots, Youth on the move consiste en 28 mesures-clé visant à aider les jeunes à acquérir les connaissances, les compétences et l’expérience dont ils ont besoin pour réussir sur le marché du travail. Si nous voulons stimuler le potentiel de tous nos jeunes, il est d’une importance capitale qu’ils aient tous accès à une éducation, une formation et une expérience pratique de grande qualité.
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La mobilité s’intensifie parmi les jeunes Européens. Le nombre d’étudiants bénéficiant d’une aide Erasmus a par exemple augmenté de près de 9 % selon les derniers chiffres. Pourquoi, alors, l’Europe a-t-elle besoin d’une nouvelle initiative de mobilité ? Le succès des programmes de bourse de l’Union européenne permettant aux jeunes d’étudier ou de se former à l’étranger est indéniable. Erasmus a enregistré une croissance particulièrement forte, tandis que Leonardo da Vinci (bourses pour la formation professionnelle), Comenius (écoles) et Marie Curie (chercheurs) attirent également des nombres record de postulants. J’insiste sur le fait que nos bourses de mobilité ne sont pas réservées exclusivement aux étudiants mais qu’elles s’adressent aussi aux jeunes travailleurs, aux apprentis et aux volontaires. Elles sont, pour eux, des occasions d’acquérir des connaissances et des compétences utiles à leurs perspectives d’emploi. Youth on the move vise à contribuer au succès de cette stratégie – nous voulons que tous les jeunes aient la possibilité d’étudier ou de se former à l’étranger d’ici à 2020 – et, plus important, à faire en sorte que l’aide européenne
du programme d’enseignement professionnel Leonardo da Vinci a montré que 58 % des chômeurs ont obtenu un emploi à la suite de leur formation à l’étranger et que 34 % ont obtenu des postes avec un niveau de responsabilité plus élevé.
Quels sont les pays les plus actifs en matière de mobilité des jeunes ?
L’UE va-t-elle à l’avenir étendre ses programmes de mobilité existants ?
Les jeunes de l’ensemble des États membres sont impliqués dans nos programmes, mais on note d’importantes différences concernant le nombre de participants par programme et par pays. Dans le cas d’Erasmus – sans doute le programme de mobilité européen le plus connu – les pays qui envoient actuellement le plus d’étudiants dans d’autres pays sont la France, l’Allemagne et l’Espagne,
Youth on the move est la première stratégie européenne à englober à la fois éducation et emploi. Elle associe l’aide à la mobilité à d’autres actions dans les domaines de l’éducation, de la formation, de la jeunesse et de l’emploi. Les programmes européens actuels de financement de la mobilité sont compatibles avec les objectifs de Youth on the move et se poursuivront jusqu’à la fin 2013. Nous
L’essentiel
à la mobilité s’inscrive dans une stratégie en faveur des jeunes, élargie et cohérente. Nous acceptons que l’UE et les États membres doivent faire davantage pour aider les jeunes à combler l’écart entre éducation et formation afin de faciliter l’accession à leur premier emploi à plein temps.
YOUTH ON THE MOVE Une initiative de l’Union européenne GRAND RASSEMBLEMENT DE BORDEAUX 14 - 16 octobre 2010 tandis que l’Espagne se classe premier pays d’accueil, suivi par la France et l’Allemagne. Les connaissances linguistiques influencent bien sûr le choix du pays par les étudiants. La participation aux programmes de mobilité est proportionnellement plus faible dans les nouveaux États membres que dans les anciens. Cependant, cela m’a beaucoup réconfortée de constater dans nos dernières statistiques (sur l’année universitaire 2008/2009) que le nombre d’étudiants Erasmus ait augmenté de façon quasiment systématique (on comptait 31 pays participants – l’ensemble des États membres, plus l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Turquie). La mobilité des jeunes améliore-t-elle les perspectives d’emploi ?
commençons déjà à préparer les programmes qui leur succéderont à compter de 2014. Je crois que ceci contribuera encore plus efficacement aux objectifs de Youth on the move. Y a-t-il contradiction entre Youth on the move et l’engagement de l’UE en faveur de l’éducation et de la formation tout au long de la vie ? En 2009, les États membres ont adopté un cadre stratégique sur dix ans en faveur de la coopération dans le domaine de l’éducation et de la formation (« Éducation et formation 2020 »), mettant l’accent sur l’éducation et la formation tout au long de la vie. Youth on the move est
Oui. Une étude indépendante montre qu’une période d’études ou de formation à l’étranger permet aux jeunes d’acquérir des compétences et une expérience très prisées par les employeurs. Selon une étude sur la valeur professionnelle d’Erasmus, plus de 40 % des employeurs considèrent que les diplômés bénéficiant d’une expérience internationale sont susceptibles d’accepter des emplois à haute responsabilité et 54 % des anciens étudiants Erasmus estiment qu’Erasmus les a aidés à décrocher leur premier emploi. Une étude similaire sur l’impact
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L’essentiel
précoce et garantir à un plus grand nombre de jeunes l’accès à des études supérieures ? Oui, je crois qu’elle peut aider, ne serait-ce qu’en favorisant une prise de conscience accrue de l’étendue du problème. Actuellement, trop de jeunes abandonnent l’école de façon précoce, et trop peu accèdent à l’enseignement supérieur, ce qui compromet la future base de compétences de l’Europe. Youth on the move contribuera à réaliser les objectifs phares de la stratégie Europe 2020, à ramener la part d’abandon scolaire précoce de 15 % à 10 %, ou moins, et à porter la part de jeunes ayant bénéficié de l’enseignement supérieur ou équivalent, de 31 % à au moins 40 % d’ici à 2020. Les États membres ont adopté avec la Commission des objectifs nationaux afin de contribuer à ces objectifs communs. Nous avons l’intention de créer un Conseil des recommandations pour aider les États membres à faire face au problème du décrochage scolaire précoce.
Vues de Budapest
une composante de la stratégie européenne élargie en matière d’éducation et de formation tout au long de la vie. Certaines des actions imaginées par Youth on the move, par exemple une meilleure reconnaissance des compétences acquises en dehors de l’enseignement formel, bénéficieront aux personnes de tous âges. L’initiative Youth on the move peut-elle aider à lutter contre le problème de décrochage scolaire
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Il est clair que nous ne pourrons persuader les jeunes de leur intérêt à rester plus longtemps à l’école que si nous rendons l’éducation et la formation plus attractives. La Commission encouragera et soutiendra ainsi toutes les mesures visant à améliorer la qualité de nos écoles, de l’enseignement et de la formation professionnels. L’année prochaine, nous lancerons ainsi d’ici à la fin de l’année un nouveau programme de modernisation de nos universités. Je pense que nous devrions encourager un plus grand nombre d’universités à inscrire une « fenêtre mobilité » dans leurs programmes pour rendre les cursus plus attrayants pour les jeunes.
À qui reviendra la responsabilité de poursuivre cette initiative ? Les actions envisagées dans le cadre de Youth on the move impliquent aussi bien l’UE que ses États membres. Bien que la responsabilité des choix politiques et des décisions de financement en matière d’éducation et de formation soit principalement du ressort des États membres, l’UE joue un rôle subsidiaire important, conformément aux responsabilités qui nous ont été assignées par le Traité européen. L’UE peut notamment aider à identifier des solutions pertinentes aux problèmes rencontrés au niveau national et régional – par exemple en partageant les expériences quant à l’efficacité ou l’inefficacité de telle ou telle politique, et en apportant un soutien financier par le biais de ses programmes de financement. Comment les gouvernements peuvent-ils permettre aux jeunes d’étudier et de se former plus facilement à l’étranger et faire en sorte qu’ils soient plus nombreux à tirer profit des aides à la mobilité de l’UE ? Parmi les mesures-clé que nous avons annoncées dans le cadre de Youth on the move figure notamment une nouvelle
L’essentiel
Vues de Bordeaux
recommandation aux États membres concernant les moyens de supprimer les obstacles juridiques et techniques empêchant d’étudier et de se former à l’étranger. Il est capital de supprimer ces obstacles si nous voulons faciliter la mobilité et inciter davantage de personnes à étudier et à se former à l’étranger. La Commission européenne effectuera un suivi des avancées réalisées en matière de suppression de ces obstacles dans chacun des États membres à l’aide d’un nouveau « tableau de bord de la mobilité », qui sera publié tous les deux ans. Au niveau européen, nous ferons également notre maximum pour garantir que les programmes de financement européens soient aussi clairs et simples d’utilisation que possible. Cette priorité guide notre travail préparatoire pour la nouvelle génération des programmes post-2014. J’ai lancé une consultation publique sur l’avenir de nos programmes de mobilité, le 15 septembre1, et j’invite toutes les parties intéressées à nous faire part de leurs commentaires et de leurs réactions afin de nous permettre d’entreprendre les améliorations nécessaires. Comment comptez-vous vous assurer que les jeunes comprennent en quoi consiste Youth on the move ? La Commission a déjà lancé une campagne d’information européenne qui s’adresse aux jeunes en particulier. Nous avons un site Internet dédié à Youth on the move (http://europa.eu/youthonthemove) qui offre un point d’accès unique à l’information sur les possibilités d’aide de l’UE. J’ai récemment participé sur Internet à un débat en direct avec des jeunes de toute l’Europe à propos de Youth on the move, et la Commission organise, à Budapest et à Bordeaux, des événements de sensibilisation à cette initiative. Nous présenterons des exemples de projets de mobilité réussis et entendrons le témoignage de jeunes ayant
bénéficié d’aides à la mobilité. Je devrais également prochainement rencontrer les ministres de l’Éducation et les personnes chargées de projets d’éducation sur le terrain. Des associations françaises et d’autres pays de l’UE seront représentés à Bordeaux. L’événement est organisé en étroite coopération avec les autorités nationales et régionales françaises, l’Agence 2e2f et d’autres organisations. J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier l’Agence 2e2f de son excellente contribution à la sensibilisation à Youth on the move. La campagne d’information se poursuivra en 2011 dans d’autres pays européens ■
http://europa.eu/youthonthemove (1) http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/vassiliou/ events/debate_fr.htm
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Entretien
En exclusivité pour Soleo
Par Luc FERRY
L’INQUIETANTE « PROGRESSION » DE L’ILLETTRISME
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appelons les faits, désormais indiscutables, tels qu’ils ressortent d’une analyse des tests menés par l’armée lors des « Journées d’appel de préparation à la défense » 1 (JAPD) auprès des jeunes de 18 ans. Ils font apparaître quatre grandes catégories de lecteurs : d’abord ceux qui, tout simplement… ne savent pas lire ! Ils représentent 5% d’une classe d’âge. Ensuite viennent ceux qui ânonnent et ne déchiffrent qu’au prix de nombreuses erreurs : entre 6,5 et 7%. Ce sont donc déjà environ 100 000 jeunes français sur 800 000 qui ne savent pas du tout ou pratiquement pas lire à la sortie de leur scolarité obligatoire ! Après, on trouve les lecteurs médiocres, ceux qui déchiffrent sans erreur, mais avec tant de peine que le sens du texte qui leur est soumis leur échappe : 10%. Restent enfin les lecteurs fiables, mais lents : 15 %. S’ils ne pratiquent pas régulièrement la lecture, ils auront de plus en plus de difficultés. Il est clair qu’ils sont de toute façon exclus de la lecture « par plaisir ». Ils ne liront probablement jamais un roman en entier au cours de leur vie.
Au total, ce sont donc plus de 35% de nos enfants qui, à des degrés divers, peinent à lire vers l’âge de 18 ans. Ajoutons un dernier chiffre : 80% des élèves qui
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ratent l’apprentissage de la lecture au cours préparatoire ne rattrapent jamais leur retard. En clair, ce sont les mêmes qu’on retrouve aux JAPD, preuve que l’école ne les a pas repêchés. Croit-on sérieusement que ce soit en supprimant des heures de cours au primaire dans le but d’économiser des postes qu’on parviendra à enrayer le déclin ? On me permettra d’en douter. Alors que faire ? D’abord cesser de traquer des fausses pistes : quoiqu’on en dise, ce n’est pas la méthode globale (elle a disparu depuis belle lurette au profit de méthodes mixtes), pas même la télévision, encore moins le manque de moyens qui sont en cause, mais le mouvement général de la société depuis quarante ans. Avec la « rénovation pédagogique » des années soixante-dix, qui insiste sur la créativité, la spontanéité et les méthodes actives, on a oublié que l’éducation était avant tout la transmission d’un patrimoine. Les règles de grammaire et celles de la politesse ne s’inventent pas, elles se respectent et, en la matière, la spontanéité et l’innovation payent rarement.
Malgré ces évidences, on a voulu, dans les années 70, en finir à tout prix avec l’idée selon laquelle éduquer, enseigner, c’était d’abord, au moins en grande partie, de la part des adultes responsables de l’enfance, transmettre un héritage de savoirs et de savoir-faire. On a pensé que, grâce aux méthodes actives, les enfants allaient pouvoir tout découvrir et reconstruire par euxmêmes, qu’ils ne maîtriseraient vraiment que ce qu’ils auraient « fabriqué », pour ne pas dire « inventé ». Disons le tout net, c’était une erreur, erreur qui anime encore aujourd’hui nombre de dispositifs populaires comme la « main à la pâte ». On s’est convaincu qu’il fallait coûte que coûte appuyer l’enseignement sur l’auto-construction
Entretien
de la politesse sont à 100% le fruit d’un héritage, d’une tradition. Leur assimilation suppose une attitude de respect et d’humilité, pas celle de l’enfant roi qu’on tente de persuader qu’il va tout inventer et reconstruire par lui-même. En matière de grammaire et de civilité, la « créativité », « l’imagination » et la « spontanéité » si chères à la rénovation pédagogique portent un nom : cela s’appelle les fautes d’orthographe et l’impolitesse. Nul hasard, en ce sens, si notre système éducatif se trouve en difficulté principalement sur ces deux points.
© Pierre Chiquelin MJENR
Il faut revenir au bon sens, et dans la situation actuelle, un remède de cheval s’impose. Faisons
Luc FERRY
des savoirs : auto-dictées, textes d’invention, travail sur les documents, rédaction par les élèves des règlements intérieurs, construction de petits objets ludiques, etc. Bref, on a élevé la « pédagogie de l’éveil » au rang d’un principe suprême. En parallèle, on a pris soin de discréditer tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un « cours magistral » en même temps que tous les exercices traditionnels jugés trop « classiques » - la dictée, la rédaction, le « par cœur »... Les manuels scolaires se sont mis alors à insister sur les documents plus que sur les cours, sur les constructions en étoile, imitant la logique des « hypertextes », plus que sur les raisonnements linéaires, jugés trop « scolaires ». L’apprentissage du Français, notamment, a recouru en masse à des « exercices à trous », exigeant de l’enfant qu’il complète des pointillés – ce qui simplifie les choses aux professeurs, occupe facilement les élèves parce que c’est plus ludique, mais s’avère à peu de chose près inutile, car trop mécanique pour être réellement instructif. S’agissant de l’apprentissage de la langue, ce fut un désastre parce que, tout simplement, aucun d’entre nous n’a inventé sa langue maternelle. Et ce fait, en apparence trivial, mérite singulièrement réflexion. En effet, notre langue est à 100% un patrimoine. Les règles de grammaire, comme d’ailleurs celles
enfin de la lutte contre l’illettrisme une cause nationale. Ne laissons plus sortir du CE1 un élève qui ne sait pas lire. Pour parvenir à tenir cet objectif, il est urgent de remettre systématiquement en œuvre les dédoublements de cours préparatoire que j’avais commencé d’installer en 2004 et qui ont été malheureusement supprimés aussitôt après mon départ. Avec des groupes de 10 ou 12 élèves, les maîtres peuvent pratiquer la remédiation en même temps que le diagnostic, ce qui est impossible en classes pleines. Ces dédoublements peuvent se faire à moyen constant : avec l’aide de ces « emplois jeunes » qu’on a remis à tour de bras et qui seraient là plus utiles que partout ailleurs. Ils peuvent prendre en charge une moitié de la classe pour des tâches de répétiteurs sous le contrôle des maîtres. D’autres mesures – d’abord et avant tout « l’école des parents » – doivent bien entendu venir en appui. Bref, on sait exactement ce qu’il faut faire. Qu’attend-on pour se mettre au travail ? ■
(1) Cf. l’enquête de l’amiral Béreau, in « Combattre l’illettrisme », Odile Jacob, 2009.
Luc FERRY Membre du Comité consultatif national d'Éthique Ancien Ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale, et de la Recherche
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Rendez-vous
LES GRANDS RENDEZ-VOUS
2010
« Youth on the Move »
Conférence de valorisation « La mobilité internationale : un levier contre les décrochages et l’exclusion »
14, 15, 16 octobre 2010 Bordeaux La programmation de l’événement Youth on the Move à Bordeaux, les 14, 15, et 16 octobre, annoncée dans notre précédent numéro, se précise. En effet, la Commissaire européenne, Androulla Vassiliou, sera présente lors de l’inauguration qui s’inscrira au cœur de l’événement, en présence des jeunes au CAPC, musée d’Art Contemporain de Bordeaux, à partir de 14h00 le jeudi après-midi. Le concept se fonde sur une variété d’espaces participatifs dont les jeunes seront les principaux protagonistes. Youth on the Move établit un véritable dialogue entre et avec les jeunes sur les avantages réels de la mobilité. L’événement sera avant tout un grand espace de rencontres et d’activités en
continu pendant 2 jours, autour de 4 thèmes choisis par la Commission européenne dans une ambiance informelle et créative : l’Éducation, la Citoyenneté-Engagement Solidaire, l’Emploi-Formation professionnelle et la Culture-Art. Des ateliers, des conférences et des événements animés par tous les partenaires locaux accompagneront ces thèmes. Cette ambiance festive sera couronnée par un concert gratuit, ouvert à tous, à la Rock School Barbey. Une manifestation semblable se déroulera à Budapest (Hongrie) les 8 et 9 octobre 2010. Informations : http://www.paueducation.com/ youthonthemove/Bordeaux/
18, 19 novembre 2010 Paris, Espace Marceau C’est Luc Ferry qui viendra conclure cette conférence réunissant, des représentants de projets gérés par l’Agence 2e2f et différents acteurs de l’éducation et de la formation tout au long de la vie. Au cours de ces deux journées les participants travailleront en 8 sessions pour s’interroger, notamment, sur la question des rythmes scolaires, de l’individualisation des parcours, de l’adaptation des systèmes et des approches pédagogiques. Cette conférence s’inscrit dans le cadre de l’année européenne 2010 de « lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ». Contact : sandrine.dickel@2e2f.fr
Conférence Experts de Bologne Partenariats internationaux de formation mai 2011 Lille Les partenariats internationaux de formation sont au programme de la première réunion de rentrée des experts de Bologne. Un pré-comité de pilotage s’est constitué le 9 septembre dernier à Paris, en vue de la conférence nationale prévue à Lille en mai 2011. Ces partenariats visent à mettre en œuvre des diplômes, doubles ou conjoints, à délocaliser des formations, à créer des coopérations en matière de formation et à développer toutes formes de mobilités, Erasmus ou hors Erasmus. L’équipe des experts de Bologne participe en France aux stratégies de développement du processus de Bologne avec les autorités et les acteurs de l’enseignement supérieur et conseillent les établissements sur les différents aspects du processus définis lors des conférences ministérielles. Contact : maritxu.skawinski@2e2f.fr
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Rendez-vous
La mobilité questionnée : comment la penser et la développer ? Retour sur le congrès de Bordeaux (juin 2010)
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© Sophie Pawlak
rès de 450 participants ont apporté leur contribution à la réflexion collective Ouverture du congrès par Jean Bertsch, organisée par l’Agence à l’occasion du congrès Directeur de l’Agence 2e2f « Mobilité internationale : la lettre et l’esprit » des 28 et 29 juin 2010 à Bordeaux. La mobilité questionnée : comment la penser et la développer ? Praticiens, bénéficiaires, experts ou néophytes, nous savons tous qu’il ne sert à rien de sauter sur sa chaise comme un cabri en disant Jean-Robert Pitte, Membre de l’Institut, ancien Président de l’université Paris-Sorbonne la mobilité ! la mobilité ! la mobilité ! Il est indispensable qu’elle ait un sens, qu’elle s’inscrive en tant qu’outil dans une stratégie, politique ou Le « staff » d’organisation, Agence 2e2f individuelle, de formation, de développement de compétences, d’insertion professionnelle ou sociale. La mobilité prend alors toute sa mesure et libère sa plus-value singulière. C’est d’abord ce sens à donner impérativement et systématiquement, qui a été considéré par les congressistes, Jean-Louis Nembrini, Recteur de l’académie de Bordeaux pour l’allocution de clôture de la Ministre Valérie Pécresse porté par les messages politiques forts du nouveau Délégué interministériel à l’Orientation et à l’Insertion professionnelle, Jean-Robert Pitte, Séance pleinière d’ouverture des ministres Valérie Pécresse et Luc Chatel, du dans les politiques de Secrétaire d’État à l’Emploi, Laurent Wauquiez. Cette philosophie de la mobilité utile, au sens noble du formation et d’emploi. terme, a été rappelée par Hélène Clark, Directrice du programme Éducation et Formation Tout au Long de la Vie Le pari d’un congrès à la Commission européenne et Jean Bertsch, Directeur attractif et stimulant de l’Agence : la mobilité au service de l’éducation, de la est réussi, ce pari Vue sur la Garonne depuis l’hôtel Mercure formation, de l’emploi et de la citoyenneté active, qui sont d’une mobilité queseux-mêmes autant de facteurs essentiels à la « croissance tionnée, d’une réflexion en profondeur sur la plus-value intelligente » voulue par la Stratégie Europe 2020, en ré- de la mobilité internationale est lancé. Il se poursuit, sur le site Internet de l’Agence qui rend accessible à tous les ponse à la crise économique et aux difficultés sociales. contributions et témoignages apportés lors du congrès Il n’y a ni fin en soi ni valeur absolue à une expérience de et, sous une autre forme, par une publication. À paraître mobilité internationale, quand bien même elle est à chaque en 2011 ! ■ fois génératrice d’une expérience humaine indiscutable. Ce sont donc ici les questions de l’identification et de la mesure des impacts de la mobilité qui se posent. Des études et recherches ont été recensées et présentées par leurs auteurs durant le congrès. Mais, en la matière, un immense effort reste à produire avant de pouvoir modéliser la mobilité, mesurer et faire partager ses impacts - étapes essentielles pour un ancrage massif et pérenne de la mobilité internationale
Marie-Pierre CHALIMBAUD Directrice du Département Développement et Dissémination Agence Europe-Education-Formation-France
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Point de vue
ERASMUS : le palmarès des universités françaises La France est devenue leader européen de la mobilité transnationale des étudiants qui s’expatrient, pour un semestre ou une année universitaire, vers l’un des 30 autres pays européens participant au programme ERASMUS. Lors de la conférence de presse du 1er juin, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, s’est attachée à présenter les premiers enseignements de ces résultats. L’Agence 2e2f poursuit aujourd’hui l’analyse.
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e basant sur le chiffre d’exportation des universités françaises, les universités de Nantes, avec 534 étudiants partis en 08-09, celle de Strasbourg avec 495 départs, celle de Lille 1 avec 375, celle de Dijon, avec 344 départs et de Rennes 1, avec 340 séjours Erasmus, se classent dans cet ordre aux 5 premières places du classement national. Mais, on s’en aperçoit, la situation de chacune de ces universités est loin d’être comparable, notamment si l’on observe la taille de leur population : ce palmarès, s’appuyant uniquement sur les données brutes des départs en mobilité, est donc assez peu parlant. Certes, la fréquence des départs fournit un premier cliché de la dynamique internationale. Mais, par définition, une université de grande taille a mathématiquement plus de chances d’envoyer des étudiants qu’une université plus petite. Ainsi, l’observation de la fréquence des migrations étudiantes rapportée à la taille des universités livre un second indicateur, plus fin, et beaucoup plus significatif de la dynamique de la mobilité d’une institution. Ce mode de calcul est d’ailleurs celui qui est appliqué par de nombreux pays européens. Sur cette base, l’Agence 2e2f a procédé à l’élaboration du premier classement Erasmus des universités françaises, pondéré selon la taille des universités (cf. Le Figaro du 12 Juillet 2010 et cf. page 15). Classement des dép départs parts ppar ar rap rapport ppor p t à la po ppopulation p ation totale de ll’université pul université :
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Nombre d’étudiants
Université
Départs Erasmus
Ratio
1
10983
Savoie
290
2,64%
2
5724
Grenoble 3
134
2,34%
3
17671
Lille 1
375
2,12%
4
10858
Pau et Pays de l’Adour
221
2,04%
5
6252
Avignon
116
1,86%
Quelques commentaires sur le classement : L’université de Savoie est en 1e position et se trouve dans la tête du classement depuis 6 ans. Son score s’améliore régulièrement. Le score de Grenoble 3 est sensiblement le même depuis 6 ans. Universités frontalières, effet régional… Les 4 universités lauréates sont toutes frontalières (Savoie, Grenoble, Lille 1, Pau) et Avignon n’en est pas loin ! On peut légitimement penser qu’une partie du succès de leur politique tient aux échanges qu’elles entretiennent avec des pays riverains. L’université de Savoie et Grenoble 3 appartiennent au même PRES1. Mais Grenoble 1 et Grenoble 2 n’ont pas de résultats probants (42e et 46e), donc, « l’effet régional » d’une politique commune (aide de la Région, du PRES) ne peut guère être invoqué. Le cas des « parisiennes » : Paris 9 - Dauphine est constamment présente dans le peloton de tête mais 11e cette année avec un fléchissement de l’indice qui passe de 2,36 à 1,56. Les deux premières universités au classement de Shanghai, Paris 6 et Paris 11, sont faibles en Erasmus sortants : 75e pour Paris 6, 70e pour Paris 11. Globalement, les « parisiennes » sont faibles : sur 17 universités, 13 ont un ratio inférieur à 1% : les universités parisiennes apparaissent, en revanche, bien plus comme des universités d’accueil d’étudiants étrangers que de jeunes français partant à l’étranger (attractivité de la France, des universités françaises). Taille des universités : Toutes régions confondues, les grosses universités font proportionnellement à leur taille moins partir en Erasmus que les universités moyennes.
Effet du temps : Taux de progression : 3 universités progressent de manière constante depuis 6 ans : Lille 1, Nantes et Tours. Évolution favorable des départs en Erasmus : La moyenne de l’indice, toutes universités confondues, progresse de 14%. Taux de progression par université : Les taux de progression les plus spectaculaires sont : - Bretagne Sud : +372% en 6 ans : 6 e université française en 08-09 - Corse : +113% entre ces deux bornes - Antilles-Guyane : +150% Observons malgré tout que ces progressions spectaculaires sont repérables sur des valeurs absolues de départ quasi nulles ou des effectifs plus faibles. Des constantes sont identifiées : l’université
de Dijon, au premier quartile, est 23e au classement et maintient stable, à un niveau moyen, son indice sur plusieurs années (de 1,24 à 1,28%). En milieu de tableau, l’université de Limoges est stable autour de 0,9 à 1%. Au troisième quartile, Lyon 1 est stable autour de 0,6%. En bas de classement, ClermontFerrand 1 témoigne, elle, d’une chute constante de 0,5% à 0,12%, soit -71%. Difficultés : En fin de classement, les universités ultramarines témoignent des difficultés qu’elles rencontrent à pouvoir intégrer des programmes européens, la situation géographique jouant contre elles. Il serait sans doute nécessaire qu’elles puissent bénéficier de mesures dérogatoires.
Erasmus Mundus Résultats de l’appel à propositions 2010 Un quart des candidatures de master Erasmus Mundus coordonnées par des établissements français lors du dernier appel à propositions ont été sélectionnées par la Commission européenne. Grâce à ces bons résultats, la France maintient la place prédominante qu’elle occupe depuis le lancement du programme en 2004, puisqu’à la rentrée universitaire 2011 nos établissements coordonneront toujours le plus grand nombre de cursus de master Erasmus Mundus proposés à l’échelle européenne (soit 32 cursus sur 123), devant l’Espagne (14), la Belgique (13), l’Allemagne et les Pays-Bas (11 chacun).
Point de vue
Sur les 5 plus grosses universités françaises supérieures à 30 000 étudiants) : - Nantes : 33 666 étudiants/ 534 Erasmus/1,59% - Strasbourg : 41 150 /495 /1,20% - Lyon 1 : 33 267/217/0,65% - Paris 1 : 36 807/249/0,48% - Paris 5 : 31 106/146/0,47% Cela plaide pour l’hypothèse selon laquelle faire partir un étudiant en Erasmus est proportionnellement plus difficile pour les grosses universités. Sur les 30 plus grosses supérieures à 20 000 étudiants, on observe qu’aucune n’atteint le chiffre de 2%, chiffre du trio de tête du palmarès. Par contre, dans les 5 premières, sauf Lille 1, avec 17 600 étudiants, toutes les autres sont des universités moyennes, de taille inférieure ou égale à 10 000 étudiants. Tout semble se passer comme si élaborer une politique de relations internationales, entreprise de longue haleine et transversale à plusieurs présidents, est chose plus aisée, peut-être aussi plus indispensable pour rayonner face à la grosse université de référence de leur région pour les universités de taille moyenne.
Comparaison avec d’autres pays : L’indice des meilleures universités françaises est parfaiteAnnée2011/2012 universitaire Année universitaire : la2011/2012 France reste le pays qui ment comparable avec les La France reste le pays qui coordonne le plus coordonne le plus de cursus de master sur les 123 proposés de cursus de master sur les 123 proposés meilleures universités des autres pays européens. Deu- 35 xième au classement derrière 30 la France, l’Allemagne affiche 25 des indices très voisins (Source 20 15 DAAD, Erasmus Annual Re- 10 port, 2009) à partir des chiffres 5 des Länder qui ont en charge 0 AT BE DE DK ES FI FR HU IT LT LV NL NO PT SE l’élaboration de politiques coordonnées des RI. En tête vient le Land de Brême avec 2,15%. Une augmentation générale de la mobilité Erasmus vers l’étranger est donc incontestable. Ces chiffres ne concernent que les universités, hors BTS, hors grandes écoles et écoles associées qui constituent des contingents très substantiels de la mobilité étudiante. En attendant de se livrer prochainement à l’établissement du même classement sur les grandes écoles… et en attendant le classement 2009-2010 au printemps prochain, Soleo analysera la situation de quelques universités françaises particulièrement caractéristiques d’une politique internationale dynamique ■ (1) PRES : Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur
UK
Au niveau doctorat, la Commission européenne a sélectionné 9 nouveaux programmes. Deux tiers d’entre eux (6) impliquent au moins un établissement français. Cette nouvelle sélection porte l’offre doctorale Erasmus Mundus proposée à la rentrée 2011/2012 à un total de 22 programmes, dont plus de la moitié (14) impliquent des établissements français, 5 à titre de coordinateurs.
Année universitaire 2011/2012 14 des 22 programmes conjoints de doctorat Erasmus Mundus impliquent des établissements français
64%
36%
Source : Agence 2e2f.
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CLASSEMENT DES
UNIVERSITÉS FRANÇAISES DANS LE PROGRAMME ERASMUS
POSITION
UNIVERSITÉ
POURCENTAGE 2008-20091
1
Savoie
2,64%
2
Grenoble 3
2,34%
3
Lille 1
2,12%
4
Pau et Pays de l’Adour
2,04%
5
Avignon
1,86%
6
Bretagne Sud
1,76%
7
Nancy 2
1,75%
8
Rennes 2
1,69%
9
Le Havre
1,62%
10
Nantes
1,59%
11
Paris 9 - Dauphine
1,56%
12
Tours
1,53%
13
Valenciennes
1,47%
14
Bordeaux 3
1,45%
15
Rennes 1
1,44%
16
Lille 3
1,42%
17
Aix Marseille 1
1,40%
18
Lyon 3
1,37%
19
Angers
1,37%
20
La Rochelle
1,34%
UN PROGRAMME INTENSIF ERASMUS POUR APPRENDRE AUTREMENT LES LANGUES EN EUROPE
Le Programme Intensif Erasmus EuroForma se propose de donner une formation aux méthodologies et aux supports innovants dans le domaine de l’intercompréhension des langues et plus particulièrement des langues romanes. Il s’adresse à un public d’étudiants spécialisés en intercompréhension et plurilinguisme et/ou aux futurs enseignants comme à un public d’étudiants de disciplines variées souhaitant intégrer l’intercompréhension à leur formation. Le programme, basé à Toulouse, accueille 11 universités d’Europe pendant deux semaines pour former quarante étudiants de master, échanger leurs pratiques, développer leurs méthodologies.
La suite du classement des universités françaises sur www.2e2f.fr (1) Ratio entre le nombre de départs en Erasmus et la taille de l’université, en nombre d’étudiants Soleo
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Langues
Quelle politique linguistique dans les cursus
Erasmus Mundus ?
L
a diversité linguistique qui fait partie du quotidien de l’Union européenne avec 23 langues officielles s’accroît énormément dès lors que les programmes s’étendent aux pays tiers avec Erasmus Mundus. L’apprentissage des langues est un facteur d’intégration majeur qui permet de se déplacer aisément et de trouver un emploi dans d’autres pays que le sien. Sur le marché du travail, une telle mobilité contribue à créer de nouveaux emplois et à stimuler la croissance. S’intégrer, c’est communiquer pour partager des mêmes valeurs et des mêmes objectifs et gérer les différences culturelles de manière positive. Les programmes Erasmus Mundus sont de vrais laboratoires expérimentaux pour mettre en œuvre une réelle politique linguistique. Notre expérience de deux programmes en Science des Matériaux concernant un Master, FAME (www.fame-master.com) et une Ecole Doctorale Internationale IDS-FunMat (www.idsfunmat.u-bordeaux1.fr) qui, annuellement, accueillent en moyenne des étudiants d’une quinzaine de nationalités (Europe + Pays Tiers), montre la prééminence de l’anglais comme lingua franca émergente. Comment pourrait-il en être autrement dès lors qu’une mobilité européenne est obligatoire pour nos étudiants ? Une enquête menée auprès d’une promotion de
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nos étudiants (33), révèle que 50 % d’entre eux ont appris une langue locale (25 %), voire deux (10 %) lorsque leur séjour dans un même pays est au moins d’une année, le français suivi de l’allemand dans le cas de nos réseaux de mobilité ; 25 % des étudiants possèdent déjà une langue locale en arrivant en Master. Aucun problème n’a été noté quant à l’accès à des cours de langues locales. En conclusion, il apparaît que beaucoup plus d’étudiants apprendraient des langues locales, qu’ils soient européens ou de pays tiers, si dès le départ de leur formation, les cours étaient dispensés de manière intensive (au moins 1 mois) et suivis de cours interactifs hebdomadaires. Ils se sentiraient ainsi plus concernés par la vie locale à travers des manifestations culturelles, ce qui, en dehors du travail, leur permettrait de se mêler aux gens du pays et non pas de rester en « cluster » dont le seul lien, en dehors d’affinités humaines, serait la langue anglaise ■
Jean ETOURNEAU Professeur Émérite Université Bordeaux 1
À lire : “English-Taught Programmes in European Higher Education”. The picture in 2007 de Bernd Wächte et Friedhelm Maiworm. Contact : Lemmens Medien GmbH (Publisher) info@lemmens.de/www.lemmens.de
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La
« mobilité internationale » : un levier contre les décrochages et l'exclusion Les enjeux de la conférence de valorisation des 18 et 19 novembre 2010 - Espace Marceau, Paris 8e
Dans la continuité du congrès des 28 et 29 juin derniers « La mobilité internationale : la lettre et l’esprit », la conférence des 18 et 19 novembre prochains concernera plus particulièrement les structures qui travaillent avec les publics ayant le moins d’opportunités, publics définis par le Conseil européen 1 comme des personnes qui, pour des raisons d’ordre culturel, social, physique, mental, économique ou géographique, ont le plus de difficultés à participer aux programmes d’action qui les concernent, tant au niveau communautaire qu’aux niveaux national, régional et local.
E
n conclusion du congrès de juin, le directeur de l’agence invitait les participants à ne pas voir positivement les choses qu’au travers du prisme de la mobilité …/… (Celle-ci) possède simplement des vertus contributrices. Dans son « éloge de la mobilité », il souligne par ailleurs qu’il convient de « l’étudier dans ses mécanismes internes et du point de vue des dividendes qu’on peut en tirer », en particulier les compétences attitudinales, comportementales et professionnelles (Bertsch, 2010)2. Nous devons reconnaître que la mobilité internationale n’est pas l’unique processus pour acquérir ces compétences, et qu’elle n’est pas en soi une garantie de succès. Ainsi, dans une session du même congrès, en réaction au témoignage d’un ancien Erasmus qui indiquait que d’autres étudiants en mobilité n’avaient pas véritablement profité de leur séjour, un représentant du monde de l’entreprise attendait moins le constat d’une expérience internationale que le « sens donné par l’individu à cette expérience ». Au-delà du vécu, l’apprentissage doit être consolidé. Il ne suffit pas d’être les observateurs d’acquisitions empiriques, pour positives qu’elles soient. Aussi le congrès de juin a esquissé un système de principes rationnels de construction de compétences transversales, afin que les mobilités offrent des situations d’apprentissage à part entière.
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Dans le cas des publics ayant le moins d’opportunités, inscrire une mobilité dans un parcours de formation semble moins naturel que dans les cursus ordinaires, ce travail de structuration y est de fait d’autant plus nécessaire. Les situations d’apprentissages liées à la mobilité doivent être préparées pour ces publics (choix des paramètres qui permettent une construction de compétences et de leur prise de conscience), et explicitement analysées avec eux (identification, formulation et mémorisation des acquis en vue d’une lisibilité accrue de leur qualification et de leur parcours professionnel). Tout en partant des exemples spécifiques de chaque projet européen, lors de la conférence de valorisation de novembre, nous conserverons un point de vue général pour étudier à quelles conditions la mobilité internationale parti-
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cipe à une meilleure inclusion dans l’éducation et la formation. Dans l’enseignement scolaire, la politique d’éducation inclusive repose sur une approche globale qui vaut pour l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et l’éducation des adultes. « S’il est délicat pour l’équipe éducative d’identifier la raison exacte pour laquelle leurs élèves ont besoin de plus d’attention que les autres, il est clair pour tous que la différence de chacun ne doit pas être problématisée individuellement mais contextualisée dans la dynamique d’un groupe hétérogène, aux capacités d’apprentissage variées et aux sensibilités différentes. L’éducation inclusive représente pour ces enseignants confrontés à la diversité, l’évidence d’une approche globale à travers une prise en charge centrée sur le rythme, la perception, la sociabilité de chacun » (Samuel, 2010)3. Par la rencontre entre porteurs de projets européens, acteurs locaux et responsables à l’agence des différents programmes, la conférence de novembre devra être
l’occasion de vivre l’esprit mobilité, à partir d’un questionnement transversal, au cours des sessions et lors des interventions en séance plénière. Il s’agira d’analyser en quoi, et à quelles conditions, le travail entre Européens, qu’il s’effectue à distance ou au cours des mobilités, peut améliorer : - l’adaptation des rythmes et des moments forts d’une formation, facteur décisif pour éviter les décrochages pendant le cursus ; - la prise en compte, dans les formations, des spécificités des facteurs d’exclusion (comme les différentes formes de
Il est nécessaire « d’étudier à quelles conditions la mobilité internationale participe à une meilleure inclusion dans l’éducation et la formation ». handicap), et l’utilisation de modalités originales de formation (créativité, expression non verbale, théâtre) pour travailler l’ensemble des compétences clés et redonner confiance en soi ; - la lutte, en fin de cursus, contre la stigmatisation du public concerné par l’amélioration de sa qualification pour une meilleure orientation et pour son insertion professionnelle. Souhaitons que nous retrouvions ainsi, au-delà des différences entre ces publics, le « mouvement du cœur de l’architecte qui noue comme une racine la diversité des matériaux et qui exige pour être un, durable et puissant, cette diversité même » (Saint-Exupéry, Citadelle) ■ (1) Décision n°1031/2000/CE du Parlement et du Conseil européens du 13 avril 2001 : Voir l'annexe, action 2 (2) BERTSCH, Jean (2010). Éloge de la mobilité. Madrid : revue Hispanogallia (sous presse). (3) SAMUEL, Alexia (2010), Appréhender la différence : Éducation inclusive et projets européens Comenius, étude accessible sur le site wwww.2e2f.fr
Patrice DELÈGUE Responsable du Pôle Formation professionnelle et Adultes Département Développement et Dissémination Agence Europe-Education-Formation-France
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Zoom UNE FUTURE ÉLITE « APPREND À DÉSAPPRENDRE » L’« expérience terrain » des étudiants de l’ESSEC MBA1 Les Experiential learnings se multiplient, en particulier aux États-Unis, où le dispositif pédagogique consiste à immerger des étudiants dans des univers professionnels très différents de ceux qu’ils rejoindront, pour qu’ils s’interrogent sur leur capacité à rencontrer d’autres réalités et d’autres enjeux. Pour les étudiants et les formateurs, ce travail sur le terrain est pédagogiquement décisif.
E
n France, l’ESSEC a inscrit « l’expérience terrain » à la charnière des classes préparatoires pour les étudiants qui se préparent à entrer dans la pédagogie interactive et très autonome du MBA. L’ESSEC dénomme cette première année : Période Initiale. Cette ouverture fondamentale s’exprime éminemment au travers de l’objectif « apprendre à apprendre » - non seulement apprendre des expertises, des techniques, des théories et des compétences ou des comportements, mais apprendre à désapprendre quand cela est utile, et réapprendre en conséquence. Une telle capacité est de mise dans le contexte contemporain de la crise. Apprendre à désapprendre, l’expression nécessite quelques éclairages. Nous vivons une mutation de civilisation qui se caractérise par « une crise généralisée de transmission de valeurs ». Pour nos étudiants, il y a lieu de désapprendre certains préjugés et réapprendre la mixité sociale. Car la massification des études n’a pas fait progresser la diversité sociale dans les grandes écoles, même si les processus d’accès et de financement des études ont élargi les possibilités d’accueil. Les managers de demain devront faire face à des défis nouveaux, à la fois technologiques et économiques, mais aussi sociaux et culturels. Tel est le challenge d’une évolution de civilisation qui assume positivement la « complexité ». Les défis de l’intégration, de l’immigration ou de la scolarisation en grandes cités demanderont, pour être relevés, des capacités inédites d’imagination et de management. C’est cet humanisme pratique que nous cherchons alors à mettre en œuvre.
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Pour les 362 étudiants de Période Initiale de cette année, l’École a mis en place une capacité de plus de 500 stages. Trois catégories d’expériences terrain ont été proposées pour cette première fois, avec plusieurs choix possibles, en stages ouvriers, stages en milieu social ou milieu éducatif.
Une mobilité culturelle qui produit un sursaut, une fierté Ouvriers sur des chaînes de production, en hôtellerie – restauration, en grande distribution, sur le Programme Armée Seconde Chance, chez Emmaüs, ATD-Quart Monde, le secours populaire, ou en ZEP… Il ressort du journal de bord des étudiants certaines conclusions intéressantes : découverte de la pénibilité, de la lassitude des tâches répétitives, difficulté à tenir les horaires des organisations d’accueil, rudesse des déplacements en hiver et des durées de transport… Mais aussi en cours de stage : un choc, une rencontre, un événement, parfois des erreurs assumées, bref, un apprentissage qui produit un sursaut et une fierté. Le succès est le même du côté des organisations. 90% d’entre elles se lancent de nouveau dans le pari de réussir l’année prochaine. Une opération de mobilité culturelle, sociale et éducative à continuer, confirmer, transformer, et approfondir ! ■ Hugues DERYCKE Responsable du projet « expérience terrain » Direction des études cycle Bachelor ESSEC Grande École En collaboration avec Laurent BIBARD, professeur ESSEC
(1) ESSEC / MBA : Master of Business Administration de l’École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales
UNE COMPÉTENCE CLÉ INCONTOURNABLE
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« APPRENDRE À APPRENDRE » : Après les compétences sociales et civiques présentées dans Soleo 23, nous nous penchons sur une autre compétence clé : « apprendre à apprendre ». Elle a été identifiée et définie, dans la recommandation du Parlement européen de décembre 2006 sur les compétences clés pour l’apprentissage tout au long de la vie, comme l’une des huit compétences clés.
L
a compétence clé « apprendre à apprendre » est l’une des habiletés les plus fondamentales pour réussir dans la société de la connaissance. Du fait des changements rapides dans le domaine du travail, dus aux changements technologiques, les citoyens doivent apprendre à apprendre afin de pouvoir maintenir leur participation continue dans l’emploi et la société civile ou risquer l’exclusion sociale. Cette compétence clé est devenue une priorité politique dans le contexte européen de l’éducation du fait des liens supposés entre son développement, l’apprentissage tout au long de la vie, l’économie de la connaissance et la cohésion sociale. Utiliser les nouvelles technologies Pour acquérir toutes les autres compétences, les apprenants doivent, dès leur plus jeune âge, « apprendre à apprendre » en réfléchissant de manière critique à leurs objectifs, en gérant leur apprentissage avec autodiscipline, en travaillant à la fois de façon autonome et en équipe, en cherchant des informations et de l’aide lorsque cela est nécessaire, et en utilisant toutes les possibilités offertes par les nouvelles technologies. En France, cette compétence ne figure pas à l’intérieur des sept compétences clés que propose le socle de compétences (2006). Un certain nombre de connaissances, de capacités et d’attitudes qui font partie de la définition européenne « d’apprendre à apprendre » sont référées à l’intérieur d’autres compétences, notamment au niveau de la septième compétence « autonomie et esprit d’initiative ». L’habileté à persévérer dans l’apprentissage Dans tous les cas, apprendre à apprendre requiert d’un individu qu’il connaisse et comprenne ses stratégies d’apprentissage préférées, les forces et les faiblesses de ses habiletés et qualifications, et soit capable de rechercher les opportunités d’éducation et d’entraînement et les supports de guidage disponibles. Ceci requiert une gestion efficace de son propre apprentissage, de configurations de carrières et de travail, et,
en particulier, l’habileté à persévérer dans l’apprentissage, à se concentrer pendant des périodes étendues et à réfléchir de manière critique sur les intentions et les buts de l’apprentissage. Les individus doivent être capables d’allouer du temps pour apprendre de manière autonome avec autodiscipline, mais aussi de travailler de manière collaborative, de tirer des bénéfices d’un groupe hétérogène, et de partager ce qu’ils ont appris. Le Center for Research on Education and Lifelong Learning (CRELL) a été créé à l’intérieur de la Commission européenne. Ce réseau de recherche, basé en Italie, a tenté de la décrire et de la définir. La compétence « apprendre à apprendre » inclut la capacité à organiser et réguler son propre apprentissage, individuellement et en groupe, à gérer de manière efficace son propre temps, à résoudre des problèmes, à acquérir, traiter, évaluer et assimiler de nouvelles connaissances, et les appliquer dans une variété de contextes. Cette définition insiste sur la capacité à autoréguler son propre apprentissage. Elle rejoint par là les théories actuelles de l’apprentissage autorégulé et la métacognition. Et la mobilité dans tout ça ? De par les confrontations, les échanges, les rencontres qu’elle suscite, on peut légitimement penser que la mobilité transnationale contient un ensemble de situations extrêmement favorables au développement de la compétence apprendre à apprendre. A contrario, on peut aussi s’interroger sur le sens alternatif, à savoir, sur les prédispositions à réussir un séjour en mobilité qu’offrirait la possession d’une compétence apprendre à apprendre, déjà particulièrement ancrée chez un jeune. Nous ne nous risquons pas à privilégier un sens plutôt que l’autre. Vraisemblablement d’ailleurs, c’est autour d’un équilibre entre ces deux hypothèses qu’il faut rechercher des réponses ■
Jean-Pierre FAMOSE Professeur émérite Université de Pau et des Pays de l’Adour
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Plus d’Europe et d’International Martinique
et
mobilité des jeunes
une spécificité dans les destinations
Quels sont les déterminants du choix des destinations des jeunes Martiniquais dans les séjours d’étude ou de stage à l’étranger ? La Martinique est un territoire toujours plus actif en matière de mobilité internationale. L’an dernier, 60 jeunes issus de formation BTS ou DCG 1 ont ainsi bénéficié d’un stage dans un pays européen et ils devraient être 80 cette année. Mais le même nombre de jeunes a effectué une mobilité dans l’espace Caraïbe : Grenade, Barbade, Bahamas, Dominique, etc. Ces îles qui font rêver plus d’un européen relèvent pour les Martiniquais d’une destination naturelle.
L
’Histoire joue indéniablement un rôle dans l’existence d’un sentiment d’appartenance à un même espace. Si la définition des contours de cet espace est pour certains identitaire et politique, « la Caraïbe » correspond avant tout à un périmètre géographique regroupé autour de la Mer du même nom. C’est une notion de proximité territoriale (toute relative d’ailleurs : plusieurs milliers de kilomètres en séparent les extrémités) qui semble primer dans l’existence de ce sentiment d’appartenance. De la même façon, un Français ou un Letton définira son appartenance à l’espace européen d’abord pour des raisons géographiques. Pourtant, comme en Europe, cette unité perçue recèle une grande diversité. L’espace Caraïbe conjugue les extrêmes : pauvreté et richesse, grands espaces et micro-états, territoires non indépendants et pays souverains, spécialisation et diversification des économies. Comme sur le continent européen, les traits culturels et les habitudes de vie d’une île à l’autre sont contrastés. Les jeunes effectuant un séjour en mobilité dans un pays de la Caraïbe connaissent comme tout autre un choc culturel qui les amène à déployer des trésors d’adaptation et d’ouverture d’esprit.
Soleo
22
Et puis, comme partout et pour tous, le sentiment d’appartenance est le fruit d’un syncrétisme plus ou moins complexe. Dans le cas de la Martinique, des liens forts l’unissent ainsi avec la métropole, et, par extension, avec l’Europe continent qui devient dès lors aussi une destination naturelle. Ajoutons enfin « l’appel du Grand Ouest » qui constitue un tropisme fort pour les jeunes Martiniquais, nombreux à partir étudier aux ÉtatsUnis et au Canada où les formations jouissent d’une bonne réputation. Destinations diversifiées et équitablement réparties : il n’apparaît donc pas que le sentiment d’appartenance réel ou perçu à un même espace caribéen joue un rôle prévalent dans le choix des destinations de mobilité. Quels autres déterminants entrent alors en jeu ? Parmi ces facteurs sans nul doute nombreux, les financements disponibles semblent peser lourd. Pour les destinations vers l’Europe, les établissements martiniquais s’appuient ainsi sur le programme EFTLV2 où leur participation a crû régulièrement depuis 10 ans. Aujourd’hui, des lycées pionniers comme les LGT Joseph Gaillard ou Bellevue, progressivement rejoints
Plus d’Europe
et d’International
La bibliothèque Schœlcher
Grande Anse, Martinique
par d’autres établissements, sont devenus des utilisateurs avertis du programme Erasmus. Quant aux échanges avec la Caraïbe, ils s’inscrivent majoritairement dans le cadre d’un programme Interreg IV (financé via le FEDER) et répondent principalement à la volonté de l’exécutif régional de mieux s’insérer dans le tissu caraïbe. Le classement Erasmus des universités3, qui montre les universités des DOM-TOM dans le bas du tableau (bien que dans une moindre mesure pour l’Université de la Réunion) exprime en creux cette fois l’importance du niveau de financement : pour des territoires aussi éloignés du continent européen, un financement insuffisant se révèle un frein puissant à toute velléité de mobilité. Dès lors, la source de financement, par ses caractéristiques et ses conditions d’accès, constitue bien un des principaux déterminants de la destination. En ce sens, le cas de la Martinique ne diffère pas vraiment de celui de la métropole où la forme que prennent les projets (destination, mais aussi durée, type de mobilité, etc.) est déterminée d’abord et en grande partie par les modes de financement de ces projets.
Au final, ce cas illustre parfaitement le caractère ‘gagnantgagnant’ des programmes européens : instrument d’une politique volontariste d’un côté avec un effet incitatif, même s’il est parfois insuffisant, pour développer des coopérations privilégiées par-delà les frontières – y compris les DOMTOM. Opportunités d’élargir son horizon et développer ses projets de l’autre. Et ça fonctionne : l’appétence pour la mobilité ne cesse de croître pour le plus grand bénéfice des jeunes qui développent ainsi une large palette de compétences professionnelles et personnelles ■
(1) Diplôme de Comptabilité et Gestion, un diplôme d‘État de niveau Licence (2) Éducation et Formation tout au long de la vie (3) Cf. article p.12 dans le présent Soleo
Sébastien THIERRY Directeur adjoint Agence Europe-EducationFormation-France
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Plus d’Europe et d’International
■
Shanghai
SHANGHAI
universelle
L
a dame de Shanghai d’Orson Welles ou Tintin et le Lotus bleu ne se rencontrent plus guère à Shanghai. Aujourd’hui, Shanghai apparaît sous les feux de rampe comme une des plus grandes capitales économiques au monde, symbole de la démesure, de l’audace, de la créativité et de la réussite scientifique, nouvelle vitrine high-tech de l’Asie, voire du monde. Les lueurs de Shanghai, qui sait aussi développer un art de vivre particulièrement remarquable, attirent les étudiants formés dans toutes les universités chinoises et bien sûr tous ceux qui, venus d’Europe ou d’Amérique, ont choisi de se diriger vers ce nouvel Eldorado où tout est possible, de s’y tester, d’y chercher une voie possible de professionnalisation. Tramway monorail, train ultrarapide, architecture, activité biotechnologique, développement médical et pharmacologique de pointe, informatique, électronique, équipementerie automobile, avionique, véhicules du futur, rares sont les secteurs de haute technologie qui n’y ont pas développé encore leurs centres de recherches. Pas étonnant dès lors que ce soit ici que le fameux classement de Shanghai des universités mondiales ait été conçu et évalue annuellement la qualité des publications et des brevets des universités. Shanghai apparaît, aux yeux de l’occidental, comme une formidable ruche en pleine expansion et en activité permanente. Mais ce qui frappe le plus peut-être, c’est la formidable jeunesse que l’on y croise, portée par le slogan de « Tout est possible ». Les français se sont donné le mot d’ailleurs, pour s’y retrouver et tenter leur chance. Ils sont plus de 15 000 dans ce cas. On reste ébahis devant les défis, devant l’audace exprimée, devant l’incroyable architecture, le mode de vie qui conjugue le futur et la tradition. Les Shanghaïens ne prétendent-ils pas que leur ville sera la capitale du monde en 2020 ? ■
Jean BERTSCH Directeur général Agence Europe-Education-Formation-France
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e 2e forum mondial de l’Éducation et la Formation tout au long de la vie s’est tenu à Shanghai, en Chine, les 22 et 23 juillet 2010, au sein même du Pavillon français lors de l’Exposition universelle. L’occasion de découvrir cette fantastique vitrine de tous les pays du monde. Il était organisé par le Comité Mondial pour l’Éducation et la Formation tout au long de la vie (CMEF), créé en 2005 et présidé depuis sa création par Yves Attou. La problématique centrale que pose le CMEF interroge le lien à tisser entre toutes les séquences éducatives, de formation et d’apprentissage. Le CMEF postule que dans la société de la connaissance que nous vivons, tout est occasion d’apprendre. Pour lui, il est indispensable de développer des réseaux et de travailler en partenariat, de rassembler largement, sans exclusive et de développer un réseau mondial des acteurs de l’éducation, dans chaque continent, dans chaque pays, dans le monde entier. Le CMEF se propose de les fédérer.
Soucieux de poursuivre la collaboration entamée il y a deux ans avec l’UNESCO, lors du 1e forum de Paris en 2008, le CMEF a souhaité prolonger le partenariat créé lors de la conférence de Belem au Brésil en 2009. Le thème de l’exposition universelle de Shanghai en 2010 « Better City, Better Life » imposait presque naturellement le choix de ce site pour le 2e séminaire, d’autant qu’un séminaire préparatoire en mai avait déjà eu lieu à Shanghai. L’agence 2e2f, partenaire historique du CMEF, déjà associée lors du forum de Paris de 2008, au cours duquel Sonia Dubourg-Lavroff, directrice de l’agence d’alors, avait présenté une communication, s’est donc naturellement mobilisée à la fois pour soutenir la nouvelle initiative du CMEF et témoigner du point de vue de l’agence française quant au rôle capital que pouvait jouer la mobilité dans l’éducation et la formation tout au long de la vie.
Plus d’Europe
2e FORUM D’ÉDUCATION ET DE FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE
et d’International
Shanghai
Elvey, Denys Lamontagne (Québec), Catherine Othaburu (Fédération Européenne des écoles), il s’est évertué, lors de sa conférence intitulée « La mobilité transnationale : de l’usage des réseaux », s’appuyant en cela sur l’exemple du réseau partenarial habituel de l’agence en faveur de la mobilité transnationale, à décrypter les mécanismes de constitution des réseaux et à plaider pour la création de méta-réseaux thématiques ou institutionnels, permettant en cela de conférer davantage de poids et de résonance aux dits réseaux. Un séminaire d’une grande densité, particulièrement riche d’enseignements et de rencontres internationales dans une ville en perpétuel mouvement et un environnement exceptionnel. Un ouvrage retracera les grandes lignes de ce forum mondial en 2011. Le 3e forum, quant à lui, est déjà programmé. Il se déroulera en octobre 2012, à Marrakech au Maroc ■
Jean Bertsch, le directeur de l’agence, s’est donc rendu à Shanghai du 20 au 26 juillet au sein de la délégation française de 44 membres. Intégré au forum au sein de la session 2 « Apprentissages tout au long de la vie : quels réseaux ? » avec Anthony
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Plus d’Europe et d’International
L'appel de
Shanghai
Témoignages de trois jeunes "expats" français
Ils ont entre 25 et 30 ans, diplômés en design, commerce international, tourisme et hôtellerie, ils rêvaient d’Asie. Ils ont posé leurs valises à Shanghai, « une ville mutante où les expériences se succèdent à un rythme effréné. » L’expression est de Pierre-Julien Descoins, spectateur curieux, enthousiasmé par les gens.
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« près un bac général, un diplôme en communication visuelle/design graphique, un Brevet d’État d’escalade et 5 ans d’expériences professionnelles à Paris, dans divers ateliers graphiques, s’expatrier n’a pas fait partie d’une stratégie de carrière. C’est plutôt le jeu des rencontres, la curiosité et l’envie d’essayer de nouveaux modes de travail dans une autre culture qui m’ont amené à Shanghai. Ces expériences forgent un état d’esprit d’ouverture, plus souple et réactif. Après 2 années à Shanghai, mon projet de monter un studio de communication visuelle/design graphique (NO BODY « visual communication designers ») a vu le jour tout naturellement et s’est imposé comme une évidence. Le dynamisme, l’énergie de la ville n’y étaient pas étrangers.
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J’ai tout d’abord travaillé avec des clients occidentaux, à cause de la langue et de la culture, mais aujourd’hui le studio compte autant de clients locaux qu’étrangers et occidentaux. J’ai vraiment l’impression, depuis 3 ans, d’avoir déjà vécu plusieurs vies : en tant que nouvel arrivant d’abord, comme simple salarié ensuite, comme manager d’un département de communication au sein d’une société de design global, comme entrepreneur aujourd’hui et, en continu, comme spectateur curieux et enthousiasmé par les gens, les choses, les lieux vers lesquels je suis allé ou qui sont venus à ma rencontre. Le mot que je choisirais pour faire la synthèse est « expérimentations » (au pluriel définitivement). » ■
Pierre-Julien DESCOINS Communication visuelle/Design graphique Shanghai
Plus d’Europe
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« Le monde nous appartient », Florie Hut
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près un diplôme Bac+2 en Angleterre en hôtelleriemanagement et fraîchement diplômée d’un DEESTH* (Formasup Bordeaux), elle décide de repartir à l’étranger. La tentation étant trop grande. « Quand on y a vécu, la question que l’on se pose sans arrêt est : dans quel pays je vais bien pouvoir m’installer ? Le milieu touristique et hôtelier n’y est pas pour rien car il est primordial, pour nous, jeunes actifs, de construire notre CV à partir de différentes expériences à l’étranger. Très attirée par l’Asie, je me suis lancée un nouveau défi. Pourquoi pas la conquête de la Chine ? Un pays en plein boum économique qui a tellement de choses à offrir !
2 semaines après mes examens, j’atterrissais au petit matin à l’aéroport international de Pudong à Shanghai et m’inscrivais dans une école de langue pour apprendre le chinois tous les jours pendant un an. Partir ainsi à l’aventure, dans un pays dont on ne parle pas la langue, peut paraître insensé. Mais en réalité, mon choix était mûrement réfléchi et je ne regrette en rien mon expatriation. Shanghai est une ville captivante, pleine de surprises (tant par son histoire, que par son ascension au rang de première ville économique de Chine et d’Asie). 24 heures ne suffisent pas pour apprécier tout ce que la ville peut offrir. Quand j’aurai terminé mon année de chinois, j’espère pouvoir mettre à profit mes connaissances dans l’hôtellerie et l’industrie du voyage au sein d’une société chinoise ou étrangère. J’encourage quiconque souhaitant voyager et découvrir de nouvelles cultures, langues et coutumes, à
partir sans hésiter. Le monde nous appartient ! » ■ *Diplôme Européen d’Études Supérieures en Tourisme et Hôtellerie
Florie HUT Hôtellerie et industrie du voyage Shanghai
« Shanghai est à la mode et les opportunités plus rares qu'avant », Benoît Doche Benoît DOCHE Commerce international Shanghai
Après un parcours scolaire un peu atypique Benoît Doche termine ses études par un Master 2 en Management et Commerce International à Bordeaux. Il avait au préalable étudié un an en Angleterre et fait des stages en Espagne. « J’ai toujours voulu évoluer à l’international pour acquérir de l’expérience, de la maturité et surtout vivre dans un cadre différent. Après mon diplôme, j’ai passé 6 mois à chercher un emploi, sans succès, non seulement parce qu’en 2008 le contexte économique n’était pas favorable pour un jeune diplômé, mais aussi parce que je n’avais aucune envie de rester en France. Sur les conseils d’un ami je suis donc parti à l’aventure à Shanghai. J’ai réussi à décrocher un premier emploi de commercial dans une société française, puis au bout de 6 mois, j’ai changé de travail pour évoluer et être mieux rémunéré.
Je suis en Chine depuis un an et demi et n’ai vraiment aucune raison d’en repartir. La vie à Shanghai est la vie rêvée pour tout jeune, car tout est possible (travail, appartement spacieux, fête bien entendu, facilité de vie, différence de culture enrichissante, rencontres avec des gens du monde entier…). La vie y est très agréable au quotidien, la culture est captivante et le mandarin, une langue compliquée mais passionnante. Bien évidemment, la Chine est le centre du monde en termes de commerce, de production, d’entreprises et ce pays est en plein essor ; et ce n’est pas terminé. Je conseille à tous ceux qui sont attirés par l’international d’y venir faire un tour. Mais attention ! Shanghai est à la mode et de plus en plus de jeunes viennent tenter leur chance, donc les opportunités y sont plus rares qu’avant, moins bien rémunérées ; cependant les choses bougent bien plus vite qu’en France en particulier. » ■
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Territoires
Vers un Erasmus
des élus locaux
En 2008, le Parlement européen a adopté à une large majorité le rapport du député Jean-Marie Beaupuy appelant à la création d’un « ERASMUS des élus locaux et régionaux » permettant l’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre élus européens.
nterrogé début 2010 par l’eurodéputé Sophie Briard-Auconie sur l’état d’avancement de ce projet bénéficiant d’une ligne de crédit dès 2009, le commissaire à la politique régionale, Johannes Hahn, a répondu qu’une étude de faisabilité confiée à un cabinet privé était en cours avant le lancement éventuel d’un projet pilote. Les conclusions de l’étude ne sont pas encore publiques mais déjà le commissaire répond à l’eurodéputée, d’une part, qu’il existe un intérêt des élus pour des dispositifs de mobilité à condition d’éviter des procédures administratives qui brideraient l’accès à de tels dispositifs et, d’autre part, qu’aucun crédit n’était disponible en 2010. Il prévient que sur la base des résultats complets de l’étude, la Commission évaluera s’il n’est pas plus approprié d’envisager la mise en place de telles actions dans le cadre des activités ou programmes qui seront mis en place après 2013 dans le cadre de la future Politique de Cohésion. Dans un rapport publié le 12 mai 2010 sur la bonne utilisation par la France des fonds structurels européens, Sophie Briard-Auconie a réitéré la nécessité de prévoir la création d’un Erasmus des élus.
La mobilité des élus locaux D’ores et déjà, des initiatives de mobilité des élus locaux existent dans le cadre du programme Leonardo : l’association Idées Nouvelles Europe en direction de l’Espagne a accompagné 27 maires et conseillers issus des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Poitou-Charentes, ou encore l’organisme espagnol Progesti@ en direction de la France qui s’est déplacé avec une délégation de
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Contact : Idées Nouvelles Europe www.ideesnouvelles.eu 16 route de Saint-Auban F-06910 Le Mas Tél. : +33 (0)4 93 60 40 55
© Jackie Dieren
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20 élus de la région de Castilla Leon. A défaut d’ouvrir prochainement un programme spécifique Erasmus des élus, l’Association des Maires de France et moi-même avons rencontré à Bordeaux, Jean Bertsch, directeur de l’Agence Europe-Education-Formation France, afin de réfléchir à un éventuel prolongement, dans le cadre de Leonardo, du projet de mobilité « Élus d’Europe » en y intégrant une dimension nationale et un partenariat transnational développé avec un plus grand nombre de pays. La discussion a également mis en évidence les enjeux d’une démarche de formation à l’Europe pour des élus, prescripteurs de la cause européenne et l’importance d’un échange de bonnes pratiques dans la gouvernance des collectivités locales. Les participants ont notamment exprimé leur souhait que les pouvoirs publics français s’intéressent au projet Erasmus des élus, en accompagnant par exemple son expérimentation puis sa mise en place, l’Agence pouvant être un acteur de premier plan dans la gestion éventuelle du futur programme ■
Fabrice LACHENMAIER Maire du Mas Alpes-Maritimes
UNE VÉRITABLE POLITIQUE TERRITORIALE DE MOBILITÉ
Partenaires
LES RÉGIONS SONT PASSÉES D’UNE « MOBILITÉ DE CUEILLETTE » À
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Par Alain ROUSSET
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Président de la Région Aquitaine Président de l’Association des Régions de France pour des périodes longues, sous statut de « Volontaires » (Volontaires du Progrès, Service Volontaire Européen, volontaires pour la coopération). Les politiques régionales en faveur de la mobilité visent à la fois l’insertion professionnelle, l’ouverture sur le monde et l’apprentissage des langues dont on sait qu’il reste encore une lacune de notre système éducatif. Elles s’inscrivent dans leur politique d’aménagement du territoire : les Régions sont passées d’une « mobilité de cueillette » à une véritable politique territoriale de mobilité, de renforcement de l’attractivité du territoire à laquelle l’ensemble des acteurs et bénéficiaires contribue. Elles s’articulent avec d’autres politiques régionales (politiques culturelles et développement économique). Surtout, elles répondent aux objectifs fixés par l’Union européenne : nombre de Régions présentent tous ces dispositifs d’ouverture intellectuelle et
es chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2009, les Régions ont consacré près de 95 millions d’euros à la mobilité européenne et internationale des jeunes. Plus de 100 000 jeunes (mobilité sortante et entrante) ont ainsi bénéficié d’aide de la part des Régions pour leur mobilité internationale. En corollaire des politiques en faveur de l’éducation, de la formation et de l’emploi, les Régions investissent volontairement le champ de la mobilité. Certes, cette politique ne figure pas au cœur de leurs compétences, mais la mobilité est un tel outil au service de la formation professionnelle ainsi qu’un Les régions présentent les dispositifs d’ouverture vecteur de dynamisme de l’emploi intellectuelle et culturelle comme un appui à la régional que les Régions en deviennent construction d’une identité européenne et un les moteurs. À l’heure de la mondialisation et de renforcement de l’engagement solidaire des jeunes l’accroissement des échanges éconoculturelle comme un appui à la construction d’une identité miques, culturels, intellectuels, la mobilité s’impose européenne et un renforcement de l’engagement solidaire comme un enjeu stratégique. Conscientes de l’importance de leur jeunesse. Enfin, les personnes en mobilité, devenues de l’enjeu, les Régions soutiennent cette mobilité tout au « ambassadeurs» de leurs Régions d’origine, participent long de la vie. Pour ce faire, elles offrent une palette de au rayonnement de ces dernières dans le monde. Tout dispositifs d’aides. en renforçant la présence française à l’étranger, elles Si on note une prépondérance des aides à la mobilité véhiculent ainsi l’image de leurs Régions en promouvant étudiante, les politiques régionales de mobilité internationale notamment leurs patrimoines culturels et naturels. C’est s’adressent à des publics plus larges : lycéens, apprentis, dire l’importance et les enjeux que représente la mobilité demandeurs d’emploi et diplômés récents, quels que soient des jeunes ■ le niveau de formation et le secteur d’activité. C’est aussi cela l’égalité des chances. Les soutiens régionaux favorisent la réalisation de tout type de séjour : séjours linguistiques, séjours d’études, stages professionnels mais aussi volontariat. Certaines Régions ont ainsi mis en place des dispositifs à destination des jeunes
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Brèves d’agence… FRANCE
L’AGENCE EN MISSION
INTERNATIONAL
Bordeaux
L’agence participera au(x) :
Polynésie
Agence 2e2f et certification ISO 9001 ❚ L’Agence Europe-Education-FormationFrance a passé avec succès son 2e audit de surveillance pour la certification ISO 9001. Cet audit s’est déroulé les 6 et 7 juillet derniers et n’a révélé aucune non-conformité. Le certificat ISO 9001 a une durée de 3 ans et devra être entièrement renouvelé en avril prochain. Les services de l’agence se préparent d’ores et déjà à cette échéance.
FRANCE Nantes Conférence European Association for International Education ❚ Emmanuelle Gardan, responsable de la cellule « Incubation et perspective » et Nicolas Jean, nouveau responsable du pôle Enseignement supérieur au sein du Département « Développement et Dissémination » de l’Agence 2e2f, participeront le 16 novembre, à Nantes, à la conférence de l’European Association for International Education.
❚ Séminaire européen Comenius and E-twinning Schools partnerships Experience Sharing, à Prague, les 30 septembre et 1er octobre ; ❚ Journées de la coopération universitaire France-Russie à Moscou, du 06 au 10 octobre ; ❚ Congrès annuel « L’Europe : territoires d’Éducation (ANDEV) » à Tours, du 13 au 15 octobre ; ❚ Séminaire « New Skills Networks » à Antwerp (Belgique), le 08 novembre ; ❚ Séminaire de l’Association européenne des enseignants d’Aquitaine à Arcachon, du 4 au 8 octobre ; ❚ Séminaire national de la DGESCO sur le thème du « Développement de la responsabilité lycéenne », ministère de l’Éducation nationale à Paris, le 07 octobre.
INTERNATIONAL Web
FRANCE
Youth on the move - Androulla Vassiliou ❚ Le 17 septembre 2010, la Commissaire européenne à l’Éducation, Mme Androulla Vassiliou, a tenu un chat à propos de Youth on the move : promotion de la mobilité, développement des compétences, perspectives d’insertion professionnelle. La Commissaire a répondu en direct au nombreux public qui s’est connecté sur le web pour débattre avec elle. De leur côté, Jean Bertsch et Sébastien Thierry participent aux travaux de réflexion de la Commission européenne sur le devenir des programmes pour la période 2014-2020. Les prochains travaux se dérouleront à Bruxelles le 1er octobre.
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Programme Comenius et Label européen des langues ❚ M. Moana Greig, ministre de l’Éducation de Polynésie, sera reçu le 29 septembre à l’Agence 2e2f pour déposer les projets de la Polynésie française sur les programmes Comenius et Label européen des langues.
INTERNATIONAL Méditerranée Office méditerranéen de la Jeunesse ❚ 17 pays bordant la Méditerranée (dont la France), travaillent ensemble à la création de l’Office méditerranéen de la Jeunesse dont l’un des objectifs serait la mise en place de « bourses d’excellence de mobilité » de niveau master et doctorat, pour un montant en France de 20 millions d’euros sur 3 ans, avec un parrainage de réseaux d’entreprises. Les responsables ministériels des pays intéressés se sont réunis à Tanger en mars, puis au Monténégro en juin 2010, pour « se compter ». Un dernier regroupement devrait avoir lieu à la rentrée à Chypre avant la conférence de lancement à Paris en décembre. L’Agence 2e2f a été associée aux travaux et figure dans le Comité d’orientation du projet, associant au niveau français le ministère de l’Immigration, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le ministère de la Jeunesse, Campus France, la CPU, le CNOUS, etc.
Agence 2e2f Nouvel organigramme ❚ Conseillée et accompagnée par le cabinet Ernst and Young, l’Agence 2e2f s’est restructurée à la rentrée 2010, notamment autour de 2 départements, Développement et Dissémination d’une part, et Gestion et Ingenierie de Projets d’autre part, destinés à conduire les actions de valorisation et de promotion de la mobilité internationale pour le premier, le suivi et la gestion des projets européens pour le second. L’organigramme complet actualisé peut être consulté sur le site de l’agence.
INTERNATIONAL Budapest Youth on the move ❚ L’événement Youh on the move, à Bordeaux, des 14, 15 et 16 octobre, sera précédé d’une manifestation du même type à Budapest, les 8 et 9 octobre, à laquelle se rendra la direction de l’agence.
Agence 2e2f Nouvel organigramme partiel au 01.09.2010 Jean BERTSCH Directeur général
Véronique PIOT Directrice de cabinet
Sébastien THIERRY Directeur adjoint
Cellule Incubation et Prospective
Cellule Qualité Audits internes
Département Développement et Dissémination
Département Gestion et Ingénierie de projets
Marie-Pierre CHALIMBAUD Directrice du Département
Christelle CASTELAIN Directrice du Département
Service Général
Service Financier et Comptable
Yana LANGLOIS Directrice du Service Général Ressources humaines, Informatique, Budget, Achats, Accueil/logistique
Renaud PICARD Directeur du Service Financier et Comptable (Agent comptable)
Pôle Communication et Média Sandrine DICKEL Responsable du Pôle Enseignement scolaire
Nicolas JEAN Responsable du Pôle Enseignement supérieur Adjoint à la directrice
Patrice DELÈGUE Responsable du Pôle Formation professionnelle et Adultes
Adrien LE LEON Responsable du Pôle Comenius et Grundtvig Adjoint à la directrice
Valérie HOUVERT Responsable du Pôle Erasmus
Catherine GIRARDAT Responsable du Pôle Leonardo da Vinci
Paul-Marie DESCOINS Responsable du Pôle Communication et Média
Europass - Euroguidance - Label européen des Langues - Visites d’études
Soleo Directeur de la publication : Jean Bertsch Rédactrice en chef : Dominique Ardiller Création, maquette, iconographie : Géraldine Brassart Presse : Lydie Lagouarde
Ont collaboré à ce numéro : Jean Bertsch Laurent Bibard Marie-Pierre Chalimbaud Patrice Delègue Hugues Derycke Pierre-Julien Descoins Benoît Doche Jean Etourneau Jean-Pierre Famose Luc Ferry Emmanuelle Gardan
Florence Hut Fabrice Lachenmaier Alain Rousset Sébastien Thierry Androulla Vassiliou Crédits photo : Pierre Chiquelin MJENR Jackie Dieren Alban Gilbert Google Images Shutterstock Images
Sophie Pawlak pour l’Agence 2e2f Diffusion gratuite. Édité avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de cette publication et l’usage qui pourrait en être fait n’engagent pas la responsabilité de la
Commission européenne. Impression : LAPLANTE 33700 MERIGNAC ISSN 1634 - 443X
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